Prologue

Je me réveille en sursaut, couvert de sueurs froides. Avais-je crié dans mon sommeil ? Impossible de le savoir mais en tout cas, je sens ma gorge en feu, comme si j’avais crié à plein poumons pendant plusieurs minutes. D’après les grognements exaspérés de Bolt, mon animal de compagnie, il semblerait que j’ai fait suffisamment de bruit pour le déranger. Je m’assois dans mon hamac nuageux. J’ai la gorge qui me brûle, un peu d’eau me fera du bien. Je me lève et me dirige vers la salle de bain. L’aube est levée depuis moins d’une heure, mais la lumière est largement suffisante pour voir. Je me passe un peu d’eau sur le visage et me remplit un verre du liquide glacé. Ah, ce que ça fait du bien.

Mon reflet me renvoie mon regard embrumé par le sommeil. Je le dévisage, je me dévisage. Un pelage brun-rougeâtre sombre, une crinière d’un brun si foncé qu’il en parait noir, des yeux marrons aux nuances variables. Et le plus remarquable, mes ailes. Deux grandes ailes de cuir, semblables à des ailes de dragons ou de chauves-souris, avec des griffes aux bouts des articulations, à l’ossature de la couleur de mon pelage et à la peau d’un gris clair. Comparativement aux pégases « normaux », mon envergure est bien plus grande. C’est très pratique pour voler en planant sans se fatiguer, moins pour voler en intérieur. Je ne suis pas fier de mes ailes (contrairement à certains pégases), pas plus que je ne les déteste : elles font partie de moi, voilà tout.

Il faut avouer aussi que je ne suis pas très commun pour un pégase, niveau silhouette. Là où la plupart des pégases sont élancés, je suis trapu. C’est bien simple, niveau physique, je ressemble plus à un poney terrestre avec des ailes qu’à n’importe quelle autre pégase.

Je repense à mon cauchemar. Non, à mon souvenir. Car c’est bien cela, un très mauvais souvenir, sorti tout droit de mon enfance, d’une période pas très rose pour moi.

Depuis quelques temps, je revis ce souvenir chaque nuit, encore et encore, dans mes cauchemars. Je devrais peut-être consulter quelqu’un, en parler. Essayer d’exorciser ces souvenirs.

Bah, en parler à qui ? Qui comprendrait ? Au psy de l’hôpital ?

Nan, pas une bonne idée.

Mon regard tombe soudain sur le bureau, où j’ai posé ma plume et mon encrier hier soir. Un carnet vierge, tout neuf, est posé à côté. Je l’ai acheté pour dessiner, mais une autre idée me trotte dans la tête. Et si j’y consignais mon passé, mes souvenirs, histoire de les mettre à plat une fois pour toutes ?

Je nettoie un peu le bureau, range les figurines à moitié peintes, les bouts de feuilles gribouillés de dessins. Je saisis ma plume, prépare l’encre.

Par où commencer ? « Par le commencement, silly Galzra » dit Pinkie Pie à la fenêtre.

Pinkie Pie ? à la fenêtre ? Je suis au dernier étage de ma maison, comment ? Ah oui, des ballons à l’hélium...

« Salut Galzra, ça va ? Oooh toi, t’a une petite mine. T’a fait des cauchemars ? Ou alors t’a passé la nuit à jouer à la console ? Ouh ouh ouh, je sais je sais : tu as fait des chimichangas et ça t’a pris toute la nuit !! »

- Bonjour Pinkie. Oui, ça peut aller. Pour le reste, désolé mais ça ne te regarde pas et…

-Oh t’es pas marrant ce matin, me coupa Pinkie. Allez, dis-moi, dis-moi, je te promets de rien dire ! silteplait silteplait silteplaiiit !

-Pinkie ?

-Ouiii ?

-Tu vas être en retard pour dire bonjour au reste de la ville, tentais-je en dernier recours pour mettre fin à sa curiosité débridée.

-Oooooh ! T’a raison je file ! Bonne journée et attention aux livres qui tombent ! » dit Pinkie en s’éloignant portée par ses ballons à l’hélium, me laissant enfin tranquille.

Qu’est-ce qu’elle a voulu dire par « livres qui tombent » ? -Bump-

Aie, ok ok, j’ai compris, ne plus mettre en doute le Pinkie Sense.

Bon où j’en étais moi ?

Ah oui, par où commencer ?

Bon, commençons par le début, comme me l’a suggéré Pinkie.