Les ténèbres.
A perte de vue.
Marie ne savait pas si elle rêvait, si ce paysage sans vie était la réalité. Elle regardait les yeux écarquillés. Comme dans un rêve, son corps lui semblait léger. Vaporeux comme un nuage, elle flottait dans le néant. Mais son regard…
Elle sentait en elle le poids d'un passé douloureux, un boulet qui l’empêchait de voler, de se libérer !
Marie luttait pour comprendre. Que faisait-elle en ce lieu ? Pourquoi ressentait-elle une si profonde douleur ? Que s'était-il passé ?
Elle marchait, ne sachant pas où aller. Il n'y avait nulle destination. Pas le moindre horizon. Seul restait ce désert de roche et de poussière. Un ciel si noir qu'il ne pouvait être que celui d'une nuit sans Lune. Cette endroit était l'exemple même du vide, du désespoir infini. Elle y était enchaînée. Pourquoi ?
Soudain, un craquement sourd fit trembler le sol sous ses pieds. La roche se brisa ! Des fissures par centaines se réunissant tous sous la fille.
Marie prit peur. Elle vit un vide abyssal s'ouvrir sous ses yeux, qui l'attirait à elle. Elle ne pouvait y échapper.
Sans la moindre chance, Marie chuta dans les ténèbres. Elle était terrorisée. Comprenant instinctivement qu'au fond de ce vide se montrerait sa plus grande peur.
La chute ne dura qu'une seconde. En un battement. Marie ouvrit les yeux.
C'était la nuit.
Son regard rencontra les brins d'herbes d'une clairière entourée d'arbres et de buissons colorés par une saison d'automne. Au-dessus d'elle brillait la Lune rondelette, toute pleine de sa beauté. Mais alors que la jeune femme retrouvait ses idées, elle remarqua une chose sur l'astre nocturne.
Une chose manquante en vérité.
L'effigie de la licorne était absente.
Marie percuta sur le moment ! Se pourrait-il ? Elle ne pouvait pas ! Etait-ce possible ?!
La jeune femme se leva d'un bond, sans arrière-pensée pour quoi que ce soit. Sans aucun souci, elle regarda les environs.
Dans le lointain, des lumières dansaient dans le ciel. Des clignotements étranges parcouraient l'horizon, des bruits, autres que la nature, venaient résonner dans les oreilles de Marie. Le grincement d'un pneu si singulier, le vrombissement d'un moteur au loin. Et là, sur les abords de la clairière, des panneaux pour les randonneurs ! Au noms de lieux si familiers !
« Ça y est », parla doucement Marie, sonnée. « Je suis rentrée... »
Elle laissa un instant de silence, prenant conscience, seconde par seconde, elle sentait une joie immense monter en elle. Elle la laissa exploser !
« JE SUIS RENTRÉE !!! »
Elle sauta de bonheur. Les bras en l'air en signe de victoire. Marie l'avait emporté ! Contre ce monde ! Contre tout ! Elle l'avait fait ! Plus forte, elle l'était devenue. Pour écraser chaque obstacle. Chaque pas en direction de la maison avait été un pas de titan, et pourtant, elle avait fini par le remporter.
Elle n'attendit pas une seconde, trop saoulé par la joie qu'elle avait de revenir. Elle se mit en route vers sa maison.
Elle connaissait le chemin par cœur. Ces bois, c'était son domaine ! Petite, elle en avait sa forteresse ! Son lieu de repli. Alors, le chemin pour la maison, elle y arriverait les yeux bandés.
Elle marchait, d'un pas tranquille vers le doux repos du foyer. La nuit ne lui faisait pas peur, les bruits et les hurlements des bêtes étaient de vrais chansons à ses oreilles. Comme une acclamation de son arrivée. Candidement, elle dansait de bonheur sur le chemin du retour.
A un moment, sur la route, une petite chose apparut sur le parterre poussiéreux du bois de Marie. Un objet pas plus gros qu'un jouet.
Marie trottina jusqu'à lui, sans prudence ou méfiance. Elle s'abaissa et regarda cette chose curieuse.
Et là. Le froid survint.
Marie se sentit tétanisée à la vu de l'objet si petit et inoffensif. Une chose éveilla en elle une peur sans limite.
C'était un poney. Un poney en plastique orange, scintillant de quelques paillettes. Il n’était pas plus gros qu'un caillou, et se tenait dans une posture triomphante et joyeuse.
Ce jouet n'était pas inconnu à la jeune femme. Et pas un seul instant elle ne désirait rester en compagnie de cette chose.
Marie partit précipitamment. Elle s'éloigna le plus rapidement possible du jouet maudit.
Pour enfin décélérer plus tard son allure et s'adosser un bref instant contre un arbre.
La joie d'avant venait de disparaître pour laisser place à la plus grande des terreurs. Marie sentait des sueurs froides, son cœur s'emballait à toute vitesse, elle avait peur, mais pourquoi ?
Dans les ténèbres de la nuit, une lumière brilla dans la pénombre. Les reflets des rayons de la lune vinrent chatouiller le regard de la jeune femme, qui se laissa guider par sa curiosité. Sans comprendre pourquoi, elle se sentait attirée.
La lumière venait de derrière des fougères. Marie les écarta, essaya de ne pas s’emmêler dans les ronces et les branchages.
Une fois le mur végétal passé, elle déboucha dans une nouvelle clairière. Une dont elle ignorait l'existence même.
Suivant la lumière, elle s'approcha d'un rocher trônant seul au milieu de l'endroit.
Chacun de ses pas se fit sentir plus lourd et difficile à pratiquer. Mais elle continuait tout de même. Attirée par une soif de savoir, elle voulait comprendre.
La lumière s'estompa à l'approche de la jeune femme. Laissant entrevoir un étrange spectacle.
Posés sur la roche, des morceaux d'acier brillant comme des sous neufs étaient éparpillés sur la surface. Des morceaux d'une lame.
Marie sentit de nouveau un froid terrible l'embrasser. Quand elle posa ses doigts sur l'un des morceaux, elle l'observa plus en détail.
Cette lame lui était familière. Tout comme le jouet de tout à l'heure. C'est pour cela qu'une terreur vint lui saisir les tripes, et son cœur palpitant, s'employa une nouvelle fois à faire monter la pression.
Dans ses mains, une image apparut. Dans le miroir de métal de la lame brisée, une personne se montra sous les rayons de la lune. Marie pensa d'abord voir son propre visage, mais ce fut le visage d'un homme. Celui d'un garçon au sourire triste et mélancolique.
Elle resta figée face à la révélation, elle croisa son regard et sentit comme un éclair lui parcourir le corps et l'esprit.
Kilian.
Choquée, elle lâcha le métal, dans la peur elle recula de quelques pas boiteux.
« Kilian ? Kilian ! » Marie se souvint. Son frère ! Ou était son frère ?!
Elle était tellement heureuse de son retour, elle en avait oublié un être cher.
Non ! C'est impossible ! Je n'aurais jamais pu l'oublier ! paniqua Marie, je me souviens ! Ensemble nous avons traversés Equestria. Affrontés des dangers ! Rencontrés des animaux et des personnes fantastiques. Fait de la magie ! Mais alors…
Marie regarda aux alentours, perdue.
Soudainement, elle ne savait plus. Ni où aller, comment, et pourquoi.
Kilian était absent, que s'était il passé ?
La fille tourna en rond. De long en large, elle passa son regard de bas en haut, elle cherchait à savoir quoi faire. Dans ses souvenirs elle fouillait, enquêtant sur le moindre indice.
Kilian et moi sommes aller à cette fête de poney-princesse. On a cherché un moyen pour rentrer. J'ai combattu…,la princesse...Puis tout me semble sombre, je crois que plus tard il y a eu une forêt puis …
Un nouvel éclat vint illuminer le visage de la jeune femme. Dans la nuit noire, ce n'était pas les rayons lunaires qui furent en cause cette fois ci.
Plus loin dans le bois, une fleur orange brillait d'un air hypnotique, une lumière que Marie connaissait.
Du feu …, se remémora Marie.
Machinalement, la jeune femme s'avança vers cette lueur. Guider par une envie toujours plus brûlante de savoir.
Quittant la clairière, puis traversant les feuillages environnant. Elle s'approcha de ce qui ressemblait à un foyer.
Un feu brûlait d'une couleur vive parmi les chênes et les pins. Il dansait d'un air calme et posé, pas un seul coup de vent ne venait le faire basculer.
Marie vit que dans les flammes, un objet planté dans le sol s'y trouvait.
Malgré la présence de l'élément, Marie ne sentait aucune chaleur, pas le moindre réconfort. Ce feu était froid et illusoire, telle une image. Et pourtant, lorsque la jeune femme s'approcha plus près du brasier, celui-ci s'enflamma de plus bel !
Marie recula de surprise devant l’embrasement instantané du feu mystique. Les flammes montèrent si haut qu'ils touchèrent la cime des arbres. Et pourtant, rien ne brûlait, ni Marie, ni les arbres.
Aussi soudainement, le feu s’éteignit.
Les flammes se ravalèrent sur elles-mêmes. Happé par une force invisible, elles s’éteignirent pour ne laisser place qu'au silence et aux ténèbres.
Sonné sur le moment, Marie senti son regard attiré au centre du foyer. Elle put y voir l'objet.
Une hache, à double tranchant.
C'était pour Marie, comme voir son pire cauchemar devenir réalité.
Elle se souvenait désormais.
Dans le miroir de la lame couleur ébène, son passé se révéla.
Il y eut un combat. Une bataille au dénouement tragique. Dans sa rage et sa colère d'apprendre la trahison de son frère, lui qui voulait aider comme à son habitude. Dans la tristesse de cette révélation, Marie laissa échapper sa haine et avec lui, le monstre qui dormait.
En reculant à toute hâte, Marie bascula en arrière, tomba sur le sol paniqué sous la vision terrible du combat fratricide.
Dans l'aveuglement causé par sa colère. Marie commit l’irréparable.
Kilian était mort.
Mort… Mort …
Elle ne pouvait pas le croire. Pas elle ! Pas lui ! Il était son frère ! Elle était sa sœur ! Jamais elle n'aurait commis un tel acte ! Elle refusait de croire à un tel mensonge !
« Kilian est ici ! Il est là ! Perdu dans les bois, mais je le retrouverais ! Il n'est pas mort ! Je ne peux pas ... » Marie secoua la tête, sa mémoire devenait confuse. Des souvenirs lui venait, lui montrant la vérité. Une vérité qu'elle ne pouvait accepter. « Non. Non, non. NON ! C'est faux ! Kilian est en vie ! » se morfondit Marie.
L'aura de la hache enveloppait la jeune femme troublée. Son froid pénétrant entourait Marie, comme un mur qui se construisait autour d'elle, indestructible et impénétrable. Une sombre présence grandissait au sein d'elle, alors qu'elle réalisait peu à peu l'horrible forfait qu'elle avait accompli.
L'aura se faisait plus écrasante. Autour de la jeune femme, le monde changeait pour se faire sentir plus grand et effrayant, sans pitié et sans cœur, elle se sentait faible. Marie ne trouvait plus la force de combattre, elle perdait une part d’elle-même dans cette obscurité grandissante et toujours plus envahissante.
Elle refusait de le croire ! Elle ne pouvait pas ! Si elle se laissait aller à cette vérité, elle abandonnerait tout espoir, et alors…
Alors… encore plus étrange que cela puisse paraître. Marie sentit une force invisible, sombre et malsaine. Et comme poussé par cette présence, la jeune femme leva la tête, tout doucement, si doucement, Marie résistait encore, seul son éternel obstination la faisait tenir contre la mal qui l'envahissait.
Elle leva son visage. Avec retenue, elle continua tout de même à garder les yeux au sol, ce regard au sol qui était comme son dernier espoir, avant de voir l'impensable.
Lentement, le visage presque en nage, le regard fébrile. Marie vit de nouveau la hache.
Ce ne fut pas la hache. Mais Kilian pétrifié.
« Non… non... », une vision d'horreur sans nom. Péniblement, elle étira son bras vers son frère souriant à la mort. Elle avança durement, traînant son corps devenu lourd d'un millier de tonnes, accablée par le spectacle atroce qui s'offrit devant elle.
Elle avançait, elle voulait toucher, s'assurer avec certitude que tout était bien vrais. Le combat, son retour, la mort de son frère. Même mis devant les preuves irréfutables de cette tragédie, Marie ne pouvait-y croire. Mais peu à peu, tandis que son doigt effleurait de près le visage fin et joyeux de son frère, une répulsion soudaine fit place à la réalisation.
Elle s'éloigna, elle voulait fuir ! Marie partit, le regard toujours fixé sur la statue de Kilian décédé, elle recula à toute hâte. Elle s'enfuit dans le bois, elle désirait s'éloigner le plus loin possible ! De son frère ! De ce monde ! De la magie ! D’elle-même !
A toute allure, Marie traversa branches et buissons. Se fichant des ronces et des roches. Passant, fracassant, pulvérisant tout sur son chemin. Elle fuyait.
Dans sa débâcle, elle pensait voir la forme de son frère. Chaque roche, toute ombre étaient Kilian venant la hanter.
« NON ! VA T-EN ! » hurla, désespérée la jeune femme, « TU N'ES PAS MORT ! TU NE PEUX PAS ! » Les sanglots vinrent étrangler les paroles de Marie, sa course s'en trouva ralenti. Elle s’effilait petit à petit, s'échappant de la réalité, elle chercha la seule chose pour laquelle elle avait tant sacrifié.
Sa maison.
A travers l'obscurité, Marie traversa telle une tornade déchaînée, en pleurs, elle ne cessait de regarder en arrière, croyant que le fantôme de son frère la suivait. Elle pleurait de rage ! Détruisant le moindre obstacle !
Dans cette course effrénée, Marie reconnu tout à coup des clôtures ! Un portail ! Un chemin particulier s'offrit à elle.
Aussi vite qu'elle avait commencé, elle s’arrêta. A la porte de sa maison.
Sur les bords de ce bois, la maison de Marie se tenait. Une bâtisse humble et rurale, de bois et de pierre, un foyer doux et réconfortant nageant au milieu des champs et des bocages.
Marie sentit un immense soulagement face à cette apparition si bienvenue. Elle voyait de la lumière aux fenêtres et des mouvements d'ombres qui laissaient penser que ses parents étaient bien présent. Si elle le voulait, elle n'avait qu'à rentrer, et tout ses problèmes disparaîtraient.
Un sourire fragile se tenait sur son visage, elle commença un premier pas en avant, pour qu'ensuite, elle s’arrête.
Je suis de retour chez moi, pensa-t-elle, si je le désire, je rentre, embrasse maman et papa. Je leur expliquerai mon aventure. Comment ils m’ont manqué. Comment …
La jeune femme tourna de nouveau son regard en arrière. Elle vit dans la pénombre une forme familière, qui fit grandir en elle une culpabilité déjà dévorante.
Résigné, elle recula d'un pas, puis d'un autre. A reculons, laissant traîner son regard sur sa maison, dernier sanctuaire de son long périple. Il lui était impossible d'y rentrer.
Je ne peux pas, désespéra Marie.
Pas sans Kilian.
Défaite, la jeune aventurière s'enfonça dans la nuit.
Sous la lune de la Terre, dans la soirée fraîche d'automne. Une âme brisée d'une personne pourtant forte comme le roc, venait d'abdiquer.
Elle n'avait plus rien. Plus rien ne l'attendait désormais. Pas la moindre destination, aucun voyage. Pas un seul ami, plus maintenant. Elle ne savait plus que croire.
D'un pas traînant, elle avançait sans but. Elle entendait résonner en elle les paroles de son frère, des échos d'un temps plus joyeux, réduit à néant par sa faute.
Peu importe ce que Kilian avait fait, elle n'aurait jamais dû réagir ainsi. Si elle n'était pas… elle. Alors rien de tout cela ne serait arrivé. Son frère serait en vie ! Elle avait laissé parler sa colère, une colère qui se transforma en haine, et une haine qui lui effaça ce qu'elle avait de plus précieux, l'amitié de Kilian.
A force de marcher, Marie s'avançait auprès d'un étang. L'endroit était désert de toute vie. La nuit restait silencieuse, pas de vent ni de chant, rien qu'un silence pesant.
La pauvre jeune femme s'accroupit au bord de l'eau, fatiguée d'avancer. Elle s’arrêta, et attendit.
La surface de l'étang était plate comme un miroir. Elle pouvait y voir son reflet distinctement. Elle y voyait son visage, barbouillé de crasse, ses yeux étaient cernés. Au creux de ces derniers, des larmes perlaient. Doucement, elles descendirent le long de ses joues, créant un fleuve ininterrompu.
Marie essuya d'un revers de la main ses larmes qui tombaient à dru. Son regard se flouta dans le flot de sa tristesse. Elle n'essaya pas d’arrêter ses pleurs, elle commença à sangloter, gémissant sur le bord de cette étang.
Elle ne pouvait pas se sentir plus ridicule, plus frêle, plus seule.
La main qui d'habitude était là pour la réconforter n'était plus. Ses erreurs l’ayant amené à se retrouver seule. Le monde d'Equestria l'avait maudite dès son arrivé. Pour qu'à la fin, il lui enlève ce qu'elle avait de plus précieux.
S’il existait un moyen de réparer ses erreurs, elle le prendrait sans hésiter.
Peu à peu, Marie essuya ses yeux de ses larmes, elle recouvra son regard et vit de nouveau son reflet. Qui, bizarrement, était devenu bien différent.
Surprise la fille recula d'un mouvement brusque en arrière. Ce qu'elle avait vu était bien son visage, mais ce n'était pas elle, pas vraiment.
Lentement, elle approcha une nouvelle fois son regard. Prudemment, elle observa la face qui se présentait à elle.
C'était son visage, pâle comme jamais. D'un air fantomatique aux yeux rouge sang, l'expression de la Marie de l'étang était dur et inanimé. Ce n'était décidément pas elle, pas vraiment …
« Tu redoutes ton propre reflet ? », parla froidement l'apparition d'un ton neutre.
Marie ne savait que dire. Était-ce encore de la magie d'Equestria ? Dans ce cas, elle n'avait rien à dire à cette chose !
« Quoi que tu sois, va t'en ! J'ai eu suffisamment de problèmes comme ça. »
« Je ne peux pas m'en aller. Ça serait comme demander à ta propre ombre de disparaître. C'est impossible. »
Marie sentait que ce reflet d’elle-même n'était pas innocent aux événements tragiques survenus il y a peu.
« Tu es quoi au juste ?! Un démon ? Ma culpabilité ? Tu va me faire croire monts et merveilles et me proposer un marché si fabuleux que tout rentrera dans l'ordre. N'est-ce-pas !? »
L'apparition sourit pour la première fois d'un petit air malicieux.
« C'est ce que tu désires, je le sais, je suis toi. »
La jeune femme resta stoïque aux paroles de la chose. Mais au fond elle reconnaissait la véracité des dires du reflet. En effet, elle désirait une solution.
« Je ne suis pas prête à croire aux promesses. Ils m’ont suffisamment détruite comme ça. »
« En quoi crois tu encore ? En ton retour chez toi ? En ton frère ? En toi ? Existe-t-il seulement un seul espoir auquel te raccrocher ? »
Marie ne répondit pas à cette question. Le silence suffit au reflet pour faire comprendre que non. Il n'y avait plus rien pour elle. Ni sur Terre, ni en Equestria.
« C'est là que tu te trompes. »
« Quoi ? Comment ça ? » parla surprise la jeune femme.
« La magie ne fait pas de miracle, Marie. Mais pourtant, elle m’a permis d'exister, moi ! Je suis toi, mais en plus puissante ! Je suis ta force intérieure, Marie. Celle que tu déchaînas sur tes ennemis, à de rares moments. Je suis ton apothéose ! Enfermée dans ton esprit. »
« Quoi ? Tu es... », Marie eut comme un flash. Des réminiscences venus de ses combats passés ! Ses amnésies soudaines ! Ces moments de black-out ou elle s'évaporait, pour laisser place à une force écrasante. Son regard…
« Toi... », marmonna Marie, « Tu es cette chose. La hache. Mon combat contre la sorcière... »
« Notre première rencontre », dit le reflet toujours aussi froidement, la voix teintée d'une légère fierté.
« Tu as demandée à devenir plus forte à chaque jour passé en Equestria. La magie en toi a répondu à cela en me créant. Moi ! Nourris par tes sentiments de revanche envers et contre tous. Je suis toi, Marie. Au meilleur. »
« Tu as tué mon frère... », Marie serra les poings sous la réalisation, « Tu l’as tué ! »
L'eau de l'étang refroidit brusquement tout autour de l'apparition. Les plantes et les arbres des alentours se trouvèrent recouvert d'un manteau de givre. Tous les environs se figèrent, retenant son souffle.
« Tu me l’a ordonnée ! » s'offusqua la présence, « Ne joue pas l'innocente, Marie. Toi et moi savons que la trahison de ton frère t'avait rendu folle de rage ! Alors, tu m’as laissé lui régler son compte. Tu le voulais. Je l'ai fait. »
« MENTEUSE ! » cria de fureur Marie, sa voix était si forte qu'il en brisa la glace de l'étang.
« Je l'ai tué pour toi. Je peux aussi le faire revenir. »
Ces mots stoppèrent la colère de Marie sur le champ. Frapper au plus fort de son cœur.
« Tu peux ? » dit-elle hésitante, un infime espoir tremblant en ses mots.
Le reflet sourit de plus belle, statique comme à son habitude, d'une voix toujours terne et sans vie, elle lui répondit.
« Oui. »
« Comme je te l'ai déjà dit, je suis l'apothéose de ta puissance. Tu renfermes un incroyable pouvoir Marie, offert par ta famille, d'un membre en particulier. De ta grand-mère. Mais c'est une autre histoire. Marie ! Acceptes-tu de me laisser les pleins pouvoirs ? De ramener ton frère ? Je ne te mentirais pas, cela prendra du temps, des sacrifices, et beaucoup, beaucoup, de temps. »
La jeune femme laissa son regard fixé sur le reflet de glace. Dans une incertitude soudaine, elle ne savait quoi choisir. Si elle refusait ? Que lui restait-elle ? Elle n'avait plus rien ! Pas la moindre chose ne l'attendait, nulle part.
La proposition de l'apparition était tout ce qui lui restait.
« Ai-je vraiment le choix ? » demanda-t-elle incertaine.
« On a toujours le choix », répondit la présence.
Son visage blême, son regard rouge perçant, une Marie dans son état le plus pur. Elle était sans émotions véritable, sa force en venait. Elle attendait avec impatience la réponse de Marie d'un air livide.
Elle avait pris sa décision.
« J'accepte. »
Brusquement ! De l'eau glacé sortit le corps blafard de l'apparition ! Brisant le miroir, pour venir agripper par les épaules une Marie figée. Le reflet devenu tangible regarda droit dans les yeux la jeune femme, qui vit dans le regard rouge de cette Marie une froideur ardente venir dévorer son âme.
D'un sourire machiavélique, elle empoigna fermement la fille, puis conclut d'un ton satisfait.
« Parfait. »
Le marché était passé.
Marie fut entraînée dans les eaux sombres de l'étang. Elle tomba dans les flots glacés.
Instinctivement, elle nagea en direction de la surface. Pour se rendre compte avec horreur qu'une nouvelle couche de gel s'était reformée, en un éclair.
A travers la barrière opaque, elle se vit, elle. Agenouillé devant l'étang, les yeux fermés, la tête baissée, l'air éteinte, complètement absente. Elle ne comprenait pas ! Qu'avait-elle fait !?
Les secondes passaient et la jeune femme sentait son souffle lui manquer. Elle se débattit avec frénésie sur l'épaisse couche de glace, laissant son instinct de survie prendre le dessus. Elle ne voulait pas mourir ! Pas ici ! Pas maintenant !
Mais hélas, peu importe les coups donnés, aucun effort de Marie n'arrivait à commettre le moindre dommage. Elle se sentait s'évanouir, tombant lentement dans les profondeurs de la mare, qui semblait être devenue maintenant aussi profonde qu'un océan.
L'eau ne rentrait pas dans les poumons de la jeune femme. Elle s'abandonnait à un long soupir. La torpeur l’emportait sur Marie, elle s'assoupissait légèrement, bordée par les ténèbres qui l'englobèrent petit à petit.
Marie perdait tout contrôle sur son esprit. Et alors qu'elle s'en allait, coulant paisiblement dans les abysses, elle disparu.
Sur les bords de l'étang, il ne restait que le corps de la jeune femme, inerte.
Cependant, un doigt bougea ! Puis la main toute entière, qui vint s'appuyait sur le sol, s'aidant afin de se redresser.
La fille était toute chancelante, elle paraissait surprise de se voir sur deux jambes, regarda ses mains et ses habits tout déchiraient.
De haut en bas, elle fit le tour de sa personne. Elle sembla contente de son état, se tint droite, et avança vers l'eau de la mare afin de regarder son propre visage.
Dans le reflet de l'eau, le visage pâle et sans vie de la jeune fille apparut. Ses yeux rouges sang regardèrent avec satisfaction son état. Elle tendit la main à la surface et instantanément, tout l'eau de la mare se gela sous un vent surpuissant ! Créant par la même occasion une épaisse couche de neige aux alentours.
La mystérieuse jeune femme soupira, soulagée. Elle se releva et observa les environs d'un air neutre et désintéressé.
« Tout cela pour ce monde, Marie ? »
De quelques pas elle s'approcha d'un objet décidément bien persévérant.
Le jouet orange. La figurine Applejack de Kilian, restait traîné là sous l'épaisse pellicule de neige.
L'empoignant, elle l’enveloppa de ses deux mains, puis dans une douce lumière bleutée, créant une orbe de glace qui confina le souvenir pour de bon. Elle décida de le garder sur elle pour le moment. « Nous reviendrons, ne t'inquiète pas. Nous avons fait un marché après tout », dit l'inconnu d'un petit sourire. « Mais pour le moment... »
La main tendue vers le ciel, les environs s’obscurcirent en un instant ! Des nuages de tempêtes vinrent assombrir le soleil de minuit, le tout prit un aspect menaçant qui gronda d'une fureur intimidante.
Une bourrasque souffla sur le bois ! Les arbres se plièrent sous la force monumentale qui s'abattit sur eux. Déchirant, fracassant les branches d'un bruit ressemblant à un hurlement de peur ! Des flocons volèrent en rafale sur l'étang et en particulier autour de l’être mystérieux.
Dans sa main, une forme familière se composa. D'acier et de bois, un manche plus long qu'à l'habitude se composa de glace compact et incassable.
Le lame noir de la hache aux doubles tranchant brilla d'une lueur malsaine. Sous son apparition, au milieu de sa tempête de neige ravageuse, la jeune femme à la puissance effrayante vint se regarder dans la lame obscure.
« La Prophétesse est parmi vous, petits poneys. » Elle caressa le tranchant d'un air languissant, elle avait tant attendu ce jour.
« Je suis un vent de changement. Il est grand temps pour Equestria de faire face à son passé. » Elle fit un sourire du coin des lèvres aux pensées funestes qui l'anima.
Le devoir de la Prophétesse ne faisait que commencer.
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Un résumé juste dans la forme. Bravo ! :)
Inconsciemment, lorsque j'écris mon histoire, et que je le pense, les deux sont différent.
Je pense une aventure bien moins sombre, plus épique dans la découverte et les combats grandiose, mêlé d’amitiés et d’affinités toutes plus diverses et joyeuses à la base.
Mais dans l'écriture je retombe dans le 'darknesse'. Non pas que ça ne me plaise pas, mais j'aimerais plus atténuer ce cote sombre parfois.
Bref ! Merci pour ton commentaire ! ;) Comme dit dans ma note je prévois du grandiose ! Et je peux le dire maintenant, mais dans la suite il y aura ...., .... des poneys ! Différents. :)
Génial :D hâte de voir cette suite.
Hum pour le résumer... Disons que j'aime beaucoup les histoires sombres et que je me focalise dessus le plus souvent même quand y'a autre chose :3
Un résumé juste dans la forme. Bravo ! :)
Inconsciemment, lorsque j'écris mon histoire, et que je le pense, les deux sont différent.
Je pense une aventure bien moins sombre, plus épique dans la découverte et les combats grandiose, mêlé d’amitiés et d’affinités toutes plus diverses et joyeuses à la base.
Mais dans l'écriture je retombe dans le 'darknesse'. Non pas que ça ne me plaise pas, mais j'aimerais plus atténuer ce cote sombre parfois.
Bref ! Merci pour ton commentaire ! ;) Comme dit dans ma note je prévois du grandiose ! Et je peux le dire maintenant, mais dans la suite il y aura ...., .... des poneys ! Différents. :)
En gros une fic très sombre comme je les aime. J'attend la suite avec impatience :3
Hâte de voir la suite !