Prologue : L'abandon

Très sombre il faisait dans une ruelle de Canterlot, alors que la journée se termine dans l'univers. Et pourtant, tout le monde s'en fiche. D'où vient le sol, le ciel, le vent ? D'où vient la magie et pourquoi seules les licornes peuvent l'utiliser sous sa forme la plus pure ? Et cela sous entendrait-il qu'il y aurait plusieurs formes de magie ?

Oui. La magie des licornes n'est plus la seule existante, et à force d'essais, les poneys ont développé la leur. Une magie ne nécessitant point la corne d'une licorne pour exister.

C'est tellement étrange, ce que les poneys ont fait du monde que nous avons créé jadis. Cela fait déjà une semaine que je vis parmi eux sans même me faire remarquer, et pourtant, je le voudrais. Si seulement ils savaient ce qu'ils font à leur monde... non. Au monde qu'on leur a laissé. Dès lors que nous avons imaginé la vie elle-même, les princesses du passé comme celles d'aujourd'hui.

Ça fait mal au cœur. Nous ne sommes pas les créations des croyances de certains, et pourtant ils en sont persuadés. Craignez-nous poneys ! Les Dieux vous ont abandonnés...

***

« Toutes les protections du monde ont cessé. Les barrières coupant les ponts et les frontières d'outremondes ont cédé. C'est le moment, l'apocalypse telle qu'on le connait va s’abattre sur ces êtres idiots ! Le ciel ne sera plus jamais bleu, il tiendra à jamais les couleurs crépusculaires ! L'eau ne reflétera plus jamais la couleur de son opposé, il ne se gorgera que du sang des victimes de cette phase ! Et si les poneys s'en sortent, nous réfléchiront à deux fois pour leur réattribuer le monde d'où ils proviennent. » s'exprime une voix pleine d'entrain et de haine.

« Tu es trop extrême, Luminary... » lui répond alors une pégase jaune étrange, marquée de rayures énergétiques bleues allant du bas des yeux jusqu'aux sabots, de même pour les sept uniques pégases présents dans le palais aérien.

« Tu trouves ? Des années et des années de durs labeurs pour voir qu'au final, son produit est souillé par les habitants idiots d'une simple contrée ! Equestria... les équestriens sont des pollueurs, des racistes refusant l'adhésion même d’un peuple en manque d'amour créé par les divinités de Miusprit, les ayant renvoyés même des terres qu'ils partageaient par le passé... » reprend le pégase qu’ils nomment Luminary.

« Les poneys ont peur de ces créatures sombres dont l'hostilité n'a pas manqué au fur et à mesure des années. Cela ne se serait jamais produit si nous autres n'avions pas eu ce misérable conflit avec les sept dieux peuplant Miusprit. » reprend un pégase bleu foncé avec des lunettes, visiblement hautain.

Le pégase laisse un froid dans la conversation, chaque pégase part alors de son côté. Luminary quant à lui, reste devant le puits nuageux lui permettant d'observer ce qu'il se passe à Equestria.

Toutes les barrières étant coupées, ce n'est plus qu'une question de temps selon lui avant qu'une invasion ne se déclenche. Tous les mondes sont maintenant reliés à celui des poneys. Plus rien ne les protège.

***

Le portail est brouillé, pas le moindre moyen de savoir où il va mener ou ce qu'il va en sortir. Les poneys protégeant le portail ont bien évidemment remarqué que celui-ci était quelque peu changeant. L'outil de transposition envers les mondes s'agitait. Comme si de l'autre côté, quelque chose passait, et repassait, formant des vagues s'en allant comme revenant à intervalles irréguliers. Ils sont au courant, il faut prévenir les princesses au plus vite.

« Princesse Celestia ! Princesse Luna ! Princesse Twilight ! Le portail ne fonctionne plus comme avant ! Il n'arrête pas de se distordre ! » s'exprime, complètement épuisé, l'un des gardes qui se tenait devant le portail lors de sa distorsion.

Les princesses en restèrent bouche béante. Certes le portail du monde des humains se trouve près d'une université, en l’occurrence qu'il y ait du monde qui passe devant n'est point choquant, mais jamais celui-ci n'avait subi d'interférence due à l'approche de la statue. Il est même plutôt rarement ouvert.

« Que nous racontes-tu ? Ne perdons pas plus de temps. Allons voir. » reprend de sa calme voix, la jument dont l'aurore se dessine sur la crinière. Et c'est avec effroi que dès qu'ils arrivent, le portail se distord toujours plus, sans arrêt désormais. Le garde qui était resté pour vérifier est au sol, inerte. Étrangement, il est impossible de savoir s'il est encore vivant ou pas. Son cœur ne bat plus mais pourtant, la respiration se fait encore sentir quand on approche l'oreille de son museau ouvert.

Des couleurs sortant de nulle part envahissent la pièce, des couleurs indescriptibles n'étant visiblement pas de ce monde. Un mélange vu à nul endroit d'Equestria.

« La pièce doit-être fermée et condamnée ! » hurle l'alicorne violette alors que tout le monde se rue vers la sortie, le garde emportant son camarade en-dehors. La princesse de la nuit scelle alors la porte de sa magie, un halo bleuté entoure toute la pièce empêchant, peu importe de quoi il s'agit, de se propager malgré ses quelques tentatives de défoncer la porte.

Il n'est pas difficile de savoir qu'un poney normal ne peut pas faire ce genre de chose. Facile de deviner aussi que les ailes d'un pégase lui servent à voler. Donc par déduction, seule la corne peut maintenir cette porte fermée. Il suffit de la lui bloquer ou la lui enlever afin que la porte laisse libre entrée à n'importe quelle créature se camouflant dans la corrosion de la pièce fermée.

« Equestria deviendra un enfer si cette porte venait à s'ouvrir ! » Il est clair que la priorité du moment est de garder la porte fermée. Les poneys n'auront rien à craindre. Il faudra juste leur expliquer la situation, de toute façon, si ça vient des princesses, ils comprendront.

C’est alors que, de la bouche du soldat à terre, sort une créature d'outremonde. Impossible de la voir passer, elle a été plus rapide qu'un laser d'alicorne.

La corne de l'astre lunaire est trouée. La magie qu'elle canalise est devenue inutilisable. Celle-ci s’effondre dans un coma, la porte s'ouvre lentement. Il est maintenant trop tard.

C'est le début de l'apocalypse.

La corrosion se développe sur tout le château de Twilight en quelques secondes seulement. Des créatures étranges sortent du portail, la seule solution restante... « Nous devons fuir ! » hurle la princesse de l'amitié en sortant précipitamment accompagnée de l'alicorne du jour et de l'astre solaire ainsi que du garde encore en vie. Aussi malheureux cela est, les couleurs et la Lune sont restées dans la corrosion. Désormais, ils n'en verront plus l'ombre. Journée éternelle sous un ciel crépusculaire. Même plus orange à la limite du marron. Les couleurs sont fades et l'ombre n'est plus.

Affaiblis sont ceux qui vivent et qui vivront. Perdue dans le temps et l'espace, la forêt ne ressemble pas plus à un désert d'arbres qu'à une forêt désenchantée. Le teint rougeâtre semble tuer la végétation, elle dépérit violemment, se fragilise jusqu'au point de s'écraser, une fois soufflée d'un simple coup de vent.

D'ailleurs, le vent ne souffle plus non plus. C'est comme si l'ouverture de la porte avait figée Equestria dans le temps et l'espace. Et sans Luna le temps ne s’écoulera plus comme avant. Pouvons-nous simplement encore parler de temps ?

L'apocalypse comme nous le connaissons. Nous verrons comment les habitants de la création divine vont gérer un état bien supérieur, bien plus violent que la guerre. Une situation où les opportunistes auront tout ce qu'ils veulent. Une situation où les faibles perdront la vie s'ils ne sont pas protégés par les plus forts. Une situation où les faibles d'esprit se morfondront entraînant les autres dans leur chute. Une situation où les dieux se moqueront de tous ceux qui ont osés se foutre de leur création.

Bonne chance les poneys, vous en aurez bien plus que besoin.

***

« Et il en faudra bien plus. La nécessitée de cette passe prouvera votre dévotion envers vos terres. »

« Tu es encore là ? » demande de manière rhétorique le pégase bleu « Tu perds le temps que tu pourrais consacrer à la paix entre Miusprit et Koroa. »

« Laisse-moi le temps d'apprécier le spectacle. Il faut bien quelqu'un pour surveiller ce que font les poneys. » explique-t-il doucement

Le paradis nuageux s'est vu perdre de ses couleurs, le maître des lieux lui-même avait l'air de se plaire à l'idée que ses créations pourraient en mourir. « Tu fais perdre ses couleurs à notre royaume. S'il le faut, j'irai moi-même aider les habitants que nous avons créés. »

« Tu me trahirais ? »

« Sans hésitation. »

Un silence prend place. Une trahison que seul verra Luminary Lord. « Je vois. Je fermerai nos portes afin que toute idée te quitte. »

« Tu me retiendrais pour tes petits desseins ? Voilà bien une nouveauté pour quelqu'un qui a passé une semaine avec eux. Tu penses que tu en as vu assez d'une ville pour juger l'entièreté et la création divine ? En plus de ce que tu feras subir à la majorité bienfaitrice. »

« Certes une ville n'est pas représentative d'une contrée mais telle a été ma décision. Tu n'y peux pas plus que n'importe quelle présence divine en ces lieux. » dit-il simplement, toujours d'un ton calme.

« Je vois, il est donc impossible de te raisonner. Ta haine t'empêche de voir plus loin que le bout de ton museau, et à cause de ta perte idéologique que les poneys ne s'arrêteront jamais de s'améliorer, tu as perdu tout bon sens. Tu ne vas qu'accentuer la guerre divine entre Miusprit, Maretr, et Koroa. »

« J'en ai que faire. Rien n'est encore commencé et la guerre officielle n'est pas encore déclarée. » réponse froide pour un corps qui le devient tout autant. Plus rien ne pourra le raisonner désormais.

La chance devra sourire aux survivants des premiers jours. Car après, plus rien ne sera jamais comme avant.