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Allez, salut, et merci pour les pon [...]

Une fiction traduite par cocolicoco.

CHAPITRE 16 - En route pour la maison

Comprendre l’échelle de taille à laquelle se situe l’univers n’est pas quelque chose que l’on peut faire tout en restant en bon état. C’est un sujet pour lequel l’habituelle nébulosité du Guide est la bienvenue, pour des raisons de santé mentale. Même sur les planètes qui ont la chance de disposer d’une atmosphère, des milliers de galaxies remplissent les espaces noirs dans le ciel, invisibles à l’oeil nu, mais pas aux télescopes les plus puissants. Chaque pixel de l’image la plus détaillée montre en fait une zone contenant plusieurs centaines de galaxies, tellement distantes et terriblement vieilles que quelqu’un qui essaierait de se faire une idée pourrait aussi bien retourner son propre cerveau dans sa tête.

Notre galaxie est généralement considérée comme l’alpha et l’oméga de l’Univers, étant donné qu’il faut un nombre déraisonnable de vies, même pour la lumière (qui est pourtant un truc assez rapide), pour trouver un coin intéressant au-dehors. Sachant qu’elle est contenue dans un amas de quelques trillions de galaxies, lui même faisant partie d’un groupe de quelques trillions d’amas… Il est préférable pour la plupart des êtres d’estimer vaguement que l’univers est un endroit plutôt spacieux qui n’a pas vraiment besoin d'être agrandi.

Sur le Coeur-en-Or, on trouve exactement deux êtres assez intelligents pour avoir saisi l’univers dans toute sa gigantesque immensité, et encore, seulement en tant que concept mathématique. Le premier est Marvin, qui, comme un vieil homme fatigué qui se courbe sous la pluie, sans se soucier d’être plus ou moins mouillé, s’est renfermé dans une grande déprime.

L’autre est Discord, qui est (à toutes fins utiles) complètement fou, et il a réagi d’une manière totalement différente. Il a décidé (plutôt justement, mais on n’en parle pas, pas vrai ?) qu’une seule vie, voire toute une galaxie, n’a absolument aucun impact à l’échelle cosmique, et son existence ne fait par conséquent aucune différence. Du coup, raisonna-t-il, pourquoi ne pas en faire un jeu ? Si ma vie n’est rien, autant que ce soit un rien amusant et imprévisible !

Discord est un être avec une histoire étrange, se manifestant différemment dans chaque galaxie pour pouvoir sembler étrange à ses habitants. Il est né de la mer de l’entropie absolue, dans laquelle l’univers - ainsi que touts ces ennuyeuses lois de la physique - flotte comme une bulle de savon. En tant que tel, vaincre complètement Discord est impossible. Tout ce que l’on peut faire, c’est empêcher son influence sur une zone définie, par une sorte d’emprisonnement magique. Equestria, une petite planète paisible lorgnée par certains avec jalousie, est un tel endroit.

***

Discord se tenait debout depuis un moment, à tapoter du pied par terre, mais il s'arrêta et leva d’un coup la tête.

- Ah, on dirait que le texte narratif d’ouverture est terminé. » Il jeta un coup d’oeil à Pinkie, qui pouvait seulement grogner derrière son bâillon.

- Mais cela me laisse avec une question : que faire de vous ? Je perds mon temps, ici, et franchement, vous m’ennuyez beaucoup. Oh, sauf toi, Zaphod, tu t’est montré merveilleusement stupide et détestable auprès de ces ponettes. Cela mérite une récompense… » Il commença à fredonner et à claquer des doigts. A chaque claquement, une image apparaissait dans l’air. « De l’or ? » Clac. « De l’alcool ? » Clac. « Une planète ou deux ? » Il s’arrêta et sourit. « Ou peut-être l’amitié ? Ah, oui, voila ma récompense ! Je vais te permettre de rester avec tes nouveaux amis ! N’est-ce pas mignon ? »

Il chatouillait le menton d’une Applejack à l’air furieuse, et esquiva le coup de sabot qui ne manqua pas d’arriver en se séparant en deux. Il tira ensuite avec ses bras sur sa moitié inférieure et se recolla, puis continua.

- Quand à vous, mes chères, je vais vous renvoyer chez vous ! Adorable de ma part, n’est ce pas ?

Les expressions des ponettes, qui passaient depuis un moment de la colère à la peur, se changèrent soudainement en totale stupeur.

Discord éclata de rire. « Vous voyez bien que je ne suis pas si méchant ! » Il se tut en observant l’assistance, et prit une expression offensée. « Oh, mon dieu, vous ne voyez pas de méchanceté dans mes actions, j'espère ?

Twilight finit par desserrer suffisamment son bâillon pour pouvoir parler.

- Vous dites qu’en vérité, vous n'êtes pas méchant ?

- Oh, mais bien sur que si, mais ça ne veux pas dire que je ne suis pas blessé si vous pensez cela de moi. » Il fit la moue, puis reprit avec une énergie renouvelée : « Mais franchement, mes petits poneys, j’ai déjà perdu suffisamment de temps ici, alors salut, sayonara, et à la prochaine ! » Il disparut en un éclair, de même que les bandes de tissus autour des bouches des poneys.

Ce fut Applejack qui rompit en première le silence, par une question très pertinente.

- Il voulait dire quoi ? Il va nous renvoyer à la maison ?

***

A l'extérieur du vaisseau, Discord chaussait des baskets sur ses pieds dépareillés, puis ceci fait, il commença à s'étirer. Il recula de quelques mètres dans l’espace et examina le Coeur-en-Or d’un oeil professionnel. Il se tint ainsi pendant presque une minute, les pieds serrés, à moitié accroupi et les deux mains jointes, tout en fixant un point éloigné derrière le vaisseau. Un observateur extérieur aurait pu voir la taille de Discord augmenter de façon alarmante, jusqu’au point où le vaisseau ne fut plus pour lui qu’une grosse balle. Si cet observateur avait été équipé d’une carte précise de la galaxie, il se serait aussi rendu compte que le point que Discord continuait à fixer était la position exacte d’Equestria.

Le dieu du chaos recula de quelque pas, cracha, et commença à charger. Il balança sa jambe et frappa le vaisseau avec une précision parfaite. L’impact terrible ne produit pas un son, étant donnée l’absence d’air, mais voici une retranscription :

KRAAAANNGGGGWHooooooiiiiiiiish !

Discord porta ses mains en visière, et regarda le Coeur-en-Or rétrécir jusqu’à disparaître dans l’espace.

Il n’avait pas menti, il les renvoyait bien chez eux. Qu’ils survivent ou pas à l’impact, par contre, n’était pas dans ses préoccupations. Il avait du Chaos à répandre.

***

Le Prostetnic Vogon Jeltz est assez typique de son espèce. Il n’aime rien tant que la bureaucratie, si ce n’est se mettre en colère et tuer des choses. Cela ne veut pas dire qu’il est réellement mauvais, et il n’aurait par exemple jamais tué sans raison. Par conséquent, il devient paradoxalement heureux lorsqu’on lui donne une bonne excuse pour s'énerver. Il toucha son pistolet d’une main et parcouru un rapport de l’autre. Ce rapport racontait quelque chose à propos d’un travail qu’il avait fait, qu’il avait été à peu près sûr de bien faire. Le rapport disait qu’il n’avait pas été fait du tout, et le trou fumant dans le messager vogon était la réfutation de cette accusation. Cependant, en consultant le rapport, Jeltz se trouva incapable de nier l’évidence.

Il s’agissait d’une petite planche à vidéos, sur laquelle on voyait une portion de l’espace. Il appuya sur replay et il vit une nouvelle fois une planète disparaître dans un nuage de débris, entourée d’une flotte de quelques six cent vaisseaux qui s’éloignait lentement.

Puis vint la partie la plus intéressante. Il vit deux lueurs tracer les contours d’un monde, qui se détaillait seconde après seconde. Il regarda d’un air morose les deux petits corps célestes circuler dans l’orbite de la planète, et la scène devenir peu à peu immobile, tout à fait identique au début de la vidéo. Maussade, il laissa tomber le rapport qui se cassa au sol avec un bruit satisfaisant.

- Ordinateur ?

- Oui, capitaine ? » répondit une voix électronique nerveuse.

- Montrez moi l’ordre de démolition 10102010.

- Tout de suite, capitaine !

- ON NE RÉPOND PAS !

- Désolé, capitaine !

L'ordre apparut sur l’écran central. Le document faisait plusieurs millions de pages, les formalités administratives étant une des seules choses chères aux vogons.

- Montre moi l'intitulé de la mission.

Quelques lignes se soulignèrent en rouge.

- Liquidation de tous les corps stellaires importants sur le tracé de la voie express hyperspatiale 4573 -B dans le secteur galactique ZZ9 pluriel Z alpha (annulé). » Il réfléchit. « Ordinateur ?

- Oui, capitaine ?

- Prépare un trajet pour cette planète, nous allons voir si ce travail peut être bien fait !

- Tout de suite, capitaine !

Il est à noter que la simple annulation de la mission n’a aucun effet sans quelques mois de querelle bureaucratique. Ça serait un bon début si un sommaire de plusieurs pages n’était pas requis chaque fois qu’un Vogon veut développer un argumentaire simple.

Jeltz se rassit dans son fauteuil. Il commençait à regretter d’avoir tiré sur tout son équipage dans la demi-heure qui avait suivi la réception du rapport. Il se demanda si il restait encore le personnel de nettoyage, ou quelqu’un encore en vie sur lequel il aurait pu crier. C’est alors que quelque chose se passa. Il sentit un picotement sur le haut du nez. Il leva les yeux pour déterminer l’origine de la perturbation, mais il n’y avait rien. Puis il sentit un chatouillement sur son bras droit et il frappa l’endroit. Sa seule récompense fut la sensation nette d’avoir le nez tordu par une main invisible. Il grogna, furieux, et se leva, pour seulement sentir une poussée légère dans son dos, qui provoqua une brusque rencontre de son visage avec le sol.

Jeltz était surpris. ll n’avait pas l’habitude d’être mis en colère par quelque chose qui n’avait pas fait de son mieux pour ne pas le mettre en colère. Cette chose, quelle qu’elle soit, était un ennemi. Il se leva et se retourna, mais il n’y avait toujours rien. Il sortit alors son pistolet et commença à tirer dans tous les sens. C’est alors qu’une voix lui murmura à l’oreille.

- Bien le bonjour, Prostetnic Vogon Jeltz. Belle journée, pas vrai ?

Jeltz fit volte-face. Remarquez, volte-face est sûrement un mauvais choix de mot, puisque les vogons ne sont pas vraiment équipés pour réaliser ce mouvement. Il brassa donc des bras quelques secondes en gigotant, et se trouva face-à-face avec un visage qui n’avait pas grand chose à voir avec le sien. Long et émacié, les yeux brillant de la lueur de la vraie folie. Jeltz tira sans hésiter, avec aucun effet visible. Discord recula en flottant, un sourire sur le visage.

- Merveilleux, un vrai comportement vogon. La main sur son flingue. Je peux comprendre. » Il se reposa. Le vogon, qui avait vu que son arme était sans effet, continua à tirer dans un entêtement rancunier. Discord bailla et commença à se promener dans la pièce. Il remarqua avec dégoût les restes écrabouillés d’un crabe incrustés dans le sol, puis il se tourna vers Jeltz qui était en train de recharger son arme.

En un éclair, Discord se rapprocha brusquement du vogon, leur nez à quelques centimètres l’un de l’autre.

- N’est ce pas triste, Jeltz ? N’est il pas triste de continuer à détruire, sans parvenir à faire quoi que ce soit d’autre ? Cette vie n’est elle pas un peu PÉNIBLE ? Vous, les vogons, vous êtes si ordonnés, si efficaces, si ternes et misérables. Mettons un sourire sur ce visage ! » Ses yeux semblèrent se renverser, et des spirales apparurent et commencèrent à tourner. Le vogon les fixa avec une forte aversion pendant plusieurs secondes. Il pouvait lui-même sentir quelque chose de bizarre se passer dans ses yeux, et il ne resta bientôt plus qu’une voix. « Libère-toi, Jeltzie, laisse filer. » C’était à peine un murmure, mais il emplissait tout son esprit. « Suis ta propre voie, Jeltzie. Obéir aux ordres, c’est pas pour toi, pas vrai ? Laisse filer. »

Ouais.

Ça semblait logique. C’était drôle qu’il ne s’en soit pas rendu compte avant.

Laisse filer.

Discord regarda avec satisfaction le vogon se rasseoir, toujours des spirales dans ses yeux. Il allait être amusant de voir ce qui arriverait à une flotte vogonne au service d’un Jeltz à la personnalité salement ébranlée, et il avait hâte d’assister aux prochaines actions du bon capitaine.

Il supposait qu’il allait jouer avec le reste de la flotte un certain temps, et qu'ensuite, il irait peut-être rendre visite au Sénat Galactique. Il y aurait sûrement un moyen de s’amuser là-bas.

***

A bord du Coeur-en-Or, plus rien ne fonctionnait.

- Plus rien ne fonctionne !

Les moteurs ne répondaient pas, et le réacteur principal était aussi mort que les humains pensaient que les dodos l’étaient.

- Les moteurs ne répondent pas, et le réacteur principal est mort !

Il était de plus en plus évident que nos héros étaient totalement condamnés.

- Je suppose que nous sommes totalement condamnés, pas vrai ? » Marvin les avait rejoint sur le pont, sentant l’opportunité d’aggraver son pessimisme.

Zaphod leva ses sabots avec frustration et abandonna la console.

- Zark ! Je n’y croit pas ! Eddie ?

- Ouais, mon pote ?

- Qu’est ce qu’il se passe ?

- Et bien, nous nous déplaçons à près de 195R vers la planète Terre, plus précisément, sur le pays d’Equestria, et encore plus précisément, sur la ville de Ponyville !

R est une mesure de vitesse, avec 1R qui représente la bonne vitesse pour se rendre à une destination en toute sécurité, et à peu près à l’heure. Après son invention, son utilisation sur tous les véhicules est devenue systématique, et les conducteurs on bien vite oublié l’inconvénient que constitue le fait de ne pas savoir à quelle vitesse on va réellement.

Ainsi, si 195R n’est pas une vitesse spécifique, cela reste cependant nettement trop rapide.

- Pourquoi rien ne fonctionne, Eddie ?

- Votre ami de tout à l’heure a ouvert toutes les conduites de carburant !

- Belgique !

Twilight se tourna vers Zaphod. « Qu’est ce qu’on fait ?

- Je ne peut penser à rien d’utile ! D’habitude, d’autres poneys s’occupent de ces choses-là à ma place !

Elle se retourna vers ses amies. « Pinkie, qu’est ce qu’on peut faire ?

- Oh, rien, vraiment. Tu devrais te calmer.

- Me calmer ? Alors qu’il n’y a plus rien à faire ?

- Ça me parait être une bonne raison, à moi. Pauvre bécasse, tu devrais te faire du mouron seulement si tu PEUT faire quelque chose ! » Elle fredonnait gaîment sans remarquer les visages de ses amies atterrées « Écoute, soit on est sauvées de quelque manière, soit on ne l’est pas, c’est aussi simple que ça ! Tu veux un cupcake ?.

- Il doit bien y avoir quelque chose que je puisse faire !

- Nope, rien. J’ai déjà pensé à tout.

- Aha ! » Twilight se redressa, et on pouvait presque voir une petite ampoule jaune briller au dessus de sa tête. « Je sais ! Je dois juste attendre que nous nous soyons rapprochés d’Equestria, puis je nous téléporterais par petits groupes ! Facile !

- Twilight ?

- Oui ? N’est ce pas brillant ?

- Quand tu nous téléportera, est ce que notre vitesse va changer ?

- Et bien, non, mais je ne vois pas le… oh. » L’image apparut clairement dans l’esprit de la licorne. Évidemment, la vitesse ne diminuerait pas. C’est d’ailleurs grâce à cela que l’on peut se téléporter sur terre sans voir la planète continuer sa rotation sans nous. Quelle que soit la direction, quelle que soit la vitesse, rien ne change. Et si la vitesse est assez grande…

- OH.

- Oui, hein ? » Répondit Pinkie, grimaçante. « Pas très propre. Mais pas d'inquiétude, ce n’est pas ma première fois. Assied toi, détends toi, et prie très fort si tu pense que cela peut aider !

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