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La promesse d'un retour

Une fiction écrite par RIRICHOUX.

Aveuglement mutuel

La changelin peina à trainer son déguisement de chair jusqu'à la gare désertée. Son entrevue avec le prince avait été rapide, la locomotive n'avait pas encore prit le départ, c'était parfait, à présent assez loin du prince, il était évident que Dollay ne conserverait pas son apparence pour le voyage, trop voyant. Surtout, Shining Armor était censé se trouver au front, si on le voyait faire le voyage en sens inverse, bien des poneys se poseraient des questions.

Ainsi, à l'abri des regards, elle se para d'un corps plus discret, elle était désormais une jeune pégase dont la robe d'un violet pastel offrant une vision apaisante. Une balzane blanche couvrait son antérieur droit jusqu'au genoux, ses autres membres étant vierges de taches. Sur son chanfrein glissait une ligne immaculée jusqu'à ses lèvres, sa crinière sage reposait discrètement sur ses épaules légères, son élégant port de queue laissait à penser d'elle une image particulièrement noble. Son crin ondulé était strié de mèches bleues et violacées, les extrémités de ses plumes étaient mouchetées d'un blanc délicat.

Son être tout entier semblait agréable à contempler, seul un détail rendait sa vision quelque peu dérangeante; l'intégralité de ses yeux étaient blancs. Vitreux, sans nuances; son enveloppe était celle d'un poney aveugle.

Sa cutie mark précisait que cet aveuglement était dû à une maladie; un foulard jaune et rose ornait élégamment sa croupe arrondie. Les poneys aveugles se paraient généralement de cet attribut pour signifier leur handicap.

Dollay posa maladroitement ses ailes sur le sol, elle usait de ces dernières comme des capteurs sensitifs, les étirant, palpant la surface plane afin de s'aider à marcher. Ce n'était pas la première fois qu'elle usait de ce corps et elle l'appréciait beaucoup. Néanmoins cela faisait un certain temps que la changelin ne s'était pas emprisonnée dans une enveloppe aveugle. Ainsi il lui fallait un certain temps de réadaptation. Titubant, elle s'introduisit dans le train, butant sur la marche ce qui manqua de la faire tomber. Elle lâcha un petit gémissement de douleur accompagnée d'un craquement peu engageant.

Dollay appréciait les corps de poney. Leurs jambes étaient bien plus stables et fortes ce qui leur permettait d'effectuer de gros efforts sans ne craindre de se rompre les os. Les membres inférieurs criblés de trous des changelins se fatiguaient vite, de plus ces derniers étaient fragiles comme des brindilles mais aussi et surtout extrêmement légers. Cette spécificité faisait d'eux des sprinteurs sans pareils. Allégés dans leurs courses ils pouvaient semer n'importe quelle créature sur une courte distance. La finesse de leurs ailes était aisément capable de supporter leur poids et leur permettait un battement particulièrement rapide, ce qui produisait ce bourdonnement si particulier. Ils étaient les as du vol stationnaire.

Dollay prit place dans le wagon et posa sa croupe rebondit sur un siège moelleux près d'une fenêtre. Elle savait pertinemment que la beauté des paysages et que leur contemplation lui serait interdite. Mais c'est collée contre la vitre, qu'elle pourrait apprécier pleinement les vibrations des épaisses roues métalliques sur le rail gelé. Elle pressa sa joue fraîche, un peu rougi par le froid mordant de l'extérieur contre l'épais carreau du train. Dollay espérait secrètement que ce voyage durerait une éternité. À la vérité elle aurait préféré qu'il ne commence jamais.

En effet, cela signifiait la continuation d'une existence corrompue. L'idée d'abandonner cette promesse était évidemment survenue. Ce n'étaient après tout que de simples paroles mais c'était une question d'honneur. Elle ne le faisait pas pour Shining Armor ou même la princesse Cadence ces poneys si insignifiants. Elle avait fait un choix et se devait de le respecter jusqu'au bout, et ce, quelles qu'en soient les conséquences. Seulement, comment pouvait-elle prendre la place d'un prince et époux.

Il est évident que Cadence remarquerait la supercherie. Lorsque Chrysalis prenait l'apparence d'un poney, elle prenait également des tics de langage, d'expression parfois même de mouvements, c'était automatique. Mais, un simple changelin en était tout bonnement incapable. Si Dollay maitrisait tout à fait l'art du camouflage, celui de l'imitation lui était inconnu, elle était tout à fait capable de se dissimuler dans une foule et d'agir naturellement pourtant de prendre place d'un notre individu dans un contexte particulier dans une mission d'infiltration, la tâche s'avérait particulièrement ardue.

La changelin ne remarqua même pas le démarrage du train qui s'en était allé depuis déjà un long moment, elle était isolée dans le wagon froid, loin de toute existence, le souffle de vie qui animait autre fois la gare avait été étouffé dans l'épaisse tempête de neige.

Si le Solar empire et la Luna Republic allaient sortir vainqueurs de ce combat? Il y a plus d'un an, la réponse parraissait évidente pour tous. Pourtant,  le sort en avait été décidé autrement au grand désespoir de tous les poneys.

Dollay sentait dans ses sabots les mouvements mécaniques et réguliers du véhicule qui le menait vers un avenir particulièrement sombre. Peut-être était-il plus simple pour elle de se rendre à la ruche? Servir son ancienne reine une nouvelle fois, lui faire confiance, encore, espérer d'elle protection. Non. Chrysalis avait failli. Dollay était seule à présent. Elle avait fait une promesse, et elle, ne saurait faillir. C'était amusant de voir que tout ceux à qui elle avait prêté allégeance tombaient. Uns à uns. Sa reine. Cet autre poney... Un troisième également, et maintenant Shining Armor, il tomberait comme les autres lui aussi.

Les minutes s'écoulaient au rythme soutenu des roues sur le métal, alors que dans son esprit tourmenté les souvenirs désagréables se bousculaient, ressurgissaient, laissant de multiples frissons se succéder tout au long de sa colonne vertébrale jusqu'au bout de ses ailes frêles. Les rapports de forces étaient-ils tous si éphémères. Des visages refirent surfaces. Des murmures, le goût des larmes, teinté de rouge parfois.

Dollay en avait assez de ces tourments. Il y en avait trop pour toute une vie, ses épaules ne pourraient tous les supporter. Elle savait aussi que cette nouvelle mission ne ferait qu'alourdir son lot de souffrances. Mais, à quoi bon? Elle avait promis après tout. La somnolence la gagna, néanmoins, Dollay restait dans une étrange phase de demi sommeil, à peine consciente, elle parvenait à émettre quelques hypothèse, pourtant, il lui était impossible de se situer dans le temps. C'est cela le monde onirique. Un univers hors de portée du temps, de la maitrise.

Les vibrations de pas lourds sur le parquet du train tira la petite créature de ses pensées. La locomotive s'était déjà arrêtée. Nous avons déjà dépassé Cloudsdale? Questionna la pégase de substitution intérieurement.

Il s'agissait à l'évidence de deux poneys l'un d'eux devait être un pégase: ses foulées un peu plus étirées pour compenser la taille de ses jambes alors que l'autre devait être un terrestres : leurs sabots plus larges et leurs jambes plus épaisses émettaient de vibrations qui s'étendaient sur un périmètre plus large et leur bruit résonnait à peine plus longtemps.

Des guerriers sans le moindre doute.

Leur démarche éreintés, nonchalantes en témoignent ces soldats portaient sur leurs épaules une douleur incommensurable. Un silence pesant leur collait à la peau. Dollay se fit discrète, se pressent un peu plus contre la vitre froide. Une voix cassée l'interpella.

« Toi, identification immédiate, nom matricule et grade. C'est ton supérieur qui l'ordonne.

La changelin était intérieurement soulagée d'avoir choisi l'apparence d'un invalide. La brigade tourna machinalement la tête vers le lieu d'où provenait la voix.

D'une voix douce, elle osa:

-Pardon, Commandant, mais je n'en ai plus.

Elle sentit son interlocutrice hésitante.

-Es-tu un civile? Grinça la ponette ailée.

-Oui. Cassa la ponette d'un ton nostalgique. Depuis dix mois plus exactement poursuivit-elle.

Si elle se faisait passer pour un invalide elle gagnerait le respect immédiatement. Elle connaissait ce poney, et il était évident que la pégase bleue ne comprendrait pas la cutie mark encrée sur son poil qu'elle avait tout de même cachée par sa queue fournie.

-Je vois. Lâcha cette même voix.

-Est-il indiscret, impoli de vous demander la raison de votre voyage ? Essaya l'aveugle.

-Nous sommes en permission. C'est tout ce qu'il y a savoir. Je suis la seule en position de questionner coupa le commandant d'une voix froide.

-Ainsi reprit-elle sans s'adoucir -Où te rends-tu?

-Je rejoins les invalides auprès de la princesse Cadence. Murmura Dollay

Elle savait que c'était particulièrement mal vu par le corps de l'armée. Mais à quoi bon mentir?

-Humpf. Maugréa la pégase ne cachant pas son irritation

Un crissement métallique aigu et désagréable accompagné du sifflement d'air remué par la queue de la capitaine agressèrent des oreilles du déguisement de la changelin qui immédiatement les plaqua contre sa nuque.

-J'imagine qu'avec tes yeux c'est la meilleure chose en ces temps difficiles...

-Sergent Pie? Allons-y, ne laissons pas les autres seules elle est clean. " affirma la ponette ailée qui tourna le dos à la voyageuse fatiguée.

Les trois intruses s'en furent laissant là, le changelin un peu déboussolé. Cette entrevue l'avait tendue. Néanmoins son identité était restée secrète, c'est tout ce qui comptait. La locomotive commença à tirer, la force de traction colla Dollay sur son siège. Elle préféra souffler un moment.

Lorsqu'elle serait à Canterlot, aux invalides, elle profiterait d'un temps d'observation vis à vis de Cadence avant de réapparaitre en tant que Shining Armor. C'était la plus sage décision qui soit.

Elle laissa les vibration se propager dans tout son corps, le rythme régulier des roues berçant son esprit éreinté.

Un sifflement perçant déchira les tympans de la pégase violacée qui violement extirpée de son sommeil eut un sursaut monumental la projetant presque au sol.

Une voix monotone l'accompagnait;

"Canterlot; tous les voyageurs descendent du train!"

Sa destination finale.  Elle posa son antérieur droit sur le quai, suivi de son aile droite, puis de la gauche, avancer, son flanc gauche venait d'être bousculé par un poney peu délicat,  un morceau d'alliage lui avait frôlé la croupe, vraiment, cette ponette ne l'aimait pas et ne craignait pas de le montrer. Ses ailes appuyées sur le sol lui permirent de retrouver rapidement une certaine stabilité.

Ses jambes furent caressées d'un nuage de vapeur tiède accompagné d'un souffle rauque; celui de la machine qui allait pouvoir prendre un peu de repos. Dollay patienta un instant, attendit que les vibration de trois poneys se firent plus lointaines et se décida à progresser. Elle entreprit donc une marche méthodique, tremblante, hésitante, presque un peu hasardeuse, buttant dans les objets ou les équidés qui se trouvaient là.

Elle connaissait Canterlot par cœur, leur reine avait préparé leur offensive avec soin, chaque changelin avait du apprendre la carte de la ville, si il y avait une faille dans l'apprentissage, la punition était telle que la pauvre créature excellait ensuite dans la cartographie.

Elle aimait sa reine. Elle était sa reine. Alors, Dollay avait tout donné, tout offert afin de satisfaire ses moindre désirs, si bien quelle connaissait chaque recoins de la capitale, mais aussi le nom et les positions sociales de tous les poneys influents. Finalement, cet apprentissage acharné avait été vain. Dollay zigzaguait sur les pavés écorchés de la ville. Elle savait qu'elle se rapprochait indéniablement du palais, ce qui, l'encourageait dans sa démarche douloureuse.

Ses membres éreintés gravissaient laborieusement les dernières marches qui la séparaient du somptueux château. Ce dernier avait été érigé dans le nacre et le marbre, il était une véritable merveille qui faisait la fierté des poneys. Il luisait autre fois chaque jours aux premiers rayons du soleil, le halo de la lune soulignait ses courbes violettes, Dollay était soulagée de ne pas à avoir poser les yeux sur ce bâtiment si triste. Il avait perdu de sa splendeur, et son aveuglement lui permettait de ne garder de la battisse des souvenirs resplendissants.

Dollay, une fois encore manqua de trébucher sur le sol nu, ses jarrets étaient raides et douloureux, ne lui permettant pas d'avancer de manière fluide, elle fût surprise de sentir contre son flanc droit une masse chaleureuse et rassurant alors qu'elle attendait le contact dur des pavés sur ses os.

"Attention. Murmura une voix particulièrement douce

-Permettez moi de vous aider, puis-je vous escorter au refuge? Questionna toujours cette mystérieuse voix sur un ton protecteur.

-Pardon, mais qui êtes-vous? Questionna Dollay à l'intention du poneys qui la soutenait dans ses déplacements, lui permettant d'économiser ce qui lui restait de forces.

-Pour le peuple, je suis Mi Amore Cadenza, mais ici, seulement Cadence si tu le veux bien." Murmura la princesse sur un ton clair, teinté de tristesse.

Alors elle, n'avait pas failli. Et Dollay avait fait une promesse.

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Note de l'auteur

J'espère que dollay vous plait, moi c'est un personnage que j'affectionne beaucoup, si vous voulez la voir, je mettrai en lien des dessins que Calagree et moi même avons fait d'elle
voilà voilà!!
à piuch!

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AuRon
AuRon : #43969
Un peu de deus ex machina assez maladroitement justifié mais à ar ça l'histoire reste très agréable à la lecture. : )

Par contre je ne vois pas ce que viennent faire la république et l'Empire dans cet univers oO
Il y a 1 an · Répondre

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