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Skyphony

Une fiction écrite par Raincloud.

Littlest Rainbow Tales 1) Les chroniques d'une supersonique

Une mélodie enfantine... les astres joyeux dansaient au-dessus de moi. Soleils, nuages, lunes et étoiles formaient une ronde dans une mélodieuse symphonie. C'est curieusement le souvenir le plus lointain de mon enfance.
Le joli mobile, assemblé de morceaux de carton et de fil de laine tournait au-dessus de mes draps. Je souriais, à moitié endormie, en me roulant en boule dans ma couverture.
Je me souviendrais toujours de l'atmosphère chaleureuse de mon chez-moi, blottie dans un berceau multicolore.
Un vent froid fit voleter ma crinière devant mes yeux fatigués. Je jouais tendrement avec la mèche rouge qui tombait sur mon front.

Dehors, la nuit prenait ses aises. Le soleil glissait vers l'horizon. Ce devait être le premier coucher de soleil de mes souvenirs.
Cependant, le ciel s'était assombri depuis peu de temps. De mes yeux mi-clos, je regardais dehors les nuages gris couvrir les cieux. Maman avait posé mon berceau sur la terrasse, elle se tenait maintenant accoudée à la rambarde de notre chalet de montagne. Elle semblait inquiète. Je l'étais aussi, c'est sûrement pour ça que je ne parvenais pas à dormir, même si je baillais et somnolais.

Soudain, un rayon coloré perça les nuages. Je vis Maman sourire et s'élever au-dessus de la terrasse. Les nuages menaçants se dissipèrent, le ciel redevint pur et je pus admirer le magnifique coucher de soleil sur les plaines que surplombait notre maison.
Retrouvant la quiétude de mon berceau, je commençais enfin à fermer les yeux. C'est à peine si je vis arriver sur la terrasse un grand pégase bleu ciel, à la magnifique crinière multicolore. Un frisson me parcourut, c'est la seule et unique fois que je vis mon père rentrer de son travail. Les autres soirs, je dormais déjà dans un sommeil profond.
Je ne me souviens plus trop des phrases qu'il échangea avec ma mère. Je suppose que ce devrait ressembler à ça :
« Bonsoir, mon papillon.
- Bienvenue, mon héros. Tu rentres tôt aujourd'hui.
- Ce n'était qu'une petite affaire, les Wonderbolts avaient besoin de moi pour dégager les nuages sombres. Il n'y avait rien de dangereux, alors cesse de prendre cet air inquiet.
- Tu dois avouer que ces nuages qui remplissent le ciel sans ordres de Cloudsdale semblent assez menaçants.
- Je sais, la princesse Celestia m'a chargé de remonter à la source de ce problème.
- Encore ! Hoofy, même si c'est légitime, tu accordes trop d'importance à sauver Equestria. Je te rappelle que tu as une famille, maintenant !
- Oui, c'est vrai. D'ailleurs, comment va ma petite trognonne de pégasounette ?
- Elle dort, enfin, je crois qu'elle essaie... »

Juste avant de m'endormir, je vis encore mon père se pencher au-dessus de moi. Il était toujours autant ébloui par ma crinière arc-en-ciel.
« Le vrai portrait de sa mère... murmura-t-il.
- Tu veux rire, c'est exactement ta crinière, sourit maman. Et espérons qu'elle n'hérite pas aussi de ton caractère...
- Elle a tout pour marquer le royaume de son histoire. Je suis sûre qu'elle deviendra légendaire, tout comme moi.
- ... et de ta prétention... ajouta maman en levant les yeux au ciel.
- J'espère que tu m'entends, ma chérie. Tu seras courageuse, dynamique et loyale. Plus vive qu'un éclair ! Tu seras l'héroïne de tous, tu seras notre héroïne, mon héroïne... je te souhaite tout le bonheur du monde... Rainbow Dash. »
Et il embrassa mon front. Je ne comprenais pas encore tous ses mots, c'est à peine si je les avais entendu, mais ils restèrent à jamais gravés dans mon cœur.

Chers poneys du public, j'espère que vous êtes tous bien installés. Profitez, voici l'histoire. C'est une histoire d'action, de rebondissements, d'humour aussi, mais surtout d'amitié et de loyauté, alors savoir pourquoi... En fait, c'est pas n'importe quelle histoire, c'est mon histoire. Et je l'ai intitulée...

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<> Littlest Rainbow Tales : Les chroniques d'une supersonique <>

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Ça c'est du titre, non ? Allez, je me présente : Rainbow Dash, fille du célèbre Bow Hot Hoof et de la talentueuse Windy Whistles. Faisons les présentations : Windy Whistles, c'est la plus fantastique des météorologues de Cloudsdale, elle connaît les nuages, l'atmosphère et les tempêtes mieux que quiconque. De toutes les équipes météo de la cité des pégases, elle ne pouvait faire partie que de la plus prestigieuse. Devinez laquelle ? Celle des Wonderbolts ! Oui, ma mère a formé la toute jeune Spitfire à la connaissance du ciel : première raison pour laquelle mes parents sont géniaux.

Quant à Monsieur Hot Hoof, il est simplement le plus grand des héros qu'Equestria n'ait jamais connu... je ne dis absolument pas ça parce que c'est mon père, c'est la pure vérité... et cessez ces regards suspicieux ! Sérieusement, rien que son titre faisait fuir tous les ennemis de la couronne : capitaine de la garde royale de Canterlot ! Et oui, capitaine, rien que ça ! Deuxième raison pour laquelle mes parents sont géniaux.

Et puis il y a moi, la Rainbow Dash, oui, la pourfendeuse de tornades, la flèche de l'air, l'élément de Loyauté. Sachez que je n'ai pas toujours été cette Rainbow Dash-là. J'ai traversé des épreuves que très peu de poneys ont traversées. Si vous êtes là, c'est pour les écouter... J'étais destinée à suivre la carrière exceptionnelle de mon père, mais... j'ai jamais cru au destin !

Je vous ai parlé de la petite Rainbow trognonne dans son berceau, mais mon aventure a vraiment commencé quelques années plus tard, dans un foutu hôpital, à cause d'une foutue radio de mes ailes...

« Elle ne volera jamais, a dit le médecin d'un air grave.
- Comment ?! s'exclama Windy en même temps que son conjoint qui recracha son lait de coco offert par la maison.
- J'ai dit que votre fille ne pourra jamais voler. Je suis navrée, madame et ô noble capitaine, mais on ne peut plus y faire grand-chose.
- Vous êtes sérieux ? interrogea Bow. Elle... elle rêvait tellement d'être une héroïne, d'être la meilleure voltigeuse, de sauver le monde... et elle... ne volera jamais !
- Ne t'inquiètes pas, papa... » dit la pégasounette que je fus en pointant son museau entre les pattes du docteur.

Il me prit entre ses sabots, et regarda mes ailes. Blessez un pégase en pleine croissance à l'aile droite et il aura très peu de chances de pouvoir voler quand il grandira. Sur le coup, je me suis senti vraiment mal... presque inutile...

« Puis-je savoir comment s’est arrivé ? demanda le docteur. Je ne dirais rien si cela peut nuire à Equestria, secret professionnel.
- Il est vrai que ça pourrait faire jaser, chuchota ma mère.
- Si vous permettez, ajouta Bow, il est préférable qu'on ne vous le dise pas...
- Je me suis battue... m'écriais-je avec un grand sourire. Contre un windigo !
- Un... un windigo... répéta le médecin étourdi. Ce n'est pas possible... les windigos ont disparu à la création du royaume !
- Ah ah, ricana Bow... Ces enfants, quelle imagination... Ce n'est pas très gentille de mentir au médecin qui s'est gentiment occupé de toi, Dashie.
- Je suis désolée, monsieur. » dis-je à contre-coeur.

Cette phrase était la moins crédible de toute ma vie.

Le médecin me fixa longtemps, il devait penser que la vérité sort d'abord de la bouche des enfants.
« Nous pouvons tout de même rester positifs pour son aile, capitaine. Peut-être qu'avec une ré-éducation intensive...
- Intensive, oui ! s'écria mon père en bondissant. Je te jure que tu voleras, Rainbow, même si je dois mourir pour le voir !
- Chéri, calme-toi... nous aimons notre Dashie, même si elle ne vole pas.
- Je suis d'accord, Windy, mais on peut lui laisser le choix... es-tu prête à défier la fatalité, Rainbow Dash ?
- JE décide de MON destin ! criais-je tellement fort qu'on nous vira de l'hôpital.
Je n'ai jamais regretté cette phrase... enfin, sauf pendant les trois années qui suivirent.

Ces trois années où j'ai inlassablement essayé de m'envoler depuis le pommier du jardin de notre maison à Cloudsdale.
Je n'ai jamais été très bonne pour les calculs, mais j'ai dû m'écraser au moins trente mille fois au pied de cet arbre, matin, midi et soir.
Même si j'avais l'air d'une imbécile et même si les yeux des voisins étaient rivés sur nous, je ne manquais sûrement pas de conviction.
Je suis écrasé pour la dernière fois un soir de fin d'août. Ce soir-là, mon père m'attendait en bas. Il m'a aidé à me redresser et m'a souri. Je me suis mise à pleurer, il s'est mis à paniquer, à appeler sa compagne, bah ouais, c'était la première fois qu'il me voyait pleurer (c'est tellement rare, n'est-ce-pas ?). De le voir si affolé, ça m'a fait rire, puis il s'est mis à rire aussi, bref on s'est mis à rire.

Alors je me suis blottie entre ses ailes.
« Rainbow... je m'en veux tu sais... j'ai jamais osé te le dire... ce jour-là, dans l'hiver, les windigos...
- Ça fait trois ans, papa. On peut pas changer le passé. Et puis s'il y a quelqu'un sur qui on doit jeter la faute ce serait plutôt moi. C'est moi qui t'ai suivi dans ta mission périlleuse alors que tu refusais catégoriquement.
- Je n'aurais jamais dû accepter cette mission près de Skyfall. Je savais que cette tempête de neige était dangereuse.
- Tu ne pouvais pas savoir qu'il y avait des windigos.
- Il t'a mordu !
- Et moi, je lui ai mis un Sonic Rainboom dans la mâchoire !
- Un Sonic Rainboom ?
- Ouais, enfin, c'était plutôt un coup de sabots. Mais ce nom a plus de panache, je l'ai trouvé dans les vieux livres de maman...
- Quoi qu'il en soit, Rainbow Dash. À partir de demain commence une nouvelle étape de ta vie. Tu as l'âge requis...
- L'âge requis pour quoi ?
- Je me souviens d'une petite pégase qui rêvait tous les jours d'intégrer l'école de vol de Cloudsdale, dit Bow avec un sourire en coin.
- Oh, j'y crois pas ! C'est pas vrai ! Tu vas m'inscrire ?
- Je l'ai déjà fait.
- Ohmygosh, ohmygosh, ohmygosh, ohmygosh, ohmygosh !
- N'oublie jamais, Rainbow, ce n'est pas parce que les autres volent plus haut...
- … qu'ils ont le droit de te marcher sur les sabots ! »

Je frappai mon sabot contre celui de mon père. Mon rêve devenait réalité... celui de devenir une aventurière du ciel... celui de me rapprocher un peu plus des Wonderbolts...
Après trois ans de galère, j'ai passé ma première année à l'école de vol. C'était surtout de la théorie, et je dois dire que c'était barbant, mais que je la préférais tout de même à la pratique. Comprenez que lorsqu'on ne sait pas voler, on essaie un maximum d'éviter les cours de voltige. Malgré ça, je ne suis pas passée inaperçue, tous les professeurs et une partie des élèves avait eu vent de mon handicap. Tous les pégases au courant de mon problème d'aile droite m'appelaient d'ailleurs Nemo... je n'ai jamais compris la référence...

Mais n'allez pas croire que les écoles de Cloudsdale sont remplies d'abrutis butés qui se moquent de vous au moindre faux pas. Non, c'est en première année que je me suis faite mes tous premiers amis. Vous les connaissez : Thunderlane, Flitter, Cloudchaser, Raincloud, Flashning, Sassaflash, Honeysuckle, Garnet Glory... tous d'excellents voltigeurs.
Bon, il y en avait aussi des moins bons, par exemple Bulk Biceps, Blossomforth ou Airheart... je me suis même pris d'affection pour une tortue... une tortue terrestre à laquelle je n'ai jamais trouvé de nom. Ça semble logique d'avoir une amie tortue tant qu'on reste clouée au sol.

Et puis, il y avait cette pouliche au pelage jaune, cette pégase frêle à la crinière rose et rebondie. Elle s'enfuyait chaque fois que je l'apercevais, mais j'avais l'impression qu'elle me suivait. C'était une pouliche timide comme c'est pas permis, qui évitait un maximum le regard des autres et qui ne quittait pas le plancher nuageux de la journée. Personne ne connaissait vraiment son nom, elle le murmurait à chaque fois qu'on lui demandait et sa seule réponse à nos questions étaient des « Ouais... » soupirés.

Elle est arrivée dans ma classe en deuxième année. Je me souviendrais toujours de ce mois de mai ou j'ai entendu mon nom :
« R... Rainbow Dash... »
C'était à la cantine de l'école. Toute la classe s'est retournée vers moi et vers elle. C'était un événement, vous pensez bien.
J'aurais parié qu'elle s'enfuirait en courant, mais à ma grande surprise, elle vint s'asseoir à ma table en face de Flitter et Cloudchaser.
« Rainbow Dash, tu es la fille du capitaine de la garde de Canterlot, non ? me demanda-t-elle à l'oreille.
- C'est exact, répondis-je la bouche pleine de purée de carotte.
- Je n’ai pas pu m'empêcher de te regarder ces derniers mois. J'espère que tu ne m'en veux pas, mais ta crinière attire l'œil.
- J'ai une crinière 14% plus cool que les autres, en effet.
- J'ai besoin de toi, j'ai besoin d'un poney sur qui je peux compter.
- Tu penses que tu peux compter sur moi alors qu'on ne se connaît même pas ?
- Je l'ai vu dans tes yeux... comme si nos deux vies étaient liées... comme si tu étais la loyauté incarnée...
- La loyauté incarnée ? Pffft, je t'en prie, on dirait un vieux conte de poneys ! Non, c'est juste que j'aime bien aider mes amis, c'est normal.
- Alors je veux être ton amie. Suis-moi.
- Mais... pourquoi moi ?
- Parce que tu es comme moi...
- Tu as un père qui sauve le monde et une mère amie avec les Wonderbolts ?
- Non... je ne sais pas voler... » dit-elle si bas que je lui ai fait répéter vingt fois avant de comprendre.

Alors j'ai accepté, loyauté oblige. Mais avant qu'elle ne parte devant, je lui ai posé la question fatidique.
« Au fait, c'est quoi ton nom ?
- Fluttershy. » dit-elle assez fort pour que la moitié de la cantine se mette à la fixer.
Et c'est à ce moment qu'elle s'est enfuit en courant.

À la fin du repas, elle m'emmena un peu à l'écart de Cloudsdale, vers une montagne escarpée remplie d'une luxuriante forêt : la célèbre Foréolienne.
« Des petits amis viennent d'aménager dans la forêt, ils ont besoin d'aide pour fabriquer leur nouveau nid douillet. Je ne peux pas tout faire toute seule.
- Tu m'as empêché de finir mon délicieux dessert pour m'emmener dans une forêt grouillante de bestioles afin de construire une maison pour des animaux ?
- Tu... tu n'aimes pas les animaux ? »
Elle se stoppa et se mit à gratter son sabot par terre.
« Si, mais... je pense qu'il y a plus important que les rongeurs de la forêt...
- RIEN n'est plus important qu'aider ses petites créatures fragiles et sans défenses à braver ce monde hostile et sombre, plein de prédateurs sanguinaires prêt à saccager leurs habitats et dévorer leurs mignons et innocents petits enfants !!! Et, au passage, ce ne sont pas des rongeurs ! »
Sur le coup, je suis resté bouche bée.
« Hum... reprit-elle. Je t'avoue que si je t'ai amené... c'est aussi pour qu'on... enfin... qu'on fasse... je dirais... qu'on apprenne à...
- Faire connaissance ?
- Oh non !
- Comment ça, oh non ? répétais-je vexée.
- Regarde le ciel, Rainbow ! Il se passe quelque chose ! »

Je sentis une brise glaciale sur la crinière. En levant la tête, je restais hébétée. De gros nuages gris avaient pris possession du ciel, et ils tournoyaient juste au-dessus de la montagne. J'avais assez de connaissances météorologiques pour identifier une tempête de neige... attendez... DE NEIGE ?
Les flocons vinrent se poser sur mon museau. Fluttershy se mit à paniquer :
« Oh non, c'est affreux, regarde ! On dirait qu'une pluie de grêle est en train de s'abattre sur le versant ouest !
- Et qu'est-ce qu'il y a sur le versant ouest ?
- La maison de mes amis... »

Elle me regarda dans les yeux, en versant ses premières larmes.
« Qu'est-ce-que tu attends ?! m'écriais-je. Cours ! »
Nous courûmes ensemble vers le versant ouest. Enfin avant qu'elle ne se mette à voler...
Pour me consoler, elle m'offrit un sourire gêné en marmonnant :
« Oh, euh, j'ai dit que je ne savais pas... euh... en fait, uniquement lorsque je suis seule, sinon elle se bloquent... »
Je regardais ses ailes battre avec beaucoup d'envie, je dois avouer. Je me suis juré sur le coup de voler un jour...

La température devenait glaciale sur le versant ouest. Je remarquais une espèce de terrier ou se tenait un groupe de belettes.
« Visons. » rectifia Fluttershy
Puis je levais les yeux vers le ciel. Je vis alors les formes récurrentes de mes cauchemars d'enfant, les jambes glaciales chevauchant les airs, les yeux luisants de ces espèces d'esprits des neiges, les plus grands ennemis de mon aile droite.
« Windigos...
- Qu'est-ce-que c'est ? demanda Fluttershy.
- Je ne l'ai jamais vraiment su... mais c'est très dangereux.
- J'ai peur, RD.
- Quelle chance... je n'ai jamais ressenti ce sentiment. »

Deuxième phrase la moins crédible de toute ma vie : évidemment que j'étais terrorisée ! J'ai dit à Fluttershy de s'occuper des furets.
« Ce sont des visons ! »
Et puis je me suis postée face aux windigos. J'avais le sentiment étrange qu'ils en avaient après moi. Est-ce-que c'était moi qui les avais attirés ici ? Toujours est-il qu'ils descendirent de leur tornade et se mirent à me pourchasser. La course-poursuite était des plus intenses. Ils ne laissaient pas d'empreintes sur la neige et ils passaient à travers les arbres : la partie était franchement inégale. Mais j'étais la fille du capitaine Bow, la pouliche la plus rapide de Cloudsdale et j'ai fait honneur à ma réputation ce jour-là.

Soudain, j'entendis un couinement aigu suivi immédiatement d'un cri déchirant de ma camarade de classe. Je la vis se pencher au-dessus de la falaise en pleurant.
« Il est tombé ! Max est tombé !
- Qui est Max ? hurlais-je dans la tempête.
- Le vison, le plus jeune, il est tombé plus bas, je n'arrive pas à l'attraper !
- Je m'en occupe ! »

Toujours avec ces windigos à ma poursuite, je suis descendu plus bas. Là, d'autres esprits des neiges m'attendaient. Par un formidable saut périlleux, j'ai évité le deuxième groupe. Celui-ci alla percuter la première équipe et ils disparurent dans un éclat de boules de neiges.
« Trop facile. »
Je suis arrivée au point le plus escarpé de la montagne, je distinguais la forme du mustélidé, accroché à la paroi. En-dessous, le vide. Au-dessus, les windigos attaquaient.
Suivant les cours d'escalades de première année (inutile pour un pégase je sais), j'essayais d'approcher le petit vison. Le tempête faisait rage, j'ai glissé jusqu'à un rebord tout près de lui, je pouvais presque le toucher. C'était sans compter sur les windigos qui venaient se frapper contre le flanc de la montagne. Provoquant des éboulements. Les yeux hagards, je vis les griffes du vison lâcher la paroi.
« Maaaaaaaaaax ! » hurla Fluttershy.

Le vison tomba dans la tempête. Mais les windigos ne comptaient pas le laisser toucher le sol. Ils convergèrent ensemble vers la petite créature affolée. Je regardais, impuissante.

Ce petit gars allait périr, et sûrement par ma faute. J'entendis dans ses cris les miens, le jour où j'ai rencontré les windigos. Je ne m'étais jamais intéressé aux animaux, et pourtant lui et moi n'étions pas différent... il était effrayé, comme moi, il s'est battu jusqu'à la dernière seconde, comme moi, il ne savait pas voler... comme moi... Le destin en avait voulu ainsi, il aurait dû mourir et je n'aurais dû jamais voler... Mais j'oubliais une chose...
« JE décide de MON destin ! »
J'ai soufflé sur ma crinière, puis je me suis placé tête en avant, jambes fléchies, position basique de l'envol...
« Rainbow Dash, qu'est-ce-que tu fais ? cria Fluttershy.
- Je défie la fatalité !
- Ne fais pas ça, tu ne peux pas voler !
- Tu sais, Fluttershy, j'ai été ravi de faire ta connaissance, dis-je en versant une stupide larme. Et si je ne reviens pas... tu mettras ça sur le compte de la Loyauté. »

Je n'avais même pas encore réfléchi à sauter que mon corps se jeta dans le vide, malgré le nouveau cri de Fluttershy.
Comme une flèche à pleine vitesse, j'ai fendu l'air sous les yeux des windigos. J'ai rattrapé le vison en un clin d'œil.
« Gotcha ! »
Le petit gars criait au point de me percer les tympans, et les windigos étaient maintenant à ma poursuite. Le plus dur était désormais de remonter.

Tout doucement, j'ai fermé les yeux et déployé mes ailes. J'ai senti soudainement un aura glacé m'entourer, encore plus glacé que la tempête. J'étais dans une sorte de bulle argentée. Toutes les images de ma vie sont revenues d'un coup, généralement c'est mauvais signe, mais là, ça m'a donné la pêche !
« Max, je ne sais pas si c'est ton baptême de l'air... mais en tout cas, c'est le mien ! »
Alors, sous les yeux grands ouverts de Fluttershy, des visons et même des windigos, je remontais comme une flèche. Eh oui, un arc-en-ciel fonçait à travers la tempête, Rainbow Dash... s'envolait.

Je ne vous raconte pas alors mon excitation et mon sentiment d'invincibilité totale. Pirouettes, demi-tour, torpilles, saltos et chandelles, je n'ai pas pu m'arrêter. Le soleil pointait le bout de son museau, je me suis sentie... comment dire... vivante ! Et pour me prouver que j'étais prête, je me suis mise à attaquer les windigos.
Lorsque je ne les visais pas directement, je bombardais les nuages neigeux pour réchauffer la zone, peut-être le début d'une vocation ? Une marque de beauté de déneigeuse ?
Un rayon de soleil, un coup de sabot et le tour était joué. Je n'avais jamais ressenti autant de joie que ce jour où j'ai éliminé tous les créatures. J'ai dû éradiquer la menace en... disons dix secondes chrono ?

Les windigos que je n'avais pas réduits en tas de neiges s'éclipsèrent, je veux bien l'admettre, plus effrayés par les rayons du soleil que par moi, petite pégase un peu trop exaltée sur le moment.
La Foréolienne redevint cette luxuriante étendue verte que j'apercevais dans le coin de la fenêtre en me levant tous les matins.
Éblouie, je savourais la chaleur du soleil dans une joie indescriptible. Ça y est, le destin venait de virer de bord !

Enfin, le destin revint me titiller un peu par derrière, une bourrasque assez déstabilisante lorsqu'on ne possède pas les réflexes de vol qu'un pégase se doit d'avoir. Décontenancée, je commençai à paniquer et tombai en chute libre, non pas le long de la falaise, mais au milieu des arbres de la forêt. Mon museau heurta une solide branche et le petit animal m'échappa avant de rouler vers un tas de feuilles.
Je vis alors ce qui devait être sa maman se jeter dans le tas de feuilles et se serrer très fort, elle retira une à une les feuilles de son poil, lui attrapa la patte et l'emmena là où Fluttershy et toute la famille vison attendait soulagée.
Avant de les rejoindre, la maman vison se tourna vers moi, toujours perchée dans l'arbre, et articula avec émotion :
« Merci infiniment. »
Une larme de joie glissa sur mon museau, je me laissais bercer par l'émotion de... UNE SECONDE, est-ce-que cet animal venait DE PARLER ?!

Fluttershy vint se poser sur ma branche et tenta de m'expliquer que c'était tout à fait normal. Et vu ces théories douteuses, je comprenais bien qu'elle ne savait pas du tout pourquoi cette bestiole parlait notre langage. Mais je ne m'y intéressais pas plus que ça : Fluttershy semblait avoir autre chose à me dire.
« Tu... tu es vraiment courageuse... marmonna-t-elle. J'aimerais avoir ton audace... et... et maintenant que tu sais voler... tu as tout ce que je peux rêver d'avoir...
- Quand as-tu appris à voler, Fluttershy ?
- Hum... dans les premiers mois après ma naissance, pourquoi ?
- Tu dois connaître un tas de techniques de vol.
- Je vole comme un pégase ordinaire... et je t'ai dit que je n'y arrivais pas en public...
- Et si nous n'étions que tous les deux ? Si tu m'apprenais à voler bien... à voler vite...
- La vitesse n'est pas mon fort... »
Je regardais Fluttershy avec attention, et à cet instant, ce ne sont pas des pupilles mais des papillons que j'ai cru voir s'agiter dans ses yeux.
« Bien... je pourrais toujours essayer... marmonna-t-elle perdue dans mon regard. Mais d'abord, si nous construisions le petit chez-soi que j'ai promis à mes amis ? »
Et comme deux amies de longue date, nous installâmes ensemble un petit refuge pour les étranges compagnons de Fluttershy.

Presque tout changea après cet événement, la fin de l'année fut intense : les cours de voltige devinrent mes préférés, les courses d'obstacle, l'endurance, la vitesse, les bêtises, tout ce qu'une petite pégase turbulente aimait. Et je prenais des cours du soir avec Fluttershy qui, dans le recoin d'un nuage, m'apprenaient quelques méthodes basiques de suspension dans l'air que je n'avais pas acquises, avec pour seuls témoins moi et la Jument sur la Lune.

Et comme pour me prouver qu'une époque était révolue, je ne restais plus souvent au sol. Je mangeais et je dormais en battant des ailes, au grand damne de mes camarades de classe. Ce n'était pas très confortable pour dormir, mais de toute façon, je ne dormais presque plus !
Adieu, mes amis de la terre ferme, créatures des nuages, poneys terrestres et autres tortues. Désormais, je côtoyais la hauteur... les pégases, les oiseaux, les griffons...
Enfin, il est vrai que je gardais contact avec une créature du sol. Le fameux vison Max que j'avais sauvé me rendait souvent visite à l'école de vol, provocant d’innombrables catastrophes qui valurent plusieurs heures de travaux d'intérêts à moi et Fluttershy.

Un soir où je rentrais fièrement en volant jusqu'à la maison, mon père m'attendait là, avec deux billets pour le spectacle des Wonderbolts. C'est en voyant ces flèches de l'air réaliser des pirouettes aériennes si impressionnantes et dangereuses que mon goût pour la voltige se renforça encore davantage. Je suppose que mes parents y étaient aussi pour beaucoup, même s'ils me filaient la honte en hurlant mon nom à chaque compétition...

Puis vint la troisième année, la plus cool et la plus triste... vous comprendrez... Par ailleurs, il s'agit de la dernière année avant de passer dans le cycle supérieur, et le cycle supérieur est le moment où les poulains commencent à obtenir leurs marques de beauté. Et vous vous rappelez qui a été la première de sa classe, hein ? Hein ? Vous la sentez venir ou pas ?

Fluttershy n'était plus dans ma classe, mais je ne la perdais pas de vue pour autant. Le moment phare de cette année fut pendant les vacances : je m'étais inscrit à un camp junior, ceux des Fous de la Voltige. Et parmi ces fous, j'étais bien la plus dingue.
Dès le premier jour, je fis la rencontre de trois pégases excessivement idiots qui s'amusaient à tourmenter une petite griffonne. Un petit coup d'aile pour les impressionner, une répartie sans faille, et me voilà aux côtés de ma nouvelle amie.
« Salut, je suis Rainbow Dash, et toi, tu es... ?
- Euh... Gi... Gi... Gilda ?
- Est-ce que tu en es sûre ? »
Je retrouvais dans ses yeux la même étincelle de confiance qu'avec Fluttershy, je pouvais compter sur cette griffonne.
« Reste avec moi, Gilda, et je te promets que ces trois-là ne t'ennuieront plus ! »
Je ne fus pas déçue, elle volait comme moi, presque mieux que moi, avec une vitesse et un style indéniable. Elle fut ma camarade de l'année, je la retrouvais toutes les vacances, pour faire des courses, de la voltige et chanter la chanson des Juniors qu'elle adorait (mais si, mais si, j'en suis sûre).

Cette année passa à une allure phénoménale, elle fut la plus excitante de ma vie... puis vint ce nouveau mois de juin...
L'année scolaire s'était achevé par un séjour de plusieurs semaines à Fillydelphia. C'était exceptionnel, et autant dire que j'étais remplie de joie et de souvenirs mémorables au moment de rentrer à la maison pour les vacances d'été.

Même sans marque de beauté, j'étais assez grande pour rentrer toute seule. Une pluie presque anormale tombait ce jour-là, et j'aurais dû comprendre que c'était un signe...

Mon étonnement débuta en apercevant plusieurs soldats pégases devant chez moi. Ils me regardaient tranquillement passer la porte grande ouverte, l'air un peu embêtés.
À l'intérieur, un étalon licorne blanc encore adolescent parcourait du regard les multiples photographies qui jonchaient le mur du salon. Il portait une armure violette et un heaume imposant était déposé à ses côtés, signe de grade élevé. Ses yeux bleus fixaient de temps à autre Windy Whistles, ma mère, allongée sur sofa, et qui se mordillait les lèvres d'inquiétude. Une pile de mouchoirs s'étalait sur le sol.

Je me demandais si j'étais la cause de ce malheur. Et je continuais à le croire car, en me voyant pénétrer dans la maison, maman poussa un cri déchirant puis étouffa ses pleurs entre deux coussins.
Le tout jeune soldat paru très gêné, il s'approcha de moi, sûrement pour m'expliquer la situation à la place de ma mère.

Les gardes se retiraient peu à peu tandis qu'il cherchait ses mots pour entamer la conversation. Moi, je ne le regardais pas dans les yeux, fixée sur le bouclier violet que représentait sa marque.
« Tu dois être Rainbow Dash... enchanté, hum, je m’appelle Shining Armor... »
Il me tendit son sabot, je le regardais d'un œil méfiant.
« Hum, tu sais, tous les deux, on est même pas adultes encore, et les choses nous tombent dessus, comme ça, sans prévenir... c'est la vie... c'est pas grave...
- Qu'est-ce qui vous est tombé dessus ?
- Je viens d'être nommé capitaine provisoire de la garde royale de Canterlot. C'était mon rêve, mais j'ai pas encore les épaules pour...
- Vous avez pris la place de mon père ? Il a démissionné ?
- Oh... je... je n'ai pas... euh... il n'a pas... pardonne-moi...
- Dites-moi ce qui se passe, pourquoi vous êtes ici, et pourquoi maman pleure ? »
Il se pencha à ma hauteur et murmura doucement.
« Va falloir être forte petite...
- Je suis pas peti...
- La capitaine Bow Hot Hoof est porté disparu depuis plus d'une semaine. » dit-il d'une traite sans oser croiser mon regard.

Les yeux comme deux ronds flans, je restais bloquée. C'était comme si le sol se dérobait sous mes sabots, mais je me ressaisis assez vite avec un sourire forcé.
« D'accord, merci monsieur. »
Le licorne se releva, appela ses subordonnés et marmonna sur le pas de la porte.
« Tu sais... ma petite sœur a à peu-près ton âge... je ne pense pas qu'elle aurait réagi avec ta force de caractère. »
La porte se referma dans un grincement, une larme s'échappa et coula le long de mon museau.

Je m'approchais alors de ma mère, qui bondit hors du sofa et me serra aussitôt, plus fort qu'elle ne l'avait jamais fait.
« Ça va maman ? »
Soudain, elle me lâcha, renifla bruyamment et se tourna face au mur, disant d'une voix tremblante :
« Hum hum, tu t'es bien amusée, Rainbow Dash ?
- Je t'ai jamais vu dans des états pareils.
- Je ne vois pas de quoi tu parles...
- Arrête, le nouveau capitaine m’a raconté ce qui s'était passé. »

Je la vis ouvrir les yeux à travers le miroir du salon, puis elle se tourna vers moi, le regard triste :
« Et toi, est-ce-que ça va ?
- C'était cool ouais.
- Très bien, je vais faire à dîner.
- Maman, attends. Ne pleure pas, on connaît papa, on sait qu'il reviendra... »
Un long sanglot monta dans sa gorge, elle s'écroula sur le sofa en pleurant.
« Évidemment, il ne t'as pas tout raconté...
- Pardon ?
- Il a une sœur, il sait très bien ce que les petites oreilles ne doivent pas entendre...
- Dis-moi ce qu'il se passe immédiatement ! »
Windy Whistles stoppa ses pleurs, effrayée par mon haussement de ton. Elle déglutit, ferma les yeux et avança vers moi une page de journal qui traînait sur la table basse.

Je lus : Extraordinaire inondation dans la Vallée Aride, plusieurs villages touchés, les survivants sont estimés à moins d'une dizaine.
Et dans l'article lui-même : La Vallée Aride a connu sa première saison neigeuse il y a quelques mois. Par un phénomène météorologique inexpliqué, la neige s'est intensifié et a fondu rapidement, provoquant un véritable déluge sur les habitations des habitants. La fameuse Snowdrops, à l'initiative de la diffusion des flocons en Equestria aurait périt dans l'inondation aux côtés de son mari Frost Sword. La garde royale a été envoyé sur les lieux avant même l'incident, constatant des dérèglements magiques. Bow Hot Hoof et son équipe se retrouvaient pris l'inondation surprise imprévisible...
Maman posa le sabot sur la dernière ligne de l'article qui concluait sur mon père : Aux dernières nouvelles, le valeureux capitaine qui s'acharnait à sauver toutes les victimes n’a pas été retrouvé par son équipe après l’incident...

Je fus incapable de réagir après cela. Les émotions venaient de s'échapper de la surface de la terre. Tout venait de s'échapper du monde. C'était le néant absolu autour de moi. Pas un pleur, pas un cri, le simple anéantissement de tout un espoir.

Maman se jeta sur moi, et m'extirpa un peu de ce néant profond. Elle parlait de nouveau avec son expression paradoxale : les larmes aux yeux mais pleine de rires bienveillants.
« Ne t'inquiètes pas, Rainbow Dash, je suis là. Oublions tout, et ne laisse pas la tristesse et la haine prendre le dessus. La vengeance n'est qu'une mauvaise chose qui attire un poney vers des intentions sombres d'où il ne pourra pas se relever. Il faut profiter de sa vie, la vivre doublement, dépenser tout ce qu'il aurait pu dépenser en prenant la vie à-bras-le-corps sans se morfondre. »
Elle posa ses sabots sur mes épaules, me contemplant de bas en haut en murmurant que j'étais une grande fille maintenant.
« Tu n'as pas à rester à la maison cet été. Il y a un camp de vol qui a lieu pendant ses vacances à Cloudsdale, ça te dirais d'y aller ? Tu pourrais y retrouver tes amies et laisser nos malheurs de côté, hum ? »

Je crois que maman ne voulait pas avoir à supporter mon chagrin pendant les semaines à venir. Je ne pouvais que répondre oui. Le genre de oui à moitié négatif et dit tout bas, mais qui donne à votre destinée une toute autre direction.
Lorsque je montais dans ma chambre pour préparer mes bagages et me coucher, j'entendis ma mère pleurer à nouveau.

Je n'étais ni heureuse, ni triste, de participer à ce camp de vol d'été. Rien de ce qui s’y passa ne me heurta, même les surnoms débiles des pégases que j'avais rencontrés aux Juniors et qui s'étaient inscrits exclusivement pour se moquer de moi.
De moi, mais aussi de Fluttershy, que ses parents avaient inscrite, et que je retrouvais avec bonheur. Mais une fois les retrouvailles effectuées, nous fîmes notre séjour chacune de notre côté, elle avait dû comprendre qu'il ne fallait pas trop me parler en ce moment. Je la voyais à chaque fois s'approcher de moi, puis reculer, de peur que je lui hurle dessus.

J'ai pris beaucoup de distance avec mes amis, et cela rendit mon séjour très fade. Je ne sais pas si c'était une déprime au sens médical du terme, mais même les animateurs essayaient de ne pas me brusquer et venaient entamer une discussion lorsque je jouais seule avec mes figurines de Spitfire et Fleetfoot. Discussion qui à chaque fois se terminait par un soupir et une pouliche bleue qui s’en va ruminer dans un nuage loin de tout le monde.

Heureusement qu'il y avait des échappatoires. La seule chose qui me détendait, c'était voler. Chaque jour, je planais une heure ou deux, sans ressentir autre chose que les variations de la pression et du vent. Et plus j'allais vite, plus mes pensées s'échappaient.
En gros, si on voulait avoir une chance de me voir rire, il fallait me raconter une blague en volant à 400 km/heure. Malheureusement, très peu de pégases arrivaient à ma vitesse...

Un jour arriva, un jour très spécial, fantastique même, où dans la matinée j’essayais de battre mon record de rapidité. Je volais entre les anneaux de nuages et les drapeaux, pour une fois, avec le sourire, sans aucun obstacle sur ma voie au sens physique comme psychologique.

Puis soudain, malgré le son de mes ailes supersoniques, j'entendis un petit cri en bas. Pointant mon museau en dessous, je vis mon amie Fluttershy en train de glisser sur une pente nuageuse. Elle s'envola à la fin comme sur une rampe de ski en s'emmêla dans un drapeau avant de tomber dans la poudreuse nuageuse.
Je continuais mon chemin comme si de rien n'était : ce n'était pas ce genre d'accident qui allait la blesser. Cependant, mes ailes s'arrêtèrent de battre et moi d'avancer dès l'instant où j'entendis des rires aigus et mesquins :
« Bien joué, Culbuttershy, t'aurais mieux fait d'être un poney terrestre ! »
Je me retournais l'oreille alerte. Deux des pégases que je connaissais bien étaient en train de lui chercher des noises. Sans même réfléchir si c'était une bonne idée de défier ces brutes dans mon état mental, je fis demi-tour à toute allure.

Après être passé entre deux nuages pour signaler ma présence à Fluttershy, je retombais devant elle alors que les deux autres rigolaient encore. Je donnais tout pour avoir l'air imposant, comme pour imiter mon père devant un ennemi de la garde royale et m'écriai avec, je dois l'avouer, une voix très infantile :
« Laissez-la tranquille ! »
Les deux garnements se regardèrent. L'un était brun foncé à la crinière neige, l'autre marron clair à la crinière chocolat. C'est ce dernier qui se moqua :
« Tiens tiens, et qu'est-ce-que tu comptes faire, Rainbow Crash ?
- Continuez à l'embêter et vous aurez affaire à moi ! répondis-je. Et je vous préviens, je ne suis pas d'humeur !
- Eh ! s'écria l'autre. Tu crois que t'es la plus forte ? Prouves-le alors !
- Où et quand tu veux !
- Cet après-midi, juste après le déjeuner ! Au circuit de course, prépare tes ailes !
- Une course ? Sérieusement ? Vous voulez pas vous laisser une chance de gagner ?
- Ne sois pas en retard, Rainbow Crash ! »

Ils s'en allèrent en riant, mais j'avais l'impression qu'une fois de dos, ils abordaient une face nerveuse.
Toujours cambrée et prête à bondir, je souriais. Je pense qu'une bonne course allait me faire oublier tous mes problèmes.
« Hum... Rainbow... murmura Fluttershy en posant le sabot sur mon épaule.
- T'inquiètes pas Fluttershy, je suis la meilleure avocate que tu puisses avoir pour ton honneur.
- Je ne sais pas si c'est...
- Qu'est-ce-que tu veux qu'il m'arrive ? Ce n'est pas une petite course improvisée qui va changer ma vie et celle de plein d'autres poneys ! »

Je peux vous assurer que cette phrase n'a pas été ajoutée par je ne sais quel biographe, je l'ai vraiment dit comme ça...

Après avoir avalé un maximum de sucres rapides pendant le déjeuner (tellement que la cantinière refusa de me servir un vingt-troisième dessert), je descendis le réfectoire sous les acclamations des poneys qui avaient eu vent de la course.

Je peux vous dire que, malgré le fait que je ne leur avais pas beaucoup adressé la parole ces temps-ci, j'avais dix fois plus de supporters que les deux idiots réunis qui m'attendaient sur la ligne de départ.
Et alors qu'ils tremblaient sur leurs petites pattes (si si, dans mon souvenir, ils tremblaient), je m'échauffais les ailes et sautillais sur place.

Fluttershy vint me demander à nouveau de réfléchir posément à tout ça. Je me contentais de lui glisser un drapeau à damier et lui ordonner de lancer le départ.
Elle se posta alors sur un nuage devant nous (et elle, elle tremblait pour de vrai).

Je décoiffai un peu ma crinière trop lisse à mon goût et me cambrai, prête à décoller. Le poney caramel vint se placer à ma droite et lança un bon gros :
« Prépare-toi à perdre !
- Dans tes rêves, mon vieux, on se retrouve à la ligne d'arrivée ! Si tu ne la trouves pas, tu n'as qu'à suivre la flèche arc-en-ciel qui la dépassera !
- Ouais c'est ça... mais euh... tu vas perdre d'abord ! » répondit-il avec son maximum de répartie.

La tension du début de course se mit à grimper. Fluttershy leva le drapeau, toujours aussi peu sûre d'elle. Puis, sans même y réfléchir, elle le baissa d'un coup sec.

Aussitôt, trois pégases rapides comme l'éclair lui fondirent dessus. Dans mon dos, je l'entendis gémir de façon aiguë : je conclus que ce devait être son cri d'encouragement...

À partir de là, c'est un peu brouillon dans ma tête... je pensais avoir des souvenirs clairs mais j'ai une vague impression que plusieurs histoires se croisent à ce point... et pourquoi est-ce que j'ai l'impression d'avoir vu Twilight ? Bon, passons, et concentrons-nous sur la trame principale...

Nous passâmes le premier anneau. Je dois avouer que mes adversaires me tenaient tête au début. Mais déjà au virage suivant, le moins pro des deux se planta lamentablement dans une colonne de nuage.
Déjà, nous faisions la course à deux. J'avais encore moins le droit de perdre. Je me mis à accélérer. Une sensation bizarre entourait mon corps et mon esprit.

Je n'avais jamais volé comme ça... je n'avais jamais ressenti un tel élan de liberté... La vitesse, la force, le vent dans ma crinière... je devais le faire pour l'honneur de Fluttershy... mais je me suis prise au jeu... et j'ai simplement adoré... A-DO-RÉ !

Puis soudain, le petit marron vint me percuter, je dévie de ma course, je ralentis. Et lui me lance de la voix la plus mesquine qui soit :
« À plus tard, Rainbow Crash ! »
Frustrée, énervée, bousculée, c'était le moment de mettre les bouchées doubles.
Je suspendais mon vol un instant, puis je me mis à descendre en piqué à une allure phénoménale. Je voyais mon pauvre adversaire agiter ses ailes frénétiquement et je me rapprochais à vue d’œil. Je ne pensais plus à Fluttershy, plus à papa, plus à moi... juste à le dépasser, juste à... GAGNER !

Je le dépassais avec une telle vitesse que je produisais des bourrasques qui l'envoyèrent s'éclater contre un poteau avec son copain. J'étais première, j'allais gagner, je pouvais ralentir... mais non, ce n'était pas assez...

Je descendais toujours plus rapide, toujours plus véloce, toujours plus rageuse, il y avait quelque chose qui m'appelait en bas, quelque chose que je devais atteindre. C'était ma revanche sur la vie, je la voyais, là, en bout de course. L'anneau de nuages était comme un miroir qui me reflétait, moi et toutes mes aventures. Mon père, mes ailes, mon destin, ils se retrouvaient tous dans cet anneau que j'allais pulvériser d'un coup sec.

J'ai dit que quelque chose attirait mon corps, mais bientôt celui-ci fut carrément entouré d'une sorte de vortex aérodynamique. Je sentais que j'allais à une vitesse folle et je n'avais plus rien à faire que laisser ma mâchoire se décoller.
Arrivée à destination, je fermais les yeux, ultra-excitée de voir ce qui allait se passer... et personne n'allait être déçu sur ce coup-là.

Boum... la suite vous la connaissez. Une impulsion sonique, un arc-en-ciel rayonnant, un bruit caractéristique...
Pour la plupart des gens, un boum, c'est mauvais signe, mais je peux vous dire que le boum que j'ai entendu ce jour-là à cet instant était le meilleur son de toute ma vie...
Sonic Rainboom, ou arc-en-ciel supersonique pour les retranscriptions, le mur du son mythique : c'est comme ça qu'on entre dans la légende...

Certains d'entre vous pensent peut-être encore qu'il s'agit d'un mythe créé par les professeurs d'EPS pour vous mettre la pression : sois plus rapide, plus puissant qu'un Sonic Rainboom ! On est tous passé par là. Mais mes petits poneys, si vous avez un jour la chance de le vivre... ce sera le plus beau jour de votre vie.

Après l'explosion, un éclair de lucidité me fit comprendre que je devais repartir vers le haut pour ne pas m'écraser. Là, une longue traînée arc-en-ciel partant de ma crinière me suivait. Et aux sourires de tous les petits pégases, je compris : j'étais leur arc-en-ciel, j'étais leur star du jour, peut-être même de leur vie !

Hum hum, d'habitude, je m'arrête là dans ma biographie, mais vous voulez la réalité ? La voici : je mis extrêmement longtemps à m'arrêter après ça, sans même réaliser que j'avais déchiqueté la bannière d'arrivée. Je volais en cercle au milieu des nuages pour essayer de ralentir, ingurgitant des dizaines de litres d'eau que me supporters m'apportaient. Mon museau, mes sabots et mes ailes me brûlaient, c'était un grand bouleversement pour une pouliche de mon âge.

Thunderlane a alors stoppé ma course circulaire en plaçant un nuage comme obstacle. Après avoir amorti toute mon énergie mécanique dans ce frein cotonneux, je m'allongeais dessus en soufflant. C'est alors que l'image d'une Fluttershy toute fière apparu dans mon esprit. Je relevais la tête et explorais toute la zone pour la trouver, pour qu'elle salue ma performance.
Mais elle n'était nulle part près de la ligne d'arrivée, ni dans tout le campement d'ailleurs... introuvable...

Au moment où je me levais pour faire le tour de mes camarades et leur demander où était passée celle dont j'avais essuyé héroïquement l'affront, j'entendis des cris stridents :
« Nom de Celestia ! C'est incroyable ! Regardez son flanc !
- Quoi ?! m'écriais-je paniquée en tournant sur moi-même. Qu'est-ce-qu'il a mon flanc ? Me dites pas que je l'ai perdu dans l'explosion !
- Rainbow Dash ! hurla Thunderlane. Tu viens d'avoir ta marque ! »
D'un coup de menton sec, je scrutais mon flanc. Elle était effectivement là, cette fidèle marque, ce nuage, cet éclair, ce qui fait de moi... moi !
Un sourire immense se dessina sur mes lèvres, je murmurais entre mes dents :
« Ohmygosh, ohmygosh, ohmygosh... »
Je vous passerai les détails des milliers de cabrioles et des gens que j'ai secoués violemment dans les minutes qui suivirent. Tout le camp se rameuta bien vite pour venir voir la première de sa classe gratifiée d'un éclair arc-en-ciel sur le flanc.

Les pégases de mon année, menés par Bulk Biceps qui criait encore plus fort que moi, se mirent à me porter en triomphe. J'étais à mon plus haut point de gloire, sous les cris hystériques et les lauriers, et contrairement à tout ce que j'avais toujours imaginé... je n'y pris aucun plaisir.
Du tout, car une autre pensée occupait mon esprit : j'étais fascinée par la victoire, et je venais de la faire passer avant tout le reste, mes amis m'acclamaient, mais il en manquait quelque chose... Fluttershy était-elle partie à cause de cette arrogance ? Avait-elle comprit que la seule chose qui m'animait était la gagne et l'arrivisme ? Mais c'était faux, j'aurais juste voulu la voir heureuse ! Je ne voulais pas qu'on me voit uniquement comme une vantarde, cette course n'était peut-être pas une si bonne idée...

Et pour bien le signifier, je demandais à tout le monde de me lâcher, avant de m'enfermer dans le dortoir pour me reposer un peu.
Je réfléchis beaucoup cette nuit-là. Je me suis donné un nouveau but : retrouver celle qui avait rendu ça possible.
Puis je me posais la question : pourquoi la retrouver ? Pour qu'elle admire ma réussite, mon triomphe, ma marque ? Les minutes qui suivirent la course, c'est ce que j'aurais voulu. Mais là, je voulais juste la retrouver parce qu'elle était devenue mon amie, et qu'envers elle, je me sentais... comment dire ? Loyale ?

Ne la voyant plus réapparaître les jours suivants, ces pensées redoublèrent d'intensité chaque soir jusqu'à la fin du séjour.
Puis elles se mêlèrent à d'autres : la voltige, c'était devenue ma vie. J'avais besoin de ça, de voler, de m'enfuir, d'échapper au quotidien, et lorsqu'il avait une course, de la gagner. Comme je l'ai déjà dit, planer était la seule façon pour moi d'oublier mes problèmes. Ce que je voulais vivre, c'était des aventures, du danger, libre comme l'air, comme une Wonderbolt.
De un, je devais accomplir cette destinée que j'avais choisie, et de deux, je voulais retrouver Fluttershy. Tout devint alors très clair : la Rainbow Dash autonome était née. Je demandais ma désinscription pour les années suivantes, je n'ai plus remis les sabots dans une école, je pensais mon éducation achevée, je pensais que le temps était venu de voler de ses propres ailes...

En apprenant la nouvelle le jour même de mon retour du camp d'été, ma mère ne fut ni en colère ni inquiète.
« Je savais que ça arriverais, me disait-elle. Tu n'es pas une pouliche d'intérieur. »
Elle accepta avec sérénité ma volonté de quitter l'école de vol, mais bloqua un peu lorsque j'annonçais la suite de mon programme :
« Je veux partir, maman. Seule, voler, sans contraintes, découvrir le monde, découvrir des poneys, et retrouver des poneys... partir de Cloudsdale.
- Rainbow... comprends que tu es tout ce qu'il me reste. Si tu pars... s'il t'arrive quelque chose...
- Il ne m'arrivera rien. La vie est parvenue à ôter une crinière arc-en-ciel de cette planète... mais elle n'en enlèvera pas deux !
- Promets-moi de ne pas risquer ta vie de façon idiote.
- Mais je veux la risquer de façon idiote ! Cette marque indique-t-elle pour toi : reste tranquille chez toi et attends que la vie passe ? »
Ma mère n'avait pas encore vu ma marque de beauté, même si je l'avais mentionnée dans mes lettres. Son visage s'illumina en la contemplant.

« Ma grande et talentueuse Rainbow Dash, je n'étais pas aussi mature à ton âge. »
Je ne voyais pas en quoi j'avais l'air mature. En fait, de mon point de vue, j'avais l'impression de faire une fugue d'adolescente sur un coup de tête, mais il faut croire que mes motivations étaient approuvées par ma mère.
« Ton anniversaire est dans quelques semaines, dit-elle en m'enlaçant. Une fois que toute la famille saura que tu n'es plus une petite pouliche aux ailes hasardeuses, mais une très jolie pégase à l'esprit enflammé, tu quitteras l'école et tu décideras de ton avenir... »
Je me pendais à son cou en m'esclaffant, comme si je venais de gagner le droit de voler pour les Jeux d'Equestria.

Le soir suivant, celui où je n'arrivais pas à dormir tant l'excitation me prenait, je descendis dans l'escalier pour aller boire. Là, je vis Windy Whistles à côté de la cheminée, décrivant des cercles en marchant autour d'une photographie de son mari disparu, posée par terre.
Elle lui parlait, et elle attendait qu'il lui réponde. Cette conversation fantôme mit ma mère dans tous ses états. Elle se demandait si c'était une bonne idée de me laisser partir. Puis, à chaque fois, comme si mon père lui glissait un mot à l'oreille, elle se ressaisissait et souriait.

Ce touchant dialogue me captivait. Je n'avais plus soif du tout, et je restais discrètement dans l'escalier pour la voir rire et parler à elle-même toute la nuit. Au fond, maman était la plus trognonne de nous deux, et c'est pour ça qu'elle était fantastique...

Mon anniversaire vint. Mes oncles, tantes et cousins reçurent la nouvelle assez bien. Les mauvaises langues essayaient toujours de convaincre ma mère que je n'étais pas prête, mais la plupart me souhaitaient tout le courage du monde, pas très détendus, comme s'ils avaient peur que contredire mon choix ne revienne à contredire le capitaine Bow lui-même.

Une semaine après, mes bagages étaient empaquetés. Des posters, des figurines, des photos de familles, tout allait déménager dans ma nouvelle maison... ou mes nouvelles maisons, que sais-je ? Je ne savais pas où j'allais et je n'avais pas envie de le savoir.
L'aube arriva et j'étais déjà postée sur ce fameux pommier dans le jardin, celui qui avait vu tant de fois la pégase s'écrouler. Mais cette fois, ce qu'il verrait, c'est une aventurière prendre son envol.

Ma mère arriva avec une pile de livres entre les sabots.
« Tu n'as même pas pris un seul des livres que je t'ai offert, Dashie ! Un peu de lecture ne te fera pas de mal ! »
Je pris le premier livre et lu la couverture : Daring Do et la Quête du Saphir Sacré.
« Non, tu ne me feras pas lire ces machins ! dis-je en le reposant. Je ne suis pas un crâne d’œuf ! »
Elle laissa tomber sa pile et me rejoint sur l'arbre.
« Tu es vraiment prête ?
- Absolument. »

Soudain, elle me tendit un jeu d'accessoires colorés, s'entrechoquant et cliquetants. Des lunettes de voltige, de style ancien, avec des éclairs gravés, je me rappelais les avoir vu sur une étagère du salon, comme une relique du passé. Il y en avait sept, une pour chaque couleur de l'arc-en-ciel.
« Tu as quand même un peu de place dans ton sac ? Lorsque nous avions ton âge, ton père et moi appartenions à un groupe de jeunes pégases un peu foufous : l'escadron subsonique on appelait ça et... pour reconnaître les membres, on portait ces lunettes pour partir à l'aventure... maintenant que c'est toi qui part à l'aventure, je voulais que... »
Elle remarqua mon impatience et mon semi-désintérêt pour cette histoire, elle me tendit les lunettes et en débuta une autre :
« Ne fais pas attention aux quelques rayures, elle viennent du jour ou ton père et moi nous nous sommes battus contre de féroces créatures de glace ailées qui naissaient dans la neige et se faisaient passer pour des windigos.
- C'est tout de suite bien plus cool !
- Ah ah, on appelait ça des Sentinailes, parce qu'elles se comportaient comme des gardes et qu'elles avaient des ailes. Avec les lunettes qu'on portait et ce nom drôle qu'on leur donnait, on oubliait vite notre peur... »
Avec un sourire, je pris les lunettes et les glissa dans mon sac, elle murmura alors :
« Et moi, je portais les vertes... »

Rapidement, je récupérais les lunettes vertes et les plaçaient sur mon museau, avec un clin d'œil. Elle se mit à rire, essaya en même temps de me recoiffer la crinière, puis me prit dans ses bras.
« Dis-toi que chacune de ses lunettes et une pensée de ta maman qui ne t'oublieras jamais...
- Faudrait vraiment le vouloir pour m'oubli... euh... moi aussi, je penserais fort à toi, maman. »

Je me postai alors, face à soleil levant et passa mon sabot dans ma crinière pour retrouver ma coupe décoiffée fétiche. Maman s'en amusa, et elle battit des ailes pour me donner une petite brise de départ.
Alors, j'ouvris mes petites ailes aussi grand que je pouvais et prenais mon envol, avec un dernier regard, assez perçant pour voir la larme à l'œil de Windy Whistles.

Un seul mot désormais : Liberté. La vie m'ouvrait ses portes. J'avais l'impression que tout était possible. Je planais en éclatant de rire toute seule, pratiquant des pirouettes que je n'avais jamais accomplies. Je laissais le passé derrière moi, une nouvelle vie commençait. Une vie à deux mille à l'heure, une vie de Dash !

Et cette vie en solitaire me plaisait encore plus que je ce que j'avais imaginé. Je me nourrissais des fruits des arbres et je dormais sur les branches. Je rencontrais des oiseaux qui partagèrent mon voyage, ou des nomades sympathiques. Me reposant chez l'un, chez l'autre, pas de cours, pas d'heures de coucher ni de lever. Excepté le fait que je ne voyais plus le visage de maman en me levant le matin, je n'avais aucun regret.
Même s'il s'agissait aussi de retrouver Fluttershy, ce n'était pas une quête : c'était un voyage inespéré. Je ne savais pas du tout où je volais, je me laissais porter par le vent et par le hasard. Et souvent le hasard fait bien les choses...

Je suis arrivé dans la magnifique ville de Skyfall, ville de pégases semblable à Cloudsdale, un mois de printemps.

Mon arrivée fut des plus mouvementées. Tout a commencé par un étrange panneau : Bienvenue à Skyfall. Attention aux percussions.
J'ai à peine eu le temps de me poser la question sur ces fameuses percussions qu'un pégase me percuta à pleine vitesse. J'ai fini écrasée contre un lampadaire.
« Oh, mille excuses, je suis vraiment désolée !
- Non mais ça va pas la tête, espèce de chauffard ! Je vais... »

C'est alors que j'ai eu l'apparition la plus céleste de ma vie. Une jeune pégase, à la robe vert pâle virant vers le jaune, avec une magnifique crinière ornée de reflets dorés et argentés. Sa marque était une magnifique plume en or.
Je la voyais dans mon esprit en train de sourire, mais en vérité elle avait une expression très grave.
« Ça va ? Rien de cassé ? Je m'excuse, c'est ma faute, je ne regardais pas où j'allais...
- C'est bon, y a pas de mal... (en vérité, je souffrais atrocement mais bon...)
- Je suis encore une novice en voltige, j'ai appris à voler il y a très peu de temps.
- Moi aussi, si tu veux tout savoir.
- Tu n'as pas l'air d'être du coin, je me trompe ?
- Oh, je me balade... Je m'appelle Rainbow Dash.
- Ce nom est superbe... »
Elle braquait fixement sur moi ses iris jaunes bienveillants.

Et à vrai dire, son apparence angélique et sa tendresse semblaient assez irréelles pour commencer à m'effrayer, surtout lorsqu'elle tendit violemment son sabot vers moi et pencha sa tête sur le côté, en déclarant avec un doux sourire :
« Je m'appelle Liberty Hope, et je te souhaite la bienvenue à Skyfall... Dash. »

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Note de l'auteur

Lorsque l'histoire ne répond pas à vos questions... créez l'histoire !
Notez que la fiction entière se déroule avant l'épisode "Parental Glideance" de la saison 7, voire avant la saison 6, si ça vous perturbe...

Comme je l'ai dit dans mon billet précédent, le prologue Littlest Rainbow Tales est complétement dissocié au niveau temporel de la fiction en elle-même. Mais, vous me connaissez, ça ne veut pas dire qu'elle est dissociée au niveau scénaristique !
Et n'ayez pas peur de la longueur, le reste sera plus court !
Au passage, ceux qui ont suivit attentivement Œil de Braise (je sais que j'en demande beaucoup là) devraient reconnaître quelques anecdotes sur un certain vison...

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Raincloud
Raincloud : #43975
Acylius13 septembre 2016 - #42443
Je vais attendre d'avoir lu quelques chapitres de plus pour donner un avis plus poussé, mais juste une remarque en passant : comment Rainbow et Fluttershy ont-elles pu se rendre de Cloudsdale à un autre endroit si, à ce moment-là, Rainbow ne savait pas encore voler ?
PS : je ne suis pas tout à fait certain que ça me soit destiné, mais merci pour le petit clin d’œil sur les rongeurs !
C'était carrément destiné à toi et ça reprend aussi l'apparition de Max dans Œil de Braise.
Pour ta question... euh... des navettes forêt-nuage ? Des ponts ? Des bus volants ? Cloudsdale qui se pose par terre ? Roooh, Acylius, comme pour les rongeurs, tu chipotes sur les détails... c'est magique, voilà !
Il y a 1 an · Répondre
Acylius
Acylius : #42443
Je vais attendre d'avoir lu quelques chapitres de plus pour donner un avis plus poussé, mais juste une remarque en passant : comment Rainbow et Fluttershy ont-elles pu se rendre de Cloudsdale à un autre endroit si, à ce moment-là, Rainbow ne savait pas encore voler ?
PS : je ne suis pas tout à fait certain que ça me soit destiné, mais merci pour le petit clin d’œil sur les rongeurs !
Modifié · Il y a 1 an · Répondre
Raincloud
Raincloud : #41611
Je comprends ta frustration, Ephell. le truc s'est que je voulais absolument caser 1) toutes les références qu'on connait déjà 2) les impressions profondes de Rainbow sur tous ses évènements 3) ce qui était absolument nécessaire pour expliquer le scénario plus tard. Tout ça, rien qu'entre la naissance et le Rainboom.
Et c'est juste après l'avoir posté sur le site que je me suis rendu compte qu'elle faisait 9500 mots...

Ouais je vais essayer de taillader ici et là pour faire venir plus de lectorat. En tout cas, merci d'être là (et merci Airtstorm, c'est loin d'être un One-Shot) et je suis vraiment touché par ce beau compliment sur mon écriture. En gros, c'est un énorme bloc de marbre, mais un énorme bloc de marbre joliment taillé...
Il y a 1 an · Répondre
EphelI
EphelI : #41601
Et bien, on débute avec un gros morceaux pour cette nouvelle fic !

Bon, la première chose que j'ai à dire, c'est que c'est vraiment, vraiment bien écrit : Tu maîtrises la première personne avec brio, les personnages sont touchants, il n'y a pas de répétitions, les fautes sont presque inexistantes, et j'en passe. Rien que pour cela, je suivrai de près l'avancement de ta fic.

L'histoire n'est pour l'instant pas très originale, c'est juste [la jeunesse de RD avec ses parents et des scènes que l'on connaît déjà (le premier Sonic Rainboom par exemple).] Le ton et les bases sont néanmoins posés, c'est déjà ça.
N'ayant pas (encore) lu Œil de Braise, je n'ai pas saisi les références cachées et je me suis un peu ennuyé par moment. Il aurait peut être fallu être un peu plus concis, car honnêtement, [une intro de presque 9k mots sur un perso que l'on connaît déjà], cela peut en repousser plus d'un (mais pas moi ^^)

J'espère ne pas t'avoir trop bousculé car ta fic a un vrai potentiel, c'est juste mon côté grognon qui la trouve mal introduite.

Je ne sais pas si tu as des chapitres écrits à l'avance
mais dans tous les cas je les attend avec impatience !
Modifié · Il y a 1 an · Répondre
Airstorm
Airstorm : #41551
A la fin, j'était en train d'espérer que ce n'est pas un One-Shot.
Yush ce n'est pas un One-Shot :D
Il y a 1 an · Répondre

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