Quand il a annoncé que l'avenir appartenait à l'espèce capable de s'adapter le mieux au changement, monsieur Charles Darwin s'est trompé. L'avenir appartient aux poneys !
Et au Reich allemand s'il a l'intelligence de lier son sort avec celui de la Principauté d'Equestria.
Introduction de l'exposé du zoologiste allemand Richard Semon, "Equestria, patrie des animaux intelligents", donné le trois mai 1914 au Château de Berlin, devant l'Empereur Guillaume II et ses conseillers.
Loin au-dessus du champ de bataille, je volais. Ou je planais plus exactement : j'avais largement déployé mes ailes après avoir traversé les nuages et depuis de longues minutes, je scrutais le manteau blanc en décrivant de grands et de longs cercles, guettant la moindre activité ennemie.
Il y avait peu de chance qu'il se passe réellement quelque chose aujourd'hui, après tout, nous avions la maîtrise du ciel depuis quelques semaines mais ce n'était pas une raison pour que je ne sois pas attentive.
Ce vol presque stationnaire m’irritait. Si j'avais voulu n'en faire qu'à ma tête, je me serais mise à tourbillonner dans tous les sens, à tester de nouvelles figures, à arracher mon casque de cuir pour sentir à nouveau le vent dans ma crinière arc-en-ciel.
Mais je ne le pouvais pas. Je devais m'en tenir aux ordres et ils étaient trop importants pour que je gâche tout en me laissant aveugler par mon propre plaisir.
J'ouvris un peu plus largement la bouche, remplissant mes poumons d'un air frais. C'était délicieux. C'était un des grands privilèges de nous autres, les pégases. Pouvoir respirer un air plus pur que celui auquel les poneys terrestres et les licornes étaient accoutumés. Il fallait d'ailleurs faire attention : respirer trop vite et trop fort devenait dangereux à une certaine hauteur. Quand j'étais à l'école de pilotage avec Gilda et les autres, j'avais vu un pégase qui avait fait l'erreur de vouloir monter le plus haut possible, juste pour nous impressionner.
Il était monté si haut que tous les élèves et les professeurs n'avaient plus vu qu'un petit point de couleur sur le ciel bleu. Puis brusquement, il était tombé à toute vitesse et rattrapé en plein vol par deux des instructeurs. Le pégase s'était tout simplement évanoui à force d'être allé trop haut. Ivresse des hauteurs.
Bien sûr après cet incident, tous les élèves de l'école de pilotage s'étaient lancés dans le concours idiot de celui ou celle qui tiendrait le plus longtemps à la plus haute altitude possible. Inutile de dire que j'avais gagné en manquant de mourir deux fois : une fois en remportant le concours, une fois en défendant mon titre contre Gilda. Et on en était fières à l'époque de nos stupidités de gamines.
Je soupirais amèrement. Il était loin ce temps à l'école de pilotage. Comme le reste de ma vie Cloudsdale et à Ponyville d'ailleurs, tout ça semblait comme avalé par la brume. Peut-être que quand la guerre sera finie, je me souviendrais avec précision du goût des tartes aux pommes d'Applejack, du plaisir que l'on avait aux fêtes de Pinkie Pie ou des jolies robes que nous confectionnait Rarity quand nous allions à des soirées. Mais pour l'instant, tout ça n'existait plus vraiment.
Pour le moment, j'avais un combat à mener.
Un bruit, semblable à un bourdonnement d'abeille m'arracha à mes pensées nostalgiques. Je pointai la tête dans la direction du bruit et je le vis : un avion britannique, si j'en jugeais par sa cocarde.
Il surgit d'une trouée de nuages bien en dessous de moi, volant assez rapidement.
J'étais à peu près sûre qu'il ne resterait pas longtemps. A en juger par son allure et sa quasi absence d'armement, ce n'était qu'un avion de reconnaissance.
Les anglais devaient lui avoir ordonné de survoler nos lignes pour prendre des clichés et les rapporter au quartier général.
J'en étais navrée pour lui mais je ne pouvais pas le laisser faire ça.
Je plongeai jusqu'à un nuage en contrebas, passant la tête à travers la masse gazeuse pour estimer la position de mon ennemi. Il maintenait son cap sans dévier. J'étais prête à parier qu'il ne resterait pas en l'air plus d'une minute de plus nécessaire à sa mission : il allait voler droit jusqu'au dessus de son objectif, plonger, prendre ses photos et revenir le plus vite possible sur son aérodrome.
Il fallait que je frappe maintenant. Pattes en avant, je m'élançai si brusquement que je me surpris moi-même. Je sentis l'air fouetter mon corps et faire battre ma queue. J'adorais toujours autant voler vite. Je vis alors l'avion anglais se rapprocher de moi. Se rapprocher très près de moi.
Emportée par mon élan je pointai mes sabots droit sur ses gouvernes de queue, je serrai les dents, fermai les yeux d'instinct et attendis le choc. Renforcés par leurs protections en métal, mes sabots déchirèrent purement et simplement les gouvernes arrières de l'avion anglais, dans un fracas du tonnerre.
J'entendis un coup de feu et je vis une balle passer non loin de moi. Le pilote avait réussi à sortir son arme de poing et à me tirer dessus alors que je l'attaquais dans le dos ? Il était plutôt bon. Mais moins que moi.
Je repris de la distance et avec elle, de la vitesse. J’amorçais une courbe et je me cabrai pour revenir frapper mon ennemi sous le ventre, là où il ne pourrait pas m'atteindre.
Le pilote anglais se rendit immédiatement compte de ma manœuvre et piqua du nez pour m'avoir droit devant lui. Alors que nous nous rapprochions l'un de l'autre à grande vitesse, l’absence de tir me confirma qu'il n'avait pas d'autre arme que son revolver. Il m'aurait déjà descendue depuis longtemps sinon.
Au fur et à mesure que je voyais l'hélice et son appareil tout entier devenir de plus en plus grand, je me concentrai pour tenter d'apercevoir le pilote. Quand je le verrai sortir le bras hors du cockpit, il serait temps de décrocher.
Quelques secondes passèrent et plus concentrée que jamais, j'attendais le moment propice. Je devais bien calculer mon coup. Trop tôt et il pourrait m'avoir dans le dos, trop tard et il pourrait me loger une balle dans le crâne si je n'étais pas déchiquetée par les pales de son hélice avant.
Pas encore...pas encore...
Je vis son bras droit sortir du poste de pilotage et me viser. Ca y était presque...
Je le vis armer le chien. Vraiment presque. Maintenant !
Je tournai brusquement sur le côté droit, me retrouvant à la gauche de mon adversaire. Surpris, celui-ci n'eut pas le temps de changer son pistolet de main alors que je brisai ses soutiens d'aile. Le côté gauche des ailes du biplan de mon adversaire s'effondra sous son propre poids et l'appareil piqua du nez. Satisfaite, je restai en hauteur alors que l'avion ennemi disparaissait dans les nuages. Il n'était pas nécessaire d'aller plus loin. Il était hors d'état de remplir sa mission mais pas assez abîmé pour qu'il se crashe immédiatement.
Le pilote britannique devrait pouvoir voleter jusqu'à son aérodrome ou au moins, s'écraser loin du no man's land.
C'était mieux pour lui et pour moi. Je n'aimais pas avoir du sang sur les sabots. Peut-être paradoxal pour une pégase de l'armée de l'air equestrienne mais j'étais comme ça.
J'aimais voler, j'aimais gagner.
Pas tuer.
Je laissais ça aux troupes au sol.
Je continuai mon vol de supériorité aérienne pendant encore deux heures puis je tournai les sabots et rentrai à la base. C'est avec regret que je laissais l'immense ciel bleu derrière moi pour retrouver le brun de la boue et le vert de la forêt. Je volais encore assez haut pour ne pas me faire tirer dessus par une batterie de DCA un peu trop prompte au carton.
On avait déjà perdu plus d'un pégase comme ça. Je rejoins rapidement nos lignes, dépassais les tranchées et commençais à ralentir au fur et à mesure que je me rapprochais du village où nous avions installé nos quartiers.
L’aérodrome n'était rien de plus qu'un vaste champ de terre battue depuis lequel des avions et des pégases n'arrêtaient pas de décoller et d’atterrir. Je me posais avec douceur en marge du champ. Quelques pilotes, humains ou pégases, me saluèrent alors que je repliai mes ailes et que j'arrachai enfin le casque de cuir qui m'emprisonnais le visage.
Je passais plusieurs fois mon sabot dans ma crinière pour en démêler les nœuds et le ressortis gluant de sueur.
J'aurais pas été contre un bon bain chaud.
Mon aide de camp, un pégase à la robe gris perle vint à ma rencontre pour me débarrasser de mes affaires.
Je lui confiai mon casque et mon harnachement de pilote de guerre, soit le blouson de cuir et les renforts métalliques de mes sabots.
Je gardai toutefois mon écharpe blanche autour du cou, frappée d'un éclair multicolore. Le foulard m'avait été tissé par Rarity au moment de mon départ pour le front et j'évitai de l'enlever le plus possible. Quand je le portais, j'avais un peu l'impression que mes amies étaient avec moi.
_Pas trop dur le vol d'aujourd'hui, lieutenant ? me demanda mon aide de camp.
_Si ça c'était mal passé, je serais pas là pour m'en vanter, lui répliquais-je du tac au tac. Si tu veux bien avoir la gentillesse de laver tout ça et de les porter dans mes quartiers, lui demandais- je en pointant du museau mes affaires, ça serait gentil. Tu me feras aussi préparer une baignoire d'eau chaude.
Mon ordonnance porta son sabot à hauteur de la tempe :
_Ce sera fait mon lieutenant ! Et avant que j'oublie lieutenant, le commandant Koëning veut voir voir au plus tôt.
Je haussais un sourcil :
_Il t'a dit pourquoi ?
_Négatif lieutenant, répondit mon aide de camp en secouant la tête. Juste qu'il demandait votre présence au quartier général sitôt votre vol fini.
Bon. Et bien le bain devrait attendre encore un peu on dirait.
Quittant le champ, je me dirigeai donc en premier lieu vers le village qui se trouvait à côté. La bourgade n'était pas très grande, comme la plupart des villages locaux. Une cinquantaine d'habitants devaient y vivre avant-guerre.
Depuis de longs mois, toute cette portion du front était tombée entre nos mains et puisque les tranchées françaises et anglaises nous empêchaient de pousser plus en avant, nous étions condamnés à une guerre de position.
Je trottais devant des maisons vides ou transformées en casernes de fortune. Certaines portaient encore la trace des combats livrés ici-même pour le contrôle de la région.
La mairie était un grand bâtiment de pierre blanche où le commandant Koëning avait naturellement installé le quartier général. Je passais devant les sentinelles de garde, traversais le hall dallé et me retrouvais dans l'arrière-cour ombragée, là où le commandant aimait tenir ses réunions.
Et effectivement, Koëning était regroupé avec ses officiers d'état-major autour d'une table d'extérieur en bois, en train de fumer un gros cigare et de lisser pensivement sa moustache poivre et sel.
Quand on fit discrètement signe au commandant de ma présence, il m'invita à avancer.
_Approchez lieutenant, je vous en prie, approchez !
Je fis quelques pas en direction du groupe mais je me gardais de trop m'avancer : les officiers avaient la désagréable manie de joindre chacune de leurs inspirations d'une bouffée de cigarette et de former au dessus d'eux un nuage malodorant. La fumée était si épaisse au dessus de leurs têtes, en dépit du fait que nous étions au dehors, qu'on ne voyait presque plus l'étandard impérial noir, blanc et rouge.
Voyant mon dépit à faire un pas de plus, Koënig prit sur lui de franchir la courte distance qui nous séparait encore et me tendit la main. Je la touchai de mon sabot droit. Le commandant sourit.
_Je suis content que vous soyez revenue entière de cette mission.
_Ce n'était qu'un vol de routine, rétorquais-je en haussant les épaules.
_Il n'empêche, maintint mon officier supérieur. Wilfried ! cria t-il à l'attention d'un des hommes qui se détacha du groupe pour venir nous rejoindre.
Le nouveau venu était la parfaite caricature de l'officier prussien : grand, mince et effilé avec monocle, fume-cigarette doré et une moustache démesurément longue.
_Wilfried, lança Koënig avec un sourire qui s'élargissait au fur et à mesure qu'il parlait, je voulais te présenter le lieutenant Rainbow Dash.
_Ainsi je vous rencontre enfin, siffla le prussien d'une voix qui me sembla étonnement aiguë.
_Rainbow Dash, la meilleure pilote de tout Equestria. Vous savez qu'on parle de vos exploits dans tous les salons de Berlin ? A ce qu'on dit, Sa Majesté l'Empereur Guillaume lui-même aurait tenu un pari avec un de ses cousins sur qui de vous ou du capitaine Richthofen est le plus grand as de l'armée impériale ?
_Sauf votre respect colonel, lui répondis-je en déchiffrant son grade, je ne suis pas techniquement
dans l'armée impériale. Le corps expéditionnaire equestrien...
_Nous nous comprenons, me coupa l'officier. Je ne vais pas vous retenir plus longtemps lieutenant, j'imagine que vous avez beaucoup à faire. Cela dit, je dois rester encore quelques temps sur cette zone du front. J'espère donc que nous serons encore amenés à nous revoir.
Ne sachant pas quoi répondre, je me contentai d'un hochement de tête alors que le colonel prussien battait en retraite vers le groupe d'officiers, me laissant seule avec le commandant Koënig.
_Vous vouliez me voir en particulier monsieur ?
_Je voulais simplement vous introduire en personne auprès du colonel von Aesch, me répondit-il en mâchouillant son cigare.
Alors c'était tout ? Il m'avait privée du plaisir immédiat d'un bon bain chaud et de me décrasser un peu les ailes juste pour me montrer à son ami ?
Décidément, plus je fréquentais les militaires, moins je les appréciais.
_Permission de me retirer mon commandant ?
_Accordée, lâcha Koënig. Vous pouvez rentrer vous reposer lieutenant. Rompez.
J’acquiesçai, tournai les sabots, traversai le hall à vive allure et déployant mes ailes, décollai au dessus du village en quelques secondes.
Si aller de l'aérodrome au QG m'avait dégourdi les pattes, il était hors de question que je marche jusqu'à nos quartiers, assez éloignés du reste du secteur.
Le corps expéditionnaire equestrien, que les allemands avaient surnommés Die PegasusKorps, le Groupe des Pégases, en raison de la très forte concentration de poneys ailés du bataillon avait pris position dans un grand corps de ferme fortifié, bâti à l'écart du reste des villages du coin.
La ferme et ses dépendances avaient été laissées entièrement à la disposition des poneys qui avaient pu arranger les lieux à leur morphologie.
La bannière d'Equestria, les alicornes blanches et noires tournant autour du soleil et de la lune sur un tapis d'étoiles, flottait fièrement au vent, depuis le sommet du clocher de la ferme.
J’atterris dans la cour en terre battue, provoquant la frayeur d'une famille de poussins qui alla se cacher derrière une haie. Fluttershy, fidèle à ses convictions, n'avait pas pu se résoudre à laisser les animaux de la ferme et des environs sans soins et une bonne partie du corps de ferme était devenu une véritable ménagerie.
Je retrouvais mon amie dans la grange transformée en infirmerie pour poneys où les soldats equestriens blessés venaient reprendre des forces avant de repartir au combat. Fluttershy voletait d'un malade à un autre, leur donnant des médicaments, changeant leurs pansements ou simplement en leur tenant le sabot quelques minutes. Techniquement, étant donné son grade, elle n'avait pas à faire ça elle-même mais Fluttershy avait insisté pour s'occuper personnellement des blessés. Quand je fis mon entrée dans la grange, Fluttershy arrêta sa discutions avec un autre poney-infirmier pour voler jusqu'à moi.
_Rainbow ? me demanda t-elle de sa toute petite voix habituelle. Tout s'est bien passé là haut ? Tu n'es pas blessée ?
_Ca va, la rassurais-je d'emblée.
_Mais non ça ne va pas ! me contredit-elle alarmée. Regarde ta patte arrière droite !
Surprise, je m'exécutai pour découvrir qu'effectivement, quelques traces de sang séchaient sur mon pelage bleu. J'avais dû m'égratigner en frappant l'avion anglais.
_C'est juste une éraflure Fluttershy, lui dis-je pour la rassurer. En plus je sens rien du tout. Je t'assure que...
_Faut soigner ça tout de suite ! me coupa t-elle brutalement en me trainant presque de force sur le lit le plus proche de nous où je dus m'assoir pendant qu'elle galopait aux quatre coins de la grange afin de trouver le nécessaire pour guérir ma patte.
Je me sentais un peu idiote comme ça, à demi couchée sur un lit de camp impersonnel, la patte arrière droite tendue sur la toile alors que mon amie revenait vers moi, les sabots chargés de chiffons, de bouteilles brunes, de fil et de pansements.
Elle se fit aussi apporter une bassine d'eau claire par un des poneys-infirmier.
Fluttershy colla presque son museau sur mon égratignure alors qu'elle écartait les poils autour de l'éraflure pour mieux la distinguer.
_Ca a l'air d'avoir déjà cicatrisé mais je ne veux prendre aucun risque, marmonna t-elle en saisissant un chiffon et en le trempant dans la bassine avant de l'appliquer sur ma patte. On va nettoyer tout ça et désinfecter.
Je ne retins pas mon soupir de frustration mais je n'ajoutais rien. Fluttershy était parfaite dans son rôle d'infirmière du corps expéditionnaire equestrien.
Elle prenait juste un peu parfois sa tâche trop à cœur. Surtout avec moi.
Cela dit, je pouvais la comprendre. La guerre dans laquelle notre nation s'était lancée plus de deux ans et demi auparavant dépassait tout ce que nous aurions pu imaginer.
Les combats étaient gigantesques et les pertes ne l'étaient pas moins, que ce soit du côté d'Equestria et de la Triplice ou des forces de l'Entente.
Si en août 1914 - j'avais toujours du mal à me faire au calendrier humain -, on avait compté de très nombreux volontaires, surtout auprès des pégases, ils étaient rares ceux qui partaient aujourd'hui la fleur au sabot.
_Et voilà, me dit Fluttershy alors qu'elle finissait tamponner ma blessure avec un coton imbibé d'un liquide rose à l'odeur désagréable avant d'entourer ma patte d'une bande de gaze légère. Garde le pansement au moins jusqu'à demain et tu pourras l'enlever sans problème.
_Et moi qui voulais prendre un bain ? demandais-je brusquement d'un ton sec. Je fais comment maintenant, avec ça autour de la patte ?
_Oh...balbutia Fluttershy. Je suis désolée...je pensais que...enfin que...
_C'est bon, lui dis-je après quelques secondes. Je te faisais marcher ma vieille. Je vais bien réussir à me débrouiller.
_Oh...je...une plaisanterie. Oui. C'était drôle, finit-elle par pouffer.
Un poney qui serait passé à quelques centimètres d'elle aurait à peine pu percevoir son rire mais moi, je le ressentis et partager cette blague avec mon amie me fit du bien. L'humour était d'ailleurs devenu un des meilleurs moyens de tenir le coup sur le front.
_Dis moi Fluttershy, lui demandais-je en quittant le lit de camp et en me dirigeant tranquillement vers la sortie de l'infirmerie. Si tu as ta soirée de libre, on pourrait dîner toutes les deux.
Mon amie parut embarrassée :
_Et bien...c'est à dire que je dois m'occuper des animaux de la ferme et il reste encore des poneys blessés à remettre sur leurs sabots sans compter que...
_Je te demande juste une heure ou deux, la pressais-je. Ca va faire des semaines que j'ai pas pris un vrai repas autour d'une table. Et encore plus longtemps que j'ai pas mangé avec une vraie amie.
_D'accord, finit par lâcher Fluttershy après un long silence. J'arriverais bien à me libérer.
_Super ! conclus-je en quittant la grange. A ce soir donc.
A l'extérieur, un coup de vent un peu plus fort qu'un autre me fit frisonner. Je portais mon regard sur la campagne environnante et continuai à être surprise de voir à quel point le paysage pouvait être beau alors qu'à quelques kilomètres de là, on s'étripait et on pataugeait dans le sang pour des causes dont la complexité dépassait de loin la simplicité de la nature.
Un des soldats du PegasusKorps vint me prévenir qu'une bassine d'eau chaude avait été préparée dans ma chambre. Je hochai silencieusement la tête avant de rejoindre à petits pas les bâtiments des officiers equestriens. J'allais me laver, me prélasser dans l'eau chaude et me détendre. Et tout à l'heure, je dînerais avec Fluttershy et nous pourrons rire toutes les deux à des souvenirs communs. Demain, je repartirais pour une session de vol au dessus de champs de mort mais pas ce soir.
Ce soir, j'allais essayer de retrouver le goût d'une vie normale avec une de mes meilleures amies. Un peu comme une répétition du temps où nous étions toutes les six à passer des jours paisibles à Ponyville.
Une répétition d'un monde qui n'existait plus...
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