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Entre Frère et Sœur

Une fiction écrite par Appledreamer.

Chapitre 15 - L'étoile du jour

Minuit.

Dans la ville de Canterlot, le souffle du vent balayait les rues presque désertes de la capitale.

La cité blanche. Le toit du monde. La corne céleste. Il y avait des centaines de noms donnés à la ville sur la montagne. Elle respirait l'air de l'altitude, et le jour, elle brillait comme un joyau sous le soleil bienveillant de sa résidente divine. La lumière fut telle sur la ville que sa resplendissance se répandait sur des kilomètres à la ronde.

Pour cette raison, les habitants du pays d'Equestria appelaient Canterlot, l'étoile du jour.

Même en pleine nuit, la Lune continuait de donner à la cité sa clarté.

Dans les rues de la ville, les quelques cafés et magasins avaient fermé boutique. Seuls des braves continuaient de faire marcher leur affaire à une heure aussi tardive. Le plus souvent, ils étaient de nouveaux arrivants en ville, qui voulaient se démarquer des autres boutiquiers en séduisant leur clientèle avec des horaires toujours plus tardifs. Mais très vite, ils comprirent que ce qui séduisait les canterlotois n'était pas le service sur demande. Mais la qualité de leurs marchandises.

Les lampes-cristal de rue commençaient à être éteintes par l'allumeur local. Et les derniers clients de boutiques très spécialisées rentraient chez eux chapeaux sur la tête, écharpe autour du cou. Les rues devenaient désertes. Et un pauvre étalon dans son costume de portier sentait ses forces et sa patience le délaisser.

Il existait de nombreux hôtels, auberges et restaurants dans toute la ville. Mais seuls les plus luxueux étaient véritablement connus des canterlotois et de la population équestrienne en général. Et 'La Brise Savoureuse de Glory Pose' était l'un des hôtels les plus cotés du pays. Pour son architecture d'origine, construite au début du règne des sœurs alicorne, placé sur un surélèvement de la montagne, la façade de l'édifice se trouvait à surplomber la ville légèrement. L’hôtel était aussi à seulement deux pas du palais royal et des rues marchandes.

Son style élancé, très détaillé et peint de violet fastueux faisait ressemblait l’hôtel à une fleur en pleine éclosion. Son service, sa cuisine, ses chambres… Bref, tout cela allait être expliqué dans un petit livret donné à chaque client. Comme d'habitude.

Devant la bâtisse, un carrosse approchait. Accompagné de gardes bien connus de la population. Les 'sabots de feu' de la princesse Celestia.

A leur approche, le portier se ressaisit. Il replaça convenablement sa casquette et se tint prêt à ouvrir la porte du véhicule.

Quand ce fut le cas. Quand le carrosse et son escorte s’arrêtèrent en ordre devant le luxueux hôtel.

Le portier ouvrit la porte dans une grande délicatesse pour voir par surprise un corps désarticulé tomber à la renverse sur le sol.

« OUAH ! OH ! KEKIPASSE ! » hurla de surprise Kilian, à moitié réveillé sur le sol opalescent de Canterlot.

« Hum hum. Ces seigneurs sont arrivés à l’hôtel », prévint le chef d'escouade.

« Ake ?! On est arrivés ? » marmonna Kilian tout en se frottant les yeux. Il se leva difficilement comme un vieil homme qui aurait de l’arthrite. Et craqua enfin sa colonne vertébrale dans un râle de fatigue.

« Marie… Marie ! On est arrivés ! » voulut la réveiller Kilian. Sa sœur dormait sur l'autre bord du carrosse. Mais cette dernière se leva plus facilement que son frère, mais pas de meilleure humeur.

« Ouais ! Ouais ! Aller on se dépêche ! …, Dodo… Sommeil... » bailla-t-elle aussi dans un râle.

Le portier ne s’occupa que des bagages. Mais bien sur, il s'étonna de voir de telles créatures sortir d'un carrosse royal escortées par la crème de la crème. Il n'y pensa plus quand une malle lourde comme une vache obèse lui tomba sur le nez.

« Nous nous reverrons pour l'escorte jusqu'au tailleur demain matin, seigneurs. Passez une bonne nuit ! » salua le chef de garde.

« Nuit nuit ! (bâille) Demain demain ! » bafouilla Kilian un geste d’au revoir en arrière. Sa sœur n'en prit même pas compte.

A l’intérieur du hall d’hôtel, des poneys en costumes trois pièces attendaient avec impatience l'arrivée d’hôtes de marque. C’était une demande royale qui leur demandait d’accueillir avec la plus grande joie et sympathie des voyageurs venus de loin. Des invités qui seront à l'honneur lors du Grand Galop d'été.

C'était la fierté de l'établissement qui était mise en jeu. Il ne fallait pas faire défaut sinon 'La Brise Savoureuse de Glory Pose' serait charriée, moquée, ridiculisée par les autres hôtels !

« Il paraîtrait que les deux invités sont pas des poneys, mais des bipèdes », dit une domestique qui papotait avec un serveur du restaurant.

« Oui. On dit que ça pourrait être les deux bêtes du journal. Ces aventuriers », rapporta-t-il.

« Ils seraient apparus de nulle part ! Certains racontent qu'ils seraient des êtres antiques venus apporter une nouvelle prophétie. »

« Vous croyez en ces salades ? C'est terminé le temps des démons et des tueurs de dragons. Dans quelques jours, ils inaugurent la première ligne de chemin de fer », vint parler un portier.

« Et alors, qu'est ce que ça veut dire ? »

« Ça veut dire qu'il faut vivre avec son temps. Le train. Puis, demain, le dirigeable et les générateurs magiques. Il n'y aura plus de place pour les légendes », conversa le portier. « Si ces deux pieds là sont des prophètes, alors par la déesse Faust, je jure de manger mon chapeau. »

Sur le moment, les portes s'ouvrirent. Laissant apparaître les deux prophètes.

Se soutenant mutuellement de fatigue.

Ils n'avaient rien de héros légendaires. Mais ressemblaient plutôt à deux singes déguisés avec une touffe de poils sur la tête. Et puis, ils semblaient épuisés. Aussi vide qu'une pomme sans jus.

Le portier sourit à ces deux compères de manière narquoise.

« Une chance pour moi. C'est mon seul couvre chef. »

Sur ce, les domestiques accoururent vers leurs deux hôtes d'honneur. Une jument licorne plus âgée et plus grandiloquente dans sa tenue et sa démarche vint en avant se présenter. Il s'agissait de Shiny Pose. Descendante directe de Glory Pose.

« Bienvenue ! Bienvenue ! Je suis Shiny Pose. Et je me fais un plaisir de vous accueillir ici à 'La Brise Savoureuse de Glory Pose'. C'est un privilège de rencontrer les invités d'honneur de notre bien-aimée princesse. »

Marie et Kilian levèrent la tête mutuellement. Ils entendirent un son. Peut-être un bruit. Mais la voix de Shiny Pose était aussi inaudible que le bourdonnement d'une abeille.

« Lit... », grommela Kilian.

« Pardon ? Qu'avez-vous dit ? » s'approcha la jument.

« IL A DIT. LIT !!! » hurla soudainement Marie. Aussi grincheuse qu'un ours sortant d'hibernation.

« S'il vous plaît... » termina Kilian.

« Hum… Je vois que vous êtes exténué par votre voyage. Évidemment. » Shiny Pose fit signe à deux domestiques de venir. « Prenez les bagages de ces seigneurs je vous prie. » Elle s'adressa ensuite aux deux aventuriers, « je vais vous amener personnellement jusqu'à vos suites. Vous verrez, elles sont sublimes ! Vraiment délectables ! »

Elles partit en avant accompagnée des deux frères et sœurs traînant leurs pauvres corps engourdis jusqu’à leurs lits.

Derrière, les domestiques virent la malle. Et le pauvre portier mort sous le monstre.

Ils pouvaient le penser. Ces deux êtres étaient tout de même atypique.

La nuit passa au-dessus de la ville blanche. Enfin, Kilian et Marie étaient arrivés à leur destination. C'était le bout du voyage. La solution de leur retour sur Terre se trouvait ici, au sein de l'étoile du jour.

Mais pour que leur plan se mette à exécution, il fallait tout d'abord participer à la plus grande fête de l'année.

Dès le lendemain matin, à une heure plutôt tardive de la matinée, Marie se leva de son lit qui était, pour une fois, suffisamment grand pour elle.

La tête dans les nuages, elle s'habilla rapidement, enfilant les quelques habits propres qui lui restait de Roche-Noir. Puis sortit de sa chambre pour rentrer dans le salon. C'était une suite royale ! Il y avait un salon, deux chambres, une salle de bain aussi grande que le salon lui-même, et aussi un balcon, ou Kilian prenait un petit-déjeuner. Tout était semblable à l’hôtel. Du violet, du blanc ivoire et des colonnes venaient longer chaque mur. Sur les colonnes étaient représentés des minuscules sculptures de poneys ressemblant à des chérubins. Pour finir, au plafond, une fresque. Marie regarda de ses yeux fatigués pour la première fois le plafond de la chambre. Les peintures de créatures mythiques et légendaires se mouvaient dans des danses... ou des combats ? Marie ne savait pas si c'était sa fatigue, mais un dragon de la fresque avait bougé de plusieurs centimètres tout en venant cracher ses traits empoisonnés à la figure d'un minotaure. Ce dernier venait aussi de bouger pour lever sa hache.

La peinture était magique, indubitablement. Marie en détourna le regard puis décida d'assouvir cette rage qui ne cessait d’attaquer son ventre.

Quand elle entra sur l'esplanade, elle fut accueillie par un vent froid et presque mordant de la montagne. Mais aussi par l'une des plus belles vues qu'elle avait eu à admirer depuis son entrée dans ce monde.

Elle pouvait tout voir de la ville blanche. Le palais royal, majestueux, ses tours et ses murailles qui surplombaient la ville, ses maisons, ses manoirs. Canterlot était un regroupement de beaucoup de bâtisses luxueuses comme si l'on avait pris une poignée des plus belles architectures du pays, et posé le tout sur le toit du monde. Au loin, l'on pouvait très clairement voir que certaines maisonnettes étaient au bord du vide, le château lui-même l'était. Mais tout avait l'air construit avec la plus grande justesse pour que le magnifique coexiste avec le néant.

Mais Canterlot n'était pas le seul joyau de cette vue imprenable. A l'horizon se tenait un soleil éclatant qui brillait de sa bienveillance sur les plaines d'Equestria, sur ses forêts et ses rivières. C'était bien plus qu'une carte postale. C'était un chef-d’œuvre.

Marie s'en émerveilla un instant.

Elle en détourna le regard quand elle vit que son frère, d'habitude gourmand et goinfre, n'avait pas touché à un seul croissant, jus de fruit, et même… Il y avait de la viande au menu ?!

« Salut sœurette », salua calmement Kilian assis confortablement dans son fauteuil.

Il ne détourna pas le regard un seul instant de la vue panoramique qui s'offrait à lui. Un grand sourire béat parcourait son visage, comme s’il venait de voir naître la plus belle chose jamais vue au monde.

« Hum ! Salut » salua à son tour Marie.

Elle s'assit aux côtés de son frère, mais s'occupa en priorité de la nourriture. Marie se servit en grosse quantité, renifla la viande pour se rendre compte que c'était du bœuf cuit à point. Enfin, se dit-elle.

Mais alors qu'elle se rassasiait, elle ne put s’empêcher de se sentir coupable. Son frère n'avait pas touché à une miette de ce repas.

« Tu n'as pas faim Kilian ? C'est pas comme si on avait mangé des sandwichs et des herbes à gogo pendant une semaine. Il y a de la viande cette fois-ci ! » présenta Marie, soucieuse de son frère.

« Mange, sœurette. Moi ça va pour le moment. Je grignoterais quelque chose après », rassura le garçon. « Rien que de voir cette vue me fait oublier ma faim. Je crois même que ça me nourrit. »

« Dis pas n'importe quoi. Mange un morceau avant de faire un malaise. On a besoin de forces pour ce soir. Ça sera peut-être notre grand retour à la maison », spécula Marie.

A ces mots, Kilian sortit de sa rêverie comme secoué. Il détourna le regard pour commencer à manger une pomme qui se tenait là. Un air maussade accablait désormais son visage. Marie ne manqua pas de le remarquer.

« Quoi ? Quelque chose ne va pas ? » interrogea la jeune femme.

« Bof ! Tu sais… Je me demande juste si on va réussir c'est tout », raconta Kilian. « Il y a les gardes, les protections magiques, la princesse. C'est dangereux ! Peut-être que l'on devrait attendre et se préparer. »

« On aura pas d'aussi belle occasion que ce Gala. »

« Mais si l'on demande de l'aide à la princesse ? » proposa le jeune homme.

« C'est à voir… Mais on a Nova en notre possession. Ça pourrait être mal vu. »

« Mouais... J'ai un mauvais pressentiment, Marie. »

« Tu veux dire… à propos de Nova », parla plus bas l'aventurière. L'orbe de la magicienne maudite était dans leur bagage non loin.

« Ouais. »

« Moi aussi », partagea Marie avec son frère.

« Depuis que nous savons qu'elle a menti, j'ai l'impression qu'elle prépare un sale coup. Elle va nous aider, mais pendant combien de temps... », s'inquiéta Kilian. « Elle a fomenté avec Grogar. Juste l’être le plus démoniaque de ce monde. »

« Entre la princesse qui nous mettrait en prison ou pire et l'aide d'une pas si nette magicienne, je ne sais pas quoi choisir », laissa penser Marie, « Pour le moment, on se tient à notre plan. Moi aussi je trouve ça louche, mais j'ai le sentiment que l'on doit l'écouter ! »

« C'est bizarre… », marmonna Kilian.

« Hmm… Ok ! Allez, on se bouge ! On a des tenues à essayer ! », pressa Marie elle aussi dubitative, « On apprendra rien si on n'arrive à rien. J'ai hâte de changer de vêtement. »

« Cool ! C'est parti pour la mode équestrienne alors ! » s'enjoua Kilian.

« Ouais ! Hein ! Attends... quoi !? » Marie se souvint soudainement des habits de Roche-Noir. Et ce qu'elle en ressentit était un mélange de peur, de malaise et de colère. Voilà ce que lui faisait ressentir la mode équestrienne.

Et elle ne fut pas déçue.

« Vous êtes bien sûr que c'est une robe ? Pour moi, ça ressemble plutôt à un costume de cirque », critiqua Marie envers le tailleur, qui ne répondit que d'un haussement de nez hautain.

« Ce sont les plus belles pièces de notre pays. Un pourpoint tissé rayé accompagné de sa jupe en soie, surtout n'oubliez pas votre cape en velours, quant à vos chaussures eh bien… Je pense que nous pouvons fabriquer quelque chose en peu de temps. » Le tailleur fit signe à une jument postée là de partir préparer l'équipement. Cette pauvre assistante était surchargée de ciseaux, aiguilles, tissus, et autres vêtements. Elle trembla sous l'effort, et grimaça de fatigue après avoir passé trois heures d'affilée sur cette tâche harassante qui était d'habiller ces deux drôles de créatures.

« Ouais. Une tailleuse de Roche-Noir a réussi à faire deux paires en seulement une journée. Tout ce que je demande, c'est que vous nous fassiez autre chose que des fers à cheval », fit remarquer Marie. Ceci dit, elle partit se déshabiller dans une cabine mis à sa disposition. Une cabine plus que spacieuse. Ce tailleur possédait un véritable manoir comme boutique. L'entrée avait été faite de quelques expositions, mais les étages étaient parsemés de pièces faites pour la couture, le design, la production de matière. Tout était fait de A à Z.

Marie revêtit à nouveau ses habits 'traditionnels'.

Elle se souvint des dires de ce tailleur fanfreluche.

« Ce sont les habits traditionnels de notre pays. Les plus grands nobles, chevaliers, et mages connus de notre monde les portent depuis que le mot 'mode' fut inventé. »

Bah ! Tu parles ! Moi, je porte ces vêtements depuis que je me suis dis 'Merde ! Il faut que l'on parte d'ici !'. Enfin bref, tout est relatif.

Rien n'allait casser l'humeur massacrante de Marie. Elle sentait que ce soir, l'heure viendrait. Ils partiront pour de bon. Ils rentreront chez eux après presque un mois d'absence. Comment leur famille se comporterait elle ? Ils devaient être morts d'inquiétude ! Peut-être les croyaient-ils mort ! Bon sang ! Comment feraient-ils pour expliquer leur absence ?

Il serait peut-être judicieux de réfléchir à une excuse, pensa Marie, je n'ai pas envie de finir à l'asile.

Marie rejoignit une pièce elle aussi mise à leur disposition pour attendre ou se détendre le temps que leurs vêtements de gala soient enfin prêts. La jeune aventurière pensait y retrouver son frère, mais surprenament, aucun Kilian à l'horizon.

« Pardon ! Excusez-moi ! » s'adressa Marie à un couturier dans le couloir, « Vous n'auriez pas vu mon frère ? Le second comme moi. »

« Il a dit qu'il avait des affaires pressantes à régler, mademoiselle. Il a aussi dit qu'il fallait pas s'inquiéter pour lui, qu'il reviendrait vite. En tout cas, c'est les deux seul chose qu'il m’ait dit », parla la couturière.

« Ah… Bon bah merci. »

Marie était perplexe.

Son frère avait des affaires à régler ? Depuis quand ? De toute manière, elle n'en saurait pas plus jusqu'à son retour. Elle décida alors d'attendre dans la pièce, tasse de café et petit pain au lait en main. Mais de savoir que son idiot de frère furetait dans la ville tout seul la rendait anxieuse au plus haut point !

Kilian avait le don pour trouver des ennuis. Il papillonnait et se perdait dans ses rêveries, se cognait contre un arbre, et tombait dans la bouche du chat. Heureusement Marie était là pour le sauver, souvent in extremis.

C'est vrai que Kilian aussi l'avait sauvé. Mais ce n'était pas ce qui comptait.

Marie savait pertinemment qu'elle pouvait compter sur son frère. Et que lui aussi pouvait compter sur elle.

Il aimait les poneys, et elle les réglisses. Tout deux détestaient ce que l'autre aimait.

Elle était colérique et parfois violente. Lui était calme et doux.

Elle était froide. Lui était doté de compassion.

Marie posa sa tasse un instant, vagabondant dans ses pensées.

Il était vrai que, parfois, elle se sentait distante et presque méchante.

Kilian avait toujours su comment montrer le meilleur en elle. Il n'était pas seulement un frère, il était un amie cher. Ensemble, ils étaient invincibles.

Mais quelque chose n'allait pas.

Marie sentait dans cette complémentation qu'il existait un vide, un néant en elle. Comme les falaises de Canterlot. D'un côté, la magnifique ville, de l'autre, le vide vertigineux du précipice. Il était un peu comme si elle n'était pas… entière.

Cette question la taraudait de plus en plus. Chaque nuit, elle y réfléchissait comme d'une question existentielle. Mais la réponse ne venait jamais. Après tout, n’était-ce pas le panache des questions philosophiques ? Des questions sans réponses.

Mais elle doutait que cette question soit tout de même doté d’une réponse après un retour à la maison. Elle resterait, même après avoir retrouvé le doux confort de la maison familiale. Pourquoi ?

Alors que la jeune femme réfléchissait, elle ne savait pas pendant combien de temps environ, la porte de la pièce s'ouvrit pour laisser place à un garçon bien connu. En le voyant, Marie oublia momentanément son problème.

« Kilian ! Bon sang, t'étais où ? Tu pars comme ça sans me prévenir ! » s'énerva légèrement Marie.

Kilian haussa les mains en signe de défense. « Du calme, Marie. J'étais parti faire emplette de quelque chose pour nos amis Honey. »

La demoiselle était de nouveau perplexe.

« Quoi ? C'était quoi ? »

« Bah en fait, si je te le dis, et qu'après tu regardes où en est notre compte bancaire... »

Marie commençait à voir rouge.

« Tu as fait quoi !? »

« J'ai juste assuré un avenir aux Honey. Comme promis ! »

« Je me demande bien comment », soupira Marie, faisant son maximum pour ne pas casser quelque chose de si beau et précieux dans cette pièce.

« On part ce soir ! Comme tu l’as dit, Marie ! Notre argent ne nous servira à rien chez nous », voulut convaincre Kilian, un sourire nerveux sur son visage.

« Nom d'un chien Kilian ! Tu as de la chance d'avoir raison. Si jamais on avait encore dû passer deux mois dans ce monde rose bonbon, je t'aurais enfermé dans un cachot. »

« Quelle chance hein ! » rit nerveusement Kilian.

« Mes seigneurs ! Vos tenues sont prêtes. S'il vous plaît, veuillez me suivre », entra une jument qui prévint les deux aventuriers.

Kilian et Marie suivirent, mais la jeune femme restait interrogative.

« Et alors ? C'est où ce magnifique endroit que tu leur as offert ? »

« Oh ! Pas grand chose. Juste un pied-à-terre dans un village en pleine évolution. On le connaît bien toi et moi. Il s'agit de Ponyville », s'amusa Kilian.

Marie ne put s’empêcher de sourire à son tour.

« Je vois. Ils ne manqueront pas de travail. Encore moins d’aventures. »

Kilian avait donc tenu sa promesse. Mais le garçon aurait bien préféré prendre le temps de présenter la nouvelle demeure des Honey à la famille. Mais le temps pressait. Kilian espérait seulement que sa modeste contribution à l'amélioration de la vie de Tea Honey et de Star Honey serait suffisante.

Le soleil passa à son zénith, puis vint se poser sur l'horizon dans un rouge crépusculaire. Le ciel était clair, sans nuage. Les étoiles du soir commençaient tout juste à montrer leur éclat.

Canterlot allait ce soir accueillir la plus célèbre fête de tout Equestria. Les habitants se massaient aux portes du palais, tous voulaient voir les invités.

Des orbes de lumières étaient parsemées partout autour du château. Certaines éclairaient le ciel de leur magnificence. Les murailles étaient décorées de rubans et de fleurs par milliers qui donnaient une pluie de pétales sur le chemin du palais. Le décor était tout simplement féerique.

Et au milieu de ce conte de fée était déroulé un tapis rouge. Des portes de la muraille aux grandes portes du château.

Les premières célébrités étaient passées sous une rafale de flashs et d’acclamations. Pégases comme licornes ainsi que poneys terrestres. Des héritiers comme des ducs comme des sangs bleus. Il y avait aussi des griffons aux plumages seyant, seulement un zèbre, et bientôt deux invitée d'honneur.

Les deux grandes futures célébrités allaient arriver d'un moment à l'autre.

Dans leur carrosse, toujours escorté par les meilleurs gardes du pays, Kilian et Marie devenaient anxieux, en tout cas plus qu'ils ne l'étaient avant.

Ils longèrent les murailles, dans leur carrosse aux fenêtres couvertes de rideaux, ils entrapercevaient une foule en pleine effervescence qui attendait avec impatience leur arrivée.

Dans leurs tenues bariolées, Marie et Kilian se préparaient à leur grande entrée. Mais surtout, ils remettaient en ordre tout ce qui serait utile pour le casse de ce soir.

« On a les deux fioles de la Perle-Bleue. Vendues par ce drôle de zèbre », fit remarquer Kilian, sortant les objets de son ceinturon.

« Je doute de leur efficacité. Mais si on arrive à subtiliser un poil à l'un des gardes, on pourrait infiltrer la trésorerie royale sans problème. On cherche les documents parlant de l'emplacement du corps de Nova. On revient en soirée l'air de rien. La suite on verra ! »

« Ouais. OH ! Regarde ! » Kilian montra un drôle de bonbon dur à Marie. Que cette dernière reconnu, bien malheureusement.

« C'est… l'un des bonbons de cette sorcière !? »

« Ouaip ! J'ai pensé qu'avoir l'un de ces machins pourrait aider. »

« Aider !? Kilian, ces bonbons ont failli nous tuer ! » s'énerva Marie, « De plus, tu ne sais même pas ce que ferait celui-ci si tu l'utilisais. »

« Je sais. Mais c'est seulement en cas d'urgence. » Kilian regarda plus attentivement la sucrerie. Il y apparaissait un lapin sur une face, et un ours sur l'autre.

« Très bien. Seulement en cas d'urgence », accepta sa sœur.

Enfin, le carrosse se stoppa. Les deux aventuriers tournèrent la tête en même temps vers la porte qui s'ouvrit doucement. La lumière des lampes et des flashs innondèrent leurs yeux sur l'instant.

Dans un grand soupir d'angoisse, tout deux se regardèrent et acquiescèrent. Il était temps de rentrer en scène.

Kilian passa une main devant ses yeux, le protégeant. Marie suivit.

Il y avait des acclamations. Autour de leur tapis rouge, des centaines de poneys ovationnaient l'arrivée des deux grands invités d'honneur. Des pégases vinrent voleter au-dessus d'eux, déposant des pétales sur leur passage. Puis, soudainement, des trompettes chantèrent à tu-tette la marche des incroyables créatures.

Sous cette ovation, Kilian et Marie se sentirent un instant perdus. Mais face à eux, une lumière à nul autre pareil éclaira le chemin de leur soirée.

La foule s'excita de plus belle devant la venue de leur bien-aimée souveraine. La princesse Celestia. Princesse d'Equestria. Déesse du jour, protectrice de tous les poneys.

La superbe alicorne était habillée d'une robe d'or coulant le long de son dos jusqu'à sa croupe. Ses ailes étaient ouvertes dans un signe de supériorité royal, mais tout aussi, un accueil à bras ouvert aux deux humains légèrement pétrifiés devant cette apparition des plus divines.

Kilian engagea le pas, prêt à donner la marche. Marie suivit à son tour. Dans leur tenues bien peu commodes, et même ridicules de l'avis de la jeune femme, ils faisaient leur possible pour paraître les plus amicaux possible à leur tour.

Kilian ne lésina pas. Il se détendit, salua les quelques poneys autour, certains appelaient pour des poses photos. Il y avait énormément de journalistes.

Marie, quant à elle, tenta d’être la moins coincée possible. Effrayée étant un mot plus juste, la pauvre femme craignait par-dessus tout d’être sous le feu des projecteurs.

Au fur et à mesure de leur marche, les deux humains arrivèrent à proximité de la princesse.

Son aura était palpable. Son visage illuminait de bienveillance et de compassion. Elle souriait de plaisir aux deux êtres humains maintenant stoppés devant elle. Sa cour l'accompagnait, ainsi que le reste de ses invités.

Face à elle, Kilian et Marie restaient blêmes. Mais la princesse s'occupa de les détendre par ses toutes premières paroles.

« Bienvenue à cette soirée. Je suis heureuse de pouvoir enfin rencontrer les deux êtres humains qui ont atterri dans notre royaume. » Sa voix était douce comme de la soie, son ton était aussi calme que celui d'une mère envers ses enfants. Il suffit largement à Kilian pour se calmer, un peu moins à Marie.

« Nous… nous sommes… en fait on est... », bafoua Marie, pas bien sûre de savoir quoi dire.

« Heureux ? Impatient sûrement ! Cela fait des semaines que j'attends votre arrivée. Peut-être des siècles ! J'ai bien hésité à venir directement vous voir à l’hôtel une dizaine de fois », ria gaiement la princesse.

« Et moi, je n'aurais jamais cru vous voir tout simplement un jour princesse », s'enjoua également Kilian, qui volait sur un petit nuage en ce moment.

« Nous avons beaucoup de choses à nous dire, c'est certain ! Venez prendre la photo avec moi. Puis, nous entrerons profiter de cette fête. Elle est en votre honneur ! » Sur ces mots, la princesse Celestia laissa place aux deux être humains pour une photo de groupe.

Marie à sa gauche, Kilian à la droite de la souveraine.

Dans un geste blagueur, Kilian étendit son bras derrière le cou de la princesse qui lui arrivait à peu près à la même hauteur, pour ensuite faire de jolies oreilles d’âne à sa sœur inconsciente.

« Enfin ! Je suis heureuse de pouvoir vous accueillir en Equestria ! Que le Grand Galop d'été commence ! » salua la princesse Celestia aux deux humains, et à la foule entière. Le grand bal pouvait officiellement commencer !

Le trio rentra dans le grand hall. Magnifique, coloré et doré comme un œuf de pâque. Il y avait de nombreux invités. Tous s'inclinèrent sur le passage des hôtes de marque et de la princesse du soleil.

« Nous avons quelques événements ce soir, dont un concert avec une toute nouvelle invention. Juste après, il y aura votre remise de médaille. J’espère que nous aurons le temps de parler. J'ai mes devoirs royaux qui m'obligeront à vous laissez seuls. Mais comptez sur moi pour vous accompagnez tout le reste de cette soirée », rassura la princesse Celestia.

L'escalier du hall amena le monde entier à la salle de bal. Une pièce spacieuse où quelques colonnes étaient dispersées, et tout autour, de grandes fenêtres venaient montrer un panorama impressionnant sur les jardins royaux et ses environs.

La pièce avait son orchestre où les poneys s'attelaient au maniement de leurs instruments. Un doux air commença à monter depuis les musiciens. Les premiers grand ducs et fanfarons vinrent danser sur la piste de danse. Ils ne se tenaient pas par le sabot, mais tournaient sur eux même en spirale puis en duo, s'abaissant dans un révérence pour continuer ce drôle de manège.

Autour de la princesse et des deux humains, on se questionnait, on s'intéressait mais on n’osait pas s'approcher du monarque et de ces deux drôles de bêtes, invités d'honneur ou non.

« Alors ! Dites moi ! Quels ont été vos périples lors de ce voyage jusqu'ici ? Pourquoi venir en Equestria ? Comment-êtes vous venu ici ? Excusez mes manières mais je me sens à nouveau comme une étudiante en magie à votre encontre », gazouillait presque sa royauté. La princesse gardait son statut dans son ton de parole et ses gestes, mais l'on sentait bien que la présence de Marie et Kilian l'excitait tout particulièrement.

« En fait, nous sommes ici par accident, altesse. Nous avons atterri sur l’île roche-noir…, sans aucun souvenirs », raconta Kilian.

« Oui ! Et depuis, nous cherchons un moyen de rentrer chez nous », confia Marie.

« Oh ! Je suis désolée pour vous si vous avez été arrachés à votre monde. Si il est possible de vous aider d'une quelconque manière, dites le moi. Mais pour le moment, je vous invite à rester au palais. Mes portes vous sont grandes ouvertes ! »

« Merci princesse ! Nous acceptons volontiers ! », répondu Kilian. Marie hocha la tête en signe d’accord.

« C'est le moins que je puisse faire pour le moment. Vous savez, il n'y a eu en Equestria pas plus d'humains que de nouvelles alicornes depuis des millénaires. »

« Depuis si longtemps ? Qui était la dernière ? » demanda curieusement Kilian.

« La Meghan », répondit la princesse sur un ton plus sérieux. « Je n'ai jamais connu cette humaine. La toute première de notre monde. Vous êtes pour ainsi dire les premiers humains que je rencontre. »

« Vous êtes la toute première princesse que nous rencontrons aussi », parla Marie. « Notre rencontre avec vos sujets avait été plutôt amicale. »

« Très amicale ! Des gentils poneys nous avaient offert le voyage jusqu'en Equestria », parla franchement Kilian. Il voyait du coin de l’œil un buffet qui commençait à l’allécher.

« C'est vrai ! Vous venez de l’île roche-noir ! » Le regard de la princesse Celestia s'obscurcit. « Vous n'avez pas dû faire que de très bonnes rencontres sur cette île. J'y suis passé il y a longtemps. Je sais de quoi je parle. »

« A part quelques monstres maléfiques, rien d'insurmontable », rit nerveusement Marie.

« Et une ville fantôme pas franchement accueillante », frissonna Kilian en se rappelant.

« Mirror City ? » s'étonna étrangement la princesse.

« Oui... euh on a réussi à s'en échapper sain et sauf. C'était moins une. »

« Il y a dans cette ville des créatures particulières entourant les lieux. Des bêtes ténébreuses et maléfiques. Des 'effrois' si je me souviens bien. Et ces monstres des ténèbres ont une particularité », raconta la studieuse princesse.

« Qui est ? »

« Les effrois côtoient toujours les lieux chargés de magie noire. En particulier quand ce lieu est hanté par un être tout autant maléfique. »

« Ouah ! …, intéressant... » répondit inquiète Marie.

« Vous n'auriez pas fait de rencontre infortuite autre que ces monstres ? » parla la princesse, soucieuse.

« Rien d'autre. Non ! » répondit Marie.

La princesse se tourna vers Kilian qui hocha la tête en accord de manière énergétique. Mais cette dernière s'attarda sur le regard du jeune homme, comme pour fouiller plus en longueur dans les sentiments du garçon, qui commençait à suer devant ce regard presque inquisitrice de la souveraine si majestueuse.

Mais Celestia détourna le regard, comme attirée par autre chose.

« Miss Happy Smile ! Venez donc par ici ! » appela la princesse.

Une jument licorne à l'air maussade et aux vêtements noirs et pourpres s'approcha du trio. La fourrure était grise, et la crinière noir charbon. Autant dire que cette jument était un bout de suie déprimé au milieu des convives endimanchés.

« Altesse ? Que puis-je pour vous ? » parla-t-elle d'une voix lente et triste.

« Miss Happy Smile ! Voici nos invités d'honneur ! Marie et Kilian ! », présenta-t-elle à la jument qui ne fit que regarder de son même air les deux humains qui saluèrent de la main d'un petit 'bonsoir'.

« Kilian et Marie ! Voici Miss Happy Smile ! La représentante de l'inquisition en Equestria. Un travail ardu ! »

« En effet, ce n'est pas du gâteau, majesté », répondit Miss Happy Smile.

« Vous gardez toujours votre amulette sur vous ? C'est un bien précieux de l'inquisition ! » s’inquiéta la princesse. « Pouvez-vous la montrer à nos invités ? »

« Bien sûr, majesté. Si cela peut vous faire plaisir. » Et ainsi, la jument sortit de sous son col un médaillon étrange en forme de corne de licorne mais faite de pierre. Marie et Kilian s'approchèrent, plutôt curieux. Et soudainement, l'amulette se mit à briller d'une lueur mauve fantomatique. L'apparition fit reculer les deux humains de surprise, et sur l'instant, l'amulette cessa de briller.

« Qu'est ce que ça signifie ? » questionna Marie.

« C'est une amulette qui détecte les utilisateurs de magie », répondit la princesse, souriante de bonheur. « Je ne savais pas que vous étiez des mages ! Vous me surprenez de plus en plus ! Mais je crois qu'il est temps de se rendre au concert. Nous reparlerons ensuite. Si vous voulez bien m'excusez. » Sur ses mots, la princesse Celestia s'en alla, traînant sa robe de bal et sa crinière écarlate dans son sillage. Elle fendait la foule comme une plume qui découpait de l'acier.

Laissés seul avec la jument restant taciturne.

Miss Happy Smile rangea son médaillon puis s'en alla tout en faisant un étrange regard de côté, que Marie aperçu comme de la surprise et de l’inquiétude.

« On est dans de beaux draps », soupira Marie.

« Les miens sont pas vraiment confortables non plus », plaisanta à moitié Kilian. Sa tenue était semblable à celle d'un mousquetaire, sans le chapeau de plume.

Marie tapa à l'arrière de la tête de son frère, qui gémit de surprise.

La suite se passa devant une esplanade, où des chaises étaient placées en face. Une place d'honneur avait été donné aux deux êtres humains aux côtés de la princesse. Cette dernière était déjà installée.

Une coupe de liqueur en main, et un petit gâteau dans l'autre. Kilian profitait du spectacle tandis que Marie était bras croisés sur sa chaise.

La princesse Celestia, quant-à-elle, s'était pris une jolie tasse de thé que l'un des servants avait apporté.

La suite fut complètement détonnante.

Une machine des plus bizarres fut installée sur la scène. Un piano relié à une sorte de chaudière à roulettes faisant tourner deux tournes-disques à l'allure très steampunk.

Le musicien ne fut pas non plus en reste de bizarrerie.

C'était une licorne avec un costume trois pièces, un chapeau haut de forme, et des lunettes aux vitres bleu teinté.

Il enleva son chapeau d'un geste du sabot laissant apercevoir une coupe hérissée digne d'un savant fou.

Il y eut un silence d'attente respectueuse de la part du public. Même si certains poneys ronflants de part leur manières se gaussaient devant ce drôle d'artiste. Un nouveau bouffon loin d’être digne de se produire devant une cour comme la leur.

« Tenez », présenta la princesse aux deux humains sous une aura magique.

La princesse offrit des bouchons d'oreilles. Marie et Kilian étaient dubitatifs, mais acceptèrent tout de même. Juste à temps avant le coup d'envoi.

« MUSIQUE ! » cria l'étalon ! Il posa ses deux sabots sur les tournes-disques ! Fit éclater sa corne de magie étincelante ! La musique résonna dans la pièce comme un tsunami !

Ce n'était pas de l'électro. MAIS DU HARDCORE-ELECTRO !

C'était ce que pensait Kilian sous l'onde musicale dévastatrice qui traversa son corps du pied à la tête.

Les rires des grandes gens dans le public avaient été balayés par ce son étrange sortant des machines.

Un mélange de bruit mécanique remixé par le pouvoir magique de la licorne qui jouissait de plaisir sous son pouvoir musical tout simplement explosif.

Dans un crescendo, la musique se tût aussi vite qu'elle n'avait commencée !

Marie avait ses mains sur les oreilles. Elle eut peur de perdre l’ouïe l'espace d'un instant.

Kilian était scotché à sa chaise, les mains crispées aux genoux. Tandis qu'à côté d'eux, la princesse avait seulement eu sa tasse brisée après la performance. En fait, tous les objets de verre se retrouvèrent brisés ou fragilisés.

« C'était quelque chose, n'est-il pas ? » parla Celestia aux deux aventuriers. « C'est un tout nouveau genre que j'ai découvert. Je suis certaine de voir ce style musical s'épanouir plus tard. »

« Vous avez l'oreille, princesse », complimenta Marie, pas sûre de sentir encore l'entièreté de son corps.

« Je le pense aussi. » Elle entraperçu que son musicien si talentueux, ainsi que le reste du public, étaient désormais soit évanouis, soit malade après une telle volée artistique.

« Eh bien ! Je pense que le bal continuera un peu plus tard. Le temps que nos hôtes retrouvent le poil de la bête. Vous, mes très chers amis, vous serez conduit à vos futur quartiers le temps que je m'occupe de tout cela. Ce début de soirée doit vous être déjà éreintant. »

« Moi ça... »

« OUAIS ! On est super fatigué ! Mon frère et moi, on vous rejoint tout à l'heure », répondit Marie aussi rapidement que possible.

« Très bien. Juste après c'est votre remise de médaille. Soyez au meilleur de votre forme et de votre image ! » salua la princesse. Elle partit maintenant vers ses convives en bien piteux état. Il y eut un groupe de gardes et de poneys aux vêtements blancs commençant les premiers secours.

« Mes seigneurs », se présenta un garde poney à l'armure reconnaissable.

« Attendez ! C'est vous monsieur... euh machin ? » le reconnut Kilian. En effet, il s'agissait du chef d'escouade des 'sabots de feu'. Sa voix grave résonnant dans son heaume était reconnaissable entre mille.

« C'est bien moi, seigneur. Je vous conduis à vos appartements. »

« Très bien ! Faites donc, mon brave », hâta Marie. Elle agrippa Kilian par la manche, qui glapit sous l'empressement de sa sœur.

Dans les couloirs déserts du château, il n'y avait pas âme qui vive. Seulement quelques servants et domestiques croisaient leur chemin.

Les couloirs étaient de marbre et pierres blanches. Les murs violet lavande avec des tapisseries représentant des symboles inconnus aux deux humains. Il n'y avait que les bougies et la lumière magique du capitaine pour éclairer le chemin. Mais après un instant, ils arrivèrent à destination.

« Voici vos quartiers. Sonnez si vous désirez quelque chose. Bonne soirée, mes seigneurs », se prosterna le garde. Laissant dans une chambre à quatre pièces Marie et Kilian. Tout aussi belle que le reste du palais.

Enfin seule, apaisée par ce calme relatif. Marie soupira de soulagement après avoir gardé depuis le début de la soirée son souffle. Elle était sûrement toute violette si elle se voyait dans un miroir.

« Tu devrais déstresser, Marie. La soirée est plutôt cool ! Il y a eu de l'électro, des petits-fours ! Et le meilleur… UNE PRINCESSE ! » s'enjoua Kilian, les bras en l'air. Avant de recevoir un oreiller d'un fauteuil dans la figure.

« Gâteaux ! Musique ! Princesse ! Tu oublies que l'on est là pour une chose ! Pénétrer la trésorerie royale ! Découvrir où est conservé le corps de Nova ! Puis enfin pouvoir rentrer chez nous ! »

« Comment on fait ça ? »

« Nova a un plan. OH ! Attends ! Comment va Nova ? » s'effraya Marie.

Kilian sortit l’orbe de sous sa cape. La pauvre boule était fissurée, elle était bleuie par l'effroi.

La voix de Nova ressortit comme apeurée et faiblarde au premier abord.

« La musique ! C'est cette musique de fou qui a bien failli détruire mon orbe ! »

« Une chance que ce ne soit pas le cas », se rassura Marie.

« Si jamais je suis détruite, mon âme se serait envolée pour se fondre dans la magie environnante et j'aurais disparu pour toujours ! » alerta l'antique magicienne. « Comme la fumée d'un feu mourant. Je me serais tut. »

« Mais ce n'est pas arrivé ! » renchérit Marie, qui commençait à s'énerver.

« Ça a fissuré mon orbe ! Il faut se dépêcher ! On ne peut pas réparer ça avec de la colle ou du papier ! Mes forces s'évanouissent ! Maintenant c'est urgent ! Tout devra se faire ce soir ! »

« Ce soir ? Comment ça tout devra être fait ce soir ? » s’inquiéta Kilian.

« Ma libération ! Votre retour à la maison ! J'ai de la suite dans les idées ! Une fois mes moyens retrouvés, je m'occupe d'avoir votre ticket pour votre monde. »

« Tant mieux ! Plus vite ça sera fait, mieux c'est ! J'ai justement subtilisé un poil à notre meilleur ami. »

Marie présenta un poil du capitaine des 'sabot de feu'. « La télékinésie, c'est cool. Pas besoin de se salir les mains ! » parla pas peu fière la jeune femme. « Tu as quelques chose, Kilian ? »

Le garçon semblait secoué. Mais à l'appel de sa sœur, il se réveilla.

« Hun ? Euh ouais, bien sûr ! Euh… en fait non... », se désola le garçon. « Je cours trouver ça rapidos ! Il y aura bien un garde ou un domestique que je pourrais mettre dans les vapes. »

Marie grogna de mécontentement, « Punaise ! Dépêche toi Kilian ! Si tu ne reviens pas vite, je devrais partir sans toi ! » Elle regarda l'orbe de Nova désormais entre ses mains, « Le temps presse ! Je prends ma fiole de potion. Juste… dépêche toi. Mais sois prudent ! »

« Comme toujours, sœurette ! » salua Kilian d'un air narquois.

« Essaie un 'smono bruto' ! Ça les assomme un court instant », conseilla Marie, qui n'avait pas lésiné sur ses sorts.

« Compris ! Un coup sur la tête à la MGS et c'est du gâteau ! A plus ! » Kilian ferma la porte précipitamment.

Sa sœur n'était pas convaincue. Il s’attirerait des ennuis, c'était certain ! Mais elle devait lui faire confiance. Dans dix minutes au plus, elle partirait.

En refermant la porte derrière lui, Kilian soupira lentement de tristesse.

Les événements s'étaient accélérés ! Ils devaient trouver le corps de Nova puis ils verraient ensuite pour leur retour. En tout cas, Kilian comptait là-dessus. Mais l'orbe était fragilisée ! Et maintenant, Nova voulait tout, tout de suite ! Ce qui n’embêtait pas Marie, qui voulait quitter ce monde aussi rapidement que possible.

« Il ne me reste plus qu'à suivre la cadence. Je ne pourrais pas dire non à ma sœur. L'abandonner ,elle et son plan. Abandonner ce monde non plus m’est insupportable ! Il doit forcément y avoir un moyen. »

Le jeune homme partit en quête d'une 'victime'. Mais le garçon était bien plus préoccupé par ses pensées que concentré sur son objectif actuel.

« Il y a un autre moyen ! Il y a forcément un autre moyen ! » continua-t-il de parler à voix haute.

« Si j'avouais enfin la vérité ? Une fois que je lui aurais dit, on pourra en discuter. Ou alors elle m’assommera pour m'envoyer avec elle sur Terre. Ouais, ça c'est du Marie tout craché. »

Kilian était tellement perdu dans les nuages qu'au tournant d'un couloir, il fonça nez tête baissé dans une personne. Qui renversa à terre le pauvre garçon.

« Oups ! Je suis désolé, excusez-moi », s'effraya Kilian.

« Non ! Non ! C'est moi qui m'excuse ! Ce sont de bien mauvaises manières que d’accueillir ainsi un invité. »

Kilian leva la tête doucement, conscient de reconnaître cette voix si douce et bienveillante.

C'était la princesse Celestia qu'il venait de percuter. Elle et un gâteau des plus savoureux maintenant éclaté au sol.

« Princesse ! Oh désolé, princesse ! » s'excusa encore plus inquiet le jeune garçon. « Je m'étais perdu. »

« Il n'y a pas de raison de s'excuser ainsi, mon jeune ami. Je venais justement voir si tout allait bien pour vous et votre sœur. Ce palais peut-être parfois inquiétant. Il vous paraît bien sombre sans compagnie. » La princesse aida de son sabot à remettre sur pied le jeune garçon, elle regarda la malheureuse pâtisserie par terre. « Je venais vous apporter ce gâteau au chocolat et à la banane. Humfp ! Paix à son âme. » Dans un éclair magique, la sucrerie disparu, comme évaporée, « Venez un instant, très chers. Il y a une terrasse qui donne sur l'une des plus belles vues du château. J'aimerais que nous parlions. »

L'invitation de la princesse Celestia n'était pas refusable. En tout cas, c'est ce que Kilian se dit.

La princesse s'installa sur un banc de pierre qui trônait là sur la balcon. Sa masse prenait presque tout le banc entier. Il y avait juste assez de place pour le garçon. Face à eux se tenait le labyrinthe du jardin. Et au loin des statues, dont une qui fit sourire d'amusement Kilian.

« Qu'y-t-il de si amusant ? » questionna la princesse, perplexe.

« C'est cette statue de dragon bizarre aux membres différents », expliqua Kilian. « On dirait qu'il chante. »

La princesse gloussa elle aussi d'amusement. « C'est ce que dise la plupart de nos visiteurs. Ce pauvre bougre n'a pas la chance d'avoir la bouche ouverte tous les jours. Des oiseaux y font leur nid de temps en temps. »

Kilian ricana à cette idée. Ensemble, l'alicorne souveraine et l'humain aventurier restèrent bien une bonne minute sans rien dire. Ce temps passé était une bénédiction pour le jeune homme, qui avait grand besoin de calme.

« Vous et votre sœur, vous avez dû endurer de terribles défis pour arriver jusqu'ici. Pour des étrangers, cela a dû être horrible », compatit la princesse, « Je sais à quel point ce monde peut être dur et terrifiant. Malgré qu'il ne le montre pas au premier abord. »

« Non ! Ce monde est parfait ! Votre royaume est génial ! Moi et ma sœur y passons des aventures que jamais on n’aurait pu vivre auparavant. » Kilian se remémora la première fois qu'il vit un poney, ses crises de joie, et même ses moments de peur. « Je ne regrette aucune rencontre. »

« Vraiment aucune ? » demanda la princesse.

Le garçon regarda l'alicorne, perplexe. Puis il se plongea un peu plus profondément dans ses souvenirs. Il y eut la forêt miroitante, Nova, le griffon, la sorcière de Hallow Shades, la hache. Ces choses-là n'étaient pas si formidable.

« En effet, princesse. Il n'y a pas toujours eu de belle rencontres. »

La princesse hocha de la tête dans la compréhension. « Je comprends. Je l'ai vu dès votre arrivée. Puis plus tard, cela me le fut confirmé avec Miss Happy Smile. »

« Quoi ? Comment ça ? »

« L'amulette de Miss Happy Smile détecte la magie. Mais pas n'importe laquelle des magies. »

« Vous voulez dire... » Kilian blanchit de peur sous cette révélation. Étaient-ils découvert ?

La princesse se leva, les yeux fermés, consciente de la gravité de la chose.

« Vous n'avez rien à craindre, mon ami. Mais je me dois de vous prévenir. Le chemin que vous empruntez n'est pas sans embûches, et je doute qu'une fin heureuse vous attende à la fin. »

Elle se déplaça vers la porte du couloir, laissant Kilian plus que jamais incertain. Il devait faire un choix.

« Il y a de grandes chances que vous et votre sœur ne soyez plus ensemble pour seulement voir cette fin. Mais je vois bien que vous ne voulez pas suivre ce destin tout tracé. » Elle se tourna vers le jeune homme qui gardait le regard plongé vers le sol dans la consternation et la peur.

« Je vous laisse le choix, très cher. Faites des aveux et je consentirais à vous aider, vous et votre sœur. Mais dans le cas contraire... » Elle laissa un léger flottement. Elle attendit une réponse de l'humain, qui était toujours incertain.

« J'ai perdu moi aussi ma sœur il y a des siècles de cela. Je vous donne une chance pour ne pas voir cette tragédie recommencer avec vous. » Celestia tourna son regard vers la lune éclatante, ses yeux devinrent brumeux à cette vue. « Ce sont les mêmes forces maléfiques qui m’ont dérobé ma petite sœur. Et aujourd'hui... »

Elle regarda Kilian, qui regardait à son tour l'astre divin.

« C'est à vous qu'ils s'attaquent. »

Kilian continua de regarder la Lune dans toute sa splendeur. La forme équine qui la parsemait était la cicatrice d'une tragédie qui s'était passé il y un millénaire entre deux sœurs.

Le garçon plongea à nouveau le regard vers le sol. Il ferma les yeux dans la résilience et la détermination. Détournant pour de bon son regard de la princesse.

Cette dernière regarda le jeune homme triste et déçu. Elle aurait voulu que les choses se passent autrement pour une fois. S’il avait accepté…

« Princesse ! »

Celestia se tourna de surprise vers le jeune homme levé sur ses deux pieds. Il était inquiet mais gardait un air sûr de lui. Il avait pris sa décision.

« Si je vous dis tout, vous promettez de nous protéger, ma sœur et moi ? »

L'alicorne se tint droite, un sourire heureux sur son visage. Toute son aura, sa prestance et sa sagesse ressortaient, lui donnant toute confiance.

« Sur mon honneur, très jeune héros. Vous avez ma parole de princesse. »

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Note de l'auteur

Cela faisait un long moment, mais j'ai finalement réussi !
Mon correcteur avait beaucoup de travail à faire en plus de mon chapitre. Je le remercie énormément pour avoir donné de son temps pour mon histoire.
La suite arrivera prochainement ! Pour le moment savourez. ;)

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Appledreamer
Appledreamer : #47875
cedricc66626 mai 2017 - #47869
Arf... moi aussi qui aime beaucoup cette histoire... parmi mes préférés sur le site. Si c'est bientôt ça... Enfin... Toute bonne chose à une fin... il faut se dire.
Pour le chapitre en lui-même. J'ai aimé... mais j'avoue être très curieux de comment va se produire la suite.

Il n'y a pas d’inquiétude à avoir. Ça sera la fin de quelque chose. Mais de quoi ? Mystère ...
Il y a 7 mois · Répondre
Appledreamer
Appledreamer : #47874
AuRon26 mai 2017 - #47868
Mais quel suspense ! Quel revirement ! Quel chapitre de qualité supérieure !
Il se le devait bien, puisque Célestia y apparaît ;). Honnêtement, c'est l'un, si ce n'est pas Le meilleur de tes chapitres. Non pas que les autres soient mauvais, sans méprise ^^''

Je suis heureux de voir que tu ais un favoris. ^^ Celestia était bien obligé d’apparaître un moment ou l'autre dans mon histoire. Elle a son rôle dans le récit de mes deux héros. Sur lequel je ne peut pas en dire plus. ;)
Il y a 7 mois · Répondre
Appledreamer
Appledreamer : #47871
speedangel26 mai 2017 - #47862
Pourquoi j'ai la mauvaise impression que c'est un début de climax. Je veux pas que ça finisse si vite...


Il y a un début et une fin a tout. Mais pour nos aventuriers ce n'es pas encore la fin. Loin de là ...
Il y a 7 mois · Répondre
cedricc666
cedricc666 : #47869
Arf... moi aussi qui aime beaucoup cette histoire... parmi mes préférés sur le site. Si c'est bientôt ça... Enfin... Toute bonne chose à une fin... il faut se dire.
Pour le chapitre en lui-même. J'ai aimé... mais j'avoue être très curieux de comment va se produire la suite.
Il y a 7 mois · Répondre
AuRon
AuRon : #47868
Mais quel suspense ! Quel revirement ! Quel chapitre de qualité supérieure !
Il se le devait bien, puisque Célestia y apparaît ;). Honnêtement, c'est l'un, si ce n'est pas Le meilleur de tes chapitres. Non pas que les autres soient mauvais, sans méprise ^^''
Il y a 7 mois · Répondre
speedangel
speedangel : #47862
Pourquoi j'ai la mauvaise impression que c'est un début de climax. Je veux pas que ça finisse si vite...
Il y a 7 mois · Répondre

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