La mélodie du bonheur

-Alors Sweet Lullaby, on a peur de mouiller sa couche ?

La pique fit rire le groupe de poulain qui se tenait autour d'une petite terrestre couleur crème avec une crinière rose. Elle n'avait que quatre ans, tandis que les enfants autour d'elle en avaient au moins le double.

-Bah laisse tomber, s'exclama une pégase, elle est trop peureuse pour venir avec nous dans le grenier aux fantômes.

Le grenier aux fantômes était une vielle grange dans la ferme de Carrot Top, selon les enfants, elle était hantée par plein de fantômes et seuls les plus braves d'entre eux s'y aventurait. Bien sur Sweet Lullaby y croyait aussi fort que les autres, mais elle avait peur des fantômes, du coup les autres se moquaient.

En retenant ses pleurs, la petite jument partit en courant. Elle arriva dans un pré à la lisière de la forêt, un endroit calme où ses parents l'emmenaient souvent. Elle vérifia qu'elle était toute seule, alla se blottir contre un arbre et se mit à pleurer pour de bon. Une rivière de larme dévala son museau pour chuter sur le sol.

Soudain, ses oreilles entendirent une douce mélodie venant de la forêt. Sweet Lullaby cessa de pleurer et se mit à suivre la musique. Elle savait qu'elle ne devait pas aller dans la forêt, tout le monde racontait plein d'histoires là dessus. Mais elle était comme hypnotisée. Après s'être quelque peut enfoncée sous les arbres, la pouliche entendit une voix douce chanter de la musique. Une voix féminine, chaude et calme, presque une berceuse. La petite ne comprenait pas les mots chantés, comme si ils étaient dans une langue inconnue.

En arrivant dans une clairière, Sweet Lullaby vit la source de la musique : une jument terrestre blanche à la crinière grise jouant du violon et chantant. Elle avait les yeux fermés et sautillait tout autour de la clairière dans une danse envoûtante. La jument finit son numéro en s’arrêtant devant la pouliche. Elle posa son violon au sol et ouvrit ses yeux, révélant deux orbes lumineuses. La petite terrestre écarquilla les yeux devant le regard totalement blanc de la violoniste. Elle se mit à parler d'une voix douce :

-J'ai entendu tes pleurs petite fille, ne pleure plus car je suis là pour t'apporter la joie et la paix.

-C'est vrai, demanda une Sweet Lullaby toute émerveillée par la jument.

-Bien sur, sourit la musicienne, tout ce que tu as à faire c'est de chanter avec moi.

Sur ces mots, la jument blanche repris son violon et se remit à jouer et à chanter. Elle fut suivie aussitôt par la pouliche qui sans savoir comment, chanta tout aussi bien dans cette langue qu'elle ne connaissait pas.

Elles chantèrent ainsi jusqu'à la tombée de la nuit. Et quand leurs récital s'arrêta, Sweet Lullaby se sentait heureuse, encore plus qu'elle ne le fut jamais. La froideur de la nuit la prit par surprise, elle frissonna. La jument l'observait sans rien dire, elle savait ce qui allait se passer, elle avait déjà vu la chose se produire de nombreuses fois. La petite pouliche se mit à briller vivement, elle se mit aussitôt à crier de surprise et de peur. Lançant un regard d'incompréhension à la violoniste, elle se sentit légère, comme dépouillée de toute masse. Soudain, sa forme se compressa violemment, passant de la silhouette d'une petite ponette à celle d'une sphère de la taille d'une pomme. Elle n'émettait plus aucun bruit.

L'orbe lumineuse qu'était devenue Sweet Lulaby se mit à léviter vers la jument qui ne bougeait toujours pas. Quand l'orbe fut au niveau de la violoniste, celle-ci pris la boule de lumière dans un de ces sabots et lui parla :

-N'aie crainte petite pouliche, je suis là avec toi, je t'emmène voir tes nouveaux amis.

Et sur ces mots, elle porta la sphère de lumière devant ses yeux. En quelques secondes, l'orbe et les yeux ne firent qu'un, tout comme ils ne firent qu'un avec une dizaine d'autres enfants auparavant. Sweet Lullaby avait tout pour être heureuse, des amis, quelqu'un pour s'occuper d'elle et cette musique, si belle, si douce, qui la remplissait de joie chaque fois qu'elle l'entendait.

Et pourtant, quelque part à Ponyville, ses parents la cherchaient et espéraient revoir un jour l'être qui les avait rendus heureux.