Twilight grimaça quand la pointe de l’aiguille pénétra dans sa peau, traversa son épiderme pour atteindre la seconde couche, et y déposer de l’encre.
Ça faisait mal, bien que la douleur soit moindre que ce à quoi elle s’attendait. C’était pas beaucoup différent d’être piqué par une guêpe, et tout aussi peu agréable.
_Arrête un peu de gigoter, l’admonesta Zecora, plongeant l’aiguille dans la petite coupelle remplie d’encre pour recharger sa machine à la main. Tu veux pas que je dérape, crois moi.
La détenue travaillait bien, et vite. ce qui n’avait commencé que comme quelques points sur l’intérieur du poignet, prenait rapidement forme. En quelques dizaines de minutes, trois ballons de baudruche stylisés de sang et encre mêlés, trônaient désormais sur le bras de Twilight.
Plus jeune quand elle était au lycée, l’envie de se tatouer l’avait traversé. Elle s’était dit que ça lui donnerait un style plus cool, et que les pestes de l’école lui lâcheraient un peu la grappe. Elle avait été à deux doigts de réussir. Il avait fallu l’intervention de son grand frère, venue la sortir du salon par la peau du cou pour qu’elle réalise que c’était une mauvaise idée. Elle n’avait pas voulu se tatouer pour elle-même, mais pour faire taire les autres.
Elle avait fini par revenir au bon sens, et à réaliser que même si cette étoile aurait été superbe sur sa hanche, l’avoir pour des mauvaises raisons aurait été pire que ne pas avoir de tatouage du tout.
Elle avait donc relégué son projet quelque part dans ses rêveries d’adolescente, quelque part entre rejoindre un groupe de rock, et partir camper un mois entier en solitaire dans la forêt, juste en compagnie de livres d’aventure.
Et maintenant, la voilà taularde et tatouée. Déjà qu’elle était lesbienne, elle avait un peu l’impression d’enchaîner les clichés.
_Voilà, déclara l’africaine en terminant le dernier point, en queue de traîne des ballons. T’es officiellement dans l’équipe maintenant.
La détenue ponctua sa phrase en tapotant son propre poignet, où les mêmes ballons, quoique plus usés par le temps, se détachaient sur sa peau ébène.
Twilight loucha sur l’appareil dont s'était servi Zecora. Cet amas de stylo bic, de moteur, de cuillère cassée pour tenir le tout, et de pointe en papier avait l’air monstrueusement artisanal. Mais après tout elle était dans une prison d’Etat, pas au salon du tatouage. Elle n’allait pas non plus demander une machine à faire des piercings.
Zecora enroula rapidement l’avant bras de Twilight dans un plastique qu’elle identifia comme du film alimentaire.
_Faut que tu gardes ça quelques heures, le temps que ça cicatrise, et que l’encre qui est ressortie dans le sang se barre avec lui. Tu vas douiller un peu pendant deux-trois jours, mais quand ça sera dégonflé, t’auras un tatouage nickel chrome.
_Dégonflé ? répéta Twilight, surprise.
_Normalement, avec les pointes bouillies, et ce que j’ai mélangé à l’encre, y devrait pas y avoir de souci. Mais je peux pas te garantir le travail le plus stérile du monde, même si la pisse était clean.
_Lalala...pisse ? répéta une seconde fois Twilight, éberluée.
_Avec quoi tu crois que je dilue le caoutchouc cramé princesse ? demanda Zecora dans un rire de gorge. Mais détends-toi, je fais ça depuis des années, y a jamais eu de problème.
_Sauf pour Gabby, rajouta Pie, allongée sur son lit, jouant avec un paquet de cartes.
_Sauf elle, confirma sa garde du corps en se redressant et en commençant à ranger son matériel. Mais c’était pas ma faute si elle avait choppé le dass avant de se retrouver ici, et qu’elle a quand même voulu un tatouage. Je suis pas responsable quand on est con, hein.
Pie haussa les épaules, dans un geste d’évidence, avant de se remettre à manipuler son jeu de cartes. L’une d’entre elles lui échappa des mains, et glissa jusqu’aux pieds de Twilight. Cette dernière se pencha pour la ramasser y jetant un oeil par réflexe, et sentit son visage s’empourprer quand elle vit que la figure représentée, celle de l'as de pique, était celle d’un pénis en érection. Pie s’esclaffa et montra les autres cartes, toutes à l’avenant.
_Elles sont sympas, hein ? C’est une nana qui s’est pris dix ans pour fausse monnaie qui me les a faites. J’ai aussi un jeu avec des poneys dessus, mais il est moins rigolo.
Twilight préféra laisser couler. Ça ne faisait que s’ajouter à la longue liste des lubies de la criminelle. Même si elle commençait à la connaître, Twilight avait encore beaucoup de mal à comprendre la manière de fonctionner de Pie. La caïd était erratique, tantôt joyeuse et immature, tantôt froide et extrêmement sérieuse.
C’était un peu comme la grande roue des jeux télévisés, on ne savait jamais vraiment sur quoi on allait tomber.
_Tu vas voir, le truc sur ton bras, ça vaut tous les passes VIP du monde, lui jura Pie, venant lui reprendre la carte. Les filles et les matons qui bossent pour moi garderont un oeil sur toi à tout moment, et les autres devraient plus trop t’emmerder. Bon, y reste les cas désespérés, comme Glimmer, mais on va lui faire comprendre pourquoi son idéologie de merde elle est périmée depuis deux siècles, pas vrai ?
Twilight lui renvoya un sourire qui se voulait rassurant. Même si, obéissant en cela aux ordres de sa patronne, Zecora s’était assurée que Twilight maîtrise les bases en self-defense, l’universitaire doutait quand même de faire le poids face à l’anarchiste. Son corps, encore recouvert de bleus était là pour le lui rappeler en permanence.
Le choc sonore de la matraque d'un gardien contre la porte entrouverte de la cellule fit se retourner les trois femmes. Twilight avait encore du mal à réaliser à quel point Pie était libre de ses mouvements à l'intérieur des murs de la prison. Pour un peu, elle était presque sûre qu'on ne fermait pas sa cellule à clé la nuit.
_Sparkle, annonça le gardien, c'est l'heure de ta visite conjugale.
La caïd gloussa comme une petite fille, alors que Twilight emboîtait mécaniquement le pas du surveillant. Pie avait donc tenu parole, et fait truquer des papiers administratifs en sa faveur. La criminelle était donc fiable...autant qu'une femme-enfant aux pulsions meurtrières puisse l'être.
Cheminant derrière le maton, l'universitaire sentit son bras la gratter, et elle regretta de ne pas s'être fait tatouer plus tard dans la journée. Déjà qu'elle avait des bleus partout et le nez encore recouvert d'un pansement, le film qu'elle avait d'enroulé autour du poignet ne devait pas aider à la rendre attirante.
Twilight se fit violence en se rappelant que ce n'était pas une inconnue qu'elle allait voir mais bien Rarity, qui avait un jour déclaré la trouver belle quand bien même elle serait vêtue d'une robe en sac poubelle. Ce qui venant de la couturière qu'était sa compagne, n'était pas un vain mot.
_Tu as une heure, Sparkle, prévint le maton en s'arrêtant devant une porte et en sortant un trousseau de clés. Vous entrez et sortez toutes les deux par des entrées différentes, et vous serez fouillées pour qu'on soit sûrs qu'aucune n'a profité de l'occasion pour passer quelque chose à l'autre. Si tu nous poses le moindre problème, non seulement tu te prendras du mitard mais en plus tu pourras faire une croix sur tes petits rendez-vous avec ta copine, compris ?
Twilight opina du chef avant d'entrer dans la salle. Le garde reverrouilla derrière elle.
La pièce était moins pire que ce à quoi elle s’attendait. Vu l’état global de la prison, elle pensait tomber sur un grabat dans un placard, ou tout au mieux, à une chambre digne d’un hôtel de passe avec son papier peint glauque et son lit aux ressorts qui grincent.
En fait, ce n’était pas si mal : des murs blancs, une fenêtre bleue avec des barreaux, une petite table avec deux chaises et un lit double avec ses oreillers. Un meuble blanc occupait le fond de la pièce, peut-être un frigidaire.
Ça manquait singulièrement de caractère, mais Twilight n’allait pas cracher dessus.
Il y avait deux portes. La première, la plus simple était celle par laquelle Twilight était entrée dans la pièce. La seconde installée à l’autre bout de la pièce, semblait étrangement épaisse. C'était sans celle qui communiquait-elle avec l’extérieur, et qui avait dû être renforcée pour empêcher une détenue de profiter de sa permission pour tenter de filer.
Sur la table, un petit réveil de voyage noir égrenait les minutes. Twilight se sentait nerveuse. Son coeur cognait fort dans sa poitrine, comme à chaque fois qu’elle allait partager un moment intime avec Rarity.
La toute première fois, ça n’avait pas été très glorieux. Elle avait eu l’impression de tout mal faire, elle tremblait comme une feuille, et osait à peine toucher sa petite amie de peur de lui faire mal. Elle était crispée comme jamais, et sursautait à chaque caresse de Rarity.
Pour ne rien arranger, sa volonté de faire l’amour dans le noir s’était surtout soldée par une belle bosse quand elle avait percuté la tête de sa compagne de plein fouet.
Mais Rarity l’avait rassurée, guidée, et apaisée. Finalement, Twilight était loin d’avoir détesté ce moment, et avec le recul, il s’était naturellement ajouté à la liste de ses meilleurs souvenirs.
Une autre scène lui revenait particulièrement en mémoire.
C’était il y a deux ans, quand elle avait dû se rendre dans un Etat voisin, à un congrès scientifique qui tombait en plein dans leur anniversaire de rencontre. Twilight avait été ennuyée, mais ne pouvait pas vraiment annuler sa participation quand d’ordinaire, elle courait après les crédits pour faire vivre son département. Rarity l’avait rassurée, en lui disant que le congrès était plus important que de fêter leur anniversaire à date fixe, et Twilight était montée dans le train l’esprit un peu plus léger.
Le symposium en lui même s’était bien passé, et Twilight avait pu discuter avec tout un tas de confrères absolument passionnants. C’était au retour que les choses s’étaient corsées, en partie parce que la conférence de clôture avait eu du retard, en partie parce que le train qui la ramenait à la maison avait percuté une vache, le pauvre animal se faisant l’illustration involontaire de la puissance de l’énergie cinétique.
En fin de compte, Twilight, qui pensait arriver aux alentours de neuf heures du soir, n’était arrivée à l’appartement que sur les coups de trois heures du matin.
Sûre de trouver Rarity assoupie, elle avait fait en sorte d’être la plus discrète possible, prenant même la précaution d’ôter ses chaussures avant de grimper la cage d’escalier pour que ses talons ne résonnent pas. Un coup d’oeil dans l’appartement lui apprit que non seulement Rarity n’était pas endormie, mais qu’elle l’attendait, ayant pris la peine de revêtir une nuisette, d’allumer des bougies parfumées, et de préparer un panier de bonbons, de fraises et de chocolat blanc fondu.
Twilight n’avait que très peu dormi cette nuit là, mais cet anniversaire restait un des souvenirs qu’elle chérissait le plus au monde. Parce que c’était à ce moment là qu’elle savait qu’elle était définitivement tombée amoureuse de sa petite amie, et qu’elle s’était dit que si un bus devait l’écraser la prochaine fois qu’elle traversait la rue, au moins, elle mourrait heureuse.
Assise sur le lit, Twilight se surprit à pianoter de son index et de son majeur sur la couverture. Mais que faisait-elle ? Est-ce qu'elle avait été retardée sur la route ? Est-ce qu'il y avait eu un incident à la fouille d'entrée ?
Comme à chaque fois, son imagination s'emballait, lui faisant visualiser les pires scénarios et égrener les plus loufoques. Ce ne fut qu'à la pensée que la voiture de sa petite amie avait peut-être été percutée par un requin tout droit sorti d'une tornade que le bruit d'une clé qui tourne la fit sursauter, fixant son attention sur la porte de communication extérieure. Enfin, elle entra.
Chemisier blanc et jupe rouge sang, sur laquelle se détachaient des boutons d'un noir de jais. Collants plumetis, escarpins, un brushing parfait, et une légère touche de maquillage complètaient le tout. Twilight en comparaison, se sentait plus tarte que jamais avec sa tenue de taularde orange fluo et ses pauvres mèches dépenaillées.
Elle hésitait même à se lever pour se rapprocher de Rarity, tant elle se sentait à la fois pas à la hauteur, et incapable de réaliser qu'elles se trouvaient l'une en face de l'autre.
Ce fut Rarity qui mit fin à cet étrange moment, en trois enjambées, et une étreinte.
La peau de Rarity, qui la serrait à s'en faire mal, était étonnement chaude au toucher. Son parfum, mélange hors de prix français de lilas et de groseille l'enivrait. Sans un mot, des gestes revinrent, des caresses se reformèrent, et des baisers renaquirent.
Elles basculèrent sur le lit sans que Twilight ne se souvienne tout à fait qui de elle, ou de Rarity avait pris l'initiative, mais l'extase et le désir qui les secouèrent toutes les deux furent largement partagés.
Twilight reprit vaguement conscience du temps et de l'espace, allongée sur le lit défait, Rarity dans ses bras, qui passait doucement ses doigts le long de sa joue.
_C'était plutôt pas mal comme reprise après une pause de plusieurs mois, gloussa sa petite amie.
Twilight ne put faire autrement que de souffler par le nez, et de rire bêtement.
_Qu'est-ce que tu crois ? rétorqua t-elle d'un ton un peu supérieur. On apprend des tas de trucs dans les douches, ici. AIE !
Visiblement peu amusée par son trait d'humour, Rarity venait de lui planter un doigt entre les côtes.
_T'as pas intérêt à me tromper pendant que t'es en vacances aux frais de la société, toi.
_Aucun risque, lui répondit une Twilight en lui déposant un baiser dans le cou. C'est pas demain la veille que je trouverai une fille plus intéressante que toi.
Les deux compagnes se laissèrent aller à somnoler à moitié, dans les bras l'une de l'autre. Twilight s'était imaginé une visite conjugale comme une heure de sexe non-stop, histoire d'assouvir au maximum des besoins négligés, mais la tendresse de la situation lui convenait tout à fait.
_Ca se passe mal, ici ?
La voix de Rarity avait changé. Ce n'était plus son précédent ton enjôleur. La gravité venait de le remplacer.
_Chérie, poursuivit Rarity, voyant qu'elle n'obtenait pas de réponses, je reçois un appel de la prison pour me dire que nous avons un rendez-vous conjugal, alors qu'il n'existe aucun dossier à remplir si nous ne sommes pas unies par un lien civil. A moins que nous ayons voyagé à Las Pegasus devant un prêtre déguisé en crooner des années 50, et que cela me soit sorti de l'esprit, il y a un souci administratif quelque part. Maintenant, je te retrouve ici, tu ne décroches pas un mot, tu es couverte de bleus, tu as un pansement sur le nez, et tu t'es même fait faire un tatouage. J'ai peut-être beaucoup de défauts Twilight, mais j'ai oublié d'être idiote. Qu'est-ce qui se passe ici ?
_Y a bien un moment où toi, tu voulais un diamant sur ta cheville, rétorqua son interlocutrice, essayant de botter en touche.
_Pas en prison, dans je ne sais quelles conditions hygiéniques ! Tu as pensé aux dangers d'une infection ? Tu te vois reprendre ton travail quand tu sortiras avec un tatouage de prison sur le bras ?
_Vu l'argent que je leur ai piqué, je ne pense pas que l'Université me fasse rempiler quand je sortirai, observa très justement Twilight.
_Je suis sérieuse, Twilight. Tu dois penser à ton avenir.
_C'est justement parce que j'y pense que j'ai ce tatouage, et que les bleus dont tu parles, sont les derniers qu'on me donnera avant longtemps...
Les grands yeux bleus de Rarity brillèrent d'inquiétude.
_Tu me fais peur. J'aime pas quand tu parles comme ça.
Twilight sut doucher les craintes de sa compagne par des baisers et des caresses fiévreuses mais même lorsque l'heure touchait à sa fin et qu'elles se rhabillaient, Rarity restait inquiète.
_Si tu ne veux pas m'en parler, il y a peut-être des gens ici qui peuvent te tendre la main...pas forcément les gardiens mais peut-être quelqu'un à l'infirmerie, ou dans un groupe d'aide aux détenues ?
Twilight esquissa un demi-sourire. Le docteur Fluttershy allait bien pouvoir l'aider, mais pas de la manière dont y songeait la couturière.
_T'en fais pas, la rassura t-elle en plantant un baiser sur le front de sa compagne. J'ai un plan.
Rarity lui saisit la main au vol, et entrelaça ses doigts aux siens.
_Ca je m'en doute. J'espère simplement que tu sais ce que tu fais.
Twilight se borna à lui répondre par un petit sourire alors qu'on venait cogner à la porte, leur signalant que l'heure de visite conjugale était terminée. L'universitaire déposa un dernier baiser sur les lèvres de sa compagne, ignorant son regard perplexe, et préférant passer sous silence qu'elle aussi, espérait savoir ce qu'elle faisait.
Escortée jusqu'à la salle commune, pour l'heure du déjeuner, Twilight se sentait regonflée à bloc. Elle comprenait maintenant pourquoi la direction menaçait de supprimer les visites conjugales à la première détenue un peu trop remuante. L'effet coercitif était plus efficace que n'importe quelle matraque.
Twilight se saisit d'un plateau et de ses aliments du jour – un peu de dinde et des épinards en boite – avant de se diriger vers sa table habituelle, sous les yeux ronds de Massala et d'Heartstrings.
_Hééé, t'es sortie de l'infirmerie, c'est génial ! s'écria l'albinos bondissant de son siège pour lui faire un vigoureux câlin. Ha la vache, t'as l'air affreuse. T'es tombée dans l'escalier, ou quoi ?
Twilight s'apprêtait à lui rappeler que le contact physique entre détenues n'était pas autorisé quand un maton musculeux, qu'elle ne connaissait pas, faisait irruption pour sermonner vertement l'ancienne étudiante en médecine.
_Hé ça va, hein, protesta Heartstrings, sans cesser son câlin. Ma pote disparait pendant quatre jours, on a pas le droit de la voir, on peut bien être contente cinq minutes sans que vous vous la jouiez règlement, non ?
Le maton n'avait pas l'air de cet avis, sa main descendant vers la gazeuse qu'il portait à la ceinture. Twilight se préparait déjà psychologiquement à l'assaut quand un second maton, bondit littéralement sur le premier.
_Du calme Bulk. Range moi ça.
_Mais ! protesta l'autre. On va pas commencer à laisser les détenues violer le règlement !
_Mate son poignet, sifla le premier entre ses dents.
A la vue des ballons, le maton pâlit, et sembla s'effondrer à l'intérieur. Sa main s'éloigna très vite de son arme.
_J'ai rien dit, se reprit-il. Mais je vais quand même vous demander de cesser. S'il vous plait.
_Suffisait de le dire poliment, rétorqua Heartstrings d'un ton un peu supérieur, en laissant là son câlin.
Apparemment, l'albinos n'avait rien remarqué concernant le poignet de son amie. C'était plutôt une chance. Twilight ne voulait pas se perdre dans de longues discussions pour le moment. Elle devait agir. Et si cette masse de cheveux bigarrés au fond de la salle appartenait bien à celle qu'elle croyait, elle devait agir vite.
_Heart ? Je te laisse mon repas, déclara Twilight, déposant l'assiette à même la table, et en coinçant son plateau sous le bras.
_Qu'est-ce que tu comptes...
L'universitaire ne répondit pas, se dirigeant à grandes enjambées au fond de la salle. Passant devant le maton qui était intervenu un peu plus tôt, elle lui jeta à voix basse :
_Donnez moi dix secondes avant de vous interposer.
Elle n'avait aucune idée si elle était en droit de donner un ordre à un maton, ou si elle bluffait complètement. Mais le fait que le gardien se soit récrié quand il avait vu le symbole de Pie était un indice à ne pas négliger. Et dans l'absolu, elle n'avait besoin que de cinq secondes. Le reste, au mieux, ça serait du bonus.
L'anarchiste n'était plus qu'à quelques pas, assise un peu à l'écart du reste des autres filles.
_Glimmer ? l'appela Twilight.
Sans réfléchir, l'interpelée se retourna, se faisant accueillir par un coup de plateau extrêmement violent en plein entre les deux yeux. Twilight profita de l'effet de surprise pour recommencer, et frappa si fort, que quelque chose s'ouvrit sur le visage de son adversaire.
Glimmer se leva, et recula par réflexe, mettant ses bras en protection au niveau de sa tête. Twilight utilisa la tranche du plateau pour la frapper au ventre, lui couper le souffle, et eut le temps, juste avant que les matons ne lui tombent dessus, de saisir Glimmer par les cheveux et de claquer son crâne contre le tabouret de métal, qui fit un bruit sonore dans la pièce devenue subitement silencieuse. La seconde d'après, un brouhaha emplissait la cantine, les prisonnières tapaient des pieds par terre ou applaudissaient, quand d'autres criaient "UN PARTOUT". Centre de l'attention, Twilight se borna à un petit signe de tête de remerciement, qui fit bien rire les attablées.
La suite des évènements ne fut pas très agréable pour l'universitaire : maintenue au sol par une clé de bras, matraque sur la nuque, elle avait l'impression que si elle esquissait le moindre geste, les gardiens la réduisaient en charpie. Ils se bornaient toutefois à la maîtriser, soit par peur de déplaire à Pie, soit simplement parce que Twilight se laissait faire sans protester.
Saisie aux aisselles et trainée en dehors de la salle commune sous le regard quelque peu admiratif des détenues, Twilight eut le plaisir de voir que le visage de Glimmer saignait abondamment, mais qu'elle ne semblait pas définitivement hors circuit. La leçon devait être claire pour toutes, sans tomber dans l'excès d'une Pinkamena Diane Pie.
Les matons marchaient vite. En quelques secondes, ils escortaient Twilight vers une zone de la prison qu'elle ne connaissait pas, un corridor étroit encore plus sinistre que le reste du bâtiment. Une porte ouverte plus tard, Twilight était jetée sans ménagement dans une minuscule pièce, qui tenait plus du cagibi que de la cellule réglementaire. Une planche repliable contre le mur, des toilettes en inox dans le coin, et des murs carrelés couverts de graffitis et d'obscénités.
Se relevant lentement alors qu'on fermait derrière elle, Twilight se surprit à sentir que son poignet ne lui grattait plus. Avec précaution, elle ôta le film plastique, qui lui arracha quelques grimaces quand l'objet se décolla de son bras.
Les trois ballons brillaient d'un noir vif sur sa peau claire. Dans la pénombre de la cellule d'isolement, Twilight se mit à sourire.
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Plus que Rarity, je pense que tu voulais dire Twilight, je pense ? En fait, il faut bien comprendre qu'en prison, où l'intimité est proche de zéro, le seul endroit où il est prévu qu'on laisse les détenus "libres" de leurs mouvements si j'ose la formule, c'est dans la salle des visites conjugales. Et quand c'est le seul endroit et moment où tu peux renouer un peu avec le plaisir et le désir (les relations entre détenus sont punies bien qu'elles existent et ne sont la plupart du temps qu'une monnaie d'échange de plus à côté des cigarettes ou des rations), tu réfléchis pas, tu fonces.
Au self effectivement, Twilight lui balance un aller/retour du plat avant d'utiliser la tranche du plateau aux côtes.
Ma fois, j'aurai pensé Rarity un peu plus prude, au moins après sa visite, sous le regard des matons qui sont sans doute au courant de son activité précédente. C'est ce qui manquerait à cette partie.
Pour la scène du self, seul le premier coup que Twilight porte m'a perturbé ^^ «entre les deux yeux» tu veux dire qu'elle utilise là aussi la tranche de son plateau ? Ou c'est le plat ?
Le truc de la machine à tatouer est très intéressant par contre. Moi qui me posais la question de la provenance de ces fameux tatouages carcérales.
J'attend impatiemment le moment ou Twilight sera confronté à de véritables problème qui rallongeront significativement sa peine.
@LasPegasusBrony
Héhé, preuve que j'ai un lectorat attentif (ou que je suis pas une quiche en écriture progressive, c'est selon), vous mettez le doigt sur ce que j'essaye de traiter dans la fic, la transformation psychologique d'un personnage pacifique, et qui subit plus qu'il n'agit, en autre chose. Non que je veuille de faire de Zoo un grand laïus anti prison, ça reste avant tout un défi de voir comment je vois les Mane Six en taule, mais comme pour Croissant, ou la prochaine fic qui arrive, si je peux en profiter pour faire un peu réfléchir les gens ou les pousser à s'intérésser à l'univers que je dévoile, j'en serais ravi :)
@Enis
Sans rien spoiler, je peux t'assurer qu'on est qu'au début de l'escalade. Ou de la chute, car comme le dirait maître Yoda, c'est qu'une histoire de point de vue. Ou alors c'est d'Obi-Wan. Mais tu m'as compris.
@Rainbowsoarin00
Je crains, malgré toute la célérité que je puis mobiliser (traduire par peu, je suis lent, hein, un mois à chaque fois pour quatre mille mots, c'est pas glorieux), je serais incapable de sortir le prochain Zoo avant que nous ne changions de président. Après rassure toi, la fic devrait se terminer avant qu'il ne finisse son mandat.
La vache, je sais pas comment je dois le prendre pour moi-même lorsque j'ai éclater de rire face au sort de glimmer.
Sinon je crois que nous somme en train de perdre définitivement la Twilight que Rarity connaissait.
Ah oui, faut pas que j'oublie : CETTE FICTION EST GÉNIAL !!!!! (Pardon pour les maj mais voilà).
Le truc c'est que dans ma tête, j'ai encore l'image de la Twilight gentil, un peu timide et calme.
Alors là, la voir exploser son plateau dans la gueule de Glimmer à peine un ou deux chapitres (je sais plus) après sa rouste, bah ça surprend.
Mais c'était jouissant!
@Raxacoricofallapatorius
@Enis
@Willgethernatsu
C'était si surprenant que ça que Twilight fasse un match retour ? On l'annonçait dès la scène de l'infirmerie, pourtant.
Vous saurez désormais qu'en cas de Fight Club, en plus de ne pas en parler, parier sur Twalut peut-être une bonne solution.