Chère princesse Célestia
Comme il en a été convenu lors de notre dernière entrevue, voici les conclusions de mon enquête sur l’évènement survenu le douze de ce mois-ci. Plusieurs exemplaires de ce rapport ont déjà été envoyés aux différentes équipes ayant pris part à l’affaire. Elles vous enverront leurs propres versions incessamment sous peu. Au vu de leur gravité, le plus grand secret a été conservé durant la plupart des investigations. Toute divulgation est et restera donc de votre ressort. Ceci étant dit, voici ci-après mes conclusions de cette affaire.
Les interrogatoires effectués à l’encontre du principal suspect nous ont tout juste permis d’obtenir son identité. Il s’agit d’une licorne prénommée Sunburn, un brillant universitaire auteur de plusieurs thèses sur l’histoire d’Equestria. Pas d’antécédents avec la justice, aucune relation douteuse si ce n’est son appartenance dans sa jeunesse à un groupe réformiste dont il était le fondateur. Leurs idées se basaient entre autres sur d’anciens régimes qui avaient jadis gouverné le royaume. À défaut d’autres pistes, des analyses psychiatriques sont en cours pour déterminer si une forme de psychose pourrait expliquer ses actes.
La plume d’Homes se suspendit un instant au-dessus du papier, indécise devant le paragraphe qu’elle venait d’écrire. Dehors, le soleil s’était depuis longtemps couché. Seuls deux cierges posés de part et d’autre du bureau éclairaient encore le début de ce rapport. Comme on pouvait s’y attendre au vu de l’heure tardive, l’Agence Royale contre le Délit Magique était plongée dans un profond silence. Silence que son dirigeant aurait apprécié à juste titre si sa tâche ne lui posait autant de problèmes.
Soucieux du moindre détail, l’étalon parme relut une nouvelle fois son texte. N’était-il pas trop synthétique ? Devait-il fournir plus de détails ? Ses longues recherches menées aux quatre coins de Canterlot défilèrent aussitôt dans son esprit. Cherchant à comprendre ce qui avait pu pousser à un tel acte de terrorisme, Homes avait fini par retrouver un des anciens amis de Sunburn. Celui-ci l’avait alors parlé d’une ancienne confrérie qui avait supposément inspiré le preneur d’otage : Le culte de la discorde.
Ce n’est qu’après plusieurs heures passées au milieu des plus vieux ouvrages d’Equestria que l’agent royal avait pu en apprendre davantage. Ainsi, selon plusieurs biographies millénaires, une race cruelle et chaotique avait jadis gouverné le royaume. Cette espèce prénommée Draconnecqus avait réuni autour d’elle un véritable culte vénérant le pouvoir de la discorde. Selon eux, le seul moyen de régir une société harmonieuse était de vivre dans un désordre perpétuel. Une thèse qu’Homes n’avait même pas cherché à approfondir, la faute selon lui à un évident paradoxe.
Cet « ordre » n’avait bien sûr pas résisté au coup d’état des sœurs alicornes survenu mille ans plus tôt. Pourtant, à mesure que l’histoire du royaume se tissait, des adeptes avaient surgi de l’ombre pour s’emmêler dans ses mailles. Menaces, profanations ou actes de sabotage, tout cela pouvait certes sembler dérisoire au vu des longues périodes qui s’écoulaient entre chaque exaction. Néanmoins elles étaient bel et bien présentes, et leur régularité malgré le poids des années avait de quoi faire frémir. C’était comme si l’espoir de retrouver cette ère de discorde ne s’était jamais éteint. Un espoir suffisamment fort pour qu’une licorne reconnue par ses semblables se décide à commettre l’irréparable…
Après un long moment d’indécision, le poney au crin bleu sortit une nouvelle feuille d’un tiroir. Sur cette dernière, il retranscrivit méticuleusement chacune des investigations retraçant le passif de Sunburn. Bien qu’il est ait conclu un accord avec ses homologues terrestres et pégases, Homes refusait de leur divulguer cette partie de l’affaire. Seule Célestia devait l’apprendre ; il lui enverrait donc ce complément d’enquête séparément et avec le plus de précautions possible.
D’un sabot expert, la licorne au poil lilas plia le précieux message avant de l’introduire dans une enveloppe sombre. D’un autre tiroir, elle sortit ensuite une petite fiole sur laquelle plusieurs pictogrammes d’avertissement étaient inscrits. Celle-ci fut alors débouchée avec prudence, dévoilant un vernis transparent qui fut versé sur toute la surface de la lettre. Enfin, lorsque l’enduit fut complètement sec, Homes y ajouta par pur principe le sceau royal.
Satisfait du résultat, l’étalon cornu enferma l’enveloppe entre deux cartons bien rigides, la moindre pliure du verni suffisant à provoquer une violente combustion. Ainsi, la confidentialité du message était protégée de toute interception. Il ne manquait donc plus qu’un messager efficace et compétent pour l’amener à bon port.
Se levant de son bureau, Homes se dirigea vers la porte qui menait à la cour intérieure. Ses blessures, bien que peu profondes, s’étaient avérées nettement plus douloureuse une fois l’adrénaline dissipée de son organisme. Malgré l’avis des médecins, il se refusait toutefois de porter des bandages qui l’étoufferaient et entraveraient ses mouvements. Essayant de masquer le plus possible son allure boiteuse, le poney parme avait donc fini par adopter une démarche lente, pataude. Cela conduisait parfois à des déplacements laborieux, mais restait selon lui la meilleure option avant d’être guéri.
Arrivé au milieu du patio, l’étalon se dirigea sans hésitation vers les cages situées le plus à l’écart. Autour de lui, la plupart de ses messagers dormaient d’un sommeil profond. Seuls les rapaces nocturnes l’observaient en silence de leurs yeux fixes et disproportionnés. Bien que considéré comme un oiseau du jour, Passered non plus ne semblait pas s’être abandonné à la fatigue. Tout juste feignit-il un réveil forcé en voyant son maître se rapprocher.
« Passered, j’ai un document urgent à te confier, annonça Homes lorsqu’il se trouva en face de lui. Prend toutes les précautions nécessaires, c’est à l’attention de la princesse Célestia. » À ses mots, le frêle rouge-gorge étira ses ailes, puis s’avança d’un pas traînant vers la porte ouverte de sa cage. Quand il ne s’agissait pas de colère ou de tristesse, les émotions d’une bête à plume restaient bien souvent difficiles à déchiffrer. En l’état actuel des choses, le poney cornu peinait donc à comprendre l’air fermé de son émissaire. Seule sa remarquable docilité, complètement inédite avant ce jour, trahissait un important mal-être.
Homes avait bien sûr essayé de comprendre l’origine du problème. Sa discussion avec Sweetie Drops l’avait ainsi informé de l’échauffourée qu’ils avaient eue tous les deux. Après s’être assuré que la jeune terrestre garderait secrète sa véritable nature, l’étalon parme avait voulu rassurer Passered, en vain. C’était comme si un pan de sa fierté s’était abattu sans qu’il ne cherche à la retenir.
Une fois libre, l’oiseau au poitrail écarlate prit entre ses pattes l’importante missive et l’emporta avec lui dans les airs. Comme à son habitude, l’effort qu’il semblait fournir était ridiculement faible comparé à la taille de son chargement. Ses contours profilés se dessinèrent quelques secondes dans le ciel étoilé avant de s’y fondre entre deux constellations.
Poussant un long soupir, l’agent royal regagna alors l’entrée de son bureau la tête basse. Sans que cela ne transparaisse dans leurs relations, Passered et lui étaient toujours restés proches. Le fait qu’ils se connaissaient depuis leur jeunesse, mais aussi leur caractère très semblable en étaient les principales causes. Ajoutées à cela les innombrables missions effectuées ensemble ainsi qu’une reconnaissance mutuelle de leurs talents d’exceptions et cette complicité était devenue inévitable. Même s’il peinait encore à l’admettre, Homes avait donc fini par contracter une profonde affection pour cet oiseau. Une affection qu’il ne partageait avec aucun autre membre de sa propre espèce…
De retour devant son rapport encore inachevé, le poney au poil parme attrapa la liste qu’il avait laissée de côté jusqu’alors. Celle-ci se composait du nom plusieurs poneys, tous ayant joué un rôle plus ou moins important durant la prise d’otage. Passant en vitesse les plus méritants, il s’arrêta à plusieurs reprises sur ceux envers lesquels il développait le plus d’animosité. Malgré sa tentation d’en rayer quelques-uns, Homes reposa le document dans un angle de son bureau et se remit à écrire.
Lors de notre dernière entrevue, vous m’avez également demandé le nom des individus qui mériteraient d’être récompensés personnellement pour leur rôle durant cette affaire. Mon choix restant bien sûr personnel, je vous propose donc les poneys suivants :
Pour son attitude et son courage exemplaire, je tiens tout d’abord à vous présenter l’agent Fleur Dis Lee. En effet, sans son intervention, la bibliothèque royale aurait certainement fini à l’état de cendres. À l’heure où j’écris ces lignes, celle-ci est encore convalescente suite à l’explosion magique survenue le jour même. Néanmoins je pense qu’elle pourra recevoir les honneurs que vous lui réservez d’ici très peu de temps.
La seconde jument à avoir montré sa bravoure se nomme Sweetie Drops. En outre ses indéniables qualités d’agente de terrain, la raison de son mérite est simple : Si l’opération de sauvetage a pu être menée au mieux, c’est grâce aux informations cruciales qu’elle est parvenue à récolter. Bien que ce ne soit pas de mon ressort, je souhaiterais donc la récompenser avec une importante promotion. Le mieux serait bien sûr dans un secteur en plein essor, où elle pourrait exprimer tout son potentiel.
Pour terminer avec les membres de mon équipe, j’aurais aimé vous soumettre la jeune Derpy qui m’a étonnamment bien secondé ce jour-là. Ses efforts m’ont entre autres permis de rejoindre Cloudsdale dans des délais très courts. Malheureusement je reste sans nouvelle d’elle depuis sa dernière mission à Manehattan. Plusieurs témoins l’auraient vue se promener en ville aux côtés d’un étalon peu avant qu’elle ne disparaisse. N’ayez pas d’inquiétudes, j’essayerai de tirer cela au clair quand elle se décidera à refaire surface.
Marquant un temps d’arrêt, Homes relut avec attention ce qu’il venait d’écrire. Le paragraphe qui mentionnait Fleur le ramena aussitôt à sa visite de l’avant-veille. Désireux de comprendre ce qui s’était passé dans la bibliothèque, il avait dû batailler longuement pour que les proches de la belle licorne quittent sa chambre d’hôpital. Une fois seul, le poney au crin bleu avait retrouvé sa subordonnée migraineuse, fatiguée, mais pourtant empreinte d’une joie éclatante. Se souvenant du reniement qu’elle avait jadis subi, il avait vite compris que ce récent statut d’héroïne lui avait permis de reconquérir le cœur de ses parents. Ces derniers étaient en effet issus d’une lignée de magiciens dont l’estime ne se gagnait que par l’accomplissement d’actes héroïques, sinon glorieux. Dès lors, il était facile d’affirmer qu’une médaille remise cérémonieusement par Célestia réintégrerait Fleur dans la vie de noblesse qu’elle n’aurait jamais dû quitter. Fort de ce constat, son chef lui avait donc attribué la meilleure récompense possible.
Le cas de Sweetie Drops avait été pour sa part plus difficile à traiter. Bien sûr, cette dernière avait joué un rôle décisif durant la prise d’otage. Ça, personne ne pouvait le nier. Seulement Homes avait été trahi, et il n’était pas du genre à l’oublier si facilement. Sa dernière entrevue avec Mayor Mare n’avait d’ailleurs pas arrangé les choses puisqu’elle était restée totalement muette sur ce sujet. Selon sa version officielle, la terrestre au crin bicolore était venue d’elle-même lui apporter ses précieux renseignements. Bien qu’il n’en croyait pas un mot, le poney cornu avait dû rapidement stopper ses recherches, faute d’éléments tangibles. Ne lui restait alors plus qu’une seule solution : Arranger la mutation de celle qui avait perdu de manière définitive sa confiance, ce qu’il venait de faire.
Sa relecture terminée, Homes ajouta quelques lignes supplémentaires visant à reconnaître les implications de chacun. Policiers de Cloudsdale, Wonderbolts, tous furent mentionnés le plus succinctement et le plus synthétiquement possible. La seule exception notoire concerna la pégase qui répondait au nom de Yearling.
Bien que leur première rencontre n’avait rien eu de cordial, l’étalon au poil lilas gardait en effet une haute estime pour cette jeune jument. Intrigué, presque fasciné, il avait voulu retrouver sa trace, celle-ci étant restée introuvable depuis leur séparation. Ses premières recherches l’avaient mené une nouvelle fois à Cloudsdale, ou plus précisément dans une petite maison située en périphérie. Là, il y avait rencontré Philéas Yearling, un météorologue réputé, auteur de nombreux ouvrages scientifiques, mais surtout père de la “disparue”. Du moins c’était ce que les registres officiels indiquaient…
Les présentations d’usages faites, Homes avait malheureusement appris que lui non plus n’avait aucune nouvelle de sa fille, ceci depuis près d’un an. De même, il ne semblait pas du tout avoir connaissance du rôle qu’elle avait joué lors de la prise d’otage. Ne souhaitant pas causer le trouble dans cette situation familiale complexe, l’agent royal avait aussitôt changé de sujet avant de prendre rapidement congé. Loin d’être soupçonneux, le pégase au poil blanc lui avait promis avec véhémence qu’il le contacterait s’il avait du nouveau. Les chances restaient certes minces, mais c’était toujours ça de pris.
Perdue dans ses pensées, la licorne parme ne put réprimer un sursaut de surprise quand plusieurs coups secs résonnèrent dans son bureau. Localisant sans mal leur origine, elle se précipita vers la porte d’accès du patio et l’ouvrit à la volée. Tel ne fut pas son étonnement lorsqu’elle vit, dressée fièrement à quelques centimètres de ses sabots, un être aux plumes chatoyantes, au regard d’aigle et à l’allure majestueuse. Dans ses yeux brûlait un brasier qui éclairait aussi bien l’esprit de son interlocuteur que lui-même.
« Peewee ! Mais qu’est-ce que vous faites ici ? s’exclama Homes tandis que le phœnix entrait dans la pièce. Il… Il s’est passé quelque chose avec Passered ? Je n’ai pas… » Il ne put terminer sa phrase, Peewee l’arrêtant d’un simple geste autoritaire de l’aile. Contraint au silence, l’étalon ne put qu’observer le nouvel arrivant voleter jusqu’à son bureau, peu soucieux des bourrasques qu’il produisait. Une fois l’espace complètement débarrassé, l’oiseau daigna enfin y déposer la raison de sa venue : L’épaisse enveloppe que ses serres retenaient jusqu’alors prisonnière.
Après s’être assuré d’en avoir l’autorisation, le poney cornu s’avança pour s’enquérir du message de sa princesse. La rapidité de sa réponse avait de quoi étonner, mais sa surprise devint d’autant plus flagrante lorsqu’il reconnût la lettre envoyée par son bon soin quelques instants plus tôt. Plus étonnant encore, il se rendit compte que celle-ci n’avait même pas été décachetée.
Peinant à comprendre ce que Célestia cherchait à lui signifier, Homes remarqua le mouvement du phœnix au plumage cramoisi. L’air légèrement exaspéré, celui-ci tapotait du bout de son bec une seconde lettre qui avait échappé à son attention. Le poney au crin bleu le remercia, attrapa l’enveloppe et reporta toute son attention sur son contenu tout en cachant au mieux sa honte.
Mon cher Homes
Je me doute tout d’abord que cette réponse éclair te surprenne quelque peu et que de nombreuses questions te taraudent. Étant donné l’heure tardive, je vais essayer d’être le plus succinct et le plus synthétique possible. Avant que tu ne penses à une erreur, oui, j’ai effectivement renvoyé ta lettre sans chercher à l’ouvrir. Je vais bien sûr t’expliquer la raison de ce geste, mais je vais au préalable évoquer le cas de Passered.
Comme tu dois t’en douter, il se trouve en ce moment même auprès de moi. Au vu de son état, je ne t’apprends sans doute pas grand-chose en annonçant qu’il endure une grave dépression. Si celle-ci demeure bénigne chez la majorité des espèces, elle représente une grande menace pour un phœnix. Tu as été depuis son éclosion le meilleur tuteur qu’il n’aurait jamais pu avoir. Ta personnalité assez similaire à la sienne a sans doute joué un rôle, mais tu es parvenue à lui donner un but, un rôle, une place dans ce monde. Malheureusement, et bien que cela m’attriste tout autant que toi, il est temps pour moi de reprendre la relève.
Je ne veux pas que tu le prennes comme un échec, ce n’est en aucun cas de ta faute. Cela devait arriver un jour ou l’autre, Passered ne pouvait pas nier indéfiniment sa véritable nature. Découvrir cette double appartenance l’a bouleversé, et je ne veux prendre aucun risque. L’immortalité reste souvent synonyme de sagesse, mais ne protège en aucun cas l’être qui la possède d’une erreur…
Bon, ceci étant dit, tu vas dès à présent t’affranchir de la présence de Peewee. J’aimerais donc que tu lui remettes la pierre qui te lie à Passered. Elle restera pour moi dénuée d’utilité, néanmoins je tiens à le prémunir de tout contact extérieur. Fais-le maintenant et reprends ta lecture juste après.
Homes releva la tête, réfrénant à grand-peine son trouble. Il s’y attendait bien sûr, il n’était pas idiot. Le phœnix au poitrail rouge était d’ailleurs à peine né qu’il se préparait déjà à recevoir ce message. Pourtant cela faisait mal, et les mots compatissants de Célestia n’y changeraient rien. Les faits étaient là : Il avait échoué.
Pendant des années, l’étalon s’était grandement investi dans son rôle de tuteur. Très précocement, il avait intégré Passered au groupe de messagers de l’Agence et l’avait considéré comme tel. Ses capacités hors normes n’avaient bien sûr pas tardé à apparaître, intriguant certains, attisant la jalousie pour d’autres. Pourtant Homes n’avait jamais cherché d’explication pour justifier de telles prouesses. Selon lui, sa jeune recrue n’était qu’un rouge-gorge particulièrement doué, voilà tout. Pas une fois il n’avait prononcé le terme de phœnix en sa présence. Conforté dans sa réussite, l’égo gonflé à bloc, son protégé avait alors vécu dans l’insouciance et l’allégresse. Une insouciance qu’un simple mot de Sweetie Drops avait fait disparaître.
Remarquant des signes d’impatience dans la posture de Peewee, l’agent royal poussa un long soupir, puis se dirigea vers son armoire. D’un petit coffre lové entre deux registres, il sortit un joyau aux reflets incandescents, de la taille d’une cerise. C’était cet objet qu’il avait trouvé parmi les fragments de coquilles de Passered. Selon un antique manuscrit, les parents d’un jeune phœnix s‘en servaient pour conserver un lien avec leur progéniture. Lorsque celle-ci atteignait l’âge adulte, ils avalaient cette pierre, la libérant ainsi de toute contrainte affective.
Le cœur lourd, Homes tendit à Peewee l’unique symbole de paternité qu’il n’ait jamais eu. L’oiseau au plumage écarlate l’attrapa dans son bec et prit sans attendre le chemin de la sortie. Tout juste jeta-t-il un vague regard au poney lilas avant d’écarter les ailes, prêt au départ. Son envol s’accompagna d’une nuée de plumes qui s’embrasèrent l’une après l’autre, lacérant la noirceur du ciel nocturne. Une poignée de secondes plus tard, tout était redevenu à la normale.
De nouveau seul, l’étalon au crin bleu retourna avec lenteur s’installer à son bureau. L’affaire venait d’être entendue, la décision prise demeurait irrévocable, inutile donc de se morfondre. De toute manière, s’il avait voulu intervenir, cela aurait dû se faire bien plus tôt. Maintenant, il était juste trop tard. À partir d’aujourd’hui Passered n’avait plus à interférer dans son esprit. C’était terminé, plus de Passered ! Pouf, disparu le petit oiseau ! Il allait désormais pouvoir reprendre son travail en toute quiétude… D’ailleurs n’avait-il pas une lecture à achever ?
Récupérant d’un sabot fébrile la lettre de Célestia, Homes se fit violence pour lui accorder toute son attention. Par chance, à peine eut-il assimilé les premiers mots que l’essentiel de ses pensées parasites s’évanouit. Seules demeuraient celles qui concernaient cette lettre au contenu pour le moins… Perturbant.
Lors de notre dernière rencontre il y a de cela quelques jours, j’avais demandé la rédaction d’un rapport commun à tous. L’idée était d’obtenir une vision globale de l’évènement pour pouvoir d’abord récompenser au mieux les efforts de chacun, puis dans un second temps formuler des recommandations. Peut-être avais-je été trop peu explicite, mais ces deux lignes de conduite montraient bien mon désir d’aller de l’avant. Or si j’en crois ta dernière correspondance, tu ne sembles pas l’avoir compris.
Je n’ai pas lu ta lettre, c’est un fait. Néanmoins les circonstances de son envoi me permettent d’affirmer de manière certaine que j’en connais déjà le contenu. Ayant souvenir de ton talent d’investigation, ton enquête doit être sûrement bonne, excellente même. Le problème, c’est qu’elle ne m’est d’aucun intérêt. Vois-tu, le culte de la discorde, l’ère du Draconnecqus sont des évènements qui me sont tous familiers, et pour cause : Je les ai moi-même vécus.
Je sais que tu penses agir pour le bien du royaume, Homes. Mener des interrogatoires, interpeller de potentiels complices, cela doit te sembler naturel, évident même. Il fut un temps où j’aurais d’ailleurs vivement approuvé ces méthodes. Mais aujourd’hui, les choses sont différentes. Aujourd’hui j’aspire à une justice raisonnée, offrant à tous le droit de la rédemption.
Mon jugement va sans doute te paraître absurde. Pour toi, le principal responsable de cet attentat mériterait un châtiment exemplaire, tout comme chacun de ses comparses. Mais au lieu de faire de cet étalon un nouveau martyr en le condamnant à la réclusion perpétuelle, ne pourrait-on pas simplement… L’oublier ?
Bien sûr, ce n’est pas un concept facile à comprendre, en particulier pour un poney de ton âge. Essaie juste de me croire quand je t’affirme par mon expérience qu’effacer un individu de notre histoire reste la pire sentence jamais créée. Sans aller jusqu’à cet extrême, je voudrais que le dénommé Sunburn soit conduit dans le désert d’Appleloosa. Là-bas, Il devra se joindre à la construction de la ville sous la surveillance des autres colons. Aucun contact extérieur ne devra lui être accordé tant que je n’en aurai pas décidé le contraire. Ce sera l’unique condamnation que je prononcerai lors du procès, qu’importe ce que toi et les autres direz. Je n’ai pas pour habitude d’être impérieuse, mais cette fois-ci les circonstances m’y obligent.
Avant que tu ne t’interroges, sache que je ne chercherai pas à entraver ton enquête, aussi officieuse soit-elle. Il serait en effet très hypocrite de reprocher le zèle de mes représentants. À l’heure actuelle, tu dois probablement réfléchir au meilleur moyen d’infiltrer les cultistes de la discorde, et je ne peux rien y faire. C’est pourquoi je vais me contenter d’une simple recommandation : Oublie cette affaire, fais-toi une raison puis passe à autre chose. Beaucoup ont déjà causé de terribles catastrophes en prenant trop leur tâche à cœur. Et je ne voudrais pas avoir à t’ajouter à cette trop longue liste.
Bien, je pense avoir fait le tour de nos potentiels désaccords, n’hésite pas à me contacter si tu en as le besoin. Rappelle-toi enfin que tu as fait un travail admirable lors de cette journée. Tu mérites plus que quiconque le statut de héros, mais surtout le droit de te reposer. Bien qu’il n’y ait que peu de chance que tu t’exécutes, je te souhaite donc une bonne nuit.
Célestia
Après s’être assuré qu’aucune note supplémentaire ne lui ait échappé, Homes reposa la lettre bien à plat devant lui. Un air profondément contrit sur le visage, il se leva puis débuta un mouvement de va-et-vient au milieu de son bureau. La raison de son trouble pouvait alors se résumer par une unique phrase : L’idée de Célestia ne lui plaisait pas du tout.
C’était bien beau de vouloir se montrer magnanime dans une telle situation. Il suffisait d’ordonner un simple exil, de remettre quelques médailles, puis de passer à autre chose avec joie et entrain ! Pourquoi chercher à faire plus compliqué ? L’étalon cornu en aurait presque ri s’il n’avait pas conscience de la catastrophe qui les avait manqués de peu.
Bien que Sunburn soit resté muet sur la question, il était assez facile de deviner l’objectif de son attaque. Selon l’hypothèse la plus probable, le décès des otages aurait tout simplement entraîné la pire dissension que le royaume n’ait jamais connue. Licornes et terrestres, terrassés par la nouvelle, auraient ainsi fustigé les forces pégases pour leur incompétence. À l’inverse, chaque habitant de Cloudsdale aurait soit reproché la non-collaboration de leurs semblables cornus, soit critiqué l’arrivée à l’improviste de touristes dans leur ville. Enfin, cultivateurs ancestraux et poneys magiciens se seraient entre-déchirés, les premiers rejetant la faute aux charlatans FlimFlam, les seconds mettant en cause leur trop grande crédulité. Il n’y avait dès lors plus qu’à ajouter des tensions internes à chaque groupe pour deviner les prémices d’une terrible guerre civile. Pourtant, malgré l’immense sagesse qui était sienne, Célestia ne semblait pas l’avoir compris.
Se décidant finalement à réagir, Homes moucha une à une les chandelles de son bureau, puis se dirigea d’un pas rapide vers la sortie. Vidée de ses travailleurs depuis longtemps déjà, la pièce principale était plongée dans une obscurité presque totale. Seul le clair de lune qui passait au travers des vitres, laissait deviner les contours de la porte d’entrée.
Trop énervé pour se servir d’un sort, l’étalon parme avança à l’aveuglette en direction de cette dernière. L’heure était grave, il devait rejoindre le palais au plus vite afin d’y exiger une audience. Qu’importe si la princesse ne croyait pas en ses hypothèses, il n’aura qu’à présenter de réelles victimes. Jude, par exemple, avait perdu sa mémoire de manière définitive ce jour-là. Bien sûr, l’usage de ce puissant sort d’amnésie restait encore inexpliqué, le témoignage de Fleur s’étant révélé très évasif. Néanmoins les faits restaient là, aussi indéniables que les blessures présentes sur ses flancs. On ne pouvait les ignorer, faire comme si rien de grave n’avait eu lieu ! Il fallait au contraire en parler à la population, donner un exemple retentissant, mais surtout prendre des mesures drastiques. Sans quoi les equestriens oublieront ce qui s’est produit, et les attentats reprendront.
Son sabot se posant rageusement sur la poignée, Homes ouvrit la porte avec violence. Dans son empressement, il manqua alors de percuter un groupe de poneys rassemblé juste devant l’agence. Si leur présence à une heure aussi tardive restait pour le moins singulière, sa surprise s’intensifia lorsqu’il détailla les nouveaux arrivants : Au nombre de quatre, ces derniers ressemblaient de par leurs tenues et leurs habits à une petite famille de la bourgeoisie manehattanienne. En d’autres termes, le genre d’individus que l’on s’attendait le moins à croiser dans cette rue !
« Bonsoir monsieur, le salua une terrestre à l’air maternel. Navrée de vous déranger au beau milieu de la nuit, notre voyage a duré plus longtemps que prévu. Nous aimerions nous entretenir avec Homes, le chef de cette agence. Est-il encore ici ?
-C’est moi, répondit froidement son interlocuteur qui s’était vite ressaisi. S’il s’agit d’une plainte, repassez demain, quand les bureaux seront ouverts…
-Oh non, ce n’est pas de cela dont il est question ! l’arrêta-t-elle aussitôt. Voyez-vous, nous sommes les parents éloignés de Cherilee, une des juments prises en otage il y a quelques jours. Et comment dire… Nous tenions simplement à vous remercier de ce que vous avez fait pour elle.
-Ah. » Ne put que répliquer l’étalon parme d’un ton flatté. Ces derniers jours d’enquêtes ayant accaparé toute son attention, il n’avait pas vraiment pu jauger l’estime que lui portait l’opinion publique. Trop peu concernées par la chose, les rares licornes qu’il avait croisées lui avaient à peine accordé une vague reconnaissance pour ses efforts. Cette visite impromptue indiquait à son grand soulagement que ce n’était pas le cas de tous...
Se rappelant qu’il avait encore une affaire importante à régler, Homes reprit un peu à contrecœur la parole : « C’est bien gentil à vous, mais je ne suis pas le seul méritant dans cette histoire. S’il y a un poney à féliciter, ce serait plutôt l’inventeur de ce ralentisseur de chute qu’équipait Cherilee. Voyons, je crois qu’il se nommait…
-… Docteur Hooves, compléta le père de famille en avançant d’un pas. Nous sommes bien au courant de ce qu’il a fait. Cela fait d’ailleurs plusieurs jours que nous sommes sur ses traces afin de lui exprimer notre gratitude. Mais pour l’instant, il est introuvable.
-étant aussi à sa recherche, je crains ne pas pouvoir vous aider davantage, s’excusa le poney cornu, assez satisfait de sa diversion. Maintenant si vous voulez bien m’excuser, je dois me rendre à un rendez-vous urgent.
-Attendez ! l’arrêta l’autre étalon alors qu’il se détournait. D’autres familles de Manehattan tiennent également à exprimer leur gratitude pour tous les proches que vous avez sauvés. Ils nous ont donc chargés de vous remettre ceci. » Et sortant une enveloppe brune de son sac, il la lui tendit.
Pressé de partir, Homes accepta sans protester ce qu’il pensait être une simple lettre de remerciement. Ce fut le poids de cette dernière qui le surprit en premier, suivie de près par son épaisseur plutôt hors normes. S’il n’avait pas connu sa provenance, il l’aurait sûrement confondu avec l’un de ses imposants dossiers d’archives.
Cédant à l’envie d’y jeter un œil, la licorne au poil lilas ouvrit cet étrange “paquet”. De sa corne surgit une douce lumière bleutée qui chassa l’obscurité alentour. Éclairé sous ce nouveau jour, son contenu fut alors pour lui une véritable révélation.
Il y avait en tout et pour tout une quarantaine de pages comprenant une incroyable quantité de remerciements, d’invitations et même de dessins. Homes chercha un instant à estimer leur nombre, mais se perdit après avoir dépassé la centaine. C’était du jamais vu, comme si la population entière de Manehattan s’était unie pour manifester leur gratitude. « Un grand merci pour tout ce que vous avez fait », « Votre vigilance nous a tous sauvés, mille mercis. », voir même « Tu es mon héros, Homes ! », tous ces messages écrits par des poneys d’âges et de professions différentes étaient pour le moins déconcertants. Néanmoins ce furent les textes empreints d’admiration des jeunes poulains qui touchèrent le plus l’agent royal.
Après avoir lu une bonne dizaine d’entre eux, il se décida finalement à revenir sur ses pas. « Je suis… perplexe, dit-il, ému, à l’attention de la famille terrestre. Il y a de cela quelques semaines, je recevais encore de nombreuses plaintes dénonçant le plus futile usage de magie dans votre ville. Désormais je croule littéralement sous les éloges à un point que je n’aurai jamais pu espérer. J’ai vraiment… du mal à y croire.
-Mais c’est vrai ! s’exclama la fille ainée avec ferveur. Ça fait des jours que l’on ne parle que de vous à Manehattan. Tous les poneys de mon âge veulent désormais faire comme vous quand ils seront plus grands.
-D’ailleurs c’est comment qu’on fait pour intégrer votre équipe ? ajouta sa cadette, des étoiles dans les yeux. Parce que moi je veux en faire partie et arrêter les méchants poneys ! » Ses mots criant de sincérité chassèrent les derniers doutes qu’ils pouvaient encore avoir.
Après tout, peut-être avait-il tort. Peut-être que la situation dangereuse rencontrée par cette cinquantaine de poneys ne serait pas sans conséquence. Peut-être devait-il croire aux statistiques démontrant qu’une dizaine de connaissances suffisaient pour être indirectement lié à toute la population d’Equestria. Peut-être devait-il cette fois-ci faire confiance en ses semblables et laisser cette mémoire s’écrire d’elle-même…
« Monsieur Homes ? l’interpella à nouveau le poney terrestre. Je sais que ma demande ne manque pas d’audace, mais je pense que vous devriez venir à Manehattan. Beaucoup de ses habitants ont en effet très mal vécu cet évènement au point d’être rongés par la peur. Une intervention de votre part serait une excellente manière de les rassurer.
-Vous devez pourtant savoir que j’ai des responsabilités ici…
-Ce sera l’affaire d’une simple journée ! Faites une conférence, parlez de votre métier, racontez au besoin vos aventures et vous verrez, cela fonctionnera. » Indécis, presque dubitatif, Homes dévisagea longuement son interlocuteur. Pesant le pour et le contre de cette proposition, il sentit bien malgré lui l’entretien royal reculer dans ses préoccupations. La raison en était alors simple : Ses chances de convaincre Célestia restaient dérisoires comparées aux résultats qu’il obtiendrait en agissant directement sur le terrain. Pour la première fois depuis quinze ans, il allait donc court-circuiter cette pyramide hiérarchique et attaquer le problème à sa base. Qu’importait la princesse après tout ! Il pouvait parfaitement se passer d’elle pour persuader le peuple de ses idées.
« Bon, c’est d’accord, finit enfin par répondre l’étalon parme. Je tâcherai de venir durant la semaine.
-Merci à vous, souffla la jument avec gratitude. Nous allons rester quelques jours à Canterlot, où pourrons-nous vous retrouver ?
-Ici même, à l’Agence. Je réside de toute manière dans ces locaux, dit-il en reportant son regard sur le bâtiment.
-Vous habitez là, dans cet endroit sinistre ? » Cette remarque avait été proférée spontanément, d’un ton aussi surpris qu’indigné. Bien qu’il aurait eu de quoi la trouver désobligeante, Homes observa avec détachement les lézardes sur ses murs tout en hochant la tête. Il expliqua alors sans la moindre honte que l’Agence contre Délit Magique avait toujours eu -faute de budget- une telle apparence.
«Bon, écoutez, reprit le poney terrestre après une courte réflexion. Dès mon retour à Manehattan, je contacterai des amis à moi spécialisés dans le bâtiment. Ils vous remettront tout cela à neuf en l’espace de quelques jours.
-C’est bien aimable à vous, le remercia poliment son interlocuteur. Cependant il n’est ici question que d’apparence. Je ne pense donc pas que ce soit indispensable…
-Vous plaisantez j’espère ? Votre Agence est désormais le rempart qui nous protège des actes de terrorisme. Comment comptez-vous dynamiser vos équipes ou recruter de nouveaux membres si votre cadre de travail n’est pas le meilleur possible ? » Ne trouvant rien à redire, la licorne lilas afficha un sourire franc. Pour la première de toute sa carrière, un poney semblait s’intéresser au devenir de l’Agence. Il n’était cette fois-ci plus question d’une simple gratitude, mais d’un important soutien envers le travail qu’il accomplissait. Pour peu que celui-ci soit partagé par d’autres familles, et il disposerait alors d’une légitimité dont il rêvait depuis toujours. Finis les restrictions budgétaires ! Terminés les projets de délitements de son service ! Désormais le vent tournait en sa faveur, lui donnant un rôle de premier choix dans l’administration du royaume.
Certes, une partie de lui-même s’obstinait à croire que cette situation ne durerait pas, et que l’oubli s’imposera après quelques semaines. Néanmoins cette fois-ci, Homes souhaitait renoncer à son pessimisme latent. Cette fois-ci l’avenir ne se présenterait pas comme la pire éventualité imaginable !
Cette décision prise, la suite de la conversation ne s’éternisa pas, chaque poney n’ayant plus grand-chose à dire. Après leur avoir souhaité une bonne nuit, l’étalon cornu n’eut qu’un vague souvenir de son retour chez lui. Toujours est-il qu’il se retrouva quelques minutes plus tard allongé dans son lit, la couette relevée jusqu’au museau.
Trouver le sommeil n’avait pas été facile ces derniers jours. Entre les séances d’interrogatoires, les heures passées en salle d’archive et ses multiples déplacements, Homes ne s’était pas accordé un instant de répit. Mais dès l’instant où il avait accepté de calmer le jeu, la tendance s’était aussitôt inversée, lui faisant accuser le contrecoup de toutes ces heures de travail.
La fatigue, insidieuse dans ce genre de circonstances, profitait alors de sa faiblesse pour s’infiltrer en lui. Respiration au ralentie, cœur dont le battement faiblissait, tout semblait se figer telle l’hibernation d’un animal. Il avait froid, il se sentait gourd, mais ce n’était pas des sensations désagréables. « Va Homes, tu l’as mérité. » Chuchuta une voix semblable à celle de Célestia. Trop faible pour lui désobéir, l’étalon ferma les yeux, puis s’endormit.
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