Tout lui paraissait à la fois familier et étranger. Twilight avança dans l’enceinte mais n’eut pas le temps de découvrir l’endroit, pressée par la licorne blanche. Cette dernière allumait par magie des lampadaires le long du chemin de gravier à parcourir et éclaira brièvement les rares bâtiments autour d’eux, jusqu’à les conduire à un grand chêne pourvu d’une porte.
“Voici ta maison. Bienvenue parmi nous !”
Sans plus de cérémonie, elle continua son chemin vers une autre maison et laissa là la nouvelle venue. Celle-ci était troublée par l’arbre, dont les branches sombres s’étiraient dans le ciel déjà noir. Des larmes s’étaient mises à couler le long de ses joues. Elle resta de longues minutes devant l’entrée, à essayer de comprendre ses émotions ; elle se sentait heureuse, de retour chez elle, mais une immense tristesse lui saisissait le cœur…
Un frisson lui parcourut l’échine et Twilight se sentit soudainement observée. Son regard balaya le village, désormais plongé dans l’obscurité. Les étoiles brillaient au-dessus d’elle, mais pas seulement ; sur le mur d’enceinte, des centaines d’yeux violets semblaient la regarder fixement. Tout autour d’elle, ces regards énigmatiques étaient présents, l’oppressaient…
“Qu’est-ce que vous voulez ?! Qui êtes-vous ?!” se mit à hurler la licorne mauve, entre deux respirations saccadées.
“Tout va bien sucre d’orge ?”
La lumière était brusquement revenue et les silhouettes aux yeux violets avaient disparu. Il restait uniquement une jument au pelage orange, souriante.
“Oh, euh, oui, je… tout va bien… je crois…”
Son interlocutrice lui offrit un grand sourire et réajusta son couvre-chef avant de s’en aller d’un trot serein. Le cœur de Twilight continuait à battre furieusement dans sa poitrine et beaucoup trop de question se bousculaient dans son esprit. Il devenait urgent de dormir et un sentiment de sécurité se dégageait du chêne, malgré la tristesse.
…
L’intérieur était sombre, à peine éclairé par les lumières de l’extérieur. La petite porte rouge s’était ouverte sans problème pour révéler une petite pièce, sobre, pourvue uniquement d’une table, d’étagères vides creusées dans le bois, mais surtout un lit.
Sans hésiter, la licorne se jeta sur le matelas et s’enroula dans la couverture. Beaucoup de questions flottaient encore dans sa tête. Elle était seule à présent, seule et en sécurité, avec du temps pour réfléchir. Ce village et ses habitants lui étaient inconnus et pourtant, elle avait le sentiment d’être à sa place.
Cependant, quelque chose n’allait pas mais elle n’arrivait pas à mettre le sabot dessus… mais le sommeil commençait déjà à la faire sombrer dans l’inconscience.
…
Un rayon de soleil sur son museau réveilla Twilight, mais elle ne se leva pas immédiatement. Dehors l’attendaient sûrement les habitants de Ponyville et elle appréhendait de les rencontrer, de découvrir de nouvelles choses. Chaque initiative pour trouver des réponses n’avait rien fait, sinon soulever encore plus de questions. Cette maison la faisait se sentir mal, les juments croisées le soir précédent l’avaient faite se sentir mal, simplement penser au nom “Ponyville” la faisait se sentir mal…
Ses pensées furent interrompues par l’ouverture brusque de la porte de chez elle et l’irruption d’un poney rose bondissant.
“Salut ! Tu es nouvelle en ville alors je viens te donner un gâteau de bienvenue et après l’avoir mangé, je te ferais visiter !”
Avec de grands yeux bleus remplis de gentillesse, la jument sautilla jusqu’au lit de Twilight et sortit un gâteau au chocolat de sa crinière pour le poser directement sur la couette. La licorne violette dut cacher son air un peu dégoûté par un sourire amical ; elle remarqua alors être en effet affamée et dévora à contre cœur la pâtisserie, pour laisser seulement des miette et une tache de chocolat dans sa literie.
Le village était composé de six bâtiments, chacun habité par un poney, dont Twilight faisait désormais partie. Le chêne était, d’après la jument sautillante, destiné à devenir une bibliothèque. Elles visitèrent une petite pâtisserie coquette, où vivait la guide au pelage rose, puis une boutique de mode tenue par la licorne blanche rencontrée la veille. Twilight reconnut la jument au chapeau, en train de s’occuper de petits champs situés autour d’une sorte de petite grange rouge, non loin d’enclos où étaient parqués quelques moutons, vaches et poules nourris par une pégase jaune amicale. Cette dernière proposa à Twilight de venir boire le thé, mais la jument rose la pressa pour rencontrer la dernière habitante.
Une forge se trouvait non loin de l’entrée et était tenue par une pégase bleue aux crin arc-en-ciel. La cheminée crachait de la fumée et Twilight savait qui remercier pour l’avoir involontairement conduite jusqu’au village.
“Il y a aussi une mare, où pousse de la canne à sucre !” précisa joyeusement la petite jument rose, le sabot pointé vers un des coins de l’enceinte. “Je m’en sers pour mes gâteaux mais tu peux en prendre pour faire des parchemins !
- Comment ça ?
- Eh bien tu manipules avec ta magie la canne à sucre pour faire du parchemin !
- Je veux dire, comment ça marche ?
- Eh bien tu manipules avec ta magie la canne à sucre pour faire du parchemin !
- Et comment es-tu au courant de ça puisque tu n’as pas de magie ?
- Et bien tu manipules avec ta magie la canne à sucre pour faire du parchemin !”
La jument plissa les yeux, sa curiosité piquée à vif, avant même d’être irritée. Elle hésita à formuler sa question autrement, avant de se rendre compte d’une chose.
“Quel est ton nom ? Et celui des autres ? Tu ne me l’as pas dit. Aucune de vous ne me l’a dit !”
La jument rose se contenta de sourire sans rien dire, comme si la question n’avait pas été posée. Un silence gênant s’installa.
“Vous n’êtes pas réels, n’est-ce pas ?”
Twilight ne s’attendait pas à une réponse et n’en reçut aucune. Toujours plus de questions… mais elle commençait à s’y faire. La licorne secoua la tête avec un soupir.
“Et pourquoi devrais-je savoir faire des parchemins ?
- Pour remplir la bibliothèque voyons !” répondit simplement la ponette sautillante.
…
Les habitantes de Ponyville semblent incapables de parler d’elles-même et leur apparence me trouble, à défaut de meilleur mot. Comme la pâtissière l’a suggéré, prendre des notes sur mes découvertes pourrait s’avérer utile, ou au moins cathartique. Comprendre mon nouveau lieu de vie et ces juments semble un bon début.
La licorne blanche ne m’apprit rien sur le fonctionnement de la magie, mais confirma mes soupçons. Avec les bons matériaux bruts et une idée mentale d’un objet, la magie permet de modeler la matière brute pour lui donner la forme voulue. Cela me semble dérangeant, mais je vais faire avec.
Elle me conseilla aussi de noter les ingrédients utilisés quand je réussis quelque chose, pour pouvoir reproduire ou améliorer la création de tel ou tel objet, avant de me donner plusieurs recettes ; en effet, la licorne blanche était jusqu’à présent la seule dans le village à pouvoir utiliser la magie pour créer et fournir l’endroit en décorations, meubles, vêtements et autres, le tout gratuitement. C’est très généreux de sa part.
Les deux juments terrestres, la orange et la rose, n’ont pas eu grand-chose d’intéressant à m’apprendre. Toutes deux s’occupent de ramener et préparer la nourriture. La jument orange cultive des céréales et sort à l’extérieur du village chercher des fruits, mais elle ne veut pas m’en dire plus et répète juste “tu devrais venir avec moi”. Rien d’utile.
Le jument rose se sert des ingrédients pour préparer ses plats. Enfin, c’est un grand mot, il s’agit plutôt de tout mettre dans un plat, puis dans un four et ça ressort tout prêt. Impossible d’ouvrir le four pendant la cuisson, malgré mes efforts, ou d’obtenir une information sur le fonctionnement de la cuisine dans ce monde. Rien ne me semble marcher correctement… mais ça marche.
La pégase jaune s’occupe des animaux et en parle avec beaucoup d’enthousiasme, même si cela ne m’aide pas beaucoup. Le village est fourni en œufs, en lait et en laine grâce à elle. L’herbe ne semble pas manquer, même si les enclos sont plutôt petits. Quelque chose ne semble pas aller, mais je ne sais pas encore quoi.
La pégase cyan ne peut pas me montrer comment faire marcher la forge sans minerais, ou même m’en parler. Elle se contente de proposer en boucle d’aller avec moi chercher de quoi fabriquer quelque chose d’utile, sans vouloir me révéler ce dont elle parle précisément.
C’est peut-être ma seule piste, même si je n’y crois pas trop. Je vais d’abord passer du temps à Ponyville et continuer à prendre des notes. Je ne crois pas risquer grand-chose et puis c’est assez paisible, ici. Un peu de repos ne me fera pas de mal.
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En revanche non, l'inventaire du jeu d'origine n'est pas prévu du tout, cela donnerait plus l'impression d'un jeu au lieu d'un monde factice, le deuxième cas étant plus souhaité que le premier !
Sinon, par curiosité, as-tu choisis d'écarter totalement l'inventaire transportable du jeu d'origine? Je peux comprendre que ce soit logique, mais après Twilight semble découvrir chaque jour quelque chose de nouveau sur la physique de ce monde, donc....