Précédemment, dans Doctor Whooves :
Le Docteur a emmené Twilight pour son premier voyage dans le TARDIS, mais beaucoup plus loin que prévu :
- Franchement, Docteur, bravo ! Juste quelques siècles, vous disiez. Vous nous avez ramenés presque deux mille ans dans le passé ! Avant même la création d'Equestria !
- Ah … et… ça pose un problème particulier ?
- Oui : les trois grandes races de poneys sont en conflit à cette époque, et ils le seront pendant encore plusieurs siècles.
Ils ont rencontré des soldats de l'armée licorne, visiblement en difficulté :
- Lieutenant ?
- Qu'y a-t-il Caporal ?
- Ça a recommencé.
Ils furent chassés du campement, mais cela n'arrêta pas le Docteur :
- Ne vous en faites pas pour ça. Mais je vous avoue que pour le moment, je suis surtout curieux de savoir ce qui se passe dans ce campement. Je n'aime pas les militaires d'habitude, mais là, ça m'intrigue.
- J'admets me poser quelques questions également. Mais il ne faut pas compter sur eux pour nous l'expliquer.
Ils décidèrent donc d'espionner le campement … quand un cri retentit dans la forêt :
- C'était quoi ça ? Demanda la licorne violette, nerveuse.
- Soit c'était un éclaireur attaqué par une bête sauvage, soit c'était le phénomène qu'ils cherchent tant à nous cacher. Répondit le Docteur.
- Et vous penchez pour quelle solution ?
- Plutôt la seconde.
Une fois sur-place, ils retrouvèrent un des soldats d'une patrouille d'éclaireurs…
« Il a littéralement été carbonisé ».
Apparemment, il s'agissait d'un assassinat.
- Clashing Zeal suivait quelqu'un dans le noir quand on l'a perdu de vue. Maintenant, il n'y a plus de doutes possibles. Tous ces poneys ont bien été assassinés.
Mais les autres soldats de la troupe (constituée du Caporal Reliable Stone, un licorne vert kaki, de l'étalon noir Black Spear, et de Swift Axe, un gris à crinière mauve. Ils seront bientôt rejoints par un bleu aux idées idéalistes du nom de Virtuous Sword) n'aimaient pas voir ces deux intrus traîner autour du campement :
- Vu votre réaction en découvrant les restes de Clashing Zeal, je doute que vous y soyez pour quelque chose. Mais Black Spear a raison : nous avons de bonnes raisons de vous suspecter. Alors voilà ce qui va se passer, je vais vous amener à mon supérieur, et essayer de vous placer sous surveillance. Si les … incidents se reproduisent, nous serons fixés.
Et c'est ce qui arriva. Mais désireux de continuer son enquête, le Docteur bricola un appareil capable de détecter des variations quantiques, donc des utilisations de magie puissantes, afin de retrouver leur agresseur, mais il ne capta rien de la matinée :
- Mais passons. Vous voulez des résultats, mais ils ne viennent pas d'eux-mêmes. Alors, il va falloir partir les chercher.
- Quoi ?
- Quel que soit ce qui a carbonisé vos soldats, ça a l'air de ne pas vouloir être dérangé. Alors la seule solution, c'est de le pousser à se mettre à découvert.
Ils partirent donc en forêt pour chercher des traces. Le Docteur utilisa son tournevis sonique pour envoyer un signal et stimuler la magie de la créature qu'ils poursuivaient. Enfin, l'appareil du Docteur put percevoir un signal :
« Je l'ai ! »
Le Docteur s'élança à travers les buissons, bientôt suivi par ses complices.
- Docteur attendez ! Cria Reliable Stone. Je n'ai pas envie de revivre ça encore une fois !
- Dépêchez-vous ! Lança-t-il en retour. On va le perdre !
Ils pistèrent la créature jusqu'à une grotte, dans laquelle ils s'engouffrèrent. Loin sous la surface, ils découvrirent une colonie :
- Ce sont des batponies ! Dit-elle, juste assez fort pour que le reste de son groupe l'entende.
- Des batponies ? Demanda immédiatement le Docteur.
- Une autre race de poney, dont les caractéristiques se rapprochent beaucoup de celles des chauves souris.
- Ce sont des vampires ! S'écria Black Spear, affolé.
- Des chauves-souris frugivores, précisa la licorne violette, consternée par la réaction du soldat.
- Mais si un seul d'entre eux peut réduire un poney en cendres… intervint Reliable Stone.
- Ils ne le peuvent pas : ils ne maîtrisent pas la magie. Ce ne sont pas eux que nous cherchons.
Mais la vraie créature qu'ils recherchaient n'était pas loin : elle les piégea dans une alcôve de la grotte.
Tout son corps, de forme équine, était recouvert d'une grande cape sombre, avec une capuche remontée sur la tête, où la lumière même semblait refuser de s'aventurer.
- Vous, vous êtes une gêne dans notre marche, et à présent, vous allez en payer le prix, reprit la créature.
- Attendez un instant, juste un tout petit instant, le coupa le Docteur, en essayant visiblement de garder son sang-froid. Visiblement, vous avez très envie de vous débarrasser de nous, mais nous-mêmes ne savons ni par qui ni pourquoi. Alors, vous êtes…
- Je suis Xuthe. Et nous sommes les équinox.
- vous êtes des trouble-fêtes. Vous avez poussé mon frère Colus à lâcher des explosions, deux fois de suite. Et vous l'avez pourchassé jusqu'ici, et maintenant, cet affront sera puni.
- Votre frère ? Combien êtes-vous ?
- Trois sur cette planète. Mais c'est bien assez pour renverser votre ridicule civilisation.
- J'admets que votre magie est puissante, mais… trois me paraît bien peu.
- Vous n'aurez pas la chance de constater votre méprise.
***
Doctor
Whooves
équinox
partie 2
***
À ce moment-là, ce qui semblait être la peau de l'alien se mit à changer d'apparence : des petites lueurs blanches commençaient à apparaître, partout, comme si une constellation venait de se réveiller en lui. Sa cape se souleva, révélant la silhouette d'un corps équin, où scintillaient des milliers d'étoiles. Certains auraient pu le trouver beau, mais pour le groupe de poneys, il n'en devenait que plus effrayant. La mort était sur le point de leur tomber des étoiles.
Cependant, le Docteur ne se laissa pas gagner par la panique :
« Attendez attendez, encore une petite chose : lorsque vous utilisez votre magie, vous devez bien expulser une grande quantité d'énergie, pour pratiquer votre sortilège, non ? »
Tout en parlant, il sortit son tournevis de son col à cravate avec ses sabots.
« Mais cela implique que si vous n'arrivez pas à la transporter dans l'espace, non seulement votre tour de magie échoue, mais cette énergie peut causer des effets incontrôlables, y compris sur vous- mêmes. Le genre de chose qui arrive, par exemple, si on décide d'inverser la polarité. »
Le Docteur alluma son tournevis sonique et le pointa sur l'équinox. Lequel se mit immédiatement à crépiter. Des éclairs violets apparurent, circulant autour de la créature, qui poussa un cri de douleur. Soudain, toutes ses lumières s'éteignirent, il se mit à avoir des soubresauts, et à dégager d'étranges volutes de fumée multicolores.
« Courez ! »
À la seconde où le Docteur prononça ce mot, tout le monde se précipita vers la sortie de l'alcôve. Spotter s'envola, lançant un cri d'alarme. Les licornes, eux, fuyaient, à la suite du Docteur, galopant comme ils n'avaient jamais galopé. La peur leur donnait des ailes, et ils volaient vers la sortie, passant autour de batponies complètement affolés, qui décollaient et emplissaient l'espace, lâchant des cris de détresse, battant furieusement de leurs propres ailes de chauve-souris. Le groupe s'engouffra dans le tunnel par lequel ils étaient arrivés, cherchant désespérément à échapper à ce chaos.
***
Le vent sifflait dans leurs oreilles alors qu'ils continuaient de galoper à travers les galeries souterraines, défiant les ténèbres, chassant les ombres avec leur lumière magique, et fuyant une mort étoilée.
Cela faisait plusieurs minutes qu'ils courraient, traversant à vive allure le dédale de pierre par lequel ils étaient arrivés, s'éloignant toujours plus de la caverne des batponies. Cela faisait un moment qu'ils n'entendaient plus ni leurs cris stridents, ni les battements de leurs ailes membranaires. Seul restaient celui de leurs sabots, de nombreux sabots que les parois leur renvoyaient, les transformant en une véritable armée sur le pied de guerre.
Ils filaient comme le vent, s'engouffrant dans les nombreuses cavités que formaient leur chemin, guidés par les croix lumineuses que Reliable Stone avait pris soin de placer sur leur passage. Puis, ils virent une autre lueur, une lumière blanche, chaude, qui ne provenait pas des marques laissées par la licorne.
« Là ! La sortie ! » Cria le Caporal.
Tous les poneys se précipitèrent vers l'espace vide entre les blocs de basalte qui marquaient la fin de la caverne, grimpant comme ils le pouvaient sur les formations rocheuses qui y conduisaient. Dans l'affolement, ils glissaient, tombaient, se relevaient, se bousculaient, cherchant désespérément à rejoindre la lumière extérieure.
Le Docteur parvint enfin à se faufiler par la brèche. Il rampa sur le sol, suivi par Twilight, puis par les soldats licornes, tous essoufflés par la course folle qu'ils venaient d'effectuer. Le Docteur se releva malgré-tout.
- Dépêchez-vous, il faut mettre le plus de distance possible entre nous !
- Docteur … je ne sais pas si je serai capable de continuer … parvint à prononcer Twilight entre deux respirations.
- Il est peut-être juste derrière nous !
Cette réalisation fit instantanément se redresser les autres poneys. Il se remirent debout, et repartirent à la suite du terrestre, vers la route. À nouveau, ils slalomèrent entre les arbres, qui paraissaient soudain bien plus accueillants qu'à leur premier passage.
En quelques minutes, le groupe arriva sur le terrain dégagé où le bataillon s'était arrêté pour manger. Évidemment, il était maintenant désert. Seule l'herbe foulée et les braises qui restaient au centre du terrain témoignaient de leur passage récent. Le Docteur s'accorda alors une brève pause, pour reprendre son souffle. Ses compagnons de route l'imitèrent.
- Phew … on va s'arrêter deux secondes, dit-il. Ils ne peuvent plus nous prendre par surprise ici.
- Ces maudits batponies … gronda Black Spear. Si jamais je leur remets le sabot dessus …
- Il ne faut pas les blâmer. Je pense qu'ils se sont fait manipuler par les équinox.
- Mais ils ont quand même comploté contre nous !
- Je ne sais pas si on peut dire ça, intervint Virtuous Sword. Ils ont cherché à accélérer notre chute, mais pas à la provoquer. Tu l'as bien entendu. Ils ne s'attendaient pas à ce que cette chose nous prenne en embuscade.
- Pour le moment, la question n'est pas de savoir si ils sont coupables ou pas ! S'emporta le Docteur. Ces créatures recherchent un élément de grande puissance, quelque part sur cette planète. Et ils ont l'intention de s'en servir pour asservir des systèmes entiers.
- Et est-ce que vous pouvez au moins essayer de parler en anglais ? S'énerva Black Spear. Qu'est-ce que ça veut dire ?
Le Docteur lança un regard sévère au soldat. Il s'approcha de lui, de façon à ce que leurs museaux soient presque en contact.
- Je vais être bref. La terre sur laquelle vous vous trouvez n'est pas la seule existante. Il y en a des milliards réparties partout dans les étoiles, et un nombre incalculable de civilisations qui y vivent. Les équinox sont nés là-haut, et ont probablement conquis énormément de ces mondes au fil du temps. Et maintenant, ils cherchent à déplacer les astres eux-mêmes, afin d'assurer leur emprise totale.
L'étalon marron se tourna alors vers Reliable Stone.
- Et si ils vous ont suivi depuis votre départ, comme vous l'avez prétendu, alors ça veut dire que vous recherchez la même chose. Si ça se trouve, ils se sont eux mêmes arrangés pour lancer votre expédition, et que vous serviez leurs intérêts.
- Mais en quoi leur serions-nous utiles ?
- Je ne sais pas, mais croyez moi, ce n'est sans doute pas dans votre intérêt. Maintenant, je vous pose la question : qu'êtes-vous en train de chercher?
- Euh … c'était censé être classé top secret.
- Le destin de votre monde et de milliers d'autres est menacé, et vous vous bornez à cacher ce qui pourrait être la solution ? Pour la dernière fois, qu'est-ce que vous cherchez ?
- Une alicorne.
Ce n'est pas Reliable Stone qui avait prononcé cette phrase. Tous se tournèrent vers Twilight, stupéfaits.
- Ils sont à la recherche d'une alicorne.
- Mais comment vous … Commença Swift Axe.
- Vous voulez dire … comme une licorne avec … des ailes ? Demanda le Docteur.
- En quelque sorte. C'est une race magique, la plus puissante qui existe sur notre planète. Une seule d'entre elles est capable de déplacer le soleil ou la lune, là où il faut une armée de licornes pour le faire.
Le Docteur se retourna vers le Caporal.
- C'est vrai ?
- Oui. Une créature assez puissante pour renverser le royaume des licornes. C'est pour ça que nous sommes partis à sa recherche, pour l'éliminer avant que l'idée ne lui vienne de passer à l'acte. Selon nos sources, elle se trouverait quelque part dans ces montagnes, mais jusqu'à maintenant, nous n'avons trouvé aucune trace de sa présence.
- Mais si c'est ce que cherchent ces monstres, commença Black Spear, alors on doit la retrouver et la tuer avant qu'ils ne puissent mettre le sabot dessus !
- La tuer ? S'exclama Twilight. Mais ça ne va pas ?!
- Pour une fois, je suis d'accord avec lui, dit alors Virtuous Sword. Je ne vois que cette solution pour empêcher les équinox de l'utiliser.
- Quoi … non ! Mais non ! Vous ne pouvez pas ! Non ! Euh … Docteur, vous pouvez venir une seconde ?
Intrigué, le Docteur s'exécuta. La licorne violette lui fit signe de se mettre dos aux gardes. Ceci fait, elle lui dit à voix basse :
- Ils ne peuvent pas la tuer ! Les Princesses Celestia et Luna descendent de la première alicorne connue ! Il n'a été dit nulle part dans les livres d'histoire qu'elle ait été tuée par les licornes.
- Le temps peut être réécrit, Twilight. Parfois, certains points dans le temps peuvent changer.
- Alors … Il ne faut pas qu'elle meure. Il faut absolument les convaincre !
- C'est important pour le futur ?
- Oui.
- Alors … d'accord. Je vais voir ce que je peux faire.
- Mais Docteur … si nous n'y arrivons pas … qu'est-ce qui pourrait m'arriver ? Je viens de leur futur, alors …
- Qu'est-ce que vous nous cachez encore ? Demanda Black Spear.
- Si je vous le disais, vous ne me croiriez pas, répondit le Docteur en se retournant. Enfin, pour le moment, il faut essayer de devancer les équinox. Reliable Stone, quelle partie du massif avez-vous déjà fouillé ?
- Ne devrions-nous pas d'abord rejoindre le bataillon ?
- Croyez moi, cela ne ferait que compliquer les choses. Maintenant, montrez-moi ce que vous avez !
Le Caporal souffla, n'appréciant pas que le terrestre lui donne des ordres. Il obéit cependant. Par magie, il fit apparaître une forme tridimensionnelle grossière du massif montagneux, d'une couleur proche du marron. Le soldat commença son explication, tout en rajoutant de nouvelles couleurs.
- Nous sommes ici. Jusqu'à maintenant, nous avons ratissé à peu près toute cette zone, en rouge. C'est le nord ouest. Le bataillon, lui, se dirige vers l'est. Ils vont fouiller cette région-là.
- Vous ne passez jamais par les sommets ?
- Trop compliqué avec les chariots.
- Celui-là n'est pas très loin, et pas trop haut non plus. On aura un bon angle de vue sur les environs. Je pense qu'on devrait y aller.
- Mais à quoi ça va nous servir ? Demanda Swift Axe. Le massif est très grand, et on ne sait même pas si cette alicorne est bien réelle.
- A mon avis, elle est très réelle.
- Et comment vous allez faire pour la retrouver ? Intervint Reliable Stone. Avec votre équipement ?
Le Docteur jeta un bref coup d'œil à son détecteur de variation quantique. Il ne s'en était toujours pas séparé.
- On peut toujours essayer, mais je ne sais pas si il sera assez puissant. Bah, au pire, j'improviserai. En route. Il n'y a pas de temps à perdre.
Le Docteur se remit en marche, et avança d'un pas décidé vers le sommet de la montagne. Twilight le suivit sans hésitation. Les soldats, eux, se regardèrent un instant, visiblement peu sûr d'eux. Le Docteur les avait menés jusque là parce qu'il avait visiblement une idée de ce qu'il se passait, mais là, il partait à l'aveuglette. Que pouvait-il faire ? Et sa compagne de voyage, comment connaissait-elle l'existence des alicornes ? Presque personne dans le royaume des licornes n'en avait entendu parler. Alors … comment ? Tous se tournèrent vers leur Caporal. Sentant les regards braqués sur lui, ce dernier pesa rapidement le pour et le contre.
- Alors, vous venez ? Demanda Twilight.
- On les suit, décida Reliable Stone. On verra bien ce qui arrivera. J'espère juste qu'on trouvera une solution.
***
Le Docteur grimpa sur un rocher, pour avoir une meilleure vue. Le paysage était grandiose. Des forêts s'étendaient à perte de vue, seulement ponctuées par quelques pierriers, par le chemin, qui longeait les montagnes, ainsi que les quelques autres pics rocheux dépourvus d'arbres qui pointaient au loin. Le massif s'étendait au nord de leur position, formant un cratère entre les différents points culminants, au fond duquel se trouvait un lac. Le sol étant en grande partie rocailleux, les arbres étaient rares à cet endroit. Du côté opposé, au sud, s'étendait au loin une interminable plaine, où des fumées trahissaient la présence de villages. Et loin, très loin sur la route qui contournait le massif, le bataillon des licornes, qui poursuivait sa marche, inconscient de l'être qui les observait.
« Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait Docteur ? » Demanda Twilight.
L'étalon descendit de son promontoire de fortune et retourna vers le groupe de licornes.
- Je ne suis toujours pas sûr de comprendre ce qu'on fait là, dit Virtuous Sword. On n'est pas venu pour admirer le paysage … assez joli d'ailleurs.
- Non, c'est vrai. C'est surtout que d'ici, il est plus facile de reconnaître le terrain. En plus, un endroit en hauteur est bien plus pratique pour émettre ou recevoir des signaux.
- Vous voulez communiquer avec quelqu'un ?
- Non, pas ce genre de signaux. Ceux auxquels mon détecteur est sensible.
Tout en parlant, il posa l'appareil au sol, plongé dans ses pensées.
- Pour le moment, c'est le seul moyen que j'ai pour repérer une utilisation de magie. Et la magie dégagée par une alicorne devrait être colossale. Une telle puissance dans une créature de la taille d'un poney, ça dépasse presque l'entendement.
- Et bien sûr, rien de tel ne s'est manifesté depuis ce matin, devina Reliable Stone.
- Non, rien de tel.
- Et vous ne pouvez pas utiliser votre … truc argenté ? Comme ce matin avec les équinox ? Demanda Virtuous Sword.
- Ce serait inutile. D'une part, elle peut être n'importe où dans ces montagnes, donc probablement hors de portée. D'autre part, son emprise sur la réalité est tellement étendue que ce serait comme piquer un éléphant avec un moucheron. Cela n'aurait presque aucun effet. Par contre, … par contre, peut-être que cette étendue influence directement l'espace temps.
Il jeta un coup d'œil à ses compagnons de route, puis sortit son tournevis sonique de son col à cravate et le mit à sa bouche. Il attrapa son détecteur entre ses sabots, et commença sa manipulation.
- Qu'est-ce que vous voulez dire ? Demanda Reliable Stone.
- Que cha chimple préjenche peut faire réagir la réalité autour d'elle. Nous nous chommes déplachés au cours de la journée. Peut-être que les légères variachions qu'il a captées au cours du trajet peuvent nous guider.
Il lâcha le tournevis et regarda les compteurs de l'appareil. Il grimaça en essayant de décoder les informations qu'il lui donnait.
- Il y a bien une courbure de la réalité à proximité, mais elle n'a pas l'air d'avoir de point d'origine. On dirait plutôt une sorte de gros nuage quantique.
- Gros comment ? Demanda Twilight.
- À peu près comme le massif. C'est très étrange …
- Ça nous aide bien, pesta Black Spear. Elle ne peut quand même pas être partout et nulle part à la fois !
- Non, autrement ça voudrait dire …
Le Docteur s'arrêta net dans son explication, comme si il venait de réaliser quelque chose. Il regarda autour de lui, puis à nouveau les compteurs de son appareil, et enfin se retourna vers Twilight.
- C'est ça. C'est ça ! Elle a provoqué une distorsion spatio-temporelle ! Vous vous trompiez, Black Spear : elle peut être là sans être là !
- Qu'est-ce que vous voulez dire ? L'interrogea Twilight.
- En fait, elle est là, mais pas en même temps que nous ! Elle s'est cachée dans une poche temporelle, désynchronisée de quelques secondes avec le reste de la réalité !
Surexcité, il reprit son tournevis et se remit à l'utiliser sur son capteur, modifiant les réglages. Bientôt, les différents cadrans se mirent à bouger, d'une manière complètement nouvelle. Une fois fait, il passa à nouveau la bandoulière pour l'accrocher à ses épaules.
- Mais … si elle est cachée dans le temps, comment on va faire pour la trouver ? S'inquiéta Swift Axe. Aucune licorne n'a jamais réussi à se déplacer dans le temps.
- Il ne ch'agit pas vraiment de voyager dans le temps, mais de naviguer au milieu du brouillard pour trouver l'ile qui y est cachée.
- On peut y aller comme ça ? À pieds ? S'étonna Twilight.
- Le TARDIche n'est pas la cheul fachon de che déplacher dans le temps.
- De quoi vous parlez ? Demanda Virtuous Sword.
- J'expliquerais plus tard. Venez, répondit le Docteur.
Suivant les indications des compteurs, le Seigneur du Temps prit la direction du lac de montagne.
« Tout ça ne me dit rien qui vaille », commenta Black Spear. « Qu'est-ce qui va encore nous tomber dessus ? ».
***
« De che côté ».
Le Docteur contourna un gros bloc de pierre, guettant les variations provenant de son détecteur, et scannant à l'occasion son environnement avec le tournevis qu'il gardait entre ses dents. Le lac était à quelques dizaines de mètres, bordé d'une plage de galets. L'air était frais, dû à la présence de l'étendue d'eau. Et les plantes, pratiquement inexistantes sur le sol rocheux, permettant au vent de se glisser au fond de la cuvette formée par le relief environnant.
- Vous êtes sûr de vous ? Demanda Reliable Stone.
- Pas tout à fait, les variachions sont achez chaothiques. Voyons … par là … Non non, de l'autre côté.
L'étalon zigzagua entre des obstacles invisibles, comme un aveugle privé de son chien. Il remonta vers un petit pierrier, qui surplombait le lac.
- Oui … Il y a quelque choje par là. L'échelle de temps est déformée par ichi.
- Qu'est-ce que vous voulez dire par « l'échelle de temps est déformée » ? Voulut s'assurer Twilight.
- En allant par là on avanche de quelques checondes dans le temps.
- Et quand on s'en éloigne ? On recule ?
- Ch'est cha. Il y a une chorte de tunnel du temps ichi, qui mène vers ches rochers. Je crois avoir trouvé notre point de pachage.
- Alors c'est là que se trouve l'ailcorne ? Demanda Reliable Stone.
- Pas directement, ch'est l'entrée de la poche temporelle.
Le Docteur escalada un rocher, parmi les nombreux présents aux alentours. Mais la seule chose qu'il y avait à voir dans les environs était un amas de gros cailloux gris, qui semblaient avoir été balancés là afin de libérer de l'espace ailleurs.
- Si c'est une entrée, ça n'y ressemble pas vraiment, nota Swift Axe. Je ne vois rien de vraiment remarquable par ici.
- Mais Docteur … quand on aura atteint le point de passage, comment va-t-on faire pour y rentrer ? Demanda Twilight. J'avoue avoir du mal à m'imaginer à quoi c'est censé ressembler.
Le Docteur consulta ses appareils, et continua à avancer entre les rochers, tournant la tête dans toutes les directions, comme pour essayer de trouver quelque chose qu'il ne voyait pas.
- En fait, physiquement, cha ne rechemble à rien de dechriptible. C'est juchte un chemin, une dirrecchion …
Il vérifia à nouveau les cadrans de son détecteur, puis se tourna vers l'extérieur du champ minéral. Il inspecta les formations, et son regard se posa sur deux énormes rochers, plats et allongés, à l'extrémité du pierrier, appuyés l'un contre l'autre, formant sous eux un passage, sombre, bas et juste assez large pour permettre à deux poneys de passer côte à côte. Le Docteur jeta un dernier coup d'œil aux compteurs de son appareil.
« Je crois qu'on a trouvé ».
Il rangea rapidement son tournevis et avança résolument vers l'étrange assemblage. Sauter de rochers en rochers avec ses sabots était encore assez nouveau, mais il s'en sortait plutôt bien. Une fois à proximité, il tenta un regard à l'intérieur. Un autre rocher, placé à côté de la sortie opposée, l'empêchait d'en voir davantage.
- vous pensez que c'est ça ?
- Apparemment. Il y a une sorte de distorsion de l'espace à partir d'ici. Je pense qu'il faut passer là-dessous.
- Mais … ce ne sont que des rochers, dit alors Swift Axe, sans comprendre.
- Ils ne sont là que pour marquer le point de passage. Il n'a pas besoin de support physique pour exister.
- Je n'aime pas ça … marmonna Black Spear.
Le Docteur se retourna pour regarder ses compagnons. Si Twilight avait l'air assez confiante, les soldats n'étaient visiblement pas rassurés, en particulier l'étalon noir, qui baissait nerveusement les oreilles.
« Bon, je passe devant ».
le Seigneur du Temps s'engouffra entre les blocs de pierre. Il ne lui fallut que quelques pas pour les franchir. Une fois de l'autre côté, il releva la tête …
« Alors ça … si je m'y attendais … »
Twilight franchit le passage à son tour. Ce qu'elle vit la stupéfia, littéralement. Les soldats arrivèrent après elle, et leurs mâchoires faillirent se décrocher face au spectacle qui s'offrait à eux.
Il y avait des bâtiments, des maisons en crépi jaune, un muret défensif, un véritable village fortifié, qui s'étendait face à eux, longeant le lac, remontant jusqu'à l'arrête qui marquait la fin du cratère, et s'allongeait sur au moins un quart de sa surface. Les ruelles étaient pavées, et les constructions intercalées avec de grandes terrasses, où poussaient de magnifiques jardins, des arbres, des fleurs, de l'herbe, et dans la partie haute, de très grandes plantations, des potagers, des arbres fruitiers. Et le village était plein de vie. Des agriculteurs travaillaient dans les champs, des passants se saluaient dans les rues, sur une place, des marchands faisaient la criée pour vendre leurs produits.
- C'est magnifique, s'exclama Twilight.
- C'est … pas possible ! Articula Black Spear, presque tétanisé. C'est juste … pas possible !
- Black Spear, où tu vas ? Demanda Reliable Stone.
Précipitamment, l'étalon noir revint sur ses pas, retourna dans le passage rocheux. Une fois de l'autre côté, il le contourna et regarda à nouveau. Il n'y avait rien. Juste un sol gris, de pierre, dépourvu de plantes, un paysage mort.
Il traversa à nouveau le passage. Le village fortifié était bien là. Vivant et chaleureux.
- C'est juste … pas possible …
- Ça ira Black Spear ? S'inquiéta le Caporal.
- Ça … ça ira …
- On dirait que ça change pas mal de choses, dit alors Virtuous Sword. Nous cherchions une alicorne, et on trouve tout une société. Si ils lui doivent ce camouflage, je doute qu'ils nous laissent l'approcher.
- Vous avez raison, répondit le Docteur. Ils ne se déferont pas de leur protecteur. Par contre, on peut au moins essayer de les mettre en garde.
- Les mettre en garde ? S'offusqua Black Spear. On était supposé la tuer, pas la protéger !
- De toutes façons, ils ne nous laisseront pas entrer si on se présente en ennemis. Alors, essayons d'avoir l'air amicaux. Regardez : ils nous ont vus, et ont envoyé des émissaires.
Du sabot, il pointa une ouverture dans le muret défensif, à quelques centaines de mètres de leur position. Une massive porte de bois devant laquelle se tenaient deux gardes en faction. Deux autres se trouvaient de part et d'autre, sur le mur. Et deux derniers venaient de passer par-dessus pour voler dans leur direction.
- Des pégases ! Tonna Black Spear. C'est une colonie de l'empire !
- Non, l'empire pégase ne s'est pas encore aventuré si loin au nord, renchérit Reliable Stone.
- Mais ce sont des pégases !
- Black, fais moi plaisir et tais toi.
- Mais …
- Soldat Black Spear !
- … Bien Caporal.
Les pégases se posèrent face à eux. Ils portaient également des armures, argentées, mais d'un style différent de celui des licornes, plus ouvragé, et plus destiné à décorer qu'à servir de défense, même si cette dernière fonction était très bien assurée. Le premier était bleu avec une tache blanche sur le museau, une crinière d'argent, et des yeux cyans. Son complice était couleur bronze, avec une crinière brune et des yeux marron.
- Bien le bonjour étrangers, dit le premier. Avez-vous fait bonne route ?
- Le protocole, Brash Flurry. lui rappela son voisin. Le protocole.
- C'est bon, Arid Gust. On a bien le droit d'être accueillant. Alors, votre identité et vos intentions s'il vous plait. Tous ceux qui passent le portail doivent se présenter avant d'être autorisés à l'intérieur.
- Bien sûr, répondit le Docteur avec enthousiasme. Enfin des poneys accueillants. Je suis le Docteur. Et voici Twilight Sparkle, Reliable Stone, Virtuous Sword, Black Spear, et Swift Axe. Nous sommes à la recherche d'une alicorne.
- Pourquoi ? Demanda le second soldat, Arid Gust, soudainement soupçonneux.
- Haem … des créatures sont à sa poursuite. Nous voulions la mettre en garde.
- Quel genre de créature ?
- Magique et très dangereuse.
- Je vois. Merci de vous être inquiété, mais comme vous pouvez le voir, nous sommes parfaitement équipés pour repousser une attaque.
- Croyez-moi, un mur et quelques soldats risquent de ne pas faire le poids face à eux.
Arid Gust les regarda, sceptique. Visiblement, il n'y croyait pas trop.
- Enfin, admettons. Reprit le pégase bronze. D'où est-ce que vous venez ?
- En fait, nous étions en mission dans les environs, expliqua Reliable Stone.
- Des soldats licornes, je te l'avais dit. Nos règles interdisent de donner des informations sur Hidenplace à des militaires. Qui vous a mis au courant ?
- Personne, avoua le Docteur. On ne s'attendait pas à trouver un village ici.
- Comment ? Vous voulez dire que vous avez trouvé le passage par hasard ?
- Pas vraiment, en fait j'ai suivi les déformations de la réalité, mais ce n'est pas important. Si il y a bien une alicorne ici, alors on doit la voir de toute urgence.
- Tu sais Gust, je pense qu'ils ne nous causeront pas de problèmes, dit alors Brash Flurry, le premier garde, à son collègue. Normalement, les licornes ne travaillent pas avec des poneys d'autres races.
- Ça commence à devenir répétitif, souffla Twilight au Docteur. C'est la troisième fois qu'on assiste à ce genre de conversation depuis qu'on est arrivé.
- Oui, c'est aussi mon avis.
- Ne nous en voulez pas, intervint Brash Flurry, qui avait entendu la remarque, mais on se méfie des militaires.
- Cela nous fait au moins quelque chose en commun, dit le Docteur pour lui-même.
- Tous les autres voyageurs sont les bienvenus à Hidenplace, pour autant qu'ils viennent en ami et respectent les règles de notre village. Venez, on va vous amener à l'intérieur. Gust, tu pourras garder la porte ? Je vais les conduire chez Ali.
- Pas de problème. Mais surveille les bien. On ne sait jamais avec les militaires.
- Ne t'en fais pas pour ça.
- Excusez-moi … Ali ? Les interrompit Twilight.
- C'est le diminutif de « Alicorne ». Comme elle a toujours refusé de donner son vrai nom, et que « l'Alicorne » ne sonnait pas très bien, on a fini par la surnommer Ali.
- Ah, je vois.
- Ouvrez les portes !
***
Le groupe traversa les rues pavées du village de Hidenplace. Chaque mur de crépis était parfaitement lisse, travaillé avec une minutie presque parfaite et les toits étaient couverts de lauzes ( : des tuiles en pierre) soigneusement taillées, d'un rose chaleureux. Tout ce travail consacré à travailler cette apparence était tout simplement remarquable. Dans les ruelles, ils croisaient une surprenante variété de poneys : des licornes, des terrestres, des pégases … les trois races vivaient ensemble, discutaient et marchandaient, sans chercher à faire la moindre distinction. Pour Black Spear, c'était l'incompréhension totale.
- Mais comment peuvent-ils se mélanger comme ça ? Se demandait-il. Des licornes qui travaillent et discutent avec des terrestres et des pégases … Pourquoi ?
- Pourquoi pas ? Renchérit Brash Flurry, leur guide pégase.
- Mais … ils sont de races différentes. Pourquoi sont-ils tous là ?
- En fait, la plupart d'entre nous avons fuit ce que nous appelons maintenant le monde extérieur. Depuis des siècles, l'Alicorne accueille les plus démunis et les plus désespérés. Tenez, ce terrestre, là, qui vend des poteries par exemple. Quand il est arrivé, il était presque mort de faim. Les impôts que le royaume licorne lui imposait l'auraient condamné si il était resté. Maintenant, comme vous le voyez, Il a plutôt bien récupéré, et son commerce lui rapporte bien assez pour sa nouvelle famille. Alors Potter Craft, comment vont les affaires ?
- Tiens, bonjour Brash. Le commerce marche plutôt bien. Je viens de vendre mon dernier pot pourri. Je t'avais dit que ça allait devenir une mode.
- Et Dahlia, comment va-t-elle ? C'est pour bientôt ?
- Dans quelques semaines normalement. Elle est souvent fatiguée, mais globalement, elle se porte assez bien.
- Content de l'entendre. Je serais bien resté faire causette, mais on a des nouveaux en ville.
- Je vois ça … des … soldats licornes ?
- Oh, ne t'en fais pas pour eux. Ils sont là en ami.
- Tu es sûr ?
- Ils sont venus un peu par hasard. Ce n'est pas après nous qu'ils en avaient en arrivant.
- C'est vrai, confirma Reliable Stone.
- Oh, et il y avait ces deux-là avec eux.
- Euh … bonjour … salua le Docteur.
- Bonjour, dit à son tour Twilight. Jolies poteries.
. Elles vous plaisent ? Je vois que vous avez bon goût. Tenez, une lanterne porte bonheur, ça vous tente ? On dit qu'elle exauce nos vœux si on place une bougie à l'intérieur.
- Euh … désolée, mais je n'ai pas d'argent.
- Ce n'est pas grave. Offert par la maison.
- Rassure-moi Potter, tu n'es pas en train d'essayer de tromper ta jument-là, plaisanta Brash.
- Quoi ? Non, j'attire seulement de la clientèle.
- C'est très gentil à vous, reprit Twilight. Mais on est un peu pressé. Vous n'avez qu'à me la garder de côté, et on repassera.
- Fort bien. Je ne vous retiens pas. Bonne journée.
- Au revoir.
Le groupe prit congé du marchand, et reprit sa marche à travers les rues. Le pégase tourna à une intersection et prit une route qui montait vers la partie supérieure du village. Les maisons de crépis jaune laissèrent rapidement la place à des plantations et à des installations fermières. Si la plupart des paysans visibles étaient des terrestres, il y avait aussi plusieurs licornes et pégases qui participaient aux travaux champêtres, cueillant ou entretenant les différentes espèces de plantes … et même pour certains en récupérant des œufs dans un poulailler.
- Mais comment ont-ils tous fait pour trouver cet endroit ? Demanda Twilight. Dehors, personne n'avait l'air de connaître son existence.
- En fait, il y a quelques poneys dignes de confiance hors de la ville qui connaissent l'emplacement du passage. Des marchands ambulants pour la plupart, qui passent régulièrement ici pour faire commerce. Ils révèlent parfois leur secret à ceux qui cherchent à échapper à ce monde de fou dans lequel ils vivent.
- Vous aussi, vous vous cachez en attendant que la tempête passe, conclu le Docteur.
- Pas exactement, mais peut-être en partie. Il y a un dicton qui dit « il faut parfois survivre un jour pour combattre un autre jour ». Enfin … c'est une image. Nous ne sommes et ne serons jamais une armée de conquête, mais l'idée est là : on se cache en attendant de trouver une solution. Et … Pardon, qu'est-ce que vous voulez dire par « nous aussi » ?
- En venant, nous avons croisé une autre colonie qui se terre dans les parages.
- Ah ? On a de nouveaux voisins ? Comment ils s'en sortent dans leur exil ?
- Assez mal. Ce sont surtout des survivants. Ils craignent les poneys qui ne vivent pas avec eux.
- Les pauvres. Je suppose que ce sera délicat d'aller à leur rencontre. Il faudrait que vous nous disiez où les trouver quand vous aurez un peu de temps.
Le groupe arriva finalement à destination. Entre deux parcelles de terre cultivée se dressait une bâtisse, bien plus grande que la plupart des autres bâtiments visibles dans la ville basse, même si le style de l'architecture restait globalement le même. Au soleil, les lauzes du toit semblaient briller, alors que les murs prenaient une teinte d'or. Un muret accolé à la maison où se trouvait une arche sans porte montrait la présence d'un jardin, d'où on pouvait entendre des voix :
- Allez, raconte-en une autre ! Disait une jeune pouliche. Celle avec les trois frères !
- Oh non, pas celle-là ! Protesta une autre pouliche. Je ne l'aime pas. Elle se finit mal.
- Comment ça ? Mais si, elle se finit bien. Ils arrivent à battre le méchant frère à la fin.
- Mais il n'était pas méchant au début.
Sans hésitations, Brash Flurry se dirigea dans cette direction et passa l'ouverture.
- Bonjour tout le monde. On peut entrer ?
- Brash ! Entre, je t'en prie, lui répondit une troisième voix, adulte celle-là.
Le reste du groupe entra à son tour dans le jardin.
Twilight, tout comme les soldats, eut l'impression que la foudre venait de leur tomber dessus.
Il n'y avait pas une …
Mais trois alicornes en face d'eux !
La plus grande était allongée dans l'herbe. Elle était blanche, avec une crinière rousse, des yeux bleus, et une marque de beauté représentant une plume et un encrier, un attribut qui se trouvait justement en face d'elle avec quelques parchemins. Les deux autres, deux jeunes pouliches, lui gambadaient autour. La première, visiblement la plus vieille des deux, était blanche avec une crinière rose. L'autre, qui avait visiblement quelques années de moins, était bleu nuit, avec une crinière bleu ciel. La scène entière dégageait tellement d'innocence …
Twilight n'en croyait pas ses yeux. Elle aurait dû s'y attendre, et pourtant, cette vision lui paraissait complètement irréelle.
Les Princesses Celestia et Luna, en pouliche.
Elle avait toujours vu Celestia comme son mentor. La voir ainsi … cela lui faisait littéralement un choc.
Quant aux soldats licornes … Se trouver en face d'une alicorne, la créature la plus puissante du monde poney, était déjà quelque chose, mais qu'il y ait en plus deux pouliches alicornes en sa compagnie … C'était … Impensable !
- Bonjour monsieur Flurry, dirent alors les deux jeunes pouliches, presque simultanément.
- Tiens, nous avons de nouveaux résidents ? Demanda alors l'Alicorne en remarquant la présence des autres poneys. Bonjour à vous.
- Oui, bonjour, répondit le Docteur avec empressement. Navré, mais nous ne sommes pas venus pour nous installer. Nous devons vous parler d'urgence.
- À quel sujet ?
- Au sujet d'un danger. Je crois que quelque chose de très grave est sur le point d'arriver.
L'Alicorne regarda le Seigneur du Temps, visiblement intriguée. Elle se redressa et prit une position assise, pour écouter ce que le Docteur avait à dire.
- Racontez-moi ça en détail.
***
- Et donc, ces créatures en ont après moi, conclut l'Alicorne.
- Oui. Je ne sais pas vraiment comment ils ont l'intention de s'y prendre, mais ils ont sûrement une idée derrière la tête, répondit le Docteur.
La conversation avait suivi son cours pendant plusieurs minutes. Sous l'invitation de l'Alicorne, tous s'étaient assis face à elle, dans l'herbe. Le Docteur était directement devant, Twilight toujours à ses côtés. Les soldats licornes, eux, s'étaient placés derrière, suivant la conversation et ajoutant de temps en temps de petits commentaires. Brash Flurry, le garde pégase, était également resté, et écoutait l'histoire avec intérêt, mais ne semblait pas particulièrement inquiet. Quant aux pouliches, elles avaient rapidement abandonné leur débat sur la définition du méchant dans une histoire pour se consacrer au dessin : elles avaient emprunté un encrier et un parchemin, pour y tracer des formes diverses. Ce qui n'empêchait pas la jeune Celestia de suivre ce que disaient les adultes.
- Apparemment, ils privilégient la manipulation pour arriver à leurs fins, continua le Docteur. Mais ils n'hésitent pas à se débarrasser de ce qui les dérange par la manière forte. Sur ce coup-là, je n'ai aucune idée de ce qu'ils comptent faire.
- Si ils arrivent à nous trouver, lui rappela l'Alicorne. Il suffit de s'éloigner du village pour sortir de ma poche temporelle. Mais pour y rentrer, il n'y a qu'un seul chemin.
- Certes, mais on est jamais trop prudent. Va savoir quels atouts ils cachent encore sous leur cape.
- Là-dessus, nous sommes d'accord.
- N'empêche qu'elle a raison, commenta Swift Axe. Avec une cachette comme celle-ci, il faut vraiment être chanceux pour trouver la porte.
- Ou s'y connaître suffisamment en physique cantique pour voir une déformation de l'espace, ajouta le Docteur.
- Oui, et c'est ce qui est étonnant de votre part, reprit l'Alicorne. Vous êtes très en avance par rapport aux sciences actuelles. Même cet appareil que vous avez en bandoulière par exemple, il ne devrait pas exister à cette époque.
L'étalon constata alors que son détecteur quantique était toujours accroché devant lui. Rapidement, il le retira et le posa au sol.
- Vous ne pouvez pas tenir ça d'où que ce soit sur cette planète. Vous aussi, vous venez des étoiles, n'est-ce pas ?
- Vous avez deviné plutôt rapidement.
Tous les soldats sursautèrent. Des étoiles ? Ce Docteur aussi viendrait d'une autre planète ?
- Mais vous êtes aussi quelqu'un de surprenant, reprit l'étalon. Vous êtes capable de créer une poche temporelle par magie, quelque chose qui relève du prodige pour votre espèce. Non seulement à cause de la puissance que cela demande, mais aussi à cause de la complexité d'un tel sortilège. Vos connaissances dépassent de très loin celle d'un poney ordinaire sur la physique.
- Oh, vous savez, en soit, ce n'est pas compliqué. Il m'a suffi d'un peu d'imagination. Et surtout, d'une bonne raison pour le faire.
- Les premiers habitants du village.
- Oui. C'était un couple de terrestres. Complètement démunis. Ils faisaient vraiment peine à voir. Alors … j'ai fait ce que tout poney digne de ce nom aurait fait : je les ai hébergés. Rapidement, ils ont pu construire leur propre maison et commencer à cultiver leurs plantes. Mais peu après, d'autres poneys sont arrivés, pour essayer de trouver refuge dans les montagnes. Une licorne qui s'était éprise d'un autre terrestre, un soldat pégase qui avait déserté parce qu'il n'était pas d'accord avec ses semblables … Tout comme toi d'ailleurs, Brash Flurry. Tous étaient différents, et tous ne s'aimaient pas forcément à leur rencontre, mais ils rêvaient tous d'une autre vie. Ils ont construit leur village ensemble, unis par une amitié sans faille.
Tout en parlant, l'Alicorne attrapa par magie une plume (manifestement une des siennes) et un parchemin. Elle les mit devant elle, prête à les utiliser.
« Les poneys ont tendance à l'oublier en ce moment, mais ils sont bons dans leur nature. Ils se sont laissés diviser par la jalousie et la peur de l'autre. Mais il suffit qu'ils se souviennent de ce qu'ils sont pour vivre à nouveau en harmonie. La bonté … »
Elle traça un trait sur son parchemin.
« La générosité … »
Elle fit un autre trait …
« L'honnêteté … »
Encore un autre …
« Le rire … »
Un autre trait …
« La loyauté … »
Elle acheva son dessin. Il représentait une esquisse simple, mais complète d'un oiseau.
« Et d'une petite touche de magie. »
Elle prit le parchemin entre ses sabots, l'approcha de son visage. Sa corne se mit à luire d'une douce lueur blanche.
Le parchemin s'illumina à son tour, se mit doucement à bouger …
Pouf !
Dans un flash lumineux, une colombe sortit littéralement du parchemin, et s'envola au-dessus des poneys complètements ébahis. Les pouliches, elles, riaient, amusées par le tour de magie.
L'oiseau se posa sur le mur, tournant la tête de tous côtés, comme s'il se demandait ce qu'il faisait là. Le Docteur regarda le parchemin, sidéré. Le croquis avait disparu.
- Fascinant, dit-il. Non seulement vous arrivez à courber l'espace-temps, mais vous êtes également capable de créer par le biais de votre imagination. Je connais une espèce de fleur psychique spatiale capable de faire quelque chose de comparable. On les appelle les isolus …
L'Alicorne lui jeta un regard noir. L'étalon se tut instantanément.
- Vous savez, ça gâche l'ambiance quand quelqu'un essaye d'expliquer un tour de magie.
- Euh … oui … désolé.
Twilight sourit. Si elle-même avait souvent tendance à essayer d'expliquer les phénomènes étranges, incluant le cas de Pinkie Pie, le Docteur était encore pire, et essayait même d'expliquer la magie. Ça en était presque comique.
Elle sentit soudain quelque chose buter contre son épaule. Elle se tourna, et vit la jeune Celestia, qui levait la tête vers elle. Ce visage, ces yeux… c'était étrange. C'était bien Celestia, et pourtant … pas complètement.
- Dis, ces créatures que vous avez vues, elles avaient l'air de faire vraiment très peur.
- Oui, c'est rien de le dire.
La licorne violette détourna le regard : le souvenir du batpony qui disparaissait sous ses yeux était encore frais dans son esprit. De toute sa vie, elle n'avait jamais été confrontée à la mort de cette manière. Ça s'était passé si vite … elle en tremblait encore.
- Mais pourquoi ils font ça ? Insista Celestia. Pourquoi ils brulent des poneys ?
- Pour se débarrasser d'eux quand ils les dérangent.
- Mais lui … il a dit qu'en fait ils veulent répandre la paix. On ne peut pas répandre la paix en tuant des poneys.
- Non, c'est vrai. Mais eux, ils le pensent.
Celestia eut l'air de réfléchir quelques secondes.
- Mais pourquoi c'est maman qu'ils veulent ? Qu'est-ce qu'ils veulent lui faire ?
- Je ne sais pas vraiment. Mais ils ont dit qu'ils voulaient pouvoir déplacer les planètes, comme ta maman. Et peut-être comme toi quand tu seras grande.
- Et les licornes, pourquoi ils leur obéissent ?
- Ils ne savent pas que c'est eux qui les contrôlent.
- Alors ils pensent que c'est quoi ?
Twilight réfléchit quelques secondes. Si, comme le disait le Docteur, le temps pouvait vraiment être réécrit, alors une simple mauvaise idée, mal dite ou incomprise par la jeune alicorne, pouvait transformer la future monarque d'Equestria en véritable tyran. Elle devait donc soigneusement choisir ses mots.
- Ils pensent que c'est leur roi, qui veut tuer les alicornes, comme toi et ta maman, parce qu'elles sont assez puissantes pour contrôler le monde. Du coup, il a peur qu'elles veuillent lui prendre sa place.
- Mais on ne veut pas lui prendre sa place !
- Oui, mais lui, il ne le sait pas. Les poneys sont comme ça : Ils ont souvent peur de ce qui est plus fort qu'eux.
- Mais toi, et eux, et tous ceux qui habitent dans le village, ils n'ont pas peur.
- C'est parce qu'ils vous connaissent, et qu'ils savent que vous ne leur ferez pas de mal.
Celestia regarda la licorne, pensive.
- Dans l'histoire des trois frères, le troisième frère avait reçu beaucoup de pouvoir. Beaucoup plus que les autres. Au début, ils n'avaient pas peur, mais quand il a commencé à commander tout le monde pour leur faire faire de mauvaises choses, alors ils ont décidé de se battre contre lui. C'est ça qui leur fait peur en fait, que ce soit comme dans l'histoire, non ?
- Oui, je suppose que ça y ressemble.
De leur côté, les gardes continuaient leur propre conversation :
- Qu'est-ce qu'on fait maintenant Caporal ? Demanda Black Spear à voix basse. On ne peut … je veux dire, on ne peut pas les tuer ! Je sais qu'on devrait, mais … ce n'est pas ÇA qu'on était sensé trouver.
- Je vois ce que tu veux dire. Mais j'avoue ne pas savoir quoi faire, moi non plus. Non seulement elle protège un village entier, mais en plus … c'est une mère. Une mère de famille. Franchement … Je ne vois plus quoi faire. Le Lieutenant Strong Hoof nous aurait sûrement ordonné de compléter la mission, et nous l'aurions sans doute fait si tout le bataillon s'était trouvé là, mais seul face à ça, je ne sais plus comment réagir.
- Personnellement, ce sont les pouliches qui m'inquiètent davantage, intervint Virtuous Sword. Pour le moment, elles sont jeunes, elles jouent et profitent de la vie, comme toutes les petites filles. Mais qui sait ce qu'elles pourraient devenir en grandissant.
- Je suis d'accord. Pour le moment, je pense qu'on devrait continuer à suivre le Docteur. Il a l'air de bien s'y connaître avec ce genre de chose.
- Lui ? S'étonna Black Spear. Il vient des étoiles lui aussi ! Si ça se trouve, il est peut-être de mèche avec les monstres.
Reliable Stone lança un regard menaçant à l'étalon noir.
- Enfin … peut-être.
- Black, je pense qu'on devrait essayer d'arrêter de soupçonner tout et tout le monde. L'Alicorne a raison : nous nous laissons guider par notre peur.
- Oui … et je dois avouer que ça aussi, ça me fait peur.
Soudain, une grande détonation retentit, dans tout le village. Des cris commencèrent à s'élever depuis les portes principales. L'Alicorne se redressa subitement.
« Qu'est-ce qui se passe ? »
Précipitamment, elle se leva et trotta vers la porte du jardin. Elle sortit et avança sur la route pavée, rapidement suivie par ses invités, et bientôt par les pouliches.
De la fumée s'élevait de la porte principale. Des cris résonnaient à travers les rues. Plusieurs pégases s'envolaient, complètement affolés. L'un d'eux se dirigea automatiquement dans leur direction. En quelques secondes, il survola le village pour venir se poser en catastrophe à proximité. Ils reconnurent Arid Gust, le second pégase chargé de surveiller la porte d'entrée.
- Ali ! Nous sommes attaqués ! Trois poneys encapuchonnés ont passé le portail. Nous avons essayé de les interpeller, mais ils n'ont pas répondu. Ils ont réduit Helm et Fortress en cendres et ils ont fait sauter la porte, comme si ce n'était que des brindilles !
- … Non ! Ce n'est pas possible ! S'écria le Docteur. Comment ont-ils fait pour nous retrouver aussi rapidement ?
- L'un d'eux a dû nous prendre en filature, devina Reliable Stone. Avant de retourner chercher ses acolytes.
- Vu comme ils sont partis, ils n'hésiteront pas à mettre tout le village à feu et à sang, s'exclama l'Alicorne.
Hidenplace, le village caché dans la montagne, qui avait été construit par des poneys en quête de paix, là où licornes, pégases et terrestres avaient réussi à vivre en harmonie pendant des années, était sur le point d'être balayé. Tant d'efforts et de persévérance détruits ainsi par des extra-terrestres avides de pouvoir …
La panique du Docteur se mua en regret …
Puis en colère.
Il était furieux. Son expression se durcit, son regard s'assombrit. Il n'allait pas laisser cela se terminer comme ça.
Non.
« Non ! » décida-t-il.
D'un pas décidé, il s'éloigna du groupe, et s'engagea sur le chemin qui menait à la ville basse.
« Quoi ? Docteur, où est-ce que vous allez ? » s'étonna Twilight.
Le Docteur ne répondit pas. Il continuait à descendre, sans ralentir, sans hésiter, sans se retourner.
Mais qu'est-ce qu'il avait encore en tête ? Il était désarmé, sans rien qui puisse repousser trois équinox simultanément. Et pourtant, il allait droit vers leur position. C'était suicidaire.
« Qu'est-ce que vous faites ? Docteur ! »
Twilight ne comprenait pas. Que voulait-il faire ? Comment ? Elle regarda l'étalon s'éloigner, jeta un coup d'œil inquiet à l'Alicorne, puis partit rejoindre le Seigneur du Temps. Si tout cela devait mal tourner, elle préférait se trouver avec lui. L'Alicorne, elle, se tourna vers ses deux pouliches.
- Celestia, Luna, retournez à l'intérieur et fermez la porte. Mettez-vous en sécurité.
- Tu ne restes pas avec nous ? S'étonna Luna.
- Tout le village est en danger. Je ne peux pas les abandonner.
Elle se pencha vers ses filles pour poser un bref baiser sur leurs fronts, à la base de leur corne, essayant tant bien que mal de les rassurer.
- Allez, rentrez et cachez-vous. Maman reviendra vite.
Rapidement, elle se releva, déploya ses ailes, décolla, et suivit le Docteur. Les quatre soldats licornes et les deux pégases partirent immédiatement après elle.
L'alicorne n'avait eu le temps d'apercevoir l'expression du Docteur que quelques secondes, mais ce qu'elle avait aperçu … cette lueur sauvage dans ses yeux, cette fureur qui ne demandait qu'à être expulsée … C'était certain.
La tempête approchait.
… Ce qu'elle ne vit pas, cependant, c'est que les deux pouliches étaient restées devant la maison, peu désireuses d'aller se cacher. La jeune Luna se tourna vers sa sœur.
- On les suit ?
- Luna, tu a entendu maman ! On doit rester ici !
- Mais elle a des problèmes ! Il faut qu'on aille l'aider !
- Mais elle ne veut pas qu'on l'aide ! C'est trop dangereux pour nous !
- Reste là si tu veux, mais moi, j'y vais.
- Quoi ? Non ! Lulu ! Reviens !
Trop tard : Luna partit au galop sur le chemin, tâchant de longer le bord de la route, pour éviter de se faire repérer. Celestia comprenait sa sœur. Elle aussi, elle aurait tout fait pour aider sa mère, mais ce n'est pas comme ça qu'elle l'aurait voulu.
À moins que seule une autre alicorne soit capable de l'aider.
De toute façon, jamais elle ne laisserait sa sœur partir toute seule. Finalement, elle se lança à sa poursuite.
« Attends-moi ! »
***
Le Docteur trottait à travers les rues, suivant les bruits des explosions et des cris de poneys affolés, qui emplissaient de plus en plus l'air, à mesure qu'ils se rapprochaient. Il n'avait pas prononcé un mot depuis son départ de la maison de l'Alicorne, le visage toujours bloqué dans une expression dure et inflexible, qui ne laissait plus de place à une quelconque négociation. Les équinox avaient franchi les limites. Si ils ne décidaient pas de faire demi-tour, alors il n'aurait plus aucune pitié.
Twilight était juste sur ses sabots. Pour rien au monde, elle ne se serait séparée du Seigneur du Temps dans une situation comme celle-là. Quant à l'Alicorne, si elle ne savait pas quoi penser de l'attitude du Docteur, elle se devait au moins de le suivre à la rencontre des équinox. Les quatre soldats licorne et les deux gardes pégases étaient juste derrière, anxieux de ce qui allait arriver.
L'heure du face-à-face était venue.
Les trois créatures de l'ombre apparurent au bout de la rue. Tous aussi noirs les uns que les autres, tous avec la même cape, le capuchon remonté sur leur tête. Il n'y avait rien pour les différencier, rien qui puisse montrer une émotion, une hésitation. Il n'y avait rien. Ces créatures n'étaient que ténèbres.
« Restez derrière », dit le Docteur à ses compagnons.
Ils ralentirent, et l'étalon s'avança seul vers les équinox. Celui qui se tenait au milieu prit également de l'avance sur ses congénères. Le Docteur s'arrêta à mi distance.
- Équinox ! Vous pensiez trouver le pouvoir sur cette planète, vous pensiez pouvoir asservir tout un peuple, selon votre bon vouloir. Parce que vous pensez que c'est à vous de répandre la paix, par la terreur, en éliminant tous les partis jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un. Mais regardez autour de vous, ce que les poneys ont réussi à faire. Au nom de la paix, ils ont oublié leurs différends, ils ont travaillé ensemble à cet endroit, où ils ont réussi à vivre ensemble, dans une magnifique harmonie. Ils n'ont jamais eu besoin de vous pour régler leurs problèmes, et aucun peuple dans cet univers non plus.
- Cette harmonie n'est qu'éphémère, répliqua l'équinox. Un jour, ils se souviendront de ce qui les divisait jadis, et ils se souviendront qu'en réalité, ils ne peuvent pas régler tous leurs conflits. Et à nouveau, ils prendront les armes. La guerre n'est jamais complètement terminée tant qu'il reste un soldat debout dans chaque camp pour se battre.
- Alors c'est ainsi que vous voyez l'univers. Une suite de combats et d'adversaires. Vous êtes incapables de voir le bonheur là où il est présent. Équinox, je vous donne une dernière chance : quittez cette planète, et laissez l'univers suivre son cours. Ou alors, je serai obligé de vous arrêter.
- Vous n'êtes qu'un simple poney, sans arme et sans armée. Vous pensez pouvoir nous arrêter avec de simples phrases, mais la corruption par les mots ne nous atteint pas. Vous êtes faible.
- Vous n'avez aucune idée de qui je suis. Alors, quelle est votre réponse ?
- Nous prendrons ce pour quoi nous sommes venus. Vous ne pouvez nous en empêcher.
- Mais si vous disposez de mes pouvoirs, intervint l'Alicorne, vous vous en servirez pour asservir des centaines de mondes, voir pour les détruire. Vous ne sèmerez que violence, tristesse et désolation sur votre passage. Je préférerais mourir que de voire cela arriver.
- Vous êtes une créature étrange. Une si grande capacité de destruction et si peu de volonté pour s'en servir. Mais de toutes façons, vous n'avez pas le choix.
L'équinox leva son sabot … et des éclairs violets en jaillirent, crépitant dans l'air, et frappant l'Alicorne, la reliant à la créature par des arcs dansants. Elle hurla de douleur, voulu bouger, mais ne pouvait plus qu'à peine tenir debout. Toutes les connexions quantiques qui lui permettaient de manipuler la magie, étaient sur le point de changer de propriétaire. Le sabot de la créature se constella de lueur blanche alors qu'il commençait à drainer son énergie.
« Non ! » cria le Docteur.
Rapidement, il tira son tournevis, mais un des deux autres équinox fut plus rapide, et d'une poussée magique, le lui arracha de la bouche pour l'attirer vers lui.
« Tu ne nous auras pas une seconde fois de cette manière. » lui dit-il.
Les soldats licorne étaient tétanisés. Que faire ? Leur conscience leur interdisait d'obéir aux désirs de l'Alicorne pour la tuer. Ils le devaient, mais ils ne le pouvaient plus. Plus après ce qu'ils avaient vu. S'interposer et s'attaquer aux équinox ? Ils n'arriveraient qu'à être réduit en poussière. Les deux pégases n'étaient pas plus avancés qu'eux. Quant à Twilight … Là où même une alicorne ne pouvait lutter, elle n'avait aucune idée de ce qui pouvait être fait pour retourner la situation …
« Maman ! »
Tout le monde sursauta. Quand deux pouliches traversèrent le groupe du Docteur pour se jeter sur les équinox. Avant que ces derniers n'aient le temps de comprendre, Celestia et Luna tirèrent des rayons d'énergie avec leur corne.
Luna toucha directement celui qui s'en prenait à sa mère.
La puissance du coup était titanesque.
L'équinox fut projeté vers l'arrière, percutant et détruisant le mur de la maison qui se trouvait là, rompant son emprise sur l'Alicorne. Celestia tira sur le monstre qui se trouvait à sa droite. L'impact fut encore plus terrible : la créature décolla, arracha une partie d'un toit avant d'aller s'écraser dans une rue voisine.
Malheureusement, sans agresseur, le dernier a été capable de contre-attaquer.
Des éclairs jaillirent du sol, entourant les deux pouliches, les emprisonnant dans des cages électriques aux barreaux mouvants et intouchables.
« Il y a donc plusieurs alicornes », dit-il avec une nonchalance surprenante. « Vous êtes puissantes, mais malheureusement pour vous, pas assez pour nous intéresser. Vous allez regretter d'avoir tenté de nous résister. »
L'alicorne reprit ses esprits. Que venait-il de se passer ? Celestia et Luna ? Qu'est-ce qu'elles faisaient ici ? Et cet équinox, qu'était-il en train de faire ? De les menacer ? Oui, il était en train de les menacer.
Il venait de commettre sa dernière erreur.
« Ne t'approche pas de mes filles ! »
Sa corne se mit à luire, d'une puissante lueur blanche, mortelle. Par magie, elle attrapa la créature, la projeta dans les airs, et à son tour, tira un rayon énergétique.
Une lumière aveuglante emplit l'air. Il n'y avait plus aucun mot pour décrire la puissance de ce coup. C'était une véritable supernova. Le rayon hurlait, comme si des milliers de bombes y explosaient, alors que les atomes se disloquaient sur son passage.
Le phénomène prit fin. La créature s'était volatilisée.
Mais pas son sortilège. Les cages électriques étaient toujours présentes autour des pouliches.
Il n'avait pas été détruit.
L'équinox se rematérialisa face à eux. Rien ne trahissait une quelconque blessure. L'Alicorne était surprise qu'il ait réussi à se téléporter dans ces conditions, mais la fureur se lisait encore dans ses yeux.
« Vous semblez tenir à leur vie » dit-il. « En ce cas, voici notre offre : venez à nous, et elles seront épargnées. Refusez, et elles mourront. »
Non … ils n'allaient pas faire ça ! Le fureur de l'Alicorne se mua en effroi. Sauver l'univers, ou ses propres filles. Le choix était cruel.
Tellement cruel …
- Ça, c'est stupide de votre part, s'écria le Docteur. Prenez-vous en à des enfants, et vous devrez faire face à toute une armée de parents en colère. Et face à une alicorne adulte, je doute que vous ayez l'avantage. Même à trois.
- Trois ? Je crois que nous nous sommes mal compris : nous sommes trois sur cette planète. Mais dans le ciel, nous sommes légion !
En achevant sa phrase, l'équinox ouvrit les yeux et les dirigea vers le ciel.
Un faisceau d'énergie blanche partit de sa tête et monta vers le ciel, qui sembla momentanément s'embraser. La ville entière s'entoura d'une bulle enflammée.
Soudain, Twilight fut prise de violents maux de tête. Elle posa un sabot sur son front essayant de garder l'équilibre. Visiblement, tout le monde à proximité subissait la même chose, même l'Alicorne semblait souffrir le martyre. Seul le Docteur semblait insensible à cet étrange phénomène.
- Docteur, qu'est-ce qui se passe ? Demanda la licorne violette, complètement affolée.
- C'est la poche temporelle. Il est en train de la briser.
En quelques secondes, le rideau de feu disparut. Le ciel était aussi dégagé qu'à leur arrivée.
Mais pas pour longtemps : quelque chose y apparut, au-dessus de leur tête.
Un gros,
énorme,
menaçant,
vaisseau spatial.
Il était gigantesque, peut-être plus que celui des cyberponies qui avaient attaqué Ponyville le jour où Twilight a rencontré le Docteur. Il était violet, luisant par endroit de lueurs mauves. Sa coque était élégamment effilée, mais agressive. Le terrifiant super croiseur se matérialisait au-dessus de la ville. Sitôt qu'il fut complètement visible, des trappes s'ouvrirent sous et au milieu de la carlingue, libérant une nuée de créatures noires, qui descendirent directement vers les habitations.
- Ce faisceau était un signal, réalisa le Docteur. Ces trois-là n'étaient que des éclaireurs. Leur vaisseau était en orbite depuis le début de leur mission.
- Si vous ne vous décidez pas par vous-même, nous déciderons à votre place, menaça la créature en face d'eux.
Tel des spectres, les équinox volèrent au-dessus des maisons, glissèrent dans les ruelles, menaçant chaque poney qu'il croisait. Les fantômes des ténèbres glissaient au-dessus du sol, investissaient chaque passage qu'ils trouvaient, prêt à faire passer de vie à trépas quiconque leur barrerait la route.
« Il n'y a pas d'autres issues possibles » leur rappela le monstre qui se tenait encore devant eux.
Le Docteur regarda autour de lui, peu convaincu par cette déclaration. Il devait bien y avoir quelque chose …
Ces créatures étaient puissantes, mais sensibles aux variations quantiques. Pour repousser autant d'équinox, il faudrait une variation brutale et titanesque. Quelque chose comme …
le Docteur se tourna vers le soleil, son esprit calculant à vive allure.
Oui, cela pouvait marcher.
Confiant, il se retourna vers l'équinox.
« Je crois que vous avez négligé un détail : vous êtes puissants, certes, assez nombreux pour envahir toute une planète, mais vous avez toujours la même faiblesse : vous êtes sensibles aux variations quantiques brutales, qui vous empêchent d'utiliser correctement votre magie. Si un simple tournevis sonique peut neutraliser temporairement un équinox, imaginez ce qu'on pourrait faire avec des astres entiers. Et justement, comme par hasard, nous avons quelqu'un capable de les déplacer ! »
Il se tourna vers l'Alicorne.
« Ali, vous devez faire venir le soleil et la lune juste au-dessus de nous. Vous devez forcer le déclenchement d'une éclipse ! »
Tout le monde sursauta. Il voulait perturber les cycles solaires et lunaires afin d'éliminer la menace des équinox ?
Cet étalon était complètement fou !
- Mais … Docteur, je ne peux pas …
- Pour vos filles, pour le village et pour tout le reste de l'univers, vous le pouvez !
- Mais cela provoquerait d'énormes dérèglements magiques sur toute la planète ! C'est … C'est très risqué !
Les dérèglements magiques … Il y en avait eu pendant cette période de l'histoire équestre, se souvenait Twilight. Ils avaient permis l'apparition de créatures terrifiantes, comme les windigos, descendus du nord pour provoquer un hiver magique, qui a été à l'origine même d'Equestria. C'est en réponse à cela que les poneys se sont mis en quête d'une nouvelle terre habitable, et ont définitivement oublié les différents qui opposaient leurs trois races. Ces dérèglements faisaient partie de l'histoire équestrienne. Et au final, il en est ressorti du bon.
« Faites le » l'encouragea Twilight. « Pour le futur, vous devez le faire. »
L'alicorne se tourna vers la jument violette, indécise. Devait-elle exposer tous les peuples poneys aux dangers que ferait apparaître cet événement astral ?
Peut-être … peut-être que ça valait le coup.
- Si vous tentez quoi que ce soit, ces deux pouliches mourront, menaça l'équinox.
- Pas tant que je serais là ! s'exclama le Docteur.
Sans aucune mise en garde, l'étalon se jeta vers les pouliches. Ces dernières n'eurent que le temps de fermer les yeux, terrorisées. Le Docteur bondit vers Celestia, traversant la cage électrique sans la moindre protection.
Il hurla de douleur quand les éclairs le frappèrent.
La cage disparut, la charge statique ayant complètement traversé le Docteur, il s'effondra à côté de Celestia, inerte.
« Docteur ! » hurla Twilight.
Celestia rouvrit les yeux. L'étalon ne bougeait plus. Était-il …
- Monsieur … vous allez bien ? Vous êtes vivant ? S'inquiéta-t-elle.
- Docteur … murmura Twilight, décontenancée.
- Les poneys sont tellement pitoyables, lança l'équinox. Ils se croient invincibles, et pourtant, ils sont tellement fragiles …
Soudain, le Docteur se redressa, maladroitement. Il était sonné par le choc électrique, mais n'avait pas l'air blessé. Pour la première fois, l'équinox avait vraiment l'air surpris.
- Comment … un poney n'aurait pas dû survivre à une telle charge. Nous les avons étudiés ! Vous n'êtes pas un poney !
- Eh non !
Le Docteur se releva, et se jeta sur la cage de Luna. Une fois de plus, Il conduit l'énergie dans un terrible cri de douleur. L'équinox gronda, et leva son sabot, prêt à lancer un autre de ses terribles sortilèges. L'alicorne fut plus rapide : par magie, elle agrippa les trois poneys et les attira à elle. Twilight réagit en conséquence et invoqua un bouclier magique autour du groupe. Furieux, l'extra-terrestre les visa, et attaqua. S'illuminant de milliers de petites étoiles scintillantes, il lâcha un effroyable éclair violet, qui frappa le bouclier. Le contre-coup pour Twilight était inouï. Elle se concentra pour maintenir le bouclier, mais ce dernier se fissurait irrémédiablement, à une vitesse plus qu'alarmante. Il était sur le point de lâcher.
« En soutien les gars ! » cria Virtuous Sword.
Les soldats licornes se décidèrent enfin à intervenir. Ils ne savaient pas comment lutter contre un équinox, mais en revanche, invoquer, et renforcer un bouclier collectif faisait parti de leur entraînement militaire. Tous les quatre vinrent en aide à Twilight et ajoutèrent leur propre énergie au sortilège de protection.
Mais l'équinox n'en resta pas là. Un de ses congénères se matérialisa à ses côtés, et attaqua à son tour.
Puis un autre vint voler au-dessus d'eux, lâchant la même foudre violette, qui s'écrasa sur la paroi rose luminescente du bouclier.
Et encore un autre vint le rejoindre …
Des dizaines de spectres étoilés leur tournaient autour, comme des mouches attirés par la lumière d'une lampe, attaquant sans cesse le bouclier, qui continuait irrémédiablement à se craqueler sous leurs assauts. Le Docteur se releva péniblement et se tourna vers l'Alicorne.
« Faites le ! Maintenant ! »
Elle s'exécuta : elle leva sa corne, et se concentra. Invoquant une énergie monumentale, elle dirigea toute son attention vers le soleil, à l'ouest, et la lune, de l'autre côté de la planète.
Et les deux astres réagirent.
Le soleil rebroussa chemin sur sa course céleste, et la lune commença à se pointer à l'horizon …
Elle donna autant de force qu'elle le put, de la sueur perlait sur son front alors qu'elle se fatiguait à l'effort.
- Je n'y arriverai pas à temps, cria-t-elle. C'est trop dur … bouger les deux ensemble …
- On va t'aider maman, cria Luna.
Sans attendre, la jeune alicorne se tourna vers la lune, et concentra sa magie dessus, pour la pousser dans un mouvement. Elle y mit toutes ses forces … et l'astre accéléra, sensiblement. Pesamment, la lune émergea de l'horizon et se précipita vers son frère solaire.
Celestia intervint à son tour, pour encourager la marche du soleil, qui traversait majestueusement le ciel.
***
Ailleurs dans le massif, le bataillon des licornes avait quitté la route pour s'aventurer dans les hauteurs. Quel que soit cette énorme chose violette dans le ciel, cela ne pouvait provenir de quelque-chose d'extrêmement puissant. Le groupe avançait prudemment, évitant les espaces à découvert.
« C … Commandant ! Le soleil ! Il bouge ! » s'exclama soudainement Strong Hoof, qui surveillait le ciel depuis leur changement de direction.
Le Commandant releva la tête pour constater les dires de son Lieutenant : le soleil était en train de revenir sur ses pas et d'aller vers l'est, là où, à l'horizon, la lune était en train de s'élever.
Quelque chose était en train de faire bouger les astres.
Et ils bougeaient dans leur direction.
« Alors il n'y a plus de doutes possibles » Dit-il. « L'alicorne est bien dans les parages. Restez sur vos gardes. Qui sait ce qu'elle pourrait encore nous réserver ».
***
Les spectres étoilés étaient déchaînés, libérant avec fureur toujours plus de décharges magiques, qui venaient obstinément s'écraser sur le bouclier des licornes.
Les fissures dans la bulle de protection étaient toujours plus nombreuses, s'allongeant et se divisant de seconde en seconde. Les alicornes avaient l'air exténuées par leurs efforts pour déplacer les astres. Quant au Docteur, il regrettait de ne plus avoir de doigts pour pouvoir les croiser.
Le soleil et la lune étaient presque côte à côte, juste au-dessus de leur tête, se rapprochant toujours plus l'un de l'autre.
- Sachez qu'ainsi, vous compromettez la paix dans l'univers, menaça le premier équinox. Sans vous, Alicorne, des milliers de mondes connaîtront la guerre et la souffrance. Vous pouvez changer cela. Si vous acceptez de nous suivre à travers les étoiles, nous pourrions réparer les injustices, permettre à des peuples de prospérer sans aucun rival.
- C'est une bien triste paix que vous proposez, répliqua l'Alicorne. Vous condamnez plus de peuples encore à la destruction. Et l'existence des autres ne sera régi que par la terreur de vous voir revenir pour eux.
- La peur de la destruction est le prix à payer pour vivre dans cet univers.
- Depuis quand n'avez-vous pas forgé d'amitié avec une autre espèce ?
- Ces choses ne se font pas.
- Pourtant, c'est là le principe d'une véritable paix.
- Qu'en savez-vous pour oser essayer de nous l'apprendre ?
- Bien plus que vous apparemment !
Enfin, les deux astres se rejoignirent. La lune glissa lentement devant le soleil, son ombre se répandant déjà sur les montagnes.
Un étrange phénomène frappa alors les équinox. Les éclairs qu'ils lançaient jusqu'alors contre le bouclier magique de Twilight commençaient à partir dans toutes les directions, de manière complètement aléatoire, frappant même ceux qui les émettaient. Les fantômes poussèrent des cris, tant de douleur que de surprise. La situation était en train de tourner pour eux. Affolés, ils tentèrent de reprendre leur vol, mais leurs trajectoires devenaient complètement anarchiques.
La lune recouvrit la moitié du soleil. La luminosité était maintenant crépusculaire.
Les équinox essayaient de rejoindre leur vaisseau, mais ils n'arrivaient plus à se diriger correctement. Seuls quelques chanceux arrivaient à atteindre son altitude pour y rentrer. Les autres restaient désespérément au-dessus de la ville. Chacun d'eux était parcouru par des dizaines d'arcs électriques violacés. Leur énergie était en train de se retourner contre eux. Même le gigantesque vaisseau n'en réchappait pas : sous l'anarchie des cours-circuits magiques, il déviait progressivement de sa trajectoire.
Dans la rue, seuls quelques équinox étaient restés à terre, incapables de redécoller.
- Si vous cherchez à nous évincer, votre monde périra dans les flammes de la guerre ! Cria le premier équinox.
- Je pense qu'il ne s'en portera que mieux sans vous, répliqua le Docteur. Parce qu'eux, au moins, ils sont capables de comprendre pourquoi il ne faut pas se battre, de comprendre qu'il y a une utilité à s'entendre avec les autres. Eux, au moins, ils peuvent comprendre l'harmonie.
Les astres s'alignèrent, et le monde fut plongé dans l'obscurité.
Les équinox hurlèrent, tous en même temps, ils hurlèrent de douleur, alors que leurs flux magiques se libéraient. Les étoiles qui les décoraient brillaient de mille feux, devenaient éblouissantes, à tel point que les spectres noirs semblaient se noyer littéralement dans la lumière.
La foudre violette allait d'un équinox à l'autre, leur passait de part en part, circulait autour d'eux, s'abattait sur le toit des maisons. Les éclairs s'étendaient comme les pattes d'une gigantesque araignée. Les cris des équinox devenaient suraigus, assourdissants …
Soudain, des explosions.
Ils lâchèrent des étincelles, de la fumée, comme si quelqu'un avait placé un détonateur sous leur cape. Leurs corps entiers brillèrent de mille couleurs alors qu'ils prenaient l'apparence de supernova. C'était un véritable feu d'artifice.
Le vaisseau se joignit bientôt au cortège : sous les impulsions magiques, la carlingue se troua, lâchant de multiples déflagrations, se déchirant un peu plus à chaque fois. Et finalement, dans un gigantesque flash lumineux, il explosa entièrement. Les débris se désintégrèrent alors qu'ils étaient repoussés par ces énergies étranges qui semblaient constituer les entrailles du super croiseur.
Et puis, c'était fini.
La lune se sépara de son frère solaire, se décala lentement pour permettre à la lumière d'éclairer à nouveau la terre.
« Vite, il faut les remettre en place avant que cela ne fasse trop de dégâts », cria l'Alicorne.
Aidé par ses deux filles, elle put renvoyer en quelques minutes chacun des deux astres vers son orbite d'origine. Finalement, elle rompit son emprise sur eux, complètement essoufflée, tremblant sur ses jambes.
« C'est bon, on peut les lâcher » dit-elle. « A partir de là, ils se remettront en place d'eux-mêmes ».
Alors que son regard s'éclaircissait, elle remarqua que quelque chose avait changé chez les deux pouliches.
« … on dirait que vous savez ce que vous ferez plus tard. »
Sans comprendre, les jeunes Celestia et Luna se regardèrent … puis chacune vit quelque chose sur le flanc de sa sœur.
- Luna ! Ta marque est apparue !
- La tienne aussi !
- Quoi ? C'est vrai ? On l'a eu en même temps !
Les pouliches furent soudain prises d'un sursaut d'énergie, excitées par cette remarquable nouvelle. Un soleil majestueux se dessinait maintenant sur le flanc de Celestia, tandis que Luna avait hérité d'une lune.
- Mais alors, ça veut dire que c'est nous qui ferons bouger le soleil et la lune quand on sera plus grandes, réalisa Luna.
- Les marques montrent le talent, pas le destin, lui rappela sa sœur.
Twilight se détourna du spectacle qui se jouait à l'intérieur de la bulle de protection et regarda à l'extérieur. Le soleil brillait à nouveau, des poneys sortaient de leur maison, pour constater les dégâts. Et, jonchant les rues et les toits, les formes assombries des équinox, qui gisaient, affalés, toujours recouverts de leur cape. Prudemment, elle mit fin au sortilège.
Une fois libérée, l'Alicorne s'avança vers le premier équinox, face contre terre, suivi par la licorne violette, le Docteur, ainsi que ses deux filles. L'extra-terrestre bougea, cherchant visiblement à se redresser, mais se trouva même incapable de lever la tête. Il était impuissant.
- Vous n'avez donc pas compris nos intentions, dit-il dans un souffle. L'univers a besoin d'une poigne de fer afin que la paix soit assurée. Il a besoin de quelqu'un pour décider ce qu'il faut ou ne faut pas faire.
- J'ai très bien compris, au contraire, répondit l'Alicorne. Mais personne en ce monde, ni en aucun autre, ne devrait s'autoproclamer souverain. Vous avez échoué dans votre entreprise. Mais je connais un endroit où on sera ravi de vous accueillir.
Même après un effort tel que déplacer deux astres en même temps, elle trouva l'énergie pour invoquer un nouveau sortilège. À nouveau, sa corne luit, de cette singulière lueur blanche, propre à l'Alicorne.
L'espace s'ouvrit littéralement. Au milieu de la rue, un rectangle se découpa dans le sol, un trou de ver, reconnut le Docteur, par lequel on pouvait voir un lieu, semblable à une grotte, sombre et froide. Attiré par une énergie invisible, l'équinox, glissa vers l'ouverture, et y tomba, sans pouvoir résister. Ses congénères ne tardèrent pas à le suivre. L'un après l'autre, ils s'élevèrent dans les airs, irrésistiblement attirés par l'ouverture. Une véritable tornade noire se forma au-dessus du village. Partout, les spectres déchus quittèrent le sol, portés par une magie, autre que la leur, et plusieurs centaines de ces créatures survolèrent la ville pour venir s'engouffrer dans l'étrange portail.
- Où les conduisez-vous, demanda le Docteur.
- Au Tartare, répondit l'Alicorne. C'est un lieu secret où sont enfermés les créatures et criminels les plus dangereux de notre monde. Ils y seront sous bonne garde.
En quelques minutes, la tornade s'affaissa, le dernier équinox franchit le portail … qui se referma derrière lui.
***
- Je suis heureuse qu'ils n'aient pas fait plus de dégâts, avoua l'Alicorne. Pendant un instant, j'ai cru …
- Ne vous en faites pas, la rassura le Docteur. Le village est en sécurité pour le moment, grâce à vous.
Du haut d'un des murs défensifs, l'Alicorne contemplait Hidenplace, son village, en compagnie du Docteur. Peu à peu, le village se remettait de cette attaque soudaine. Ils allaient chez leurs voisins, s'assurer qu'ils étaient saints et saufs, ils apportaient leur aide pour réparer les quelques dégâts qui avaient été causés. Progressivement, la vie reprenait son cours.
- Sans vous, Docteur, je n'aurais jamais su comment les arrêter. Nous vous devons cette réussite.
- Bah, c'était naturel.
- Mais comment saviez-vous qu'une éclipse aurait cet effet-là sur ces créatures ?
- Honnêtement, je n'en étais pas sûr. Mais leur métabolisme étant surtout basé sur la magie, j'ai pensé qu'il y avait une chance pour que cela les neutralise.
En bas, dans une des rues proches du mur, un marchand terrestre essayait de récupérer les fruits et légumes de son étalage, renversés pendant l'assaut. Triste travail : la moitié au moins était devenus invendables, écrasés au sol. Il se pencha pour ramasser un navet … mais une aura magique apparut autour, et il s'éleva dans les airs pour reprendre sa place dans son panier de légumes.
« Je vais vous aider », proposa Virtuous Sword.
Le marchand accepta volontiers l'aide du licorne, qui eut ainsi vite fait de rendre un aspect présentable à son étalage. À proximité, les autres soldats regardaient la scène, complètement perdus.
- Je ne sais pas vous, dit Swift Axe, mais moi, je me sens vraiment mal d'avoir voulu la tuer alors qu'elle vient de tous nous sauver de ces créatures. Je n'ose pas imaginer ce qu'ils nous auraient fait dans le cas contraire.
- Franchement, moi aussi, avoua Reliable Stone. Mais entre nous, un poney doté d'une telle puissance … d'accord, elle a agi dans notre intérêt à tous, mais en même temps …
- Tu continues d'avoir peur de ce qu'elle pourrait faire, devina Black Spear. C'est aussi mon cas.
- Mais surtout, qui sait ce qu'il pourrait arriver si d'autres de ces créatures arrivent. Ils l'ont clairement dit : ce n'est pas le seul monde peuplé dans l'univers. Franchement … je ne sais plus quoi penser.
Pendant ce temps, un peu plus loin, Twilight gardait un œil sur Celestia et Luna. Luna était surexcitée d'avoir enfin une marque de beauté. Et surtout, une marque comme celle-là. Quant à Celestia … Son excitation semblait s'être muée en inquiétude.
- Quelque chose ne va pas Celestia ? Demanda Twilight.
- Mon talent est de déplacer le soleil, mais maman a dit que c'était les licornes qui faisaient ça.
- C'est très difficile pour eux, mais oui. C'est ça.
- Et tu as dit aussi qu'ils avaient peur de nous, parce qu'on était très puissantes.
- Oui. Où est-ce que tu veux en venir ?
- Maman a dit qu'on pouvait faire beaucoup de mal aux gens en faisant ça … en fait, ils ont raison d'avoir peur.
Twilight inspira profondément. En pouliche, Celestia faisait preuve d'une grande curiosité, mais expliquer de la philosophie à une pouliche … surtout Celestia …
- Ca, ça ne dépend que de toi, Celestia. Toi et ta sœur. Tiens, dans ton histoire, avec les frères, pourquoi est-ce qu'ils ont fini par se battre ensemble ?
- Parce que le troisième frère avait reçu des pouvoirs … et qu'il était devenu méchant.
- Oui, mais toi … tu n'es pas un méchant poney.
- Maintenant non, mais je pourrais le devenir.
La remarque surprit Twilight. Elle avait donc si peu confiance en elle ?
De leur côté, l'Alicorne et le Docteur continuaient leur propre conversation :
« … mais remettre en place la poche temporelle risque de ne pas être évident » commenta l'Alicorne. « Le village n'existait pas encore quand je l'ai conçu. Maintenant qu'il est là, entièrement construit … »
En parlant, elle se tourna vers l'extérieur de la ville, pour regarder le reste du cratère. Mais alors, elle vit quelque chose. Quelque chose qui ne devrait pas être là.
Une armée en marche. Le bataillon des licornes venait de franchir le col le plus à l'est, et se dirigeait dans sa direction.
- Oh, non … et moi qui pensais qu'on en avait terminé …
- Bien sûr … un vaisseau spatial et une éclipse imprévue. Pas étonnant qu'ils aient eu des soupçons, dit le Docteur.
- Non, il y a déjà eu assez de combats aujourd'hui, je ne permettrais pas une attaque de plus.
Précipitamment, elle ouvrit les ailes et descendit du mur pour rejoindre Twilight et ses filles. Les soldats licornes tournèrent la tête à son arrivée.
- L'armée licorne sera bientôt à nos portes. On doit essayer de barricader l'entrée avant qu'ils n'arrivent.
- Quoi ? On nous attaque encore ? S'étonna Luna.
- J'espère que non. Mais on devrait rester prudents.
***
En quelques minutes, le bataillon avait contourné le lac de montagne et atteint la porte du village. Hors de question de se présenter à un autre endroit : si un ennemi décidait de sortir de son repère, il était préférable de l'affronter directement, sans lui laisser l'occasion de les encercler. Étrangement, l'entrée avait l'air d'avoir déjà subi une attaque plus que conséquente. Les portes qui devaient à l'origine protéger cette entrée avaient été arrachées, et remplacées par un empilement de meubles et de charrettes. Mais plus inquiétant encore : il y avait deux grandes marques de brûlé, sur les murs, de part et d'autre de l'ouverture.
-Ca ne sent pas bon … maugréa le Lieutenant Strong Hoof.
- Je n'aime pas ça, moi non plus, répondit son Commandant.
Ils passèrent devant les troupes pour s'approcher de la barricade. Au moins, si on avait essayé de continuer à défendre cet endroit, cela voulait dire qu'il y avait encore des poneys vivants à l'intérieur. Le Commandant leva la tête et parla d'une voix forte :
« Nous souhaitons parler au poney en charge de cet endroit. Peut-il se présenter ? »
Après quelques secondes, un poney bleu apparut au-dessus de la construction de bois. Strong Hoof plaqua ses oreilles en arrière en remarquant qu'il s'agissait d'un pégase. Son supérieur, lui, ne broncha pas.
- Je parlerai au nom de ce village, lui dit Brash Flurry. Que nous voulez vous ?
- Nous sommes en mission pour sa majesté Maximus le magnifique, roi du royaume licorne. Mais ce village n'est pas répertorié sur nos cartes. Nous souhaitons savoir à qui vous faites allégeance.
- Nous ne faisons allégeance à personne d'autre qu'à nous-mêmes. Nous sommes un village indépendant.
- Très bien. Dans ce cas, pouvez-vous nous donner votre situation ? Vous semblez avoir essuyé une attaque récemment.
- C'est le cas. Mais les dégâts n'ont pas été importants. Nous sommes en pleine reconstruction.
- Pouvons-nous connaître l'identité de votre agresseur ?
- Ils se sont présentés comme étant les équinox.
- Équinox ? Ce nom ne me dit rien. D'où sont-ils originaires ?
- Ils sont un peuple descendu du ciel. Mais nous ne savons pas d'où précisément.
- Du ciel ? Seraient-ils originaires de cette construction volante que nous avons aperçue ?
- C'est le cas.
- Ils étaient donc probablement supérieurs en nombre. Comment avez-vous fait pour les mettre en fuite ?
Le pégase eut soudain l'air complètement désemparé. Il baissa nerveusement les oreilles, regarda autour de lui, puis se tourna vers un autre poney qui se trouvait hors de vue, derrière la barricade. Il baissa la voix, mais pas assez pour empêcher les licornes d'entendre.
- Qu'est-ce que je leur dis maintenant ?
- Tu n'as qu'à dire que vous avez fait exploser le vaisseau. C'est bien ce qui est arrivé !
Cet accent … le Lieutenant jura l'avoir déjà entendu.
Le pégase se redressa, et se retourna vers les militaires.
- Nous avons réussi à utiliser un sortilège qui a fait exploser leur construction. Vous l'avez également vu je crois.
- C'est vrai. Mais quel genre de sortilège ? Demanda Strong Hoof ? Et si je puis me permettre, avez-vous quelque chose à voir avec l'éclipse qui vient de se produire au-dessus de nous ?
Encore une fois, le pégase hésita. Il se tourna à nouveau vers le poney derrière la barricade.
- Et là, qu'est-ce que je leur réponds ?
- Je ne sais pas … il y a combien de licornes dans ce village ?
- pas assez pour faire bouger un astre en tout cas.
- Et pour faire exploser une charge magique ?
- Je ne sais pas … Vous ne pouvez pas essayer de l'expliquer vous-même Docteur ?
- LE DOCTEUR ?!
Le hurlement de Strong Hoof fit sursauter tous les poneys qui l'entendirent. Il jeta un regard furieux au pégase.
- Nous avions un étalon terrestre avec nous la nuit dernière, qui se faisait appeler le Docteur. Mais il s'est enfuit dans la journée avec sa compagne licorne, et nous n'avons pas retrouvé trace des soldats qui étaient chargés de sa garde. Est-ce lui avec qui vous êtes en train de converser ?
Le pégase perdit soudain tout son sang-froid. Il regarda tour à tour le bataillon, puis son interlocuteur, incapable de prendre une nouvelle décision.
« Bah, on se serait revu, de toute façon ».
Le Docteur escalada la barricade et vint se placer à côté du pégase, bientôt suivi par Twilight.
- Vous avez fait bonne route ?
- Qu'avez-vous fait de Reliable Stone et de son équipe ?
- Rien du tout. Ils nous ont juste suivis. Stone, venez le lui dire vous-même.
Le Caporal apparut à son tour, suivi par ses soldats. C'est maintenant qu'ils allaient devoir s'expliquer avec leur supérieur.
- Vous … qu'est-ce que vous faites là ? Vos ordres étaient de l'empêcher de s'échapper !
- Nous pensions obéir à nos directives en le gardant sous surveillance, répondit le Caporal. Grâce à lui, nous avons réussi à mettre un nom sur nos agresseurs et à en éradiquer la menace.
- Quoi ? Vous pouvez vous expliquer ?
- Ce sont les équinox. Les créatures du ciel. Eux aussi cherchaient l'Alicorne.
- Caporal … vous les avez encore mis au courant ?
- Je n'ai pas eu besoin : ils l'ont deviné eux-mêmes.
- Vous avez encore une fois désobéi à un ordre formel. Je vous traînerai en cour martiale une fois que nous serons rentrés.
- Sauf votre respect, je croyais accomplir mon devoir en protégeant les autres poneys.
- Vous apprendrez que c'est à moi et au Commandant de décider de ce qui doit être fait ou pas.
- À mon avis, il n'y a pas lieu de s'énerver à ce sujet, intervint le Commandant. Mais si moi-même, j'encourage les initiatives personnelles, en revanche, prendre ce genre de décision sans en avertir ses supérieurs est un écart de conduite difficilement pardonnable.
- Je suis prêt à répondre de mes actes.
- Nous verrons cela plus tard. Dites-moi plutôt de quelle manière vous vous y êtes pris pour détruire cette structure volante. Et avez-vous une explication à donner à propos de cette étrange éclipse ? Était-ce l'Alicorne ?
Tous les poneys présents sur la barricade se turent, et se regardèrent, hésitants. Que devaient-ils leur répondre ? Les quatre soldats n'en étaient pas à leur première infraction, mais mentir reviendrait à trahir leur roi. Mais si ils leur disaient, pourraient-ils revoir leur décision et annuler la mission ?
Soudain, ils furent interrompus dans leurs réflexions par un cri :
« Luna, où est ta sœur ? Où est Celestia ? »
Tous se retournèrent. Mais avant qu'ils ne puissent réagir, la jeune alicorne blanche sauta sur la barricade, passa par-dessus, et atterrit devant les soldats. Ces derniers eurent tous un sursaut d'effroi en apercevant la corne et les ailes de Celestia.
- C'est l'Alicorne ! S'écria le Lieutenant. Soldats, en position de combat !
- Non ! S'écria le Docteur, en vain.
Mais les soldats marquèrent un temps d'hésitation : une pouliche. Cette alicorne était une pouliche !
« J'ai dit en position ! » S'énerva Strong Hoof.
Peu sûrs d'eux, les licornes obéirent : ils resserrèrent les rangs, lance en avant, prêt à attaquer. Celestia, elle, avança de quelques pas, sûre d'elle, sans montrer le moindre signe d'hostilité.
- Licornes, je sais pourquoi vous êtes ici, dit-elle. Vous me craignez, parce que ma magie est plus grande que la vôtre, et que je pourrais en faire mauvais usage.
- Au moins, elle a compris, commenta le Lieutenant. Soldats …
- Et vous avez raison, le coupa Celestia. Aujourd'hui, des êtres mauvais ont essayé de nous attaquer, parce-qu'ils voulaient ce pouvoir. Et moi …
- Ne la laissez pas finir, ordonna Strong Hoof. Elle cherche à nous amadouer !
- Attendez Lieutenant, intervint le Commandant. Ça peut devenir intéressant. Continue, jeune fille. Que cherche-tu à nous dire ?
- Je … je me souviens de l'histoire des trois frères, que maman me racontait souvent. Dans l'histoire, un des trois frères, après avoir reçu beaucoup de pouvoir, est devenu maléfique, et les deux autres ont dû se battre contre lui, pour l'empêcher de faire du mal aux autres. Je ne veux pas devenir comme lui.
Celestia s'agenouilla au sol, en signe de soumission.
- Alors je vous le demande, s'il vous plaît, pour la paix dans notre monde, tuez-moi.
Quoi ?!
Tout le monde présent eut l'impression de recevoir un coup au visage. Elle était prête à l'ultime sacrifice, parce qu'elle craignait que ses propres capacités ne soient utilisées dans un but mauvais, même de sa propre part ?
Le seul qui semblait indifférent à cette déclaration était Strong Hoof.
- Parfait, ça nous facilitera la tâche, dit-il.
Cette remarque fit encore plus d'effet que celle de Celestia. Le Lieutenant était donc aussi insensible ?
- Non ! Tia !
- Luna ! Reviens !
Avant que quiconque n'ait pu réagir, Luna franchit à son tour la barricade, vint se placer devant sa sœur et prit une position défensive.
- Si vous voulez toucher à ma sœur, il faudra d'abord me passer sur le corps.
- Luna, s'il te plaît, ne t'interpose pas, lui dit alors Celestia. Je ne veux pas que tu me protèges.
- Tia, tu es ma sœur, et je ne te laisserai jamais tomber.
- Tu n'es pas obligée.
- Je reste avec toi, quoi qu'il arrive.
Tout le monde observait la scène, sans savoir comment réagir. Seul Strong Hoof avait l'air encore sûr de lui. Twilight, elle, était pratiquement affolée. Celestia était censée devenir la Princesse d'Equestria, son mentor … et elle était sur le point de couper court à tout un pan de l'histoire équestre … et de sa propre histoire, également. Ce n'était juste … pas possible. Twilight voulut descendre de la barricade, pour s'interposer à son tour, mais le Docteur la retint d'un sabot. La licorne violette regarda l'étalon, sans comprendre.
- Ce n'est pas le moment d'intervenir, dit-il.
- Mais elles sont sur le point de se faire tuer !
- Je n'en suis pas sûr. Tu a vu ? Ils hésitent.
De leur côté, les quatre soldats licorne paraissaient complètement abasourdis, en particulier Black Spear : Depuis toujours, il avait considéré que c'était aux licornes de régner sur les autres poneys, et qu'il fallait se battre en conséquence contre ceux qui pouvaient prétendre les surpasser. Mais elle, cette alicorne … Celestia, qui avait tout pour prétendre régner à leur place, voulait se laisser tuer pour justement éviter cette situation. Parce qu'elle se refusait à réclamer son autorité ? Non … cette situation n'était pas possible, ça ne marchait pas comme ça … il y avait un problème !
- Bien, finissons-en, ordonna Strong Hoof.
- Non ! Attendez !
À la surprise générale, Black Spear dessendit de la barricade, pour s'interposer à son tour entre les jeunes alicornes et le bataillon des licornes. Mais qu'est-ce qu'il lui prenait ?
- Soldat Black Spear, écartez-vous du chemin, ordonna Strong Hoof.
- Non. Ça ne peut pas se passer comme ça …
- Vous vous opposez ouvertement aux ordres de vos supérieurs, et à l'accomplissement de votre mission ?
- Jusqu'à aujourd'hui, j'ai toujours cru légitime que les licornes affrontent des adversaires désireux de régner sur le genre poney à notre place. Mais regardez les : ces jeunes pouliches alicornes, qui pourraient sans problèmes se prétendre nos ennemis, au nom de la paix, elles refusent cette situation … ne serait-il pas plus noble de les épargner ?
- Black Spear … elles sont en train de vous manipuler ! Vous faites exactement ce qu'elles attendent de vous !
- Je vous jure que ce n'est pas vrai ! Se défendit Celestia.
- Mensonge ! Black Spear, cessez cette attitude ridicule et revenez vers nous. Accomplissez votre devoir et tuez ces alicornes !
L'étalon noir n'était pas décidé à s'écarter. La situation était vraiment injuste. Il se tourna brièvement vers les jeunes alicornes.
La puissance d'un dieu, et l'innocence d'un enfant …
- Je ne veux pas être épargnée, lui dit Celestia. Si cela peut aider à la paix, alors vous devez le faire.
- Je le ferais sans hésiter, si cela devenait indispensable, lui répondit l'étalon noir.
Sur la barricade, les trois autres soldats licorne contemplaient la scène, stupéfaits par le changement d'attitude si soudain de leur ami. Ils se regardèrent rapidement, puis autour d'eux : le Docteur, Twilight, les gardes pégases, et cachée derrière eux, la grande Alicorne, qui s'était approchée pour observer, la tête calée contre la construction de bois, pour éviter d'être trop visible, et sa corne démesurée prête à envoyer n'importe quel sortilège si la situation devait se corser.
Ils n'étaient pas seuls, et il était hors de question que Black Spear soit également le seul à s'interposer.
Virtuous Sword fut le premier à descendre de la barricade.
- Les équinox aussi pensaient qu'il fallait éliminer les éventuels adversaires pour garantir la paix, dit-il. Mais ces jeunes alicornes refusent d'être des ennemis, de qui que ce soit. Ce serait injuste de condamner quelqu'un pour ce qu'il pourrait faire, et non pour ce qu'il a fait.
Reliable Stone descendit à son tour, suivi docilement par Swift Axe.
- Je suis d'accord, approuva le Caporal. De plus, elles ont participé à la défaite des équinox, qui menaçaient le monde poney tout entier. Si d'autres créatures du ciel décident de venir s'en prendre à nous, ce ne serait que folie de se débarrasser d'elles.
Les quatre licorne entouraient maintenant les deux pouliches. Celestia semblait vraiment surprise qu'on cherche à la défendre de cette manière.
- Si vous décidez de vous laisser manipuler par ces alicornes, alors vous mourrez, vous aussi, menaça Strong Hoof. Soldats !
Mais déjà, la troupe de licornes ne l'écoutait plus. Ils chuchotaient entre voisins, débattaient, donnaient leurs avis. Les bonnes raisons pour épargner les alicornes étaient nombreuses, mais pouvaient-elles compenser les raisons pour les tuer ? Que fallait-il faire ?
- Soldats ! En position ! S'énerva Strong Hoof.
- Non.
À la surprise du lieutenant, un des soldats sortit des rangs et se tourna vers son supérieur.
- Ils ont raison. Je refuse d'exécuter des pouliches innocentes.
- Elles sont dangereuses, trop pour qu'on puisse les laisser vivre.
- Alors pourquoi ne pas les faire surveiller plutôt que de les tuer ? C'est ce que nous avons fait avec le Docteur et sa compagne.
- Et voyez là où ça nous a mené : quatre des nôtres ont déserté pour suivre ce maudit terrestre, et se retournent à présent contre nous !
- Contre vous, vous voulez dire.
Sans rajouter un mot, il se retourna et alla rejoindre le groupe de rebelles, au pied de la barricade. Les autres soldats du bataillon se regardèrent, anxieux.
Un autre sortit à son tour des rangs, pour suivre le premier soldat.
Puis un autre …
et un autre encore alla à sa suite.
- Quoi ? Qu'est-ce que vous faites ? S'écria Strong Hoof. Soldats, revenez ! Maintenez vos positions ! C'est un ordre !
Rien n'y faisait. L'un après l'autre, les soldats quittèrent le bataillon pour se mettre aux côtés des jeunes alicornes. En quelques minutes, un véritable mur de licornes se dressait face au Lieutenant et au Commandant, maintenant seuls dans leur propre camp. Strong Hoof semblait perdre ses moyens, en réalisant ce qui était en train de se passer. Son supérieur, lui, observait la scène, sans chercher à intervenir.
Le Docteur descendit à son tour de la barricade, se fraya un chemin entre les nombreux poneys présents pour arriver en première ligne. Twilight ne le quittait pas d'un sabot.
- Vous avez perdu votre autorité, dit-il. Là où l'on vous montre deux pouliches innocentes, vous continuez à voir des ennemis. Vous avez laissé votre peur devenir de la haine, et maintenant, elle vous aveugle.
- Toute puissance supérieure à celle des licornes est potentiellement une menace. Ce n'est pas de la peur, mais un fait, se défendit Strong Hoof.
- Vous savez Strong Hoof, le danger vient plus de celui qui manipule l'arme que l'arme elle-même, intervint le Commandant. Si elles ont peur de devenir hostiles, alors je doute qu'elles le deviendront.
Strong Hoof fit un pas de côté, surpris par les propos de son supérieur, affichant des yeux gros comme des soucoupes. Le Commandant … venait de retourner sa veste ?
- Ce n'est pas vraiment dans nos objectifs premiers, mais je pense que nous devrions envisager de placer des troupes dans ce village, pour les garder à l’œil, comme l'a proposé Wishful Dagger.
- Vous … Espèce de traitre !
Par magie, Strong Hoof s'empara de sa lance, et la leva au-dessus de lui, pointant directement vers son supérieur, affichant une expression sauvage. Pour la première fois depuis que le Docteur l'avait rencontré, ce dernier exprima une émotion : de la surprise, mêlée d'effroi.
Strong Hoof projeta son arme vers le Commandant …
Tous les poneys spectateurs à la scène poussèrent des cris de surprise …
Mais la lance n'atteignit pas sa cible.
Elle était immobilisée en l'air, baignée dans une aura magique. Plus celle dorée du Lieutenant, mais une nouvelle, d'un blanc pur …
« J'en ai assez vu. »
Dans un flash lumineux, la grande Alicorne se matérialisa entre les deux étalons, affichant une expression sévère, mais sans aller jusqu'à la colère. La troupe licorne était bouche bée, n'ayant plus assez d'air dans les poumons pour pousser un nouveau cri.
- Le Docteur a raison : Vous vous laissez guider par votre peur et votre colère. Vous avez fini par oublier ce qu'était la bonté, l'honnêteté, et cela doit faire longtemps que vous ne savez plus comment rire.
D'une pulsion magique, elle brisa l'arme du militaire en morceaux. Strong Hoof recula en titubant, autant impressionné qu'effrayé par cette apparition soudaine. Le bataillon licorne, lui, était sans voix. Il y avait une troisième alicorne ? Et celle-là était adulte !
- J'ai accueilli dans ce village des poneys des quatre coins du monde, tous désireux de retrouver ces valeurs, piétinées sans ménagement par vos pairs, qui préfèrent exterminer plutôt que pardonner. Votre présence n'est pas tolérée ici.
Strong Hoof était perdu. L'alicorne était en face de lui, sans doute prête à le mettre en pièces, avec la puissance dont elle disposait …
Une pensée traversa alors la tête du Lieutenant : cette Alicorne devait attendre à couvert depuis le début, pour pouvoir se dévoiler au moment propice. Si ça se trouve, c'est elle qui avait tout organisé pour que ses troupes se décident à changer de camp. La peur céda la place à la colère. Il planta ses sabots dans le sol pour lui faire face.
- Vous nous avez manipulés ! Accusa-t-il. Vous avez essayé de nous attendrir pour mieux nous piéger !
Un mouvement d'approbation se fit sentir dans la troupe de licornes : il avait peut-être raison. Déjà, plusieurs d'entre eux préparaient leur lance. L'Alicorne se tourna vers eux, sans manifester le moindre signe d'hostilité.
- Je n'en ai pas eu besoin. Mes filles ont pris la décision de s'offrir à vous, et vous, soldats, avez décidé de les épargner. Chacun de vous a pris sa propre décision. J'ai su ce qui pouvait arriver, alors je me suis contenté d'attendre et d'observer.
Elle fit quelques pas vers eux. Ces derniers, méfiants, gardèrent leurs lances relevées.
- Les êtres descendus du ciel, les équinox, pensaient que la seule paix possible était celle qu'ils imposaient, par la violence. Mais qui supporterait une paix contrainte ? Avec l'aide de mes deux filles, je les ai chassés, car je sais que les poneys méritent mieux que cela.
- Et que méritaient-ils selon vous ? Questionna le Commandant, suspicieux.
L'Alicorne se tourna vers l'étalon gris.
- Cela, c'est à vous d'en décider. Qui suis-je pour vous imposer des décisions ?
- Une alicorne, pour autant que je puisse en juger.
- Cela fait-il de moi un leader auquel on doit obéir ?
Les militaires semblaient troublés. Cette alicorne faisait preuve d'un détachement surprenant, pour un poney de sa stature. Mais de quel genre de créature s'agissait-il en réalité ?
- Non, en effet, reprit le Commandant. Et c'est aussi l'avis de ces deux jeunes pouliches apparemment.
- Mais … c'est justement pour ça qu'on est censé les tuer ! S'emporta Strong Hoof. Leur puissance est démesurée ! Elles pourraient nous renverser presque d'un seul mouvement si l'envie leur en prenait !
- Mais elles peuvent aussi nous sauver de dangers bien plus grands, lui lança Virtuous Sword. Les équinox n'étaient peut-être qu'un danger parmi tant d'autres !
Tous regardèrent la grande Alicorne, indécis.
- La façon dont j'utilise mes capacités ne dépend que de vous, dit-elle. Je ne fais que m'adapter aux circonstances.
- Mais c'est pas bientôt fini ? S'écria Luna. Vous allez nous tuer ou ne pas nous tuer ? Décidez-vous ! J'en ai marre d'attendre !
- Mais si ils nous tuent, il n'y aura plus de poney plus puissant que les autres qui risquerait de devenir maléfique, intervint Celestia. En tout cas, c'est ce que je pensais au départ.
L'Alicorne se tourna vers ses deux filles. Des pouliches si innocentes, et déjà confrontées aux dures réalités du monde. Doucement, elle se rapprocha des deux sœurs. Le Docteur, Twilight et les autres soldats s'écartèrent pour la laisser les rejoindre. Elle s'agenouilla face aux jeunes alicornes, pour se mettre à leur hauteur.
- Celestia, il y a quelque chose que tu n'as pas compris dans l'histoire des trois frères, expliqua-t-elle. C'est vrai : le troisième frère a acquis une grande puissance et est devenu tyrannique, mais quand il a commencé à devenir de plus en plus exigeant, les deux autres frères ne se sont pas opposés. Tous ceux qui lui obéissaient... C'est parce qu'ils ont tous obéi sans contester, ni argumenter, que le troisième frère a cru qu'il pouvait en faire n'importe quoi. C'est en laissant commander un chef sans discuter qu'on finit par avoir des problèmes.
- Alors … si il est devenu maléfique … c'est en partie à cause d'eux ?
- En partie, oui. Mais si le mauvais frère avait écouté, quand on commençait à lui dire qu'il allait trop loin, peut-être que ça ne serait pas arrivé, car il aurait compris que ce qu'il faisait était mal.
L'alicorne se releva, et regarda les soldats, qui se tenaient toujours de part et d'autre.
- Je n'accepterai ni de soumettre, ni d'être soumise. Je souhaite la paix, mais je ne peux pas vous l'imposer. C'est donc à vous de faire un choix.
Elle se tourna vers le Commandant.
- Que décidez-vous ?
Le militaire plaça un sabot à son menton, pensif.
- Mes ordres d'origine étaient de trouver une alicorne et de l'éliminer.
- Et préférez-vous remplir cette mission ?
Il réfléchit encore quelques instants, puis reposa son sabot au sol.
- Je crois que je vais avoir du mal à expliquer à mes supérieurs pourquoi je n'ai pas rempli mes objectifs.
Enfin, l'ambiance semblait se détendre : la mission était annulée ! Enfin, Twilight se remit à respirer : elle ne s'était pas rendu compte qu'elle avait retenu sa respiration …
- Mais je ne peux pas repartir sans prendre de quelconques mesures, reprit l'étalon gris. Il nous faut au moins quelques émissaires pour rester dans les parages.
- Vous êtes fou, lui lança Strong Hoof. Comme si cela pouvait arranger nos problèmes.
- Le seul problème que nous ayons ici, c'est vous, Lieutenant. Rébéllion et tentative d'assassinat envers votre supérieur, cela vous coûtera cher lorsque nous rentrerons.
D'un signe du sabot, il appela quelques-uns de ses soldats, qui comprirent immédiatement de quoi il était question : ils accoururent pour encercler Strong Hoof, qui ne fit aucun geste pour se défendre.
- Lieutenant Strong Hoof, vous êtes maintenant en état d'arrestation. Vous avez le droit de garder le silence pendant votre transfert. Si vous renoncez à ce droit, tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous. Emmenez-le.
Les soldats s'exécutèrent. Strong Hoof adressa un dernier regard haineux à son supérieur avant de s'éloigner avec les autres militaires. Le Docteur et Twilight profitèrent de ce moment de calme pour s'approcher.
- Et vous avez pensé à quelqu'un en tant qu'émissaire ? L'interrogea le Seigneur du Temps.
- J'ai déjà une idée, en effet.
Le Commandant se tourna vers Reliable Stone.
- Caporal, vous sentiriez vous prêt à remplir cette nouvelle fonction ? Vous et vos soldats ?
- Euh … vous voulez dire commandant ?
- Demeurer dans ce village, en tant que représentant du royaume licorne, et nous tenir informer de la situation ici.
- Euh … si je puis me permettre, pourquoi nous ?
- À cause de cette nouvelle tendance à fouiner que vous semblez avoir développé aux côtés du Docteur. Cela n'est pas forcément apprécié chez nous, mais cela vous sera fort utile pour cette affectation. Puis-je compter sur vous, soldats ?
Les quatre soldats se regardèrent, visiblement d'accord.
- Nous sommes à vos ordres, Commandant.
- Bien. Grande Alicorne, si vous pouviez nous permettre de les héberger dans votre village …
- Je serais heureuse de les accueillir. Hidenplace a toujours été une terre d'accueil pour qui souhaite entretenir la paix.
- Alors … que la paix soit.
L'Alicorne jeta un dernier coup d’œil aux nouveaux émissaires, avant de se retourner vers la barricade.
« Bienvenu à Hidenplace ».
Une dernière fois, l'aura magique de l'Alicorne se manifesta : sa corne se mit à luire, comme l'assemblage de bois qui bloquait l'entrée. Les pièces se mirent à bouger, elles glissèrent les unes sur les autres, pivotèrent, se déplacèrent, pour libérer le passage. Une fois de plus, le passage s'ouvrait pour faire passer les quatre soldats. De l'autre côté, le village, aux couleurs chaudes, lumineuses, et les villageois, prêts à accueillir les nouveaux résidents.
Confiants, ils passèrent la porte, pour rejoindre cette société chaleureuse, tandis que le Commandant licorne commençait à réorganiser le bataillon. Bientôt, ils devraient rentrer, également … Puis une pensée traversa la tête du militaire. Il se tourna vers les émissaires :
- Attendez !
Le groupe s'arrêta et se retourna vers leur supérieur.
- Avant de partir, je veux un rapport complet sur ce que vous avez fait en compagnie du Docteur pendant votre absence.
- Nous vous le rédigerons dés que possible, lui assura Reliable Stone.
De leur côté, les voyageurs du temps ne pouvaient que contempler la scène :
- Eh bien … tout est bien qui finit bien, commenta le Docteur.
- Oui, on dirait … j'ai vraiment eu peur de ce qui pouvait arriver sur le moment.
- Maintenant, l'histoire va suivre son cours. Et je pense qu'elle n'évoluera que pour le mieux.
- Oui, elle devrait.
***
- Vous devez vraiment repartir ? Demanda Celestia.
Le Docteur et Twilight se tenaient maintenant à l'extérieur de la ville. Ils avaient récupéré le TARDIS, et la cabine bleue se tenait fièrement derrière eux. L'Alicorne, accompagnée par ses deux filles, étaient venues pour faire leurs adieux aux deux voyageurs temporels.
- Malheureusement, oui, répondit Twilight. Il y a des poneys qui nous attendent chez nous. Enfin … chez moi.
- Mais … vous pourriez tous venir habiter ici. Il y a beaucoup de place dans le village.
- Merci, mais nous avons déjà un chez-nous. Et j'ai hâte d'y retourner.
- Oui … surtout que je lui ai promis le voyage de retour, ajouta le Docteur. Et puis … nous avons beaucoup de choses à faire.
- Mais … vous reviendrez ?
- Peut-être, la rassura Twilight. Mais on risque de ne pas se revoir avant un bon moment.
- On vous attendra alors. Jusqu'à la prochaine fois.
La licorne violette sourit, et se tourna vers la grande Alicorne.
- Mais … vous n'avez pas peur que les licornes ne décident de revenir avec des troupes ? Maintenant qu'ils savent où vous trouver ?
- Lorsqu'ils sont venus, la poche temporelle avait déjà été brisée. Seuls leurs émissaires connaissent l'emplacement habituel de l'entrée. Il suffit que je remette la poche en place, et nous devrions à nouveau être protégés. Inutile de vous en faire.
- Bon, alors d'accord, je ne vais pas m'en faire. Bonne chance pour la suite.
- Bonne chance à vous.
- Au revoir ! Lançèrent les pouliches en agitant leur sabot.
- Au revoir.
Twilight et le Docteur leur adressèrent un dernier geste d'adieux, avant de se retourner pour prendre place dans la cabine de police.
***
- Eh bien, c'était pas mal, pour un premier voyage, s'exclama le Docteur en s'approchant de la console du TARDIS.
- C'était … mouvementé.
Twilight contourna l'étalon pour se diriger vers un siège à proximité, et s'installa dessus. Cette première expérience de voyage dans le temps s'était avérée … pleine d'imprévus.
- En tout cas, les princesses de votre époque ont choisi le nom de pouliches bien courageuses. Je me demande ce que leur réserve l'avenir. Il faudrait peut-être que je prenne des cours d'histoire une fois revenu à votre époque.
Twilight sursauta : il n'avait toujours pas compris ? Il pensait que les sœurs qu'ils avaient rencontrées et les princesses célestes étaient des poneys différents ! La licorne violette pouffa.
- Docteur … c'était, les princesses de notre époque. La Celestia que vous avez aperçue tout à l'heure était la même qui vous a écrit à Ponyville à mon époque.
Le Docteur, jusque-là souriant, fit une étrange grimace en entendant les propos de Twilight.
- Sérieusement ?
- Oui, sérieusement.
- Vos princesses sont âgées de plus de deux mille ans ?
- Docteur … si vous pouviez voir la tête que vous faites …
Le Seigneur du Temps resta figé quelques secondes, puis secoua la tête, riant de sa propre ignorance.
- D'accord … faites-moi penser à me procurer un livre d'histoire.
- Au moins, je comprends pourquoi ce sont elles que les premiers habitants d'Equestria ont voulu comme souverains, ajouta Twilight.
- Oui, c'est compréhensible. Alors, bilan du voyage ?
- C'était …
Les différents éléments qu'ils avaient vu sur leur trajet revinrent en mémoire à la licorne si les cyberponies attaquant Ponyville étaient déjà à la limite du raisonnable … Voyager dans le temps, rencontrer des soldats de l'an mille quelque chose avant le règne de Célestia, courir après des extraterrestres « constellation magique », et découvrir un village entier qui est en même temps présent et absent de son emplacement … C'était …
Twilight éclata d'un rire nerveux.
- C'était complètement fou, dit-elle entre deux respirations. Jamais … jamais je n'aurais pu imaginer quelque chose de plus insensé ! Des aliens étoilés, un village invisible … C'est complètement fou ! Ah ah …
le rire de Twilight était contagieux : le Docteur ne tarda pas à rire à son tour, heureux de voir la bonne humeur dans laquelle il avait réussi à mettre la licorne. Il leur fallut quelques minutes pour arriver à se calmer. Appuyé contre la console centrale, l'étalon reprit sa respiration, avant de se tourner vers sa compagne de voyage.
- On y va ?
- On y va.
Et, une fois de plus, le seigneur du Temps enclencha un levier, faisant à nouveau décoller la machine temporelle.
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Y a qu'un chose qui je n'arrive pas a comprendre. Peu être que tu comptais l’explique dans la suite mais tu parlais juste avant d'une pièce offerte par le docteur a Céléstia. Pièce que Céléstia lui a ensuite renvoyé comme si cela avais été prévue (la pièce pour adapté le TARDIS). Mais dans ce cas, pourquoi il ne lui a pas offert lors de leurs premier rencontre ? (a savoir maintenant)
ATTENTION POUR CE QUI NON PAS COMMENCER LA S5 E3 DOCTEUR WHO (original) NE REGARDER PAS LA SUITE
la femme du doc ?
raison "c'est pas l'heur" car dans le VF elle dit ça et en VO spoiler
au début j'ai eu peur (et en même temps j'ai pas vraiment réfléchis je me suis juste contenter de lire) quand il y avait marquer 3eme alicorne je me suis dit cadence (mais j'ai vraiment pas réfléchi et j'avais oublier le "2 mille ans en arrière")
mais franchement... C'EST GENAIL !!!
rainbownuit: #25643rainbownuit: #25493Supposition :
Qui est vous ?
C'est pas l'heure
Mais vous êtes une alicorn à part Celestia et Luna il pas d'autre alicorne à c'ette époques .
C'est pas l'heure
Mais vous êtes la princesse de quoi ?
Spoiler (homage à la version originale )