Spring is Dumb

Rainbow Dash piétinait à travers le marché de Poneyville, lançant des regards noirs à tous ceux qu’elle croisait, et pensa à faire de même sur elle. Rainbow Dash réfléchissait profondément lorsqu’elle agissait, et était sûre de froncer les yeux vers qui pensait autrement.

Une jeune, sportive, attirante, sexy, intelligente comme elle savait qu’elle n’était définitivement pas une barbare, une balourde qui ne savait pas tenir une conversation polie.

Évidemment, n’importe qui pensait le contraire ne savait pas de quoi il parlait. Elle aurait ri de son ignorance. Pour le prouver, Rainbow Dash émit un lourd aboiement pour rire. Et tous les poneys autour d’elles lui lançaient des regards confus, alors elle se tut. Peu importe. Elle avait montré qui elle était.

Quiconque pensait le contraire devait être un poney stylé, une licorne sophistiquée qui était trop sensible à propos de choses dont tout le monde se fiche.

Un oiseau rouge vola en face de la pégase et elle lui lança un regard noir, à lui aussi. Les oiseaux chantaient tout autour d’elle, profitant du printemps arrivé en avance. Ce printemps que leur avait donné Rainbow Dash. Sûr, d’autres poneys l’avaient aidée, mais c’était Rainbow Dash qui avait demandé au maire d’avancer le printemps, et c’était Rainbow Dash qui avait négocié avec le Bureau Central de la Météo pour la laisser faire, et c’était elle qui avait organisé la Fête de la Fin de l’Hiver lorsque Twilight était absente. Et Rainbow Dash avait fait tout cela pour Rari- eux. Les oiseaux. Car Rainbow Dash faisait des trucs pour les oiseaux parfois. Elle était à moitié oiseau, après tout.

Et quels signes de gratitude avait-elle reçue pour ton son travail ?

Eh bien, beaucoup de gratitude, en fait. Un printemps en avance lui avait offert une journée entière de remerciements. Et le matin suivant. Et la nuit d’après.

Mais pas maintenant. Une petite bêtise et les oiseaux oublièrent instantanément toutes les choses gentilles qu’avait faites Rainbow pour eux et dit de Rainbow qu’elle était « une brute insupportable ». Ce n’est pas comme si elle avait fait une bêtise. Elle n’en avait faite aucune. À part faire ce dur travail pour rien. Rien sauf la pire saison de l’année. Rainbow Dash détestait le printemps. Le printemps était idiot, et elle lança un regard noir vers les oiseaux pour leur montrer à quel point c’était idiot.

Rainbow Dash espérait que la pluie se montrerait, afin de ruiner leur printemps idiot et les arbres en fleurs et les chants des oiseaux. L’un des pires orages que Poneyville aurait vu. Ça leur donnerait une bonne leçon.

Rainbow vit le stand de Roseluck, et marcha d’un pas lourd vers elle.

Roseluck sourit et la salua. « Hey, Rainbow Dash ! Cette idée d’avancer le printemps était géniale. Je n’ai jamais vendu autant de bouquets à cette date auparavant. On devrait le faire chaque année.

-N’y compte pas.

-Oh, le sourire de Roseluck disparut, puis revint de plus belle. Tu as besoin de quelque chose ?

-Toutes », dit Dash.

Rose était confuse. « Toutes ?

-Toutes. »

Roseluck plissa les yeux. « Toutes quoi ?

-Tu vends des fleurs, n’est-ce pas ? demanda Dash, en désignant les étals de fleurs et de bouquets derrière Roseluck.

-Euh,oui.

-Eh bien, je les veux toutes », répéta Rainbow Dash.

Rose se gratta la tête. « Tu veux dire toutes les fleurs ?

-Oui, toutes les fleurs.

-Comme, chacune d’entre elles ?

-Oui, chacune d’entre elle. »

Rose se mordit la lèvre. « Mais… ça fait beaucoup de fleurs…

-Je veux beaucoup de fleurs, grogna Dash. C’est pour ça que j’achète toutes les fleurs. »

Rose hésita. « Personne ne m’a jamais acheté toutes mes fleurs. Je ne sais même pas si j’ai le droit. Il doit y avoir une loi contre ça.

-Une loi contre l’achat de fleurs ?

-Une loi pour ne pas acheter toutes les fleurs », corrigea Roseluck.

Rainbow Dash plongea le museau dans sa sacoche, sortit un sac et le déposa sur le comptoir en tintant. « J’ai des pièces. »

Roseluck retrouva son sourire. « Vous avez des arguments, m’dame. Je pense, en fin de compte, qu’il n’y a rien qui interdit d’acheter toutes mes fleurs.

-Peu importe, donne-moi les fleurs.

-Attends, dit Roseluck. C’est pour Rarity ? »

Rainbow Dash lui lança un regard noir, puis vers les fleurs, les oiseaux et tout ce qui pouvait recevoir son regard perçant. « Non. »

Roseluck ne semblait pas convaincue. « Alors, tu achètes des fleurs parce que… ?

-Parce que j’aime les fleurs. » Rainbow Dash avait toujours aimé les fleurs. Elle aimait leur senteur, leur couleur, leur goût et… leur senteur. Et tout ce que font les fleurs. Boire de l’eau ?

Roseluck la fixa quelques instants, avant de glousser en silence. « Eh bien, les fleurs préférées de Rarity sont des gardénias. Tu devrais lui en offrir. J’en ai plein.

-Je les veux toutes, redit Dash. Je me fiche de ce qu’aime Rarity, parce que Rarity aime les trucs idiots. »

Roseluck leva un sourcil.

« Tu vas me vendre toutes ces fleurs, ou pas ? »

Roseluck soupira. « Comment tu vas les transporter ? »

Rainbow Dash montra sa sacoche.

« Tu penses vraiment que tu vas rentrer toutes ces fleurs dans cette petite sacoche ? »

Rainbow Dash regarda la masse de fleurs disposées derrière le comptoir. Elle regarda ensuite sa sacoche. Puis les deux poneys qui faisaient la queue derrière elle. À nouveau les fleurs. Et encore une fois sa sacoche.

« Je reviens », dit Dash, attrapant son sac de pièces et disparut avant que Roseluck ne puisse dire un mot, croisant le regard curieux des poneys derrière elle.

Bien sûr Rainbow Dash ne pensait pas que toutes ces fleurs rentreraient dans sa sacoche. Ce serait ridicule. Elle aurait dû se sentir insultée lorsque Roseluck avait eu l’audace de lui poser la question. Elle se sentait insultée. Elle aurait été idiote de venir au stand de fleurs en demandant à acheter toutes les fleurs en ayant une petite sacoche avec elle pour les porter. Ça aurait été idiot.

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Rainbow Dash marchait d’un pas lourd vers la Ferme de la Douce Pomme. Le printemps était particulièrement idiot à la Ferme de la Douce Pomme. Les pommiers étaient en fleurs, et tout autour de Rainbow Dash, les branches se couvraient de pétales roses bercés par la douce brise et les oiseaux qui voltigeaient entre les arbres. Rainbow Dash n’entendait aucun son de récolte de pommes, ce qui était aussi irritant que perturbant. Rainbow ne savait pas si Applejack avait quelque chose contre les arbres, ou si c’était le genre de chose qu’elle faisait pour s’amuser dans une ferme, mais Applejack était toujours en train de frapper dans des arbres. C’était comme son seul hobby. Cela semblait impossible que le printemps soit si idiot pour empêcher Applejack de frapper de arbres. Mais cela semblait être le cas.

Même après s’être envolée dans le ciel, tout ce que pouvait voir Rainbow Dash était une grosse soupe de pommiers en fleurs partout où elle regardait. Elle ne voyait aucune Applejack. Alors Rainbow volait en faisant des cercles à travers le verger, en scrutant le sol.

Après des jours, peut-être des semaines, Rainbow remarqua une tâche orange dans le verger et vola droit vers elle.

En s’approchant, elle vit que la tâche était Applejack. Et aussi qu’Applejack tenait une grosse paire de ciseaux dans ses sabots et coupait des branches. N’importe quel autre jour, Rainbow aurait félicité son amie d’avoir compris l’intérêt de passer des sabots aux outils dans sa quête pour maltraiter ses pommiers d’une façon plus créative. Mais aujourd’hui, Rainbow grimaça juste.

Applejack la salua en voyant Dash arriver. « S’lut, Rainbow ! »

Dash atterrit derrière l’outil d’Applejack et grogna. « Pourquoi tu ne récoltes pas des pommes ? Ça m’a pris un temps fou pour te trouver.

-Ça sert à rien de récolter des pommes quand il n’y en a pas, dit Applejack. On élague seulement les arbres aujourd’hui. »

Rainbow Dash regarda les arbres et constata qu’ils n’avaient, en fait, aucune pomme sur eux. Pauvre Applejack. Elle devait encore plus détester le printemps qu’elle. Qu’était Applejack sans ses pommes ?

Juste Jack, et personne ne voulait ça.

« Désolé pour cette perte, dit solennellement Rainbow Dash.

-Quoi ?

-Peu importe, reprit Dash, l’œil toujours noir. J’ai besoin d’une de tes charrettes, et ne me demande pas pourquoi. »

Applejack cligna des yeux un long moment, avant qu’un sourire narquois se fasse visible. « C’est à propos de la prise de bec que tu as eue avec Rarity hier soir ?

-Non, répondit rapidement Dash. Et tu n’as pas le droit de me demander pourquoi j’en ai besoin. Et puis comment tu sais ça ?

-J’étais là.

-Peu importe, redit Dash. Où sont les charrettes ? »

Applejack ouvrit la bouche, puis hésita. « C’est la première fois que vous vous battez ?

-On s’en fiche. »

Applejack acquiesça. « C’est ce que je pensais. Je ne me ferais pas de souci. La première semble toujours la pire, car on croit que tout est gâché, mais il n’y a pas à s’en faire. Les couples se battent parfois. Ça fait partie de la vie à deux. Toi et Rarity, vous vous en sortirez. Vous vous aimez trop pour rester sur ça.

-Eh bien… » Rainbow frappa le sol. « Merci.

-Quand tu veux. » Le sourire d’Applejack réapparut. « Et je pense que c’était très mignon que tu aies travaillé aussi dur pour que le printemps soit en avance pour son anniversaire. Ça a dû la rendre heureuse.

-Je ne l’ai pas fait pour elle », murmura Dash.

Applejack rit. « Bien sûr que non. Les charrettes sont devant la grange. Assure-toi de les ramener quand tu auras fini. Et bonne chance.

-Merci », dit Dash en s’envolant. Elle s’assura de reprendre son regard noir lorsqu’elle serait loin d’Applejack.

Applejack était la meilleure, mais elle pensa que Jack pouvait être cool aussi.

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Rainbow Dash marcha d’un pas lourd vers le marché de Poneyville, tirant une charrette pleine de fleurs blanches derrière elle, mais elle avait du mal à conserver son regard noir.

Roseluck ne l'avait pas laissée acheter toutes ses fleurs, même si Rainbow était presque sûre qu’aucune loi ne l’interdisait. Après tout, c’était une loi stupide. Et Rainbow Dash ne suit pas les règles stupides.

Au lieu d’une charrette remplie de chaque espèce de fleur, Rainbow Dash tirait une charrette remplie d’une seule espèce de fleur. Roseluck avait dit que c’était des garden… trucs. Le nom importait peu. Roseluck avait aussi insisté que les gardén-trucs était les fleurs préférées de Rarity. Rainbow se fichait de ce que Rarity préférait, mais elle pensait que Roseluck connaissait mieux les fleurs qu’elle. Quand un serveur lui avait recommandé la salade de tomates au basilic parce que les patates avaient ratées, Rainbow avait poliment décliné et commandé des frites de foin. Son estomac était robuste. Quand Roseluck lui recommanda les gardén-trucs, Rainbow Dash argumenta un peu, et comprit qu’elle n’avait pas assez d’argent pour acheter toutes les fleurs du stand, et s’accorda raisonnablement sur le fait que les gardén-trucs étaient le meilleur choix. Roseluck les avaient même arrangés en petits bouquets pour elle.

En tournant son regard vers eux, Dash remarqua que les gardén-trucs ressemblaient à Rarity dans une drôle d’allégorie. Parce que Rainbow Dash savait ce qu’était une allégorie, et elle frappa très fort du sabot pour le prouver. Les gardén-trucs étaient d’une blancheur pure, le même que le pelage de Rarity, et leurs pétales était soyeuses. Elles étaient magnifiques, vraiment. Rainbow Dash se demanda si Rarity elle-même ne les avait pas créées. Tout ce que créait Rarity était magnifique.

Les robes de Rarity fascinaient Rainbow Dash. Enfin, pas les robes, Rainbow se fichait des robes, mais la façon de créer des robes la fascinait. Les habiletés artistiques de Rainbow se limitaient à de pauvres dessins. Mais avec juste un peu d’inspiration et quelques étoffes, Rarity créait de l’art. Chaque jour, en partant de rien, Rarity rendait le monde magnifique, et le faisait avec autant de confiance et d’assurance que les Wonderbolts. Quelque fois, Rainbow Dash souhaitait être aussi confiante en faisant ses cascades que l’était Rarity en créant des robes.

« C’est vraiment c- », commença à dire Dash, mais elle se tourna et réalisa qu’elle était seule, et elle se tut.

La pire chose à propos des gardén-trucs était qu’elles sentaient comme les parfums fleuris que Rarity portait toujours. Chaque jour que Rainbow Dash se déconcentrait, elle sentait les fleurs et pensait que Rarity marchait derrière elle, et Dash se retournait pour lui dire quelque chose, mais ne trouvait aucun signe de Rarity. Et Rainbow Dash soupirait et continuait de marcher d’un pas lourd, mais elle ne pouvait plus lancer son regard noir.

Rainbow Dash arriva au Sugarcube Corner et repensa à sa dispute avec Rarity.

Pour une raison inconnue, elle commença à se sentir mal.

Rarity était classe et sophistiquée, mais pas d’une manière classe et sophistiquée agaçante. Elle était classe et sophistiquée mais d’une manière classe. Rarity était talentueuse, et elle savait cela. N’importe quoi qui pouvait la voir marcher ou parler pouvait immédiatement en conclure qu’elle était talentueuse. Rainbow Dash souhaitait vraiment savoir comment faire ça, comment transpirer la confiance à chaque pas, tout le temps, chaque seconde, chaque jour.

Rarity n’était pas quelqu’un de prude, aussi. Rainbow Dash l’avait prouvé lors de la nuit qui suivit l’anniversaire de Rarity, quand celle-ci l’avait remerciée pour son cadeau. Rarity portait beaucoup de maquillage, et son visage était mignon, aussi.

Rainbow Dash marcha vers les tables de la terrasse du Sugarcube Corner, où se trouvait une douzaine de poneys dégustant des confiseries, souriants et appréciant le printemps que leur avait donné Rainbow Dash. Certains poneys étaient vraiment ingrats, pensa Dash, et elle cracha au sol.

Pas ces poneys, parce qu’ils continuaient à sourire et saluaient Dash pour leur montrer leur gratitude. Mais certains poneys…

Elle entra dans le Sugarcube Corner, sa charrette toujours derrière elle. Elle mit du temps pour lui faire passer la porte, mais heureusement, Rainbow Dash était au moins dix fois plus intelligente qu’une porte normale, et après un petit effort et un gros grincement, ils étaient tous deux à l’intérieur.

« Rainbow Dash ! sourit Mme Cake derrière son comptoir. Je suis si heureuse que tu sois là. Le temps est magnifique ! On devrait fêter la Fin de l’Hiver plus tôt chaque année. »

Rainbow Dash grommela et trotta vers le comptoir. Elle ne vit personne derrière Mme Cake. Elle pensa que Mr Cake était en cuisine, et que tout le monde mangeait dehors.

Mme Cake jeta un œil vers la charrette, son sourire se faisant plus discret. « Et tu as amené…une carriole dans notre boulangerie. Et cassé la porte d’entrée. C’est… bien. Puis-je te demander ce que fait cette carriole ici ?

-Pour transporter des trucs, répondit Dash.

-Bien sûr, acquiesça Mme Cake, qui sourit à nouveau. Qu’est-ce tu veux, chérie ? »

Dash regarda l’étagère derrière le comptoir. Bien disposés, elle vit des tartes, strudels, éclairs, croissants, macarons, gâteaux, chocolats, bonbons, fudges, cookies, cupcakes, muffins, donuts et une douzaine d’autres pâtisseries dont elle ignorait les noms.

« Tout », dit Rainbow Dash.

Le sourire de Mme Cake disparut. « Tout ?

-Tout.

-Tu veux dire que tu veux un échantillon de chaque ?

-Non, dit Dash. Je veux dire que je les veux toutes.

-Une de chaque ?

-Toutes les pâtisseries. »

Mme Cake recula de quelque pas et plissa les yeux. « Tu te sens bien, chérie ?

-J’ai faim, dit Dash. Et encore plus pour des chocolats de la St-Valentin, si vous en avez encore. Si possible en forme de cœurs. J’ai vraiment faim de cœurs. »

« Oh, répondit Mme Cake. C’est pour Rarity, n’est-ce pas ?

-Non, répliqua Rainbow Dash. C’est pour moi. »

Mme Cake rit. « Chérie, personne n’achète des chocolats de St-Valentin pour soi-même.

-Eh bien, c’est pour… mon chinchilla. »

Bien sûr que Rainbow Dash avait un chinchilla. Il s’appelait Grégory. Elle l’avait adopté dans une animalerie à Canterlot. Il était pourpre, mais elle ne l’avait pas vu depuis des années, alors elle ne savait plus très bien de quelle couleur il était aujourd’hui. Sa nourriture favorite était les chocolats de St-Valentin en forme de cœurs. Il ne mangeait quasiment que ça.

« Qu’est-ce qu’un chinchilla ? demanda Mme Cake.

-Un chien en forme de carotte. »

Mme Cake la fixa pendant un long moment.

Rainbow Dash se mordit la lèvre.

« Bien, dit finalement Mme Cake. Rarity commande chaque mois des sfogliatella à la cannelle. Elle dit toujours que c’est un cadeau qu’elle se fait. Je suis sûre qu’elle serait heureuse que quelqu’un lui en offre comme cadeau.

-Je me fiche de ce qu’aime Rarity, grommela Dash.

-Je vais aller en préparer, dit Mme Cake, souriant comme si elle savait quelque chose que Rainbow Dash ignorait. Il faut du temps pour en faire, alors j’espère que ça ne te dérange pas d’attendre. »

Rainbow Dash soupira. « J’imagine que non. »

Mme Cake hocha la tête et s’en alla vers la cuisine.

« Attendez, dit Dash.

-Oui ? » demanda Mme Cake.

Rainbow Dash lui tendit une des bouquets de gardén-trucs. « Merci.

-Pas de problème, chérie », répliqua Mme Cake, souriant et trottant vers la cuisine.

Rainbow Dash se détacha de la charrette, s’assit dans une chaise, et se que demanda ce qu’était un sfogliatella. Ça sonnait comme une espèce extraterrestre de nourriture. Peut-être que c’était des extraterrestre. Cuits et enrobés de chocolat. Rainbow commençait à se sentir un peu excitée. Elle n’avait jamais mangé d’extraterrestre avant.

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Rainbow Dash se hâta en direction de la bijouterie, mais elle ne pouvait plus marcher d’un pas lourd. Elle se douta que c’était à cause du poids de la charrette. C’était beaucoup de travail de faire ça et de lancer des regards noirs tout en tirant une lourde charrette. Mme Cake avait emballé une douzaine de pâtisseries et les avait mises entre les bouquets. Pour sa plus grande déception, Rainbow découvrit que les sfogliatella n’étaient pas des petits aliens enrobés de chocolat. C’était juste de gros donuts en forme de coquillages. Ils coûtaient chers, et Mme Cake dit que seuls quelques poneys en ville en commandaient ici et là. Rainbow Dash voulut en goûter un, mais elle se freina. Ils n’étaient pas pour elle.

Rarity n’utilisait jamais de coquillages sur ses robes, car elle disait que c’était ringard. Mais elle en utilisait dans sa nourriture. Rainbow n’était pas sûre de ce que voulait dire le mot ringard pour Rarity, mais ça ne semblait pas très appétissant. En tout cas pas de la façon dont le disait Rarity. Et la voix de Rarity pouvait rendre n’importe quoi appétissant. Rainbow Dash imagina Rarity lui susurrer des mots comme « fromage grillé » et « girafe » de sa voix chantante, rieuse et séductrice. Soudain, Rainbow Dash voulait vraiment manger du fromage grillé et de la girafe.

Alors que Rainbow Dash ne marchait pas d’un pas lourd, elle passa devant des dizaines de couples traînant ensemble. C’est comme si chaque poney qu’elle croisait avait quelqu’un avec lui. Ils étaient tout autour, se câlinant et s’embrassant, marchant côte à côté, se disant des blagues, riant, écoutant les oiseaux, et se relaxant dans les rayons du soleil. Tous devant Rainbow Dash, comme s’ils s’en fichaient si elle les voyait.

Rainbow Dash faisait la moue. Aucune charrette n’était assez lourde pour l’empêcher de faire la moue.

Elle n’avait pas amené ces oiseaux et le soleil avec ce printemps pour eux. Elle l’avait fait pour elle et Rarity, et personne d’autre. Si elle et Rarity ne pouvaient pas en profiter, personne d’autre ne le devrait. Ça serait la moindre des choses. Auraient-ils mangé le gâteau d’anniversaire d’un poney si celui-ci était mort étouffé en mangeant un sandwich au fromage grillé avant qu’il ait pu en manger une bouchée ? Ce serait honteux. Mais Rainbow savait qu’aucun d’entre eux ne s’arrêterait et rentrerait chez lui, même si c’était impoli, et elle souhaita avoir quelqu’un avec qui marcher, elle aussi.

Elle fit comme si Rarity était avec elle. Avec ces gardén-trucs parfumés, elle pouvait presque se convaincre que Rarity était vraiment tout près, en tout cas tant qu’elle ne tournait pas sa tête pour regarder. Elle fit comme si Rarity et elle pouvaient parler et blaguer ensemble comme elle le faisait habituellement, comme si elles ne s’étaient jamais disputées. Occasionnellement, elle fit comme si elle donnait des petits câlins à Rarity lorsque personne ne regardait. Et des petits baisers, aussi. Des vraiment tout petits. C’était à peine des baisers, vraiment.

Alors qu’elle s’amusait à faire comme si, Rainbow Dash réalisa quelque chose. Elle n’aurait vraiment pas dû dire à tout le monde qu’elle et Rarity avaient couché ensemble, surtout lorsque Rarity lui avait spécifiquement demandé de n’en parler à personne, car elles ne sortaient ensemble que depuis quelques semaines et Rarity disait que personne ne voulait qu’on pense qu’elle était « ce genre de jument ».

Rainbow Dash ne savait pas de quel « genre de jument » elle parlait, mais c’était évident qu’elle et Rarity étaient « ce genre de jument », car elles avaient couché ensemble. Si elle et Rarity étaient ce genre de jument, Rainbow pensait que ce genre de jument devait être un genre de jument géniale, parce qu’elle et Rarity étaient toutes deux géniales. Mais Rarity ne pensait pas qu’être ce genre de jument était géniale, et Rainbow Dash savait qu’elle aurait dû respecter ça.

Rainbow savait aussi qu’elle n’aurait pas dû le dire devant toutes ses amies. Et les parents de Rarity. Et Sweetie Belle. Le tout pendant le dîner qu’avait organisé, préparé et cuisiné Rarity pour tous. Rarity avait travaillé très dur pour que ce dîner soit parfait, et il avait été parfait, jusqu’à ce que Rainbow Dash ouvre sa bouche.

Plus que tout, pensa-t-elle, Rainbow savait qu’elle n’aurait pas dû aller aussi loin à propos des choses qu'elle et Rarity avaient faites ensemble. Les bruitages de Rainbow pour rendre vivante cette description avaient eu un effet dévastateur.

Ce n’était pas comme si Rainbow Dash l’avait fait ex-

Non. C’était faux. Rainbow avait prévu de le dire à tout le monde durant ce dîner, et elle avait aussi prévu que ce serait la toute première chose qu’elle dirait. Elle avait même préparé à l’avance ses bruitages. Tout avait été fait exprès.

Pourquoi est-ce que Rainbow Dash voulait que tout le monde sache ce qu’elle et Rarity avaient fait ensemble ? Rainbow voulait le dire au plus de poneys possible. Elle voulait l’écrire dans le ciel. Parce qu’elle sortait avec Rarity ! Elle était la plus sexy, intelligente et talentueuse jument de Poneyville. Probablement de tout Equestria. Et maintenant, pour la première fois, Rainbow Dash savait qu’elles sortaient ensemble pour de vrai, au lieu de jouer. Parce qu’il était difficile de dire où s’arrêtaient les amies et où commençaient les petites amies, mais elle savait que les amies s’arrêtaient devant la chambre à coucher.

Rarity ne sortait pas avec n’importe qui. Elle avait des standards ? Et d’une façon ou d’une autre, de tous les poneys, Rainbow Dash rentrait dans ses standards ! Ce n’était pas une aventure d’une nuit. Elles sortaient ensembles depuis des semaines. Rainbow rentrait tellement bien dans les standards de Rarity qu’elles avaient même couché ensemble. Rainbow pensa que c’était la chose la plus excitante qui lui était arrivé. Bien sûr Rainbow voulait dire à tous ceux qu’elle connaissait ce qui était arrivé la nuit précédente, et elle prépara quelques bruitages pour l’accompagner. Comme lorsqu’elle apprenait une nouvelle cascade, et c’était mieux que n’importe quelle stupide cascade.

Mais Rarity lui avait dit de ne pas le faire, et ça voulait que dire que Rainbow Dash n’aurait pas dû.

Rainbow Dash soupira et traîna sa charrette. Elle ne pouvait même plus faire la moue.

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« Vous ne pouvez pas tout acheter », dit l’étalon prétentieux qui se tenait derrière le comptoir à la bijouterie. Rainbow Dash pouvait dire qu’il était prétentieux car il portait une cravate, et seuls les étalons prétentieux portaient une cravate. Rainbow détestait les étalons prétentieux. Excepté Rarity. Et elle n’était même pas un étalon.

« Et les charrettes sont interdites dans le magasin, ajouta-t-il avec un grognement digne d’un étalon prétentieux.

-Eh bien, c’est déjà à l’intérieur. » Rainbow Dash désigna les vitrines remplies de colliers scintillants, bracelets et boucles d’oreilles autour d’eux. « Et je peux tous les acheter, alors commencez à les charger.

-Je peux vous assurer que vous ne pouvez pas.

-Je suis amie avec, genre, toutes les princesses, répondit Dash. Et si je les appelais pour leur demander de venir ici et de réduire votre stupide petit magasin en un petit trou encore plus stupide ? »

Il la défia avec un regard mesquin. « Oui. Pourquoi ne le faites-vous pas ? Prenez votre temps.

-Je vais le faire ! cria-t-elle.

-J’attendrai », dit-il.

Rainbow Dash fronça les yeux et se demanda s’il était raisonnable de trouver une des princesses pour détruire la bijouterie. Probablement pas. Elles lui devaient une faveur, quand même. Peut-être que la Princesse Luna pouvait venir le secouer jusqu’à ce qu’il accepte de lui donner tous ses bijoux. Est-ce que les faveurs des princesses royales incluaient la destruction et le vol ?

« Bien, dit-il, couvrant un bâillement avec son sabot. Vous allez appeler vos amies princesses ?

-Vous savez qui je suis ? demanda Dash.

-Certainement pas.

-Vous ne lisez jamais les journaux ? Parce que je suis carrément dedans. »

Il fit un geste de dégoût comme si Dash lui avait suggéré de se jeter tête la première dans une flaque d’eau. « Je ne lis pas les journaux. Ce sont des sales publications écrits par des roturiers sales sur rien d’autre que la saleté habituelle. Il n’y a aucun honneur à s’associer avec un journal. »

Rainbow Dash roula des yeux. « Peu importe. J’ai des pièces et des choses à faire alors mettez les trucs brillants dans la charrette.

-Vous avez des pièces, n’est-ce pas ? demanda l’étalon, riant dans sa barbe et pointant son sabot vers un collier particulièrement brillant derrière la vitrine. Combien pensez-vous que coûte ce collier ? »

Rainbow Dash s’approcha de la vitrine. Le collier qu’il avait pointé était assez gros pour couvrir le torse d’un poney. Ça ressemblait plus à un t-shirt qu’à un collier. Les diamants en recouvraient chaque centimètre, et les couches de diamants le faisaient briller comme la surface d’un lac durant une nuit étoilée. Ça semblait lourd. Rainbow Dash essayait d’imaginer voler avec. Ça devait être fait pour s’entraîner. Pour améliorer son endurance, peut-être. « Cent pièces ? » tenta-t-elle.

« Dix-huit mille, ricana l’étalon prétentieux. Maintenant, croyez-vous toujours avoir assez de pièces pour acheter chaque objet du magasin ? En avez-vous ne serait-ce qu’assez pour un seul collier ?

-Pourquoi est-ce que vous avez un truc aussi cher ? demanda Dash. Quand est-ce que quelqu’un va vouloir acheter ça ? »

Il ricana de plus belle. « Peut-être si quelqu’un qui a de la classe visite cette ville. Maintenant, avez-vous de quoi payer ? Ou voudriez-vous vérifier votre compte en banque d’abord ?

-Il y a une banque à Poneyville ?

-Avez-vous de quoi payer ou non ?

-Non », admit Rainbow Dash. Elle soupira et déposa son sac de pièces sur le comptoir. « Qu’est-ce que je peux avoir pour ça ? Il me faut quelque chose, même si c’est petit. »

L’étalon ricana une nouvelle fois en comptant les pièces. « Si c’est tout ce que vous avez, vous pourrez seulement acheter des objets défectueux. Nous les gardons ici. »

Il pointa derrière lui, et Rainbow Dash se tourna pour voir une vitrine derrière la porte, plus petite que les autres. Elle trotta pour examiner ce qu’elle contenait. Rainbow vit du rouge, du bleu, du vert, du violet, de l’orange, sur des colliers, boucles d’oreilles ou bracelets. La plupart d’entre eux semblaient déformés ou cassés. Rainbow n’avait aucune idée de ce à quoi ressemblait un bon bijou, et elle savait encore moins ce qui rendait un bracelet meilleur qu’un autre, et elle ignorait encore plus lesquels rendraient heureuse une jument qui les recevrait en tant que cadeau. Elle avait eu de la chance avec Roseluck et Mme Cake. Les deux savaient ce que voulait Dash, mais cette fois, c’était à elle de se débrouiller.

Alors qu’elle s’apprêtait à abandonner, l’un des colliers lui attira le regard. C’était un petit saphir pendant au bout d’une simple chaîne en argent. Mais le saphir ressemblait tellement aux yeux de Rarity que Rainbow Dash se sentait un peu moins seule rien qu’en le regardant. Elle n’y connaissait rien en bijouterie, mais elle aurait aimé avoir celui-là. Peut-être quelqu’un d’autre aussi.

Elle tapa du sabot sur la glace et pointa le collier de saphir. « Je prends celui-là.

-Excellent choix », dit l’étalon, en souriant pour la première fois.

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Rainbow Dash fit un pas dehors. Le temps était beaucoup plus frais que lorsqu’elle était entrée dans la bijouterie, et elle remarqua des nuages qu’elle n’avait pas vus avant. Elle mit le collier dans la charrette et le posa entre les fleurs et les pâtisseries, comme ça, si quelqu’un creusait à travers le chariot pour prendre les fleurs et les pâtisseries, il trouverait le collier par surprise. Rainbow sourit en y pensant et commença à trotter en avant, la charrette toujours derrière elle. Puis elle s’arrêta. Elle ne savait pas où aller ensuite.

Non, elle comprit, c’était pire que ça. Elle savait exactement où aller. C’est juste qu’elle ne voulait pas y aller.

Ce n’était pas même pas vrai, vraiment. Elle voulait y aller. Plus que tout. Elle ne voulait être nulle part ailleurs. Mais elle ne savait pas si elle devait, ou si assez de temps était passé, ou si elle saurait quoi dire lorsqu’elle y serait.

Rainbow Dash se retourna et prit le collier. Elle le tendit pour voir les rayons du soleil refléter le saphir de sa lumière bleu. Le simple fait de le regarder lui faisait du bien. Alors qu’elle l’enroula autour de son sabot, elle se souvint un principe de plus, celui-là plus important que les autres.

Elle devait s’excuser auprès de Rarity.

C’était une heureuse coïncidence qu’elle ait acheté toutes ces choses qu’aimait Rarity. Un vrai coup de chance. Quelles en étaient les probabilités ?

Les gardén-trucs et les non-aliens-en-chocolat et le collier rendraient Rarity heureuse, et Rainbow Dash souhaitait faire quelque chose pour rendre Rarity heureuse. Et les poneys étaient censés offrir des cadeaux à leurs petites amies pour se faire pardonner, non ? Rarity devait probablement penser cela.

« Hey, boss ! » cria une voix.

Rainbow Dash regarda sans s’arrêter, et vit Flitter glisser vers elle.

« Vous êtes pressée, hein ? demanda Flitter, tourbillonnant autour d’elle et s’adaptant à la vitesse de Dash. Vous essayez de vous abriter avant que la pluie n’arrive ?

-Quelle pluie ? » demanda la pégase arc-en-ciel. Aucune pluie n’était prévue avant la semaine suivante.

« L’orage que vous avez demandé de créer ce matin, répondit Flitter. Et j’aimerais signaler que je suis la seule membre de l’équipe météo à avoir pris votre ordre au sérieux. J’ai dû le créer moi-même. J’ai noté le nom de tous les poneys qui ne m’ont pas aidée afin que vous puissiez leur passer un savon, ricana Flitter. Mais ça vaudra le coup quand on verra tous ces stupides poneys transis d’amour être trempés pendant leur petite virée printanière, c’est pas vrai, boss ? »

Rainbow Dash s’arrêta net, si soudainement qu’elle faillit être dépassée par la charrette qui roulait toujours. « Tu n’as pas fait ça. »

Flitter acquiesça. « Je l’ai fait. Ça ne va pas être joli à voir. J’ai amené les plus gros nuages de pluie que j’ai pu trouver. J’en ai même pris quelques-uns de la forêt Everfree. On va gâcher la journée de quelques poneys. C’est la chose la plus cool que vous nous ayez demandé de faire. Vous avez mon respect pour, genre, l’éternité. Ça va être tordant !

-Pourquoi tu as fait ça ? demanda Rainbow Dash. Je ne t’ai jamais dit de le faire.

-Si, vous l’avez, répondit Flitter qui la cita. Et quelqu’un doit donner une bonne leçon à tous ces poneys, parce que d’autres veulent pouvoir marcher sans avoir à voir d’autres poneys se bisouter, et peut-être que ce n’est pas juste pour eux car ils ne veulent pas qu’on leur rappelle constamment qu’ils sont seuls parce que leur petit ami les a quitté pour aller s’installer avec un étalon à Canterlot. »

Rainbow Dash cligna des yeux. « Je ne t’ai pas demandé de faire ça ?

-Vous l’avez fait, insista Flitter. Je me souviens exactement de ce que vous avez dit. Vous avez déboulé dans le bureau météo ce matin même si vous n’étiez pas au planning aujourd’hui et avez hurlé à tout le monde que vous détestiez le printemps et que vous vouliez que l’on prépare le pire orage que Poneyville ait jamais vu pour que tous ces poneys prétentieux ne puissent plus en profiter. Et c’est exactement ce que j’ai fait. Vous êtes la bienvenue, par ailleurs. »

Rainbow Dash se maudit. Elle disait des choses stupides parfois. Pourquoi Cloudsdale l’avait-elle chargée de s’occuper de la météo d’une ville entière ? C’était plus leur faute que la sienne. Le Bureau central de la Météo aurait dû le savoir mieux que quiconque. Elle irait leur dire un mot ou deux sur la bonne délégation des responsabilités la prochaine fois qu’elle irait à Cloudsdale.

« Tu dois l’arrêter ! cria Dash. Je ne veux plus de cet orage.

-C’est un peu tard pour ça, dit Flitter, qui tourna le regard vers la charrette. Hey, c’est quoi toutes ces fleurs ?

-Quand l’orage est-il supposé démarrer ? »

Flitter haussa les épaules et leva le sabot vers le ciel.

Rainbow Dash leva les yeux et vit les nuages qu’elles avaient remarqué plus tôt, cette fois de plus en plus nombreux, et étaient-ils aussi sombres avant ?

Comme pour répondre à sa question, une goutte de pluie lui tomba droit dans l’œil. Puis ce qui devait être un million, non, un milliard d’autres gouttes tomba autour d’elles, trempant instantanément Rainbow Dash, sa charrette, et tout Poneyville.

« Tu veux que je te trouve un parapluie ? » demanda Flitter, criant pour se faire entendre à cause de la pluie.

Rainbow Dash soupira et commença à reprendre sa route vers le Carousel Boutique, cette fois plus lentement.

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Rainbow Dash avançait d’un pas lent à travers les rues boueuses. La pluie était plus fine maintenant, mais elle avait déjà trempé sa crinière, sa fourrure, ses os, son cerveau et sa charrette. L’eau de pluie remplissait à ras bord le chariot, qui ballottait et éclaboussait de tous côtés chaque fois que les roues frappaient une bosse ou un rocher.

Les gardén-trucs étaient ruinés, les non-aliens-en-chocolat étaient immangeables, et le collier s’était probablement perdu. Mais au moins, le Carousel Boutique était juste à un pâté de maison.

Rainbow Dash dépassa lentement le dernier bâtiment et s’arrêta en face de la Boutique. Normalement, elle aurait volé à travers l’une des fenêtres du deuxième étage. Rarity la laissait souvent ouverte pour elle. Mais elle était probablement fermée, et Rainbow ne savait pas comment y faire rentrer la charrette de toute façon. Mais, sans les fleurs ou les pâtisseries ou le collier, quel était l’intérêt ? Rarity ne lui pardonnerait jamais juste parce qu’elle dirait qu’elle était désolée.

Mais Rarity était l’intérêt, pensa Dash, et se trouva soudainement debout devant la porte avant de comprendre qu’elle avait fait le premier pas. Elle frappa très fort.

« Je m’excuse, mais la Boutique est fermée pour l’après-midi, dit Rarity de là où elle se trouvait à l’intérieur. Vous êtes le bienvenu demain.

-Rarity, c’est moi », dit à son tour Dash, en frappant encore.

Rarity ne répondit pas.

Dash frappa encore. « S’il te plaît, ouvre-moi. »

Rarity ne répondait toujours pas.

« Allez, Rarity, s’il te plaît ! »

Aucune réponse.

Dash frappa une fois de plus. Et Rarity ne répondait toujours pas.

« S’il te plaît ? dit Dash, trop discrètement pour que Rarity puisse l’entendre, et posa son front contre la porte mouillée. Je suis désolée, et il pleut, et je suis vraiment désolée, et toutes tes fleurs sont ruinées, et je suis vraiment, vraiment désolée. »

Rarity ne répondait toujours pas, et Rainbow Dash soupira.

« Je suis désolée », dit encore Rainbow, qui commença à s’en aller.

La porte s’ouvrit soudainement. Rarity se tenait là, avec un regard sec.

Mais quand Rarity eut une vision pleine de son visage trempé, fatigué et boueux, ses traits se firent plus doux. « Oh, darling, dit Rarity. Tu es affreuse. Viens à l’intérieur avant que tu attrapes froid. »

Rainbow Dash acquiesça et commença à entrer.

Mais Rarity la stoppa avec un sabot. « S’il te plaît, laisse ta charrette dehors.

-C’est important, répliqua Dash. Je dois vraiment l’amener à l’intérieur. »

Rarity regarda entre Rainbow et la charrette, et soupira. « Si tu insistes, dit-elle en faisant léviter une partie de l’eau qui remplissait la charrette, avant de la répandre au sol. Mais laisse-la à la porte. »

Rainbow Dash fit un pas à l’intérieur, tirant la charrette derrière elle. La chaleur du Carousel Boutique la frappa, et commençait immédiatement à faire sécher son pelage trempé, puis ce fut l’odeur du Carousel qui la frappa ensuite. La Boutique sentait toujours les parfums, le thé aux herbes, et le tissu neuf. Ça sentait comme à la maison.

« Tu es affreuse, dit Rarity, en s’inquiétant de la crinière ruisselante de Rainbow. Tu dois te sentir misérable. Qu’est-ce que tu faisais dans cet orage ?

-Je venais te voir, répondit Dash.

-Oh darling… Rarity fit léviter quelques serviettes derrière elle. Laisse-moi te sécher ».

Rainbow Dash reconnut les serviettes. C’était ce qu’appelait Rarity « ses draps. » Elle ne laissait jamais Rainbow Dash les toucher, et ne les utilisait qu’exceptionnellement, comme durant des dîners où elle avait travaillé dur pour ses amies et sa famille.

Rainbow recula. « Ne les utilise pas. Je suis boueuse. Je vais les ruiner.

-J’utilise les serviettes que je veux, dit Rarity. Je les ruine si je veux. Maintenant, ne bouge pas. »

Rainbow Dash abdiqua. Rarity frotta les serviettes, aussi douces que de la soie, à travers sa crinière et sur sa fourrure. Elle s’attaqua à la nuque de Dash puis sa poitrine et puis ses ailes dans des doux et réconfortants cercles. Rarity chauffait les serviettes avec sa magie pendant qu’elle travaillait, afin que Dash se réchauffe pendant qu’elle séchait. Dash ferma les yeux pendant un petit moment, faisait comme si tout allait bien.

Rarity travaillait vite et bien. Quand elle eut fini, Rainbow Dash était réchauffée et sèche, sa crinière était toute frisée, et les serviettes pleines de boue.

Rarity grimaça quand elle vit le résultat, mais flotta les serviettes vers la cuisine avec un petit sourire. « Tu veux quelque chose ? demanda-t-elle. Tu as froid ? Tu voudrais une couverture, ou du thé chaud ? »

Rainbow Dash secoua la tête.

« Eh bien, je- Oh, Rarity s’avança vers la charrette. Elle sortit un bouquet trempé et ramolli de cette mare. Ce sont des gardénias ?

-C’étaient », répondit Dash.

Rarity les renifla. « C’est une honte qu’elles aient été prises dans l’orage. Les gardénias sont mes fleurs préférées.

-Ouais… dit Rainbow Dash. Les miennes aussi.

-Et qu’est-ce que c’est que ça ? demanda Rarity, pêchant une des pâtisseries hors de la charrette. C’est un sfogliatella ?

-J’imagine.

-Mon Dieu, s’écria Rarity, en en sortant une douzaine d’autres. Combien en as-tu acheté ? Ça a dû te coûter une fortune. »

Rainbow Dash grimaça.

Rarity scruta les flaques d’eau au fond du chariot, se pencha et plissa les yeux. « Je pense qu’il y a quelque chose qui brille là-dedans. »

Rainbow baissa les yeux.

Les yeux de Rarity s’illuminèrent lorsqu’elle sortit le collier hors du chariot. Elle le leva dans les airs, et l’eau coula hors du saphir, tandis que les lumières de la Boutique le faisaient scintiller. Elle regarda Dash. « Qu’est-ce que c’est ?

-Euh, je… » Rainbow Dash garda les yeux baissés. « Je pensais qu’il ressemblait à tes yeux. Tu n’as pas à le porter si tu ne veux pas.

-C’est pour moi ? demanda Rarity.

-Mais tu n’as pas besoin de le porter si tu ne veux pas.

-C’est ravissant, dit Rarity en le mettant autour de son cou. Bien sûr que je vais le porter. Merci. »

Dash sourit un peu. « Ouais…

-Tout cela était pour moi, n’est-ce pas ? demanda Rarity, en désignant la charrette.

« Ouais, acquiesça Dash. Mais tout a été trempé. C’est un peu de ma faute, aussi. Je suis désolée.

-Rainbow, dit Rarity, trottant vers elle, le saphir oscillant autour de son cou, sa couleur une parfaite réplique des yeux bleus de Rarity. Pourquoi diable as-tu acheté tout ça pour moi ?

-Parce que je voulais te dire que j’étais désolée », répondit simplement Dash.

Rarity secoua la tête. « Chérie, tu n’as pas besoin de m’acheter des choses pour me demander pardon.

« Si, il le fallait, insista Dash. Parce que je t’ai embarrassée et ruiné ton dîner et crié sur toi, et j’ai tout gâché, et je suis désolée.

-J’apprécie le geste. Vraiment, mais je t’assure que tu n’auras jamais besoin de m’acheter des choses pour te faire pardonner, sourit Rarity. Merci quand même. C’était vraiment gentil de ta part. Je te pardonne. »

Rainbow Dash s’attendait à ce que Rarity la gronde à nouveau, lui crie dessus ou quoi que ce soit d’autre qui ne soit pas bon signe.

Mais Rarity se retourna et commençait à s’éloigner d’elle. « Voudrais-tu m’aider à faire un petit nettoyage de printemps ? demanda-t-elle, en jetant un œil par-dessus l’épaule. Je pensais prendre un bain, mais ça peut attendre. »

Rainbow Dash cligna des yeux, toujours figée.

« Rainbow Dash ? demanda Rarity, en se retournant. Quelque chose ne va pas ?

-C’est tout ? demanda Rainbow Dash

-Quoi, c’est tout ?

-C’est tout ce que tu as à dire ?! cria Rainbow Dash. Tu vas me pardonner juste comme ça ? Et tu ne vas pas me crier dessus ?

-Bien sûr que non. Qu’est-ce qui te le fait penser ?

-C’était notre première dispute, dit Dash. Et je t’ai dit des choses vraiment horribles. »

Rarity trotta vers elle. « Je mentirais si je ne disais pas que c’est aussi un peu de ma faute, et que j’ai aussi dit des choses blessantes. Maintenant que j’y repense, c’est moi qui devrais m’excuser. Je suis désolée. J’espère que tu pourras me pardonner. »

Rainbow Dash cligna encore ses yeux, et Rarity lui fit une caresse avec son museau.

« C’est mieux ? » demanda Rarity.

Rainbow Dash secoua sa tête. « C’est encore pire ! Tu n’as pas à t’excuser. Ça gâche tout. Ça ne peut pas s’arrêter là. J’y ai pensé toute la journée. Ça doit être plus que ça ! Tu ne te sens pas encore en colère ?

-Je ne le suis plus, et il n’y a pas eu mort de poney, répliqua Rarity. Pour être honnête, je suis seulement confuse, confuse parce que tu n’as rien sur ça au départ. Comment as-tu pu penser un seul instant que c’était convenable de parler de ça devant ma petite sœur ? Et mes parents ! Et ces bruits que tu as faits ! Je me demande ce qui t’est passé par la tête.

-C’est juste que… » Rainbow baissa les yeux.

« Juste que quoi ?

-Je voulais le dire aux gens, dit doucement Dash.

-Mais tu aurais pu leur dire autre chose. N’importe quoi qui soit plus convenable que ce que nous faisons toutes les deux au lit. Tu aurais pu parler de n’importe quoi d’autre sauf de ça, et tu as choisi de parler de ça. Je ne comprends pas. Tu aurais pu parler de tout autre chose hier soir.

-Non, Dash secoua sa tête. Rien d’autre ne leur aurait montré que nous sommes ensemble. »

Rarity leva un sourcil. « Qu’est-ce que tu veux dire ? Nous sommes ensemble depuis des semaines, et tout le monde le sait.

-Je ne le savais pas, dit Dash. Je veux dire, je sais qu’on sort beaucoup ensemble et je sais que tu m’aimes, ce qui est vraiment excitant, parce qu’aucun poney aussi beau ou intelligent que toi ne m’a jamais aimé avant. D’habitude, ce sont des imbéciles. Mais on n’a rien fait ensemble que l’on n’aurait pas pu faire en tant qu’amies, à part coucher ensemble, et ce n’est même pas ce qui est le plus important. Je pensais juste, je ne sais pas, que tu t’ennuyais ou quelque chose comme ça. Et même j’étais très heureuse, je n’ai dit à personne ce qu’il y avait entre nous, parce que je pensais que tu t’ennuyais et qu’on ne sortirait jamais ensemble pour de vrai, et tout le monde se serait moqué de moi en pensant que quelqu’un d’aussi incroyable que toi m’aimait, et tout le monde penserait que je serais une idiote. »

Rarity fronça les yeux. « Je n’aurais j-

-Mais on a fait ça ! cria Dash, toutes ailes dehors. On a fait ça, et je savais qu’on n’était pas seulement des amies, parce que les amies ne font pas ça. J’étais sûre que Rarity était ma petite amie ! Avec toi ! Tu es la plus belle, talentueuse et incroyable poney que j’aie jamais rencontrée, et je suis ta petite amie ! Je sais que tu m’as dit de ne le dire à personne, et je suis désolée. Mais c’est la meilleure chose qui me soit arrivée, et je devais le dire à tout le monde. Parce qu’on est ensemble, pour de vrai, on est vraiment ensemble, et je voulais que tout le monde le sache. Je suis désolée, mais je devais leur dire. Je ne pouvais pas cacher quelqu’un chose d’aussi bien. »

Rarity resta figée un long moment, l’air un peu confuse, pendant que Rainbow Dash attendait avec anxiété une éventuelle réponse.

« Je suis vraiment désolée », dit Dash.

Rarity rit, un rire chantant et heureux. « Tu agis comme une dure, dit-elle. Mais tu es vraiment la plus douce des poneys, n’est-ce pas ?

-Non, je ne le suis pas, répondit Dash.

-Si tu l’es, dit Rarity, qui l’embrassa sur la joue. Et c’est magnifique. Tu es vraiment adorable et douce.

-Je suis toujours une dure à cuire, grommela Dash.

-Bien sûr que tu l’es, rit Rarity, mais ensuite son visage se durcit. Et maintenant, nous devons mettre les choses au clair. Primo, nous sommes ensemble. Je peux te l’assurer. Je t’aime, et je veux être avec toi pour très longtemps. Deuzio, je suis excitée d’être avec toi, moi aussi. Parce que tu es Rainbow Dash, la pégase la plus rapide d’Equestria, la prochaine Wonderbolt, et je suis ta petite amie. Je veux aussi dire aux autres poneys que nous sommes ensemble, et je veux que tu le dise aux autres.

-Oh cool, parce que-

-Mais pas à propos de ça, continua Rarity, dit-elle en lui donnant un coup de coude. C’est quelque chose que je veux garder uniquement pour nous, et personne d’autre. Je veux partager cette partie de ma vie avec toi, et seulement toi. Personne d’autre. Tu comprends ce que je veux dire. »

Dash grimaça et acquiesça. « Ouais.

-Et je ne veux surtout pas que tu parles de ça devant mes parents ou ma petite sœur, dit Rarity en fixant Dash avec un regard ferme.

-Eh, ouais, rougit Dash. J’ai compris. Pas de parents ni de sœurs. Et, euh, on est toujours un couple, hein ? »

Rarity sourit et s’avança, et toutes deux pressèrent leurs lèvres ensemble dans un long, chaud et doux baiser. « Qu’est-ce que tu en penses ? demanda Rarity, après que les lèvres se séparèrent.

-Je pense que c’est oui, dit Dash. Et je pense que je me sentirais mieux si tu me le disais. »

Rarity rit, et enroula son sabot autour de son cou pour l’enlacer. « On l’est. Je suis ta petite amie, et je vais le rester très longtemps. »

La tension et l’anxiété quittèrent Dash comme l’avait fait l’eau de pluie plus tôt, laissant place au bonheur. Elle s’affala contre Rarity et soupira. « Merci.

-Absolument. » Rarity se blottit contre elle. « Y’a-t-il quelque chose d’autre qui t’inquiète ?

-Je te pardonne aussi », dit doucement Dash, profitant de la chaleur de l’étreinte de Rarity. Elle savait depuis toujours que Rarity lui pardonnerait. Elle savait qu’elle y arriverait. Le collier avait visé juste, comme elle l’avait pensé, et elle n’avait même pas besoin des fleurs et des pâtisseries. Rarity était trop chic pour être achetée avec des fleurs et des pâtisseries. Les colliers aident, quand même.

« Merci, sourit Rarity en passant un sabot sur la joue de Dash. J’imagine que je devrais faire quelque chose pour te remercier pour ce collier, n’est-ce pas ?

-Non, ça va. C’était un cadeau.

-Oh. » Le sourire de Rarity disparut, pour mieux réapparaître très rapidement. « Bien tu dois toujours avoir froid, non ? Je pensais prendre un bain chaud, et je suis prête à le partager avec quelqu’un, si tu veux bien.

-Nope, répliqua Dash en secouant sa tête. Je n’ai plus froid du tout. Ces serviettes étaient super. Je peux t’aider à nettoyer, si tu veux.

-Je ne pense pas que tu comprennes », dit Rarity. Elle se pencha et embrassa Dash sur la joue, et ses lèvres s’y attardèrent. « Tu es sûre que tu n’as pas froid ?

-Non, vraiment pas », répondit Dash. Et elle ne l’était pas. Elle se sentait parfaitement réchauffée, surtout avec Rarity qui l’enlaçait et qui mordillait légèrement son cou. Vraiment, Rainbow Dash n’aimait pas particulièrement les bains. Elle était plus du genre à prendre une douche. Mais ce n’était pas le moment d’en parler. Elle et Rarity en arriveraient là quand leur relation serait plus profonde.

Rarity arrêta de la mordiller, roula des yeux, et recula. « D’accord, bien… » Elle se concentra et prit la flaque d’eau au pied de la charrette avec sa magie, avant de lui faire prendre la forme d’une balle.

« Qu’est-ce que tu fais ? » demanda Dash.

Rarity eut un sourire narquois et lévitait la balle d’eau au-dessus de la pégase.

« Euh, Rarity ? »

Rarity lâcha la boule d’eau, ce qui trempa immédiatement Rainbow Dash avec de l’eau de pluie froide, une fois de plus.

« Argh ! cria Dash, recrachant de l’eau. Pourquoi tu as fais ça ?

-Maintenant, tu as froid, expliqua Rarity J’imagine que tu vas devoir partager ce bain chaud avec moi.

-Non, j’ai besoin d’une autre serviette, répondit Dash, en essayant de secouer l’eau hors de sa crinière. C’est quoi ton problème ? »

Rarity se pencha vers l’oreille de Rainbow. « Darling, murmura-t-elle, s’il te plaît, comprends-moi. Je veux partager un bain chaud avec toi pour t’aider à te réchauffer. »

Les yeux de Dash s’illuminèrent. « Attends, tu veux dire que… ? »

Rarity grimaça d’une manière peu recommandée pour une dame et acquiesça.

Rainbow Dash galopa à toute vitesse les marches vers la salle de bain. Elle avait toujours aimé les bains. Le bain était la plus grande invention de l’histoire des poneys. Elle disait souvent qu’aucun poney n’était vraiment propre s’il n’avait pas pris au moins sept bains par jour. Et elle n’en avait toujours pas pris un aujourd’hui ! Elle devait aller dans la baignoire dès que possible !

Elle entendit Rarity trotter derrière, riant doucement.