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MAI - My Arcane Intelligence

Une fiction écrite par lnomsim.

Chapitre 13 - Coltbaten

Chapitre 13 : Coltbaten

Les trois gardes me fixent d'un regard sévère, leurs sabots tendus sur leur lance, et prêt à me pourfendre au moindre geste suspect, tandis que dans mon sabot droit, c'est une toute autre sorte de pointe qui s'apprête à me traverser la peau. Une goutte de sueur perle sur mon front, je serre les dents pour resserrer le lien, puis je prends une grande inspiration avant de m'enfoncer l'aiguille dans la patte gauche. Le liquide se répand dans mes veines, déversant son doux poison. Un frisson de plaisir me parcours le corps, un à un mes sens disparaissent, mes pattes arrière tremblotent un peu, puis se dérobent. Je ne me sens même pas tomber par terre malgré le bruit métallique. Je me retiens de justesse sur ma patte droite, aidée de l'aura qui m'entoure, probablement celle du médecin.

Un soupir de soulagement, bien que distant, s'échappe de mes lèvres, je me sens si légère, mon esprit s'envole et laisse ma carcasse abîmée, dommage qu'il ne puisse pas quitter ce stupide cerveau, qui s'embrume de plus en plus alors que la morphine fait son œuvre. Je ne profite de ses bienfaits qu'un court moment, le soupir est tout juste sorti que je sens quelque chose dans mon estomac prêt à la rejoindre.

Après mes exercices de la journée, je n'ai ni la force ni l'envie de me retenir. Un instant plus tard, je me sens mouillée et entourée d'une forte odeur désagréable, pas que j'en ai quelque chose à faire, mais une substance brûlante et pâteuse s'est installée dans ma bouche, mon œil se pose sur la flaque verdâtre qui s'est formée devant moi, avant de lentement se fermer, et ainsi s'achève une des ses autres stupides journées. Moi, mes attelles, ma drogue, mon vomi, et ces quatre poneys qui tirent la tronche en fronçant les naseaux.

Mais je m'en fous bande de cons, ce sera à vous de nettoyer de toute façon. A chaque fois que j'ouvre l'œil, je glisse de plus en plus en plus profond dans ce couloir terne. J'ignore si c'est moi qui marche où si ce sont eux qui me portent. Les poneys que nous croisons n'ont que pitié, ou dégoût lorsqu'ils croisent mon regard. La plupart du temps, c'est le bruit du métal qui frotte contre le sol qui me réveille. D'ordinaire, je hurlerai de douleur, mais le doux poison me fait oublier tous mes tracas, je ne sens même pas mes pattes. Je me laisse juste flotter.

Lorsque je rouvre les yeux, je n'essaye même pas de me débattre, j'ai pris l'habitude, les sangles qui me retiennent à mon lit sont solidement attachées, tout comme l'intraveineuse profondément empalée dans ma patte gauche. Il fait encore jour, ou de nouveau jour. J'ai complètement perdu la notion du temps, et je ne sais jamais combien de temps se passe après ma piqûre. Je tourne la tête sur ma gauche à m'en faire un torticolis, jusqu'à ce que la poche transparente entre dans mon champ de vision. Elle est presque vide, ça veut dire que ma routine ne va pas tarder à commencer.

Contre le mur, mes attelles attendent, comme depuis plusieurs semaines, que l'infirmière, accompagnée des deux autres gardes vienne me laver, me masser, et m'amener en rééducation. Personne ne me parle, pas le garde assis en face de mon lit, pas les infirmières qui passent de temps à autre pour nettoyer la chambre et refaire les lits, ni même Nightmare Moon que je n'ai plus revue depuis des lustres. Seuls les docteurs, de temps à autre ouvrent la bouche pour me rendre compte de mon état et me donner des instructions. Mes souvenirs des dernières semaines sont flous, mon corps est constamment drogué pour éviter que la douleur ne me rende folle. La plupart du temps, ça marche, parfois non, et c'est dans ces moments que servent les sangles. Mais puisqu'à priori je suis un monstre fou dangereux, elles sont attachées en permanence, et j'ai même droit à ma garde personnelle. Trois poneys venus de Canterlot apparemment, à en juger par leur tenue et leur apparence identique. Je ne me souviens pas de grand chose, mais je sais qu'ils étaient là quand je me suis réveillée la première fois, et que depuis, ils ne m'ont plus quitté. Je ne pense même pas qu'ils prennent le temps de dormir. Bah, qu'est-ce que j'en sais, comme je viens de le dire, ils se ressemblent tous, si ça trouve, ils sont plus de trois.

Mes pensées sont interrompues lorsqu'une légère lame blanche s'incruste lentement dans mon métatarsien et mon tibia. Au début, c'est presque imperceptible, juste une légère démangeaison, ça me gratte, mais je me suis familiarisée avec cette sensation, et je sais très bien ce qu'elle veut dire. Mes muscles commencent à se raidir et je suis prise d'une montée d'angoisse. La douleur augmente et la lame s'agrandit, la bande de douleur s'attelle à toute ma jambe, prête à la faire partir en éclat. Mon regard paniqué se porte sur la poche qui est vide, bordel je n'ai même pas vu que les dernières gouttes étaient tombées.

Je m'apprête à me tourner vers le garde, mais celui-ci s'est déjà levé et donne quelques coups de sabot contre la porte métallique. Je me mets à gémir, la douleur commence à être insupportable, même mon sabot gauche recommence à faire mal. Mon corps tremble à transpirer, la prochaine étape est celle que je redoute le plus, le moment où les brûlures de mon visage se font sentir. C'est le moment où la drogue cesse complètement de faire effet, c'est le moment où la douce brume dans laquelle je flotte depuis des semaines commence à s'évaporer, et pire que tout, le moment où la réalité revient m'écraser de tout son poids, celui où je me rappelle, celui où je comprends.

Je le sens, il est là... même s'ils ont étés retiré il y a bien longtemps, je sens chaque morceau de shrapnel s'enfoncer dans la peau de mon visage, un long cri de douleur commence à quitter mes poumons au fur et à mesure que mon visage se tire dans un rictus de souffrance. Je revois mon visage se faire arracher, mon œil qui pend, inerte, tout juste retenu par son nerf, œil maintenant submergé par les larmes de douleur, puisqu'il n'est maintenant plus bon qu'à ça.

MAIS QU'EST-CE QU'ILS FOUTENT ?!!!! C'est ce que j'ai envie de crier, mais je ne peux pas, le supplice est tel que mon corps se balance dans tous les sens, j'entends le lit grincer sous mes assauts et le plafond ne cesse de remuer chaotiquement. Ma gorge brûle mais seul un léger gémissement, parfois accompagné d'un cri rauque parviennent à sortir.

J'entends enfin le déclic des verrous de la porte accompagné d'un tonnerre de sabots inonder la pièce, sabots qui ne tardent pas à essayer de me maintenir en place et resserrer les sangles. Quelqu'un replace mon intraveineuse dans ma patte après plusieurs efforts, c'est bientôt fini. Bien que les muscles de mon cou soient tirés, je ne peux m'empêcher de tourner la tête pour voir le changement de la poche de la substance salvatrice. Je pourrai bientôt oublier que ce moment a existé et reprendre la routine.

Au lieu de ça, deux paires de sabot me bloquent la tête tandis qu'une troisième me force le museau ouvert. On me balance un petit truc solide qui vient se bloquer au fond de ma gorge, avant d'y verser à la suite un verre d'eau. Ces enfoirés veulent me noyer ! Une quinte de toux vient taire mes gémissements, mais la troisième paire de sabots vient me bloquer le museau, ne pouvant pas recracher, je n'ai pas d'autre choix que d'avaler. Je n'ai même pas fini de déglutir qu'on m'enfonce la bouche et les naseaux dans un masque respiratoire. Je ne vais pas me noyer, je vais étouffer ! Il n'y a presque pas d'air là-dedans ! Pire, un gros abruti a décidé d'actionner la pompe ! Dégage connard, je peux respirer toute seule ! Si seulement j'avais mes sabots libres, je referais la peinture de la chambre avec ton visage ! Tu ne paies rien pour attendre !

Ma respiration se saccade de plus en plus, mais parvient à se synchroniser avec celle du masque, je suis toujours retenue par une armée de sabots, mais mes tremblements se calment lentement. Sans même m'en rendre compte, la douleur a peu à peu disparue. Je vois rapidement du coin de l'œil une infirmière rentrer avec une nouvelle poche. Ma sauveuse !

Mais une grande masse floue d'un rose délavé malade la bloque dans son avancée, "Laissez le médicament faire son effet." Une voix autoritaire féminine provient de la forme rose.

"Si je ne change pas son IV rapidement, la souffrance va revenir," insiste l'infirmière.

"La dernière chose dont j'ai besoin, c'est que vous continuiez à la droguer," lui répond la forme rose sur le même ton autoritaire. "Continuez à réguler sa respiration, et faites en sorte qu'elle ait l'esprit clair d'ici peu. Si la douleur reprend, donnez-lui un autre cachet, mais pas plus."

La forme de l'infirmière semble hésiter un moment. Ma respiration recommence à s'emballer quand je la vois finalement faire demi-tour. Quant à la forme rose, ma nouvelle ennemie, je la suis de l'œil lorsqu'elle va s'asseoir à la place de mon garde, en face du lit.

J'ai encore les yeux qui brûlent sous les larmes et la sueur, mais peu importe, mon œil droit la fixe, je veux imprimer son image dans ma rétine, je veux qu'un jour elle ressente ce que je suis en train de subir, je veux la voir implorer pour une nouvelle poche du nectar empoisonné, je... "J'AI BESOIN DE CETTE PUTAIN DE POCHE !!!!!"

Les sabots qui me maintiennent se relâchent un court instant, et je suis probablement aussi étonnée que les propriétaires desdits sabots. Est-ce que c'est ma voix ? Est-ce que je viens de réussir à parler ? Bon, ça ressemblait probablement plus à "MMMMMMH MMMMHHHH MMMMMHHHH!" à cause de ce foutu masque, mais je suis sûre que je viens de réussir à parler.

L'armée de sabots se remet plus vite de sa surprise que moi, et je suis de nouveau écrasée sous leur poids. Pourtant ils sont si distants. J'ignore si c'est la saloperie qu'ils m'ont fait avaler ou le fait d'avoir entendu ma voix après autant de temps, mais je me sens de nouveau sereine. Ma respiration s'est de nouveau synchronisée avec celle du masque et je ne me débats plus.

La situation continue de durer un certain moment, les sabots qui me retiennent se détendent. Mon œil est toujours fixé sur la forme rose, qui ne bouge pas. Je cligne une fois, ma vision s'éclaircit légèrement, je cligne une deuxième fois, et un nouveau voile de cochonnerie vient me bloquer la vue. Une compresse vient m'éponger le visage. Je frissonne à son contact, elle est froide, et le contact sur ma peau est gelant. Surtout sur la partie gauche, au lieu de la brûlure habituelle, la compresse est rafraîchissante, comme si elle appliquait une nouvelle peau non abîmée.

La gaze passe sur mes yeux, me permettant enfin d'y voir clair. J'attends que l'attention sur mon œil droit soit passée pour le reporter sur la forme rose. Là, en face de moi, son regard froid plongeant dans mon œil, une pégase, à peine plus petite que Night Stalker, se tient assise, le dos droit, la tête haute, dans une posture sûre et hautaine, les yeux légèrement baissés pour rencontrer le mien. Tout dans sa pose crie la confiance et l'autorité, une aura de noblesse l'entoure, je me sens toute petite en comparaison. J'ai l'impression de devoir me traîner dans la boue pour pouvoir mériter d'être en sa présence. Mon animosité envers elle s'échappe aussi vite que ma fierté, quelque chose me crie que je devrai faire extrêmement attention au choix de mots, si je dois m'adresser à elle.

"Il suffit, laissez-nous seules." Sa voix est sèche, mais aussitôt ses mots prononcés, tous les sabots qui me retiennent s'écartent, même le masque est retiré de mon visage. Du coin de l'œil, je vois tous les poneys en blouse quitter la pièce sans même jeter un regard dans ma direction ou celle de la jument. Bientôt, il ne reste plus qu'elle, les trois gardes... et deux autres poneys qui viennent juste d'entrer dans la pièce.

La pégase finit par me quitter du regard pour se porter vers les gardes. "Vous pouvez disposer."

L'un des gardes, malgré l'air impassible de ses deux compagnons, répond d'une voix manquant légèrement d'assurance, "Sauf votre respect, Madame la Baronne, nous sommes ici sur ordre direct des princesses, au moins l'un de nous doit en permanence être en sa présence."

La jument rose l'écoute calmement sans broncher, son regard se porte furtivement sur moi avant qu'elle ne reprenne la parole, "Tout comme moi, sergent, considérez moi comme l'autorité des princesses, maintenant, disposez."

L'un des deux poneys qui viennent d'entrer, une jument grise, s'approche des trois gardes et leur tend quelque chose. Il y a un court moment d'hésitation, marqué par une tension palpable, mais les trois gardes finissent par quitter la pièce avec un salut militaire. La porte métallique se referme et la jument grise actionne les différents verrous. Elle active sa magie – je n'avais même pas remarqué qu'elle avait une corne – et tout à coup, le silence qui nous entoure semble s'être décuplé. J'ai la désagréable sensation que je ne vais pas aimer ce qui va suivre.

La licorne va se placer près de la pégase rose, qui fait ensuite un signe de la tête au troisième poney. Encore une jument, son poil est couleur poix-cassé et sa crinière noire avec des mèches grises. Elle porte une blouse banche bordée de doré avec un patch en forme de croix, de la même couleur que sa cutie mark, jaune.

Cette dernière s'approche de moi, me dévisage rapidement, je la suis de l'œil, lorsque je croise son regard, j'y vois un détachement des plus total, j'ai l'impression de n'être qu'un meuble dans la pièce. Elle penche la tête vers la droite, puis récupère un petit marteau qu'elle tient dans la bouche. J'entends un bruit de papier sur ma droite, la jument grise tient dans son aura un bloc-notes et un stylo.

Puis je crie. Cette salope vient de m'écraser la jambe avec son putain de marteau !

Je m'apprête à lui dire tout le bien que je pense d'elle, lorsque le marteau retombe sur l'autre jambe.

"Très bons réflexes." La licorne prend note. "Les jambes semblent fonctionnelles, je pense qu'un peu de rééducation sera encore nécessaire," continue la jument verte en prenant l'une de mes pattes arrière dans ses sabots et jouant avec en la pliant et la dépliant.

J'essaye de dire quelque chose, mais les actions s'enchaînent tellement vite que je me retrouve dépassée. Elle a maintenant mon sabot gauche dans ses pattes, qu'elle tord dans tous les sens, m'arrachant un gémissement de douleur. Plus par réflexe que par réelle douleur. La sensation est désagréable, certes, mais pas aussi douloureuse que ce à quoi je me serai attendue.

"Il va falloir remplacer ce sabot, le ferrage n'est ni fait ni à faire." Quoi ?! Qu'est-ce qu'elle entend par remplacer mon sabot ?! Je ne suis pas un autokart, on ne change pas un sabot comme on change une roue. La licorne continue à prendre des notes, aussi détachée que la pégase et la ponette verte. "Si on le laisse dans cet état, on cours à la catastrophe et des dommages irréparables dans la patte gauche et au garrot. Ils n'ont même pas pris la peine de refermer la fente avant de ferrer."

Elle s'approche ensuite de mon visage et passe un sabot sur la partie gauche, je le sens glisser sur chacune de mes cicatrices, puis elle pince ma joue. C'est ça leur nouvelle méthode de torture ? Ça m'énerve plus que ça me donne envie de parler. Pas que l'une d'entre elles ne m'ait posé de question de toute façon.

"Je pense qu'on peut s'attendre à une paralysie partielle du visage, mais les muscles n'ont pas l'air trop abimés, je pourrais tenter une chirurgie reconstructive, me débarrasser de la plupart des cicatrices..." Elle appuie sur le côté de mon museau, je sens la pression mais rien de plus. "Hmm, je pourrais faire une greffe, mais la prothèse semble faire l'affaire."

Elle me prend par la nuque et me penche la tête en avant rapidement, est-ce qu'elle essaye de me tuer ?

"Où est son implant ?" Quoi ?! Comment-ça où est mon implant ? J'ai plus d'implant ?! C'est un piège, c'est ça ? Ça expliquerait leur comportement étrange, elles ne sont pas envoyées par les princesses, je me suis encore fait capturer par les Me ?

"Il est encore en cours d'analyse et de rééquilibrage au laboratoire, nous nous occuperons de ça plus tard," répond la pégase rose.

"Bien," se contente de dire la ponette verte avant de me reposer la tête contre mon oreiller. Elle prend une lampe ophtalmique et me balance le faisceau dans l'œil droit. Mon premier réflexe est de le fermer lorsque le rayon de feu vient me brûler la rétine. Mais elle ne semble pas apprécier, de son autre sabot, elle m'ouvre l'œil et continue de l'inonder du faisceau. "Réaction photo phobique, il me faudra un meilleur matériel pour voir si sa vue a été altérée." Puis elle passe à mon œil gauche, au moins, de côté là, je suis tranquille, aucun risque qu- BORDEL DE MERDE !!!

C'est comme si la lampe venait de creuser un trou dans mon cerveau. Je ferme les yeux et force mes paupières fermées, pantelante de douleur. "Étrange," déclare la ponette, "j'ai aussi une réaction photo phobique de l'œil gauche, pourtant son dossier indique qu'elle ne répond à aucun stimuli."

J'entends un bruit de papier à ma droite, et la licorne lui répond, "Je confirme, son œil n'a répondu à aucun stimulus." Et je confirme aussi, depuis que je me suis réveillée, c'est comme si mon œil gauche n'était plus là- Hé!

La ponette verte, comme à son habitude, sans prévenir, met l'un de ses sabots sur mon œil droit et force mon œil gauche ouvert. Mais au lieu de me sentir transpercée par la lumière comme précédemment.... je ne sens rien du tout, pas plus que je ne vois. "Il va vraiment falloir que ces abrutis apprennent à faire leurs tests, son œil est clairement en train de suivre les mouvements de mon sabot."

Tiens, c'est vrai, je peux sentir mes yeux bouger dans leur orbite comme s'ils suivaient quelque chose, pourtant je suis catégorique, je n'y vois rien, juste du noir, et des boules lumineuses de douleurs qui commencent à se former à cause de la pression de son sabot sur mon œil droit.

"Est-ce qu'elle est seulement aveugle ? J'observe une nette décoloration de l'iris, mais celui-ci réagit parfaitement à la lumière-"

"Je suis aveugle, j'y vois rien, et vous me faites mal !" je finis par réagir. Cette fois, j'en suis sûre, c'est bien ma voix, même si j'ai du mal à la reconnaître, elle est rauque et grinçante, comme si j'avais du gravier dans la gorge, et à la sensation que j'ai, ça pourrait bien être le cas.

"Quoi qu'il en soit, j'aurais besoin d'un meilleur équipement pour en dire plus," dit-elle sans sembler prêter la moindre attention à mon interruption.

"Vous pensez qu'elle sera prête dans combien de temps ?" demande la pégase.

"D'ici une semaine ou deux, mais il faut l'opérer au plus vite ou elle ne vous sera d'aucune utilité."

Je jurerais avoir entendu la pégase murmurer que ça ne changerait pas grand chose, mais c'est peut-être mon esprit qui me joue des tours.

"Est-ce qu'elle est en état de répondre à mes questions ?" demande la pégase.

"Est-ce que vous êtes en état de répondre à des questions ?" me re-demande la ponette verte.

"Quoi ?"

"Non, pas quoi, oui, ou non ?"

"Je suppose ?"

Elle se retourne vers la pégase, "Oui." Elle dépose un cachet blanc sur la table de nuit à côté de mon lit et se dirige vers la porte. "Je vais faire préparer le nécessaire pour la remettre sur pattes, faites-en sorte que son implant soit prêt d'ici-là."

La pégase lui fait un signe de la tête et la ponette quitte la pièce, peu de temps après, la licorne ré-actionne les verrous sans quitter sa place à côté de moi. En revanche, la Pégase rose se lève et vient à son tour se placer à côté de la licorne. Ses yeux noirs continuent de me fixer de ce regard froid.

Il y a un moment de silence, qu'elle termine en prenant une profonde inspiration et en fermant les yeux. Finalement, elle me demande, calmement et sèchement, "Qui êtes-vous ?"

Comment ça, qui je suis ? Qu'elle soit envoyée par les princesses ou par les Me, elle devrait savoir qui je suis. "Je suis Free Will."

Son regard se durcit, elle n'a pas l'air d'avoir apprécié ma réponse. Elle se tourne vers la licorne qui lui tend plusieurs papiers. Elle les prend dans l'un de ses sabots et s'assied sur sa croupe. Pendant qu'elle lit, elle me jette des regards furtifs, elle continue pendant plusieurs instants en gardant le silence. Moi-même je ne sais pas quoi faire, maintenant qu'elle est aussi proche, son aura autoritaire se fait plus imposante. J'aimerais lui demander qui elle est et ce que je fais là, mais l'atmosphère pesante me fait clairement comprendre qu'il vaudrait mieux que je garde le silence.

Sa robe est étrange, elle ressemble à une upper, mais ses couleurs sont ternes, son rose tire plus sur le gris que le rouge, comme un pull qui se serait déteint avec les années, sa longue crinière est si noire qu'elle ne reflète même pas la lumière, pourtant je peux voir ici et là quelques mèches blanches. Elle porte un veston bleu-marine qui s'arrête au niveau de son torse et laisse passer ses ailes. Pourtant, elle ne porte pas l'insigne des Wonderbolts, bien que celui-ci lui ressemble énormément. L'éclair étant remplacé par une barre de navire. Le symbole de l'aéronavale si je ne dis pas de bêtise. En dehors de ça, la veste ne porte aucune autre distinction militaire. J'arrive tout juste à percevoir sa cutie mark dans sa position. On dirait le bout d'un canon pris sous un filet.

"Recommençons," annonce la jument. "Nom, lieu et date de naissance."

"Free Will, Ponyville, le troisième jour des neiges de trois cent vingt cinq après le retour de la princesse Luna. Fille de Purity et père inconnu." Je suppose que c'est utile de le préciser.

La jument hoche la tête. Elle me regarde et semble s'adoucir, "J'ai connu votre mère."

Ok, ça sort de nulle part. Mais d'un autre côté, qui ne connaît pas ma mère ? Mais ce n'est pas le genre de commentaire que j'ai envie de faire à voix haute maintenant.

"D'accord..." c'est tout ce que je me contente de dire.

Elle se racle la gorge et reprend avec ses questions. "Racontez-moi tout ce dont vous vous souvenez de l'attaque de Green Pasturges. J'ai énormément de trous à remplir, c'était une soirée très agitée."

"Euh..." j'essaye de fouiller dans ma mémoire. Bien sûr, je n'ai rien oublié de ce qu'il s'est passé, mais ça reste assez flou, il s'est produit trop de choses et je ne sais même pas ce que je peux lui raconter. Après tout, Night Stalker m'a dit que je ne devais rendre compte qu'aux princesses en personne. Elle a beau dire que c'est une envoyée des princesses, ce n'est ni la princesse Celestia, ni la princesse Luna. "C'est confidentiel," je lui réponds en détournant le regard.

Elle soupire d'exaspération. "Écoutez, je pense que vous ne comprenez pas la situation dans laquelle vous êtes. Vous vous rendez compte que vous avez participé à une attaque terroriste sans précédent ? Je suis là parce que le capitaine Night Stalker a disparu, et depuis sa dernière transmission nous n'avons aucune idée de ce qu'il s'est produit. Si vous voulez regagner les faveurs des princesses, il va falloir nous aider. Alors, que s'est-il passé après que vous soyez entrée en contact avec les Me ?"

"Qu'est-ce qui me dit que vous n'êtes pas une Me ?"

La pégase échange un long regard plein d'incompréhension avec la licorne. "Qu'est-ce qui vous fait croire que je suis une Me ?"

J'essaye de hausser les épaules, ce qui s'avère difficile dans la mesure où je suis toujours attachée. "J'en sais rien. D'une, je ne sais pas qui vous êtes, de deux, si je me souviens d'une chose, c'est que les Me étaient sur le point de prendre Green Pasturges, et enfin, la dernière fois que j'ai eu affaire à des docteurs aussi soigneux qui voulaient retirer mon implant, c'étaient des Me."

La pégase me lance un long regard. Elle semble réfléchir pendant un long moment. "Savez-vous depuis combien de temps vous êtes dans cet hôpital ? Avez-vous la moindre idée de ce qu'il se passe en dehors de cette chambre ?"

Honnêtement ? "Non. C'est probablement la première fois que j'ai les idées aussi claires depuis que je me suis réveillée, et aussi la première fois que j'ai quelque chose qui ressemble à une conversation."

Son visage se durcit."Quelle bande d'imbéciles !" lâche-t-elle entre ses dents. "Voilà pourquoi on ne peut pas faire confiance à des commoners..."

Elle marque une nouvelle longue pause. Puis se tourne de nouveau vers la licorne. Elle lui prend la nuque et la tourne dans ma direction. Je remarque qu'elle est coiffée en chignon et que son implant est clairement visible. "Voici Scribbe, c'est mon attachée, une commoner, si on peut encore l'appeler comme ça... son implant a été modifié pour qu'elle soit parfaitement synchronisée avec moi dans ce genre de... situation... Quand nous en aurons terminé ici, elle aura tout oublié et attendra ses prochains ordres." J'ai envie de grincer des dents en entendant ça. J'ai déjà dû travailler sur des modifications similaires, mais c'est tout juste légal, voir carrément illégal. Je dirais que ça devient légal uniquement lorsqu'assez d'argent est impliqué...

"Quant à moi," elle se passe un sabot dans la nuque pour repousser sa crinière et me montrer son implant. "Je suis la baronne Bruine de Coltbaten, vice-amiral de la flotte de Baltimare et députée de la Baronnie de Macintosh. Les princesses m'ont envoyée pour remplacer le capitaine Night Stalker, dont nous n'avons plus de nouvelles depuis l'attaque de Green Pasturges. Croyez-moi, il n'y a plus de Me ici, où s'il en reste ils doivent être plus occupés à se terrer qu'à se promener dans des hôpitaux gardés par la garde royale. Et si ça ne vous suffit pas, j'ai toute cette magnifique paperasse que j'ai dû remplir pour venir ici contre mon gré." La licorne me tend un dossier qui a vue d'œil fait bien une trentaine de pages.

Bien entendu, je ne peux pas le prendre. Mais la pégase l'ouvre et me tends plusieurs feuilles que je peux voir signées par les princesses, et je suppose la pégase. Certains ont même l'air d'avoir besoin de la mienne. Chouette, de la paperasse. J'adore la paperasse... C'est quoi ? La nouvelle connerie que les princesses ont trouvée pour ruiner ma vie ? Je n'ai pas souvenir d'avoir eu besoin de remplir le moindre papier avec Night Stalker.

"Donc, que s'est-il passé après votre rencontre avec les Me ?"

J'hésite toujours à lui répondre, tout ce que j'ai eu, ce sont des mots et des bouts de papier, ça ne prouve rien. Ce pourraient très bien être les Me qui veulent me tester pour voir ce que je serais prête à dire aux princesses...

Oh ! Et puis merde ! De toute façon, il ne s'est rien passé que les princesses puissent savoir et à la fois nuire aux Me. Si Night Stalker a réussi à leur dire que j'étais entrée en contact avec les Me, alors elle a aussi dû leur donner les coordonnées de leur planque. En revanche, je ne pense pas qu'il soit nécessaire de leur parler de Nightmare Moon.

"Je veux bien raconter ce qu'il s'est passé, mais si nous sommes du même bord, est-ce qu'il est vraiment nécessaire de me garder attachée ?"

La pégase réfléchit et fait un signe de tête à la licorne. Un instant plus tard, son aura me libère de toutes les sangles. J'en profite pour me frotter les pattes avant qui me démangent. L'IV a dû être enlevée plus tôt, car je n'ai plus rien dans la patte gauche si ce ne sont des bleus. Je remarque aussi, qu'en effet, j'ai un fer aux sabots avant, malgré le fait que mon sabot droit n'ait aucun dommage apparent. En revanche, la fente dans mon sabot gauche a vraiment tourné au pire, c'est comme s'il s'était séparé en deux, je ne pense même pas qu'il soit possible qu'il se referme de lui-même un jour. Je suis épatée de l'indifférence avec laquelle je prends cette nouvelle. C'est comme si on m'avait amputé d'une jambe... mais non... je ne ressens rien... Je commence à me rendre compte à quel point je me sens vide...

Je me passe un sabot dans la nuque... et je prends toute l'ampleur du vide que je ressens. En effet, mon implant n'est plus là, il n'y a plus qu'un trou, ils n'ont même pas mis de prothèse pour le reboucher ou le protéger... Je me sens soudainement prise d'un grand coup de fatigue. J'ai envie de m'allonger et laisser le temps passer. Ce qui ne semble pas être dans les plans de la pégase.

"Donc, que s'est-il passé ?" Elle recommence à parler avec ce ton sévère et strict.

"Après le Me... Ils m'ont parlé d'une sorte d'antenne capable de pirater ou de détourner le Grand Réseau... Les princesses m'avaient dit que quelque chose n'allait pas à Green Pasturges, alors je me suis dit que c'était ça... Je l'ai trouvée à l'aide des plans du bâtiment en fouillant dans les zones d'ombre. Et ensuite... je ne me souviens plus, je me suis réveillée ici."

La Baronne ne parle pas ni ne réagit pendant un long moment. "Quoi, c'est tout ?"

Pourquoi ? Elle s'attendait à quelque chose d'épique ? Quand est-ce que ces foutus poneys comprendront que je n'ai rien d'extraordinaire ? Et que par conséquent, il ne faut pas s'attendre à ce que je fasse quelque chose d'extraordinaire ? Pour ce que j'en sais, Nightmare Moon et Blue Key ont fait plus que moi, et l'une d'elles n'est pas vraiment réelle...

"Oui, c'est tout."

"Vous n'avez pas participé à l'attaque, vous n'êtes pas retourné à la planque des Me ?"

"Non, c'est tout ce qu'il s'est passé." Je vais quand même essayer de passer l'épisode de la garde municipale sous silence, bien que je ne fusse pas vraiment impliquée dans ce qu'il s'est passé, je préfèrerai éviter qu'on sache que j'étais dans le bâtiment juste avant qu'il n'explose.

"Et Night Stalker, quand l'avez vue la dernière fois ?"

"Avant d'aller trouver l'antenne."

Elle retourne à ses papiers et en lit plusieurs en se frottant par moment le haut du crâne ou le menton. "Ça ne colle pas."

"Qu'est-ce qui ne colle pas ? C'est ce qu'il s'est passé. Je ne suis au courant de rien d'autre. Je n'ai pas revu Night Stalker après, je n'ai pas bougé de là-bas, j'ai trouvé l'antenne, et après, plus rien. Je me suis fait méchamment passé à tabac, là-bas, je ne me suis pas retrouvée dans cet état pour rien."

"Hm, bien, passons à la suite. J'ai plusieurs photos qui ont été prises après que nous ayons repris la ville." Elle dépose plusieurs photos devant moi. Des photos de poneys, des photos d'objets que je ne reconnais pas, à l'exception d'un, que je ne risque pas d'oublier puisqu'il est la dernière chose que mon œil gauche ait vu. Et aussi des photos de lieux. A en juger par l'architecture et les montagnes en arrière plan, quasiment tous se trouvent à Green Pasturges ou dans les environs, même si je ne reconnais pas la plupart d'entre eux.

"Vous reconnaissez quelque chose ?"

Je regarde les photos de plus près, je montre l'arme, "C'est ce truc que j'ai vu en dernier."

La pégase fait un signe de la tête et la licorne prend note. "Vous êtes sûre ?" demande-t-elle quand même par précaution.

"Oui."

"Combien en avez-vous vu ?"

"Un seul, si c'est un 'un'."

"Vous ne savez pas ce que c'est ?" Elle demande plus pour s'en assurer que par surprise.

"Non, pas la moindre idée. Qu'est-ce que c'est, c'est une arme ?"

"Plus tard. Autre chose ?"

La plupart des photos qui me disent quelque chose sont celles de poneys. Je ne pourrais pas identifier la plupart d'entre eux, mais je suis persuadée des les avoir déjà vu quelque part. Je les mets en avant. En revanche, il y en une que je ne risque pas d'oublier, une jeune jument rouge à la crinière orange écarlate. La pégase regarde la photo avec beaucoup d'intérêt lorsque je la pointe du sabot.

"Qu'est-ce que vous pouvez me dire sur elle ?"

"Scarlet ? Vous ne savez pas qui est Scarlet ? Night Stalker m'a dit que les services spéciaux avaient tout un dossier sur elle."

"Je sais qui est Scarlet Day, je veux vous l'entendre dire, et tout ce que vous savez sur elle."

Hmm... par où commencer ? "Pour ce que j'en sais, c'est la chef des Me, ou la Grande Coordinatrice, un truc comme ça. Une sociopathe, complètement bipolaire, violente et puérile... Enfin... une lowcast quoi, mais en plus dangereux. C'est la première... non, la deuxième Me avec qui j'ai eu affaire. Et depuis elle ne me lâche plus. Elle m'a demandé de me débarrasser des princesses, et les princesses de travailler pour elle..."

"Rien d'autre ?"

Je ne sais pas, est-ce que je devrais mentionner Sapphire ? Je pense qu'elle doit aussi savoir pour Sapphire de toute façon. Et elle n'est même pas sur les photos.

"Non, pas en ce qui la concerne. Je veux dire, pour le peu que je la connais, je pourrais écrire un roman sur elle, mais je pense que vous en savez plus que moi."

"Vous savez où elle se trouve en ce moment ?"

"Comme je vous l'ai dit, mes souvenirs s'arrêtent après l'antenne, je ne sais même pas où elle se trouvait lorsque l'assaut a été lancé."

Elle hésite un instant et regarde les notes de la licorne. "Qu'en est-il de ceux sur les autres photos, qu'est-ce que vous pouvez me dire sur eux ?"

"Pas grand chose, je ne pense pas les connaître, mais je suis convaincue de les avoir déjà vu. Probablement dans la planque des Me ou l'installation des Richs. Mais je n'ai pas de noms ou quoi que ce soit sur eux."

"Bien, maintenant, les lieux. Qu'est-ce qui vous semble familier ?"

Sans hésitation, je montre les photos du bâtiment principal du hangar, celle du bâtiment où se trouvait la suite, et prends soin d'éviter celles des ruines du poste de garde. D'ailleurs, ce ne sont pas les seules photos de ruines que je peux voir. Il y en a d'autres de bâtiments du centre-ville, d'autres plus isolées, mais aussi d'infrastructures plus imposantes. L'une d'entre-elle me dit même quelque chose. Je la prends dans mes sabots et l'observe attentivement. Ça ressemble presque à l'entrée que j'ai prise pour atteindre la console de l'émetteur. A la principale différence qu'à la place d'un mur et d'un toit, il n'y a qu'un énorme tas de gravas. Je remarque aussi que sur aucune des photos du bâtiment, il n'y a l'antenne. Pas plus sur les parties intactes que sur les parties en ruines.

"J'étais là-dedans." Je montre la photo de l'entrée. "C'était dans cette partie du bâtiment que se trouvait la console de piratage de l'endoctrinement. Mais ce n'était certainement pas en ruines quand j'y étais." La jument hoche la tête et Scribbe prend note. "Il y a autre chose qui me chiffonne."

"Qui y'a-t-il ?"

"L'antenne dont je vous parle, elle n'est sur aucune des photos."

"Oui, c'est un point que je voulais aborder plus tard. Dans aucun des rapports que nous avons eu il n'a été fait mention d'une antenne particulière ou d'un quelconque appareil de modification de l'endoctrinement."

"Est-ce que vous voulez dire que vous ne me croyez pas ?"

"Pas du tout. Il faut que vous compreniez la raison de ma présence ici. Je suis là pour faire le lien entre les différents rapports qui sont retournés à la couronne et aux différents ministères après la recapture de Green Pasturges. Beaucoup de choses ne coïncident pas, idem avec les témoignages précédant l'attaque des Me. Nous avons toutes les raisons de croire qu'il y a bien eu, d'une façon ou d'une autre, une attaque globale sur les implants de la majorité des poneys présents et implantés dans la ville. Mais rien de cela ne correspond avec ce que vous venez de me dire.

Mais... cela correspond aux logs de votre implant. Jusqu'à ce que vous ayez atteint la salle de l'émetteur et que vous vous soyez faite tirer dessus."

"Tirer dessus ?"

Elle prend la photo de l'arme et me la montre. "Ceci est un fusil, ce modèle est griffon, une arme à feu, interdite en Equestria. Je vais vous épargner les détails, mais vous vous êtes prise une décharge à bout portant dans la tête. C'est un miracle que vous ayez survécu. Ce qui est encore plus miraculeux, c'est que les Me aient pu vous sortir des décombres du bâtiment, vous traîner hors de la ville tout en vous maintenant en vie, et ce jusqu'à ce que nous reprenions la ville. Miraculeux et surprenant, compte tenu de votre relation avec leur leader.

Et c’est l’une des principales raisons pour lesquelles je suis là. M’assurer que vous êtes bien celle que vous prétendez être. Les données de votre implant semblent le confirmer… Mais tout le reste… ça ne colle pas. Je ne sais pas comment Night Stalker travaillait avec vous-" Honnêtement, moi non plus. A-t-on réellement travaillé ensemble ? A part la séance d'entraînement à la tour de la nuit, nous n'avons fait que voler des gâteaux et rouler pendant des jours. Oh… je… comment est-ce qu'on a pu perdre autant de temps ? Comment autant de choses ont pu se passer sans que nous effleurions seulement notre but ?

"- Mais je vais m'assurer que les choses changent." continue-t-elle. "Il est hors de question que vous remettiez la moitié du pays à feu et à sang. Désormais je vous aurai à l'œil et ne vous quitterai pas le moindre instant. Les princesses veulent que je vous seconde, mais malgré tout le respect que je leur dois, elles peuvent aller se faire mettre." Bon, au moins ça c'est dit… "Maintenant, vous faites ce que je vous dis de faire. En mission, vous parlez quand je vous dis de parler, vous agissez quand je vous dis d'agir, et le reste du temps… faites de votre mieux pour ne pas faire le pire." Et ça, ça n'a aucun sens, mais je pense qu'il vaut mieux éviter de le faire remarquer.

En revanche… "En mission ? Je ne suis pas vraiment en état de faire quoi que ce soit pour le moment." J'appuies mon argument en essayant de lever mes jambes arrière, mais tout ce que je réussis à faire est de tirer la grimace. Le truc qu'ils m'ont donné semble toujours faire effet, mais pas de miracle, sans mes attelles, je n'ai que deux morceaux de viande aux os encore fragiles.

"Finnish peut vous remettre sur pattes rapidement. Quelques opérations, un peu de réeducation, et on quitte ce trou dans…" Elle tourne la tête vers la licorne, cette dernière sort un papier et lui montre. "Deux semaines."

Elle jette un regard dans toute la pièce, et je le suis. C'est la première fois que j'ai l'esprit aussi clair depuis que je suis ici. Jusqu'à maintenant, ma perception s'est arrêtée à mon lit et tout son équipement médical, le fauteuil du garde, et enfin, la porte blindée qui mène à l'extérieur. A la regarder maintenant, j'ai l'impression de me trouver dans une toute autre pièce. Il y a deux autres lits. Vides. Pas d'équipement médical, pas de sangles, pas de poneys, juste des draps verts, de la même couleur que les murs et le sol. Le tout éclairé par trois barres de lumière au plafond et la fenêtre, d'où le soleil filtre à travers les barreaux. Même en plissant l'œil, je n'arrive pas à voir ce qu'il y a de l'autre côté.

Hmm, non, en fait la pièce n'est pas si différente que ça, elle a juste triplé de volume et gagné une fenêtre…

"D'ici là," reprends la pégase, "je vous garde à l'œil." Elle donne un petit coup de museau à la licorne, cette dernière hoche la tête et quitte la chambre dans le cliquetis habituel des verrous.

Coltbaten, comme elle vient de le dire, me garde à l'œil, elle ne bouge pas, elle reste assise, toujours plus haute que moi, et ses yeux me fixent. Sans la moindre trace de mouvement ou d'émotion. Je me sens mal à l'aise, je pense que je vais juste rester couchée, et me retourner. Le mur est bien moins oppressant que son regard.

Quelques instants plus tard, les verrous se remettent à s'actionner et j'entends la porte s'ouvrir. Je lève la tête pour voir Scribbe entrer, plusieurs sacoches accrochées autour d'elle, et encore d'autres sacs à sa suite dans son aura. Elle dépose tout son barda sur les deux autres lits. J'entends un couinement régulier qui s'approche, jusqu'à ce qu'un bureau à roulette apparaisse à travers le seuil de la porte.

La pégase rose le place devant mon lit, faisant face à la porte. Elle prend l'un des sacs sur le lit à côté de moi et commence à le vider en organisant le bureau. Quand elle a fini, elle s'assied simplement derrière et plonge le nez dans les dossiers que lui donne Scribbe. Cette dernière retourne ensuite vers le dernier lit, sur lequel elle se pose. Sans plus bouger.

"Vous feriez mieux de vous reposer pour le moment," me dit la pégase. "Et prenez le cachet sur votre table de nuit si vous sentez la douleur revenir." Elle se tourne vers moi et me lance un regard sévère, "Uniquement si vous sentez la douleur revenir."

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Note de l'auteur

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herdac
herdac : #47734
UNE grande réussite ce coup de pied
ce chapitre est un plaisirs à lire, en l’attente de la suite avec impatience
Il y a 8 mois · Répondre
lnomsim
lnomsim : #47690
Ravie que tu es pu te remettre dedans, je vais essayer de faire de même, le prochain chapitre est bientôt terminé. Mais je ne fais pas de promesses vu mon rythme de publication actuel.
Il y a 8 mois · Répondre
Églantine
Églantine : #47683
Je suis contente, j'étais vraiment ressortie de l'histoire les trois derniers chapitres, mais la je suis replongée dedans d'un coup!
Il y a 8 mois · Répondre

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