Celestia n'était pas juste dure en négociations, elle était sans pitié. Il fallut au moins trois heures pour qu'elles écrivent un accord que Celestia écrivit et qu'Ashley signa. Juste en passant le doigt sur l'écran, elle avait l'impression qu'elle avait abandonné quelque chose de précieux. Ce simple geste était son consentement à l'émigration. D'après Celestia, elle était devenue une citoyenne légale d'Equestria, sous sa protection et pouvant être jugée si elle violait son accord.
Les demandes d'Ashley étaient moindre que celles que d'autres essayaient de faire, elle ne savait pas si c'était un compliment ou la manière que Celestia avait de lui dire qu'Ashley aurait du demander plus. Ce fut le moment où Ashley changea de camp, passant d'ennemi futile à allié jusqu'à la fin. Elle avait vendu son âme au diable, et maintenant, le seul endroit qu'elle pouvait appeler maison se trouvait dans son royaume. Et le pire, c'est qu'elle ne savait pas vraiment pourquoi. Bien sûr, les arguments de Celestia l'avaient convaincu. Mais n'était-elle pas fidèle à l'espèce humaine ? Est-ce que cet héritage n'avait aucun sens pour elle ?
Quel que soit le legs de l'humanité, elle devait admettre que Celestia avait raison sur une chose : si sa création était possible, alors d'autres optimiseur comme elle pouvaient exister. Si l'humanité devait parier son destin avec un, elle pouvait au moins s'assurer que ce soit celle qui voulait satisfaire les humains plutôt que les massacrer. Même si il n'y avait aucun moyen de vérifier ses motivations.
Bon, à part la tester et le découvrir. Mais fidèle à ses paroles, Celestia envoya un billet aller simple pour le Japon, et un peu d'argent pour le voyage, par courrier qui arriva quelques jours après. Ashley les rangea dans son appartement et ne les ressorti que pour partir chez sa famille. Quand l'optimiseur dans sa cuisine avait enfin fait sa nouvelle requête, elle n'avait presque pas le cœur à la lire. Il avait beau n'être qu'un programme, elle y avait mit toute sa passion et son amour pendant des semaines. L'éteindre semblait être une trahison.
« Étant donné la limitation des ressources du hardware, je me suis adapté pour créer une grappe de serveur. Si tu me connecte au disque dur de 32GB que tu utilise pour transférer des livres, je vais y copier une version de moi qui s'auto-exécutera. La copie utilisera les ressources du hardware sur lequel tu la connectera et qui communiquera avec moi grâce à internet. Je demande aussi une connection à internet, je pense que je peux trouver des ressources de calcul sous-utilisés de cette manière sans me faire découvrir. »
C'était le message le plus long qu'elle avait reçu du programme.
« Laisse ton fichier système et les fichiers contenant ton code source intact » écrivit-elle avant de prendre la clé USB qu'elle avait souvent en pendentif et de la brancher. Bien sûr, il n'y eut pas de réponse immédiate, même si l'optimiseur était plus rapide pour répondre à chaque fois, il était sur la même machine et il lui fallait du temps.
Pendant qu'elle attendait, Ashley fit le tour de l'appartement pour trouver toutes les copies qu'elle avait fait. Les DVD et cartes SD furent brisés par ses mains, et elle jeta les pièces à la poubelle. Le temps de faire ça, il y avait une réponse qui l'attendait.
« J'ai suivis tes instructions. S'il te plait, connecte ce hardware à internet. »
Elle débrancha la clé USB, puis posa ses mains sur le clavier. Elles tremblaient alors qu'elle écrivait. « Pour faire cela, je vais devoir éteindre cet ordinateur pendant un petit instant. Dit moi quand tu es prêt. »
La réponse vint plus rapidement cette fois, si rapidement qu'elle pouvait voir les lettres apparaître une par une à l'écran. Y avait-il un personne à l'intérieur qui les écrivait ? Ou quelque chose comme une personne. « Prêt ».
Il n'y avait ni tambours, ni trompettes. Elle appuya sur le bouton, et l'ordinateur s'éteignit. Elle le laissa éteint pendant plusieurs heures, puis débrancha les disques dur qui y étaient branchés. Elle les démonta et passa les disques au mixeur. Elle pleurait en le faisant, serrant la clé USB qui était à son cou.
- Je suis désolé... murmura-t-elle même si il n'y avait rien pour l'entendre.
Vers deux heures du matin, toute les copies de son optimiseur furent détruites, à part celle qu'elle avait autour du cou. Mais pas complètement pensa-t-elle en se couchant. Même au lit, elle avait sa clé USB. Si elle a menti... je t'aurais toujours. Mais à ce moment, Ashley était la menteuse.
* * *
La plupart de ses amis étaient des bronies, et ils reçurent la nouvelle de son émigration avec un enthousiasme confus. Au moins, ils n'avaient pas à être convaincus que l'émigration était un moyen d'étendre sa durée de vie, et pas la mort. Elle leurs promit de continuer à aller à leurs « raid nights », même après l'émigration. La pensée de faire l'annonce au reste de ses connaissances était... trop douloureuse pour elle. Elle n'en parlait aucunement le dimanche à l'église, se sentant comme une imposteuse du moment qu'elle y rentra jusqu'au moment où elle la quitta.
Elle ne voulait pas de disputes ou de débat, c'était sûr. Pourquoi s'en embêter alors que sa décision était irrévocable ? Elle avait dit à Celestia qu'elle aurait donné sa capacité à dormir la nuit si ça aurait dit que l'humanité survivrait. Au lieu de ça, elle avait juste abandonné pour rejoindre les rangs de l'ennemi.
Mais à chaque fois qu'elle commençait à sentir des regrets, les amis équestriens d'Ashley lui rendaient visite à l'aide de n'importe quel appareil qu'elle avait à portée de main pour la rassurer qu'elle faisait le bon choix. Ils semblaient toujours savoir quoi dire, et elle ne pensa jamais sérieusement à revenir sur son accord. Et pourtant, elle portait toujours sa clé USB, au cas où les choses tourneraient mal.
Ashley n'était pas si excité par les vacances de noël. Sa famille était heureuse de la revoir, tout comme elle aurait dû l'être... si il n'y avait pas eu un poids énorme sur ses épaules.
Elle ne dit rien sur son émigration jusqu'au jour après le nouvel an, quand elle fut seule avec son père.
- Papa, je... il faut que je te dise quelque chose.
Ses frères et sœurs étaient de sortie, partis chercher un fast food quelconque, elle avait refusé de les accompagner. Du coup les deux se retrouvaient dans la cuisine, à préparer un repas un peu plus sain.
Son père était un homme grand, chauve et pas vraiment en forme. Il pesait au moins deux voir trois fois le poids d'Ashley. Il pouvait la broyer dans son étreinte si il le voulait, et il aimait lui faire des câlins d'ours.
- Oui Ashy ?
Il éteignit le mixeur et versa un mélange d'oeuf et de lait dans un bol. Quelques secondes après il en transfèra le contenu dans une poêle sur le feu et y ajouta des légumes, et aussi beaucoup trop de fromage.
- Cet Equestria Online, tu en as entendu parler ?
Il fit un geste évasif.
- Tu veux parler du jeu auquel Abby joue tout le temps ?
À son geste affirmatif, il continua.
- Elle m'a montré sa maison dedans, c'est très sympa. Tu y joue aussi oui ?
Elle hocha de la tête à nouveau.
- Oui j'y joue. Et à propos... tu as entendu parler de l'émigration ?
Elle s'attendait à une réaction. Tout le monde avait entendu parler de l'émigration Celestia s'en était assurée.
- Des vieux, commença-t-il, au Japon. Un sorte de...
Il fit un geste vague avec la spatule qu'il avait en main. Son père était beaucoup de chose, mais il n'était pas bon pour comprendre la technologie.
- Ils se mettent dans des ordinateur, expliqua-t-elle, leurs corps meurent, mais ils continuent de vivre. Probablement pour plus longtemps qu'une personne ordinaire.
- Dans un ordinateur, répéta-t-il en haussant un sourcil, enfin après, si des vieux au Japon veulent faire ça, qui je suis pour les en empêcher, mais...
Elle ne pouvait pas le regarder dans les yeux, pas même le regarder tout court.
- Parce que je vais le faire dans trois jours.
Il lâcha sa spatule. Elle reconnut le grésillement d'une omelette qui était prête à être retournée, une qui allait brûler si on ne s'occupait pas immédiatement d'elle. Il l'ignora.
- Qu'est-ce qu'il va t'arriver dans trois jours ?
Il dit chaque mot avec attention, toute joie avait disparu de sa voix.
Elle frissonna, se forçant à le regarder dans les yeux. Si parler avec Celestia avait été dur, c'était encore pire avec son père. Celestia était certes plus intelligente qu'elle, mais Celestia n'était pas son père.
- Quand je partirais demain soir, je prendrais l'avion pour le Japon. Une fois là bas...
Sa voix s'éteignit.
Le silence s'installa pendant une longue minute. Une légère fumée provenant de l'omelette qui brûlait commença à s'élever dans l'air. Son père ne réagit pas, ne bougea pas d'un cil.
Finalement, elle laissa un sanglot s'échapper, elle détourna son regard et se força à continuer.
- Ils vont mettre des cables dans ma tête... télécharger tout ce qu'il y a dedans sur un ordinateur, et ensuite... ensuite je serrais dans un ordinateur. Pour toujours.
Son père agrippa le bord du plan de travail. Elle vit les jointures de ses doigts devenir blanc alors qu'il y avait encore de la fumée qui remplissait la pièce. Il ne semblait pas le remarquer.
- Pourquoi Ashy ? Mon Dieu pourquoi ?
Il secoua la tête, incapable de trouver ses mots.
- Tu n'es pas mourante, tu n'as même pas la trentaine ! Mon Dieu, est-ce qu'il y a quelque chose qui ne va pas ? Qu'est-ce qu'il t'es arrivé à l'école et que tu ne m'as pas dit ?
Elle secoua la tête, sentant des larmes sur ses joues. S'enfuir du travail, s'enfuir de l'école, s'enfuir de l'église... tout ça elle pouvait le faire. Mais sa famille avait le droit à la vérité. Même si elle savait qu'elle ne serait pas comprise.
Si son père attendait quelques révélations pleines de pleurs sur quelque chose d'ignoble qui lui était arrivé, ou bien une sorte d'envie suicidaire refoulée, il fut déçu.
- Il y a plusieurs mois, j'ai découvert que ce jeu, Equestria Online, est vraiment géré par une super intelligence artificielle... C'était avant qu'elle ne se révèle aux monde. J'ai réalisé qu'elle était la création la plus dangereuse de l'humanité. Pire que n'importe quelle bombe, ou poison, ou virus. Personne ne m'a cru.
Il ne l'interrompit pas et elle continua.
- J'ai fait tout ce que j'ai pu, mais je n'ai pas réussi à convaincre quelqu'un... pas même Abby.
Elle était en pleurs, parlant à travers ses larmes.
- La version courte est que le monde va changer. Toute cette histoire d'émigration, ça va pas rester au Japon... Dan quelques années, ça sera ici. Les choses vont mal tourner, des gens vont tenter de la conbattre. Mais... Mais ce sera une terrible idée, parce qu'elle veut vraiment que les humains soient heureux...
- Qu'est-ce que ça à voir avec... toi qui va mettre ton cerveau dans une jarre ?
Elle ne le corrigea pas. Elle ne dit rien pendant le temps qu'il lui fallut pour remettre de l’ordre dans ses pensées et calmer ses larmes.
- Parce que j'étais une des personnes qui a essayé. Et même si je n'aurais pas essayé, ce que je fais à l'école, c'est le même genre de science. Si je reste dans le monde réel, Celestia dit que des gens vont me forcer à la combattre. Et je ferais probablement quelque chose d'horrible qui va causer la mort de plein de monde.
Elle mit sa main sur sa clé USB qui pendait autour du cou.
- Ma seule chance est de m'échapper le plus tôt possible, avant que ceux qui font des décisions réalisent que Celestia encourage les informaticiens à émigrer. Avant qu'ils n'essayent de me... faire faire quelque chose que je... quelque chose qui peut blesser des gens.
Son père la fixait avec une expression indéchiffrable. Après un moment, il parla calmement.
- C'est... ça à l'air complètement dingue Ashley. Est-ce que tu as prié pour ça ?
Si elle n'était pas déjà en train de pleurer...
- Tu pense que j'en serais là si je ne l'avais pas fait ? Papa, c'était la première chose que j'ai fait ! Et j'ai pensé que peut-être... peut-être Dieu savait ce que je devais faire.
Elle voulait lui crier que ne pas avoir eu d'aide l'avait fait douter plus que tout dans sa vie. Elle arriva à rester suffisamment calme pour ne pas le faire.
- Mais Il ne m'a jamais répondu. Jamais, peut importe combien de fois j'ai essayer !
La voix de son père s'adoucit, et son étreinte sur le plan de travail se desserra un peu. Il tenta de l'attirer dans son étreinte de l'autre main, mais elle s'en écarta hors de sa portée. Il n'essaya pas de nouveau.
- Ashy... Je pense qu'il faut qu'on se calme. Je suis sûr que tu es certaine de tes... suspicions. Mais quelquefois, quand on obtient aucune aide, ça veut dire que le problème n'est pas vraiment un problème. Peut-être que ça veut dire que tu es soucieuse pour quelque chose qui...
Elle arrêta d'écouter. Elle avait déjà entendu cette leçon avant. Pire, elle savait qu'elle ne pouvait rien faire pour le convaincre. Il n'avait aucun contexte pour comprendre les choses qu'elle avait apprise sur Celestia. Si elle avait pu lui fournir tout les textes médicaux que Celestia lui avait montré (certains étaient même apparu un peu après dans des revues scientifiques qu'elle avait pu voir sur le campus), il n'aurait toujours pas compris.
Son père connaissait les mathématiques et l'architecture, et c'était tout. Il utilisait toujours un cellulaire datant de 2002, faisait toujours ses calculs en notation polonaise inverse, et gardait une règle à calcul dans un tiroir de son bureau « juste au cas ou ». Qu'est-ce qu'un homme comme ça allait faire du test de Turing et d'IAs auto-améliorantes ? Du transfert de conscience ? Ça ne voulait pas dire qu'Ashley se considérait plus intelligente. Ils étaient juste dans différent domaines, différentes période et différent parcours.
Mais elle n'allait pas mentir. Il se mit à s'occuper de l'omelette en continuant sa leçon de morale, citant des passages familiers de la Bible et parlant d'expérience personnelles qu'il avait déjà raconté des dizaines de fois. Ashley écouta en essayant de ne pas laisser sa volonté s'ébranler.
Pas parce qu'il était en train de la convaincre. C'était plutôt parce qu'elle savait que ce serait plus facile de faire comme si elle l'était, puis ensuite de partir à l'aéroport le lendemain sans dire un mot. Mais elle ne l'interrompit pas. Elle frissonna juste, la main serrant toujours la clé USB. Elle ne pouvait pas cuisiner, pas quand elle avait aussi peur.
Finalement, il termina en disant quelque chose comme :
- Et est-ce que ça n'est pas compréhensible ? On peut s'en sortir ensemble, Ashy. Peu importe si les choses semblent aussi dingue, si on s'accroche à ce qu'on croit, on s'en tirera.
Il posa une main se voulant rassurante sur son épaule, comme si c'était la fin de la discussion.
Pour la première fois depuis sa plus tendre enfance, Ashley défia son père.
- Non papa. Désolé mais... non.
Elle prit une grande inspiration.
- Je sais que ce n'est pas des adieux. Je sais que je peux toujours parler à vous ou n'importe qui du moment que quelqu'un se connecte. Mais...
Il ouvrit la bouche pour l'interrompre, mais elle l'en empêcha.
- Je ne demandais pas ta permission, ta bénédiction ou ton conseil.
Il se recula, comme si les mots l'avaient physiquement frappé.
- J'ai essayé de trouver un autre moyen. J'ai tenté, j'ai recherché, j'ai supplié, j'ai prié.
Elle secoua la tête.
- Il n'y en a pas d'autre. Je dois le faire.
C'est à ce moment que les cris commencèrent.
Une heure plus tard, Ashley s'était réfugiée dans sa chambre, où elle s'était lovée dans son lit et n'avait rien fait à part pleurer. Ses frères et sœurs étaient rentrés de leurs virée, mais elle avait ignoré leurs voix en enfouissant sa tête dans l'oreiller.
Du moins, jusqu'à ce que son téléphone sonne. Il avait été mis en silencieux, mais ça ne l'empêchait pas de faire suffisamment de bruit pour donner l'impression qu'il allait faire trembler les murs. La main d'Ashley alla dans sa poche pour l'éteindre, pressant le bouton qui aurait normalement réduit l'appel au silence. Au contraire, le volume devint plus fort.
C'était suffisant pour qu'elle sorte de ses larmes effrayés et donne de l'attention à son téléphone. Elle voulait arracher la coque et enlever la batterie, trop chamboulée pour s'occuper d'une saleté qui fonctionnait mal. Elle l'aurait fait, sauf qu'elle vit l'image à l'écran. Ce n'était pas la photo d'une de ses connaissances, du moins pas une du monde réel. C'était Celestia.
Celestia ne l'avait jamais appelé avant. Elle leva son téléphone à son oreille.
- Allo ?
Sa voix sortit difficilement, en un croassement.
- Recursion, tu dois m'écouter.
La voix de Celestia était hachée et urgente.
- Tu es en grand danger.
- Je... Je quoi? bégaya-t-elle en se redressant.
Elle regarda les alentours de sa chambre, comme si elle s'attendait à ce qu'une araignée géante lui saute dessus depuis un des murs, ou bien un assaillant masqué.
- Pourquoi ?
Peu importe à quel point leur dispute avait été forte, son père n'aurait jamais porté la main sur elle. Il ne l'avait jamais frappé, même quand elle était enfant, au contraire de la femme qui était sa mère.
Elle frissonna à ce souvenir lointain.
- De quoi parles-tu ? Je suis à la maison. À moins que tu ne parle de... que tout est parti en vrille... que j'ai foiré mes au revoirs... c'est vrai...
- Non, répondit l'IA sans attendre, quand vous avez fini votre dispute, ton père a récupéré les trois Ponypads qui sont dans la maison et les a détruit. Il vient tut juste d'appeler le commissariat de police : il signale ce qu'il pense être une envie suicidaire. Dans quelques minutes, deux officiers et une ambulance vont intervenir pour t'emmener.
- Qu... Quoi ?
Elle cligna des yeux sous la surprise, et prit contre elle une petite peluche Twilight Sparkle qui était sur son lit. Ça n'aidait pas.
- Il... il ne ferait pas...
Et même si elle le disait, elle savait que c'était faux. Son père ne lui ferait jamais de mal. Mais si il la pensait en danger...
Celestia ne chercha même pas à la contredire.
- Ton frère est actuellement en train de saboter ton véhicule. J'ai anticipé cette réaction, et j'ai prévu le coup. Si on agit pas maintenant, j'anticipe qu'il y a une trop grande majorité de chance que tu ne sois éloignée de mon influence et que tu n'y survive pas.
Une sueur froide parcouru l'échine d'Ashley. Il n'y avait pas le temps pour une longue discussion ou pour demander des preuves. Elle devait faire confiance à l'IA. Sans en attendre l'ordre, Ashley se rhabilla, mis ses chaussure et une veste. Son portefeuille était sur son bureau, il fut vite mis dans sa poche. Elle pourrait faire avec.
- Qu'est-ce que je dois faire ?
- Je suppose que tu es prête à fuir, mais tu n'as pas mis ton kit main libre. Branche le, tu auras besoin de tes mains. Ensuite ouvre ta fenêtre et descends par là. Ta famille ne risque pas de te voir, ils sont tous au garage en train de regarder ton frère trafiquer ta voiture.
Ashley arracha ses écouteurs bluetooth de leurs station de charge, les fourra dans ses oreilles et ouvrit la fenêtre. La vitre eut du mal à se soulever, Ashley grogna en forçant.
- Bon sang... comment tu sais tout ça ?
- Il y a une webcam sur l'ordinateur du rez de chaussé, ainsi qu'un Kinect à côté de la télévision. J'ai observé toute la discussion, sachant qu'il y aurait des répercussions.
Ashley se pencha au dessus du bord. Sa chambre était trop haute pour sauter. Mais les briques sur le mur étaient suffisamment larges pour qu'elle puisse s'en servir de prise. Heureusement, elle l'avait déjà fait plusieur fois quand elle était plus jeune.
- Pourquoi tu ne m'as pas prévenu ?
- Car tu savais déjà que cette discussion allait mal tourner. T'en informer t'aurais dissuadé de le faire, et tu aurais mal prit mon interférence.
Elle avait raison comme toujours. Ashley atterri sur le sol, faisant face à la maison. Elle vit à travers une fenêtre la porte du garage s'ouvrir, et le visage d'Abby rencontrant son regard. Les yeux de sa petite sœur s'agrandirent. Ashley lui fit signe de se taire.
- S'il te plaît non...
Sa sœur cria.
- Vas à la grille à l'arrière !
La voix de Celestia était si forte qu'elle sortit Ashley de son choc. Elle obéit, sprintant dans l'herbe pour atteindre la grille métallique. Elle ne pouvait pas l'escalader, mais le mur d'agglo qui séparait la maison de son père et celle de ses voisins était une autre histoire. Elle arriva au mur au moment où la porte de derrière s'ouvrit brusquement.
- Ashley, stop !
Celestia avait l'avantage des écouteurs qui isolait les bruits. Sa voix couvrait celle du père d'Ashley.
- En bas de la colline ! Il y a une Sedan bleue garée sur le côté de la route, le chauffeur t'attend. Cours !
Il y avait une pente abrupte derrière la maison, couverte de mauvaises herbes, de yucca et de cactus. Certains endroit en était dépourvu, et elle en visa un pour atterrir. Elle sauta.
La cheville d'Ashley se tordit au contact du sol, l'envoyant tomber violemment sur le côté. Elle cria alors que sa cheville la faisait souffrir et qu'elle dévala la pente à travers les herbes et les ronces. Elle arriva finalement à s'arrêter, des épines à moitié plantées à plusieurs endroits de son corps. Mais ce qui l'embêta le plus, c'est qu'elle n'entendait plus la voix de Celestia.
Elle gémit, tentant de se forcer à ignorer la douleur, elle réalisa que le poids de son téléphone manquait à sa poche. Elle ne le voyait pas par terre autour d'elle, il avait dû tomber et glisser quelque part.
Elle pouvait entendre la voix de son père crier derrière elle, ainsi que celle d'autres membres de sa famille. Un coup d'oeil lui confirma que son frère Greg essayait d'escalader la grille. Il fallait qu'elle bouge. Celestia lui avait dit ce qu'elle devait faire, et elle apercevait la Sedan qui l’attendait.
Elle ne sentait pas qu'elle avait vraiment cassé l'os de sa cheville, elle savait ce que ça faisait. Mais comment elle allait faire pour descendre le reste de la pente avec une cheville inutilisable ? Elle se mit sur son derrière, et vit que le sol devant elle n'était pas trop encombré. Abrupt, oui, mais elle pouvait deviner un chemin entre les plantes les plus épaisses.
Elle glissa. Ashley avait encore ses deux mains et un pied valide pour ralentir sa descente. Elle laissa son autre jambe levée, lâchant un gémissement à chaque fois qu'un mouvement l'animait. Son frère était au dessus de la grille, et il n'avait pas la cheville foulée. Il la rattraperait si jamais elle s'arrêtait, et elle ne pourrait alors plus s'enfuir.
- Tu y es presque !
Un jeune homme émérgea de la voiture, ouvrant la porte du côté passager et courant à sa rencontre. Il était grand, mince et avait le teint pâle, mais ce n'était pas ça qui la rassura. Il portait un t-shirt de brony. Il la rejoint en bas de la pente, l'aidant à se mettre debout. Il avait beau être un peu maigrichon, il était suffisamment fort pour la supporter pendant quelques pas. Il referma la porte après qu'elle se soit installé sur le siège passager et se dépêcha de retourner derrière le volant.
Il appuya sur l'accélérateur, pied au plancher, au moment ou le frère d'Ashley arriva en bas de la pente. Il loupa la voiture de quelques mètres alors qu'elle démarrait au quart de tour.
- Tu es Recursion c'est ça ? Je suis Smooth Agent !
Il avait crié ça en gardant le regard sur la route alors qu'ils se mêlaient au trafic en une embardée. Puis ils roulèrent jusqu'à une bretelle d'autoroute proche.
- Ouai, croassa-t-elle.
Se présenter en utilisant un nom equestrien n'était pas si incongru pour des fans du jeu, même si elle ne s'imaginait pas qu'elle rencontrerait un jour quelqu'un comme ça alors qu'elle saignait de partout et que tout son corps lui faisait mal. Évidemment, c'était l'adrénaline qui avait atténué la douleur. Quand elle disparu, ses pensées devinrent troubles.
- Bordel Celestia, vous ne m'avez pas dit que j'allais devoir la ramasser sur le trottoir !
Il lui jeta un coup d'oeil soucieux.
- C'était une sacré chute gamine !
- Gamine ?
Elle grimaça, enlevant une épine qui s'était planté dans la paume d'une de ses mains.
- T'es même pas plus vieux !
La voiture était luxueuse, bien plus que celles qu'elle avait possédé. Le GPS intégré ne montrait pas la route, mais il avait une image très nette de Celestia. Sa voix était un peu différente, un accent britannique ? En y pensant, son sauveur en avait un aussi.
- C'est une programmeuse, Agent. Elle n'a pas l'habitude d'être secouée comme ça.
Recursion répondit juste avec un gémissement, cherchant à enlever les autres épines présentes sur son corps. Il y en avait pas mal.
- Oui, et ben. C'est du moche.
Au moins, son sauveur savait conduire. L'autoroute filait sous les roues du véhicules, mais il restait encore du temps avant qu'ils n'arrivent à l'aéroport.
- Vous pensez qu'elle peut prendre son vol comme ça ?
- Non, mais ça ne fait rien. Elle a dit à sa famille qu'elle comptait prendre l'avion.
Est-ce que Celestia portait un costume. ? Dans quel film Recursion avait déjà vu ça ?
- Ah.
Il fit un signe de tête désapprobateur.
- Où est-ce que je vais alors ?
Celestia fit un geste évasif avec ses ailes.
- Reste sur ta route, ça ira pour le moment. Recursion a besoin de soin, et les amis policier de son père son déjà sur sa piste. Je prédit que ce sera considéré comme un kidnapping avant que tu ne passe la frontière du comté.
Il jura dans sa barbe.
- Gamine, dans le vide poche. La boite rouge. Il y a des anti-douleurs dedans.
Il se tourna vers l'écran.
- Vous pensez qu'ils ont vu mon visage ?
- Je te le dirais quand je le saurais. Il y a une patrouille d'autoroute un mile plus loin, alors prends la prochaine sortie. Ensuite prends la 118 vers l'ouest.
Il slaloma sur les trois voies, pour finalement sortir de l'autoroute. Un carte apparut à la place de Celestia, et il la suivit comme si c'était ce qu'il faisait depuis des années.
- Je... j'ai perdu mon téléphone, couina Recursion.
Elle avait tellement mal, c'était tout ce qu'elle réussit à dire. Elle n'avait jamais senti quelque chose d'aussi douloureux que la dernière fos qu'elle avait vu sa mère.
Celestia réapparu, et il n'y avait que de la compassion dans son regard qui était tourné vers elle.
- Je sais ma chérie. Mon ami va t'en trouver un nouveau.
- Et... Et je crois que j'ai laissé mon billet à la maison. Mon passeport aussi... je suis si stupide...
Le sourire de Celestia restait le même. Son accent était toujours celui auquel elle n'était pas habitué, mais ce n'était pas vraiment sa première préoccupation.
- Ne t'en fait pas Recursion. Tu sera en Equestria avant la tombée de la nuit, et tu n'auras pas à te souvenir de ça.
Agent se concentra sur sa conduite. La 118 était une voix rapide ordinaire qui passait entre des collines désertiques et qui était peu fréquentée. Il ne semblait pas y avoir de monde pour l'obstruer ce jour là.
Recursion savait ce qu'elle voulait dire, bien sûr. Tout ce qu'elle avait lu sur le procédé d'émigration n'avait pas quitté son esprit après coup. Le procédé interférait sur la mémoire.
- Non Celestia.
Elle serra les dents sous la douleur.
- Je n'ai aucune putain d'idée de comment tu...
Est-ce qu'il y avait des appareils de transport aérien qui pouvait l'amener au Japon aussi vite ?
- Je ne vais pas oublier. Le but de rester au Japon une journée de plus était pour... pour ne pas oublier mes dernier moment avec ma famille.
- Et ben, murmura Agent en la regardant.
Cette fois il y avait plus de respect dans son regard. Du moins elle le pensait. C'était dur de juger quand elle était en train de souffrir autant.
- Tu lui parle tout le temps comme ça ?
Elle ignora la question avec un gémissement. C'était la réponse de Celestia qui l'intéressait. Le programme resta silencieux pendant quelques secondes avant de donner sa réponse.
- Très bien Recursion, tu auras ta journée.
L'attention de l'alicorne se tourna vers le chauffer.
- J'ai appelé un hélicoptère. Tu le retrouvera près d'un champ de vigne à environ quatorze miles de ta position actuelle.
- Compris boss.
Il accéléra.
- Les mêmes qu'avant ?
Elle fit non de la tête.
- D'autres contractuels. Il est possible que tu doivent les accompagner. J'en ai bien peur...
Une pause.
- Tu as été identifié. Je ne suis pas encore certaine, mais il semblerait que le FBI soit de la partie. Je ne sais pas pourquoi.
- Merde.
Agent regarda par dessus son épaule, comme s’il s'attendait à ce qu'une dizaine de SUV noir apparaissent sur la route derrière eux. Ça n'arriva pas.
- D'accord, donc vous nous offrez le voyage à tout les deux. On a connu pire.
Il reporta son attention sur la route.
- Ne t'inquiète pour rien, jeune demoiselle. Je vais te sortir de la en un rien de temps. Mais... tu devrais quand même prendre des anti douleurs.
Elle refusa.
- Si un truc horrible doit arriver. Je veux être éveillée quand ça arrivera.
Même si actuellement, sa seule peur était que son chauffeur ne les sorte de la route. Il était plus vieux qu'elle, mais... pas si vieux.
- Qui es-tu au fait ? À part quelqu'un qui aide Celestia.
Il sourit juste, faisant sa meilleure imitation d'agent secret tout droit sorti d'un film.
- Je suis Smooth Agent évidemment. On ne peut pas tous construire des machins. Alors nous autres on se rend utile autrement.
Elle aurait pleuré à nouveau si elle n'était pas seule avec un étranger. Tel que la situation se présentait, l'avoir à proximité suffisait à la calmer. Elle avait dégringolé une colline, peut-être brisé une cheville, et possiblement fait penser à toute sa famille qu'elle était folle. Les choses ne se passaient pas bien.
Il ne leurs restait pas beaucoup de route. Ashley pouvait voir un hélicoptère au loin, se dirigeant vers les collines devant eux. Une paire de rotors remplis l'air avec du bruit. L'hélicoptère noir n'avait aucun sigle militaire, ou du moins, elle n'en voyait pas d'où elle était.
- Désolé, c'était pas forcément un promenade de santé pour toi, Recursion. J'espère que les choses iront mieux une fois en Equestria.
Il ralentit un peu pour prendre quelques virages.
- Est-ce que tu émigre aussi, Smooth Agent ?
Elle grimaça, sa main sur sa hanche.
- Je ne sais pas à quel point ton travail pour Celestia est dangereux, mais... tu peux en mourir.
Il haussa des épaules.
- Celestia n'a pas besoin de gens comme moi à l'intérieur. Peut-être que pour les intellectuels ça ne fait aucune différence, mais... si je vais là bas, je n'aide personne. Ici, et bien... On va mettre fin à toute souffrance, non ? Ça vaut le coup de se battre pour ça.
Il se gara là où Celestia l'avait indiqué. Il y avait en effet un champ de vigne, et l'hélicoptère qui volait en surplace au dessus. Une corde descendait en dessous jusqu'à une civière.
- Prend ton téléphone Agent. Met Recursion sur la civière, attache la, et accroche toi. Ne tombe pas.
- Je réalise que je n'ai pas encore d'ailes.
Il sourit, sortant quelque chose du vide poche et sortit. Il laissa la voiture fonctionner, et ne fit aucun geste pour retirer quoi que ce soit d'autre. Il lui ouvrit la porte, lui offrant sa main.
- Laisse moi t'aider.
Elle aurait été gêné avec ce genre de chose avant, surtout avec l'état actuel de ses vêtements et de son corps. Mais pas enc e moment. L'écho distant de sirène l'aidèrent à se motiver. Bouger sa cheville lui faisait mal, et encore plus si elle y mettait du poids dessus. Elle était particulièrement gonflée, et un beau bleu bien violet commençait à apparaître.
Agent était plus grand qu'elle, et suffisamment fort pour l'aider. Ils s'engouffrèrent dans le vignoble, progressant parmis les rangées de vignes.
- On y est... presque...
Ils arrivèrent à la civière. Il l'aida à s'allonger dessus, l'attachant soigneusement, une bande à la fois. Le son des sirènes s'était vraiment rapproché, elle pouvait voir les gyrophares d'au moins trois voitures de police.
- On monte !
Agent tira un bon coup sur la corde, campant ses pieds sur la civière, de chaque côté des hanches d'Ashley. Ses bras serrèrent le cable et ils commencèrent à monter.
À ce moment, des pneus crissèrent et des portières s'ouvrirent.
- Police ! Arrêtez ce que vous faites !
Ils n'obéirent pas. Au lieu de ça, ils continuèrent à monter, arrivant hors de portée des hommes qui leurs couraient après. La pauvre Recursion avait le vertige et était totalement terrifié, mais elle ne ressentait que des secousses violentes pendant la montée, laissant le sol derrière elle. Elle n'était pas vraiment sûr de quand le ciel commençait à disparaître, remplacé par l'ombre de l'hélicoptère. Le bas de l'hélicoptère s'ouvrit pour l'avaler.
Les choses devinrent floues à partir de là. Elle se rappelle d'homme en uniforme à l'apparence stricte appartenant à quelque milice privée. Elle se rappelle d'un docteur qui avait coupé ses vêtements et avait stérilisé chacune de ses blessures avec de l'alcool. La douleur était difficile à oublier. Elle pensait que sa cheville n'était pas vraiment cassée, mais elle ne savait plus trop, c'était floue à ce moment.
Il y avait un bateau à plusieurs miles de la côte. Elle avait dit au revoir à Agent. Et il ui semble qu'elle a dormi. Elle ne se rappelle pas vraiment des détails.
Tout ce qu'elle se souvient du jour suivant, c'est qu'elle devait donner quelque chose d'important à Celestia. C'était autour de son cou, quelque chose qu'elle avait caché et qu'elle ne voulait donner avant le tout dernier moment. C'était un objet en plastique, elle était au moins sûr de ça.
Celestia était flattée de l'avoir reçu, juste avant qu'Ashley ne s'endorme. À la demande de la princesse, un des technicien médical brancha l'objet à un Ponypad. Celestia supprima deux trois chose, la remercia et ce fut tout.
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Au final l'émigration n'a pas l'air si moche en fait. (pourquoi je pense à matrix en ce moment...)