Jonathan regardait vers le ciel. Assis dans son lit, il patientait calmement.
Aujourd'hui, le temps semblait couvert. Des nuages sombres venaient parsemer le ciel, privant le jeune poney A de la lumière bénéfique du soleil. Et Dieu sait qu'il en avait envie, un bon bain de soleil, d'une brise d'été, d'un lagon à l'eau turquoise...
Jonathan descendit de son lit, partant s’asseoir vers la chaise du bureau. Il posa la tête lourdement sur le plan. Regardant à l'avant les cinq traits gravés dans le mur.
Il fronça légèrement les sourcils, puis leva un sabot tranquille vers les traits. Appuyant sur la surface, il en traça un nouveau.
Le temps s'écoulait grain par grain. Cela faisait déjà une demi-heure ! Ils auraient dû ouvrir les portes depuis longtemps !
« 7h ! Heure de la promenade ! » appela la voix automatisé.
« Ah ! Enfin, c'est pas trop tôt ! » se soulagea Jonathan. Il était réveillé depuis des heures ! Du moins, c'était la sensation qu'il en avait. Aucune horloge n'était visible, seul le ciel permettait une approximation du temps qui s'écoulait.
La porte s'ouvrit comme à son habitude, laissant apparaître Clément de l'autre côté de l'huis. Il sautillait sur place, une drôle de grimace plaquée sur son visage. Drôle de poney qu'il était.
« Salut Clément ! » appela Jonathan, « Qu'est-ce-qui t'arrive ? T’as des fourmis dans les pattes ? »
Le poney pissenlit courut hors de sa cellule en vitesse pour s'échapper vers la cour, comme s'il avait le feu au derrière.
« PIPI ! DÉSOLÉ ! »
Il disparut d'un seul coup, laissant Jonathan rigoler de bon cœur. Cette drôle de scène venait de lui faire sa matinée. Depuis une semaine, Clément semblait avoir des problèmes de vessie.
Jo' partit à son tour dans la cour, suivi du reste de ses comparses, rejoignant le troupeau.
Tout le monde commençait à prendre l'habitude de la routine du Sanctuaire.
7h : Promenade.
8h : Petit-Déjeuner.
9h30 : Heure libre.
12h : Déjeuner.
13h30: Heure libre.
15h : Test.
Les tests. De drôles de périodes que faisaient passer les superviseurs, comme ils se faisaient appeler.
Depuis les premiers jours, chaque poney était appelé par son numéro de chambre. Ils étaient répertoriés, classés, et nommés comme il le fallait. Tous les poneys A allaient passer le test, et Jonathan sentait son heure venir.
Le petit-déjeuner se passait au même endroit que le déjeuner ou le dîner. En revanche, les plats avaient changé ! Depuis deux jours, de la viande apparaissait dans les repas. Étonnamment, il semblerait que les poneys A mangeaient autant de viande que de légumes ou de fruits. Un régime alimentaire qui ne changeait pas malgré la transformation. Aucun maux de ventre, pas d'indigestion après un morceau de jambon. C'était fascinant, autant pour les superviseurs qu'il l'était pour les poneys A.
Poney A, pensa Jonathan, alors qu'il se dirigeait parmi la foule vers son rendez-vous matinal.
Poney A était l'appellation provisoire donné par les superviseurs du sanctuaire. Ça voulait dire 'Poney Alpha'.
Tout simplement parce qu'ils étaient supérieurs à tout autre équidé dans le monde. Supérieurs en intelligence, doués d'une conscience de soi, utilisateurs d'un pouvoir encore inconnu de l'humanité ! C'était d’ailleurs ce dernier point qui avait dû les mettre en cage.
Jonathan finit par sortir de ses pensées quand enfin il aperçut près des portes de la cafétéria sa nouvelle copine.
La petite Émilie était à côté des portes, mais tournée vers la baie vitrée, vers le dôme qui les tenaient enfermés. Encore une fois, et ce depuis le premier jour, des oiseaux se trouvaient face à elle en-dehors du Sanctuaire. Émilie leur parlait comme à son habitude.
Jonathan allait attendre quelques secondes pas loin d'elle. La petite aimait bien parler à ses amis à plumes sans être dérangée. Elle disait que même la respiration de Jonathan l’embêtait. Qu'il respirait comme un bœuf !? C'était plutôt fort, même venant d'une petite fille.
Je ne suis pas si bruyant ? Je ne le suis pas… Je fumais peut-être un peu trop pendant la fac, mais pas comme un pompier.
La petite pouliche parlait gentiment à ses amis à plumes. Il était toujours étonnant de voir une telle amitié, jamais auparavant Jonathan n'avait vu de relation si forte entre des animaux et une personne.
La petite Émilie avait ses amis, et le jeune homme ne put s’empêcher de penser aux siens à cet instant.
Ah les potes… Vous me manquez. J’espère que rien de grave ne soit arrivé depuis la dernière fois. Vous connaissant, vous avez dû trouver un endroit sûr. Tant que vous êtes ensemble…
« Jo ? » parla une petite voix.
L'étalon se réveilla de ses pensées pour voir que la petite avait fini. Toute impatiente et inquiète, elle regardait son ami.
« Désolé, Émilie. Hum ! On y va ? »
« Tu penses à tes copains de dehors ? » questionna la pouliche.
« Ah ! Euh… Ouais. J'ai peur pour eux. La dernière fois que l'on s'est vus, ça n'était pas une franche rigolade », plaisanta Jonathan. Il sentait qu'il pouvait se confier à elle. Malgré son jeune âge, la petite Émilie semblait connaître bien des choses, elle savait faire la différence entre une part du bien et du mal. Elle était maligne et conciliante.
« Ne t'inquiète pas, Jonathan ! Monsieur Ronchon va les trouver, avec ses amis. »
« Il va quoi ? » s'étonna le jeune homme.
Une sonnerie retentit dans toute la cour et, simultanément, les portes de la cantine s'ouvrirent dans un claquement métallique. La foule entière de poneys terrestre, bien plus calme qu'il y a quelques jours, rentra sans protestation.
Alors qu'ils s'installèrent tous chacun à une table, des numéros furent nommés à l'interphone, des numéros de chambres.
« 152 A, 153 A, 154 A, ... »
Jonathan remarqua que ces numéros étaient ceux de son couloir. Si il ne se trompait pas, bientôt, ça serait au tour du sien.
« 156 A, 157 A, 158 A, 159 A. »
Pile ! Il venait de s’arrêter à son numéro pile au dernier instant. Maintenant, c'était donc son tour de passer. À 15 heures, il devrait se présenter aux gardiens et ensuite… il s'éclipserait. Il était temps de savoir ce qui se tramait en ces lieux.
Mais alors que Jonathan échafaudait son plan, et que le Sanctuaire continuait de suivre ses mystérieux projets, autre part dans une campagne, non-loin de montagnes, non-loin de vallées, qui traversent des kilomètres et des kilomètres pour revenir sur d’autres terres plates jusqu'à un océan, un petit oiseau faisait un voyage à la recherche de personnes en particulier.
Il posa son petit corps tout frêle sur une branche, se reposant par-ci par-là tout le long de son voyage. Quand il vit certains de ses congénères, ils gazouillèrent ensemble des sons incompréhensibles à oreilles d'homme, mais qui donnèrent au petit oiseau bien des informations précieuses et vitales.
Un pigeon roucoula deux fois dans une ville, un corbeau croassa deux fois et tapa du bec une fois dans une campagne, des hirondelles chantèrent cinq fois en spirale au-dessus d'un étang. Puis, enfin, une cigogne caqueta du bec et tapa six fois de la patte. C'était le renseignement qui lui manquait.
Le petit oiseau suivit une hirondelle jusqu'à une maison près d'un village humain.
Les deux personnes qu'il cherchait s'y trouvaient sûrement.
L'hirondelle se posa sur un pommier du jardin de la maison, une vieille bâtisse, une ferme auparavant, reconstruite en villa qui se trouvait en bordure d'un grand nid humain.
Le petit oiseau s'envola avec l'hirondelle près d'un soupirail qui se trouvait sous une fenêtre.
Là, à travers la fine vitre, des lueurs d'une couleur surnaturelle rougeoyaient.
Enfin, le petit oiseau avait trouvé les deux personnes qu'il recherchait.
« Léa ? Tu te sens comment maintenant ! WHOAH ! » BAMF ! Un rayon de pouvoir venait de frôler ce pégase d'un poil pour venir s’abattre sur le côté du soupirail, cramant bien méchamment le pauvre mur qui n'avait rien demandé à personne.
« Aaaaaaah ! Désolé Mark… essaie avec la… la bouillotte cette fois… s'il te plait », gémissait la pauvre licorne allongée sur un parterre de coussin, emmitouflée dans de chaudes couvertures. La jeune femme avait de lourdes cernes sous les yeux, et sa corne brillait comme une veilleuse de toutes les couleurs, passant du rouge au bleu, au vert au jaune…
« On a fait la bouillotte, puis les glaçons, la tisane, le chocolat, les aspirines… Léa, je vois vraiment pas ! » se fatigua le pégase. « À chaque fois que je t'approche, tu me prends pour une cible ! C'est dur à la fin ! »
« Désolée », s'excusa péniblement la licorne.
« Donc ! Tu as mal à la tête. Et tu ne contrôles plus du tout, ou pas du tout ta magie. C'est ça ? »
« Ouuuuuuiii », gémit la licorne encore plus souffrante.
« Je m'y connais en physique-chimie. PAS EN MAGIE ET OCCULTISME ! » s'énerva Mark.
« AAAaaaaaahh ! Parle pas si fort euuuuuh. »
« Bah ! Encore heureux, la nuit je peux dormir derrière ce mur ! J'évite de me faire annihiler dans mon sommeil. »
« Grrrrrmmmmmhhhhummmm … » grogna Léa, son petit museau de poney dans ses couvertures.
Mark abandonna, pour le moment. Ça faisait presque une semaine qu'ils s'étaient réfugiés chez une famille généreuse et gentille.
Ils avaient endurés bien des péripéties après le train. S’étant rapprochés de Paris, ils n’arrivèrent jamais à la capitale. Et pour cause, Léa, qui était malade et qui n'arrivait pas à faire un seul pas depuis son explosion au bus. Mark, lui, avait, depuis la dernière fois, un mal fou à voler. En fait, il n’arrivait tout simplement pas à décoller du sol d'un centimètre.
Ils étaient affaiblis et partiellement perdus après avoir non sans mal quittés les rails. Et puis, surtout, il y avait Jonathan qui avait été capturé. Aucune nouvelle depuis, c'était désespérant.
Parfois, des infos leurs venaient. Un complexe étrange aurait été construit pour les poneys. Si c'était la vérité, alors c'était la-bas que Jonathan se trouvait. Mais ce n'était pas demain la veille que Mark et Léa se rendraient aux autorités.
La vie d'un fugitif n'avait rien d'amusant. Constamment, ils se méfiaient du moindre bruit de roues, de son de voix. Puis, alors qu'ils traversaient une rase campagne, des camions et voitures de type militaire passèrent dans les environs. En hâte, ils trouvèrent ce lieu, et, par chance, les propriétaires les accueillirent alors qu'initialement ils s'étaient glissés par effraction dans leur cave.
Le pourquoi et le comment ? Mark et Léa n'en avaient aucune idée. Mais ils acceptèrent tout de même leur hospitalité. Ils pouvaient rester ici jusqu'à ce que Léa se sente mieux.
« Tu devines pourquoi cette famille nous laisse ici ? » demanda Mark sans attendre réellement de réponse de la part de son amie.
« Noonnnnnggrrrrrrruhhuumm …. » grogna encore Léa, transformée en masse rugissante et duveteuse.
« Bah ! Laisse tomber. »
Mark s'étira les membres, et inconsciemment, étira aussi ses ailes, qu'il regarda avec curiosité.
Il ne les sentaient pas vraiment, c'était un peu comme des membres fantômes pour le moment. Des membres sans utilité.
Il commença à essayer de les brosser. Dans la série, c'était le cas, certains pégases le faisait alors pourquoi pas lui ?!
Il tenta d'atteindre de son sabot son membre plumeux, mais ce fut un échec. Alors peut-être avec fallait-il… lécher ? Comme les chats ?
Décidément, la découverte d'un nouveau corps était intéressante. Mais Mark était loin d'avoir un prix Nobel de patience. Très vite, il abandonna l'idée de s'occuper de ses ailes de poulet. Une autre fois, quand il pourra…
Voler.
Il regarda vers le soupirail, l'air pensif. Un jour, il pourra voler comme un oiseau, comme Rainbow Dash, il pourra… Une seconde ! C'est quoi ce piaf à la fenêtre.
Le petit oiseau de tout à l'heure était toujours là, patientant. Il tapait à la vitre de son petit bec, voulant attirer son attention.
Sans dire un mot, il monta sur deux caisses, curieux de savoir ce que pouvait bien vouloir ce drôle de zigoto.
Il poussa la vitre, laissant entrer l'animal qui se mit à piailler de toutes ses forces. De joie ou d’inquiétude, allez savoir. Mais ce raffut gêna fortement la licorne.
« GRRRRRRRRR !!! C'est quoi ce bordel ! » s'énerva Léa, « J'ai déjà un mal de tête énorme ! ALORS VIRE MOI ÇA !! » Léa s'emportait vite. Soudainement, sa corne se mit à briller d'une nouvelle force pour éjecter un rayon puissant vers le pauvre oiseau, qui évita de justesse.
Mark se réfugia derrière son mur en vitesse, le petit oiseau le rejoint, tous les deux se cachèrent du terrible dragon à l'humeur massacrante.
« Ok Léa. Dors, dors … Je m'en occupe », rassura Mark. C'était oppressant de vivre avec une bombe à retardement, bien qu'il aimait son amie si elle pouvait être moins, explosive.
« Ok petit oiseau, vas-y ! Sors ! Zou, zou ! » le chassa Mark de sa patte. Mais l'oisillon ouvrit le bec pour chanter. Ce qu'entendit Mark n'était pas du chinois, même pas du charabia, mais une langue bien compréhensible.
« Hein ? » s'étonna Mark. Il avait mangé un fruit pourri, ou peut-être qu'un rayon magique de Léa l'avait rendu fou. Ou exceptionnellement intelligent parce que chaque chose que l'animal chantait se transformait en mot au creux de ses oreilles de poney.
« Jonathan ! » entendit Mark. « Il t’envoie ?! » L'oiselet piailla quelque peu en sautillant sur place. Il semblait expliquer une chose bien compliquée au jeune pégase qui écoutait avec attention.
« Le dôme ? Des poneys par centaines ? Jonathan et Émilie ? Okay ! J'ai compris ! » s'enchanta Mark, ravivé par les chants du petit oisillon. « Merci, merci, petit gars ! Reviens vite ! »
Sur ce, le petit oiseau s'envola à tire d'aile par la soupirail, sa mission accomplie.
« Whoah ! Jo' va bien ! Léa, Jo' va bien !! » s'excita Mark, heureux de cette nouvelle.
« ZZZZZZZzzzzzzzzzzz …. »
Léa n'en savait rien. La bougresse s'était endormie entre temps. Mark se dit qu'après tout, la pauvre avait rarement le temps de dormir avec ses maux. Il lui dirait tout à son réveil !
Et puis, il y avait une chose !
« Je peux parler aux oiseaux ! YEAH ! Je peux parler aux oiseaux ! YEAH ! » chantonna-t-il. C'était incroyable ! Mark se sentait devenir bien plus cool qu'auparavant. Bientôt il ferait un sonic rainboom ! C'était magique ! MAGIQUE !
Mais alors que Mark s'émerveillait de ses nouveaux dons, offert par il ne savait quelle énergie divine ou être omniscient, autre part, dans un lieu entièrement aseptisé, immaculé de blanc et de gris, que l'on nommait le 'Sanctuaire', l'on s’efforçait de comprendre quels étaient les fondements de la magie. Et pourquoi ces poneys en étaient les utilisateurs.
'Attention. Département de recherche.'
Jonathan était en rang. Dans un couloir ou chaque poney était face à une porte surveillé par quatre gardiens.
En venant jusqu'ici, il n'avait rien pu voir du reste des lieux, même pas un son n'était venu jusqu'à lui, un son qui pourrait lui donner la puce à l'oreille. Pour le moment, il suffisait d'attendre. Avec lui, le reste des poneys étaient plutôt calme, quoique anxieux. De ceux qui étaient revenus, les tests étaient des choses vraiment simples et complètement lambda. Intelligence, force, rapidité étaient les principaux sujets du test.
Une seconde plus tard, les portes s'ouvrirent, laissant entrer de manière machinale les poneys.
À l’intérieur, un médecin vêtu d'une blouse blanche, un vieux monsieur l'air tout fin, chauve et à lunettes, l'attendait dans la pièce sans fenêtre, hélas, pour Jonathan l’enquêteur.
Il l'invita à venir s’asseoir sur un lit d'examen.
Il y avait un lit, une commode où se trouvaient les outils de médecine, un drôle de tapis roulant, et un écran plat que Jonathan supposa comme étant tactile.
« Allongez-vous, s'il vous plaît. Je vais vous ausculter », prévint le gentil médecin. Il semblait loufoque. Et les yeux derrière ses lunettes étaient si plissés qu'il avait presque l'air d'un japonais.
Jonathan s’exécuta, non sans se rendre compte que ce drôle de bougre avait l'air de peiner à trouver ses marques sur son plan de travail.
« Bien. Bien. J'ai le stéthoscope. Maintenant, veuillez inspirer et expirer fortement, très lentement. »
Encore heureusement, le médecin trouva son dos, ou il déposa le métal froid de l'outil. Malgré la fourrure, la sensation était la même.
Donc, le médecin fit les examens habituels. Bouche, oreilles, yeux. Sauf que Jonathan était un poney. Et que parfois, le vieil homme s'étonnait un instant de la couleur de son œil, sa fourrure, ou de la grosseur de son iris qui, il fallait l'avouer, était étonnant même pour lui.
Plus tard, c'était les calculs sur l'écran. Un plus un. Cinq fois deux. Jonathan avait fait des études supérieures ! On lui posait des questions dignes d'un enfant de maternel. Au fond, il était vexé, mais à la surface il ne s’en souciait guère à vrai dire. Sauf quand le médecin voulut le féliciter avec une carotte ! Là, c'était réellement vexant ! Pourquoi ne comprenaient-ils pas que même s'il était un poney, c'était un cerveau humain qui fonctionnait dans ce corps à quatre pattes ! Malgré tout, il accepta la carotte.
Il n'y a pas de petit profit.
Le jeune homme s'impatientait. Il fallait trouver une occasion de faire quitter cet homme de la salle, pour qu'il puisse partir enquêter. Il avait beau chercher une excuse, du style 'puis-je aller aux toilettes ?' ou 'je suis sur le point d'exploser', mais bien sûr, c'était trop stupide. Même malgré le comportement un peu niais du médecin.
Mais cette occasion, c'était justement l'homme de science qui allait la lui donner.
Jonathan réfléchissait, toujours allongé là, jouant le cobaye. Alors que le vieil homme préparait une seringue d'il ne savait quoi, bêtement, il fit gicler le contenu sur son visage.
« Sapristi ! Ça m'arrive tout le temps ! » Il déposa ses lunettes tout en pestant sur lui-même et sa force démesurée.
Ses lunettes, il les mit sur le lit. Jonathan s'en aperçut et, souriant comme un petit diable, il les cacha sous le matelas. Il aurait pu les casser mais, franchement, c'était cruel.
Néanmoins, la stratégie fonctionna.
« Hein ?! Diantre ! » jura de nouveau l'homme de manière très polie, « C'est ma cinquième paire en deux mois ! Vous ne l'auriez pas vu ? »
« Hein ? Oh non désolé », dit Jonathan très poliment.
« Restez ici, ça ne prendra qu'un moment », prévint le vieil homme, « C'est incroyable d’être aussi tête en l'air. »
Le drôle de bonhomme sortit de la pièce, laissant le jeune poney libre cours à son enquête. Enfin !
Ok ! Pas de temps à perdre. Il faut que je sorte voir les environs, se prépara Jonathan.
Rapidement, il sauta du lit, claquant ses sabots au sol, et avec agilité se pressa à la porte. Tout doucement, il en entrouvrit le seuil.
Jetant son regard au travers, il remarqua que dans le couloir restait les gardiens. Ces hommes étaient tous vêtus de noir aux armures de combat dernier cri. Ils étaient statiques et ne montraient quasiment aucun signe de vie. Mais Jonathan se doutait bien que s'il se montrait au grand jour, il serait arrêté.
Il ne pouvait décemment pas prendre cette voie. Mais il fallait bien quitter la pièce au plus vite, avant le retour du médecin.
« Réfléchis ! Réfléchis ! Il y a une autre issue, il y en a toujours une ! » se pressa Jo'. Il regarda au mur au plafond. Et là, la chance lui sourit !
Une aération ! Suffisamment grande, elle semblait avoir été installée à la hâte. Avec l'aide du lit et de la chaise, Jonathan pourrait l'atteindre !
Non sans mal, il porta la chaise sur le lit, se tint en équilibre, puis d'un saut risqué tomba dans la bouche d'aération.
C'était fait. Maintenant, le voilà parti dans ses recherches. Jonathan se souciait guère d’être pris ou non dans son escapade. Il voulait des réponses ! Le Sanctuaire cachait des choses, c'était certain. Il n'attendrait pas d’être victime d'un coup monté.
Tout doucement, il se déplaça dans les tuyaux métalliques. Il fallait faire le moins de bruit possible. Des sabots, ce n'étaient pas des coussinets. Alors Jo' se traîna du mieux qu'il pouvait dans le noir absolu des conduits. Ce n'était pas ses yeux, mais ses oreilles qui le guidèrent.
Arrivé à une intersection, il se laissa conduire par des sons particuliers. Il entendait des conversations en-dessous de lui, des machines fonctionnaient, des sortes d'engins de laboratoire. Parmi ses échos se trouvait un bruit qui lui raviva la mémoire. Lourd et puissant.
Plus précipitamment, il se dirigea vers ce son en particulier. Peu à peu, il eut des grilles sur son chemin. Il put alors commencer à apercevoir.
Un couloir comme celui de tout à l'heure. Le même que là où il attendait son test. Mais les choses se déroulaient autrement.
« Un autre cas de maladie, madame Rotchelle. Une expulsion magique instantanée. D'une très grande puissance », raconta une médecin passant dans le couloir, à ses cotés se trouvait la directrice des lieux. Sandra Rotchelle.
« C'est un cas répandu parmi ces licornes, il semblerait », parla-t-elle d'un ton très professionnel.
Le mot licorne sauta à l'oreille de Jonathan. Alors, il y avait des licornes !
« Ils ne contrôlent pas cette énergie. Ils sont comme des catalyseurs mais ils ne possèdent pas le savoir adéquat pour s'en servir. Nous avons mis en quarantaine les cas les plus dangereux. »
« Donc, ce n'est pas inné. Il leur faut un entraînement, sans ça, ils seront seulement des piles à réactions. » Ils s’arrêtèrent devant une des portes gardées par deux gardiens. La femme, maintenant que Jonathan la voyait mieux, était grande et mince, cheveux long et brun, elle portait une queue de cheval. Son visage avait des traits fins et dessinés, ses yeux était bleus, elle portait des lunettes.
« Ce cas-ci présente un attachement puissant à la magie. À tel point qu'il en a perdu la conscience. »
« Mettez-le aussi en quarantaine. Et sinon, quant aux autres races, les pégases, les terrestres ? On ne rapporte aucune compétence magique dans les derniers tests. C'est inquiétant, il faut pouvoir utiliser au maximum chacune de leurs capacités. »
Pégases ?! Mais alors, ils réunissaient au Sanctuaire toutes les races de poneys équestriens existantes. Pourquoi les avoir séparés ? se demanda Jonathan, inquiet des paroles de la directrice. Si des licornes présentent un mal-être magique, c'était anormal. Dans la série, ce n'était jamais le cas.
« Les pégases demandent à pouvoir voler librement dans la cour, madame. Pour le moment, ils apprennent, mais on décèle une recrudescence de leurs capacités. »
« Étrange. » Rotchelle regarda quelques-unes de ses feuilles, « Dans les premiers jours après leur arrivée, ils n'étaient pas si faibles. »
« Les poneys terrestres ne présentent aucun changement par contre. Oh ! Sauf que leur activité musculaire est moindre qu'il y a cinq jours. »
« Très bizarre… Cette nouvelle énergie est la clé de tous ces mystères. Bien ! Pour le moment, amenez cette licorne au bloc. J'ai un rendez-vous à prendre. »
« Bien madame », s'excusa la médecin. Les gardiens ouvrirent en synchronisation la porte, y entrant ensemble, ils sortirent par la suite un brancard. Dessus, d'un drap recouvert se trouvait la forme d'un poney.
Rotchelle s'en approcha prudemment, le regard déterminé, elle souleva le drap. Pour ensuite le reposer délicatement. D'un signe de tête, elle ordonna le départ du brancard et du médecin avec lui, très silencieusement.
Quand le lit passa sous Jonathan, il remarque qu'une faible lueur arc-en-ciel venait de sous le tissu. À son grand soulagement.
Quand elle se trouva seule dans le couloir, sans se douter de la présence d'un certain poney tout près d'elle, elle soupira fortement de fatigue, chercha quelque chose dans une poche et en sortit son téléphone.
Curieusement, pendant deux secondes, elle regarda son mobile d'un air inquiet et apeuré. Puis elle souffla et fit un numéro. Elle attendit.
Jonathan ne comprenait pas. Que faisait-elle ? Pourquoi avait-elle l'air si inquiète ?
Elle patientait, tournant en rond. Puis elle sauta de surprise et commença à parler.
« Ah ! Vous voilà », balbutia-t-elle.
On lui parla au téléphone, mais Jonathan ne pouvait rien entendre, même en tendant l'oreille au maximum, et pourtant il avait une grande oreille.
« Oui, les recherches avancent bien. »
« … … … »
« Non, non, ils ne présentent aucune difficulté. Leur magie, ils ne la contrôlent pas, pas encore. »
« … … … »
« Quoi ! Diminuer le temps ?! Mais... et notre accord ?! Je devais pouvoir les étudier deux mois au plus ! Vous ne pouvez pas... »
« … … ... »
« Vous n'en ferez rien ! Nous avons dit deux mois, ça sera deux mois ! »
Au même instant, deux gardiens entrèrent dans le couloir, surprenant Rotchelle comme Jonathan.
Ils se fixèrent devant la scientifique, l'air menaçant. L'un d’eux commença à parler.
« J'ai le contrôle sur toute votre équipe, miss Rotchelle. Je vous ai donné les moyens, la logistique, les hommes et la structure. Quand le jour viendra... »
Le gardien souleva la visière de son casque. Présentant des yeux imbibés de noir, iris comme des lentilles, la peau de son visage était grise comme de la pierre.
Sa voix devint grave et sinistre, mais il y avait une certaine noblesse dans le ton.
« Quand le jour viendra. Ne soyez pas au travers de mon chemin. Sinon, il se pourrait bien que vous et votre équipe fassiez partie de la purge. Compris ? »
« Je… Je comprends. » répondit-elle, terrifiée.
Sur ce, les gardiens partirent, laissant Rotchelle et Jonathan sous le choc.
La femme partit à la hâte du couloir, le visage crispé d'inquiétude. Comme Jonathan, qui ne comprenait pas ce qui venait de se passer.
Très vite, presque dans la panique, il récapitula.
Les licornes, les pégases, maladie magique, deux mois. Dans deux mois, quelque chose se passerait !
Cet événement avait un nom. Il ne présageait rien de bon. Dans deux mois… C'était la purge !
De quoi !? Pour qui !? Jonathan n'attendrait pas pour savoir ! C'était décidé ! Avant ces deux mois, il s'échapperait !
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Quand j'aurais finis celui de 'Entre Frère et Sœur', puis je m'y mettrais. En tout cas aucun risque, j'ais toujours de la suite dan les idées pour mes fanfics. ;)