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Pony War Chronicles

Une fiction écrite par ironponymaiden.

Chronique II : Une Epine dans le Flanc

La ponette pouvait sentir les veines battre à ses tempes. Autour d'elle, la tension avait presque pris une forme matérielle parmi la trentaine de poney de son unité couchés au sol, l'arme au sabot, les muscles tendu dans une attente interminable. De l'autre côté de la butte, elle entendait les obus de mortier frapper la terre, qui se mettait à trembler sous elle. Sick Worm s'humidifia les lèvres, sèches à force de se les pincer. Ces instants, qui précédaient un ordre d'assaut, avaient toujours été les plus insoutenables. Ils savaient tous qu'ils allaient devoir se lever et courir, parfois mourir, jusqu'à atteindre ce village dans lequel s'étaient retranchés une petite force de soldats solaires. L'intérêt stratégique était mineur, mais la ligne de front se trouvait à plusieurs kilomètres de là, et avoir une poche de résistance en plein milieu du territoire conquis commençait à devenir gênant.

Un bombardement pégase aurait pu en finir rapidement, malheureusement les lunaires n'avaient pas d'unités aériennes à dérouter pour un objectif aussi secondaire. Pas depuis la terrible Bataille pour le Ciel, lors de laquelle la redoutée Rainbow Dash elle-même avait mis un terme aux rêves de contrôle de l'espace aérien par les nouveaux républicains. Désormais, les rares pégases entraînés au combat à haute altitude qu'ils possédaient étaient trop précieux et servaient à contrer les bombardements ennemis. De même pour les véhicules, qui devaient faire face à la machine de guerre impériale. Non, ils n'avaient que l'infanterie, et quelques mortiers pour obliger les retranchés à se cacher.

Une attaque sur trois fronts. Le quatrième était laissé libre pour que l'ennemi ne se sente pas piégé, et, du moins les lunaires l'espéraient-il, mettent moins d'ardeur à se battre, même si Sick en doutait. On ne pouvait jamais savoir avec les impériaux, et il suffisait d'une Licorne du Soleil pour retirer toute velléité de retraite ou de reddition à l'ennemi, même dans les cas les plus désespérés. Pour les fanatiques de Celestia, tourner le dos à l'ennemi valait une balle dans la tête.

Au milieu des son d'impact d'obus, un coup de sifflet retentit, suivit par le hurlement d'une centaine de poney qui chargeaient.

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Pretty Leave galopait en hurlant. Seule, la jeune ponette à la voix fluette aurait fait peine à voir, mais le cri qui franchissait sa bouche venait s'ajouter à la puissance du rugissement de ses camarades, dissipant sa peur, ses doutes, et la poussant à continuer à courir malgré les tirs qui commençaient à claquer depuis les bâtiments du village.

Elle songea pendant un court instant à son amie Sick Worm, qui était attachée à un autre groupe d'assaut. Elles s'étaient promis de se retrouver sur la place centrale, et la première arrivée devrait un verre à l'autre. Pretty voulait vraiment gagner cette course, car l'autre jument, en tant qu'ancienne barmaid, faisait des cocktails à tomber. Elle eut un sourire cynique. Elle pensait aux succulentes boissons de son amie alors qu'autour d'elle, les balles sifflaient, d'autant plus nombreuses que le barrage de mortier avait pris fin pour éviter les tirs alliés. Déjà les premiers cadavres tombaient au sol, fauchés dans leur cavalcade. La ponette leva son arme, galopant sur trois pattes, et se mit à hurler de plus belle en ouvrant le feu, tentant de couvrir les sons de la guerre par sa voix brisée, oubliant le danger pour continuer d'avancer, l'image d'un verre remplit d'un liquide coloré dans la tête. C'était sa première bataille, elle allait assurer.

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Partout autour du village, les échanges de tirs se faisaient entendre. Le sergent Rainfall s'efforçait de ne pas ralentir l'allure. Les alentours étaient à découvert, la pire situation pour lancer un assaut. C'est ce qui avait longtemps fait hésiter les grands de l'armée révolutionnaire, mais l'urgence se débarrasser de cette épine dans le flanc avait finalement prévalue. L'étalon espérait néanmoins que cela ne signerait pas leur arrêt de mort à tous.

Les tirs ennemis provenaient des fenêtres, principalement des étages supérieurs des bâtiments à la frontière du village. Par chance, le barrage de mortier avait détruit les fortifications qui bloquaient auparavant les accès à l'intérieur de la petite ville. Une fois passés, ils seraient plus à même de se défendre, de se mettre à couvert, mais pour l'instant, ils n'étaient que des cibles. Rainfall n'aimais pas ça.

Il fit un signe de tête à une licorne derrière lui, qui portait un gros canon de métal. Celle-ci acquiesça, s'arrêta, et sa corne se mit à luire, ainsi que son fardeau, qui se déplaça devant elle. L'Empire avait de nombreux atouts dans sa manche, notamment le contrôle de l'espace aérien et les détestable Licornes du Soleil, mais l'armée de Luna avait aussi ses cartes à jouer. Notamment celles qu'on appelait les « licornes lourdes », des magiciens de talent qui parvenaient, grâce à un entraînement spécial, à manier des armes normalement montées sur pivots ou impossible à utiliser en mouvement tout en se déplaçant.

Le compagnon de Rainfall finit de déployer son arme, et ouvrit le feu à l'unisson avec d'autres cornues aux armes démesurées. Les sons de basse qui sortirent du canon firent vibrer la poitrine de l'étalon, et presque immédiatement les façades des bâtiments se couvrirent de trous d'impacts gigantesques, creusant même les murs pour atteindre se qui se trouvait de l'autre côté. Des cavités commencèrent alors à couler des lignes rouges, témoins du massacre que provoquait les calibres anti-matériel sur la chair et les os. Les tirs de suppression des solaires se turent progressivement alors que ceux qui en étaient la cause se retiraient à l'abri. Le sergent prit quelques secondes pour observer le carnage alors que le reste des troupes lunaires atteignaient les murs du village. Apparemment, il n'y avait pas de tireur d'élite. Une bonne chose, c'était le point faible des licornes lourdes.

Rainfall fit un signe à son compagnon qui commença à ranger son arme, et galopa à nouveau vers l'objectif.

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La douleur était à peine soutenable. Sick Worm se traîna à l'abri sous un porche, tirant sur ses pattes avant pour parcourir les derniers mètres avant d'être hors de vue des ennemis. Une fois arrivée, elle se laissa tomber sur le sol, respirant lourdement, et tourna sa tête vers ses pattes postérieur. Sa cuisse droite baignait dans le sang qui s'échappait de la blessure qui la traversait. Elle serra la mâchoire, maudissant son manque de chance. Elle avait réussit à passer le champ de tir à découvert sans problème, et avait sauté avec une joie non-dissimulée au-dessus des barricades solaires en ruine. Et c'est là qu'elle avait été cueillie par une balle d'un impérial enterré sous les décombres. Un dernier acte de bravoure, ou de défi, qui lui avait valu une mort immédiate, mais le mal était fait.

Une licorne portant le brassard à croix rouge passa devant le porche, avançant avec précaution entouré de deux soldats qui le gardaient. Sick le héla, attirant son attention, et il se précipita sur elle, auscultant immédiatement son membre blessé. Il le prit avec précaution, et se mit à lui faire faire une série de mouvements lents mais atrocement douloureux, obligeant la jument à se mordre les lèvres pour ne pas hurler. Il posa une compresse sur la blessure qu'il attacha avec quelques bandes de sparadrap, et leva la tête vers elle.

-Reste ici. On viendra te récupérer à la fin de la bataille.

-Non ! répondit-elle. Je veux y retourner !

-T'es pas en état. Si tu continue, la blessure va empirer, et tu vas te vider de ton sang.

-On verra à ce moment là. Ma patte marche encore ?

Le praticien soupira, et acquiesça.

-Alors file-moi une dose et fais pas chier.

-J'en donne pas sur commande ! C'est seulement pour les blessures qui risquent pas de...

La ponette l'attrapa par le col, et se hissa au niveau de son visage.

-Ecoute-moi bien. Quoiqu'il arrive, je vais lever mon cul d'ici et retourner au charbon. A toi de voir si je fais ça en hurlant de douleur ou de rage.

Le médecin la fixa dans les yeux quelques secondes, puis se dégagea, avant de sortir une seringue de sa veste.

-On aurait jamais dû inventer ce truc...

Il planta la seringue dans la cuisse de la ponette, juste à côté de sa blessure dont la compresse était déjà saturée de sang, et presque immédiatement la douleur s'évanouit. Le médecin fronça du museau alors que la ponette se relevait sans problème, et réarmait déjà son fusil.

-Merci doc. On se revoit après la bataille.

-Crève pas.

La jument acquiesça, et partit au galop vers le centre du village. Le médecin resta sur place quelques instants, baissant les yeux vers la seringue vide. Le Booster, l'antidouleur universel. Meilleur ami des soldats, et pire ennemi de l'instinct de survie. Il supprimait tous les messages de douleur du corps, permettant aux poneys de continuer à combattre malgré les pires blessures et traumatismes. Malheureusement, il ne rendait pas invincible, malgré ce que pensaient beaucoup de ceux qui l'avait consommé.

Il cracha au sol en pensant au nombre de vies qui auraient été épargnées si elles n'avaient pas ignoré les messages de survie de leur corps. Cette guerre rendait vraiment les poneys cinglés.

---

Le poids du nombre se faisait sentir. Le village ne devait être gardé que par une trentaine de solaires valides, peut-être un peu plus si on comptait les blessés, mais le retranchement et la disposition du terrain avait jusqu'alors été à leur avantage. Cependant, dans la situation présente, ils n'avaient pour option que la reddition ou la mort. Rainfall espérait franchement qu'ils finissent par choisir la première.

Alors qu'ils s'engageait dans un croisement, des détonations claquèrent à sa droite, et lui et son unité firent rapidement demi-tour pour se mettre à couvert. Des éclats se détachaient du mur sous l'impact des balles, mais la rafale prit fin. A en juger par le son, ça devait être un gros calibre, sûrement une mitrailleuse fixe postée un peu plus loin. Cherchant à confirmer, Rainfall sortit de sa veste un éclat de miroir, récupéré il y avait longtemps sur un champ de bataille et qui s'était révélé être un gadget très utile. Se rapprochant prudemment du croisement, il manipula la surface réfléchissante afin d'avoir une vision de la position de l'ennemi. Trois soldats, dont un, comme il l'avait supposé, juché derrière une mitrailleuse. Problématique, d'autant que les couvert étaient rares et hors de portée pour le moment. Restait la solution du contournement, mais par où ?

La solution se présenta furtivement dans l'image, si bien que pour s'en assurer, le sergent approcha son visage de l'objet, avant de la reculer vivement quand les balles ennemies sifflèrent à ses oreilles. Mais il avait ce qu'il recherchait, et un sourire se dessina sur ses lèvres. Il fit signe à ses soldats :

-Colour, Weight, Marmelade, passez par derrière. Il y a un mur effondré pas loin de leurs positions. Les autres, avec moi, on va faire diversion.

Les lunaires acquiescèrent, et les trois poney nommés partirent au trot dans l'autre sens. Maintenant se posait le problème de ladite diversion. L'ennemi devait être aux aguets, et la moindre tentative de sortie leur assurait une mort rapide. Lancer une grenade à fragmentation ne servirait à rien s'ils n'arrivait pas à atteindre les fortifications. Restait la grenade fumigène.

Rainfall détacha un de ces projectiles de sa veste, et la dégoupilla. Il compta mentalement les secondes, avant de l'envoyer à l'aveugle vers les solaires qui se mirent aussitôt à tirer. Dans un « bang » sonore, la fumée se déploya, couvrant rapidement la majorité de la rue déserte, et les impériaux se mirent à faire feu sans discontinuer, la mitrailleuse balayant toute la largeur dans l'espoir de toucher quelqu'un. Pendant ce temps, Rainfall et ses poneys restaient à couvert, patientant.

Soudain, il entendit les solaires hurler, alors que de nouvelles rafales s'ajoutaient à la cacophonie. Puis se fut le silence. La radio du sergent émis alors un petit grésillement, et la deuxième moitié de son unité lui confirma que toutes les cibles avaient été abattues. La fumée de la grenade se dissipa rapidement, et l'étalon fit la jonction avec ses soldats. Il jeta un coup d'œil aux cadavres de ses ennemis, et se pinça les lèvres.

L'un d'entre eux avait une patte en moins. Et en langage solaire, si même les estropiés se battaient, c'était que la reddition n'était même pas envisagée.

Comme pour confirmer ses pensées, la radio s'alluma de nouveau, portant cette fois un message du commandement. Un ordre de nettoyage.

---

L'esprit de Pretty Leave était dans le brouillard. Elle suivait le chef de son unité de façon automatique, tentant d'ignorer les quelques rafales qui éclataient plus loin dans le village. La bataille touchait à sa fin, et les lunaires l'avaient apparemment emporté, avec cependant des conséquences dramatiques. L'ordre de nettoyage systématique leur était parvenu quelques minutes auparavant, et les trois autres membres restants de son unité s'y employaient avec application, faute d'apprécier ça. Mais ils savaient tous que lorsque les solaires décidaient de ne pas reculer, il n'y avait qu'un seul moyen de s'en débarrasser. Que ce soit l’œuvre d'une Licorne du Soleil ou juste l'amour fanatique de l'ennemi envers leur princesse, les solaires se battraient même s'il fallait ramper pour ça.

Et deux membres de l'unité de Pretty en avaient fait les frais. Une grenade bien lancée, un timing tardif, et l'image de leurs corps démembrés qui s'était inscrit dans l'esprit de la jeune ponette. Elle faisait ce qu'elle pouvait pour ne pas y penser, pour se concentrer sur sa mission, ses ordres, mais désormais, le moindre mouvement brusque la faisait pointer son arme, le moindre bruit métallique lui valait un sursaut, et chaque porte fermée l'angoissait.

Néanmoins, elle le cachait du mieux qu'elle le pouvait, afin de ne pas être renvoyée à l'arrière. Elle avait abandonné l'idée du pari qu'elle avait fait avec son amie, mais elle ne voulait pas être taxée de lâche. Elle irait jusqu'au bout, quoiqu'il arrivait.

Le chef de l'unité fit un signe, et ils se postèrent autour de la porte d'entrée d'une maisonnette qui avait dû être charmante quelques années auparavant, et désormais sinistre avec ses impacts de balle, la poussière qui le recouvrait et la fumée environnante, traces du bombardement de mortier. Le poney le plus proche de la porte l'enfonça d'un coup d'épaule et visa rapidement à l'intérieur, avant de lancer un « R.A.S. » et de s'engouffrer dans le corridor d'entrée, rapidement suivit par le reste de l'escouade. Pretty Leave entra la dernière, vérifiant que personne ne les prenait à revers. Les poneys vérifiaient les salles, défonçant les portes quand c'était nécessaire, avant de confirmer qu'il n'y avait aucun ennemi présent. Alors que ses trois camarades montaient à l'étage, un mouvement au coin de son champ de vision attira l'attention de Pretty. Lentement, son arme pointée en avant, elle avança vers l'entrée de la cuisine. A terre, elle voyait le corps d'un soldat solaire, immobile. Du moins, suffisamment pour que le poney qui l'avait croisé le pense mort, mais Pretty, son attention toute tournée vers lui, voyait maintenant ses flancs se soulever lentement sous l'effet de sa respiration.

L'impérial, se sachant repéré, ouvrit les yeux, et croisa le regard de la jument. Celle-ci était pétrifiée, sachant qu'elle devrait signaler la présence de l'intrus, ou tirer, l'achever, quelque chose ! Cependant, la mare de sang dans lequel il était allongé, continuellement alimenté par sa large blessure dans le torse, la troublait. Il était à l'agonie, et il ne lui restait peut-être que quelques secondes à vivre. Partager entre la peur, la colère et la pitié, la ponette restait figée, tremblante, incapable de prendre une décision. Alors, le solaire déplaça son sabot, vers le pistolet rangé dans son holster.

Pretty Leave appuya sur la détente. La première balle parti dans une détonation, et atteint le solaire à la tête, éclatant son crâne sur les meubles derrière lui. Puis une deuxième balle la suivit, transperçant son cou et disloquant ses vertèbres. Et une troisième. Une quatrième. Et Pretty Leave ne lâchait pas la détente.

Le corps sans vie du poney continuait d'expulser des éclats de sang à mesure que la ponette vidait son chargeur, hurlant de façon hystérique, incapable de relâcher la pression sur la gâchette, même lorsque le percuteur ne rencontra plus que du vide. En face, elle n'avait désormais plus qu'une vision d'horreur, un cadavre déformé, à peine reconnaissable, et elle continuait de hurler, des larmes coulant sur ses joues, n'arrivant même pas à détourner les yeux.

Soudain, des sabots puissants la tirèrent en arrière, dégageant son arme, et son chef d'unité la plaqua sur un mur, maintenant fermement son visage en face du sien.

-Soldat Pretty Leave ! Regardez-moi ! Regardez-moi !

Les yeux de la ponette partaient dans tous les sens, refusant de se fixer sur quelque chose, et sa respiration se fit haletante, comme si elle étouffait.

-Soldat Pretty Leave ! Regardez-moi, c'est un ordre !

Son regard croisa celui de l'étalon autoritaire, et se concentrer sur ses reflets dorés commença à la calmer. Sa respiration retrouve progressivement un rythme normal, et ses pensée reprirent lentement leur cours. Finalement, le poney la relâcha, mais la ponette ne réagit pas et se laissa tomber en avant, obligeant le soldat à la retenir pour ne pas qu'elle se casse quelque chose sur le sol. Il la posa à terre, où elle se mit en position fœtale. L'étalon soupira, et fit signe à l'un de ses soldats de veiller sur elle, pendant qu'il sortait pour prévenir une unité médicale.

Pour Pretty Leave, ce serait la dernière bataille.

---

La bataille était fini, et les coups de feu avaient cessé. Sick Worm poussa un soupir de soulagement. Il ne restait plus qu'un bâtiment, et d'après les rapports, il y avait de grandes chances pour qu'il soit vide. Néanmoins, elle restait prudente. Aller trop vite avait tué beaucoup de poneys.

Elle avançait lentement dans les couloirs vides et sombres, suivie par le reste de son équipe, et vérifiait rapidement les pièces devant lesquelles elle passait. Les autres s'occupaient d'y entrer pour faire une inspection complète, mais elle devait s'occuper de l'étage. Elle monta les escaliers qui se mirent à craquer sous ses sabots, accompagnée par un autre soldat. Arrivée en haut, elle se dirigea vers la première porte.

Derrière, elle entendit des chuchotement, des raclements de corne sur le sol, et parfois des gémissements étouffés. Elle pesta intérieurement, et fit signe à son équipier. La porte s'ouvrait vers l'extérieur, et le couloir était trop étroit, elle allait donc devoir prendre la tête, seule. Elle se mit en position, appuyée sur le mur à côté de la poignée, avec l'autre poney derrière elle. Elle se prépara mentalement, et ouvrit la porte.

Elle jeta rapidement un coup d’œil à l'intérieur, avant de se remettre à couvert en lâchant une insulte. Il y avait bien une dizaine d'ennemi à l'intérieur. Cependant, après quelques secondes, un détail incongru la frappa. Ils n'avaient pas tiré.

Doucement, avec d'infinies précautions, elle repassa sa tête par l'ouverture. La pièce puait, l'odeur de sueur, de poudre et de sang se mêlant désagréablement. Mais au-delà de ça, c'était la vision qui était le plus terrible.

Ce devait être une infirmerie. Les poneys qui se trouvaient là étaient tous lourdement blessés, parfois à l'agonie, et la regardaient d'un air morne. Certain priaient, leurs sabots serrés autour d'une grenade.

D'une grenade.

Soudainement paniquée, elle parcourut tous les blessés présents du regard. Tous tenaient un explosif armé contre leur corps, sur le point de faire le sacrifice ultime. Les yeux écarquillés d'horreur, Sick hurla un avertissement avant de fermer violemment la porte et se plaquer contre elle.

Dans une explosion assourdissante, le monde éclata. Le mur se disloqua, des flammes surgissant des fissures, et la porte fut projeté à l'opposé du couloir, écrasant la jument contre le mur.

Ce fut le noir.

---

-Sergent Rainfall au rapport.

La radio grésilla :

-Parlez, sergent.

-Le village est sous contrôle.

-Bilan des pertes ?

-Douze morts dans notre camp, dont le lieutenant Pilgrim Feather, j'ai donc pris le commandement. Vingt-deux blessés, dont trois sont dans des états critiques.

-Avez-vous réussi à faire des prisonniers ?

-Non, commandant. Même les blessés se sont suicidés.

-Présence d'une Licorne ?

-Négatif. Du moins, pas parmi les corps retrouvés.

-Bien. Sécurisez la position, on a une compagnie qui se dirige vers vous. Oh, et sergent...

-Oui ?

-Nous allons avoir besoin d'un nouvel officier. Que dites-vous d'une promotion ?

---

Sick Worm se réveilla, mais garda les yeux fermés. Elle sentait des draps chauds autour d'elle. L'atmosphère était calme, et avait une légère odeur d'éther. Elle devait être à l'hôpital.

Elle ouvrit les yeux. Il faisait noir. Elle tâtonna, et finit par trouver l'interrupteur de la lampe de chevet. Elle cliqua dessus. À plusieurs reprises. Mais il n'y avait pas de lumière.

Elle sentit que quelque chose lui serrait la tête. Quelle idiote ! On avait dû lui bander les yeux pendant son inconscience. Elle enleva le bandeau, mais il faisait toujours noir. Elle cliqua sur l'interrupteur. Toujours rien.

Un sourd malaise monta en elle. Tremblante, elle approcha son sabot de l'endroit où se trouvait son œil. Avec réticence, elle se mit le sabot dans l'œil, et sentit la structure molle et humide. Elle avait les yeux grands ouverts.

Mais il faisait toujours noir.

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ironponymaiden
ironponymaiden : #27866
Moonrise09 juillet 2015 - #23444
Je ne sait pas si cela importe, vu tout ce qu'on t'as déjà dis, mais je tenais à te le dire quand même: c'est tout simplement,tout simplement...Eprouvant. Dans le sens que ta façon d'écrire montre bien plus le réel aspect de la guerre que certains jeux dont la majorité des adolescents sont friand. Derrière chaque arme, un esprit lutte pour ses valeurs, et meurent pour certaines dont ils n'étaient pas les porteurs. Alors merci, merci de rapeller que la guerre n'ait jamais gagnée, et de souligner qu'il suffit d'une fraction de seconde pour qu'une destinée soit bouleversé. Tu me fais réfléchir, ou je réfléchis là où je ne devrais pas, mais en tout cas, la lecture d'une telle histoire ne se fait jamais à la légère.
Je reviens là dessus des mois après la bataille, juste pour dire que ça me fait toujours rire d'entendre dire que je m'écarte de la glorification de l'armée et de la propagande pro-guerre des jeux vidéo quand on sait que presque toutes les batailles sont inspirée de mon expérience personnelle sur Call of Duty 2 (un très bon opus, quand Activision n'avait pas encore compris qu'ils tenaient un filon à exploiter).

Bon, après, j'ai ajouté la magie de la touche IPM.
Il y a 2 ans · Répondre
Moonrise
Moonrise : #23444
Je ne sait pas si cela importe, vu tout ce qu'on t'as déjà dis, mais je tenais à te le dire quand même: c'est tout simplement,tout simplement...Eprouvant. Dans le sens que ta façon d'écrire montre bien plus le réel aspect de la guerre que certains jeux dont la majorité des adolescents sont friand. Derrière chaque arme, un esprit lutte pour ses valeurs, et meurent pour certaines dont ils n'étaient pas les porteurs. Alors merci, merci de rapeller que la guerre n'ait jamais gagnée, et de souligner qu'il suffit d'une fraction de seconde pour qu'une destinée soit bouleversé. Tu me fais réfléchir, ou je réfléchis là où je ne devrais pas, mais en tout cas, la lecture d'une telle histoire ne se fait jamais à la légère.
Il y a 3 ans · Répondre
Camesky
Camesky : #22552
fredericdu237522 juin 2015 - #22532
tu lis ca avec au fond d'écran celestia et Luna entrain de barboter dans l'eau sur le site décalage complet

C'est tellement ça ^^'
Il y a 3 ans · Répondre
fredericdu2375
fredericdu2375 : #22532
tu lis ca avec au fond d'écran celestia et Luna entrain de barboter dans l'eau sur le site décalage complet
Il y a 3 ans · Répondre

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