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Tartare Tale

Une fiction écrite par QuietOne.

Chapitre 5

Le monde devint un chaos où le haut et le bas n’avait plus cours, perdus dans les turbulences souterraines. La petite jument se trouvait ballottée dans tous les sens et parvint à ne pas sombrer, mue par le besoin de reprendre de l’air à la moindre occasion. Pendant un instant, elle dût avoir l’impression de flotter, hors de l’eau, avant de rencontrer avec violence une surface dure et perdre connaissance.

 

 

Sa tête tournait encore lorsqu’elle reprit ses esprit ; le corps de la licorne dodelina dans une tentative de se relever, avant de se résoudre à rester allongée un instant et en profiter pour explorer du regard l’endroit où elle avait atterri. C’était une petite caverne sombre, à peine éclairée par quelques cristaux dans les murs, à l’état naturel au vu de leur éclat terne. Mais surtout il y avait des carcasses un peu partout, des monticules entourés d’eau déversée par de petites cascades présentes un peu partout sur les murs.

Elle avait fini dans une décharge, draguée par les eaux jusque là où s’entassaient les objets indésirables ; un endroit à l’image des basses-fosses toutes entières.

 

Précautionneusement, la licorne sauta de tas en tas, à la recherche d’une sortie, jusqu’à apercevoir une galerie creusée dans une paroi. Elle déglutit, ses lèvres déformées en une moue craintive et les oreilles agitées.

 

“Pas très envie de revoir des humains, pas vrai ?”

 

La jument manqua de tomber dans l’eau. Cette voix mielleuse lui était familière ; elle ne prit pas la peine de s’arrêter et laissa la fleur jaune sur son tas d’ordure. Mais à peine ses sabots eurent-ils touché le sol du petit corridor, la voix de Fleury se fit entendre juste devant elle, dans le noir.

 

“Ils n’ont pas changé, depuis tout le temps où une certaine alicorne les a enfermés ici. Toujours de vrais animaux… toujours aussi trompeurs…”

 

Le visage au sourire vicieux entouré de pétales jaunes apparut à la lumière magique. Sans grande conviction, l’équidé au pelage nacré s’assit devant Fleury et cette dernière eut un petit rire devant l’air ennuyé de son interlocutrice.

 

“Ne parais pas si ennuyée,” glissa la fleur avec un ton suave, “je ne suis qu’une fleur, inoffensive… contrairement à ces humains. Ils sont inventifs tu ne trouves pas ? Ces arbalètes… ingénieux non ?”

 

Un renâclement fut la seule réponse.

 

“Tu n’es vraiment pas drôle…” Après un petit rire, le végétal reprit avec sérieux. “On a dit à ces idiots que du sang de licorne pouvait faire disparaître la barrière, alors au lieu de sagement chercher à changer, ils feront tout pour t’utiliser comme un tube de gouache… et dire qu’après t’avoir caché la vérité, ton amie t’a menée droit vers ces fous…”

 

Un roulement d’yeux suffit à exprimer l’exaspération de la jeune jument et rendre claire son envie de reprendre sa route. Fleury eut un rire malicieux quand elle passa devant et s’en éloigna.

 

“Tu ne pourras pas y échapper ! Il faudra bien en tuer pour rester en vie, et là, tu auras besoin de moi pour sortir !”

 

La voix mielleuse se tut et la licorne continua son périple à la lumière de sa corne. Le tunnel était grand pour une jument mais un humain aurait sans doute eut besoin d’être penché, à moins d’être petit. Il avait été creusé et ramenait probablement vers d’autres, hostiles de surcroît. Les pas de la jeune muette se firent plus timides, comme si elle ne voulait pas aller trop vite au devant du danger.

Son pelage était encore trempé et elle se sentait faible ; son estomac gargouillait… et une faible lueur se distinguait dans le lointain.

 

 

Un ronronnement discret se fit entendre bien avant d’arriver dans la petite alcôve dans laquelle reposait une étrange machine, crépitante d’énergie. De la taille d’un poney, l’imposant bloc mécanique donnait naissance à de nombreux câbles noirs et tous s’engouffraient dans l’ouverture du mur en plaques de métal dressé face au corridor dont la petite jument venait de s’extraire.

Une petite porte se dessinait dans la paroi d’acier et malgré une certaine réticence, probablement due au curieux appareil dont elle ne pouvait pas détacher son regard, la jeune équidé aux crins roses donna quelques coups de sabots polis. L’attente d’une réponse se fit avec beaucoup d’appréhension et le bruit régulier et lent à côté d’elle ; rien ne pouvait lui indiquer une réponse de l’autre côté, jusqu’à l’ouverture de la porte dans un sursaut apeuré.

 

Un humain se présenta devant la porte avec un air indéchiffrable sur le visage, causé par ses grosses lunettes teintées. Plutôt mince et de taille moyenne, la jument se détendit et le suivit volontiers quand il lui fit signe d’entrer avec sa main. Sans un mot ils entrèrent à l’intérieur de l’endroit, visiblement un petit atelier. Dans la pièce exigüe se trouvait plusieurs tables sur lesquels reposaient des outils divers, un chalumeau et de nombreux appareils de toutes tailles éventrés. L’homme aux lunettes fumées lui signifia d’attendre sans dire un mot et disparut par une autre porte.

L’endroit était étouffant et la jeune licorne comprit pourquoi son hôte ne portait pas une de ces horribles fausse fourrure, contrairement aux humains de Snowdin… mais il n’avait pas non plus d’armure, juste des vêtements simples et tachés par le cambouis. Ce moment d’attente laissa sur le visage de la petite jument un air pensif. Ses réflexions s’interrompirent toutefois quand quelque chose l’extirpa de ses pensées ; d’abord un peu confuse, de la musique lui fit comprendre la raison de son retour à la réalité.

De l’autre côté de la porte empruntée par l’humain, une mélodie entêtante se faisait entendre et, une fois ouverte, la nouvelle venue en ces lieux découvrit avec un air émerveillé une grande piste de danse : tout en métal, hormis le sol pourvu de dalles lumineuses, et entièrement vide exceptés les haut-parleurs un peu partout sur le haut des murs, et une petite estrade à son opposé, où se trouvait l’humain. La lumière se mit à clignoter et l’effet stroboscopique fit mettre quelques instants à la licorne pour bien discerner l’arbalète tenue par son hôte dans une main et la télécommande dans l’autre.

Une pression suffit non pas pour déclencher un projectile, mais fermer la porte derrière elle.

 

La musique allait crescendo en volume et l’homme armé ne semblait pas pouvoir s’empêcher de bouger la tête en rythme. Elle était coincée dans cette pièce, tenue en joue, avec la sortie bloquée par l’individu à l’arme braquée sur elle. Tremblante, la cible ne se laissa pas faire et dans un élan de concentration, un halo de magie enveloppa l’arbalète pour l’envoyer se fracasser contre un mur. Son propriétaire ne sembla pas énervé, il haussa même les épaules avec un sourire et se contenta de changer de musique.

Celle-ci se fit plus électronique, plus énergique et rapide. En rythme, l’humain quitta l’estrade et commença à se déhancher sur la piste de danse. La jument avait dores et déjà les sabots électrisés par la musique et, la peur dissipée, se lança avec un air de défi sur son visage désormais souriant.

 

Pendant un moment, les deux se déchaînèrent sur la musique, mais d’un geste de télécommande, l’espace entre chaque flash lumineux devint de plus en plus grand et l’humain tenta de frapper sa partenaire de danse ; cette dernière parvint à esquiver chaque coup sans cesser de s’amuser, ceux-ci n’étaient pas portés avec beaucoup de convictions et toujours en rythme, comme pour vérifier si elle suivait la cadence. Sans doute devait-il l’arrêter, comme les autres, mais bien vite il prit le sabot de la licorne et la fit danser sur deux pattes, tournoyer sur elle-même… Et quand il la rapprocha de lui… la corne brilla un instant dans le noir et sa propriétaire disparut.

La jument réapparut sur l’estrade, devant la porte de sortie, la langue tirée avec malice. Le propriétaire des lieux éclata de rire et brandit sa télécommande. La musique cessa. Une lumière blanche s’installa et un bruit indiqua le déverrouillage de la porte. Avec un sourire amusé aux lèvres, l’homme aux lunettes fumées approcha de la porte pour l’ouvrir et aimablement l’inviter à sortir.

 

 

Avec appréhension, la petite jument observa le ravin offert à sa vue, sans en discerner le fond. Un chaos tectonique avait dû ouvrir une énorme faille dont les parois étaient parcourues de lézardes géantes, reconverties par les humains en habitations et, surtout, en mines. Il y avait un peu partout des maisons engoncées dans la roche et des ateliers reconnaissables aux tonneaux et monceaux d’outils éparpillés devant, mais aussi des tunnels éclairés par des cristaux ou condamnés, avec tout un réseau de rails.

L’activité était audible, mais à la vue de la licorne, tous disparaissaient en vitesse ; elle ne sembla pas préoccupée et se contenta de seulement déambuler à la recherches des structures en bois accrochées à la paroi et pourvues d’escaliers.

Chaque craquement du bois lui arrachait un frisson, mais elle ne fit pas l’erreur de regarder en bas. La jeune jument au pelage de nacre préférait lever les yeux et observer la lumière, lointaine mais bel et bien présente. Une sorte de pont suspendu pouvait être visible et la confortait dans son effort.

Les humains avaient conçu aussi des sortes d’élévateurs et des systèmes de fils et poulies entre les deux parois, mais leur utilisation semblait compliquée sans l’usage de mains et sans connaître leur fonctionnement. Cependant, la jument ne se priva pas d’observer cet ingénierie en action, de loin.

 

 

Une fois arrivée au niveau du pont suspendu, sa confiance en elle sembla défaillir. Les sabots hésitants, la jeune licorne ne semblait pas vouloir les poser sur les planches en vieux bois, à l’allure pourtant solide. Quand elle osa, le sentir tanguer juste un peu ne la rassura pas. Les vingt mètres à parcourir la firent déglutir, et reculer lorsqu’elle dut regarder vers le bas pour mieux essayer de poser ses sabots.

Sa tension était palpable, au point de la faire sursauter à l’entente d’une voix derrière elle et manquer de s’avancer sur la passerelle malgré sa peur.

 

“Je vous l’avais dit,” clama d’un ton grinçant une voix autoritaire, “c’est juste un animal stupide…”

 

La respiration saccadée, la petite jument ne se sentit aucun autre choix sinon tourner la tête, pour découvrir cinq humains en armures, équipés d’arbalète. Ils avaient tous leurs casques, excepté une femme blonde au regard rempli de haine.

 

“Ingram a dû l’épargner ; crétin d’ingénieur, pas foutu de tuer un poney.” Elle eut un rire froid. “Va falloir nous en charger nous-même… quelle corvée…”

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QuietOne
QuietOne : #49626
@Serbhka Merci beaucoup ! J'espère que la suite et fin sera aussi satisfaisante ! Il y a en effet beaucoup d'efforts mis pour donner un contenu créatif quand le cross-over est parfois synonyme d'une certaine facilité... En tout cas cela m'enchanterais d'être dans le journal de la communauté, encore une fois merci si cela se fait !
Il y a 2 mois · Répondre
Serbhka
Serbhka : #49625
Une vraie petite perle ce Crossover ! D'habitude, j'ai horreur de ça. Ca se répète et tout le monde se copie à n'en plus finir. Ce "AU" est vraiment original, bien pensé ! Et ta manière d'écrire des scènes aussi haletantes me rend dingue xD Je parlerais de ta fiction dans mon article test sur le site du poney blanc en espérant que ça te donnera un ptit coup de pub ;3
Modifié · Il y a 2 mois · Répondre
QuietOne
QuietOne : #49620
@speedangel Merci beaucoup ! Content que cela t'ai plus et, en effet, peu de répit pour les braves, surtout dans les basses-fosses !
Il y a 2 mois · Répondre
speedangel
speedangel : #49617
Hé ben, sacré chapitre^^

Il n'y a pas eu un seul moment de répit... attend si, avec l'humain bizzarement, la fleur par contre n'a contribuer qu'à ajouter de la tension... Et de mauvaises idées, très mauvaise
Il y a 2 mois · Répondre

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