Un jour Derpy s’est sentie mal.
Elle s’est réveillée et s’est sentie tellement mal qu’elle n’a pas su quoi faire. Elle ne s’était jamais sentie aussi mal, pas même à travers ses années de distribution de courrier ou tous ces jours d’estomacs douloureux ou de poitrines qui picotent ou de sourires qui font trop mal. Sa tête était si lourde, et même son lit n’était pas confortable, et elle voulait traverser son matelas et s’effacer dans les nuages et fuir dans l’ombre pour toujours. Lorsqu’elle a fermé les yeux, ils étaient grands parce qu’ils étaient mouillés, et elle les a ouvert à nouveau et elle était en train de pleurer et elle ne savait pas pourquoi, si ce n’est qu’elle a très mal.
Derpy devait aller travailler. Lorsqu’elle a été dans la douche, elle a levé ses sabots pour retenir l’eau contre sa poitrine et l’a laissée s’écouler, et elle est tombée avec, et elle a atterri sur le sol de la douche et a tenu sa tête et agi comme si l’eau la transformait en bouillie. Elle voulait que quelqu’un arrive et se tienne derrière elle et la cloue au sol jusqu’à ce que l’eau devienne froide et que son souffle s’arrête et elle ne pourrait plus respirer et puis elle n’aurait plus rien à faire.
Il lui a fallu tellement de temps pour arrêter la douche que l’horloge était en colère après elle lorsqu’elle est sortie. Elle a poussé l’horloge et elle est tombée, et Derpy est tombée à nouveau car elle s’est sentie trop lourde. Elle ne voulait pas sortir. Elle avait peur que le ciel l’écrase. Mais elle devait aller travailler, elle s’est envolée et à la seconde où le vent l’a poussée elle a commencé à pleurer, mais elle a reniflé fort avec son nez et a craché sur son nuage et sa salive avait un goût salé, et puis elle est partie travailler. Elle n’a salué personne qu’elle a croisé. Elle a fermé les yeux autant que possible, et sa poitrine n’a pas picoté lorsqu’elle a pensé aux autres poneys qui volent. Lorsqu’elle est arrivée au travail elle était presque en retard, et elle n’a dit bonjour à personne. Elle a mis son chapeau et a attrapé son courrier et il semblait que cela pesait une tonne.
Derpy n’a pas mangé son déjeuner. Elle est allée dans les toilettes du bureau de poste et s’est assise bien qu’elle n’en ait pas besoin et a tapé sa tête contre la porte et pleuré. Et elle voulait d’une manière que quelqu’un l’entende, et vienne et demande ce qui ne va pas, mais elle ne voulait pas d’eux en même temps, elle a donc placé un sabot sur son museau et ses sanglots se sont transformés en d’étranges bruits et elle a dû se regarder dans le miroir avant de retourner travailler pour s’assurer que son visage soit présentable. Elle a senti une boule dans son estomac tout le long de la journée qui a maintenu son envie de pleurer, mais elle a fait en sorte de l’ignorer.
Derpy ne voulait pas rentrer à la maison. Elle ne voulait rien faire. Elle a failli tomber dans le ciel parce qu’elle a cessé de battre des ailes, mais elles faisaient encore plus mal lorsqu’elle ne les bougeait pas, elle a donc continué de les agiter jusqu’à la maison. Lorsqu’elle est rentrée, Bonheur l’a regardée et a dit bonjour dans son langage ce qui se résumait à “miaou”, et Derpy a pleuré.
Elle s’est sentie mal. Tout semblait désastreux. Ses pattes et sa poitrine et ses ailes et sa crinière étaient en mauvais état, et ses yeux continuaient de pleurer et elle voulait attraper tous les objets dans sa maison et les fracasser parce que c’était horrible. Elle a pris la photo de l’étalon qui l’avait embrassée et l’a jetée de l’autre côté de la pièce et elle ne s’est pas cassée et ça n’a fait que renforcer ses pleurs. Elle a pris ses couvertures et les a jetées par la fenêtre pour qu’elles s’étalent sur le sol, et elle a pleuré. Elle a frappé son lit et son sabot a fait mal mais elle s’en fichait, et elle a frappé encore jusqu’à ce qu’elle en saigne, et puis elle s’est dit “bien” et a agi comme si elle se sentait mieux le temps d’une seconde, mais ce n’était pas le cas. Et elle s’est assise et a pensé à son cahier et puis pensé à quel point elle le détestait, parce qu’à chaque fois qu’elle y écrivait quelque chose, il faisait paraître ses mots niais et moches. Elle a songé à frapper son cahier, mais elle ne l’a pas fait.
Derpy s’est levée et est allée à la cuisine. Elle a essayé de lire l’heure sur l’horloge murale mais c’était trop flou. Elle a fermé un œil mais cela est devenu encore plus flou, et Derpy s’est tellement énervée qu’elle a voulu crier et frapper l’horloge jusqu’à ce qu’elle finisse en miettes. C’était la faute de l’horloge si elle ne pouvait pas la lire. Elle ne voulait plus aspirer à une vie sans vision floue.
Derpy avait un tiroir dans sa cuisine. Elle l’a ouvert et il était rempli d’objets tranchants. Elle en a pris un, il était très long et très pointu et argenté et Derpy pouvait le voir luire bien que toutes les lumières soient éteintes excepté une dans le couloir. Derpy a touché l’objet pointu sur le côté avec son sabot, et il était très régulier, et glacial. Derpy l’a tenu un moment et elle a pensé aux horloges et aux yeux et à jouer de la flûte et a regretté de ne pas avoir appris à en jouer pour faire autre chose que d’apporter le courrier à des poneys.
Et maintenant Derpy se tient là, et elle réfléchit.
Elle se tient là et se sent brisée.
Elle veut apprendre à réparer des choses.
Alors que Derpy tient l’objet pointu, elle s’imagine que l’objet pointu est un tournevis. Elle imagine être un poney avec une montre et tenant un tournevis au-dessus des petites mécaniques à l’intérieur et les tournant et les faisant glisser à leurs places respectives jusqu’à ce que la montre fonctionne. Elle songe à réparer des choses. Elle pense à ce mot. Elle pense réparer. Réparer. Elle répare. Elle pense à des réparations. Elle tient un tournevis entre ses sabots. Elle le tient et répare. Répare. Elle pense à des réparations.
Elle tient son tournevis, qui s’avère être son couteau. Elle le prend avec ses sabots. Elle prend le couteau.
Elle prend
prend le
couteau
le couteau
Elle prend le couteau et le tient et sa poitrine s’arrache et ses pleurs s’en vont pour une seconde car sa respiration ralentit. Elle tient le couteau comme ceci et le regarde et le bout est très pointu et Derpy a toujours voulu l’utiliser pour cuisiner des choses raffinées mais elle ne l’a jamais utilisé.
Elle le tient et l’examine de près. Réparer.
Elle ferme un œil, et le bout du couteau est flou. Elle sent à nouveau quelque chose de collant dans sa poitrine, et elle louche et mordille sa lèvre car elle est en colère et elle avance le couteau. Elle sent la froideur sur sa peau et c’est contre son nez et c’est contre sa joue et puis c’est là là là et elle peut sentir la pointe si proche de son champ de vision et elle louche et puis elle ne peut plus le voir parce qu’il est trop flou et elle répare elle pense à réparer et elle submerge les mauvaises sensations dans son estomac et sa poitrine et ses pleurs et elle
p
l
a
n
t
e
l
e
c
o
u
t
e
a
u
d
e
d
a
n
mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal s mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal mal
ça ne fait pas mal
bien
réparer
il y a du ROUGE partout ça fait mal ça ne fait pas mal
Derpy sent le mal et la douleur et les mauvais sentiments s’en aller et elle n’a plus besoin de loucher
p a r c e q u e
PARCE QUE
Tout est flou à travers la cascade pourpre qui s’écoule de son œil telle une fleur bourgeonnante et elle peut sentir la lame cristalline incroyablement fine s’enfoncer dans son œil s’enfoncer dans sa chair ouvrant ses veines et l’aveuglant et ouvrant son œil et l’aidant à voir et ses deux yeux sont si écarquillés et elle a juste besoin d’un d’entre eux à présent car elle
Sourire fait mal parfois, mais ça ne fait pas mal comme ça ne fait pas mal maintenant fait pas mal
Derpy se lève et la cuisine se déroule sous son corps comme une tapisserie de vers et elle trébuche en direction de la porte en direction de l’extérieur en direction de n’importe quoi car elle veut s’enfuir du mal et elle sourit et ça ne fait pas mal.
Elle ouvre la porte et Bonheur s’en va loin d’elle et elle lève ses pattes et elle ne peut en voir qu’une et elle bat de ses ailes qui sont déployées et s’envole dans les airs.
« J’ai mal ! » dit-elle à tout le monde.
Elle le dit comme une blague. Elle le dit comme un rire. Elle le dit comme si elle était heureuse.
« J’ai mal ! » dit-elle.
Personne ne regarde. Personne n’est réveillé. Personne n’est là.
Elle vole en rond car elle ne se rappelle plus comment aller droit. Elle tourne en rond au-dessus de sa maison et elle a l’impression qu’il pleut mais elle ne voit pas un nuage, et puis elle réalise qu’elle ne peut pas voir et elle peut voir un nuage et le nuage est rouge et il s’écoule de son œil sur sa maison et son nuage en dessous tel les
é a e
p t l s
p u p e
o r r
d’
u e
n
r
o
s
e
dans un orage.
Et enfin quelqu’un s’arrête pour regarder, parce qu’ils sont là, mais Derpy ne se sent pas mieux. Et puis son cœur s’enfonce tel un poids dans une piscine de mercure, et son corps fait de même. Ses ailes abandonnent brusquement et elle tombe.
Elle tombe plus vite que le ciel ne vient autour elle. Elle tombe à travers les nuages et à travers une chanson dont elle ne peut plus se rappeler et à travers quelque chose qui fait tellement plus mal que son œil et que ses ailes et que son estomac et elle veut être malade mais le monde bouge trop vite. Elle se rappelle d’un baiser sur ses lèvres mais il a le goût du sang.
Elle pense qu’elle sent un sabot l’effleurer. Quelqu’un qu’elle connaît qui étire ses pattes, juste assez pour frôler le bout de son aile, mais elle vole en éclats tout comme son corps se déchirant, et il ne la suit pas.
Et puis il y a le sol, et il dit bonjour, et Derpy dit bonjour en retour, et son rire s’estompe, devenant amer et puis le couteau atteint un point si profond dans l’arrière de sa tête qu’elle pense que c’est son âme et son œil complet s’ouvre et elle peut voir le ciel dans le sol et elle peut se voir tendant les pattes et pleurant et elle peut voir le couteau à travers le couteau et il créait un trou dans un nuage noir et Derpy peut y voir à travers et il y a quelqu’un de l’autre côté lui souriant qui ressemble à
Vous avez aimé ?
Coup de cœur
S'abonner à l'auteur
N’hésitez pas à donner une vraie critique au texte, tant sur le fond que sur la forme ! Cela ne peut qu’aider l’auteur à améliorer et à travailler son style.
Les créations et histoires appartiennent à leurs auteurs respectifs, toute reproduction et/ou diffusion sans l'accord explicite de MLPFictions ou de l'auteur est interdite. Ce site n'est ni affilié à Hasbro ni à ses marques déposées. Les images sont la propriété exclusive d'Hasbro "©2017 Hasbro. Tous droits réservés." ©2017 MLPFictions, version 1.2.7. Création et code par Shining Paradox, maintien par Sevenn.
Pour donner votre avis, connectez-vous ou inscrivez-vous.