Acte V
Scène 1
(Un contrefort du palais de l’empire légèrement au-dessus du sol et formant une terrasse. Sombra, en armure sur cette plateforme, regarde vaguement défiler en contrebas des esclaves enchaînés qui portent en selles des poches remplies de cristaux. Il semble admirer un bout de pierre qu’il garde dans son sabot.)
SOMBRA : Ah, ma chère, très chère Amore... Je vous envie, vous savez... Dans ce sommeil si confortable qu’est le vôtre. Qui sait si tous ceux qui partagent vôtre état ne se retrouvent pas dans quelque paradis dont la mémoire des êtres qui parlent, lisent, pensent et se souviennent, ne garde aucune trace. Ah, si vous y êtes, serrez bien la main de Discord, car vous avez eu des ennemis communs. Oui, oui, belle reine, vous n’êtes pas morte, je m’en suis assuré. Oh, comment aurais-je pu ? Vous êtes le trésor de Hope plus qu’elle n’a été le vôtre... Et plus que ce que je ne serais jamais pour elle. Ne vous ai-je pas dis que je vous enviais ? Tranquille quand je tourmente votre brave populace, et aimée quand la seule personne qui m’a ouvert son cœur marche en ce moment pour planter un poignard dans le mien ? (Un silence. Il regarde le morceau de pierre) Je me demande si vous tremblez, là où vous êtes. Vous ne devriez pas. J’ai laissé à Hope dans un journal votre état actuel. Si je suis tué, vous êtes sans doute sauve, quoiqu’il faudrait des vies pour vous retrouver toute entière, dispersée comme vous l’êtes. Votre Hope, je veux dire notre Hope a trop de vertu pour ne pas s’employer à une telle passion. (Il embrasse le bout de pierre) Moi aussi je suis seul. J’ai entamé ce pari contre le destin. Vous m’avez demandé de choisir entre ma vengeance et ma conscience, vous souvenez-vous ? Eh bien comme tout sage, je vous ai entendu à demi. Ecoutez-donc ce jeu fort amusant que vous avez déjà gagné malgré vous, reine bienheureuse ! (Il désigne du sabot la foule des esclaves toujours marchante) Si un de vos anciens prosélytes m’apporte ce cristal doué de parole, un équivalent de ce brave aruspice qui m’a mené sur ce trône, je les libérerais. Et avec l’aide de la marée salvatrice des umbrums délivrés, je débarrasserais Hope de ses trop gênants maîtres. Après, je vous laisserais. Si Hope veut un sceptre, elle n’aura qu’à tendre la patte. Si elle tient toujours à vous, vous êtes sauvée. Et si les princesses arrivent avant ? Vous ne gagnez pas au change. Non, non... Je suis maudit, moi, mais je garde un cœur sous ma cuirasse. Espérez que les lauriers qu’elle prendront sur mon corps leur donne suffisamment de pitié pour que le trône promis à Hope ne disparaisse avec ma vie. Hum... Vous vous dîtes sans doute que je devrais avoir peur, trembler, porter mes sabots à ma gorge et à mon cœur pour m’assurer qu’ils ne tomberont pas avant le terme. Non... Apprenez qu’il y a pire que d’être le faible naufragé seul au milieu d’une mer de brutes qui vous méprisent, et c’est de servir de maître à ces pantins qui vous ridiculisaient. Voyez ! (Il lève le morceau de roche). La foule innombrable de vos amis est ici réunie ! Y’en a-t-il un pour sauver sa souveraine ? Non. Quand vous étiez en guerre pour les affaires de ces épiciers, vous représentiez leur espoir de ne pas voir leur confort partir pour Canterlot. Ils vous voyaient luire tel un phare. Et maintenant ? Eh bien leurs yeux de marchands ne leur font voir que ce que vous êtes devenue. Un terne débris. Oh, mais vous valez toujours mieux qu’eux. Vous avez l’âme, au moins. (Le messager entre sur la terrasse. Sombra le remarque). Ah. Ça a commencé. Bientôt, si le sort a jamais façonné quelque vertu sur cette terre, vous serez libre et je serais exterminé. Adieu. Vous resterez toujours ma mère. (Il jette l’éclat de roche qui tombe devant les esclaves. Il se tourne vers le nouveau venu) Suivez-moi et n’omettez rien de ce que vous aurez à m’apprendre. (Ils rentrent. Les esclaves arrêtent leur marche à la sortie de Sombra. L’un d’eux pose son regard sur le bout de roche)
ESCLAVE : Quel maudit sort que de voir ce dément se pavaner devant le malheur qu’il cause au monde. Il fait des cadavres, et se moque d’eux devant ceux à qui ils étaient chers. Encore en rigole-t-il, si nous n’avons même plus assez de force pour pleurer.
UN SECOND ESCLAVE : Cherchez quelque sens à sa folie... les diables du Tartare seuls savent pourquoi nous grattons la terre et voutons notre dos sous le poids de ces cailloux, puisqu’enfin il lui suffirait de nous changer comme il l’a fait à notre reine.
UN TROISIEME : Mon frère est affecté aux mines sud. Il court là-bas la rumeur que l’armée Equestrienne arrive à grande enjambées pour nous délivrer.
LE PREMIER : Nous délivrer, nous délivrer... Une autre chaîne nous attend, avec ces hallebardiers de Canterlot, plus laide, plus sale peut-être que celle que nous portons. Avoir donné son sang contre eux et les voir entrer avec le glaive qui leur donnera force sur notre patrimoine et l’auréole des sauveurs autours de leurs cheveux...
LE SECOND : Et vous préfèreriez obéir à un fou ? Un régicide, tyran et probablement batârd, qui entends les pierres parler quand toute une cité hurle sous ses coups, sous la faim et le travail ? Les princesses ne sont jamais que les cousines de la souveraine que nous n’avons plus. Et elles ont Radiant Hope.
LE PREMIER : Et elles formeront un beau lien avec cette petite doctoresse. Une cristalline sur le trône, mais un étendard de Canterlot sur notre tour...
LE SECOND : Vous êtes borné, et l’âge ou l’effort a bien dû comprimer votre petite tête. Vous ne voyez rien ? Regardez-nous ! Regardez-vous ! Observez autour de vous ! Cet empire est mort, et nous creusons sa tombe... La liberté seule reste à sauver, tant pis s’il la faut avec des ailes et des cornes en même temps. Il faut voir si l’on ne peut pas déclencher une mutinerie au moment où les troupes de Canterlot seront en vue. (Au premier esclave) Me seconderez-vous, vous qui avez déjà sauvé votre patrie une fois ?
LE PREMIER : Je suis vieux...
LE SECOND : Bougre de lâche ! Une potence sous un écriteau pour les gens comme vous ! (Au troisième) Et vous ?
LE TROISIEME : (pensif) Ma grand-mère me racontait toujours que des monstres étaient enterrés sous l’empire...
LE SECOND : Oui, et ils prennent la forme d’orphelins mourants de froid quand ils en sortent, histoire de faire une mine meilleure en entrant au foyer qu’ils ruineront. Votre frère a entendu cette rumeur ; ils ont peut-être déjà entamé leur résistance de son côté. Si on coordonnait notre frappe, le cœur du tyran serait à la portée des piques Equestriennes en une charge.
LE TROISIEME : ... Elle se souvenait d’ombres entr’aperçues dans son enfance...
LE SECOND : Que je sois damné. Le courage enragé qui est dans mes veines se voit plus réprimé par ce tableau pitoyable que par le joug dont je vous vois tous écrasés, esprits et corps.
LE PREMIER : (se remettant en marche) Monsieur, vous êtes un emporté, et des plus malpolis. (Ils sortent)
Scène 2
(Un camp dans la neige à gauche de la scène. Des engins de sièges et des gardes y sont visibles. Entrent Celestia et Luna en armure, ainsi que Radiant Hope, enveloppée dans une bure.)
HOPE : (mélancolique) Un an... Il n’aura fallu qu’une année pour que ce lieu devienne tout à fait un enfer. Oh Sombra... Quel abîme s’est donc creusé en toi pour que tu viennes le refléter sur la terre ? Je n’aurais jamais dû partir... Il fallait essayer de comprendre. Et maintenant mon retour ne m’appartient même plus.
LUNA : Sur la Lune, dans ses faces cachées, des monstres que mon œil même ne saurait percevoir se livrent à des combats bestiaux qui ne finissent jamais... Et c’est ainsi, sous la pression de ces ombres, que mon royaume est couvert de cratères, mais ceci... Quelle blessure veut-il donc exhiber devant nos yeux ?
CELESTIA : La ville est devenue une ruine. Avant, les enclaves avaient la couleur qu’ont la bordure des gouttes d’eau lorsqu’elles tombent des hautes cascades. On dirait maintenant que la poussière qui sort de ces mines va engloutir le monde sous sa teinte obscène.
LUNA : Est-ce qu’il reste au moins quelque chose à sauver ici ?
HOPE : (levant les yeux) Oui !
CELESTIA : Tu songes encore à lui pardonner ?
HOPE : Non. Mais il ne peut disparaître sans qu’un vide plus grand ne se forme en moi.
CELESTIA : Depuis combien de siècles crois-tu que nous tentons de retenir le vieux monde ? Ceux qui étaient là avant nous étaient des monstres, et nous les nommions « parents ». Je ne sais pas ce qu’est Sombra, mais je vois ce qu’il représente.
LUNA : Regardes ce nuage noir au-dessus de l’empire ! Quelque chose semble planer.
HOPE : Quelqu’un vient. Il n’a pas l’armure ni les stigmates de ceux que Sombra a manipulé.
(Un éclaireur entre sur scène par la droite)
CELESTIA : Ah ! Wary Globe ! Mon fidèle éclaireur. Quelle sont les dispositions de l’usurpateur ?
WARY GLOBE : Votre Majesté, il n’en a point prit.
CELESTIA : Comment cela ?
WARY GLOBE : Eh bien, obéissant à votre demande, je me fais le plus gueux possible pour m’infiltrer dans la foule des cristallins... (Il s’incline humblement devant Hope.) Sauf votre respect. Je me glisse parmi la foule des esclaves, qui se meuvent par files dans des tranchées parallèles. Cette particularité du terrain me fait escalader de nombreux monticules. Infailliblement, je finis, à force de ne point suivre la marche des forçats, dans une posture fâcheuse devant un soldat cristallin au regard altéré par une étrange magie. Je me vois aussitôt pendu, ou pire, parmi cette foule poussiéreuse et effrayante. Mais... Rien. Le garde reste le regard dans le vide, et par instant cligne les yeux pour ne pas les laisser dessécher. Aussi troublé que choqué par cette aventure, je poursuis mon avancé dans la terre sèche et dans la poussière qui s’en lève. J’atteins finalement le palais, dont la cour – seconde de mes surprises – est entièrement vide. Les quatre portes à la base du bâtiment sont grandes ouvertes.
CELESTIA : Tu y es entré ?
WARY GLOBE : Certes non. J’étais arrivé là trop facilement pour ne pas suspecter un piège. Je me disais dès lors que je reviendrais ici en vous disant que l’usurpateur vous tendait une embuscade, mais...
CELESTIA : Mais ?
WARY GLOBE : Je voulais regarder comment, dans les rues et les grandes allées, il avait disposé ses forces. C’est alors que, sortant de partout, les gardes possédés se ruent devant moi, et forment la haie d’honneur la plus parfaite que je n’ai jamais vue. Alors que je me voyais déjà percé de part en part de leurs hallebardes, je me prends à répondre à ce curieux accueil en passant entre eux. A peine sortis-je la cour du palais qu’un rire sonore se fit entendre. Je me retourne, et regarde sur la grande terrasse du palais. C’était lui.
CELESTIA : Oh !
HOPE : Dites-moi, je vous en supplie, comment était-il ?
WARY GLOBE : Oh ! Il incarnait dans cette instant la contradiction elle-même. Je le vois, une crinière d’ombre flottante sur un pelage de cendres. Droit et fier dans une armure de plaques ornée de tous les attributs qui pouvaient le rendre royal d’apparence. Son sourire surtout... Ce sourire sarcastique qui découvrait avec ces deux canines un spasme de cruauté. Mais ce sourire, d’où était parti son rire inquiétant, ses yeux ne le soutenaient pas.
HOPE : Si c’est ce que je redoute... Que disait donc son regard, messager de la providence ?
WARY GLOBE : Oh, ces cercles rouges, imprimés dans l’espace vert de sa vision... Et ces volutes pourpres qui s’en échappaient... Si tout ceci ne semblait que des symptômes de sa nature, on voyait dans sa fuite qu’il s’échappait vers notre camp. Voilà ce que signifiait son expression. Ses yeux mélancoliques et ignorants du reste de l’univers sont surement à cet instant encore tournés vers ici, mais sans doute ne sourit-il plus. Il me congédia ainsi d’un geste du sabot. Me laissant partir comme si je n’étais qu’un mauvais domestique qui aurait brisé un vase dans sa maison.
LUNA : Mais alors...
CELESTIA : ... Il sait que nous sommes là. Globe, sais-tu quelles sont ses forces ?
WARY GLOBE : Je sais que l’on peut encercler le palais sans risques, mais je ne garantis rien au-delà.
CELESTIA : Faisons toujours cela. Si nous libérons les esclaves et que nous isolons les gardes envoutés, il sera isolé et forcé à l’affrontement. La cité sera libérée sans dégât inutile. Sonnez la charge !
HOPE : Attendez...
(Sans l’écouter, les princesses font un geste de ralliement et les gardes avancent avec elles jusqu’à la droite de la scène, où elles sortent. Sons de charge, bruits de sabot, cris de férocité se font entendre en coulisse. Hope, comme tétanisée, reste seule avec Wary Globe. Les réfugiés de l’empire entrent, regardant l’armée charger avec des acclamations de joie. Ils entourent Hope et se font plus silencieux et grave à la vue de son expression. Un d’entre eux se détache du groupe et se place à côté d’elle.)
REFUGIE : Le terrible état de nos demeures vous plonge dans cet état, princesse ?
HOPE : (froide.) Je ne suis pas princesse. Je ne le serais pas. Je ne peux plus l’être.
REFUGIE : Que racontez-vous ? Votre jeunesse fut terrible, il est vrai. Et voilà une seconde guerre qui vient frapper votre âme. Mais vous ne pouvez pas reculer. Vous êtes le baume qui fera cicatriser tout un peuple.
HOPE : (bas) C’est un pari... (haut) Il faut que je le retrouve. Il faut que je comprenne ! Il le faut ! (Elle galope en poussant un grand sanglot vers le côté droit de la scène.)
REFUGIE : Que deviendra notre pauvre monde, si même la douce Radiant Hope apprend à s’enrager ainsi ?
Scène 3
(Suite chronologique de la scène 1. L’intérieur du château. Porte d’où l’on voit l’extérieur. Un dais surélevé. Plus bas, une bande de poneys cristallins en robes de toiles grossière, usées et noirs, l’air vindicatif, sont tournés vers cette entrée et chuchotent entre eux nerveusement. Sombra et le messager entrent)
LE MESSAGER : Sire, bien loin de vous avoir désobéi, comme le temps que j’ai pris pour accomplir ma tâche le laissait suggérer, J’ai fait diligence vers le sud pour porter votre message. J’ai souffert dans la neige et les terres sauvages. Arrivé devant Canterlot, plus faible et amaigri qu’aucun de vos sujets ne l’est actuellement, je me vois renvoyé vers Everfree, où les princesses tiennent leur cour d’été. Sans escorte, ni vivres appropriés, cette route pourtant plus courte que la précédente me fut cependant plus pénible. L’obscurité de la forêt et son hostilité ajoutent à mon malheur. Recueilli plus que reçu dans leur forteresse, les princesses reçoivent mon message avec le récit de mes propres misères. Me donnant ce qu’il faut pour assurer mon retour.
SOMBRA : Et ?
LE MESSAGER : Je me suis correctement assuré, selon vos instructions, que leur ost était dirigé vers l’empire...
SOMBRA : Et ?
LE MESSAGER : Il vient ici des centaines d’équidés en armures dorées, aux panaches bleus, sonnant dans des cors comme les yaks barbares n’en auraient pas. Des étendards blancs à perte de vue. Tout autour flottait comme un essaim les agents de la princesse de la nuit, leurs ailes sinistres les suspendant au ciel comme un grappin à une hauteur. Leurs cuirasses, pourtant toute en contraste avec celles de leurs frères d’armes, portaient dans leur centre un œil bleu tourné vers vous.
SOMBRA : Les princesses dirigent bien leurs forces d’attaque ?
LE MESSAGER : Seigneur, vous n’en sauriez douter. Elles étaient là, au cœur du nuage formés par les poneys de l’ombre, sur un char d’équipée guerrière et garni de tout ce dont pourrait rêver un chasseur de vouivre ou un bourreau, et tiré par huit pégases féroces. La grande sœur et la cadette, toutes d’armures d’or parées.
SOMBRA : (Sanglotant presque.) Et ?
LE MESSAGER : Et Radiant Hope était derrière elles. Après le passage de cette procession, je m’éclipsais dès que possible. J’ai entendu leur marche de loin en arrivant dans les parages, et je suppose qu’à l’heure qu’il est, l’empire est surement dans leur ligne de mire...
SOMBRA : (bas) Enfin... Tu es revenue... (haut) Bien. Tu as très bien agi. Je n’ai pas l’apparence ni la réputation pour affirmer une telle chose, mais je tiens au moins mes engagements. Tu me montreras tes parents dans cette masse errante au pied du château. Ils auront une chambre ici, et se verront ôter tous les désagréments qu’ils partageaient avec ceux qui leurs étaient semblables.
LE MESSAGER (Pleurant presque.) : Sire, je ne crois pas que je tienne plus qu’eux à une pareille grâce...
SOMBRA : Allons... Et pourquoi donc ?
LE MESSAGER : Tous ceux qui sont en bas me sont chers actuellement. Si je devais croiser leur regard depuis vos fenêtres, qu’importe si j’y lirais tristesse, haine, ou même pitié, tous ces yeux prendraient une langue et tous, dans une chorale d’enfer, hurleraient au parjure de l’un des leurs.
SOMBRA : (Il sourit.) (Bas) Alors il en reste... (haut) N’est-ce pas plutôt que tu espères un autre dénouement à cela ? Quand tu as vu l’armée flamboyante et vengeresse se précipiter vers moi, comme une flèche de la vertu lancée sans obstacle vers mon cœur (Il frappe sa poitrine.), ne voyais-tu pas un quelque autre espoir de voir le malheur des tiens tomber malgré la fierté de toute ta race ?
LE MESSAGER : Peut-être. Qui pourrait vous mentir sur cet article ? C’est l’hiver qui tenait Equestria en échec à nos frontières. Maintenant que ce secret s’est perdu avec Amore, l’empire se perdra avec vous. Mon ambassade avait pour objet de sauver des têtes qui me sont chères. Notre soi-disant indépendance peut pourrir au fond du Tartare.
(Les poneys en contrebas l’invectivent et le huent.)
LE MESSAGER : Qu’est-ce qui vous prends, brutes ? Allez-y ! Aboyez ! Vous en restez toujours aussi chien que je le suis. Plus, puisque vous avez abandonné vos parents pour vider les celliers et les coffres de celle qui nous aimait tous. Je ne veux pas deviner quel instinct vous a guidé. (Il désigne Sombra du sabot.) Nous rampons à ses sabots, vrai. Mais vous, vous les léchez avec une avidité de bête. Ah ! Je serais humble pour sauver mes parents, mais me faire tuer pour vous avoir insulté, butors, serait le plus grand des plaisirs.
UN DES PONEYS EN ROBE : Nous l’accomplirons, ton plaisir, camarade. (Ils se jettent sur lui. Sombra, éclatant de rire, s’interpose. Les assaillant s’arrêtent devant lui et baissent la tête. Sombra se tourne vers le messager.)
SOMBRA : Ha ha ha... Vraiment, tu me plais. (Aux autres.) Laissez, vous étiez une pierre de touche pour juger de sa valeur intrinsèque, et l’épreuve est concluante. (Au messager, lui jetant une bourse.) Si tu m’en croyais, tu descendrais vite briser les chaînes de ceux à qui tu tiens le plus avant de fuir ce lieu maudit. Recommence ta vie où on ne connait pas de Sombra. On va y assister dans peu à des choses que personne ne devrait voir, s’il existait un ordre dans ce monde.
LE MESSAGER : (interdit) Vous craignez donc votre défaite ?
SOMBRA : Je l’espère et ne l’espère pas. Tu es libre. Ta famille l’est également. Tu devrais moins interroger ceux que ta volonté n’a pas les moyens de fléchir et songer que ton courage peut encore sauver une parcelle de ce monde croulant.
(Le messager reste un instant immobile, puis secoue la tête. Il commence à partir. Les cristallins en robes lui ouvrent le passage. Avant de sortir de la scène, il tourne la tête vers Sombra, qui regarde l’extérieur. Il porte de nouveau son regard devant lui et s’éclipse tout à fait.)
UN CRISTALLIN : Sire ! Mais pourquoi donc laisser partir sain et sauf cet impertinent ?
SOMBRA : Il n’y a que vous qu’il ait offensé par ses discours. Et encore l’avez-vous voulu. Le seul ennemi réel que je connaisse est par-delà ces collines. Et je n’ai plus les moyens de le combattre.
SECOND CRISTALLIN : Qu’importe cet esclave insultant et vos ennemis. Laissez-nous être vos armes ! (Tous approuvent.)
SOMBRA : (Se retournant vers lui.) Es-tu jaloux des prérogatives que j’ai donné à ce poney ? Si ce n’est que cela, vous pouvez en faire autant...
SECOND CRISTALLIN : Et avec quelle armée vous battrez-vous ? C’est la guerre, Monseigneur.
SOMBRA : Oui... C’est une guerre qui sera sans batailles ni armées...
SECOND CRISTALLIN : Est-ce le nombre qui vous effraye ? Faîtes rentrer les gardes et barricadez la cité. Les chantiers de vos mines sont remplis de décombres dans lesquels nous pourrons faire autant d’embuscades que l’esprit pourra nous en inspirer.
SOMBRA : Enfant... Tu ne sais pas ta folie.
SECOND CRISTALLIN : Croyez-vous que je craigne la mort ? Ah ! Même si vous le vouliez, je ne fuirais pas.
SOMBRA : Et qu’est-ce qui pousse à un pique-assiette l’envie de jouer les héros ? Vrai, quand j’ai pris ce trône funeste, vous vous êtes tous jetés à mes sabots avant même que la garde et la forteresse ne soient à moi. J’étais encore sous le voile d’horreur que m’a jeté mon crime au visage... Puis, celui-ci s’évanouit, comme le choc de la première blessure enfantine. J’avais eu pitié de vous, alors. J’espérais, pour me divertir de ma cruauté, m’entourer d’un conseil stupide et brutal comme ceux des bons empereurs. Je vous ouvris la tour d’Amore, mais sans vous voir sérieux ou mélancoliques, ou encore pompeux, vous vous précipitiez sur le vin et les riches mets, vous vous mouchiez dans les tentures royales et ce que vous fîtes des étendards de l’ancien royaume mérite bien d’être passé sous silence... Enfin ayant pour toute compagnie des gosiers sur pattes, je ne m’étonnais plus de vous voir ouvrir les fenêtres pour vous voir cracher vers les chantiers où vos mères mourraient peut-être par mes ordres. Tous, ici, vous êtes en proie au revers de fortune pour avoir manqué de courage... Fuir est votre seule ressource. Je ne ferais pas se battre les gardes que je contrôle. C’était un pari, et il est perdu.
UN TROISIEME CRISTALLIN : Vous venez de le dire vous-même, monseigneur, nous n’avons plus nulle part où fuir. Il faut nous battre, quitte à mourir tout de suite, nous n’avons plus rien à perdre. Que nos parents soient morts dans une mine, qu’importe. Nous avons cessé d’être fils ou frère en embrassant vos dons. Nous ne sommes même plus tout à fait équin et personne ne voudrait...
SOMBRA : (mélancolique) Ah... Toi... Je me souviens de toi... J’étais depuis trois jour à cet orphelinat où je ne suis entré que pour le malheur des peuples. Tu jouais dans la cour de l’école en plein après-midi, si arracher les pattes des insectes et tourmenter ses semblables peut être appelé « jeu ». J’avais peur de toi, et te regardais de loin alors que tu étais déjà une peste dans cette petite république enfantine. Tu avais alors poussé trop fort sur le sol un de nos camarade, très frêle, et très timide, mais assez intelligent pour qu’il me détestât, lui aussi. Il tomba, museau sur la roche. Je me souviens encore de ton soupir d’effroi quand tu découvris les petits points rouges au sol. Tu pris ta victime par les épaules et tu la retournas pour admirer ton œuvre. Ah... Il pleurait bien le pauvre. Il ne savait pas pourquoi... Il ignorait même qu’il y eu des consciences assez mauvaises pour agir ainsi. Je m’approchais aussi pour voir le sang couler de ses narines et les larmes de ses yeux. Et pendant que je me perdais dans la fascination que me causait ces rivières parallèles sur son visage, il était né sur le tien, pendant rien qu’un instant, une expression de pitié ineffable. Je t’en croyais alors incapable. Pourtant, tu gémissais de concert avec lui, et les larmes étaient au bord de tes yeux comme des siens. Et j’allais pleurer moi aussi devant cette beauté désolante. Tu le suppliais de ne pas sangloter, mais il ne se contrôlait pas, le malheureux. Et plus tu l’exhortais au silence, plus ses cris déchiraient l’espace. Alors, pris de panique à l’idée de la punition, tu t’énervas contre lui, de plus en plus. Il n’aurait su s’arrêter devant une telle iniquité... Alors tu renouvelas tes violences pour le faire cesser... J’aurais pu m’interposer, prendre les coups, fuir, te dénoncer, venger ton camarade ou te louer pour ton courage... Mais non. Je restais là, loin d’avoir peur. Mais le spectacle ; le sang... C’était ce sang et ces larmes qui n’étaient pas les miennes, c’était ton incapacité presque divine à omettre la pitié... Ton sabot qui tremblait de la peur du châtiment plus que de l’hésitation alors que tu l’abattais sur son dos comme un marteau sur un clou...
(Grand silence, puis murmures dans l’assemblée.)
SOMBRA : Allez. Dispersez-vous. Votre courage n’en est pas un. Vous êtes trop pathétiques pour pouvoir même mourir en désespérés. Pour le faire, il faut être un héros, ou un monstre...
LE PREMIER CRISTALLIN : Messieurs ! Nous nous désolidarisons de ce poney, ou qu’importe ce qu’il est. Cette chose a perdu la raison. Celui qui suis un souverain sans tripes ni tête est perdu de toute manière. Nous ne pouvons plus nous défendre de ce monde que par nous-même. La mort ou la gloire ! (Tous applaudissent.) A l’armurerie !
(Ils s’apprêtent à partir, mais la corne de Sombra s’illumine, les entourant d’une lueur de magie violette. Ils tombent, endormis.)
Scène 4
(Sombra, seul)
SOMBRA : (Les regardant avec tendresse.) Non. Moi vivant, je ne tuerais pas, même si aux yeux du monde cette promesse est déjà rompue... Mais y’a-t-il seulement un d’entre nous pour se lever dans cette obscurité, la torche de la vérité au sabot ? (Il s’avance au milieu des dormeurs.) Qui serait seulement assez omniscient pour dire où sont les frontières du crime, si l’existence avait elle-même une justice ? Vous qui gisez là sans y être, sur ce sol, vous êtes puisqu’enfin j’entends vos respirations... Mais m’entendez-vous proférer à présent ces questions dans le vide ? Il parait que ne suis pas semblable à ceux qui marchent sur cette terre. Avant même qu’on ne me le dise, je me sentais déjà fantôme dans la grande foule des vivants. Suis-je sacrifié sur l’autel d’une vengeance vaine ? Non. Mon cœur m’a trop retenu dans mes actes et voilà que le dénouement que j’attendais approche... Oh ! mon peuple, tu ne seras pas libre. Non, pas plus que mes sabots ne sont demeurés purs. Soyons honnête ici. Je me confesse à vous, mes ministres, car votre état actuel est le seul dans lequel on peut vous faire confiance. Ces chaînes, ces mines, cette misère que j’ai rependue sur le lieu le plus heureux de la terre n’est pas le retour d’un peuple mort qui ne demande qu’une bouche pour respirer. C’est le retour de ce mépris que les poneys ont eu pour moi. Voilà le crime. Voilà pourquoi l’on n’aura pas besoin de balance pour mon acte. On m’aurait donné un poignard en disant : « celui-ci va tuer son frère », que je me serais précipité pour être faussement juste dans le malheur et moins sauver la vie d’un malheureux que voir si je pouvais en abattre un. Certes, tu étais aussi coupable, Amore ; tu savais. Tu avais la clé d’une énigme d’iniquité et le verrou sous les yeux. Maintenant il est trop tard pour nous deux. La conséquence de ton silence est le doux sommeil dans lequel je t’ai plongé mêlés aux maux que je fais peser sur ceux que tu aimes. De même pour moi, je paierais ma faute par la double expiation de l’emprisonnement de mes pairs, pendant que le monde ignorant et joyeux, gavé de vin et d’avenir, dansera sur la tombe qu’ils leur ont creusé ; et enfin – oh plus doux de mes maux – ma défaite et mon châtiment subis du sabot de notre meilleure amie commune. Est-ce parce que je ne suis de la constitution d’aucun de ceux-là qu’il me vient une grande joie là où la peur devrait guider mes sens ? Suis-je ivre ? Non ! Jour de fête, jour sacré ! Hope, tu vas revenir, et en faisant mon bonheur, tu inscriras mon nom dans cette lourde fresque de l’histoire. Ah ! Il y restera attaché comme une conscience à son crime... Quant à vous, princesses, méditez que vous serez les héritières de ma faute. C’est un état dont on ne sort pas indemne. Tremblement de terre, dragons, démons du Tartare ou quelque autre punition plus sombre et plus féroces viendront vers vous... C’est l’ordre du monde. Le juste ne tue pas le tyran, mais d’autres voleurs viennent pour cet office sans voir le fer effilé d’un ruffian qui songe déjà à tracer un sillon rouge dans leur gorge, espérant les possessions qu’ils n’ont pas encore... Oh, venez... Venez... La coupe est bue. Pas une goutte de fiel n’y demeure. J’ai accompli mes actions sur la terre... Et je me sens las... Hope... Promets-moi que tu me laisseras appuyer une dernière fois ma tête sur ton épaule avant que de partir... Il est terrible, l’adieu qui n’a pas d’au revoir...
(Silence de quelques instants. On entend ensuite un cri de Wary Globe en coulisse. Sombra lève vaguement la tête, se dirige vers la porte qui mène vers l’extérieur. Le reste du monologue s’entends depuis les coulisses.)
SOMBRA : (Poussant un rire explicitement forcé.) Alors c’est toi qui ballade ton œil indiscret depuis plusieurs heures dans ma belle république ? (Un silence) Ce n’est rien. Pars. Dis à tes maîtres que Sombra les attends pour le thé dans son salon et... Non, ne leur dis rien. Seulement que je suis seul ici. Et que je les attends...
Scène 5
(La cour du château de l’empire de Cristal, devant le piédestal vide du cœur. Le château est illuminé de teintes grises, rouges et violettes. On voit éventuellement le paysage désertique laissé par les mines. Sombra entre, l’épée au côté, et attend un moment, nerveux.)
SOMBRA : Elles ne se pressent pas... Elles ont raison. Elles entreront de ce côté, faisant jouer une marche joyeuse par leurs clairons. Le bruit attire la foule des esclaves qui perdra la peur du châtiment devant son sauveur, et faute de ne pas à avoir de pétales de roses à déverser sur le cortège, ils la recouvrent de hourras. On improvise et la chose est entendue. (Il fait les cent pas en silence, et revient à son point de départ.) Elles ne se pressent vraiment pas... C’est étrange, je me souviens qu’enfant, à l’orphelinat, je voyais la vie sans son contrejour, et en somme, j’étais immortel par ignorance et par désir d’être toujours fidèle à celle qui m’accorda son amitié. Maintenant, je ne souhaite plus que cela finisse. Tout m’est devenu si lointain... Je vois ce monde comme si j’avançais constamment entouré de brumes. Il est ainsi notre destin de voir nos sens se délier... Mais cette maladie qui supprime la volonté de prolonger son existence... Ce ne peut être que la chimère des âmes les plus nobles. Amore, tu l’as compris, toi, quand tu t’avanças cette nuit pour m’affronter. Ah ! C’était ce brave temps où l’on pouvait se battre pour les siens, pour sa liberté ou sa conscience, tandis que les poneys de maintenant avancent pour un chemin de fer et les tas d’or qu’il cache. Avoir vingt et un ans, être un cadavre en sursis, haï de tous, mais rester au-dessus des autres têtes par ce je ne sais quoi qui rend l’âme libre... Quelles bifurcations étranges ais-je donc pris dans le labyrinthe du destin pour devenir ce que je suis ? Qui ne le saura jamais ? (On entend un cor et une trompette militaire.) Ah ! Mon oubli ! (Il tire son épée. Entrent Celestia et Luna, armées elles aussi. Elles sont accompagnées par plusieurs gardes qui encerclent Sombra.)
CELESTIA : Rends-toi, tyran ! J’ignore pourquoi tu ne t’es pas servi de tes gardes pour te dresser un rempart, mais cette complaisance ne te sauvera pas. A moins que tu n’aies dans la tête quelque embuscade à nous faire subir ?
SOMBRA : (D’un ton méprisant.) Je n’ai plus qu’une à vous faire négocier, princesses.
CELESTIA : Vraiment ?
SOMBRA : Ma mort.
LUNA : Ne t’en fais pas, fléau du nord, elle est déjà prête, la fosse d’aisance où l’on oubliera tes restes.
SOMBRA : Oh ! Je n’en doute pas. Vous êtes venues dans un dessein des plus noble, et je sens l’horreur de la tyrannie sur vos visages triomphants. Pourtant, il faudra que vous m’écoutiez une seule fois avant de fondre sur moi.
CELESTIA : Pourquoi t’écouterions-nous, quand le sort d’un monde est la pointe de nos lames ? (Elle place la pointe de son épée sur sa gorge.)
SOMBRA : Car vous n’aurez pas l’empire sans le cœur.
LUNA : (Le pressant de sa lame par derrière.) Si l’hiver n’a pas encore recouvert la cité, c’est qu’il n’est pas loin. Un objet perdu, ça se retrouve. Même si cela prendra plus de temps que de réparer tes dégâts...
SOMBRA : (éclatant de rire.) Me prenez-vous donc pour un enfant jouant une mauvaise farce ? Si je dis que vous ne trouverez pas le cœur sans mes instructions, c’est que j’y ai mis des sûretés, et certes, je ne donnerais pas mon artifice pour tous ces coffres de banque que vous convoitez en me menaçant.
LUNA : Crois-tu réellement, immonde régicide, que nous négocierons avec l’assassin de notre cousine ?
CELESTIA : (Baissant légèrement son arme.) Que veux-tu ?
SOMBRA : Parler pour la dernière fois à mon amie d’enfance, et la faire devenir mon exécutrice. Un adieu contre le cœur et ma vie.
CELESTIA : (Entrainant Luna et parlant bas avec elle.) Qu’on la fasse chercher, et l’affaire ne prendra pas plus d’un quart d’heure. C’est un butor, mais nous lui devons cette conquête.
LUNA : (Répondant de même.) : Et si c’est un piège ? Il entraine Hope avec lui, et nos affaires se voient mal arrangées. Sans l’héritière, et possiblement accusés de l’avoir perdue, la révolte grondera.
CELESTIA : Il nous faut délibérer.
HOPE : (Arrivant en courant sur la scène.) Sombra !
SOMBRA : (Réjoui.) Voilà la seule promesse que mes jours n’aient jamais tenue. Oh ! Doux crépuscule...
CELESTIA : Quoi ? Tu n’es pas restée au camp ? Ce n’est pas un spectacle pour...
LUNA : Hope, recules ! On ne sait peut-être pas encore toutes les horreurs dont cette chose est capable.
CELESTIA : Au nom d’Equestria, Hope, qu’es-tu venue faire ici ?
HOPE : Je voulais comprendre...
LUNA : Qu’est-ce que cela signifie ?
SOMBRA : (S’approchant d’Hope, il prend son épée et se met en position de rendre son arme. Luna, Celestia et un soldat s’interposent.) Je viens de vous le dire, je viens ici mendier mon destin. Hope... Je ne saurais compter les instants durant lesquels ton image m’a hantée depuis cette nuit...
LUNA : Arrière, démon !
HOPE : Non, laissez-le... (Tous s’écartent, mais restent proches. Air de méfiance.) Sombra... Tu m’as donné autant de malheurs que tu as mis de poneys aux fers. Et pourtant, devant les proscrits échappés de ton empire et les nouvelles sinistres qu’ils apportaient, devant le souvenir d’Amore volant en éclats sous mes yeux... Oh, que l’on m’étrangle sur-le-champ... Je n’ai pas même trouvé la force de te haïr ou de faire semblant de verser une larme. Il m’est même arrivée de penser, au fond du lit qu’on me donna en terre étrangère, à cette rencontre. Je m’y voyais telle qu’alors. Sans pleurs ni acrimonie. Est-ce que ma compassion fut déchirée en même temps que la princesse ou bien était-ce la pitié ancrée trop profondément en moi ? J’en suis venue à vouloir comprendre, si toutefois il y a un sens à cet étalage d’horreurs se succédant les unes aux autres.
SOMBRA : Hope... C’est en interrompant une vengeance que tu devras trouver la tienne. Haïs. Si j’ai un ordre à te donner, ce sera celui-ci. L’apathie ne sert de rien. Elle fera de toi un spectre, qui, vaguement sur la terre vagabondera, avant de s’effacer sans que l’on ne s’en rende compte. Hope... Tout peut finir maintenant... Tu peux reconstruire quelque chose. Te faire aimer des tiens, sans avoir à comprendre ce qui fit de moi un paria. C’est la nature qui sème les graines de nos êtres, et je fus une plante parasite dans la forêt.
HOPE : (émue.) Sombra...
SOMBRA : Mais moi aussi j’attendais cet instant. J’en rêvais, jour et nuit. Et il me semble presque que tout ce que j’ai connu depuis mon crime ne fut qu’une illusion devant cette retrouvaille. J’ai un cadeau pour toi. (Il lui tend son épée, dirigeant la lame du côté de sa propre gorge.)
HOPE : (En larmes.) Ah ! Que me demandes-tu là ? Faut-il que tu sois aussi monstre que je l’ai dit ?
SOMBRA : Un geste et tout est fini. L’oubli sera la bonne terre d’où germera de nouveau le bonheur des peuples. Sombra et ses horreurs seront le fumier de la prospérité. Et un gros poney, dans un habit bien propre, pourra dire : « Enfin, je respire bien complètement dans l’air pur de la liberté, le ventre aussi rempli que mon coffre de banque et la personne aussi cocue que je ne suis plus esclave. ».
HOPE : (Avec un vague sourire.) Non... Tu peux faire partie de tout cela. Ton pouvoir est néfaste, car tu l’as mal dirigé. Il y a eu suffisamment de perte, tu ne crois pas ? A peine un mort et c’est déjà un monde qui est bouleversé... Tu peux faire de grandes choses, Sombra. La vraie rédemption passe par l’acte, la souffrance n’est qu’une vaine échappatoire. Si tu veux être brave à mes yeux, tu n’as qu’à te lever et à te proposer comme serviteurs de tous ceux que tu as fait souffrir.
SOMBRA : (Souriant tristement.) Enfant... Tu es pure de corps et d’acte. Le crime n’est pas ce dessin de crayon obscène qu’un coup de gomme peut effacer. C’est une maladie. Un parasite qui ronge l’auteur de sa malfaisance et se développe en lui, y faisant naître un esprit à part. L’esprit du crime, Hope. Tout criminel est un possédé, et il n’est qu’un rituel pour le guérir...
HOPE : Lequel ?
SOMBRA : La punition. Mais ne perds plus de temps. Chaque seconde passée réduit ta détermination déjà menacée par ta nature trop magnanime. Tu es venue seulement pour ce coup. Tu le savais toi-même, et tu te mentais en pensant le contraire. Frappe !
(Hope prend l’épée, hésite, tremble longuement. Elle la laisse finalement tomber à terre en pleurant et recule, tête dans ses sabots. Sombra ramasse son épée.)
LUNA : Assez ! Comme si nous pouvions perdre tout ce temps ! (Elle frappe Sombra, qui pare le coup.) Le cœur, nous le trouverons, avec ou sans ta parole de régicide. (Ils se battent.)
HOPE : (Tentant d’intervenir, mais retenue par Celestia et un soldat.) : Sombra ! Non !
CELESTIA : (A elle-même.) Ah ! Ma sœur ! Votre forte tête nous perdra ! (Aux soldats.) Emmenez-là au camp ! Elle n’est pas en sureté ici ! (A Sombra.) Quant à toi... (Elle se joint à sa sœur.)
SOMBRA : (Se battant, à Hope.) Non ! Restes ! Je ne supporterais pas une autre agonie que celle que je m’étais faite !
HOPE : (Se débattant.) Non ! Laissez-le ! Il a perdu l’espoir mais on peut encore le sauver ! On peut encore le sauv... (les soldats lui posent un sabot sur la bouche et l’entraînent hors de la scène.)
(Celestia et Luna restent seules, affrontant Sombra pendant quelques instants. Elles finissent par le désarmer.)
LUNA : Daigneras-tu souiller le monde d’une dernière parole avant de le quitter ?
SOMBRA : Serait-il déjà temps de mettre un terme à cette parodie de vie ?
LUNA : Oui. (Elle le frappe au ventre, sans succès.) Qu’est-ce que ? (Elle recommence. Même résultat.) Ça ne peut pas être ainsi ! Ça ne doit pas être ainsi ! (Elle multiplie ses tentatives, en vain.)
SOMBRA : C’est donc vraiment que je me refuse à mourir par un autre sabot... Oh... Je ne suis qu’une ombre, et il me faudra sa lumière pour disparaître... Ce sont les pouvoirs de ma race qui font ceci, princesse de la Lune. Je puis devenir brouillard si je le souhaite. Au final, je gagne encore.
CELESTIA : Elle ne voudra pas t’achever. Elle ne le pourra jamais de bonne grâce. Il semble que l’on ne puisse te satisfaire... Avoir dompté Tirek, Discord, et sauvé la tête de plus de rois qu’un livre d’histoire n’en saurait compter... Et maintenant se voir incapable d’écraser un jeune insecte qui joue avec la vie et la mort comme un enfant avec un objet précieux et fragile... Année maudite, verrons-nous donc ta fin ?
SOMBRA : (Après un silence.) Il semble donc que nous ne pouvons nous contenter mutuellement...
CELESTIA : Je le crains fort.
SOMBRA : (Se relevant.) Alors nous pourrions en rester là...
LUNA : Crois-tu pouvoir échapper à la justice ?
SOMBRA : Et vous ? (Celestia et Luna se regardent, interdites.) C’est décidé. Vous ne pouvez me donner la miséricorde que j’attends. Je ne puis consentir à libérer ce lieu de malheur... Si je n’ai pas ce que je souhaite...
CELESTIA : Et que comptes-tu faire ?
SOMBRA : Vous priver de votre caprice, comme vous avez fait du mien. (Sa corne s’illumine.) C’est bien. La pénitence n’est pas encore venue. Mais votre faute attend encore la sienne. Hope sera là pour la voir, et alors, elle comprendra de quel matériau ce monde est formé. Pour ma part, je m’exile dans un autre, avec tous vos précieux sujets !
(La scène devient soudainement noire. Roulements de tambours ; bruits d’éclairs et de tempêtes. Des lumières violettes, rouges et vertes s’allument, s’entremêlent, dansent de plus en plus vite, puis s’éteignent. Scène plongée dans l’obscurité.)
Scène 6
(Même décor que la scène 5, mais l’empire et ses bâtiments ont disparus. Celestia et Luna regardent autour d’elles, incrédules.)
LUNA : Ce gueux n’a tout de même pas...
CELESTIA : Il faut croire qu’il le pouvait...
LUNA : Même les habitants... On ne voit plus que les mines au loin...
CELESTIA : Enfin, comment ? On ne fait s’évaporer une ville en quelque secondes, avec tous ces habitants !
LUNA : C’est qu’il fut vraiment un monstre...
CELESTIA : Rien... Il ne reste vraiment rien...
LUNA : Les mines... Le reste de la peine de ces malheureux qui devront encore souffrir je ne sais où... Et je crois apercevoir l’ombre de la gare au loin...
CELESTIA : Il semblerait que seuls les nôtres soient encore ici... Mais... Les réfugiés ! (Wary Globe entre, affolé.)
WARY GLOBE : Vos Majestés ! C’est horrible !
LUNA : Qu’avez-vous donc à nous dire que nos yeux ne sauraient actuellement percevoir ?
CELESTIA : Où sont les réfugiés ?
WARY GLOBE : Ils avançaient derrière Hope, trop impatient d’aller eux-mêmes briser les chaînes de leurs parents. J’allais avec eux pour les protéger, si besoin était... Mais à peine avaient-ils reconnu les leurs que ce maudit sortilège nous surprit tous. Quand ce fut fini, plus de carcasses possédées, plus d’esclaves, plus de réfugiés. Notre armée est toute désorientée et erre sur la plaine à l’entrée des mines. Tout est comme effacé de la surface de ce monde.
LUNA : Quel malheur nous fait nous geler dans le Nord sans que nous n’en tirions rien ? Où que soit désormais ce tyran, il doit bien rire du tour qu’il nous a joué.
CELESTIA : Paix, ma sœur, tes maux sont également les miens. Nous n’avons plus qu’à nous réunir et partir puisque seules la poussière et la neige peuplent désormais ce lieu maudit.
LUNA : Et la voie du Nord ? Et cette œuvre qui a coutée tant de vies et d’espérances ?
CELESTIA : Plus de ville, plus de ravitaillement, plus d’étape. Ce chantier est caduc et même les yaks barbares ne voudraient pas de cette terre. Ouvrons les yeux... Au moins une menace pour Equestria s’est éloignée. Les choses pourraient être pires... (Deux soldats arrivent, dans le même état de Wary Globe.)
LUNA : Vous ! C’est vous qui étiez chargés de ramener Hope au camp !
PREMIER SOLDAT : Si fait, Majesté.
CELESTIA : Et y est-elle ?
SECOND SOLDAT : Votre Majesté... Je crains qu’elle ne soit échappée...
CELESTIA : Comment est-ce possible ?
PREMIER SOLDAT : Nous tentions de la maintenir, mais elle se débattait comme une furie, tout en poussant des jurons avec une telle véhémence qu’elle eut intimidé l’armée. Enfin il arriva cette étrangeté qui lui fit perdre tout à fait la raison. Nous nous étions retourné pour voir ce qui se passait avec ces lumières, mais à peine l’empire disparu, elle pousse un cri effrayant, nous repousse violemment et sans même que nous ne y attendions avec sa magie...
LUNA : Elle n’a donc pas été affectée par le sortilège...
CELESTIA : Où est-elle actuellement ?
SECOND SOLDAT : Elle s’est mise à galoper furieusement, avec des spasmes et des rires déments. Dans les collines recouvertes de neiges que vous voyez là-bas, nous la poursuivons quelques instants... Il nous semblait qu’elle se dirigeait vers une forme rouge entr’aperçue dans l’étendue immaculée. Mais quand nous franchîmes la dernière butte qui nous séparait de ce monolithe, nous ne trouvâmes rien qu’un creux enneigé parmi les autres...
LUNA : Incapable ! Qu’aviez-vous à baisser votre garde ? Contre une simple licorne, et des plus pusillanime, encore !
CELESTIA : Vous tous, préparez-vous à sonner la retraite. Nous rentrons.
LUNA : Notre cousine morte sans sépulture, l’empire perdu on ne sait où, s’il n’est pas détruit... ses habitants esclaves et prisonniers. Tout cela ruinant un projet qui aurait pu déverser la richesse sur le pays, et rend caduques plusieurs années de guerres... Et voilà Hope, folle et disparue... Pauvre enfant... Si elle n’était pas l’innocence, qui sous le ciel nous ferait croire qu’elle existe ?
CELESTIA : Tout de même, quelle étrange histoire...
LUNA : Tu crois que c’est encore un coup de ce démon ?
CELESTIA : Tout ce que je sais, c’est que ce pays nous donnera encore bien des malheurs si nous nous y attardons. Hope ne nous accepterait plus si nous la retrouvions. Je ne crois pas qu’elle soit disparue, mais si elle a tiré quelque sagesse de cette journée, jamais plus elle ne parlera à un de ses semblables... (On entend le cor qui annonce la retraite. Effet de crépuscule. L’ombre se fait légèrement sur le plateau. Il fait de plus en plus sombre au fur et à mesure que les personnages parlent.)
LUNA : Alors partons.
CELESTIA : J’ai encore échoué. Tirek, Discord, mes prises d’armes contre mes voisins... Rien. Je n’ai jamais rien pu éviter. Quelle punition le destin réserve donc encore à mon royaume ? Quelle peste pourra encore décimer les grains prometteurs au profit d’une ivraie vicieuse ?
LUNA : Tu es fatiguée, ma sœur. Tu as toujours bien agi. Equestria est debout. Ses armées, intactes. Et son peuple continuera de suivre son guide vers des temps meilleurs.
CELESTIA : As-tu écouté les dernières paroles de ce dément ?
LUNA : (Se jetant aux genoux de sa sœur.) Ne t’inquiètes pas de cela. Nous avons eu notre part de souffrance. C’est fini, maintenant, fini, tu m’entends ? Nous allons rentrer, Tia. Nous irons en Everfree, prendre du repos. Ordonner des fêtes dans tout le pays. Ce sera un temps de concorde, d’harmonie... Partout les exploits de cette année nous rappellerons à combien de luttes nous devons notre bonheur, dont il serait criminel de ne pas profiter, car c’est tuer un mort deux fois que de ne pas user de son sacrifice. Nous serons toutes les deux, côte à côte pour se soutenir l’une l’autre... Et surtout, surtout, nous effacerons des mémoires et des livres d’histoire les traces de cet empire maudit... (Elles sortent ; entrent Sword Dolt et Financial Lore, en tenues d’hiver.)
SWORD DOLT : Eh bien ! Cette campagne sur laquelle vous fondiez tant d’espérances – du moins assez pour mettre votre noble « pacifisme » de côté – a tournée bien court, camarade...
FINANCIAL LORE : Ne m’en parlez pas. La paix ne m’avait laissé le temps que d’un seul placement, que les circonstances ont rendu bien malheureux, vous le voyez. Avec cette étrangeté, me voilà volé d’un demi-million.
SWORD DOLT : Oh oh ! Je vous admire, vous, derrière vos petites lunettes, à balader sur votre dos tant de paperasse, à voir le chiffre, le bits, compter, bien recompter, mieux re-recompter, et au final ne voir dans le mouvement du monde une simple tempête d’argent.
FINANCIAL LORE : Vous parlez pour votre profession, mon cher. Celle qui non seulement voit le chiffre, mais qui a la délicatesse de l’appliquer au poney plus qu’à l’argent. Mais allons, vous êtes bon capitaine, je vous pardonne.
SWORD DOLT : S’ils étaient encore là, ces marsouins de poneys de verres, qu’auriez-vous fait ?
FINANCIAL LORE : Je me serais assuré que cette voie menait quelque part, qu’un investissement y valait bien le risque...
SWORD DOLT : Et ça les aurait aidés ?
FINANCIAL LORE : Ces paysans ? Vous plaisantez. Ils vivaient dans le cristal avec des coffres vides. Si ce Sombra voulait redresser son économie, je crois qu’il s’y prenait à merveille. La moindre pièce ici était un don. Une perle offerte aux pires pourceaux du monde.
SWORD DOLT : Hé hé ! Si on vous laissait faire, vous feriez plus de dégâts dans un pays que toutes mes batteries ne sauraient en faire... Et si la voie n’en aurait pas valu la peine ? Vous les auriez laissés ?
FINANCIAL LORE : Certes non ! Je reste équin ! Ils avaient de quoi s’en tirer... Après tout, le site était pittoresque. On y aurait calé un stade et quelques boutiques de souvenirs... Mais sans poneys et sans souveraine aimable, tout cela n’est qu’une chimère. Mes affaires resteront exclusivement en Equestria. Je peux encore faire un patrimoine à mon petit dernier. Après tout, il faut travailler pour ceux qui viendront après soi...
SWORD DOLT : Z’avez bien raison, camarade, z’avez bien raison... (Ils sortent.)
Scène 7
(Sombra est seul sur la scène, sans couronne, nu. Plongées entièrement dans l’ombre, les ruines de l’empire sont encore à peu près discernables. Plusieurs poneys, parfois leurs chaînes encore au cou, dorment à ses côtés. Sombra reste immobile et seul sa tête et ses pattes avant dépassent de l’ombre)
SOMBRA : Oui, voilà une assez belle manière de se retrouver. Entouré de vide, on peut se couronner maître de l’infini. Me voilà roi d’un monde. (Il regarde à ses côtés et remarque un esclave dormant, la chaîne au cou.) Toi, malheureux que j’ai entraîné dans cette cavale où c’est l’univers entier que nous fuyons, toi, digne mérite de ta race, je te nomme ministre, général, chancelier et intendant de nos affaires. (Voyant qu’il ne réagit pas, il va à lui et tire sur sa chaîne dans le but de le réveiller, en vain.). Allons, du nerf ! De la force ! Il s’agit de retrouver le monde ! De le récupérer ! De récupérer... (Il lâche l’esclave.) Impossible. Les pierres n’auraient pas un sommeil plus profond que celui de ces imbéciles. Armée de néant ! Lâches devant qui s’est toujours montré faible devant eux ! (Un silence.) Même les cris ne gênent pas ces morts qui ronflent. C’est la lumière qu’il leur faut. Un espoir. Oui, un gentil petit espoir taillé comme un bijou. Ah... C’est l’ombre qui incite au sommeil. On pourrait voir les loups, les tempêtes, les chimères et les astres se déchirer dans la nuit sans en perdre le désir de s’oublier. Qu’Equestria m’emporte, au moins me voici dans ma meilleure retraite. Désolé, Hope. J’ai gagné malgré moi, et ce cœur que je réservais à ta belle vengeance est dans le plus certain des lits. Pas une étoile pour sertir le ciel, si c’est bien le ciel que l’on voit. Pas une lueur pour... (Le spectre d’Amore entre sur scène, silencieux. Sombra ne le voit pas. Soudain il s’affaisse, et se tourne vers le public.) Je ne suis pas seul ici. Hope ? Est-ce toi ? A moins que vous ne veniez vous-même achever votre pesante besogne, reines avides de conquête ? Ah, je vous cède un trône que je ne reprendrais pas pour tout l’or de Griffonstone. Ceci est mon œuvre, et elle est désastreuse, prenez, prenez. Je brade la muselière par laquelle les peuples se changent en chiens obéissants. Je veux juste, oh... Je souhaitais juste choisir moi-même mon bourreau. Hope... Que ne t’ai-je offert le seul cadeau que j’aurais pu te faire ? (Un silence. Il met son sabot devant sa bouche, comme pour inciter au silence.) Il y a ceci de drôle dans le malheur qu’il vous rend philosophe malgré vous. Est-ce cette nuit, ma solitude, mon sort ou ma destinée qui me remplissent ainsi de prophéties ? Non... Un autre viendra, pour les énoncer à mon ennemi, et mieux que moi, dérisoire orateur devant les tribuns de cette obscurité sans rêves. Quant à moi ... (Il s’allonge sur scène. Seule sa tête reste visible.) Bah. Même la mort a une fin. Un sommeil serait trop agréable s’il devait ne finir jamais. Adieu, Hope. Ta mortalité de vertueuse me fera défaut avant ce temps à venir qui aurait pu être joyeux à tes côtés... Ah, s’il est donné aux âmes corrompues d’avoir raison une seule fois dans leurs existences... Oh, Lune et Soleil, météores de mon malheur, je suis ici plus à l’abri que vous. Mais cessons ces bavardages avec notre conscience, cédons à notre sort, et rêvons du retour. (Il s’endort. L’ombre le recouvre complétement. Le spectre d’Amore, toujours présent, traverse lentement la scène. Des larmes noires coulent visiblement de ses yeux. Elle sort de la scène par le côté opposé d’où elle était venue.)
Rideau.
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Voila qui est bien mignon comme petite anecdote :D
(Je sais que j'ai essayé de donner des raisons morales d'agir aux princesses, mais peu de gens aiment les impérialistes). Grif est celui qui m'a amené sur le site, et qui m'a ouvert au fandom en général (avant j'étais juste brony dans mon coin), et qui m'a amené à écrire, tout simplement.
Au fait, pourquoi est elle dédiée à GrifDaraconis ?