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Broken Paradise

Une fiction écrite par Paillou.

Chapitre 2

L’eau de la douche ricochait sur le sol depuis plusieurs minutes déjà. Spitfire laissait le jet lui tremper le pelage et la crinière, sans prononcer le moindre mot. Elle était revenue à heure tardive de sa soirée avec Soarin, et avait décidé d’aller prendre une seconde douche pour s’aérer l’esprit. Elle avait bu plus de bières qu’elle n’aurait dû, et commençait à avoir quelque peu mal à la tête. Elle avait été obligée de se faire discrète pour ne pas réveiller les autres Wonderbolts endormis dans les dortoirs. Il devait être minuit passé, et les pégases savaient pertinemment qu’ils n’avaient pas à attendre le retour de leur Cheftaine pour aller dormir.

Spitfire lâcha un bâillement et cligna des yeux, avant de soupirer et d’éteindre la douche. Des gouttes dégoulinaient de sa crinière, et la pégase s’empressa d’aller chercher une serviette pour se la sécher. Elle attrapa ensuite sa brosse à dent, tout en songeant à ce qu’elle venait de vivre. C’était une soirée agréable, certes. Mais elle ne pouvait s’empêcher d’être assaillie de doutes. Elle craignait que sa relation avec l’étalon ne puisse durer. Quelque chose n’allait pas, et elle n’arrivait pas à mettre le sabot dessus. Oui, il était sûr qu’elle et Soarin s’entendaient bien. Très bien même. A vrai dire, Spitfire savait, au fond d’elle, qu’elle ressentait plus que de la simple sympathie pour le Wonderbolt. Mais pouvions-nous vraiment appeler cela de l’amour ?

La jument dorée se rinça la bouche et quitta les vestiaires à pas lents. Elle passa devant la salle de détente des Wonderbolts, sans remarquer qu’une ombre la surveillait. Spitfire faillit lâcher un hurlement lorsqu’elle sentit un sabot frôler sa croupe. Elle fit volte-face, les yeux écarquillés.

« Qu’est-ce que ? »

La Cheftaine tomba museau à museau avec Soarin qui la regardait, une lueur amusée dans les yeux. Il laissa échapper un léger rire, assez moqueur pour chauffer le sang de Spitfire.

« Je t’ai fait peur ? »

La pégase ne répondit pas, et se contenta de foudroyer son camarade du regard. Elle tenta ensuite de passer devant lui pour quitter les lieux, mais c’était sans compter la rapidité de Soarin ; l’étalon lui barrait délibérément le passage et ne cessait de la fixer. Spitfire leva les yeux au ciel et tapa le sol de son sabot, signe de son impatience et de son incrédulité.

« Soarin, ce n’est vraiment pas le moment pour s’amuser. J’aimerais aller me coucher, et je suis certaine que toi aussi. »

Le Wonderbolt garda le silence tout en s’approchant un peu plus de Spitfire. Son souffle se mêla bientôt à celui de la jument, et il lui déroba un rapide baiser. Spitfire sentit l’odeur de l’alcool lui piquer la gorge. Ils étaient tous les deux sous l’emprise de ce qu’ils avaient bu, et elle ne voulait pas faire quelque chose qu’elle regretterait le lendemain. Même si actuellement, coucher avec Soarin sur le canapé de la salle de détente, lui était plutôt tentant.

« Pas ce soir. Tu as bu. J’ai bu. Et je..

- Oh, allez Spit’, ne sois pas mauvaise joueuse. »

Soarin l’embrassa dans le cou et Spitfire fut contrainte de serrer les dents pour ne pas laisser échapper un gémissement. Elle sentait son pelage devenir de plus en plus chaud au fur et à mesure que les secondes passaient, et elle avait peur de céder à la tentation. Elle ferma les yeux lorsque le pégase lui caressa la crinière et se montra de plus en plus entreprenant. Elle faillit plonger, abandonner toute lucidité, mais se résonna au dernier moment. Elle secoua la tête et recula, les oreilles en arrière.

« Non je.. désolée. Ce n’est pas une bonne idée… »

Soarin soupira mais n’insista pas. Il savait que lorsque Spitfire avait décidé quelque chose, il était impossible de la faire changer d’avis. Vous pourriez lui proposer mille et une choses et faire le tour du Monde pour elle, elle restera sur sa décision. Elle pouvait se montrer extrêmement têtue lorsqu’elle le voulait.

« On ferait mieux d’aller se coucher, murmura-t-elle en faisant volte-face, sans prendre la peine de regarder si son camarade la suivait.

- Hm... vas-y toi. Je vais rester ici pour lire un peu. »

Spitfire manqua de s’étouffer avec un rire naissant dans sa gorge. Elle savait parfaitement ce que l’étalon allait faire, maintenant qu’elle avait refusé de lui accorder ce qu’il désirait. Elle se contenta cependant d’hausser les épaules et de lancer un simple « d’accord », avant de quitter la pièce. La Cheftaine sortit du bâtiment et marcha silencieusement jusqu’aux dortoirs. L’air frais de la nuit la revigora, et elle prit une profonde inspiration. La pégase entrouvrit la porte du bout du museau, tout en maudissant le grincement qui se produisit. Fort heureusement, elle ne semblait avoir réveillé personne. Spitfire s’avança doucement jusqu’à son lit, manquant de trébucher sur quelque chose, n’y voyant rien dans la pénombre, et finit par arriver à destination. Elle tira la couverture et se glissa sur le matelas tout en soupirant. Elle était épuisée, et pourtant, elle savait qu’elle n’allait pas réussir à trouver le sommeil. Les bières lui faisaient encore tourner la tête, mais impossible de s’endormir. Elle pensait trop. Elle réfléchissait trop. Mais cette fois-ci, ce n’était pas Soarin le sujet de ses préoccupations. Non, c’était ce qu’elle avait lu dans le journal qu’elle avait acheté il y a quelques heures. Une attaque imminente ? Une garde renforcée ? Pour l’amour d’Equestria, mais que se passait-il donc ? Etait-ce grave ?

« Cesse de penser Spit’, tu te rends malade pour rien, se murmura-t-elle à elle-même. »

***

« Je maintiens que je vais regretter cette idée dans peu de temps. »

Spitfire marchait aux côtés de Soarin dans les rues de Canterlot, un chapeau en paille déposé sur sa tête. La jument ne se donnait pas souvent le temps d’être féminine, mais son camarade avait tant insisté pour qu’elle se donne une touche coquette, qu’elle avait fini par céder.

« Je t’assure que non. »

La pégase secoua sa crinière, agacée. Le soleil lui apportait quelque chose de chaleureux et la mettait cependant de bonne humeur malgré elle. Néanmoins, elle ne pouvait s’empêcher de se sentir coupable ; elle n’avait rien à faire là, à se promener dans les rues de la ville sophistiquée qu’était Canterlot. Non, actuellement, elle devrait être à l’Académie, en train d’entraîner ses cadets. Spitfire lança un regard assassin à Soarin qui ne cessait de la convaincre qu’elle n’avait rien fait de mal ; comment avait-elle pu céder à sa demande ? Qu’est-ce qui lui était passé par la tête exactement ?

« Oh allez, s’il te plait ! »

L’interpellée leva les yeux au ciel et poussa un long et bruyant soupir. Elle était assise à son bureau, les stores derrière elle à demi fermés ; elle tenait une tasse de café dans son sabot, dont s’élevait un petit nuage de vapeur. Elle n’avait pas encore enfilé son uniforme, et pour cause ; cela faisait au moins dix minutes que Soarin la suppliait de faire quelque chose de complètement stupide.

« Non. »

La pégase savait qu’elle était cependant sur le point de céder, et ça ne lui plaisait pas. Son camarade lui avait proposé de passer une journée entière à Canterlot, et était venu la trouver de bon matin pour lui annoncer la nouvelle. La première réaction de Spitfire a bien été de refuser. Si elle s’absentait quand bon lui semblait, ce serait bientôt l’anarchie à l’Académie. Et cela, Soarin devrait le savoir.

« Mais je t’ai dit que Fleetfoot était d’accord pour s’occuper des cadets aujourd’hui ! Je lui en ai parlé et elle a trouvé que c’était une excellente idée. Tu ne sors pas assez Spit’, tu as vraiment besoin de t’aérer l’esprit.

- Et moi je te dis que Fleetfoot ou pas, je ne peux pas partir comme ça ! C’est si compliqué à comprendre ? »

Spitfire avala une gorgée de café et fit mine de se plonger dans ses documents, bien qu’elle n’y fasse absolument pas attention. C’était peut-être vrai après tout ; elle ne sortait pas assez. Elle ne s’accordait jamais de temps pour elle, entre les shows et les entraînements, elle n’avait pas une seconde de libre. Elle savait que lorsqu’elle fut nommée directrice de l’Académie, il lui faudrait faire des sacrifices ; adieu soirées entre amis et vacances longues de plusieurs semaines. Elle avait désormais de grandes responsabilités qui pesaient sur ses épaules, et elle ne pouvait pas se permettre de les fuir.

« Spit’, tu as été tracassée toute la soirée hier, et tu as mal dormi cette nuit. Laisse-moi donc t’offrir un jour de repos. »

Spitfire déglutit, poussa un nouveau soupir et releva les yeux de ses papiers. Devant le regard suppliant de Soarin, la Wonderbolt comprit instantanément qu’elle avait perdu la partie.

« Entendu. »

Les deux pégases s’étaient empressés de voler jusqu’à Canterlot, sans même prendre la peine d’utiliser le train. Ils étaient des acrobates aériens après tout, et les longues distances de vol ne leur faisaient pas peur. D’abord réticente, la jument dorée s’était vue obligée de suivre Soarin, et de faire quelques emplettes, dont ce fameux chapeau qu’elle portait. Cela faisait à peine une demi-heure qu’ils étaient arrivés à destination, et déjà, Spitfire ressentait une pointe de regret.

« Je n’aurai jamais dû partir. Imagine que Fleetfoot ne s’en sorte pas ? »

L’étalon toussota et haussa les sourcils.

« Hé ho Spit’, on parle de Fleetfoot là. Elle est l’une de nos meilleurs éléments, tu le sais en plus, c’est toi qui dirige après tout. Elle n’aura aucun problème à entraîner les cadets pendant une bonne journée. »

Devant le silence de sa compagne, Soarin l’embrassa sur la joue pour tenter de la rassurer.

« Il faut que tu arrêtes de t’en faire pour tout et n’importe quoi. Détends-toi ! Profite un peu. »

Spitfire inspira longuement et ferma les yeux pour faire le vide dans sa tête. Oui, il avait raison. Elle devait apprendre à se détendre. A penser à autre chose. Elle aussi avait le droit de profiter de la vie. Ce n’était pas parce qu’elle était une des pégases les plus célèbres d’Equestria, qu’elle devait s’interdire quelques petites plaisirs. La pégase allait répondre, lorsqu’elle sursauta au moment où quatre poneys en uniforme passèrent près d’elle au pas de course. Elle reconnut sans peine les membres de la garde royale du château. Ils avaient l’air agités et angoissés, et étaient armés.

« Tu as vu ça ?

- Oui, et alors ? Et alors ? s’exclama Spitfire en haussant la voix. Tu trouves ça normal toi ? »

Soarin haussa les épaules, ne sachant pas trop quoi dire.

« Je n’en sais rien. C’est sans doute rien, il faut pas s’inquiéter. C’est peut-être un défilé. »

« C’est ça, et moi je suis la Princesse d’Equestria » songea silencieusement Spitfire qui serra les dents. Elle n’était pas du genre à s’inquiéter pour rien, mais elle savait que ce qui se passait était quelque chose d’important. Ils ne disaient pas grand-chose pour éviter d’affoler la population, voilà tout.

La Wonderbolt parcouru les différentes boutiques qui s’offraient à elle, d’un simple regard. Rien qu’à regarder les prix affichés dans les vitrines, elle en était malade. Non pas qu’elle n’avait pas les moyens de s’offrir des vêtements de luxe, son salaire le lui permettait sans aucune difficulté. Non, c’était juste que Spitfire n’était pas une jument dépensière, et elle ne comprenait pas les poneys qui pouvaient faire passer toutes leurs économies, dans des vêtements qu’ils ne mettraient parfois jamais.

Un hurlement soudain retentit à travers toute la ville. Spitfire se figea net, dressant les oreilles. Ses muscles étaient tendus et elle était prête à prendre la fuite s’il le fallait. Que se passait-il ? Qui avait hurlé, et pourquoi ?

D’autres poneys s’étaient immobilisés dans la rue, parcourant les environs du regard. La peur luisait dans leurs prunelles, et ils semblaient perdus. Au début, Spitfire pensa que c’était un enfant qui avait hurlé de tristesse ou de colère, surement parce que sa mère n’avait pas accepté de lui offrir ce qu’il désirait. Pendant plusieurs secondes, plus rien ne se passa. Des murmures étouffés résonnaient dans les rues, chacun se demandant d’où avait pu venir cet affreux hurlement. Une subite explosion brisa le silence, faisant bondir le cœur de Spitfire dans sa poitrine. Le trottoir se mis presque à trembler, et instinctivement, la pégase se plaqua au sol.

« Qu’est-ce que c’était ?! »

Silence. Plus personne ne bougeait, c’était comme si le temps s’était figé. Même les oiseaux s’étaient arrêtés de chanter. La foule n’osait plus faire le moindre geste, de peur de mourir la seconde qui suivrait. Les respirations étaient retenues, le soleil fut couvert par un nuage. La ville tournait au ralenti. La peur commençait à prendre possession des cœurs des poneys. Seconde explosion. Cette fois-ci, tous se mirent à crier. Une vague de panique parcouru les rues, et personne ne savait plus quoi faire. Des poneys couraient pour aller s’enfermer dans un restaurant ou un hôtel ; d’autres s’envolaient et tentaient d’avoir une vue plus étendue sur ce qui était en train de se passer. La sécurité avait été renforcée ; comment cela se faisait-il que Canterlot se fasse attaquer ? Qui leur en voulait ? Etait-ce le début d’une attaque ? D’un attentat ?

Soarin recula doucement, tout en lançant un regard perdu et affolé à sa camarade. Spitfire, elle, se redressa et commença à avancer vers l’endroit où s’était produit l’explosion.

« Spit’, qu’est-ce que tu fiches ? Il faut se barrer d’ici ! »

La Capitaine des Wonderbolts ne l’écouta pas. Elle continuait à avancer, une boule au ventre. Elle devait savoir, elle voulait savoir. Elle aurait pu utiliser ses ailes pour prendre moins de risque, mais sur le feu de l’action, elle n’y songea pas. Devant elle passa soudainement un poney qui semblait blessé à l’épaule. Du sang coulait d’une entaille, et elle put apercevoir des sortes d’éclats qui étaient enfoncés dans la plaie. Avant que Spitfire n’eut pu faire d’autres gestes, une sirène se mis à lui vriller les oreilles.

« Le signal pour une évacuation. »

Ils évacuaient la ville.

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