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Jolly Roger : la légende des sept [...]

Une fiction écrite par MisterX.

Chapitre 13 : la tempête qui approche

Cela faisait déjà trois jours que je naviguais. J'étais en pleine mer, sans la moindre terre à l’horizon. Le ciel nocturne était couvert par une épaisse couche nuageuse, impénétrable. Impossible de voir la moindre étoile. Et inutile d'essayer de la traverser : cela aurait été peine perdue. J'aurais dû contourner un îlot avant d'arriver à destination. Pourquoi n'était-il toujours pas en vue ? Avais-je à nouveau dévié de ma trajectoire ? Encore une fois, je m'étais perdu au milieu de l'océan. Je regardais désespérément ma carte, devenue inutile. Devais-je continuer sur mon cap ou en changer ? Je n'avais aucune idée de ce que je devais faire.

Quel imbécile je faisais, incapable de naviguer correctement. Je m'étais assoupi plusieurs fois dans l'intervalle, c'est comme ça que j'avais sûrement dévié de ma trajectoire. Sans pouvoir retrouver ma route sur une carte, je faisais un piètre navigateur. Je m'avachis sur le banc, continuant de tenir la barre, ne voyant quoi faire d'autre, suivant mon cap. Mon espoir d'arriver à temps avait pratiquement disparu.

Mais si il y a une chose que j'ai appris au cours de mes voyages, c'est que quand on commence à perdre espoir, il y a toujours quelqu'un pour vous aider à le retrouver. C'est ce qui m'est arrivé.

Alors que je somnolais devant ma boussole, l'eau commença à s'agiter à quelques mètres de mon embarcation, sur tribord. Le temps de comprendre et de me tourner dans cette direction, une forme venait d'émerger à la surface. Une tête de poney, que je connaissais déjà…

- Marine ?

- Bonsoir, Jolly Roger.

- Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

Intrigué par cette apparition aussi inattendue que la première fois, je mis mon embarcation en panne pour lui permettre de s'approcher.

- Je… Je voulais savoir ce que tu devenais.

- Mais comment est-ce que tu as réussi à me retrouver ?

- Je t'ai suivi, une bonne partie de ta route. Il se passe beaucoup de choses sous l'eau. Plus que les terrestres ne le pensent. Je suis heureuse que tu aies retrouvé ton amie.

- Oui, et j'ai aussi retrouvé les autres prisonniers. Ils sont saints et saufs.

- C'est une bonne nouvelle. Mais pourquoi es-tu reparti ? Seul sur ce canot ?

- Parce-que j'ai appris des choses effroyables à la forteresse. Les flibustiers qui l'ont construits ont prévu de s'en prendre aux princesses d'Equestria.

- Oh… Celestia et Luna ?

- Oui. Inutile de te dire que l'équilibre du monde est en danger… Même sous l'eau, si le cycle solaire et lunaire s'interromp.

- Tu as raison. Mais que comptes tu faire ?

- Je n'en suis pas encore sûr… Mais au moins prévenir les princesses, les avertir pour l'embuscade.

- Tu n'as pas reçu d'aide de la part des autres pirates ?

- Ils étaient incapables de se décider. J'ai été le seul à agir assez rapidement. Mais je me suis égaré en cours de route. Je ne sais plus quel cap suivre.

Marine resta silencieuse quelques instants, pensive. Je jetais un nouveau coup d'oeil à ma carte…

- Je vais t'aider. Je peux te guider à ta destination.

- Tu pourrais faire ça ?

- Je connais un peu ce coin de l'océan. Où devais-tu te rendre ?

- A Baltimare. C'est là, sur la carte.

- Je vois où c'est. Si on part maintenant, on devrait pouvoir arriver demain matin. Suis moi.

Marine partit devant. Je ressaierai la voile de mon canot pour naviguer à sa suite. Elle nageait vite et sans effort, nous pouvions donc avancer à la même vitesse sans problème.

La fin du voyage se déroula rapidement. Au lever du soleil, comme prévu, nous arrivâmes en vue des côtes equestriennes. Je ne savais trop que penser, de revoir ma terre natale, qui me semblait interdite depuis mon premier passage à Hook Bay. Mais l'heure n'était pas encore à ces réflexions. Le port de Baltimare nous était apparu sur l'horizon. Je devais me dépêcher pour arriver à temps. C'est le moment que choisit Marine pour repartir. Elle était épuisée d'avoir nagé aussi longtemps. Et, disait-elle, il n'est pas dans les habitudes des sirènes de se montrer à un grand nombre de poney. J'étais à nouveau seul face à ma mission. En regardant au loin, on pouvait voir de grands navires quitter le port. Le convoi était en train de se mettre en route. Rapidement, je changeai de cap afin de croiser le leur.

Environs une demi-heure plus tard, mon esquif se trouvait face au convoi. Il était constitué de cinq navires différents. Quatre frégates de second rang, bien armées, entourant un navire de croisière bien plus grand et long que les autres. Contrairement aux autres, il était propulsé non seulement par voile, mais aussi par roues à aubes mises en mouvement par une machine à vapeur. L'énorme cheminée et la fumée qui s'en échappait ne laissait aucun doute là-dessus. C'était sûrement sur celui-là que se trouvaient les Princesses. Je vis à l'avant le nom du navire peint en blanc : le « Confidence ».

Mon embarcation allait passer à proximité d'une des premières frégates. C'était le moment ou jamais. Je me mis debout, en équilibre, agitant les sabots pour attirer leur attention.

- Hey ! Du bateau ! Hey oh !

Un des marins m’aperçut. Un terrestre bleu marine avec un uniforme blanc.

- Qu'est-ce que c'est ? Petit ! Tu es sur notre route ! Attention à ne pas finir sous nos proues !

- Laissez moi monter à bord ! J'ai un message de la plus haute importance !

- Un message ? Pour qui ?

- La plus haute autorité dans cette flotte !

- Les princesses ? Qui t’envoie ?

- Personne, je suis venu de mon propre chef…

- Ah oui ? Petit, si tu voulais les voir, tu aurais dû venir avant l'embarquement. Nous sommes en route pour une mission diplomatique, et on ne s'arrêtera pas pour des adulations.

- Mais vous ne comprenez pas ? Je suis sérieux !

Mais la frégate m'avait déjà dépassée. Mon canot allait maintenant vers le navire des princesses. Je renouvelai l'expérience.

- Laissez-moi monter ! Je dois vous parler de toute urgence !

- Hors de notre chemin, le pêcheur !

Rien à faire. Je n'arrivais pas à les convaincre. Il me restait une dernière solution : aborder le navire et monter sans leur permission. Je pris donc un grappin dans mon embarcation, et m’envolai pour l'accrocher au bastingage, juste derrière les roues à aube, avant de me poser sur le pont. Mon esquif ne s'en irait pas.

Évidemment, il ne fallut que quelques secondes pour que je retrouve encerclé par les gardes royaux. Quatre licornes en armure m'entouraient, armés de lances directement pointées dans ma direction.

- Alte !

- Je vous en supplie, laissez-moi transmettre mon message à vos supérieurs. C'est d'une importance capitale.

- Quel est le message, demanda l'un d'eux.

- Des pirates ont prévu de s'en prendre à votre convoi. Vous devez immédiatement faire demi tour et annuler le voyage.

Les licornes se regardèrent entre eux. Ils ne semblaient pas me prendre au sérieux.

- Ce convoi est protégé par quatre frégates de troisième rang bien armées. Aucun pirate ne pourrait passer cette protection.

- Vous ne savez pas à qui vous avez affaire.

- Que se passe-t-il ici ?

Je me retournai pour voir qui avait prononcé cette phrase. De la poupe, longeant les accès aux cabines, arrivèrent deux nouveaux poneys. Le premier, qui venait de parler, était un étalon terrestre, avec une robe d'un brun assez clair, d'une crinière brune foncée, aux yeux verts, et dont la marque représentait une carte noire avec des indications blanches, et une boussole. Il avait aussi un fin collier de barbe, et un uniforme qui me fit immédiatement deviner qu'il s'agissait du plus haut gradé à bord. Je notais aussi un accent prançais dans sa voix, étonnamment grave d'ailleurs.

Le second poney… J'eus un frisson en la reconnaissant. Bleu nuit, grande, majestueuse, lunaire… Oui, je me trouvais en présence de la Princesse Luna, l'alicorne de la nuit… et des nombreuses nuits qui m'ont été donnée d'admirer alors que j'avais le cœur en peine. Immédiatement, je m'agenouillai. Les gardes, eux, restèrent debout, méfiants.

- Princesse, nous avons interpellé ce pégase qui montait à notre bord sans autorisation. Il prétend que des pirates nous tendent une embuscade.

- Laissez-nous le voir.

- Bien, votre majesté. Mais nous allons devoir lui confisquer ses armes préalablement.

Je réalisais alors : j'avais presque oublié que je portais toujours autour du poitrail la ceinture qui comportait mon coutelas et mon nouveau pistolet. D'un sabot, je la retirai et la posai à côté de moi. Un licorne se chargea alors de la tirer hors de ma portée. Luna s'approcha alors, jetant un coup d'oeil d'abord à mon équipement, puis à mon esquif en contrebas.

- D'où viens-tu, ainsi équipé ? Es-tu un pirate ?

Je ne répondis pas tout de suite, n’étant moi-même pas sûr de la réponse. On m'avait montré tant d'aspects différents de la piraterie… Prudemment, je repris :

- Cela dépend de la définition que vous donnez au mot « pirate ». Mais j'admets en avoir cottoyé de toutes sortes.

- Et tu es monté à notre bord pour nous prévenir d'un danger ?

- Oui, votre majesté. Et l'enjeu est de taille. C'est vous-même et votre sœur qui êtes visées.

La princesse lunaire resta silencieuse quelques instants. Par crainte autant que par respect, je gardais l'échine courbée. L'alicorne de la nuit se tourna vers un des gardes licornes.

- Allez trouver ma sœur. Je veux avoir son avis.

Le soldat salua, puis s'exécuta, repartant au petit trot, disparaissant par une des portes qui conduisait à l'intérieur du navire. La Princesse Luna se retourna dans ma direction.

- Jeune pégase, quel est ton nom ?

- Jolly Roger, Princesse.

- Jolly Roger, quelles menaces es-tu venu nous annoncer ? Mais relève-toi donc, inutile de rester agenouillé.

- Princesse, vous devez absolument retourner à Equestria. Des pirates vont essayer d'attaquer votre convoi. Pas un navire seul, mais une flotte complète et meurtrière. Je les ai vu à l’œuvre. Ils sont sans pitié.

- Une flotte ? Une association de pirate ? Voilà qui est singulier.

- C'est aussi ce que j'ai pensé.

- Mais je ne pense pas que tu ai beaucoup à craindre. Moi et ma sœur avons déjà affronté bien pire.

- Nous avons aussi quatre frégates bien armées, ajouta l'officier. Les pirates devraient déjà s'y frotter avant d'atteindre mon navire.

- Sauf votre respect, vous les sous-estimez, renchéris-je.

- Luna, tu m'as fait demander ?

Le soldat licorne réapparu, suivit par une jument plus grande encore que Luna, d'un blanc lumineux, presque céleste. Une autre figure divine aux ailes et à la corne des alicornes. La Princesse Celestia.

- Oui Tia. Ce jeune pégase s'est introduit à notre bord pour nous annoncer une attaque de pirate.

- Princesse…

- C'est inhabituel, répondit Celestia. Oh, mais tu peux te relever.

Oui, je m'étais à nouveau agenouillé. Ça me paraissait normal face à deux princesses alicornes. Je lui obéis donc.

- Ces pirates sont-ils nombreux ? Me demanda Celestia.

- Très. Des dizaines de navires, de toute sorte.

Celestia pris un air mi-étonné, mi-effrayé. Elle semblait comprendre l'ampleur de la menace.

- Autant de pirates rassemblés ensemble ? Je commence à craindre pour nos marchands.

- Oui, il faudrait essayer de régler ce problème, ajouta Luna.

- Ce n'est pas tout, repris-je. Ils possèdent une amulette, capable d'annuler la magie ils pensent vous mettre hors d’état de nuire avec cela.

- Que dis-tu ?

Celestia parut soudain bien plus tendue. Mais je n’eus pas le temps de lui répondre. Un marin en uniforme nous interrompit.

- Vice Amiral ? Il y a quelque chose de bizarre.

- Qu'y a-t-il, répondit l'étalon brun.

- Le brouillard, droit devant.

Le brouillard. C'est par ça qu'avait commencé l'attaque du Ocean Rose. Intrigué, le Vice Amiral (Vice Amiral Coup Surcoup. C'est comme ça qu'il s'appelait. Je l'appris un peu plus tard) se dirigea vers la proue, accompagné par les deux princesses. Je le suivis également, la peur au ventre.

Dire qu'il y avait du brouillard était faible comparé à ce que nous avions sous les yeux. Alors que nous nous apprêtions à contourner un ensemble d'îles désertes, une épaisse forme blanche s'était mise à déferler d'une zone hors de vue. Une énorme masse grandissante qui se propageait vers nous à une vitesse plus qu'alarmante, allant vers l'Ouest, vers nous, alors que le vent soufflait du nord. Cela n'était définitivement pas naturel.

- Oh, non… ils sont déjà là !

- Ils veulent nous dérouter, compris Surcoup. On vire sur tribord ! Il faut à tout prix éviter cette purée de poix !

- Non ! Il faut faire demi tour ! C'est une embuscade !

- Inutile de paniquer. J'ai déjà eu affaire à des pirates auparavant.

- Non, monsieur Surcoup, répondit Celestia. Je pense que nous ferions mieux de l'écouter.

- Princesse ?

- Faites demi tour. Cela devient trop risqué. Ne perdez pas de temps !

Enfin quelqu'un m'écoutait. Pressé par notre princesse, l'étalon se retourna pour relayer l'ordre. À côté, la Princesse Luna ne semblait pas inquiète.

- Je vais chasser ce brouillard. Je ne veux pas avoir de mauvaises surprises.

De sa corne, partit un rayon bleu qui arriva directement dans le nuage de brume, le faisant disparaître à mesure que le sort progressait. Au bout de quelques instants, quelque chose nous apparut…

De terrifiant.

Dans le brouillard, je vis apparaître la forme d'un navire, immense, presque aussi grand que celui des princesses, avec une imposante voilure, prenant le vent du nord pour propulser ce mastodonte dans notre direction. Nous étions tous bouche bée devant cette vision de cauchemar.

- C'est l'intrépide ! S'écria Surcoup. Je pensais qu'il avait sombré…

Mais ce n'était plus l'intrépide. A la proue, sur une plaque de bois, était inscrit un nouveau nom : l'Avenger.

- Barre à bâbord ! Ce monstre va nous rentrer dedans !

Le vice Amiral nous abandonna, pour repartir au trot vers la plate-forme de commandement. Je restais là, terrifié, à guetter la réaction des princesses alicornes.

- Il faut qu'on arrête ce navire, déclara Luna toujours aussi sûre d'elle. Avec moi ma sœur ?

- Toujours. Dépêchons-nous.

Leurs cornes brillèrent à nouveau de magie céleste. Je ne savais plus qui prier pour qu'elles réussissent.

Oui, c'est à ce moment-là que j'ai réalisé qu'en fait, les princesses n'étaient que des poneys.

Il y eut un flash lumineux, puis des cris de douleur. Quand je rouvris les yeux, l'Avenger s'était encore rapproché, et luisait d'une étrange magie. Les princesses étaient toujours là, mais semblaient souffrir le martyre.

- Qu'est-ce qui se passe ? S'écria Luna.

- Arg… Ils ont utilisé notre amulette sur nous, articula Celestia. Nous sommes privées de magie !

On était mal.

La frégate escorte d'avant-tribord vira brutalement à bâbord, pour éviter la trajectoire de la super frégate adverse. Le reste du convoi vira également pour suivre le mouvement. Nous nous dirigions droit vers le brouillard, que la Princesse Luna n'avait pas eu le temps de faire disparaître entièrement. J'imaginais déjà les navires et batteries de canons qui devaient nous y attendre. Mais plus stressant encore, c'était l'Avenger qui se plaçait contre la malheureuse frégate d'escorte. Son pavillon était alors bien visible : Rouge, avec un crâne d'oiseau à corne et des serres acérées.

Drakkar le Rouge.

Et le rouge ne signifiait qu'une chose :

Pas de quartier.

On cria l'ordre de faire feu. Des centaines de canons grondèrent en même temps, les boulets hurlèrent en traversant l'air, les coques des deux navires craquèrent et se brisèrent dans de terribles plaintes, à moins que ce n'ai été les plaintes des marins qui périssaient sous cette pluie de projectiles. C'était une véritable apocalypse. Instinctivement je baissai la tête, la couvrant de mes sabots avants. Le vacarme était tout simplement épouvantable. Même me boucher les oreilles ne suffisait pas à atténuer ces effroyables atrocités. Pendant un instant, je ne voyais plus où j'étais. Tout ce que je voulais était que cela s'arrête.

Ces quelques secondes m'avaient paru une éternité. Quand le silence retomba, j'étais recroquevillé au sol, Presque incapable de réagir. Je risquai un regard autour de moi. Les princesses étaient, comme moi, contre le sol. Quelques secondes encore, et je décidai de jeter un coup d’œil par-dessus le bastingage. Je tremblais, autant à cause des récents événements que par peur de constater le résultat.

La frégate équestrienne était en train de couler, le pont ravagé, et le bord opposé probablement gangrené de trous. Plus loin, l'Avenger avait également souffert, mais sa coque plus épaisse avait résisté au choc.

Dans la brume, je voyais apparaître d'autres navires, de différents types et de différentes tailles, leurs batteries de canons orientées directement dans notre direction. Je sentais que le piège était en train de se refermer. Devant, je voyais la seconde frégate escorte virer pour passer à tribord. Ils essayaient de faire rempart.

- On dirait que notre passager clandestin avait raison, commenta alors la Princesse Luna. Celestia, que faisons-nous ?

- Allons sur la plate-forme d'observation. Nous aurons une meilleure vue de la situation. Je crains que pour le moment, notre sort ne soit entre les sabots de nos marins. Nous ne pouvons rien faire de plus.

Les princesses se redressèrent pour galoper dans la direction désignée. Je les suivis à la même allure, voulant rester témoins de l'action, et surtout trouver un endroit plus abrité.

Les gardes nous suivaient tant bien que mal. Une fois de plus, je me rendais compte que la situation était plus impressionnante à vivre qu'à imaginer. Les Princesses Celestia et Luna, deux êtres à la puissance divine, étaient réduites toutes les deux à l'état de simple poney. Cela me paraissait presque irréel.

Nous montâmes donc sur la plate-forme d'observation. Le vice Amiral était déjà présent, en compagnie d'un autre marin, un terrestre blond, gris claire, avec une marque en forme de bouée. Ce dernier était à la barre, suivant les ordres de son supérieur. Mais même si l'endroit était couvert, je ne me sentais pas plus en sécurité. Un rapide coup d’œil à l'extérieur m'apprit que l'Avenger était arrivé au niveau de la frégate de tribord arrière.

Il y eut un étrange bruit, émis depuis l’Avenger, comme si on soufflait dans deux cornes de brume différentes. Le temps que je me demande de quoi il s’agissait, il y eut une nouvelle explosion… Et une pluie de projectiles s’abattit sur une de nos frégates arrières.

Des tirs de mortier.

Le bois se brisait sous la force des impacts, le navire subissait un assaut terrible sans aucun moyen de riposter. Ce n'était pas un abordage, comme ceux que j'avais connu, c'était pire qu'un combat. C'était une mise à mort. Quand le silence retomba à l'arrière, c'est à l'avant qu'il reprit : Le navire escorte qui protégeait notre avant se faisait canonner par la rangée de navire qui nous menaçait. Le Providence passa derrière, alors que le fier bâtiment équestrien encaissait un terrible choc, qui lui fût fatale.

- Pitié mère, faites qu'ils s'en sortent…

Je fus surpris d'entendre Celestia prier à son tour, elle pour qui moi, j'avais prié. A ce moment-là, mon esprit fut complètement dérouté. Mon univers était comme en train de s'écrouler. Ce en quoi je croyais jusqu'alors était… Annihilé.

- Monsieur Surcoup, sortez-nous de là ! Cria Luna.

Bien, Madame. Barre à Bâbord. Face au vent.

Le barreur obéit aux directives du maître à bord. Le Confidence pivota pour se diriger face au vent qui nous arrivait du nord, entraîne par ses roues à aube. Il est très difficile, voir impossible pour un navire à voile de suivre ce genre de trajectoire. Mais du même coup, il longeait le rempare de navire pirate pour se diriger droit vers l'archipel, presque complètement plongé dans les brumes.

Quelque chose n'allait pas.

J'avais un très mauvais pressentiment.

Il fallait absolument sortir de là !

- Changez de cap, M'écriais-je. Ils sont en train de nous diriger droit dans un piège !

- Petit, c'est mon navire, me réprimanda le vice-amiral. Si nous virons, nous nous ferons pilonner par l'Avenger. C'est trop tard de toute façon. Si on vire maintenant, on percutera les rochers.

Il avait raison, malheureusement. Le Providence s'engageait dans l'archipel brumeux, abandonnant la dernière frégate escorte. Le tonner des canons retentit une quatrième fois, les navires pirates se jetaient sur lui, comme des rapaces sur un animal isolé. Ce que nous étions à présent.

Nous étions entourés par la brume. Autour de nous, se dessinaient vaguement les silhouettes des îlots de l'archipel, mais nous ne pouvions voir beaucoup plu loin. C'était une véritable purée de poix. Suivant les ordres de Surcoup, les marins, licornes et pégases, tentaient de la dissiper.

- On va longer sur bâbord, reprit le vice-amiral. Dés que nous en auront l'occasion, nous sortirons de l'archipel.

- Si c'est encore possible, dis-je alors.

- Roger, m'interpella la princesse Luna. Tu connais leurs dessins, que vont-ils faire selon toi ?

- Je pense qu'ils essayent de nous encercler. Il faut chasser cette brume le plus… Navire à bâbord !

La forme d'une frégate se découpa dans le brouillard, sur la trajectoire que nous étions sur le point de prendre. Nous étions bloqués. Par prudence, je vérifiai son pavillon, presque entièrement visible après quelques bourrasques. Il y en avait deux en réalité : un rouge, et un noir représentant un cœur entouré par une bouche pleine de crocs au sourire menaçant. Il m'était facile de deviner qui était le propriétaire de ce navire.

« Nous sommes piégés » murmurai-je.

La brume se dissipa, petit à petit, révélant ce que je m'attendais à voir.

Nous étions au milieu de l'archipel, l'espace entre chacun des îlots occupé par cinq murs de navires, empêchant toute retraite. Nous étions complètement encerclés.

Vous avez suivi mon histoire , vous savez que je ne suis pas du genre à laisser tomber. Mais là… Je devais m'avouer vaincu. J'avais échoué.

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speedangel
speedangel : #46221
C'est triste de voir que jolly n'a eut aucun repit et que ce qu'il voulait à tout pris éviter se réalise. Mais le malheur du hero fait le bonheur du lecteur, vivement la suite :)
Il y a 11 mois · Répondre

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