Chapitre 7

Le retour vers Canterlot fut aussi monotone qu’à l’aller, sauf pour Midnight et Golden, qui pensaient sans cesse l’un à l’autre, attendant avec hâte le samedi qui scellerait leurs retrouvailles. La semaine allait être longue, pensèrent-ils tous les deux, tant le quotidien semblerait fade après cette merveilleuse soirée. Au débarquement à la gare de la capitale, un batponey s’avança vers Midnight.

« Midnight Storm ? » demanda la voix.

« Oui, capitaine ? » rétorqua la batponey en se tournant vers son chef pour le saluer.

« Dans mon bureau. À six heures. Et sois à l’heure », ordonna-t-il fermement, obtenant un regard un peu confus de la part de Midnight. « C’est compris, soldat ? »

Elle se reprit et répondit. « Euh… Oui, capitaine », avant que celui-ci ne s’éloigne. Starry Eyes n’avait pas perdu une miette de la conversation.

« Qu’est-ce que tu as fait ? » demanda-t-il, en fronçant les yeux. « Y a-t-il des choses que j’ignore qui se passent au sein de la garde ? »

« Bah, sûrement une promotion. Il a dû être impressionné par mon professionnalisme », rétorqua-t-elle, essayant de rester calme malgré l’inquiétude qui commençait à la ronger. Starry ne semblait pas convaincu et un silence pesant tomba entre les deux pendant quelques secondes, avant que l’étalon ne s’arrête devant elle.

« Écoute, Midnight, je ne sais pas ce que tu me caches, mais je le découvrirai très vite, sois en assurée. T’es pas dans le coup depuis l’incident de Poneyville. Si je découvre que c’est ce garde qui est derrière tout ça, il regrettera d’être né », menaça-t-il en la foudroyant du regard. Il reprit sa marche, et Midnight le suivit lentement, la mine plus sombre, passant déjà par une foule de scénarios dans sa tête.

Est-ce que quelqu’un les avait vus ? Non. Elle s’en était assurée, et ils n’avaient croisé aucun garde durant leur escapade. Est-ce que l’ami de Golden les avait dénoncés ? Non. Il semblait trop gentil pour causer du tort à son ami. Est-ce… ? Non. Il fallait rester fort. Peut-être que tout ça n’avait rien à voir avec Golden et que Moon voulait simplement la voir pour confier une mission spéciale.

Oui. Juste une mission spéciale, se répéta-t-elle pour s’en convaincre. Rien de plus.

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Midnight avait dû regarder l’heure une bonne centaine de fois cet après-midi, de plus en plus anxieuse à mesure que les aiguilles approchaient six heures. La marche vers sa destination ressemblait à un chemin de croix, les idées noires luttant pour prendre le dessus dans l’esprit de la batponey. Les pas vers le bureau de Moon Dancer étaient de plus en plus lourds à faire, et c’est en tremblant qu’elle posa le sabot sur la porte.

Toc toc.

« Entrez ! » gronda la voix de Moon Dancer, dont la tête ne quitta pas des yeux les papiers en face de lui. La porte s’ouvrit et Midnight s’avança lentement devant le bureau. Elle salua et annonça :

« Soldat Midnight Storm, capitaine ! Vous m’avez fait demandé ? »

Moon Dancer leva la tête de ses papiers et tendit le sabot vers un siège. « Assieds-toi. » Midnight obéit et posa sa croupe dans la chaise, un peu tendue et légèrement inquiète. L’auto-conviction avait ses limites. « Sais-tu pourquoi je t’ai fait venir, Midnight ? »

La batponey leva un sourcil et répondit aussi calmement que possible. « Je l’ignore, capitaine. »

Moon inspira profondément avant de se lancer. « Je t’ai convoqué ici parce qu’on m’a reporté un incident à ton sujet à Trottingham. Apparemment, l’un de nos soldats t’aurait vu en compagnie d’un garde royal. » Midnight ouvrit grand les yeux, surprise, et commença à sentir la sueur s’accumuler sur son front derrière son casque. Elle essaya de garder son calme.

« Capitaine, je peux vous assurer que cela est faux. Les gardes sont nos ennemis et vous savez que jamais un batponey ne trahirait cette règle, moi la première. Je n’ai passé en aucun cas du temps avec un garde royal en dehors de la relève », se défendit-elle d’une voix posée. Moon ne sourcilla pas et resta immobile pendant de longues secondes. Il finit par soupirer.

« Midnight, j’aimerais te croire, mais malgré tes états de service, je ne peux pas remettre en cause la parole d’un soldat. Je n’ai pas le temps de m’occuper de ça, mais le cas est suffisamment grave pour que je doive t’en parler », expliqua-t-il.

« Avez-vous des preuves ? Qui m’a accusé ? » le pressa-t-elle. Moon semblait un peu surpris, mais répondit néanmoins.

« C’est Evening Glow qui nous a rapporté ce fait. Et non, je n’ai aucune preuve à part sa parole. Mais… » Il fit une brève pause. « Ce sont des accusations très graves, Midnight. Je dois prendre des mesures en attendant de tirer cette histoire au clair. C’est pourquoi tu es confinée au sein des baraquements du camp des batponeys jusqu’à nouvel ordre. Tu as interdiction formelle d’en sortir, à part pour ton travail habituel de garde. Tu seras sous surveillance le temps que nous puissions déterminer si ce témoignage était valable. Est-ce que c’est compris ? »

Midnight ouvrit la bouche pour se défendre, puis la referma, sachant qu’il ne valait mieux pas remettre en cause les décisions du capitaine sans éveiller de soupçons. Elle baissa la tête et lâcha un petit : « Oui, capitaine. »

Moon recula un peu dans son siège et amena ses deux sabots ensemble. « Bien. J’espère ne plus avoir à te reparler avant longtemps sur ce sujet », conclut-il avec les yeux froncés. Il la salua et Midnight fit de même, quittant la pièce sans un mot de plus.

La porte se referma, et la batponey resta un long moment dans le couloir. Immobile. À penser. À réfléchir. Le choc. Puis la colère contre Evening Glow. En parler à Golden ? Et si elle ne pouvait plus jamais le revoir ? Accepter la sanction ?

Pas de ça. Elle était allée trop loin pour reculer, et ne voulait pas perdre Golden. Peu importe les risques à courir. Il l’aidait à faire passer plus vite les jours, et rendait l’instant de la relève plus excitant qu’il ne l’était vraiment. Et même sans qu’il soit physiquement là, il la rendait heureuse rien qu’en pensant à lui.

Heureuse…

Depuis la mort de ses parents, Midnight avait rarement eu l’occasion d’être heureuse. L’école des batponeys, le travail, les rapports à écrire… Les occupations étaient rares là où elle vivait. Et Golden avait tellement plus à lui offrir. Plus qu’elle n’en avait jamais rêvé avant cette nuit dans cette cave. Elle savait qu’elle mettait le sabot dans un engrenage dangereux, dès l’instant où elle avait choisi de garder le contact avec lui. Jusque-là, elle y avait peu réfléchi, pensant sans doute qu’elle était trop maligne pour se faire piéger aussi facilement par…

… Evening Glow.

La colère remonta, sourde et violente. Elle se mordit la lèvre inférieure jusqu’au sang, et Midnight prit une décision. Elle marcha d’un pas lourd et traversa la cafétéria, la salle de musculation, les bureaux, avant d’arriver aux vestiaires, plus déterminée que jamais. Les yeux toujours froncés et le regard plus noir que jamais, elle chercha dans tous les coins et recoins, avant de tomber sur le batponey qui rangeait ses affaires dans son casier, dos à elle.

Discrètement, elle se faufila vers lui et lui sauta dessus sans lui laisser une chance de se défendre. Elle lui fit une clé de sabot et le poussa violemment contre le casier, en lui ordonnant fermement.

« Tu dis un mot et je t’arrache la tête. Alors écoute-moi bien, parce que je vais pas me répéter. Je sais pas ce que tu as vraiment vu à Trottingham, mais laisse-moi juste te dire que tu ferais mieux d’y regarder à deux fois avant d’ouvrir ta grande gueule la prochaine fois. »

Elle le relâcha lentement et tira sur une de ses ailes. « Et si tu parles à quelqu’un de ce qui vient de se passer, tu finiras poney terrestre pour le restant de tes jours. Pigé ? »

Complètement sans défense, Evening Glow hocha la tête et Midnight le laissa retomber au sol. Il haleta rapidement et tourna sa tête vers la batponey, qui le regarda avec des yeux brûlants de rage. Cette simple vision l’empêcha de prononcer un mot. Midnight s’éloigna en ne le quittant jamais du regard. Un casier fut la dernière victime de sa colère sur le chemin menant à la sortie du bâtiment. Elle le frappa si fort que même sa protection pour sabot ne l’empêcha pas de boitiller un peu. Son regard aurait pu terrifier la créature la plus machiavélique de tout Equestria.

Starry l’attendait à la sortie de la caserne des batponeys, et il posa très vite la question à ne surtout pas lui poser à cet instant. « Alors ? Qu’est-ce que t’a dit le chef ? »

Midnight tourna sa tête vers lui et le foudroya du regard. « Ça te regarde pas, Starry », grinça-t-elle entre ses dents serrées. Le batponey leva un sourcil, surpris de tant de véhémence.

« T’es d’une humeur massacrante aujourd’hui », constata-t-il.

« Cool, alors on sera deux », le railla-t-elle. Starry s’arrêta net et garda ses yeux froncés.

« Je sais pas ce que t’a dit le chef, mais j’espère pour toi que ça n’influera pas sur ton travail. Tu me causes déjà assez de soucis depuis que t’es arrivée dans le service », expliqua Starry. « De toute façon, je saurai très vite ce qui se passe. Sois-en sûre… »

Midnight reprit sa marche en avant, sans un mot, et fit ce qu’elle savait faire le mieux : son travail.

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La relève devenait un peu plus difficile pour Midnight de jour en jour. Chaque fois qu’elle croisait le regard de Golden, elle s’imaginait ne plus pouvoir revoir ses yeux bleus, ne plus pouvoir passer de temps avec lui. Plus de rendez-vous cachés, plus de baisers enfiévrés, plus de romantisme à l’eau de rose qu’elle avait fini par aimer chez lui. L’idée lui serrait le cœur à chaque fois qu’elle passait dans son esprit. Samedi devait être mémorable, et elle savait qu’un point de non-retour serait franchi s’ils continuaient à se voir. Elle passa la semaine à réfléchir à un plan infaillible pour s’échapper de sa chambre sans éveiller les soupçons. Il y avait toujours un risque, mais Golden valait la peine de le prendre. Il la protégerait, c’était sa devise, non ?

L’étalon attendait aussi, mais avec plus de fébrilité, le samedi. En quelques jours, il avait appris qu’un simple regard pouvait en dire bien plus que des mots. Et les yeux de Midnight semblaient soucieux depuis leur retour de Trottingham.

Pensait-elle avoir fait une énorme bêtise ? Avait-elle eu des problèmes ? Avaient-ils été vus ? Est-ce qu’elle ne voulait plus de lui ?

Toutes ces questions formaient un cercle sans fin dans sa tête. Il voulait avoir une machine à voyager dans le temps pour être à samedi et avoir la réponse à toutes ces questions, mais cette machine n’existant pas (même si un certain docteur à Poneyville affirmait le contraire), alors il fit de son mieux pour garder tout son stress enfui en lui durant la journée, et en l’évacuant durant de longues discussions jusqu’au bout de la nuit avec White.

White n’avait jamais autant souhaité ne jamais être devenu ami avec Golden que cette semaine-là.

Samedi finit enfin par pointer le bout de son museau, et White laissa seul Golden pour partir dormir dans une autre chambre afin d’enfin avoir une bonne nuit de sommeil. Ce qui n’allait sans doute pas être le cas de son ami, comme il le souligna malicieusement avant de s’en aller.

Golden faisait les cent pas dans la pièce, attendant avec hâte et aussi avec une pointe de nervosité l’arrivée de sa petite amie.

Petite amie…

Tous ses problèmes s’évanouissaient quand il associait ce terme à Midnight. Penser à elle l’apaisait. Bien sûr, il avait déjà eu des petites amies avant, mais la vie d’un garde royal n’était pas vraiment faite pour la vie de couple. Son cœur faisait des bonds à chaque fois qu’il y pensait. Être en couple avec une jument et rester garde ? Peu de chances. Être en couple avec une batponey et rester garde ? Mission impossible. Mais les missions impossibles, il savait les gérer. Et connaissait le prix à payer.

Quitter la garde pour ne pas perdre Midnight ou perdre Midnight pour ne pas quitter la garde ? Pourquoi ne pouvait-il pas avoir les deux ? Non, ça n’arrive que dans les contes de poneys, pensa-t-il. Et sa vie ne ressemblait pas à un conte de poneys. Le choix était cornélien, et tous les scénarios passaient dans sa tête. White, Celestia, Midnight et Luna s’entremêlaient pour le meilleur et pour le pire. Midnight était-elle plus importante que son travail, le rêve qu’il avait poursuivi toute sa vie ? Il la connaissait depuis trop peu de temps, mais l’attente presque insupportable qu’il subissait en attendant de la revoir semblait répondre pour lui. Les baisers qu’ils avaient partagé se rejouaient des centaines de fois par jour dans sa tête. Il voulait tellement la revoir, passer un sabot dans sa crinière, sentir sa douce odeur, caresser son corps, lui dire qu’il l’aimait, qu’il était heureux avec elle, qu’il voulait la sentir contre lui au réveil, comme durant cette nuit dans la cave, mais dans des draps chauds où ils pourraient se câliner sans se soucier du temps ou des autres…

Golden rêvait éveillé, et espérait que la réalité serait encore plus belle. Est-ce que tout allait trop vite ? Il ne le savait pas exactement, mais il savait aussi que, dès l’instant où il reverrait le visage de la batponey, la question trouverait sa réponse.

Pour le moment, il choisit de ne pas choisir concernant leur futur. Laisser les choses se passer, continuer à la voir en secret, et réfléchir à une solution. En espérant que les choses ne s’enveniment pas trop rapidement. Mais, et si…

‘Raaaaah, arrête avec tes monologues stupides dont tout le monde se fiche ! Sois un étalon et agis comme tel !’ lui cria sa voix intérieure.

Toc toc toc

Golden tourna rapidement la tête vers sa fenêtre et croisa le regard de sa batponey. « Midnight ! » se réjouit-il avant de se précipiter pour ouvrir la vitre qui les séparait. À peine l’eut-il ouverte qu’elle se précipita à son cou, le jetant au sol avant de l’embrasser goulûment, avec toute la passion qu’elle avait retenue en elle durant le reste de la semaine. Trop heureux de la retrouver, Golden retourna l’étreinte et serra fort sa petite amie, avant qu’elle ne le relâche après de longues secondes, et qu’il constate que ses yeux n’étaient plus aussi enjoués que d’habitude.

« Tu veux qu’on se mette sur le lit ? On sera plus à l’aise pour parler si tu veux. » suggéra-t-il.

Midnight hocha la tête sans dire un mot. Golden se releva et grimpa sur l’un des deux lits, suivi de près par la batponey qui ne lui lâcha jamais le sabot. Ils s’installèrent, l’étalon avec le dos droit contre le mur et Midnight entre ses sabots avec la tête sur sa poitrine, dos à lui. Golden caressa tendrement sa crinière avec son museau pendant quelques instants, et la jument caressait affectueusement les sabots qui l’entouraient au niveau de sa taille. Tous deux se turent quelques minutes, avant que Golden ne prenne la parole avec réticence, ne voulant pas briser ce doux moment.

« Midnight, je vois que ça fait quelques jours que tu n’es pas comme d’habitude. Qu’est-ce qui se passe ? » demanda-t-il calmement. Après un long soupir et d’une voix faible, la batponey répondit.

« Quelqu’un nous a vus à Trottingham. Je suis confinée dans la caserne jusqu’à nouvel ordre. J’ai paniquée et je me suis emportée contre quelqu’un, et… » Elle s’interrompit. « J’ai… J’ai peur, Golden. Je sais que c’est idiot, mais j’ai peur de ne plus pouvoir te voir. Et je veux pas que ça arrive. Je… Je tiens trop à toi pour ça. Je… » Elle s’interrompit à nouveau. « Je sais pas comment te le dire, je suis pas vraiment… douée pour ce genre de trucs… »

Golden lui embrassa la crinière et tenta de la réconforter. « Tu as peur et pourtant, tu es quand même venue me voir ici. Ça veut tout dire pour moi. » Il se pencha et l’embrassa sur la joue, en la berçant un peu. « Il faudra juste faire plus attention la prochaine fois. »

Midnight sourit et se retourna pour renvoyer le baiser. « Promis », dit-elle en l’embrassant sur le bout du museau. Quand elle recula, sa mine s’assombrit un peu, ce que remarqua immédiatement le pégase, qui prit un air concerné. La jument baissa la tête, et Golden la releva à l’aide de son sabot pour que son regard croise le sien.

« Hé, interdiction d’être triste ici, surtout quand je suis avec toi. Tu es beaucoup plus jolie quand tu souris », sourit-il. Ses yeux s’adoucirent un peu et la batponey laissa s’échapper un faible sourire.

« Désolée, c’est juste que… chaque fois que je pense à ce qui pourrait arriver, que je pense à être sans toi… ça me fait mal », avoua-t-elle, les yeux embués et le cœur un peu serré. « Ça me fait mal, Golden. Je sais pas si je supporterais ça… Je… » Elle rit de façon un peu forcée. « Regarde ce que tu me fais faire, je dis ces trucs mielleux alors que je déteste ça… Golden, tu me fais vraiment faire des trucs bizarres. » Son sourire revint. « Je pensais pas qu’un jour, des trucs pareils me manqueraient. »

« Des trucs comme ? » demanda Golden.

« Des compliments, des ‘je t’aime’, des caresses, des câlins… » énuméra-t-elle en prenant ses sabots dans les siens. « Et ça », ajouta-t-elle avant de l’embrasser sur les lèvres. « Ouais, surtout ça », sourit-elle après avoir brisé lentement leur baiser. Golden sourit et reprit ses caresses sur sa crinière en se repenchant en arrière, amenant Midnight avec elle.

« Tu auras tout ce que tu veux si tu restes avec moi. Je te protégerai, je ne laisserai rien t’arriver, je quitterai même la garde s’il le faut », expliqua-t-il, sans détourner le regard d’elle. Midnight leva les yeux vers lui.

« Tu serais vraiment prêt à faire ça ? » demanda-t-elle timidement.

« Si c’est le prix à payer pour rester avec toi, alors oui », déclara-t-il. Elle ne répondit pas de suite et traça des cercles sur sa poitrine. Devant son absence de réponse, il poursuivit. « Je sais que ça serait compliqué… Pour plein de raisons. Mais s’il le faut, alors… ouais. Je le ferai sans hésiter. Que Celestia m’en soit témoin », annonça l’étalon.

« Si Celestia t’entendait, ton souhait serait exaucé direct. Avec exil sur la Lune en cadeau », répliqua Midnight. Golden releva ses yeux et fixa la fenêtre, les yeux tournés vers l’orbe blanchâtre qui illuminait la nuit.

« Non, pas sur la Lune. Elle l’a fait une fois, et ça a été la plus grande erreur de sa vie. Elle n’arrêtait pas de le répéter quand Luna est revenue », expliqua-t-il. « Mais finir dans la prison des gardes, ouais… c’est plus probable. » Il fit une brève pause. « Tu quitterais la garde pour t’enfuir avec moi ? »

Midnight réfléchit quelques secondes. « Oui, s’il le faut, je partirai avec toi. J’ai pas d’amis dans la garde, et c’est pas comme si on pouvait pas me remplacer. » Elle fit une brève pause. « Pour le moment… tu penses qu’on peut faire durer cette nuit pour toujours ? « Golden sourit et l’embrassa tendrement sur la joue.

« Tout ce que tu veux, ma Princesse. »

Midnight leva les yeux au ciel et sourit. « Tu changeras jamais sur ça, pas vrai ? »

« Aucune chance », dit-il en reprenant ses caresses sur sa crinière.

« J’ai touché le gros lot », soupira la batponey. Le silence se fit pendant quelques instants, seulement interrompu par le bruit des sabots caressant les cheveux de Midnight.

« Tu dois revenir quand à ton camp ? » demanda Golden. « Je travaille pas demain mais il ne faudrait pas que tu te fasses repérer en plein jour ici. »

Elle releva sa tête. « Je reprends le service demain soir. Je reviendrai dans la matinée, tout le monde dormira à la caserne. »

« Oh, alors ça veut dire que… » commença l’étalon.

Midnight le regarda avec des yeux enjôleurs, et répondit d’une voix sensuelle. « Ouais. La nuit nous appartient. »

« C’est la devise de ta garde, non ? » demanda Golden. Midnight hocha la tête.

« Ouais. Et ce soir, je vais la respecter. »