Traducteur : Usui
Relecteur : AxHell
« Maman, on est arrivé ?
Madonna soupira. C'était au moins la dix-septième fois que l'enfant posait la question, bien qu'il était arrivé un moment où elle avait cessé de tenir un compte précis. « Tu verras quand on y sera, mon petit. »
« A quoi ça va ressembler ? Je parie qu'il y aura de gros rochers ! Et des runens aussi ! Partout !
-Tu parles des runes, ou des ruines ?
-Maman, j'ai soif. Je peux avoir du chocolat au lait ?
-Tu as pensé à garder ta tasse ? »
L'enfant secoua la tête. « Je l'ai perdue.
-Je t'avais dit de faire attention à cette tasse. Je n'ai pas des réserves infinies de magie, mon petit.
-Mais si t'en avais ? Il pourrait alors pleuvoir du chocolat au lait ! Et on pourrait nager dans des lacs remplis de chocolat au lait ! Et tu pourrais nous faire beaucoup, beaucoup de maisons, maman ! Quand je serais grand, j'aurais une réserve infinie de magie. Et je te construirais beaucoup de maisons et on aura pas à marcher nulle part car il y aura des roues sur l'herbe ! Et elles rouleront toutes seules, en montant !
-Oui, je suis certaine que cela arrivera. » fit Madonna, le Fondement de la Maternité, son cœur se remplissant subitement de chagrin. Il ne grandirait jamais.
Si le rituel fonctionnait, les draconequus accéderaient à un nouveau plan d'existence, pour devenir magie pure. Ce qui signifiait en un sens que son fils aurait une réserve illimitée de magie, tout comme elle, ainsi que ceux qui restaient dans leur race. Mais tous les autres étaient de vrais adultes, avec des principes établis définissant leur véritable nature. Son fils était trop jeune pour avoir un fondement. Il serait la Règle de l'Enfance, puisqu'au moment où ils effectueraient leur ascension, laissant leurs corps derrières, ils ne changeraient plus pour l'éternité. Il ne serait jamais un adulte. Il n'aurait jamais de principe autre que celui de son âge.
Je vous en prie, pourquoi ce doit être maintenant ? Murmura-t-elle à son intention. Ne pouvait-il pas avoir davantage de temps...
Mais elle le savait mieux que personne. Les poneys les avaient repoussés de leurs maisons, encore et encore, jusqu'à atteindre une région trop petite pour contenir nombre d'entre eux. La seule raison pour laquelle on lui avait permis d'avoir un enfant résidait dans le fait qu'elle était le fondement de la maternité, et aucun draconequus ne gênerait l'exercice du principe d'un des leurs. Elle avait cinq enfants, mais chacun d'eux était devenu adulte avant qu'elle ne fut autorisée à en avoir un autre, et elle était la seule restante à se reproduire.
La voie de l'harmonie était arrivée trop tard à eux. Ils étaient une espèce chimérique, à l'instar des griffons et des pégases, avec des têtes et des torses de poneys et les parties basses des dragons. Étant mi-poneys, mi-dragons, ils étaient forcément omnivores, ayant besoin dans leur régime de protéines animales ou de prudents mélanges de légumes afin de survivre. Ils n'étaient pas aussi puissants en termes de magie que les licornes (leur magie pouvait être puissante, mais elle demandait des rituels minutieux pour être conjurée), ni aussi féroces que les dragons et contrairement à ces derniers, ils ne pouvaient ni manger des gemmes, ni survivre au feu. Pendant des millénaires, leur intelligence, leur capacité à marcher de façon bipède, l’usage de leurs griffes comme outils, et leurs compétences en tant que prédateurs les avaient rendu dominants, et ils réduisaient cruellement les autres espèce du monde à de la nourriture. Mais les dragons étaient plus coriaces et cruels, et les poneys étaient davantage magiques et pouvaient travailler dans une harmonie proche les uns des autres. Une fois les races équines unies, la chute de la race draconequuine était inévitable.
Même dans une période aussi récente que l'enfance de son dernier fils, celui qui était à présent le fondement de la vitesse, ils mangeaient encore la chair d'autres êtres vivants, même s'ils avaient lutté pour comprendre l'harmonie avec les autres espèces. A présent, ils rejetaient le fait de manger de la viande comme l'horreur que cela était, mais c'était trop tard. Les poneys les traitaient en monstres, et les repoussèrent, craignant ces prédateurs. Ce qui n'aurait pas été si terrible si les poneys ne s'étendaient pas aussi, leur territoire s'agrandissant rapidement le long de la terre. Les draconequui pouvaient subvenir à leurs besoins de façon non-létale grâce au lait et aux œufs non fertilisés, mais aucune vache ne leur vendait du lait, et en général, toute tentative se soldait par la vache appelant des poneys à l'aide . Les poules non plus ne toléraient pas leur présence. Pendant un temps, ils avaient été capables de coexister paisiblement avec les chèvres, vu que les poneys les avaient amené à se réfugier dans les montagnes où elles vivaient, mais un jour, un jeune imbécile avait tué et dévoré une chèvre, et à présent celles-ci ne les aidaient plus également. En tant que nomades, constamment expulsés de leurs maisons, ils ne pouvaient pas cultiver les légumes dont ils avaient besoin, et de plus, les poneys terrestres avaient aspiré en eux énormément de magie naturelle de la terre, aussi la nourriture ne pousserait pas sur les terres trop proches des poneys à moins que les terrestres ne les cultivent.
Ils mourraient de faim.
« Maman, désolé d'avoir perdu ma tasse. Tu peux m'en faire une nouvelle ? J'y ferai attention cette fois, promis !
-C'est ce que tu as dit pour la dernière.
-Mais je promets de chez promets ! C'est promis, juré, craché ! S'illllllllllllllll-te-plaît.... »
Elle soupira. « Bon, d'accord. » Elle ne pouvait refuser de nourrir son enfant. Il était l'unique draconequus pur, le seul à n'avoir pas été entaché en mangeant la chair d'autres créatures. Elle l'avait allaité aussi longtemps qu'elle le pouvait et lorsqu'elle fut à sec, elle avait appris à invoquer du lait de vache pour lui, l'adoucissant par la suite avec du sucre et du chocolat puisque leurs vies étaient si difficiles et que la vie d'un petit draconequus n'était pas vraiment joyeuse. Elle se souvenait de sa propre enfance, dans une maison, et avec trois repas par jour, ainsi qu'un village rempli de ceux de son espèce, ainsi que des jouets, des livres, des jeux et des camarades. Son enfant n'avait rien eu de cela. Comme tous les enfants, il s'adaptait : il ne savait pas ce qu'il manquait, alors il s'amusait comme il pouvait et il appréciait cela. Mais elle savait ce qu'il ratait, et le fait qu'elle ne pouvait lui offrir une enfance comme la sienne blessait toujours profondément son cœur.
Un draconequus pouvait seulement lancer des magies spontanées en relation avec son principe. Elle pouvait invoquer du lait pour son fils, et non pour elle ou son peuple. Elle mourrait de faim, mais elle faisait en sorte qu'il ne soit jamais affamé.
Elle s'agenouilla et saisit l'herbe à l'aide de ses griffes, la tissant de façon à lui donner une forme proche d'une tasse. La forme se transforma, avec un simple mouvement de griffe, en une tasse où son petit pouvait boire. Puis elle se releva et marcha en direction du courant qu'ils longeaient, avant de tremper et remplir la tasse.
« Maman, pourquoi t'as besoin de transformer l'eau en lait ? Pourquoi tu peux pas transformer l'herbe en lait ? Ou les nuages ? Ou les rochers ? Ou l'air ?
-Les choses doivent en devenir d'autres, mon petit, répondit-elle. La magie a ses limites. Je ne peux absolument pas faire apparaître pour toi une tasse depuis les airs, ni changer un rocher en un liquide que tu puisses boire.
-C'est stupide. Quand je serais grand, je changerais tous les rochers en liquides qu'on peut boire ! Et comme ça, plus personne n'aura soif, même quand l'eau a un sale goût !
-Je suis sûre que tu le feras.
-Peux-tu changer tout le cours d'eau en chocolat au lait, maman ? Mais alors, dans quoi les poissons nageraient ? J'imagine qu'ils ne peuvent pas respirer dans du chocolat au lait. Je ne veux pas être un poisson parce que tout ce qu'ils ont à boire est ce qu'ils respirent et si tout ce que j'avais à boire était de l'air, j'aurais soif tout le temps ! En plus, ils n'auront jamais de chocolat au lait. Quand je serais grand, j'aurais un poisson comme animal domestique et utiliserais la magie pour qu'il soit capable de nager dans le chocolat au lait !
-Tiens. » Elle avait terminé son invocation, respirant avec difficulté, et lui avait donné la tasse. Il engloutit le chocolat au lait avec impatience. « Ne la perds pas cette fois.
-Je le referais plus. » Il laissa rapidement tomber le verre. « Hé, hé, il y a des rochers brillants par là ! Des rochers brillants ! Maman, est-ce que ce sont des gemmes ? Est-ce qu'on peut les déterrer pour les donner aux dragons pour qu'ils vous donnent plus de nourriture ?
-Non, ce n'en sont pas. Elles brillent juste.
-Elles sont jolies. Je peux en déterrer ? Je veux te les donner, maman.
-Je n'en veux pas franchement et en plus, nous devons nous rendre au cercle rituel.
-C'est encore loin ? Mes pieds me font mal.
-Ce n'est plus très loin.
-D'accord ! fit-il en partant devant.
-Mon petit! Ta tasse ! » Il l'ignora, dans sa folle poursuite vers quelque chose d'imaginaire. Madonna soupira et récupéra la tasse. C'était mieux qu'elle la transporte de tout manière.
Elle suivit son fils en haut de la montagne avant de s'arrêter, troublée par la bordure d'une forêt. Où était-il parti ? « Mon petit ! Où es-tu ? » Il était si petit. Les dragons tentaient rarement de croquer un draconequus adulte, mais les enfants n'étaient pas à l'abri. Même les griffons pouvaient occasionnellement essayer d'attraper et de dévorer un bambin. « Mon petit !
-Bouh ! » Il sauta sur son dos du haut d'un arbre. Elle poussa un cri tandis qu'il grimpait à l'arrière, avant de s'enrouler autour de son cou en rigolant. « Je t'ai fait peur, maman !
-Tu viens à l'instant de sauter d'un arbre là ?
-Je volais ! Annonça-t-il tout en lâchant le dos. Regarde, maman, regarde, je sais voler ! » Il grimpa sur un arbre, y plongeant les griffes avant de bondir sur une branche en battant frénétiquement ses petites ailes de dragon. Ce n'était pas tant du vol qu'une chute en partie contrôlée, et la peur faisait monter son cœur dans la gorge, mais ses cris étaient ceux que l'on poussait de joie et d'excitation, et il riait en atterrissant. « T'as vu, t'as vu ?
-Mon petit. Ne saute pas des arbres ! Tu ne sais pas encore voler correctement !
-Mais je vais devenir plus fort ! Quand je serais grand, je volerais jusqu'au soleil ! »
Il ne grandirait jamais.
Il ne saurait jamais voler correctement.
Il serait un enfant divin pour toute l'éternité, mais la chair lui permettant de courir, de sauter et de voler aurait disparue. Elle réprima quelques larmes. C'était égoïste, vraiment égoïste de sa part de désirer qu'il ait le temps de grandir dans ce monde, alors que son peuple était affamé, qu'il ne restait que peu d'entre eux, et qu'ils avaient besoin de ça, il fallait qu'ils abandonnent ce monde ainsi que leur chair faible et mortelle.
« Viens, mon enfant. Nous devons atteindre le sommet de la montagne avant le coucher du soleil. »
Tandis qu'elle se mit à marcher péniblement, il trottina derrière elle à quatre pattes afin d'aller plus vite. « Maman, pourquoi nous sommes à moitié poney et dragon, et pas d'autres animaux ?
-C'est comme ça, mon petit.
-Mais je veux avoir des plumes comme un griffon ou un pégase !
-Tes ailes sont celles des dragons. Elles n'ont pas de plumes.
-Mais je veux des plumes !
-Ce que tu veux n'importe pas à la réalité. Il faut que tu apprennes à vivre avec ce que tu as.
-Nan, nan ! Quand je serais grand, j'aurais des plumes ! Et je volerais vers le soleil et la lune !
-Continuons de marcher. On a encore du chemin à faire.
-Je veux être tous les animaux. Sauf le poisson.
-Hmm-mm.
-Maman, regarde, j'ai trouvé un bâton magique !
-C'est un bout de bois.
-C'est un bâton magique ! Je te jette un sort, arbre ! Maintenant, tu es une maison! Oh, je suis une si belle maison avec tant de pièces ! Venez vivre à l'intérieur de moi, je ferais pousser des meubles ! D'accord, je vais vivre à l'intérieur de toi, mais tu te rappelles bien que tu dois faire pousser une tasse pour moi ? Oui, des tonnes et des tonnes de tasse !
-Mon enfant, laisse cet arbre. On a encore du chemin à parcourir.
-Mais mes pieds me font mal.
-Grimpe sur mon dos alors. »
Il sauta à nouveau de l'arbre, puis vola sur son dos. « Je suis un pégase, j'ai des plumes ! Je vais voler sur des kilomètres, encore plus de kilomètres, toujours plus de kilomètres !
-Je suis certaine que tu y arriveras.
-Maman, tu es un bateau. Yarr ! Je suis le roi des pirates ! Je navigue sur l'océan pour trouver mon trésor !
-Mon enfant, arrête de remuer comme ça, tu vas tomber de mon dos et où seras-tu alors ?
-Sur le sol, pensa-t-il. A moins que je tombe à l'envers. Dans ce cas, je serais dans le ciel.
-S'il-te-plaît, tais-toi. Tu donnes la migraine à maman. »
Il se tut pendant environ trente secondes, puis sauta de son dos avant de gambader en direction du courant. « Maman, maman, je vois des poissons !
-Oui, oui, il y a des poissons. » Sa bouche en salivait. La voie de l'harmonie. C'était mal de manger la chair de créatures vivantes. Mais oh, oh si elle pouvait seulement avoir ce poisson dans ses griffes, elle n'aurait même pas besoin de le cuisiner, oh le goût délicieux du poisson, si tendre... elle serrait les dents, elle n'abandonnerait pas face à la faim. Elle devait être un exemple pour son fils. La voie de l'harmonie.
« Je peux en avoir un comme animal de compagnie, maman ? Je peux ? »
Madonna le dévisagea. Même en connaissant les habitudes de son enfant, c'était une requête ridicule. « Non. Tu ne peux pas. Comment pourrais-tu même le transporter ?
-Dans ma tasse !
-Et comment ferais-tu dans ce cas quand tu voudrais du chocolat au lait ? »
Son visage s'assombrit : « Oh, c'est vrai. ». Puis il eut l'illumination. « Mais si j'avais deux tasses ?
-NON, TU NE PEUX PAS AVOIR UN POISSON COMME ANIMAL DOMESTIQUE.
-Je peux quand même avoir deux tasses ?
-NON !
-Je peux avoir un peu plus de chocolat au lait !
-NON... oh oui, oui, ça tu peux. Elle trempa à nouveau l'eau, avant de conjurer une fois encore le lait. Elle s'affaiblissait. Faire de la magie avec un estomac à moitié vide et uniquement rempli de baies et de racines bouillies, sans compter qu'il n'y en avait pas assez était vraiment éreintant.
Il but le tout en deux grandes gorgées, en ayant une quantité considérable sur l'intégralité de son visage. Puis il étreignit la jambe de sa mère : « Je t'aime, maman.
-Je t'aime aussi, mon enfant. Grimpons maintenant la montagne. »
* * *
Lorsqu'ils atteignirent le lieu du rituel, elle était épuisée. Son enfant semblait avoir une énergie sans limite, en dépit de la longue marche. « Regarde, des runens ! Et des gros rochers ! Comme je le pensais ! Je suis très malin, maman.
-C'est vrai.
-C'est courtois de ta part de te joindre à nous, Madonna, déclara Mastery, le fondement du contrôle. Tous les autres draconequui étaient déjà là, et cela faisait déjà apparemment un bout de temps. Bien entendu, aucun d'eux n'avait à amener un enfant en haut de la montagne.
Thanks, le fondement de la gratitude, exprima avec sincérité leurs sentiments : « Nous savons tous à quel point cela est difficile pour toi, avec le fardeau que représente cet enfant. Nous apprécions tes efforts pour parvenir ici avant le coucher du soleil. On devrait avoir beaucoup de temps pour le rituel.
-Plus qu'assez, je pense, annonça le fils aîné de Madonna, Hermès, le principe de la vitesse. Commençons !
-Viens, mon petit, fit celle-ci en poussant son petit garçon vers l'avant. Tiens ma main. »
Il s'assit entre sa mère et son grand frère, tenant leurs mains, tandis que Mastery entonnait le chant.
« Il faut que j'aille aux toilettes.
-Oh, c'est pas vrai... » Madonna se leva, brisant le cercle rituel. « Je vous prie de m'excuser. » Elle guida son fils vers des buissons broussailleux.
Tandis qu'il faisait ses besoins, son regard s'attarda sur un affleurement de quartz. « Maman ! C'est quoi ça ? C'est du verre ? Du verre pousse sur la montagne, maman !
-Ce n'est pas du verre. C'est un type de roche.
-C'est une gemme ?
-Oui, mais elle n'est pas puissante.
-Je vais la déterrer ! » Il s'éloigna de sa mère et courut vers l'affleurement de quartz.
« Petit ! » Elle pouvait sentir le regard désapprobateur des autres draconequui sur elle. La survie de leur espèce était en jeu, et son fils essayait de déterrer des roches. « C'est sérieux ! Reviens dans le cercle !
-Mais c'est ennuuuuuuuuyeux.
-Mais il faut le faire. Tu dois faire parti du rituel. Tu ne veux pas être banni, n'est-ce pas ? »
Autrefois, les draconequui mettaient leurs criminels en prison. Ils n'avaient à présent plus de place pour les prisons, et n'en ressentaient désormais plus le besoin. Tout draconequus commettant un crime si terrible qu'il ou elle ne pouvait plus faire partie intégrante de leur société était rejeté, on leur refusait nourriture, abri et la compagnie des autres draconequui. C'était généralement une sentence de mort ; le monde était devenu un lieu vraiment très hostile pour un draconequus solitaire. « Non ! »
Elle détestait le menacer ainsi, mais il s'agissait là de leur survie à tous. « Alors, il faut que tu t'asseyes avec moi pour le rituel. »
Madonna le reconduisit au cercle rituel. « Si nous pouvons recommencer sans interruption cette fois. » fit d'un ton acerbe Mastery.
Ils se tinrent les mains. Ils débutèrent à nouveau le chant. Le petit garçon n'en connaissait pas les paroles, aussi il essayait de suivre le mouvement au départ, mais au bout d'un moment il en eut apparemment assez, et commença à chanter à voix haute. Madonna ne savait pas comment il pouvait avoir une chanson dans la tête avec le rythme du chant, mais la sienne interrompit leur rythme, rendant impossible la poursuite du chant. « Madonna, calme ton enfant maintenant.
« Mon petit, tu ne peux pas chanter ici !
-Mais ça m'ennuuuuuuie !
-Tu ne peux pas chanter quand même. Attends. » Elle se releva et dénicha un rocher ainsi qu'un bâton près du lit de la rivière et les rapporta « Dessine des images dans le sol avec ça. » Il ne tiendrait pas leurs mains, mais elle pouvait le faire avec Hermès et il suffirait qu'ils prennent ses mains lorsque le rituel atteindrait le stade où le cercle devrait être impérativement fermé.
Pendant plusieurs minutes, ils chantèrent. Madonna sentit le pouvoir se former au long des paroles, comme elle sentit également les runes s'enflammer d'énergie magique.
Et puis : « Maman! Regarde ce que j'ai dessiné ! J'ai fait un dessin de toi, maman ! »
La puissance se tarit. Le rituel était brisé. « Petit, ce n'est pas le moment ! » hurla Madonna, consciente du furieux regard désapprobateur de chaque autre membre de la race draconequus.
Les yeux de son enfant se remplirent de larmes. « Mais maman, je l'ai fait pour toi…
-Tu ne peux pas déranger maman pendant le rituel, petit !
-Le rituel est ennuyeux ! Je déteste le rituel ! Stupide rituel ennuyeux ! » L'enfant donna un coup de pied dans le rocher.... qui toucha au ventre Tinker, le fondement de l'invention, étant donné qu'ils étaient bien entendu en cercle et que n'importe quelle direction dans laquelle il aurait donné le coup de pied aurait pu potentiellement toucher un autre draconequus.
« Aïe ! » Tinker se leva, furieux. « Madonna, je vais construire une cage pour ce garçon si tu ne peux pas le contrôler !
-Je suis désolée ! Je suis sûre qu'il n'en a pas fait exprès. » Elle attrapa son fils. « Petit ! Excuse-toi tout de suite auprès de Tinker !
-Pardon, Tinker, s'excusa le garçon. Je ne voulais pas taper le rocher vers toi. C'était un accident.
-Et bien, tu ferais mieux d'être plus prudent, petit ! » Lança sèchement Tinker.
Le visage de l'enfant devint rouge de colère : « Ben, peut-être que si vous faisiez pas tous un stupide rituel ennuyeux, je n'aurais pas à être plus prudent !
-Petit ! Tu te tais maintenant ! Ordonna d'un ton sec Madonna.
-Je m'ennuie ! Je m'ennuie ! Je m'ennuie et je déteste ce stupide rituel et quand je serais grand, je ferais exploser tous les rituels et y aura plus jamais d'autres rituels stupides ennuyeux ! Je déteste ça, je déteste ça, je déteste ça !
-Fais le taire ou c'est moi qui m'en charge » fit froidement Mastery.
Madonna frémit en comprenant le sous-entendu. Avec le sort de leur espèce en jeu... Mastery pouvait très bien sérieusement la menacer de tuer son enfant parce qu'il interrompait le rituel. « Petit, viens là. Tu n'as pas à faire partie du stupide rituel ennuyeux. Maman t'appellera lorsqu'il faudra que tu y sois. Tu peux aller jouer.
-Oh, d'accord. » Et ainsi, la tempête de colère furieuse disparut de son visage et il souriait à nouveau de toutes ses dents comme le soleil. « Youpi ! Je suis un chat, je chasse les souris ! »
Elle le laissa courir autour, jouant à des jeux d'imagination tout en regagnant le rituel. Ils devait bien sûr repartir du début ; l'interruption avait coupé la magie, et ils devaient la construire à nouveau.
Une fois de plus, elle s'abandonna au chant, ondulant entre Hermès et Fidelis, le fondement de la loyauté. Une fois encore elle sentit la puissance s'assembler, montant en elle, dans les runes, dans les paroles, se construisant de plus en plus vers l'apothéose, en direction du moment où elle appellerait son fils à elle et où ils iraient tous....
« Maman ! J'ai attrapé un écureuil ! Je peux le garder ? »
Si l'un des autres draconequui avait était le principe de tuer rien qu'au regard, elle et son fils seraient morts à présent, pensa Madonna. « Non, tu ne peux pas !
-Madonna....lança froidement Mastery.
-Ecoute. » Elle enleva l'écureuil de ses pattes, laissant partir l'animal terrifié, avant d'invoquer pour son enfant une autre tasse de chocolat au lait, avec un léger calmant dedans. Il ferait peut-être la sieste. En tout cas, ça devrait calmer son hyper-activité et le laisser assis suffisamment longtemps pour que le rituel s'accomplisse. « Bois ça, mon enfant, et reste assis. Là-bas, sur ce rocher.
-Mais je vais m'embêter.
-Regarde les nuages alors. Ne sont-ils pas magnifiques ? Que penses-tu qu'ils puissent représenter ?
-Celui-ci ressemble à un lapinou !
-Madonna. »
Elle se retourna. Il s'agissait de Mastery, et Postulate, le principe de la logique. « Je suis vraiment désolée. Je vais tenter de faire en sorte qu'il se repose un moment, et...
-Ce n'est pas nécessaire, dit avec douceur Postulate.
-Madonna, ton fils a clairement identifié son fondement, expliqua Mastery. Il a brisé le rythme du rituel plusieurs fois.
-Ses fantaisies ne se plient à aucune forme de logique, révéla Postulate. Depuis le début.
-Il n'obéit à aucune règle. Il rompt tout motif. Nous avons identifié ton fils comme le fondement du chaos et de la disharmonie, et le nom que nous lui décernons est Discord. »
Madonna les dévisagea : « … Quoi ? » Est-ce que cela faisait si longtemps qu'il n'y avait pas eu d'autres enfants ? Son garçon était un enfant turbulent, imaginatif et hyper-actif, mais c'était normal, de nombreux enfants de son âge se comportaient de la sorte, ou tout du moins à l'époque où il y en avait. « Mais non ! C'est juste un enfant !
-Hermès n'était pas aussi perturbateur, fit sévèrement Mastery. Pareil pour Vector. Tout comme Channel. Tu as eu beaucoup d'enfants, Madonna. Seul lui apporte autant de chaos.
-Je veux pas être Discord, intervint le garçon, prêtant davantage d'attention à la conversation qu'il ne le devrait. « Je veux être le principe de l'amusement ! Comme ça je m'amuserais tout le temps !
-Ce comportement est normal pour des enfants ! Pourquoi n'arrivez-vous pas à vous souvenir du temps où il y en avait davantage ? Demanda Madonna. Certes, tous les enfants ne sont pas aussi surexcités que lui, mais cela ne fait pas de lui un être anormal ! Ça ne fait pas de lui le fondement du chaos ! Comment pouvez-vous même donner un fondement à un enfant ? Il est beaucoup trop jeune !
-Je pourrais m'appeler Funnest ! J'utiliserais ma magie pour rendre tout amusant ! Comme ça, il n'y aura plus aucun rituel ennuyeux !
-S'il effectue l'ascension, il ne grandira jamais, rappela Postulate. Ce principe qu'il incarne actuellement, il le représentera pour toujours une fois là-haut.
-Les règles s'appliquent toujours, annonça Mastery. Il est Discord. Et nous n'avons pas besoin d'avoir dans nos rangs le chaos et la disharmonie au cours de notre ascension.
-Ou je pourrais être le principe du vol et je serais le meilleur voltigeur existant et j'aurais des plumes comme un pégase. Je pourrais m'appeler Feathery !
-Vous n'êtes pas sérieux. Vous...vous dites que vous ne le laisserez pas effectuer l'ascension à nos côtés ?
-On ne peut pas, dit Postulate avec tristesse. La puissance de l'ascension dépend de l'harmonie. Il est la disharmonie. Il l'a prouvé en interrompant sans cesse le rituel.
-Il fait ça parce que c'est un enfant qui veut de l'attention !
-Peu importe pourquoi il le fait, il le fait quand même, rétorqua Mastery. Il ne peut effectuer l'ascension avec nous.
-Moi non plus, alors ! Cria Madonna. Si vous rejetez mon fils, vous pouvez m'exclure aussi ! Je ne monterais pas sans lui !
-Maman? Maman, ils vont me bannir ? Maman, je veux pas être banni ! »
Elle l'enlaça dans ses bras. « Non, mon chéri, personne ne te bannira.
-Il ne peut monter, répéta Mastery.
-Mais il faut que tu sois là, déclara Postulate. Sans le principe de la maternité, nous n'aurons pas la capacité de générer la vie. Une divinité doit contenir en elle ce fondement. Si tu ne montes pas avec nous, Madonna, nous sommes perdus.
-Choisis, ordonna Mastery. Nous comprenons que tu sois le fondement maternel, mais tu as quatre autres enfant draconequui qui sont adultes maintenant. Trahiras-tu leur ascension pour sauver le garçon, Discord ? Détruiras-tu notre race entière pour le bien de ton plus jeune fils ? »
Des larmes coulèrent des yeux de Madonna au moment où son fils commença à gémir. Discord comprenait vraisemblablement la majeure partie de la conversation, malgré son âge. « Maman, je veux pas être banni, sanglota-t-il en s'accrochant à elle. Me laisse pas, maman, me laisse pas. »
Le cœur de la mère se remplit de haine contre Mastery, qui ne paraissait pas capable se se souvenir de ce à quoi ressemblaient les enfants ordinaires, qui condamnait tout bonnement son fils parce qu'il était un petit garçon turbulent. Mais son fondement était le contrôle. Si elle refusait directement, il pouvait toujours la contraindre avec sa magie.
Alors elle devrait mentir.
« Je ne te quitterais jamais, mon petit, fit-elle en le caressant. Personne ne te bannira. Mais le rituel est trop ennuyeux pour toi, tu le sais. Je veux que tu t'allonges et que tu fasses une sieste, d'accord ? Dès que nous arriverons à la bonne partie, je te réveillerais et tu pourras nous rejoindre.
-D'ac...d'accord. »
Elle lui donna une autre tasse de chocolat au lait drogué et le berça jusqu'à ce qu'il fut endormi, puis le déposa sur le rocher. « C'est bon, je suis prête, déclara-t-elle gravement. J'accomplirai mon devoir.
-Tu sais que tu ne peux pas le réveiller pour qu'il nous rejoigne, rappela calmement Postulate.
-Je sais que si je ne lui avais pas dit ça, les interruptions qu'il avait provoqué jusque là auraient été le cadet de nos soucis, dit-elle. Il dormira. »
Jusqu'à ce qu'elle vienne le réveiller. Parce que le rituel atteindrait un point où il aurait amassé suffisamment de puissance où rien ne viendrait plus le perturber, ne pouvant plus être brisé que si Mastery quittait le motif. Elle mentait, mais pas à son fils.
Elle embrassa son front. Dors, Discord. Je te réveillerai quand tu pourras nous rejoindre. Peu m'importe ce qu'a dit Mastery. Tu es mon fils. Je ne t'abandonnerai pas.
Elle revint, et le rituel recommença.
A nouveau, le pouvoir s'empila. Une fois de plus, elle le sentit se déverser en elle pendant leur chant, la magie remuant dans son corps, chaotique et sauvage, prête à être dressée par son fondement et transformé en elle. Tout comme chacun d'eux se transformerait. Ils se rejoindraient, devenant un seul esprit supérieur formé de nombreux esprits, principes continus et pourtant séparés, contenant en eux tout ce qu'était chaque draconequus vivant. Ils serait des dieux, des créatures de magie pure.
Madonna désirait cela. Une fin à la faim, aux luttes constantes, à la peur. Une fin à l'impuissance. Mais pas sans son fils. Il méritait cela autant que les autres. N'avait-il pas souffert ? N'était-il pas né seul, sans camarades de son âge, sans jouets autres que ce qu'ils trouvaient dans leurs voyages, sans stabilité, ni sécurité ? Ne méritait-il donc pas ce qu’ils comptaient garder pour eux ? Elle ne lui avait pas donné la vie dans ce monde pour le délaisser, même s'il était le fondement que Mastery prétendait.
Et qu'est-ce que ça changeait qu'il soit le chaos et la disharmonie ? Si c'était sa vraie nature (puisque Mastery et Postulate ne s'étaient jamais trompés, lorsqu'ils s'accordaient sur l'identification du fondement d'un enfant), alors c'était une partie de sa nature de draconequus et elle méritait de faire partie de leur harmonie. Quelquefois, la disharmonie était de valeur. Comment pouvait-on entrer en désaccord avec des idées dangereuses sans celle-ci ? Elle n'était pas convaincue que c'était vraiment le principe de son fils, mais même si c'était le cas, n'en avaient-ils pas besoin ?
Lorsque la magie gagna en intensité au point d'en devenir visible, où ils commencèrent tous à luire et que Mastery était obscurci par une lumière des plus étincelantes, Madonna sortit du rang.
« Mère ! Où vas-tu ? » Hermès l'appela, mais bien qu'il fut le principe de la vitesse, il n'était pas préparé à briser le cercle, et sa peur de le faire le maintint en place.
Madonna courut à l'endroit où elle avait laissé Discord. « Réveille-toi, mon petit... Discord! Réveille-toi, c'est le moment !
-Hum...mmm, Maman ? Pourquoi tu brilles ? Demanda-t-il d'une voix ensommeillée.
-Discord, c'est l'heure ! On doit rejoindre le rituel! Viens ! »
Elle attrapa ses pattes avec ses griffes et le tira. Il la suivit un instant avant de se retirer. « Maman ! Maman, tout le monde brûle !
-Ils ne brûlent pas. Viens ! » Elle le tira vers le cercle et attrapa la main de Fidelis. « Discord, prends la main d'Hermès! Rejoins le cercle ! »
Discord en sortit complètement, arrachant sa patte avant de la poigne de Madonna. « Non ! Non ! Tout le monde est en feu, ça va me brûler ! Non, maman, non !
-On ne brûle pas !
-Si, et ça va me brûler aussi ! Non, non, non ! »
Mastery criait quelque chose mais Madonna ne pouvait pas l'entendre. Le rituel était déséquilibré, le cercle n'était pas fermé. Discord devait y être mais si elle sortait à nouveau pour le rattraper, l'énergie deviendrait incontrôlable et qui savait ce qu'elle pourrait faire ? « Discord ! Ecoute-moi au moins une fois dans ta vie, mon petit ! Si tu ne prends pas ma main maintenant, on partira tous sans toi ! Tu veux être tout seul ? »
Il gémit, déchiré à la fois par la terreur de la lueur entourant son peuple et celle d'être abandonné par ce dernier. Madonna tenta de l'atteindre aussi loin qu'elle le pouvait sans briser le cercle. « C'est un téléporteur, Discord, on va dans un autre monde, on ne brûle pas, mais tu dois nous rejoindre ou nous partirons sans toi ! Tu dois faire confiance à maman, maintenant ! »
Elle le vit déglutir et secouer sa petite tête avec détermination. « D'ac...d'accord... »
Il courut dans sa direction et essaya de saisir sa main... et à la seconde pile où il la toucha, le rituel s'acheva.
La dernière chose que vit Madonna fut les énergies perçant de part en part Discord, tordant son petit corps en des façons que les lois de la physique, de la raison et de la magie devraient avoir rendu incompréhensible. Elle hurla, et ensuite…
* * * *
A l'instant où Discord toucha la main de sa maman, elle se dissolu en une explosion de lumière, puis il y eut la douleur. Une horrible, terrible douleur comme si quelqu'un découpait son corps en morceaux et les tordait dans tous les sens. Discord hurla comme s'il agonisait, retombant en arrière avant de s'effondrer sur le sol.
Il ne sait pas combien de temps il resta allongé par terre, seulement à moitié conscient, gémissant pour appeler sa mère. Tout ce qu'il savait était que sa mère ne venait pas.
Quand la douleur diminua et qu'il fut capable de se relever, il trébucha, retombant à nouveau en arrière presque aussitôt, parce que son corps n'allait vraiment pas et qu'il n'avait plus d'équilibre. Il regarda ses pattes avants par curiosité. Il n’avait plus de pattes ressemblant à celles d’un dragon, et elles n’étaient pas similaires. L'une ressemblait en quelque sorte à une patte de lion et l'autre s'apparentait à une serre d'aigle. Quand il parvint à se redresser sur ses pieds, quelque chose clochait avec ses jambes. Une d'elles avait juste changé de couleur donc elle ne correspondait plus avec le restant de son corps, mais la deuxième était un sabot de chèvre.
Discord rigola. « Je vais être tous les animaux ! Dit-il triomphalement. Maman, regarde-moi ! »
Mais elle n'était pas là.
Il regarda autour du cercle rituel. La terre était froide, le soleil s'était couché, laissant place à la lune. Il y avait des ombres et des formes étranges partout, mais chaque fois qu'il courut en direction de l'une d'elles (ou trébucha, vu qu'il n'arrivait plus à faire fonctionner son corps assez bien pour courir) pour voir si sa mère y était, il n'y avait rien.
« Maman ! Appelait-il. Maman....maman, où t'es ? »
Elle avait promis qu'elle ne l'abandonnerait pas. Elle lui avait dit que s'il prenait sa main, il pourrait partir avec elle, peu importe où ils se rendaient. Il avait touché sa main. S'ils étaient déjà partis, elle reviendrait pour lui. Il savait que sa maman ne l'abandonnerait pas. Sa maman l'aimait. Sa maman tenait toutes les promesses qu'elle lui faisait.
« Maman ?
-Maman, où t'es ?
-Maman, j'ai soif, je veux du chocolat au lait, maman, où t'es ?
-Maman... tu m'as laissé ?
-Maman, je suis tout seul, où t'es ? Maman ?
-Me laisse pas, maman, me laisse pas, s'il-te-plaît me laisse pas, s'il-te-plaît…
-MAMAN ! »
* * * *
S'il y avait eu le moindre prédateur au sommet de la montagne cette nuit, la moindre créature qui aurait pu entendre les cris d'un enfant abandonné, l'Histoire d'Equestria aurait pu être différente.
S'il y avait eu la moindre créature qui aurait pu entendre les hurlements de l'enfant et avoir pitié de lui, cela aurait aussi pu rendre les choses différentes.
Mais il n'y eut ni l'un ni l'autre. Le garçon était complètement seul.
Quand il pleura au point de finalement s'endormir, aucune personne, bonne ou mauvaise ne le dérangea.
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