Chapitre 22. La Fin.

Je marchai seule dans une étendue d'ébène.

Si je tendais le bras, je voyais parfaitement ma main, alors cette obscurité n'était pas des à un manque de luminosité, mais bien à un lieu empli uniquement de noir... L'air pesant ajouté au silence et à la solitude du lieu aurait pu effrayer n'importe qui, mais pas moi ; l'on m'avait appris à ne plus avoir peur de rien...

Une impression de déjà vu ?

Ce n'était pas mon vieux cauchemar cette fois pourtant. Je m'étais pincée, je ne m'étais pas réveillée je ne sais où. C'était bien la réalité. Est-ce que la suite allait l'être également ?

Comme dans mon vieux cauchemar, je vis une sortie devant moi, un rectangle blanc lumineux. J'avais dû être enfermée dans une cellule de l'hélicoptère. Pourquoi ? Je n'en avait aucune idée... Mais je n'allai sûrement pas tarder à le découvrir.

Je passai le rectangle et, ce que je vis glaça mon sang dans mes veines.

Comme dans mon rêve.

Le rouge du sang tachait le sol et emplissait le ciel à cause des flammes, la terre, en plus d'être parsemée du liquide et du brasier, transportait des cadavres... Autant de poneys que d'humains. Ceux qui étaient encore en vie continuaient de se battre ardemment, comme ils le faisaient déjà, bien avant mon arrivée. J'entendais les cris : que ce soient de désespoir ou de rage, ils étaient nombreux, accompagnés par les bruits des lasers, eux-mêmes produits par les licornes et les armes des hommes et femmes... Je regardai avec dégoût les corps des deux camps, tomber un par un par un. Du côté des poneys, des visages que j'avais vaguement croisés durant mes missions et, du côté des humains, des visages que je connaissais depuis ma naissance, trop bien même, pour certains... Aussi, me retournai-je et mis-je à courir dans les ténèbres, désormais bien plus réconfortants que la réalité.

Je me figeai ensuite sur place.

Non Ysé.

Tu n'es plus la gamine de 15 ans qui se lamentait sur son sort parce qu'elle n'avait pas de stupide « lueur de vie » dans les yeux.

Tu as grandi.

Tu as des amies.

Tu as un mari.

Tu as une famille.

Ils comptent sur toi.

Tous.

Tu dois aller les aider, maintenant.

Je me retournai et couru, sautant hors du carré.

J'étais en haut d'une falaise, les combats en contre-bas, je reconnus une prairie non loin de Ponyville, ce qui me fit me mordre ma lèvre inférieur. Plus loin, Canterlot, l'hélicoptère avait dû vouloir s'y rendre, mais il ne pourrait plus aller nulle part désormais, n'étant plus qu'une épave. Mark aurait-il voulu se servir de moi comme otage auprès de Celestia ? Mais pourquoi m'avoir séparée des autres ?... La réponse vint d'elle même, un cri masculin, déchirant, se fit entendre. Me retournant, je vis avec horreur ma famille, sur une colline, plus loin, visée par 10 mercenaires, c'était une mise à mort. Shay secouait quelque chose au sol, un corps. De loin, je pus distinguer Blue Storm, sa femme venait de se faire abattre.

Ni une, ni deux, j'accourus, me rechangeant en poney en ignorant toujours pourquoi j'étais repassée en humaine, et m'envolant. Une fois au-dessus du groupe, je fonçai sur l'un d'eux, lui donnant un violent coup de sabot en pleine tête avant de la fracasser au sol, atterrissant. Sans laisser le temps aux autres de réagir, j'attrapai la mini-mitraillette de l'homme et tirai sur les autres, prenant garde à ne pas blesser ma famille.

En une seconde, ils étaient morts. J'étais l'ancienne Number One des Bad Girls, après tout.

Les poulains me regardaient avec horreur, je m'en voulais pour leur avoir montré ça, mais j'étais obligée. Edward se dirigea vers moi et me serra dans ses pattes, ses larmes coulant sur mon dos. Je lui rendis son accolade avant d'être rejointe par mes enfants, ils semblaient avoir compris que je n'avais pas eu d'autre choix.

Une fois le câlin achevé, je me dirigeai vers Shay qui serrait ses enfants en pleurs contre lui. Mettant un sabot sur son épaule, je le regardai avec une profonde tristesse.

« Désolée... je ne suis pas arrivée à temps... je... je n'ai jamais voulu te le dire mais... mais tu avais raison... Je ne suis pas digne d'être number one des Bad Girls... ni avant, ni maintenant... »

Lui dis-je simplement, baissant le regard et les oreilles, laissant les larmes couler le long de mes joues. Mon frère me serra alors contre lui.

« Ne dis pas n'importe quoi, tu es la plus forte des Bad Girls que j'ai jamais rencontrée, frangine. »

Un sourire aux lèvres, je lui rendis son étreinte.

« Et toi, tu es le meilleur Bad Boy que j'ai jamais rencontré, frangin. » Lui répondis-je. Une fois l'étreinte achevée. Nous nous regardâmes, jetant un regard à Edward et hochâmes la tête.

Devant les yeux ébahis de nos enfants, nous reprîmes notre forme humaine, avec nos tenues de Bad Girl, Bad Boy et mercenaire.

« Il est temps d'en finir. Amethyst, conduis-les à l'abri sinon, utilise le sort de téléportation que Tante Celestia t'a montré. »

Du coin de l'oeil, je vis Amethyst hocher la tête. Shay et Edward s'emparèrent des armes de deux des autres cadavres et nous nous mîmes à courir. Courir vers le champ de bataille. De la bataille finale.

**

Nous venions à peine de rejoindre la bataille mais avions déjà fait bien des dégâts. Je ne pouvais m'empêcher de ressentir un pincement au cœur en tuant tous ces hommes et femmes que j'avais autrefois côtoyés, mais je n'avais pas d'autres choix.

C'est alors que je me retrouvai en face d'Eden. Elle avait un simple revolver mais semblait très confiante. Je sentis une profonde rage m'envahir, me préparant à tirer, la jeune femme, plus rapide que l'éclair, tira avant.

« Ysé, attention ! » Je fus propulsée au sol.

Tandis que je levai les yeux vers celui qui m'avait ainsi poussée, je vis Shay, grimaçant de douleur. Je l'examinai, aucune tâche de sang n'indiquait qu'il s'était pris une balle, juste un liquide vert visqueux qui avait brûlé son blouson à l'endroit touché et semblait également lui brûler la peau.

« Alors ? Surprise ? Ce que j'ai tiré n'était pas une balle mais un poison mortel venant d'une fleur des volcan... Encore une plante de ce pays. Même si le jus de la fleur ne semble pas le brûler plus que ça d'extérieur, d'intérieur, ce liquide bouillant va lentement l'atteindre aux organes vitaux. » Lâcha Eden, derrière moi, un grand sourire aux lèvres.

Je hurlai avant de me lever d'un bon, attrapant le couteau de ma ceinture et plaquai la femme au sol, la dague sur sa gorge.

« Donne moi l'antidote. Je suis sûr qu'il y en a un, donne le moi, maintenant ! » Criai-je, folle de rage et me retenant difficilement de l'achever. Pour toute réponse, la femme qui fut autrefois comme une mère adoptive pour moi, se contenta de sourire avec sadisme.

« L'antidote ? Tu veux dire, celui-là ? » Demanda-t-elle innocemment avant de lancer un tube à essai qu'elle tenait en main sur un arbre. Le tube s'écrasa violemment. Et tandis que je me mis à blêmir à vu d’œil, la femme partit dans un rire de folie et, d'un coup, je l'égorgeai.

Me relevant, les larmes coulant silencieusement sur cette femme que j'avais tant aimée et qui m'avait toujours menti, je me levai et allait retrouver Shay, celui-ci était à présent blanc comme la mort, son regard se vidant lentement de toute vie.

Je tombai à genoux à ses côtés, le regardant en pleurant et prenant sa tête dans ma main.

« Shay.... Tu... Tu ne peux pas me faire ça ! Tu ne peux pas m'abandonner ! Tu as des enfants qui t'attendent ! Tu les oublies ? Shay, je t'en prie, reste avec moi ! »

Le jeune-homme me regarda tristement.

« Ysé... je suis tellement désolé... j'ai été le pire frère qui soit, surtout ces dernières années... Je n'aurai jamais dû couper les ponts sous prétexte que tu aimais un autre, je suis ton frère après tout, notre amour n'aurait jamais dû exister... je...

- Tais toi ! » Hurlai-je, en larmes.

« Tu crois vraiment que c'est ce que j'ai envie d'entendre ?! » Repris-je de suite, folle de rage et de tristesse, complètement anéantie.

« Non... bien sûr que non... » Me répondit-il, se mettant soudainement à tousser, crachant du sang. J'ouvrai la bouche mais il m'interrompit.

« Ysé, je veux que tu saches que tu as été la meilleure sœur dont on puisse rêver et que... et que je suis fier de toi... J'ai juré que je tuerai cette femme pour le mal qu'elle t'avait fait mais j'ai failli et finalement, c'est moi qui meurs... Je te prie de m'excuser et... et sache que je t'aime... Je ne t'aime plus en tant qu'amante mais en tant que sœur, la meilleure sœur du monde, non, de l'univers... La sœur en qui je tiens plus que tout avec mes enfants... Je t'en prie, prends soin d'eux et... et essaye de ne pas mourir... Occupe-toi de ce monstre de Mark... Je t'aime... » Acheva-t-il, ses yeux se fermant lentement. Tandis que mes larmes s'intensifiaient d'avantage, je répondis, entre deux sanglots :

« Moi aussi je t'aime, Shay, mon tendre frère... »

Et, dans un dernier sourire, il ferma les yeux, reprenant sa forme équine et sombrant dans le repos éternel.

Un cri déchirant transperça l'air et me vrilla les tympans.

Mon cri.

**

Tandis qu'Edward avait accouru en m'entendant, il s'était mit à me serrer contre lui, tentant vainement de me calmer. C'est au bout de plusieurs minutes que je repris le contrôle de moi-même. Mon époux se leva alors, me tendant la main. Je regardai le corps de Shay, il semblait si paisible, comme endormi... Je lui caressai la joue, maintenant glaciale, avant de prendre la main d'Edward, me relevant. Non loin se tenait Mark.

Il nous regardait avec un grand amusement dans les yeux. Je soutins son regard, pleine de rage avant d'attraper le couteau qui m'avait servi à tuer Eden et de lui foncer dessus.

L'homme esquiva la plupart de mes coups mais, je finis par le toucher au ventre, plantant bien profondément la lame, il se mit à cracher du sang, tombant à genoux.

Je lui tirai les cheveux de l'autre main pour le forcer à me regarder, la haine ayant envahi mon regard, il souriait.

« Le boss t'as bien entraîné mais il ne t'as pas tout appris... »

J'enfonçai un peu plus le couteau.

« Il m'en a appris bien assez ! Et même si ce n'était qu'un traître, il était comme un père pour moi ! »

M'écriai-je, jurant intérieurement de m'occuper de l'homme ensuite.

« Sauf que, je suis ton père. »

Le monde s'arrêta autour de moi.

Ça ne pouvait pas être vrai. Twilight n'avait pas pu aimer un homme comme lui. Non, c'était impossible. Tandis que j'essayai de revenir à la réalité, je sentis soudain une profonde douleur. J'avais baissé la garde.

Baissant les yeux, je vis la lame, précédemment plantée dans le ventre de mon pire ennemi, à présent dans le mien. D'un violent coup de pied, je fus plaquée au sol. J'entendis un cri. Tournant la tête sur le côté, je vis Edward qui me regardait, horrifié. Derrière lui, Yan brandissait un couteau, prêt à l'achever. Je voulus crier pour l'avertir mais il se retourna, tirant sur l'homme, celui-ci s'effondra. Cependant, à peine eut-il le temps de réagir qu'une ombre se faufila derrière lui et lui trancha la tête, d'un coup net et précis. C'était Alex.

Un cri d'une profonde douleur m'échappa tandis que les larmes coulèrent à nouveau à flots. Ils étaient morts, Shay et Edward étaient morts et je n'avais même pas pu dire à Edward à quel point je l'aimai. Tout comme pour Anissa et ma mère. Il ne restait que moi. Seule pour sauver Equestria, mes enfants, mon neveu et ma nièce. Les poneys ne faisaient pas le poids face aux armes humaines, j'étais la seule à pouvoir lutter.

Je jetai un regard plein de haine à Mark, celui-ci se mit à rire.

« On ne veut pas faire de câlin à son papounet ? Voilà qui m'attriste ! » Je le fusillai du regard.

« La ferme !! » Hurlai-je, hors de moi. L'homme s'arrêta de rire et me fixa à nouveau avec froideur.

« Crois-le ou non, mais je suis bel et bien ton père. Et il est maintenant l'heure pour toi de mourir. » Acheva l'homme. Enlevant le couteau de mon ventre, il le pointa violemment dans ma poitrine, en plein cœur.

Je crachai une grande masse de sang.

C'était terminée.

J'allais mourir.

Mark me regardait froidement. Je soutenais son regard, pleurant à l'idée d'abandonner Amethyst, Hope et Shadow, sans compter Blue et Saphir.

Je n'avais pas respecter ta dernière volonté Shay, pardonne moi.

A présent, il était temps pour moi de partir. Je ne pouvais rien y faire. J'avais perdue.

Je me sentais reprendre ma forme équine, comme Shay l'avait fait.

Je sentis la froideur de la mort m'envahir tandis que, au loin, je pouvais les voir, baignées d'une grande clarté, ils étaient tous là : Anissa, ma mère, Shay et Edward, je les rejoignis en pleurant, espérant que les jeunes enfants que nous avions laissés derrière ne nous rejoindraient pas avant un bon moment.

C'était la fin d'Ysé Destiny.

**

J'étais pétrifiée. Autour de moi, mon frère et ma sœur étaient effondrées, ainsi que mon cousin et ma cousine, c'était compréhensible. J'attrapai Shadow entre mes pattes et lui caressai la crinière dans l'espoir de la calmer, comme le faisait notre mère lorsque nous allions mal.

En vain.

Hope se joignit à nous, vite rejoint par Saphir et Blue. Moi aussi je pleurai mais, étant la plus âgée, je décidai que je devais le cacher, rester forte, pour eux.

Pour que papa et maman soient fiers de moi.

**

En quelques heures seulement, Equestria tomba entre les « mains » (si j'avais bien compris ce que c'était) de ce Mark, de cet assassin. C'est alors que nous apprîmes que l'Empire de Cristal était aussi tombé, Cadence étant morte de chagrin suite à la perte de sa fille et le prince Shining Armor se faisant sauvagement tué par ces mercenaires. La princesse Flurry Heart quand à elle, les avaient rejoints.

Elle aida d'ailleurs Mark à vaincre Celestia et Luna. Celles-ci ne furent cependant pas tuées. Mark les enferma au cachot, leur laissant leur magie uniquement dans le but de faire perdurer le cycle du jour et de la nuit.

Equestria était tombée et nous étions orphelins.

Moi, Amethyst Wish, fille d'Ysé et Edward Destiny et nièce de Shay Destiny, ceux qui ont affronté les mercenaires pendant toute leur vie dans l'espoir de ramener la paix, je jurai sur leur tombe que je les vengerai et que je ramènerai la paix à Equestria. Hope, Shadow, Saphir et Blue, en m'entendant, jurèrent la même chose.

Un jour, nous vengerons nos parents et nous tuerons Mark.