Faisons le point sur la ponctuation.
(Et autres spécificités typographiques.)
Aujourd’hui, nous allons essayer d’approfondir une composante que j’ai toujours qualifiée de centrale en écriture et en traduction : la ponctuation. J’ai longtemps réfléchi à un article sur le sujet et à la portée qu’il pourrait avoir ; devais-je écrire de manière didactique et illustrée ? devais-je faire un récapitulatif technique aux mille et une subtilités ?
Faute de réponse pertinente ou satisfaisante, j’ai décidé de faire un mélange des deux en alliant pragmatisme et exactitude. Bien que la ponctuation soit globalement normée et simplifiée au mieux pour un usage à la fois facile d’accès (pour encourager l’usage d’un code unique) et précis (pour permettre à chacun d’exprimer sans limites les émotions ou les intonations qu’il souhaite retranscrire), il est avéré que l’évolution permanente de la langue et de ses utilisateurs rend l’expression de tendances nouvelles compliquée ; la faute à des normes qui tendent à rester figées dans le temps.
C’est pourquoi il ne faut pas prendre mes explications ou mes énoncés comme des commandements indéniables et sans équivoque ; tout ce que je dis se basera sur des avis personnels issus d’une expérience de passionné. Je traiterai donc de ce qui doit être fait selon moi et selon les ouvrages de référence (ou les deux), mais aussi de ce qui doit être évité. Lorsque cela sera nécessaire, j’aborderai les pratiques que l’on croise régulièrement dans des textes débutants comme professionnels, et que vous devriez faire en sorte de tenir à l’écart de vos textes ; je n’oublierai bien sûr pas de parler des habitudes typographiques de nos chers amis anglophones afin de fournir un comparatif net et concis à destination de tous.
Étant donné que je ne suis pas le premier à avoir eu l’idée d’un tel article et que je ne suis pas non plus la personne la plus éclairée concernant tout ce qui entre dans la définition de « ponctuation », je me référerai souvent à des sources externes et je renverrai, le cas échéant, à des articles déjà présents sur le site.
Je vous conseille, si vous avez oublié votre popcorn et de fermer la porte à clef, d’utiliser la fonction de recherche de votre navigateur (par défaut Ctrl + F) afin d’aller à l’essentiel si seule une partie du contenu vous intéresse. Pour les plus curieux d’entre vous, Word estime que l’article contient environ 10 000 mots et 60 000 caractères pour un total de 32 heures d’édition.
1 – LE POINT, LA VIRGULE, ET LE POINT-VIRGULE
– Le point
– La virgule
– Le point-virgule
2 – LE POINT D’INTERROGATION, LE POINT D’EXCLAMATION, ET HYBRIDES DIVERS
– Le point d’interrogation
– Le point d’exclamation
– Hybrides divers
3 – LE TRAIT D’UNION ET LES TIRETS
– Le trait d’union
– Le tiret demi-cadratin
– Le tiret cadratin
4 – LE DEUX-POINTS ET LES POINTS DE SUSPENSION
– Le deux-points
– Les points de suspension
5 – LES PARENTHÈSES ET LES GUILLEMETS
– Les parenthèses
– Les guillemets
6 – LES ESPACES
– Les types d’espaces
– Les règles
7 – AUTRES PRATIQUES ET « NÉOLOGISMES »
Tout d’abord, il serait utile de définir la ponctuation. D’après le Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, ce serait « l’art de ponctuer ». C’est donc du côté du verbe « ponctuer » que nous allons obtenir une définition digne de ce nom : « Mettre des points, des virgules et d'autres signes de ponctuation dans un discours écrit, pour distinguer les phrases et les différents membres dont elles sont composées. »
Édifiant. La ponctuation ne servirait donc qu’un aspect fonctionnel et n’aurait, en soit, aucun pouvoir sur le lecteur et la dynamique d’un récit. Pourtant, lorsque je vois un point d’exclamation, j’y vois plus qu’un simple point agrémenté d’une barre séparant deux idées ; j’y interprète de la colère, de la surprise, de l’étonnement… de l’exclamation.
La ponctuation apporte une réelle dimension à votre écrit, elle dynamise votre texte, sert le suspens ou la trame et peut faire tourner votre lecteur en bourrique ou le tenir en haleine lorsqu’elle est appliquée d’une main de maître. Plus qu’une composante graphique, c’est un véritable vecteur d’émotions et d’intonations qu’aucun autre caractère ne saurait divulguer. C’est pour cette raison que vous devez comprendre comment fonctionnent les virgules, comment gérer vos majuscules ou vos points, quels qu’ils soient. Bien sûr, un point normal reste un signe neutre et un guillemet ne sert qu’un aspect pratique, mais il faut que vous arriviez à utiliser la ponctuation avec précision afin d’apporter une cohésion à votre texte qui saura ravir les plus exigeants et captiver les plus oisifs.
Mal employée, la ponctuation irritera dans un premier temps avant de finalement rebuter si elle ne suit pas au moins un modèle fixe ; pire, elle pourrait même véhiculer une idée différente, voire opposée à celle voulue. C’est pourquoi, sans ressentir le besoin de devenir un virtuose de la ponctuation, vous devez au moins en maîtriser les bases et apprendre à établir un code auquel vous vous tiendrez.
Pour le petit complément, la typographie au sens propre tient de l’art d’agencer des textes à l’aide de caractères en imprimerie, ce n’est pas une entité ou une discipline dont dépend la ponctuation ; ainsi, lorsque l’on vous parle de typographie, c’est comme si l’on vous parlait de grammaire en lieu et place de « fautes » ou de « règles ». De simples abus de langages et raccourcis dus aux spécialistes mêmes de ces domaines lorsqu’ils s’expriment dans leur jargon – n’y voyez rien de plus qu’un terme technique.
Bon, c’est pas que je commence à vous perdre, mais c’est que c’est pratiquement le cas. Il est grand temps que nous rentrions dans le vif du sujet.
Commençons par le plus banal et à la fois le plus complexe des signes de ponctuation : le point. Nous le connaissons tous depuis l’enfance (combien de fois nous a-t-on répété : « Une phrase commence par une majuscule et finit par un point ») ; il exprime la neutralité et ne saurait par conséquent être plus difficile à expliquer. Sous son apparence classique et malgré sa fonction basique – achever une ou séparer deux phrases –, il peut être, dans un récit, le « signe » avant-coureur d’une colère encore dissimulée, le témoin d’une personne brisée réduite à l’apathie la plus totale ou bien simplement ponctuer la plus anodine des phrases dans une carte postale ou une recette de cassoulet.
Cependant, faut-il encore savoir le placer. Avec ses deux comparses « la virgule » et « le point-virgule », il forme un trio de choc quasi inséparable qui devient vite un casse-tête même pour les écrivains les plus chevronnés. Il faut savoir à quel moment ponctuer vos phrases d’une séparation, et laquelle utiliser.
Il n’y a pas tellement de façons de faire qui soient correctes. Vous devez décider de la longueur de votre phrase et la ponctuer en adéquation. Ainsi, vous pouvez décider de formuler une phrase longue en énumérant une suite de faits, de descriptions, etc., afin de donner un rythme effréné qui essoufflera artificiellement votre lecteur, ou bien vous pouvez décider d’écrire les mêmes idées et les mêmes mots dans un cadre plus lent et insistant à l’aide de diverses phrases courtes.
Un point sert à séparer deux idées différentes. Vous voulez décrire un sac rouge alors que vous parliez de la jument assise en face de votre protagoniste ? Difficile de mêler ces deux idées sans embrouiller le lecteur, surtout si le sac est à l’autre bout de la pièce ou qu’aucune transition justifiée n’est apportée (le sac tombe, la jument regarde le sac, etc.) C’est pourquoi, dans un cadre normal, vous devez vous contenter de mettre un point à chaque fois que vous changez d’idée, de lieu, etc. C’est un repère qui sert grosso modo à dire à votre lecteur : « Attention, on change d’idée. » Ainsi, si vous décidez de décomposer votre phrase à rallonge en une série de petites phrases, le lecteur prendra le temps de s’attarder sur chaque élément mis en exergue et vous marquerez inconsciemment son esprit.
Il reste à noter qu’une suite de phrases « sujet-verbe-complément » tendra à agacer votre lecteur de par le manque de prise de risques et de par le manque d’éléments pertinents ou de variations rythmiques apportés à votre histoire. De même, une phrase longue d’un paragraphe aura pour effet de forcer le lecteur à la survoler ou, dans le meilleur des cas, à devoir la relire plusieurs fois pour en comprendre le sens et traiter toutes les informations données. Il faut donc que vous arriviez vous-mêmes à trouver les longueurs de phrase qui correspondent à ce que vous avez besoin d’exprimer, mais aussi au rythme et à tout autre facteur présent à l’instant que votre phrase décrit. En résumé, une phrase courte peut être pertinente, tout autant qu’une phrase à rallonge, mais il faut vous assurer qu’elle est en adéquation avec l’idée que vous aviez et le ton du moment.
Pour marquer une abréviation, on utilise également un point. Celui-ci doit être placé après le mot abrévié s’il ne finit pas par la dernière lettre du mot d’origine. Exemple :
Au sujet des sigles et acronymes, la grande majorité ne doit comporter aucun point (MLP, etc.), mais il se peut que certains – notamment les titres honorifiques – en prennent ; dans le doute référez-vous à un site ou à un ouvrage de confiance.
Il faut également retenir que, à moins de faire office de point final, le point d’abréviation n’appelle pas la majuscule. Pour ce qui est de la ponctuation, le point et les points de suspension doivent être confondus avec le point d’abréviation (« .. » et « …. » n’existent pas) ; quant aux autres signes, ils doivent être placés comme s’ils suivaient un mot ordinaire. Par exemple, « etc. » peut sans problème être suivi d’une virgule.
Lorsque le point ne suffit plus, la virgule intervient. Vous avez besoin de séparer des idées ou d’isoler une remarque mais cela ne vaut pas une phrase complète ? Alors les virgules sont vos amies si vous savez les employer avec finesse.
Souvent, pour ne pas dire toujours, je vois les écrivains placer leurs virgules aléatoirement autour de leurs conjonctions de coordination (mais, où, est, donc, or, ni, car). Mais, à l’origine, la virgule a été introduite afin d’indiquer où faire des pauses lors de l’énonciation d’un texte écrit, il faut donc savoir la placer correctement afin d’éviter des pauses d’apparence impromptue ; si cela peut vous guider, essayez de lire votre texte à haute voix et de repérer les virgules qui vous semblent douteuses : c’est un début d’autocorrection tant que les automatismes ne sont pas acquis.
Allons-y pas à pas. Prenez la première phrase du premier paragraphe de cette section : une seule virgule est présente et elle ne sert qu’à séparer l’idée liée au point et l’idée liée à la virgule ; essayez de lire sans faire la pause impliquée par cette dernière, vous trouverez peut-être que cela sonne faux. Jusque-là, rien de compliqué, c’est une phrase banale qui illustre ce que je viens d’expliquer.
Maintenant, reprenez la première phrase du deuxième paragraphe et essayez de la lire en omettant ce qui se trouve entre les deux premières virgules. Est-ce que cela sonne juste ? Oui. Est-ce que la phrase aurait un sens sans cette « parenthèse » ? Oui. Voilà les questions que vous devez vous poser lorsque vous utilisez plusieurs virgules.
La phrase (1) devrait maintenant vous sembler erronée si vous avez bien suivi le petit exercice que je vous ai donné juste avant.
La phrase (2) est la plus vraisemblable en l’absence d’un besoin plus poussé de séparation ou d’insistance.
La phrase (3) est bien moins commune et demande plus de réflexion avant d’être mise en œuvre ; vous devez y voir une « virgule dans une virgule ». Ainsi, pour la décomposer de la manière que je vous ai donnée, vous devez la lire non pas comme un mille-feuille mais comme si la première virgule devait être conservée : « La jument n’était pas très douée, mais elle restait heureuse. » La séparation des deux idées est avérée et sonne un peu comme : elle n’est pas très douée, c’est certain, mais bon, au moins elle garde le sourire. Tandis que la phrase (2) ne cache rien d’implicite et ne veut rien dire de plus que ce que les mots peuvent exprimer.
Admirez la toute-puissance de la ponctuation ! Le simple ajout d’une troisième virgule judicieusement placée procure à votre phrase tout un tas de termes et d’idées que seul le lecteur interprète ; avouez, c’est plus subtil que de l’écrire directement avec des mots, vous laissez place à l’imagination de votre lecteur et seul un esprit plongé dans votre récit saisira toute la profondeur de votre texte.
Il est important de retenir qu’une virgule ne doit pas se situer entre un sujet et un verbe, un verbe et un complètement d’objet direct ou bien entre un nom et un adjectif. Ce ne sont pas les seuls exemples, mais, à moins de lister plusieurs sujets se rapportant à un même verbe, plusieurs adjectifs se rapportant à un même nom, ou d’ajouter une proposition, vous ne trouverez jamais de virgule directement apposée entre ce genre d’éléments indissociables. Le sujet est lié à son verbe, tout comme le nom est lié à son adjectif ; les seules virgules tolérées doivent introduire un élément.
Enfin, la virgule peut aussi tenir un rôle d’énumération dans un cadre littéraire. Lorsqu’il s’agit d’une liste à tirets ou à caractère scientifique, on préférera employer les points-virgules. Dans le premier cas : car une liste à tirets ne contient qu’une majuscule au début ; l’ensemble des tirets est considéré comme une seule et unique phrase que l’on divise en plusieurs propositions à l’aide des points-virgules et non comme une liste de phrases indépendantes. Dans le second cas : pour éviter toute confusion avec les virgules utilisées dans les nombres décimaux, par exemple.
Une fois que vous en arrivez à un tel niveau de compréhension, vous commencez certainement à soupçonner le besoin d’un troisième signe de ponctuation. Tenez, soyons fainéants, pourquoi ne pas le nommer… le point-virgule ? On empile les deux signes ; emballé, c’est pesé !
Le point-virgule peut avoir deux utilités bien distinctes à mes yeux : soit il sert à séparer deux grandes idées, syntaxiquement indépendantes, dans une longue phrase déjà parsemées de virgules destinées à distinguer des « sous-idées », soit il sert à « décomplexifier » une phrase où un trop grand nombre de virgules ou de paliers de virgules se côtoient.
Ainsi, il vous permet de « remettre à zéro » le souffle de votre lecteur et toute la ponctuation que vous avez pu utiliser dans la première partie de votre phrase ; en somme, c’est comme mettre un point, sauf que votre lecteur comprend que les deux idées entretiennent un rapport suffisamment important pour exiger l’intervention d’un signe peu usité et plus nuancé que le point. Une sorte d’entre-deux qui manque malheureusement de popularité, faute de clarté quant aux termes de son utilisation, et qui, pourtant, est d’un intérêt capital si vous tenez à proposer un récit millimétré.
Alternativement, cela peut au contraire vous permettre de rassembler deux idées sommaires dans une seule phrase afin d’éviter de donner trop d’importance à une proposition isolée via l’octroiement du statut de phrase à part entière.
Ainsi, notez la différence entre :
Dans l’exemple (1), la chute de l’objet ne se révèle pas être un élément capital et n’est pas soulignée par l’ajout d’une phrase dédiée au sac et à son rôle. On se concentre principalement sur ce que la jument fait et ce qui gravite autour de son action.
Dans l’exemple (2), la chute de l’objet est annoncée seulement après le léger suspens imposé par le point qui conclut la phrase où le sac est introduit. Ainsi, vous accordez deux phrases au sac dont une pour l’introduire sans expliquer son rôle et une pour souligner sa chute, éclipsant donc momentanément les personnages présents. En voilà des manières de choyer un objet !
Il y aurait beaucoup trop de possibilités en ajoutant les points et les virgules à l’équation pour que je vous les illustre toutes avec un exemple, mais je pense avoir réussi à vous faire passer l’essentiel de mon interprétation au sujet des points-virgules.
Retenez également que le point-virgule reste un signe « fort » et qu’il doit donc être employé avec parcimonie. Son rôle étant de distinguer deux propositions suffisamment complexes pour être des phrases à part entière, il faut éviter d’avoir plusieurs fois recours au point-virgule dans une même phrase afin de ne pas perturber le lecteur.
Nous entrons dans un domaine bien plus pratique d’usage : les points que je qualifie d’intonation. Un point pour marquer la fin d’une phrase, surmonté de ce qui fut autrefois un tilde pour marquer le ton ? Ce n’est autre que le point d’interrogation. Dès lors que vous souhaitez poser une question, qu’elle soit rhétorique ou non, l’usage est clair et unanime : un point d’interrogation ponctue la phrase.
Mais il serait injuste de le faire paraître comme ennuyeux et sans subtilités. En effet, bien que ce signe de ponctuation passe le plus clair de son temps dans les dialogues, il peut apporter un tout autre style de narration s’il interroge directement le lecteur et non un personnage du récit. Utilisez-le avec prudence, au risque d’aller à l’encontre des usages ; un narrateur passif qui s’exprime avec neutralité durant plusieurs chapitres ne peut tout à coup devenir intrusif « parce que la question morale pour faire réfléchir le lecteur en fin d’histoire, c’est cool ». Néanmoins, dans le cadre d’une phrase écrite en discours indirect libre (pensées du personnage rapportées par la narration), les usages en matière de ponctuation sont plus souples.
Bien que le point d’interrogation fasse généralement office de point terminal, il est possible qu’il joue le rôle d’une virgule et ne soit donc pas suivi d’une majuscule systématique. En effet, si votre personnage pose une série de petites questions, ou énumère un groupe d’éléments ou de possibilités, il est tout à fait possible d’exiger la pause moindre d’une virgule au lieu de celle d’un point afin de ne pas gâcher l’effet pressant d’un groupe d’idées rassemblées dans une seule et même proposition.
Observez la différence :
La phrase (1) donne l’impression que le personnage prend le temps de réfléchir à chaque question avant de toutes les poser et qu’il accorde de l’importance à chacune d’entre elles. Dans la phrase (2), un rythme erratique et presque désordonné est attribué au questionnement du poney, attestant de son état bancal. Ajoutez à cela un verbe de parole correspondant au champ lexical de la peur ou une incise bien calibrée décrivant ses pupilles dilatées et l’effet est garanti.
J’ajoute à cela que les incises commencent toujours par une minuscule ; ainsi, quelle que soit la nature du point qui conclut un dialogue, ce n’est qu’à la fin de la phrase complète (le morceau de dialogue suivi de l’incise) qu’un point à valeur « finale » est attribué et exige de ce fait une majuscule.
À noter qu’il est fortement déconseillé de doubler le signe interrogatif pour marquer l’insistance. J’en profite pour faire une brève parenthèse sur les points d’interrogation et d’exclamation culbutés (¿) et (¡) : ils sont essentiellement croisés dans la culture hispanique et n’existent donc pas en français. Cependant, ayant déjà eu à faire à une citation espagnole, je vous conseille de garder ces points culbutés en début de phrase tout en appliquant les règles d’espacement que j’aborderai un peu plus loin dans cet article.
Difficile de ne pas être exhaustif en ce qui le concerne. C’est l’histoire d’un « L » minuscule qui tombe amoureux d’un point, et puis ça fait des bébés colériques. Le point d’exclamation peut marquer différentes intonations, c’est pourquoi il faut toujours penser à le suppléer d’un verbe de parole ou d’une incise en rapport avec la nature de l’exclamation de votre personnage lorsqu’il ponctue une réplique. Qu’il soit en colère, surpris, ravi, menaçant ou convaincu, le point d’exclamation saura vous fournir une base suffisante pour alerter votre lecteur et lui dire : « Attention, le ton change ! », mais vous devez vous assurer de le compléter avec justesse afin que le lecteur interprète précisément la réaction que vous imaginiez.
Néanmoins, veillez à ne pas abuser de celui qui fut un temps appelé « point d’admiration » car vous risquez de distraire votre lecteur et, le cas échéant, de l’exaspérer plus que votre personnage ne saurait l’être. N’importe quelle phrase non exclamative ou ne relevant pas de l’interjection pourrait être suivie d’un point d’exclamation dans le simple but de créer de l’emphase, mais il est de votre devoir d’utiliser ce signe avec autant de précaution que ses pairs afin de donner une valeur unique à chacune de ses apparitions.
Au même titre que le point d’interrogation, il est possible de formuler une suite d’interjections ou de propositions exclamatives sans imposer une majuscule à chaque fois. Un temps, la virgule exclamative fut proposée et même brevetée, mais, comme elle n’a pas rencontré son public, il faudra vous contenter du point d’exclamation commun et l’admettre comme une virgule en le faisant suivre d’une minuscule si telle est votre intention. Naturellement, il ne doit pas être doublé pour marquer une gradation dans le type d’émotion exprimé si vous souhaitez suivre les normes admises. Bien qu’il soit possible de le croiser dans une narration intrusive – très intrusive –, je vous conseille de l’éviter autant que faire se peut compte tenu de sa valeur généralement plus forte et explicite que celle d’un point d’interrogation.
J’ai tout d’abord pensé m’exprimer sur les points d’exclamation et les points d’interrogation culbutés dans une sous-section dédiée, mais, à la suite de recherches approfondies, j’ai découvert qu’il existait des variantes de nos points d’intonation standards ; ce que j’ai pensé digne d’intérêt pour une raison culturelle, mais aussi pour me permettre d’illustrer le manque de signes standardisés permettant d’exprimer certaines tonalités à l’aide de cas concrets. Certains de ces signes ne sont plus, ou n’ont jamais été, et d’autres conservent une existence éparse, au gré des tendances et des besoins à travers la littérature, la presse, ou encore le marketing.
La grande limite de tous les signes présentés ici, c’est la difficulté à les standardiser et à les diffuser de manière à ce que tous les ordinateurs puissent les interpréter ; cela implique que ces signes soient ajoutés aux tables de caractères de tous les ordinateurs du monde pour une diffusion optimale, chose qui paraît totalement invraisemblable même de nos jours.
L’un des signes les plus en vogue mais qui reste assez peu utilisé par le commun des mortels est le point exclarrogatif. « Qu’es aquò ? », me diriez-vous. C’est tout simplement le regroupement du point d’exclamation et du point d’interrogation, afin d’éviter la pratique fautive issue des bandes dessinées qui consiste à mettre les deux signes d’affilée : (?!) ou (!?). Le défaut majeur de ce signe, c’est son incapacité à différencier (?!) de (!?) ; d’après les quelques conventions bancales établies au sujet de cette pratique, le premier (?!) marquerait un réel questionnement tandis que le second (!?) relèverait plus de la question rhétorique. Personnellement, j’encouragerais l’usage du point exclarrogatif s’il était supporté par le site et les appareils moins récents, mais, dans le doute, essayez de ne pas avoir trop recours au point d’interrogation et d’exclamation accolés.
Un autre de ces signes – que j’ai brièvement abordé plus tôt – est la virgule exclamative, mais il existe aussi son homologue interrogatif : la virgule interrogative. Comment se présentent donc ces deux bestiaux ? Rien de plus simple : remplacez le point du point d’interrogation et d’exclamation par une virgule, et voilà vos nouveaux signes. J’ai un moment trouvé que cette invention demeurait futile et ne pouvait que tomber dans l’oubli, mais, en y réfléchissant plus sérieusement, je trouve que ce signe aurait vraiment eu sa place pour éviter les confusions au sujet des majuscules et des minuscules à la suite d’une question ou d’une exclamation. Allons donc lancer une pétition, c’est au goût du jour !
Il existe encore beaucoup d’autres signes liés aux intonations, comme le point d’ironie, ou toute la panoplie de points mise en place par Hervé Bazin dans un de ses livres afin d’apporter une dimension encore plus réaliste aux intonations, mais la majorité de ces signes est vouée à tomber en désuétude. Pour plus de détails, je vous invite notamment à visiter cette page d’où je tiens une partie de mes informations.
Je vois qu’il ne reste plus grand monde dans la salle, tiens donc, quel dommage, nous commencions tout juste à nous amuser ! Nous allons à présent parler de tout ce qui touche de près ou de loin aux diverses barres horizontales qui agrémentent nos récits. À commencer par le trait d’union, le plus accessible de toute la catégorie étant donné qu’il a eu droit à une place définitive sur tout bon clavier – rien d’étonnant à ce qu’il se substitue aux tirets d’usage dans la langue française.
Par abus de langage, il est très souvent appelé « tiret », et c’est là que réside tout le problème : c’est un trait d’union. Comme son vrai nom l’indique, son seul et unique but est d’unir visuellement deux éléments, c’est-à-dire former des mots composés lorsque l’on parle écriture. Que ce soit dans des expressions toutes faites (M. Je-Sais-Tout, c’est-à-dire, etc.), des inversions sujet-verbe (plaît-il, veux-je, etc.), lors d’une césure en bout de ligne, ou encore pour réunir un préfixe avec un mot (non-paiement, quasi-certitude, etc.), le trait d’union unit des mots ou des syllabes et c’est le seul usage pour lequel il est homologué.
En dehors de ces utilisations, il est régulièrement aperçu en lieu et place des tirets demi-cadratins, voire des tirets cadratins dans les dialogues. Il est également beaucoup utilisé lors de la composition d’une liste à tirets ou pour symboliser un « et » ou un « ou » en fonction du contexte. Tous ces usages vont à l’encontre de la norme et sont donc à proscrire si vous souhaitez, d’une part, éviter d’éventuelles confusions et, d’autre part, vous éviter les railleries des personnes qui se conforment aux normes admises.
Dans le cas absolu où vous ne souhaiteriez vous embêter d’aucune manière pour utiliser les caractères exacts mais où vous tiendriez à visuellement éviter les confusions, vous pouvez former vos tirets cadratins et demi-cadratins à l’aide de deux ou trois traits d’union comme ceci : « -- » pour le tiret demi-cadratin (–) ou « --- » pour le tiret cadratin (—).
Cela dit, le trait d’union connaît aussi son lot de difficultés, notamment en ce qui concerne les préfixes. En effet, tous les préfixes ne doivent pas être systématiquement rattachés à un mot via un trait d’union et certains préfixes n’admettent le trait d’union qu’à certaines conditions. Pour plus d’informations et une liste complète des préfixes et de leurs règles, cette page saura vous ravir.
Attention, voici la première bête dont vous ne connaissiez peut-être pas le nom, j’ai nommé : le tiret demi-cadratin. (Vous noterez que j’ai choisi de progresser par ordre croissant de taille de tiret, c’est fascinant.) Le tiret demi-cadratin a plusieurs utilités : entre autres, il peut jouer le rôle de « parenthèses » en isolant un mot ou un groupe de mots à l’intérieur même d’une phrase ; cependant, contrairement aux parenthèses, le contenu des tirets aura tendance à être intégré à la syntaxe de la phrase dont il dépend. Les parenthèses sont plutôt admises pour donner une indication, commenter, expliciter ; ce qui peut donc n’avoir aucun rapport direct avec le reste de la phrase et n’aura généralement pas de lien syntaxique avec celle-ci (il est par exemple possible d’écrire une phrase entière entre parenthèses mais pas entre tirets). Voyez les tirets comme le niveau inférieur aux parenthèses, si ce que je viens d’expliquer semble trop flou.
En ce qui concerne les règles qui régissent ces tirets, le tiret ouvrant ne peut être précédé a priori que d’un mot. Quant au tiret fermant, il peut être suivi d’un mot, d’une virgule, ou d’un point-virgule, cependant, il ne peut pas être suivi d’un point et devra donc être omis si vous souhaitez terminer votre phrase après votre proposition entre tirets. À ma connaissance, il doit également être omis lorsqu’il précède les deux points ou tout autre signe de ponctuation.
Une autre de ses fonctions est celle que j’ai abordée un peu plus haut : servir de puce dans une liste à tirets. Observez :
– la libération des otages ;
– des provisions pour tenir le reste de l’hiver ;
– un arsenal correctement fourni ;
– l’assistance de douze prisonniers.
Remarquez que la liste (2) forme une phrase si on la lit d’une traite. La majuscule se trouvant avant les deux points, la liste fait bien partie de cette même phrase et s’achève donc à la dernière occurrence de cette liste – ne pas oublier le point final. Notez aussi que le tiret fait lui-même office de « et », il n’est donc pas utile de le répéter.
Le tiret demi-cadratin a également des fonctions de désambiguïsation dans le cas où l’on voudrait lier des mots déjà eux-mêmes composés. Par exemple, il est admis de parler de « la frontière Mexique – États-Unis » pour éviter toute confusion. Ce cas reste relativement isolé et vous ne devriez avoir aucun mal à le contourner en reformulant votre phrase si jamais vous doutez.
Enfin, les autres fonctions que le tiret demi-cadratin peut avoir sont celles du tiret cadratin (insertion de répliques de dialogue, etc.) ; en effet, avant que les personnes ne se rabattent sur le trait d’union, quelques originaux remplaçaient déjà les tirets cadratins par des demi-cadratins. Cependant, je déconseille cet usage pour des raisons évidentes de clarté et d’homogénéité, mais aussi car il reste très marginal.
La plus grand bête noire des apprentis écrivains avec les guillemets français, la seconde composante de notre système de dialogue tant boudé : Sa Majesté le tiret cadratin. Et pourtant, dans l’usage répandu, il n’a guère d’autre fonction que celle d’introduire les répliques d’un dialogue. Sa présence signale simplement le changement d’interlocuteur et, par conséquent, de réplique.
Dans certaines traductions, il est gardé à tort comme délimiteur d’incises – incises que nous marquons habituellement, en France, par les tirets demi-cadratins comme dit plus haut. En effet, même si les écrivains anglophones ont la possibilité de délimiter leurs incises et « parenthèses » de la même façon que nous, il est plus courant de croiser des incises marquées par deux tirets cadratins sans espaces, comme ceci : texte—incise—texte.
Pour ce qui est des règles du dialogue, je vous renvoie à la section dédiée aux guillemets qui se trouve un peu plus loin.
Le deux-points, ou double point, est un proche parent du point-virgule ; en effet, il a pour but de séparer deux idées ou propositions tout en les conservant dans une même phrase. La coupure instaurée par le double point est souvent plus franche que celle d’un point-virgule car la première partie de la phrase sert généralement d’amorce pour introduire la deuxième partie : une énumération, une conséquence, une affirmation, une explication, une citation, etc. Ainsi, le deux-points a plus un aspect didactique ou pratique que littéraire, mais il peut tout de même servir à introduire un dialogue ou une citation dans la narration. À noter que seul le deux-points peut introduire une réplique directement ; l’usage des virgules ou de tout autre signe étant réservé à l’anglais.
Parfois, le deux-points peut être remplacé par un autre signe tel qu’un point-virgule, une virgule, ou un point, et il peut même être remplacé par un mot, mais il conserve tout de même un aspect unique lorsque la première proposition ne saurait exister sans la présence de la seconde. Le double point ne doit être suivi d’une majuscule que s’il introduit une citation ; dans tous les autres cas, il n’appelle pas la majuscule.
Retenez également que, tout comme le point-virgule, il faut éviter de l’utiliser plusieurs fois dans une même phrase. En effet, la deuxième proposition étant liée à la première, le lecteur pourrait être dans l’incapacité de déterminer de quelle(s) proposition(s) dépendent les suivantes.
Par où commencer… ? Les points de suspension, ou « trois petits points » pour les intimes, sont souvent l’apanage de l’écrivain qui débute. En effet, de par leurs multiples significations possibles et de par leur nature équivoque, ils sont l’expédient idéal pour tout auteur en manque d’inspiration ou de courage. Les points de suspension peuvent marquer une hésitation, une coupure – volontaire ou non –, de la dissimulation, un sous-entendu, le silence, une continuité, etc.
Autant dire qu’il vaut mieux apprendre à s’en servir et à les associer avec les bons verbes de parole et les bonnes incises si vous voulez convaincre votre lecteur de leur nécessité. Leur utilisation paraîtra vite abusive et démotivera probablement plus d’un lecteur si vous ne cherchez pas à les justifier ; soyez absolument certains que c’est votre seule alternative ou qu’ils sont plus que nécessaires lorsque vous les employez. Leur emploi dans la narration est toléré, mais il doit également rester limité.
Ce signe de ponctuation comporte plus d’une particularité : c’est le seul signe – à ma connaissance – composé de trois parties, il peut s’utiliser pratiquement partout et pour des dizaines de motifs variés, et il a un équivalent en toutes lettres – le fameux « et cetera », ou « etc. » dans la langue commune. Il faut savoir que cette abréviation de la locution latine ne doit jamais être suivie de points de suspension, mais elle doit toujours être agrémentée d’un point comme toute abréviation ne finissant pas par la lettre finale du mot d’origine.
Dans le cas d’une énumération, voici comment ponctuer votre phrase de manière adéquate :
Généralement, la phrase qui suit commencera par une majuscule. Néanmoins, les points de suspension et son équivalent en toutes lettres ne l’exigent pas toujours. En effet, le choix vous appartient ; si vous souhaitez insister sur le temps de la pause ou montrer que les deux propositions n’entretiennent pas de lien, vous pouvez user d’une majuscule. Si, au contraire, vous voulez montrer que votre personnage n’hésite qu’un quart de seconde ou se reprend de suite, vous pouvez choisir de reprendre avec une minuscule.
Pour ce qui est de la ponctuation supplémentaire, il est également possible de faire suivre vos points de suspension d’un point d’exclamation ou d’interrogation (afin de marquer une exclamation réprimée ou encore une question sous-entendue). Les points d’intonation ne doivent en aucun cas remplacer le troisième point de suspension et doivent s’ajouter en suivant. Exemple :
Le dernier cas qui me vient à l’esprit est celui des points de suspension en début de phrase. Contrairement à ce que beaucoup de personnes croient, les points de suspension peuvent bel et bien s’y trouver. Cependant, ils demandent quelques précautions : vous devez toujours terminer la phrase qui précède par des points de suspension et vous devez reprendre avec une minuscule. Observez :
« Je parie que tu ne… commença l’étalon, un air de défi dans sa posture.
— … peux pas nettoyer le ciel en moins de dix secondes », intervint la pégase.
Cette pratique reste limitée à des conditions bien particulières ; ici, la pégase coupe la parole de l’étalon pour terminer une réplique qui semble être sa devise. Son emploi est donc justifié, mais vous ne devriez pas être souvent confrontés à ce genre de cas.
À noter que, chez les anglophones, les points de suspension ne peuvent signifier qu’une interruption volontaire de la parole ; si le personnage se fait interrompre par quelqu’un ou quelque chose, les tirets cadratins ou demi-cadratins sont utilisés.
Les parenthèses sont d’une utilisation assez simple, comparable à celle des crochets ou des accolades, et fonctionnent toujours par deux. Leur utilisation reste relativement limitée dans un récit à caractère littéraire et elles ne se rencontrent a priori jamais dans un dialogue ; la seule possibilité étant l’intervention d’un narrateur intrusif.
Le but des parenthèses est de permettre l’isolation complète d’une proposition du reste de la phrase ou même du texte ; ce serait l’équivalent d’un sous-titre affiché à l’écran lors d’un film. Cela procure souvent une impression de confidence vis-à-vis du lecteur qui se retrouve en possession d’éléments qui seraient capitaux pour les personnages mais qu’il est le seul à connaître. Bien évidemment, cela peut aussi faire office d’incise ou donner une précision que l’auteur estime utile d’apporter, mais c’est un aspect moins reluisant des parenthèses à mon goût.
Les parenthèses demeurent relativement peu esthétiques et compliquent souvent la lecture d’une phrase, c’est pour cela que vous devez les éviter au maximum. Néanmoins, si vous deviez vous trouver dans une situation où vous jugez utile d’apporter une parenthèse dans une autre parenthèse, je vous conseille d’utiliser les tirets demi-cadratins comme deuxième palier et non d’échelonner à l’aide de crochets comme il est coutume de faire en sciences.
Pour ce qui est de la ponctuation dans et autour des parenthèses, une grande partie sera détaillée dans la section dédiée aux espaces mais vous devez déjà retenir ceci concernant le point final : si votre parenthèse fait partie d’une phrase et la finit, le premier mot commence par une minuscule et le point est placé après la parenthèse fermante. Si, au contraire, votre parenthèse commence directement après un point, elle doit rester une phrase entièrement entre parenthèses et commencera donc par une majuscule et contiendra le point final. Observez :
Vous avez à présent une idée globale de la ponctuation à adopter en fonction de votre parenthèse.
L’autre usage des parenthèses qui me vient à l’esprit est celui d’une indication de variation en genre et en nombre. Cet usage déroge ponctuellement aux règles d’espacement lorsque les parenthèses abritent une lettre devant être accolée au mot qui précède. Par exemple :
Ces parenthèses ne doivent pas être employées en littérature ; préférez une formulation de type : « Le ou les poneys. »
Pas de panique, ne fuyez pas, cette sous-section restera relativement courte étant donné que je compte faire appel à l’excellent article de mon petit perroquet pour détailler le plus gros du contenu. Pour autant, je vais tout de même traiter quelques points qui tiennent du pinaillage, ou de la culture, selon le point de vue que vous adoptez.
Il existe différentes sortes de guillemets, parmi lesquels les francophones (« »), les anglophones (“ ”) ou (‘ ’), et les germanophones („ “) ou (» «) ; beaucoup d’autres guillemets existent, notamment dans les langues asiatiques, mais la plupart des pays d’Europe utilisent des variantes de ceux présentés ci-dessus – la deuxième variante germanique en est la parfaite illustration.
Je suis absolument contre l’usage du système de dialogue anglophone et défends donc l’usage de nos guillemets nationaux. Cependant, je ne suis pas non plus buté à un point ridicule et sais reconnaître quand les normes en place misent sur le mauvais cheval. Ainsi, d’après les normes, lorsque nous introduisons une citation à l’intérieur d’une réplique, il faudrait faire une deuxième fois appel aux guillemets français, chose qui semble des plus maladroites et absurdes. C’est dans ce genre de situations que j’utilise les guillemets doubles anglophones et que j’encourage le recours à ceux-ci. Notez la différence :
La différence est flagrante. Dans l’exemple (1), la confusion est aisée pour un lecteur inattentif et il y a un grand risque de faute de la part de l’auteur (oubli de guillemets, mauvais placement de ponctuation annexe, etc.). Tandis que l’exemple (2) se veut plus fluide et sépare avec clarté la citation du reste de la réplique.
Au sujet de la ponctuation (hors dialogue), cela fonctionne globalement comme des parenthèses : dans le cas d’une phrase complète entre guillemets (citation introduite par le deux-points, etc.), la ponctuation finale est aussi dans les guillemets, dans le cas d’un mot ou d’une citation partielle entre guillemets en fin de phrase, la ponctuation finale est placée à la suite et non à l’intérieur.
Notez également que, malgré le respect des règles typographiques françaises, nous conservons les règles d’espacement anglophones pour ce qui est de leurs guillemets. Si vous voulez en savoir plus concernant les règles du dialogue et les usages des guillemets et des tirets cadratins, faites-un tour sur l’article exhaustif de LittleParrot.
Alors, on va se mettre d’accord tout de suite avant d’entamer cette section que vous attendiez certainement avec impatience. Le terme « espace » en typographie est féminin : une espace fine, une espace insécable, etc. C’est un sujet très intéressant et à la fois compliqué, mais je préfère vous mettre en garde tout de suite : MLPFictions ne tolère que les espaces ordinaires ; les insécables et autres folies sont systématiquement remplacées par une espace normale. D'ailleurs, j’ai tendance à oublier l’existence et les modalités d’utilisation de certaines espaces. Mais, puisque je pars du principe que ce guide peut servir dans n’importe quelle situation, je vais essayer d’être aussi exhaustif que possible sans pour autant aborder les usages totalement désuets.
L’espace commune, ou « demi-cadratin », est tout ce qu’il a de plus classique ; dès lors que vous appuyez sur votre touche « espace », c’est elle qui est sollicitée ; elle sert à séparer tous les mots. Jusque-là, rien de plus banal à expliquer.
Le deuxième genre d’espaces répandu est l’espace fine ou « quart de cadratin ». Elle commence à être oubliée et a déjà été admise comme obsolète outre-Atlantique, cependant, elle se rencontre encore occasionnellement lorsqu’il s’agit de séparer des groupes de trois chiffres pour les nombres supérieurs au millier. Elle a été un temps considérée comme l’espace à placer devant les signes de ponctuation en deux parties (sauf guillemets et deux-points), mais face à l’incommodité de cette norme et à son non-respect général, elle a été délaissée.
Là où toute l’histoire se complique, c’est lorsque l’on commence à parler d’espaces insécables. Pour faire court, c’est une espace normale, sauf qu’elle est virtuellement incassable ; si vous la placez entre deux mots ou deux caractères, il sera impossible de séparer ces deux mots sur deux lignes distinctes. L’utilité de cette espace vient du fait que, bien avant l’avènement de l’informatique, il était déjà de rigueur de ne pas commencer une ligne par un signe de ponctuation (hors guillemets, tirets cadratins, etc.). Par conséquent, il est habituellement recommandé d’entourer toute votre ponctuation d’espaces insécables. Dans la pratique, c’est bien trop compliqué en mettre en œuvre puisqu’il n’existe pas de touche dédiée à cette commande. Vous pouvez donc utiliser des espaces traditionnelles et n’avoir recours à l’espace insécable que lorsqu’un de vos signes de ponctuation se trouve renvoyé à la ligne.
Visuellement, il n’y a aucune différence entre une espace normale et une espace insécable, et cela vaut pour toutes les autres variantes. Dès lors que l’adjectif « insécable » se trouve accolé à un type d’espaces, cela veut dire que c’est le même type d’espace mais dans sa version indissociable. Ainsi, ne paniquez pas en voyant toutes les sortes d’espaces qui existent (une quinzaine), dites-vous que la moitié ne sont que des doublons aux propriétés différentes.
Nous en arrivons certainement au point avec lequel j’ai le plus longtemps bataillé moi-même et avec lequel je bataille encore lorsque je lis ou relis les textes d’autres auteurs. Il n’est pas rare que, d’un écrivain à l’autre, vous remarquiez des façons de faire toutes plus différentes les unes que les autres ; « c’est comme ça que je fais », que l’on vous répondrait. À cela, une raison cachée : les règles d’espacement en français semblent totalement arbitraires, encourageant de nouveau à se rabattre sur les règles pratiquement uniformes de l’anglais. Pourtant, il n’en est rien.
Les règles du français suivent également une logique, elles ne demandent qu’un peu plus de rigueur et de patience avant d’être maîtrisées. Pour vous simplifier l’approche des espaces françaises, je vais vous donner des astuces toutes bêtes qui, si vous les retenez, vous permettront de savoir où mettre vos espaces même avec un signe que vous n’auriez encore jamais utilisé !
Dans la ponctuation littéraire française, il existe quatre grands types de signes de ponctuation : les signes en une partie (virgule, point, etc.), les signes en deux parties (point-virgule, point d’exclamation, etc.), les signes en une partie qui marchent par deux (parenthèses – idem pour les crochets ou accolades en sciences), et enfin les signes en deux parties qui marchent par deux (guillemets français). Notez :
Bien évidemment, il reste quelques cas particuliers, sinon je ne rédigerais pas cet article et je ne vous parlerais pas français. Parmi les exceptions se trouvent certains signes empruntés à d’autres langues comme les guillemets anglais qui conservent leurs règles d’espacement ; a contrario, le point d’interrogation culbuté s’adapte aux règles qui régissent nos points d’interrogation.
Sont également de la partie tous les tirets et traits : le trait d’union n’est jamais entouré d’espaces tandis que les autres tirets sont toujours entourés de deux espaces s’ils délimitent une incise – à moins d’être suivis d’une virgule – ; dans le cas où ils se trouveraient en début de ligne (notamment dans une liste à tirets), une seule espace en suivant est de mise.
Mais il ne faut pas non plus oublier les points de suspension, uniques représentants de la catégorie des signes en trois parties. Étant donné qu’ils jouent essentiellement le rôle d’un point ou d’une virgule et qu’ils sont composés de points, suivez la règle qui régit les signes en une partie : jamais d’espace avant, une espace après.
Le dernier cas particulier d’espacement concerne le contenu des parenthèses. C’est relativement simple mais encore faut-il y penser : la règle des parenthèses prévaut sur toutes les autres. Ainsi, si le dernier caractère avant la parenthèse fermante est un guillemet, ce dernier doit être collé à la parenthèse. Gardez simplement à l’esprit qu’une parenthèse ouvrante ne doit jamais être suivie d’une espace et qu’une parenthèse fermante ne peut être précédée d’une espace.
Je pense que c’est l’un des phénomènes que je trouve les plus fascinants en écriture : non contents de me faire quotidiennement sauter au plafond de par les fautes de ponctuation qu’ils commettent, les auteurs débutants ont tendance à employer une forme de ponctuation propre à internet. En effet, combien de fois ai-je vu – notamment dans la partie anglophone du fandom – des astérisques (*), des tildes (~), des esperluettes (&), ou encore des barres obliques (/) et (\) pour signifier une intonation ou trouver des raccourcis visuels. Je n’aborderai bien sûr pas le thème des émoticônes, pratique qui se limite plus souvent à une plaisanterie isolée qu’à une technique inconsciente.
Il est difficile de juger ce genre de pratiques et de savoir comment s’y prendre lorsque l’on se trouve face à un texte qui a recours à ce type de signes. Respecter le travail de l’auteur en utilisant des signes qui dépendent d’autres domaines que la ponctuation ou standardiser le texte au risque d’affecter la portée qu’avait la « ponctuation » choisie par l’auteur ? Au tout début, je privilégiais la première solution, mais, avec le temps, j’ai décidé de m’approcher le plus possible de ce qui est admis.
J’y ai déjà fait référence un peu plus tôt dans l’article : le dédoublement de signes de ponctuation ou l’entassement de signes est très mal vu et sera généralement indiqué comme fautif. Évitez autant que faire se peut les doubles points d’exclamation, les quatre points de suspension, etc., voués à ajouter de l’emphase ou marquer une insistance. Les seuls points pouvant être éventuellement couplés sont le point d’interrogation avec le point d’exclamation ou encore les points de suspension avec un de ces deux-là.
Tant que j’aborde le sujet de l’emphase, j’aimerais brièvement parler de l’emploi excessif de la majuscule pour exprimer la colère. C’est maladroit, c’est envahissant, c’est agressif ; bref, c’est à éviter si vous le pouvez. Je suis le premier à les garder dans mes traductions dès lors qu’il n’y en a pas à chaque réplique, mais je vous conseille de privilégier les minuscules, quitte à les associer à des verbes de parole comme « hurler » ou « insister ».
Au niveau des caractères que l’on croise, il y a donc les astérisques qui, généralement, représentent une pensée, un aparté, ou une onomatopée. Le moyen le plus adéquat et rapide de remplacer ces astérisques se fait par le biais de l’italique ; rien ne vaut une bonne mise en forme sur les sites qui le permettent, cela évite le recours à de la ponctuation superflue. Les astérisques peuvent ponctuellement être remplacés par des parenthèses ou des tirets dans le cas d’un aparté ou d’une pensée à part. Une autre fonction de l’astérisque est celle de « note d’auteur » ; ainsi, lorsque vous n’avez pas la possibilité d’ajouter des nombres entre parenthèses en exposant pour laisser une note à vos lecteurs, vous pouvez employer l’astérisque en le plaçant après un mot (ou groupe de mots). Il faudra ensuite placer un deuxième astérisque en bas de page où vous détaillerez votre note.
Les tildes sont un peu plus mystérieux. Généralement, ils représentent une intonation enjôleuse ou mélodieuse et se placent en fin de phrase au détriment de toute autre ponctuation. Ainsi, cela devient déjà un peu plus problématique car cela brise la règle fondamentale qui impose à une phrase de commencer par une majuscule et de terminer par un point. Difficile de retranscrire cette facilité typographique autrement ; suivant le contexte, je vous conseille de jouer avec les points de suspension et d’accoler une incise ambiguë – vous pouvez également appliquer de l’italique sur un mot ou groupe de mots pour accentuer l’effet désiré. Dans le cas où vous souhaiteriez le garder lors d’une traduction par peur de reformuler le texte original, appliquez les règles d’espacement des tirets en incise.
L’esperluette a souvent pour but de signifier « et », inutile de rappeler en quoi elle est tout à fait dispensable. Je ne l’ai croisée qu’une seule fois, et j’espère ne jamais avoir à la recroiser.
Les crochets ont aussi une certaine utilité en écriture – notamment pour les journalistes et les didacticiens. En effet, bien qu’ils ne puissent pas être directement trouvés dans la littérature, il est possible de les croiser lorsque des citations sont employées. Ils permettent à l’auteur qui cite d’apporter des corrections, de clarifier le texte ou de formuler des remarques. Pour plus de détails, je vous renvoie sur ce site.
Le croisillon (#), souvent appelé « dièse » à tort, peut quant à lui indiquer une numérotation – abus tiré de l’anglais américain – ou signaler un hashtag. Dans le cas d’une numérotation, le croisillon comme la forme abréviée de « numéro » sont à proscrire et doivent laisser place au mot complet ; à noter que c’est un o en exposant qui doit suivre le n, non le signe degré, et que le signe « No » ne s’utilise pas en français. Dans le cas d’un hashtag, à moins d’écrire dans un univers alternatif, il est à proscrire – c’est très peu esthétique. (Pardonnez le manque d'illustrations, le site ne permet pas une mise en forme aussi poussée que les exposants et des signes aussi obscurs que le vrai dièse – voici le lien de l'article sur Google Documents, cherchez simplement « numéro » pour trouver le paragraphe correctement mis en forme.)
Les barres obliques sont assez peu utilisées, surtout la barre oblique inversée ou backslash, mais il arrive de croiser des expressions de type « et/ou ». Dans l’absolu, les règles d’espacement sont respectées étant donné qu’il ne faut mettre aucune espace autour d’une barre oblique. Néanmoins, il va falloir trouver une autre façon d’écrire ce genre d’expressions puisque les slashes ne font pas partie de la ponctuation conventionnelle. À noter que « et/ou » est souvent un pléonasme.
Le tiret bas (_), ou underscore pour les intimes, est un signe relativement ancien qui servait de soulignement du temps des machines à écrire et qui sert toujours d’espace en informatique lorsque des restrictions techniques ne les autorisent pas. Il ne remplace aucun tiret et n’a donc pas sa place dans un texte littéraire, n’en déplaise aux plus anciens.
Le signe du pourcent (%) semble être la solution toute trouvée lorsque l’on ne sait pas écrire correctement le mot. Il existe effectivement beaucoup de variantes, mais l’une des plus courantes – qui se trouve être la plus simple – est « pourcent », au singulier comme au pluriel. Exemple : un pourcent, dix pourcent (bien que fautif, « pourcents » est accepté). Alors ne cherchez plus une facilité qui n’en est pas une, vous savez désormais orthographier le terme exact ! À noter que, dans les contextes où ce signe est accepté, il doit être précédé et suivi d’une espace.
Le degré (°) est un peu plus compliqué. Il peut servir pour la mesure d’un angle, d’une température, etc. Le plus simple reste d’écrire votre mesure en toutes lettres, vous vous épargnerez ainsi la tentation de rajouter un « ° ». Exemple : douze degrés Celsius. Il est important de noter que, jusqu’à « 16 », il est obligatoire d’écrire votre nombre en toutes lettres dans un contexte littéraire. Les nombres supérieurs et les siècles peuvent s’écrire en chiffres – respectivement arabes et romains.
Les signes mathématiques tels que le signe moins, le signe plus, le signe égal, etc., sont à écrire en toutes lettres en toutes circonstances. Que vous énonciez oralement un calcul ou que ce soit un adverbe, la règle est la même.
Les symboles de devises et unités de mesure – que vous parliez d’un prix ou d’une distance –, c’est encore la même règle : vous écrivez en toutes lettres et vous respectez les majuscules s’il y a lieu. Ainsi : « douze degrés Celsius » mais « douze euros ».
Comme vous l’aurez remarqué, bon nombre de ces énoncés semblent tout à fait évidents et restent brefs, mais, si j’en viens à les aborder, c’est bien que j’en ai croisé une partie. Pour rester exhaustif jusqu’au bout de l’article, j’ai préféré présenter tous les doutes auxquels un auteur pourrait un jour se trouver confronté et je réponds donc avant même qu’il ne se pose la question : « Ai-je le droit ? »
Avant de vous laisser tranquilles pour de bon, je souhaiterais aborder un dernier point de mise en forme qui est important à mes yeux : l’italique. Comme vous l’avez vu, il peut avoir de multiples fonctions, et l’une d’entre elles est de signaler les mots empruntés à d’autres langues. Que vous employiez une locution latine (ex aequo, a priori, etc.) ou le dernier terme anglais à la mode (hashtag, fashionista, etc.), vous devez mettre de l’italique afin d’indiquer le néologisme dans votre langue.
Quelques mots échappent à cette règle tels que « parking » ou « sandwich », certainement grâce à leur longue présence dans nos dictionnaires et notre quotidien. De même, les termes étrangers francisés (à priori, chaman, etc.) ne sont pas mis en forme car ils présentent une graphie normalisée et officielle. Les noms propres (prénoms, villes, etc.) ne sont jamais mis en italique – hors italique voué à marquer une intonation ; seuls les titres d’œuvres doivent subir cette mise en forme en toutes circonstances. L’italique est également utilisé en littérature pour les didascalies et les paratextes.
Il existe aussi quelques cas où l’emploi de l’italique est requis pour de simples raisons de clarté. Ainsi, les notes de musique (do, ré, mi, fa, sol, la, si) et les autonymes (mot ou caractère se désignant lui-même) prennent l’italique plutôt que des guillemets ; pour les autonymes, cela peut donner : « mettre les points sur les i » ou encore « le mot mot ».
Ç’a été aussi loin à rédiger que c’en a l’air, mais je suis persuadé que cela peut avoir un intérêt pour quiconque cherche des réponses à des questions que je me suis un jour posées. Il y a autant d’anecdotes historiques que d’exemples ou d’explications sur les règles et les modalités de ponctuation, et je pense que c’était nécessaire afin de faire le tour de la question une bonne fois pour toutes.
J’avais un temps pensé à publier sous la forme d’une série d’articles en mettant une section en ligne par semaine, puis je me suis ravisé en me disant que j’y perdrais certainement autant de lecteurs qu’en publiant directement la totalité. Au moins, si vous avez un doute concernant la typographie, vous n’aurez qu’un seul article à chercher.
Une fois encore, je suis loin d’être le plus éminent passionné de typographie et j’ai probablement fait des erreurs. C’est pour cela que je vous encourage à me faire remarquer toute faute grossière qui se serait faufilée dans un moment de faiblesse ; par « grossière », j’entends une faute absolue et non une différence d’interprétation des normes. S’il s’agit d’une différence de vision, je suis tout à fait prêt à l’entendre dans les commentaires et à en discuter en toute neutralité. De même pour d’éventuels oublis ; j’ai fait en sorte d’aborder tous les cas de figure possibles et j’ai sollicité l’aide de personnes plus douées que moi au sujet des virgules et des guillemets, mais il se peut que j’ai oublié d’entrer dans le détail de certaines situations.
Sur ce, je vous laisse avec la fonction de recherche de votre navigateur et vous souhaite bien du courage pour maîtriser le chapitre qui vous fait aujourd’hui envie.
Amicalement vôtre, System.
L'article a été visualisé 1 405 fois depuis sa publication le 05 juillet 2015. Celui-ci possède 14 commentaires.
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Mais je ne suis plus sûr, c'est un vieux souvenir.
Je le rappelle encore une fois, mes propos ainsi que cet article ne traitent pas d'un dogme ; la langue est une chose tout aussi vivante et instable que ses composantes. Je peux dire ce qui est juste (lire : ce qui est communément admis) et je peux dire ce qui doit être appliqué à mon sens. Si je te dis de quelle manière utiliser tes points d'interrogation ou ton italique, cela n'engage que moi même s'il y a fort à parier que personne ne sera d'un avis contraire.
Du coup, pour ce qui est du point d'interrogation dans la narration, tu te réponds pratiquement en explicitant ton cas. Je vais certainement modifier l'article en conséquence, afin de faire paraître le passage sur la narration moins catégorique ; la ponctuation d'intonation n'est pas non plus une tare ! Dans le cadre d'une phrase écrite en discours indirect libre (pensée du personnage rapportée par la narration, ici), il est possible de ponctuer pratiquement de la façon que tu pourrais le faire dans une réplique de dialogue. (À mon sens, bien sûr – je ne suis pas écrivain pour deux sous.)
En ce qui concerne l'italique, je n'avais pas jugé utile d'aborder le cas des noms propres (villes, prénoms, etc.) puisque je parlais de dictionnaire et de fréquence d'usage dans la langue commune. Les seuls noms hors communs à mettre en forme sont les titres d'œuvres – convention admise dans tous les domaines faisant appel à l'écrit ! Ainsi, je ne mettrai jamais d'italique à « Daring Do » mais je mettrai en italique le titre d'un volume de ses aventures, qu'il soit en anglais ou en français.
Il semblerait que, à force d'édition, l'article soit voué à dépasser les 10 000 mots si vous ne me faites remarquer que des oublis. Depuis la publication, j'ai ajouté un cas concernant les astérisques, un cas au sujet des parenthèses et j'ai reformulé quelques passages dans les sous-sections du point d'interrogation, de la virgule et du point-virgule.
Sinon, j'ai une question à te poser, car mon petit cerveau est en ébullition à cause de la surcharge d'information à traiter: Peut ton utiliser le point d'interrogation dans une narration impersonelle sans être intrusif envers le lecteur? Je veux parler de ce genre de cas :
" Elle marchait seule en cette nuit d'orage. Elle marchait, un voile sombre envahissant ses prunelles. Mais ce voiles était-il dû à la tempête elle-même ou à sa propre solitude ? Elle n'en savait rien"
Ici, il s'agit d'un questionnement propre au personnage, donnant une information au lecteur (elle doute de l'origine de ce voile) sans être une question s'adressant directement à lui. Ais-je le droit d'user de ce point d'interrogation dans ce cas là?
Sinon, pour l'usage des italiques pours les mots anglais, je demeure partager : Je les mes bien en italique quand ils sont employé dans mes dialogue ou pour les titres d'ouvrages à l'intérieur de mon récit (c'est également vrai pour les titres francophones), mais pour les noms de mes personnages, qui dans le dessin-animé sont majoritairement issu de la langue britannique (Rainbow Dash, Twilight Sparkle, Carrot Top, etc.), je préfère rester en caractère standard; je suis quasi-sûr qu'il existe un terme plus adéquat, mais je me vois mal écrire tout les nom anglophone en italique. Je ne trouverais pas cela esthétique.
Sinon, si tu veux rentrer un peu plus dans les détails, je dirais que dès qu'un terme entre dans nos dictionnaires, il ne doit plus être mis en forme puisqu'il n'est plus considéré comme un néologisme ou un emprunt. Généralement, un emprunt qui passe dans le langage courant subit une francisation et ne requiert donc plus d'être souligné étant donné qu'il ne devrait plus sauter aux yeux du lecteur.
Ainsi, le mot « tweet » devait certainement être écrit en italique il y a encore quelques années ; avec le temps, cette tendance disparaîtra à n'en pas douter. De par la proximité et l'omniprésence de l'anglais, je dirais que les gens mettent naturellement moins d'italique sur un mot issu de l'anglais ou un mot français anglicisé (ajout d'un « -ing », etc.). Au contraire, j'imagine mal l'usage d'un mot allemand ou japonais sans une mise en forme préalable – question de contexte culturel et temporel.
Il est aussi important de noter que, pour les mots et les locutions entrés dans nos dictionnaires, l'italique ne s'utilise que pour la forme originale. Ainsi, les locutions latines sont à double tranchant : « à priori » est la francisation de « a priori », mais seul le second exige l'italique.
@Supernova, ravi que l'article soit si bien accueilli, je n'en espérais pas autant.
Pour ce qui est du point-virgule, je relirai mon article à tête reposée et je tâcherai de combler cet oubli dès que possible. J'en profiterai pour corriger mon erreur de formulation !
Comme pour la plupart des cas de figure un peu douteux où c'est la faute au XXIe siècle, je dirais : décide toi-même. Personnellement, je suis en train de complètement abandonner l'écriture en italiques des mots étrangers. You can't stop me.
Très bon article, complet et juste. Bravo !
Il y a qu'une seule chose que j'aurais pris la peine d'indiquer : le point-virgule sépare toujours deux phrases indépendantes (syntaxiquement). Par exemple : « Le terme « espace » en typographie est féminin ; une espace fine, une espace insécable, etc. » est incorrect. System aurait dû utiliser le deux-points. Avec le deux-points les deux parties de phrases sont fortement dépendantes l'une de l'autre, mais avec le point-virgule surtout pas. C'est donc plus un point affaibli qu'une virgule fortifiée !
J'aimerais juste revenir sur l'emploi de l'italique pour les mots étrangers. Puisque les termes anglais sont de plus en plus usités en français, à partir de quand peut-on les considéré comme étant français ?
Par exemple, le mot "hashtag" est largement plus utilisé que l'équivalent français "mot-dièse". Du coup l'italique vaut-il encore le coup ?
Je pense vraiment que cet article peut aider en dehors de MLP Fictions, et je serai le premier à m'en servir dès que j'aurai un doute au sujet de l'utilisation d'un signe en particulier. C'est un peu bête à dire mais je vois ce guide comme le fourre-tout de l'ensemble des liens que j'avais sous la main – on va dire que j'ai simplifié et harmonisé l'accès à ces connaissances.
Si besoin est, j'éditerai l'article pour combler des oublis ou supprimer des erreurs même s'il y a probablement assez de contenu comme tu le disais. Je sais que c'est un pavé difficile à avaler d'une traite, mais il permet de faire le tour de la question en un temps pratiquement record et sans avoir à errer de sites abandonnés en sites incomplets.
Pour ce qui est de l'italique, j'aurais également souhaité traiter de la mise en forme, mais il est clair que l'article serait devenu définitivement indigeste. Je ne maîtrise pas aussi bien le sujet que certains écrivains, mais il semble bien que la mise en forme soit un peu plus souple et moins normée ; @LittleParrot t'en dis probablement plus que ce que je n'aurais su te répondre.