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La maladie venue d'ailleurs

Une fiction écrite par GeekWriter.

Chapitre 13

Un rayon rose frappa aussitôt le minotaure alors qu'il allait actionner le mécanisme de tir destiné à déchirer sa cible en deux. Sous la stupeur, il chuta en arrière et finit adossé à l'herbe, sur la pente, tenant mollement la Manticore sur le côté. Sa stupeur dura une demi-seconde, le temps qu'il expire, puis il effectua une roulade arrière avant de gravir à toute vitesse le reste du monticule de terre sous le feu d'une licorne ennemie inconnu. Pris au dépourvu, il chercha dans un premier temps à se mettre en sécurité et à couvert pour éviter d'attirer l'attention des deux autres ponettes qu'il ciblait un instant auparavant. Il ne lui fallut que deux secondes, et une fois qu'il était allongé de l'autre côté de l'immense butte, il vérifia son épaule. Il avait été frappé par un sort de la puissance d'un coup de sabot, mais il n'était ni brûlé ni blessé. Son adversaire devait être un tendre, et donc, très certainement un poney du coin. L'un des mafieux s'étant juré de défendre la vassale du chaos lui aurait plutôt offert un séjour à l'hôpital avec un tir bien centré sur la tête. Maintenant rassuré, il observa une micro seconde sa cible en espérant qu'elles ne s'était rendue compte de rien...

"Que ? s'était étonnée la journaliste qui avait sentit la pression du vent soulevé par les tirs.

- Oulala, s'exclama avec douceur la pégase. Quelqu'un doit être en train de s'exercer à la magie. On devrait s'éloigner.

- Oui. Allons prévenir la Princesse aussi."

Le minotaure était bien trop loin pour saisir la conversation, mais les deux petites quadrupèdes ne semblait pas s'éloigner avec empressement. Cependant, on lui tira encore dessus, ce qui l'obligea à se remettre complètement à couvert. Il empoigna le lance projectile et se déplaça sur le flanc de la colline, tout en serrant les dents à cause de la moutarde lui montant au nez. On ne pouvait donc pas faire son travail tranquillement dans ce village reculé ? Cela n'avait aucun sens ! Il pouvait faire ce qu'il voulait à Manehattan mais pas dans une vallée remplie de poneys tout mignons faisant des câlins avec des gros nounours ? Manquaient plus que même les dragons fassent des papouilles avec les équidés et le tableau serait complet. Il reprit un visuel sur la lisière de la forêt, espérant apercevoir le moindre détail trahissant la présence de son adversaire parmi la multitude d'arbres et de végétaux, un véritable brouillard vert et marron dans lequel le franc-sorceleur expérimenté s'y déplacait avec aisance et le canardait pour le maintenir sur place.

Très certainement son plan depuis le début de l'échauffourée quand le tueur passa l'une de ses pattes sur son très fin pelage, là où il avait reçu le premier tir, pelage qui était d'ailleurs impeccable. Rien ne semblait se mouvoir dans son champ de vision, son attaquant connaissait son affaire. Le grand bipède musclé renâcla avec mépris et entreprit une retraite stratégique. Alors qu'il fuyait, on ne lui balançait plus de laser dans les naseaux, mais il se jura que la prochaine fois (et ce sera la dernière), il attaquera en force s'il le faut, et il tuera autant que nécessaire si ça pouvait lui permettre de remplir son contrat. Si la subtilité ne pouvait fonctionner dans ce misérable recoin d'Equestria, alors il utilisera la force brute de sa race, et ce n'était pas un vulgaire planqué qui l'arrêtera.

*

* *

Les deux artistes s'étaient retrouvées pour le dîner. A l'intérieur de leur logis, le duo équin mangeait en silence une petite salade composée de verdures, de fromage de chèvre et de petites épices. Sketchy Paw ne cessait de jeter des regards interrogateurs à son invitée et amie, mais celle ci semblait se borner à garder le silence, se concentrant sur le repas qu'elle dégustait avec lenteur et un certains plaisir qu'elle partageait d'une voix douce. Peut être était elle sur son petit nuage ?

"Bon alors ? Tu me racontes ? bouscula tout de même la terrestre de jais avec un brin de brutalité mais sans oublier la bonne humeur.

- On s'est promené à la lisière de la forêt, on a discuté, c'était le bonheur, conta la licorne grise avec une douce voix rêveuse.

- Et ? C'est tout ?

- C'est tout."

La combattante plissa des yeux, soupçonnant sa meilleure amie de lui cacher des choses. Avant qu'elle ait pu ouvrir la bouche pour pousser plus loin son interrogatoire, son amie la coupa en pleine élan pour continuer d'une voix tout aussi douce et rêveuse :

"Elle m'aime... mais comme une mère. J'ai commencé à m'en douter à l'hôpital, et là en rentrant, j'ai vérifié le Script... Je n'ai pas mes chances avec elle."

Alors qu'elle lâchait tout cela avec un ton de plus en plus teinté par le désespoir, la peintre s'était levée pour rejoindre la déçue et lui poser un sabot sur l'encolure.

"Je suis désolée, exprima la dessinatrice d'une voix blanche. Je me doutais qu'il y avait peu de chance, mais qu'elle te donne tout de même un amour ne pouvant que te faire du mal, ça, je ne l'aurais jamais cru.

- Non, tu n'y es pas, contredit l'écrivaine avec tout autant de douceur et en se collant contre son hôte. Ca me fait plaisir. Je suis déçue de ne pas avoir une jument spéciale, mais y trouver une mère de substitution n'est pas négatif pour mon âme. Bien au contraire, si ça continue comme ça, je pourrais certainement affronter ma génitrice."

Le choix du mot fit grimacer la jument noire, le trouvant assez immonde. Geeky venait de manquer profondément de respect envers celle qui lui avait donné la vie, mais la relation entre les deux juments était tellement compliquée que parler de "fossé" était un doux euphémisme.

"Je t'ai dit une fois Geeky : il y a des livres que tu ne devrais pas ouvrir. Ton Script là, il contient des connaissances qui devraient rester secrètes et immaculées du regard équin.

- Tout livre devrait être ouvert, répondit alors l'intéressée comme si elle accomplissait un éternel rituel. Il faut juste s'assurer d'être prêt à recevoir la connaissance que l'on s'apprête à découvrir.

- Alors pourquoi ce ton désespéré un peu plus tôt ?

- Je me suis rendue compte que quelqu'un d'autre m'aime, mais que je ne pourrai jamais lui rendre son affection à la hauteur du sien."

*

* *

Soft Driver éternua bruyamment, faisant basculer sa choppe vide légèrement avant de la rattraper dans un hoquet.

"Ah ! s'exclama Flitze. Quelqu'un parle de toi."

Le destrier noir rumina sombrement et réclama d'un geste que l'on remplisse de nouveau son verre. Jess, qui était non loin, lui frotta doucement l'encolure avec ses serres tout en repoussant le contenant bien trop attirant, expliquant qu'il ne serait pas raisonnable de continuer de pochetroner.

"Il est comme ça à chaque fois qu'elle part de la ville, il est pas croyable, râla Dungeon Maker qui terminait la nouvelle borne arcade personnelle de sa cousine.

- Mais je l'aiiiimmme, hennit le cheval en s'effondrant sur la table pour y pleurer.

- Mais il l'aime, répéta la petite griffonne en renfort. Il ne faut pas lui en vouloir. Vous n'avez jamais essayé de lui faciliter les choses ?

- Ce genre d'histoire, il ne faut pas s'en mêler, expliqua la tenancière avec conviction.

- Tout à fait, approuva le second griffon en croisant les pattes en hochant de la tête. C'est la porte ouverte aux pires ennuis quand on commence à se mêler de ce genre d'histoire. Au bout d'un moment, on ne s'en sort plus, autant se jeter dans des sables mouvants."

Jess prit une expression contrit et fronça du bec. Elle marmonna qu'il devait bien y avoir des moyens et se retira dans l'une des chambres que la patronne prêtait aux deux griffons à l'étage.

"Sa naïveté est sa force et sa faiblesse, prophétisa Flitze en s'aiguisant les serres avec une lime. Bon, je vais moi aussi me coucher, il commence à être tard et demain, on a beaucoup à faire."

Et il se retira dans sa chambre sans se douter qu'il était suivit par bien des regards dissimulés dans l'ombre.

*

* *

"Et voilà ma chère vassale... Ceci, c'était les bases. Tu peux faire des choses simples avec la réalité à présent, prend bien garde à ne pas te casser les dents."

Le maître et l'élève étaient tout deux à l'intérieur de la forêt Everfree, l'étendue boisée la plus dangereuse et la moins influençable d'Equestria. Les poneys régentaient tout leur univers : ils levaient le soleil et la lune par le biais des Princesses à Canterlot, régulaient la météo et les saisons avec les pégases et leur usine à Cloudsdale, et aidaient même les animaux dans leur quotidien. Les poneys étaient partout et intervenaient à chaque once de leur existence... sauf à Everfree. Ici, les arbres poussaient sans intervention, aucun équidé volant ne pouvait modifier la météo et la faune des environs était trop sauvage et dangereuse pour être manipulé par qui que ce soit (à part Fluttershy, mais elle avait un don avec les bêtes). La journaliste câlina le chaton qui était auparavant un dangereux loup de bois, une terrible créature végétale chassant en meute. Le reste du groupe était d'ailleurs en train de se frotter contre une Fluttershy aux anges. Les yeux de la jument grise se posa sur Discord et la jument de ses pensés en train de discuter et de s'amuser ensemble, et ses globes oculaires s'illuminèrent alors qu'elle lisait le Script pour savoir la véritable nature de leur lien présent, et à venir. Une petite larme de jalousie coula alors de sa joue quand elle tomba sur la connaissance, mais elle ne resta pas fâchée bien longtemps. C'était même mieux comme ça. Son professeur et sa mère de substitution étaient bien trop occupée pour faire attention à elle, c'était donc le moment de s'éclipser pour réaliser la suite de son plan.

Le Script restait brumeux sur bien des points et elle allait devoir chercher certaines informations elle même... Et puis de toute manière, abuser de la Lecture ne pouvait que l'épuiser. Cependant, en côtoyant les Elements de l'Harmonie et en particulier, la très bavarde et exubérante Pinkie Pie, Geeky avait finit par apprendre l'existence de Zecora, une zèbre habitant à l'intérieur de la dangereuse région boisé à côté de Ponyville.

Après les révélations de Discord, il était à présent temps d'interviewer une équidé zébré.

La licorne s'enfonça dans la forêt, et bientôt les échos d'hilarité du Seigneur du chaos s'évanouirent pour laisser lieu et place au silence. Elle marcha ainsi plusieurs heures, se perdant en chemin, mais sans jamais avoir aucune crainte, car elle était maintenant parée pour s'en sortir un peu par elle même. Bon, elle avait faillit se faire mordre la croupe par quelques loups de bois en rogne, mais elle s'était contenté de les changer en gentils nounours en peluches. Maintenant, d'adorables compagnons de lits pour poulains gambadaient gentiment dans les bois. Lorsqu'elle aperçut de la fumée, la journaliste craignit s'être fourvoyée et trompée de chemin, d'autant plus que la nuit tombait à nouveau sur les terres. Elle trotta pour vérifier la provenance de cette fumée et tomba sur une hutte des plus exotiques.

*

* *

"La nuit tombe mes frères

Il est l'heure d'exercer notre haine

Rendez moi fier

Gloire à notre Reine"

*

* *

En poussant la porte, Geek Writer fut accueillie par pas moins de deux javelots fins qui auraient très bien pu lui faire goûter à un trépas auquel elle espérait tant. Mais hélas, elle se devait bien de les éviter si elle voulait accomplir sa tâche. Comme à chaque fois qu'elle utilisait les forces du chaos, ses yeux s'enflammèrent et les projectiles lui rebondirent dessus avec un bruit de caoutchouc. Elle fut accueillie par une troisième arme tenue à bout de paturon par une zèbre qui tremblait, un masque médical sur la figure.

"Vous savez ce qui se passe en ce moment... susurra la licorne avec douceur alors que la lance tribale se transforma en ne grosse limace."

Zecora observa l'étrange intruse avec suspicion et retira son masque qu'elle avait couvert de feuille aromatique et épaisse, tout ce qu'il fallait pour l'empêcher de respirer de dangereux gaz.

"Lorsque la Reine vient

Nos rêves parlent de déclin

Plus ils nous oppressent

Plus elle progresse

La peur m'étreint alors

Car d'anciens contes affaiblissent l'aurore"

Les oreilles de l'écrivaine se régalaient de cette poésie banale mais omniprésente dans la voix de ce peuple si mystérieux et inconnu. Les paroles devenaient toujours un brin énigmatique, mais avec un peu d'interprétation, on comprenait par exemple que l'étrangère exprimait une crainte pour le futur, ou en tout cas, que les lendemains étaient menacés. L'as de la plume ne se retint pas de décrire ce qui se passait alors dans la métropole équestrienne : la terreur diurne, la folie s'emparant des poulains et de quelques adultes et les révélations du regretté Pizza Slice.

"Laissez moi vous expliquer

Car bien de sinistres choses y sont intriquées..."

*

* *

Le guerrier choisi par le grand chaman se faufila avec agilité à l'étage. Malgré son masque de bois rigide, il voyait parfaitement ce qui se présentait à lui : une chambre de fortune avec des matelas à terre, du bazar poussé à la hâte contre les murs, et deux silhouettes à plumes sous les draps.

*

* *

"Mon peuple est constitué de bien des clans

Qui ont perduré au fil du temps

Mais il y a bien des étés

Alors que je n'étais pas née

Ceux qui étaient connus pour leur chaman

Ont entamé des rituels bien plus profanes

Ils voulaient la connaissance pour contrer la famine

En oubliant de quel côté l'esprit se détermine"

*

* *

Le guerrier sortit de son sac une boule de cristal aux parois très fine et au contenant nauséabond. Un déclic le fit sursauter, mais sa plus grande surprise, ce fut lorsque qu'un gros poids lui tomba sur la tête pour l'assommer. Le délicat projectile entre ses sabots fut rattrapé in extremis par un Flitze s'étant porté courageusement volontaire pour rester dans la chambre ciblée, malgré le risque énorme d'être frappé par la maladie magique sous verre. Il trembla légèrement, la manoeuvre était risquée et c'était sa vitesse et son agilité surgriffonne qui lui avait permis de la réaliser sans dommage. La porte s'ouvrit pour laisser entrer une Jess inquiète, tout aussi tremblante.

"Tu avais raison Jess... constata Dungeon Maker avec gravité. Ils vous ont trouvé... Dans peu de temps, ils vont investir l'endroit."

Néanmoins, malgré la situation gravissime, la tenancière de bar était contente de son petit piège. Le poids était bien trop lourd pour être porté par l'un des deux frêles griffons en vol, cependant, avec un petit mécanisme le retenant au plafond et un petit levier à manipuler, il suffisait juste de déplacer le poids au plafond et de bien viser. L'alliance des poneys et des griffons était donc possible, et même très profitable.

"Bon, il faut faire comme prévu." indiqua la licorne en faisant un signe au destrier noir qui s'avança pour prendre en charge les deux réfugiés. Tout ce petit monde descendit au rez-de-chaussée pour sortir par la grande porte, sauter dans une diligence à laquelle s'attela aussitôt Soft Driver. Le conducteur se rendit rapidement compte qu'il manquait quelqu'un : la barmaid elle même, bloquée au pas de sa porte, regardant l'extérieur en tremblant de tous ses membres. La petite griffonne au noeud passa la tête hors de l'habitable pour lui porter secours :

"Dungeon ! Tu y es arrivée pour ta cousine ! Viens, on a peu de temps !"

Le temps semblait manquer en effet, car des projectiles propulsés par des sarbacanes bombardèrent les lieux, obligeant la mignonne soigneuse à se protéger dans l'habitacle alors que Soft partit en trombe, et la propriétaire du Gaming Hoof Palace à se réfugier dans sa demeure.

"Non ! Soft ! Reviens en arrière, Dungeon n'est pas avec nous !" cria Flitze qui fronça le bec de terreur.

Mais le conducteur savait bien qu'elle n'était pas avec eux. Elle avait prévu sa propre faiblesse dans son plan d'évacuation et les indications de la cloîtrée étaient bien claires à ce sujet : il fallait l'abandonner à son sort. Si malgré un attentat à sa vie, elle ne pouvait abandonner son logis, alors elle succombera avec son établissement.

*

* *

"Dieu trompeur et maître tourmenteur

La reine rouge connaîtra de nouveau son heure

Pour pouvoir prendre sabot dans notre monde

La peur doit devenir la plus puissante des ondes

Les chamans alors corrompus

Parcoururent mon pays à la recherche de leur dû

Ils distillèrent leur poison

Les petits gagnèrent des cauchemars à foisons

Même éveillés

Ils ne pouvaient en être soulagés"

*

* *

La jument adepte de jeux de rôles vérifia rapidement son corps, mais aucun projectile ne s'y était figé, à son grand soulagement. Elle ne voulait pas savoir de quoi était enduite ces seringues primitives, mais elle risquait fort bien de le savoir si elle restait au milieu du bar sans rien faire. Alors que de lourdes pierres éclataient vitrines et vitres, suivit de boules de cristal répandant une fumée jaunâtre dans tout le bar. L'équidée avait cependant déjà disparu dans les étages supérieurs. Elle se rendit auprès du zèbre déjà à terre dans l'ancienne chambre des griffons et le débarrassa de son masque et l'examina rapidement. Au niveau du museau, il y avait une sorte d'encoche remplit d'herbes et de feuilles épaisses. Un masque à gaz rudimentaire. Sans trop y réfléchir, elle enfila le masque alors que l'étage était à présent bombardé à son tour, puis enfumé. Rapidement, c'était tout le bâtiment qui était enveloppé dans un épais brouillard jaune. L'inventrice attendit un instant, mais ne sentit guère la folie envahir son âme. Il y avait même plutôt une odeur apaisante issu d'un pays lointain que ses sabots n'avaient jamais foulé. Pendant que la fumée se dissipait par les fenêtres éventrées, la jument se livra à diverses préparations.

*

* *

"Pour accomplir leur forfait

Parmi nous ils complotaient

Jouissant des avantages propres à notre race

Quand vint le moment de les suivre à la trace

Ils abandonnaient leur tenue païenne

Pour se fondre dans la masse citoyenne

Tels les rats et les mulots

Ils infiltraient les cales et devinrent matelots"

*

* *

La première vague fut prise totalement en dépourvue. Trois solides gaillards qu'elle repoussa en faisant sauter le bouchon d'innombrables bouteilles qu'elle avait disposé sur le comptoir. Avec ce mitraillage de liège, les trois infiltrateurs qui n'étaient venus que pour s'assurer de découvrir une ou deux victimes délirantes n'insistèrent pas.

*

* *

"A Equestria ils ont accosté

Chez les poneys à présent ils se terraient"

*

* *

La seconde vague était bien plus sérieuse et avait pour but de neutraliser la survivante. Cependant, les cultistes ne pouvaient pas à la fois poursuivre leurs proies initiales et s'occuper du siège du Gaming Hoof Palace, et Dungeon Maker le savait. Face à quelques guerriers équipés de masses et de long couteaux, elle répondit avec bien plus de violence en leur envoyant le mobilier sur le coin du museau. Fermant tout les rideaux pour plonger son estaminet dans le noir le plus total, elle s'aida de sa seule mémoire pour combattre avec férocité ses assiégeants. Elle connaissait toute la disposition des tables, des chaises et autres bornes d'arcades par coeur.

Elle savait où se cacher pour être hors d'atteinte d'un projectile. Elle savait ce qui lui restait à faire quand elle entendait un pas près du comptoir, là où elle cachait ses outils comme ses tournevis et ses marteaux. Il y eut des os fracassés et des yeux percés. Et c'était dans un bien piteux état que les assaillants retournèrent vers leur chef : ils avaient échoués, mais l'un d'entre eux avait réussi à placer un coup de masse dans les genoux de la licorne. Elle devait donc être plutôt diminuée.

*

* *

"Et maintenant elle revient

Nos cauchemars indiquent son retour prochain.

- Mais vos poulains, vous les avez guéris non ?

- Pour ramener la raison

Il faut impérativement détruire Sa maison

Si le chaman échoue à sa mission

Sa mort interrompt la transmission."

*

* *

La troisième vague n'était pas revenue.. et pourtant le chef chaman avait rappelé des effectifs s'occupant de la poursuite. Il avait compris qu'avant de s'occuper des griffons qui n'étaient que des proies tremblants dans le noir, il devait s'occuper de ce formidable cerveau et la mettre hors d'état de nuire. Le temps n'était pas un problème, avec la Transmission et la folie des poulains, tout et n'importe quoi pouvait arriver, ce qui occupait bien la Garde qui en faisait sa priorité. Ils avaient donc tout le temps nécessaire à retirer ce bâton de leur roue. L'étalon de science spirituel pénétra à son tour dans l'estaminet dédié aux jeux où se trouvait deux des siens étendus à terre sans connaissance, une table fracassée entre eux deux. Il trouva rapidement l'accès à l'étage et dût pousser un autre guerrier groggy.

"Prenez garde grand chaman

Partout sont les chausses trappes

Les coups, les trous et les explosions au propane

Sa blessure nullement l'handicape..."

Le chef rassura son subordonné d'un mouvement de tête, et après une petite accolade apaisante, il continua de monter les marches. A l'étage, le spectacle était bien pire, et il fut accueilli par une volée de projectiles ronds ainsi qu'une petite détonation. Il n'y avait nulle explosion et nul propane ici, cette jument devait utiliser une sorte de fronde mécanisée. Ses camarades et étalons combattants avaient pratiquement épuisés tous les pièges de leur proie, ci et là, il manquait des morceaux de murs, de plancher et de plafond, laissant échapper des dispositifs plus ou moins fantaisistes et élaborés destinés à assommer ou bien à ralentir les attaquants. Le zèbre prit l'une des potions de son sac destinée à améliorer son sixième sens, son intuition purement animal. On disait que le renard pouvait reconnaître un piège quand il en voyait un. Mais c'était bien mieux que cela, il savait que c'était un piège bien avant de voir le dispositif ou le moindre morceau de métal. La potion du goupil se basait sur cette croyance et nécessitait des ingrédients bien précis, récoltés dans des circonstances complexes. Ce breuvage était donc l'un de ses plus précieux et plus efficace dans son arsenal, mais la cible en valait la peine. Il parcourut le couloir finissant sur un escalier menant à un nouvel étage, très certainement remplit de chausse-trappes prêts à l'emploi, sans compter sa proie aux abois. Autant prendre le temps d'examiner cette fronde étrange en forme de triple tubes élargis à leur bord. Il y avait de quoi les remplir sur le dessus de chacun d'entre eux et un levier à actionner, certainement pour libérer les projectiles.

La potion était efficace. A chaque fois qu'il s'apprêtait à se faire piéger, c'était comme s'il avait une sonnerie dans la tête. Lorsqu'il regardait une planche cachant quelque chose, celle ci semblait d'une autre couleur, ou de dégager une aura particulière. Il se contorsionna et esquiva chaque piège tout le long du chemin jusqu'en haut. Il lança un fumigène et compta trois détonations. Enfin, il se trouva face à sa proie qui avait revêtu une écharpe, l'éclat du crépuscule derrière elle donnait des reflets argenté à son crin noir, tout comme la vue du zèbre donnait un éclat de colère dans les yeux de la jument. L'étoffe de soie transparente semblait danser dans l'atmosphère alors que l'air entrait dans la pièce par la vitre éclatée. Les deux adversaires se toisèrent un instant et la licorne utilisa sa magie pour faire claquer son écharpe. Le zèbre lança aussitôt une fiole d'acide sur la tête de la ponette, juste avant de recevoir l'arme improvisé dans le masque de plein fouet. Dungeon Maker hurla de terreur alors qu'elle se rendit compte de la nature corrosive du liquide enveloppant son masque, dans la panique, elle vira la décoration d'un coup de sabot et respira alors le terrible gaz. Elle toussa et pleura avant de donner un ultime coup de fouet improvisé dans le masque de son adversaire, tout en sentant son esprit s'embrumer.

"Tu nous a donné beaucoup de peine

Ton esprit est brillant et retord

Mais nul ne peut échapper à notre Reine

Nul ne peut empêcher son essor."

*

* *

"Si les cultistes utilisent leur camouflage social pour se cacher parmi la population, comment faites vous pour les reconnaître ?

- Avec bonheur notre solution

Repose sur la communication

Nous questionnons chaque zèbre

Et étudions leur verbe

Voyez vous les zèbres normaux

Utilisent des mots jumeaux

Alors que les corrompus

Doivent payer pour tribut

D'entremêler leurs mots

C'est ainsi que nous distinguons leur maux."

La licorne grise termina sa prise de note et hocha de la tête, elle pensait y voir beaucoup plus clair à présent. Mais elle avait une dernière question :

"Tout les zèbres font des cauchemars quand cette créature est sur le point de venir chez nous ? Ou seulement ceux qui ont fait partie de ce clan de chaman ?"

La zèbre lui répondit par un regard triste et un silence beaucoup plus éloquent que n'importe lequel de ses poèmes. La Vassale du chaos leva alors un sourcil poliment et prit un air contrit.

"Je protège toujours mes sources. Cela sera notre secret, promit Geeky. Mais je serai vous, Zecora, je resterai tranquillement ici le temps que cette histoire se règle."

Le voyage retour ne fut pas bien long, mais Sketchy se chargea de l'engueuler comme du poisson pourrie pour avoir fait peur à tout le monde, ce à quoi l'écrivaine répondit alors simplement :

"Je vais pouvoir retourner à Manehattan..."

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