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La maladie venue d'ailleurs

Une fiction écrite par GeekWriter.

Chapitre 6

A l’hôtel, dans l’une des suites, deux ponettes étaient en train de se préparer. L’une était une terrestre au physique des plus classique, au pelage beige et à la crinière noire. Elle était en train de se faire brosser par une licorne blanche, au crin bleu électrique et portant des lunettes mauves fumées. Celle-ci utilisait sa magie pour manier la brosse avec dextérité pour donner une sublime coiffure de lady à son amie.

« Ahhh, Vinyl, soupira la terrestre avec une voix distinguée de lady. Tu t’améliores de jour en jour. Je sais que l’on est consignée dans cet hôtel depuis une semaine, mais le concert est pour ce soir. Quand je pense que c’est nous que l’on a choisi pour ce concert de charité… C’est incroyable n’est-ce pas ? »

La dénommée Vinyl répondit alors par un grand sourire et un hochement de tête silencieux. Elle continua de brosser tant et si bien, que la coiffure de sa camarade se lissa et gagna un aspect des plus sophistiqué. Elle prit alors, toujours avec sa magie, un peu de laque à la lavande qu’elle appliqua sur la crinière de la ponette distinguée. Celle-ci prit alors un col comportant un nœud papillon, l’attacha à son cou et vérifia son reflet dans le miroir. Le petit ornement de tissu s’associait très bien à ses yeux mauves et à sa marque de beauté violette en forme de clef de sol. Oui, son seul habit lui allait comme un gant.

« Et nous voilà prête ! s’exclama la terrestre en levant le sabot au-dessus de sa tête. Enfin, tu es prête n’est-ce pas ? »

La jument à la crinière en pagaille hocha de nouveau positivement de la tête.

« Bien ! Alors ! Octavia et Vinyl brûleront les planches ce soir ! déclara la ponette distinguée avec détermination. Bon, je vais m’exercer sur mon violoncelle. »

Elles sortirent de la salle de bain et la violoncelliste chercha son instrument imposant dans la chambre. Tout ce qu’elle trouva, c’est le mobilier de la chambre double que le duo occupait et une porte ouverte. Porte dont elle n’avait pas le souvenir de l’avoir laissé ainsi. Une perle de sueur froide parcourut le front des deux juments alors qu’elles se mirent à refouiller bêtement la chambre. Mais non, l’imposant violon avait disparu. Octavia se mit aussitôt à hurler d’un cri strident, complètement tétanisée, alors que sa compagne déboula hors de la chambre à la volée pour tenter de rattraper un éventuel voleur. L’équidée couleur crème arriva en trombe dans le hall et accosta aussitôt le réceptionniste avec moult mouvements de sabots confus et désespérés. L’interlocuteur leva un sourcil d’incompréhension avant de demander d’une voix snob :

« Mademoiselle… Pon3… Nous n’avons plus de cidre, vous avez vidé nos réserves hier midi. Je suis sincèrement désolé. »

Vinyl essaya aussitôt de brûler le concierge du regard pour lui faire comprendre la gravité de la situation, mais celui-ci s’était déjà replongé dans sa comptabilité. La ponette aux yeux rubis serra les dents et frappa du sabot le bord du comptoir pour attirer l’attention de la licorne mâle. Celui-ci soupira, s’adressant de nouveau à la jument qu’il commençait à trouver casse sabot depuis le début de son séjour.

« Ecoutez, vous êtes peut être la digay la plus célèbre de tout Equestria, mais ici, on préfère le calme et les musiques plus mélodieuse. Et non tout le raffut que vous avez occasionné toute la semaine au point de faire partir la totalité des clients de l’hôtel. Maintenant, laissez-moi. »

Alors que la disc-jockey commença à s’énerver en silence, un sabot se posa sur son encolure. Il s’agissait d’un épais terrestre, portant chapeau et manteau noir.

« Il y a un souci mam’zel Scratch ? demanda t-il vulgairement mais avec douceur. »

***

« Non… murmura Geek Writer. Pas comme ça, c’est trop brute.

- Ah ? demanda une voix d’étalon hésitant. Mais, tu pr

éfères comment alors ?

- Regarde, dit la ponette au crin violet à reflet vert d’un ton malicieux. Je vais te montrer.

- Ohhh. Je vois. Oui, c’est génial comme ça.

- T’arrête pas, encouragea la journaliste d’un ton pressant. C’est juste délicieux là.

- Tout à fait. Oh bon sang, je n’en peux plus.

- Vous faites quoi là au juste ? »

Un deuxième étalon, portant veste et cravate, venait de rentrer dans le bureau qui servait à la fois de chambre de détention pour Geek Writer et de réserve à objets volés, pour les Easy Money.

« Ben, on joue en coopération à Gears of Buck, répondit alors simplement la détenue.

- Ouais, le boss a dit qu’il fallait l’occuper, tout ça, tenta de justifier son compagnon de jeu. »

L’arrivant observa alors la situation : si la licorne utilisait une manette adapté pour la magie, le terrestre à ses côtés utilisait un dispositif adapté à son espèce : un boîtier destiné à rester au sol face à son utilisateur avec un gros joystick, plusieurs boutons situés sur la tranche du boîtier afin d’être accessible aux sabots postérieurs. Enfin, dans un autre coin du boîtier, une sorte de pad tactile, utilisable avec le sabot antérieur droit. La manette pour licorne était un simple appareil dénué de tout bouton. Il suffisait juste que la licorne utilise sa magie et sa volonté dessus pour jouer au jeu, ce qui nécessitait tout de même de lire le manuel pour connaître les possibilités offertes et de l’énergie. Un temps de jeu trop prolongé pouvait surchauffer l’organe frontal de l’individu, ce qui était perçu comme une lésion.

Geek Writer cependant avait une corne aussi endurante que celle d’un militaire, et ses temps de jeux pouvaient atteindre la demi-dizaine d’heure avant qu’il n’y ait de risques de blessure.

Les deux joueurs rangèrent les manettes, car c’était l’heure de la relève, et le geôlier remplaçant n’appréciait que trop peu ce genre d’activité. Alors que le premier étalon sortit, le second prit un chapeau noir sertit d’une bande verte de son sac, et le tendit vers la journaliste au pelage gris qui lui adressa un grand sourire.

« Merci beaucoup ! J’ai cru que je ne le reverrai jamais.

- C’est rien, assura aussitôt l’étalon en appuyant son propos d’un petit mouvement de sabot. On a eu le temps d’aller le chercher dans votre diligence très spéciale. »

Notant le ton narquois appuyé des trois derniers mots, la ponette lui tira la langue tout en se dirigeant vers son lit. Elle s’empara d’un livre au passage avant de se laisser tomber sur sa couche en soupirant.

« Je commence à me sentir de mieux en mieux, commenta-t-elle avec nonchalance.

- Au bout de trois jours de détention, c’est normal, lui assura son interlocuteur qui prit lui aussi un ouvrage entre ses sabots et des lunettes sur le museau.

- Ca veut dire qu’à partir de demain, je pourrai enfin m’échapper d’ici, conclut-elle joyeusement. »

Les deux équidés rirent alors joyeusement, bien que celui de Geeky se brisa en une petite quinte de toux. Elle plaça un sabot devant sa bouche tandis que le geôlier se calma petit à petit.

« Je pense que tu n’as pas compris le concept d’une évasion, expliqua l’étalon amusé. Le groupe, auquel tu essayes de t’échapper, ne doit pas prendre conscience que tu tentes de te sauver. Ou sinon, tu vas avoir plein d’embêtements.

- J’aime bien le challenge, expliqua la licorne en appuyant son propos d’un clin d’oeil. Sinon, d’ici ce soir, je serai déjà dehors.

- Mais oui, mais oui, soupira le terrestre tout en se recentrant sur son livre. Et pendant ce temps-là, je lirai mon journal, bien entendu. »

La ponette se replongea elle aussi dans sa lecture, en silence. Ils ne le savaient visiblement pas, mais elle avait beaucoup de ressources ainsi qu’un certain talent pour faire illusion. Demain, elle sera dehors et elle préparera sa prochaine étape. En deux coup de sabots, et même les pégases la trouveront habile.

***

« COMMENT ? tempêta un Pizza Slice, décidément des plus déchainé au point d’avoir fissuré son épais bureau d’un coup de sabot.

- Le concert de charité que vous avez organisé ne pourra avoir lieu ce soir, annonça avec hésitation un voyou licorne qui tentait de se faire tout petit. L’instrument d’Octavia Melody a été volé dans leur chambre d’hôtel… Par l’un des nôtre.

- Justement ! exaspéra le lourd terrestre avant de reprendre sa grosse voix. J’ai dit qu’il ne devait rien leur arriver de mal. Et voilà que l’un de nos étalons s’amuse à lui voler son violoncelle !

- Hum… et ben… C’est là que l’on ne comprend pas, il paraît que ça vient de vous cette décision. »

Le petit voyou était presque recroquevillé sous le bureau, apeuré de la réaction du grand parrain. Celui-ci, en effet, en cas de crime grave envers lui ou la famille possédait un terrible châtiment : il obligeait le réfractaire à lui servir de chaise pendant quarante-huit heures ou bien il était banni de la famille. Et vu le poids du chef, c’était quelque chose d’assez extrême. Mais contre toute attente, celui-ci prit le temps de réfléchir, un sabot sous le menton.

Money Maker à tous les coups.
Maintenant qu’elle était (hélas) leur associée, elle pouvait avec son bagou et un peu d’astuce, naviguer au sein du gang. C’était simple, tout le monde chez les Easy Money n’était pas encore au courant des frasques de la terrible licorne couleur cerise, il suffisait donc d’un peu de psychologie et de cibler sur les éléments encore fragile du groupe : ceux qui voulaient faire leurs preuves, sans avoir encore compris qu’il était inutile de le faire.

« Cherche-moi tous les cambrioleurs chez les bleus, ordonna l’étalon à la courte crinière gominé. On a peu de temps, alors, on va en gagner en repoussant le concert. De toute façon, Money Maker nous a déjà dans le museau, alors la presse est certainement déjà au parfum. »

Il se leva, bien décidé à participer aux recherches. Il ajusta sa cravate jaune tout en continuant ses injonctions.

« Et je veux que le message passe à tous les poneys, quitte à ce que ça réquisitionne du monde : Money Maker ne fait PAS partie de notre famille. Les ordres ne doivent venir que de moi ou de Truth Walker. Capiche ? »

Le voyou hocha de la tête avant de se ruer dehors pour faire passer le message.

***

Quatrième jour de détention

L’étalon observa la chambre vide de tout occupant avant de fermer la porte derrière lui à clef, comme d’habitude. Il commença à aller s’assoir sur sa chaise, visiblement amusé.

« Geek Writer… Je sais que vous êtes forcément caché quelque part. Il n’y a pas d’autres issues et je ne m’approcherai pas des cachettes pour que vous en profitiez comme un vulgaire rufian. »

Il ouvrit alors le livre qu’il avait commencé la veille, laissant quelques minutes à la ponette pour se raviser et être raisonnable. Il releva le museau de son bouquin et constata que la prisonnière n’avait pas regagnée sagement son lit, aussi, il posa son livre et croisa ses pattes sur son ventre.

« Dernière chance. »

Gardant toujours le sourire, il savait pertinemment que la licorne au crin violet n’allait pas abandonner l’affaire et qu’il allait devoir sévir. Il ricana alors en reprenant la clef dans sa poche pour ouvrir la porte et crier à l’extérieur du bureau réaménagé :

« Hey les gars, on a une situation vingt-deux ici ! Vous ramenez ce qu’il faut s’il vous plaît ? »

Il posa alors sa croupe sur le sol, devant la porte, restant vigilant mais décontracté. Rapidement, deux licornes portant un sac avec leur magie arrivèrent à leur tour dans la chambre. Le terrestre geôlier baissa alors la climatisation à fond et renversa le sac avant de sortir en compagnie des deux licornes. Ils attendirent tous les trois quelques minutes, en léchouillant de tout petits blocs de sels, avant d’entendre quelques bruits de lutte et des objets lourds se renverser.

« Je pense que c’est bon les gars, on a pêché notre poisson. »

Ils rouvrirent alors la porte et éclatèrent d’un rire gras en observant la journaliste, fermement ligoté par un serpent constricteur en recherche de chaleur, dans une pièce devenu bien trop froide pour lui. Le lit avait été renversé et les draps éparpillé un peu partout dans la pièce.

« Je suis déçu, ironisa le terrestre en se retenant de rire. Je pensais que tu avais plus d’imagination que cela.

- Garl, gr, mhuuuuue, tenta de répondre la jument en se débattant faiblement, manquant terriblement d’air.

- Oui, oui, on va te libérer, concéda alors l’un des deux cornu, à moitié hilare. »

***

Cinquième jour de détention

L’étalon en veste et cravate soupira. Pourquoi c’était avec lui qu’elle tentait des coups fourrés ? Etait-ce parce qu’il n’appréciait pas les jeux-vidéo, et que donc, elle jouait avec lui d’une toute autre manière ? Tout de même… Dès la seconde tentative, elle faisait très fort, et très salissant. Toujours sur ses quatre sabots, il referma calmement la porte à clef et s’approcha de la jument licorne, étendue à terre, dans une sinistre mare rouge, son chapeau sur le visage.

« Geek Writer… appela le geôlier avec douceur. »

Mais celle-ci, ne répondit point. Elle resta inerte, sans respirer, sans bouger, sans rien faire.

« Geek Writer, insista le gardien en soupirant. Je sens très bien avec mes naseaux que c’est du ketchup. »

Il sembla alors que le corps de la ponette émit un très fin mouvement. Mais il fit comme si de rien n’était, car c’était visiblement la stratégie de la jeune équidée, toujours inerte. Il soupira de nouveau. Il ne perdait pas patience, mais la ténacité de la prisonnière l’obligeait à agir.

« Bon et bien, je vais pousser ce couvre-chef dans le ketchup, histoire de bien vérifier si t’es morte alors.

- Ah non hein ! cria la ponette à moitié rouge de sauce, tout en se relevant d’un coup et rattrapant son chapeau de son sabot propre. J’y tiens moi à ce chapeau.

- Oui et bien, ne bouge pas, je vais chercher de quoi te nettoyer toi, et le sol. »

L’étalon revint quelques instants plus tard, avec un seau contenant de l’eau savonneuse, des éponges et quelques serviettes. La licorne s’empara de l’une des serviettes et l’essora à moitié avant de se frotter le flan. Le geôlier, quant à lui, se saisit de son livre et reprit sa lecture : il considéra que c’était à la prisonnière de nettoyer, et tant mieux, elle aussi. Après s’être débarrassée de la sauce qui imbibait sa robe grise, la jument se saisit maladroitement du balai entre ses dents et commença à frotter le sol.

Elle avait un air mignon en titubant avec un truc dans la bouche. Elle n’avait visiblement pas l’habitude de tenir entre ses dents.

« Un problème avec ta corne ? demanda son geôlier par précaution.

- Bon, répondit succinctement la prisonnière en gardant le balai fermement. Bai zuste envie de touier mapré. »

Le garde haussa des épaules et se replongea dans l’ouvrage. Peu de temps après, le sol était de nouveau immaculé, à part quelques traces d’eau qui avait imbibé le bois superficiellement. Elle reposa le balai dans le seau et tourna le dos à l’étalon, pour farfouiller la ludothèque disponible dans le but de se trouver une idée de jeu.

« Pourquoi tenir autant à ton chapeau ? questionna le garde, le museau toujours plongé dans sa lecture. C’est un modèle assez commun aujourd’hui.

- Mon mentor me l’a donné, répondit elle simplement, pensive.

- Wright Quill ?

- Ouaip. »

Elle fit son choix, et dans le boitier, elle glissa l’un des crins dur et épais du balai qu’elle avait caché dans sa bouche. Par magie, elle inséra le cristal de donnés dans la console, s’empara de la manette et retourna tranquillement sur sa couche, en ayant au préalable, baissé le son pour ne pas rendre son gardien grognon.

Après deux heures de jeu, une licorne bien connu, robe blanche et crin rouge, entra dans la pièce. Le terrestre en costard daigna alors lever les yeux de son livre, et même, de le fermer, chose relativement rare. Geeky sentit ses entrailles se glacer en apercevant Truth Walker apparaître, mais garda sa contenance, presque comme une joueuse de carte professionnelle, même si sa cousine était nettement meilleure qu’elle.

« Bonjour Gate Keeper. Bonjour Geek Writer, salua l’avocat des Easy Money. Encore malade ? questionna-t-il en apercevant le visage crispé de la prisonnière.

- Juste un peu mal au ventre, rassura la jument avec un léger sourire. Trop de ketchup. »

Elle ricana alors pendant que son geôlier émit à son tour un sourire moqueur, ce qui fit froncer Truth des sourcils. L’écrivaine se demandait ce que l’avocat faisait là, avait-il eu un rapport et avait-il compris son plan d’évasion ? Aussi vite ? Ce serait étonnant, même les Princesses ne seraient pas si promptes pour découvrir son subterfuge. L’étalon au crin rouge soupira alors, il semblait mécontent de voir qu’il y avait cachoteries céans. Car, qui dit cachoteries, dit secret, et qui dit secret, dit lien. Et bien que les Easy Money encourageaient l’Amitié et ses Valeurs, il valait mieux que le geôlier et la prisonnière ne devenaient pas amis.

La licorne connue pour être la fille de Discord se roula alors sur le dos, observant le visiteur par un prisme inversée de la réalité, la tête en bas, le tout dans un grand sourire.

« Qu’est-ce qui vous amène ? Je peux enfin avoir mon matériel d’écriture ?

- Je viens juste déposer un objet très précieux ici, le temps d’une journée, expliqua doctement l’avocat tout en sortant un minuscule objet de sa poche par télékinésie. Ca repart demain soir. Interdiction formelle d’y toucher. »

L’injonction avait été faite de manière sèche avec renfort d’autorité et de regard incandescent, signe qu’il était des plus sérieux. Conservant son sourire, la jument grise hocha positivement de la tête pour montrer qu’elle avait compris l’importance de l’objet.

L’avocat se radoucit alors et s’autorisa un sourire. Il savait de ses gardiens qu’elle ne causait aucun ennui, à part sa tentative d’évasion pacifique de la veille, il lui faisait donc confiance pour ne pas les mettre en difficulté en abîmant sa précieuse cargaison.

Sa corne d’un blanc immaculé s’illumina et un mince rayon frappa l’objet qu’il avait posé à terre. Celui-ci grandit et reprit alors son volume d’origine. La journaliste, d’abord impressionnée par un sort que très peu de poneys maîtrisaient, finit par mettre son jeu sur pause tout en s’approchant du butin, les yeux ronds.

« Mais… C’est le violoncelle d’Octavia ! s’exclama t-elle avec décontenance et colère. Vos hommes m’ont dit qu’elle et Vinyl Scratch…

- Qui ça ? interrompit le terrestre.

- DJ Pon3, reprit Geek Writer. Elles devaient faire un concert de charité, et vous les volez ?

- Hep hep hep, qu’est-ce que j’ai dit tout à l’heure jeune pouliche ? intervint Truth Walker d’un ton sec tout en faisant reculer la ponette d’un mouvement de sabot. Pas touche. Et hélas, ceci est l’œuvre de ta mère, bien que je ne comprenne pas pourquoi elle a tenté d’empêcher l’œuvre de charité que Pizza Slice ait organisé.

- Oh ben, ça c’est très simple, commença-t-elle en se frottant les sabots, un peu embarrassée par son attitude. Si vous voulez comprendre pourquoi ma mère fait un truc, dites-vous que c’est pour l’argent, et d’une manière ou d’une autre, vous trouverez la réponse. »

Elle contempla l’étui contenant le fameux instrument. Oui, elle reconnaissait ici et là, les emblèmes de la famille Melody, famille ayant perdu ses titres de noblesses depuis des siècles, dont le talent se transmettait au fil des générations.

La perte de son instrument devait être un véritable coup au cœur pour la violoncelliste, de la même gravité que la mutilation d’une patte, la perte de crinière ou la perte de l’un des cinq sens. Elle finit cependant par retourner à son lit, pensive, des engrenages s’assemblant dans son esprit. Des pièces qui formaient petit à petit un plan à long terme.

***

Soft Driver, toujours couché dans le lit de Dungeon Maker, commençait à se remettre de ses blessures. Il sentit au fond de lui-même qu’il était de nouveau capable de poser ses sabots au sol. Et ça tombait bien, parce que la barmaid était en train de l’aider à se lever. Bien qu’il était toujours affaiblit, l’aide de la jument au crin noir à reflet d’argent était salutaire et suffisant.

« Doucement… » lui susurra la ponette tout en aidant le conducteur à se maintenir debout avec son propre corps. Après quelques pas, il regagna suffisamment de force et d’assurance pour marcher seul.

« On dirait que je peux me débrouiller seul, conclut l’immense cheval qui n’en menait cependant pas large. Je vais pouvoir aider à retrouver Geeky.

- T’emballes pas, lui ordonna aussitôt la jument au pelage or. Tu as encore du mal à marcher. Tu te reposes encore un peu et tu restes en soutien au cas où. Compris ?

- Ouais, ouais, ronchonna le sombre destrier en faisant la moue.

- Bon, là, ça va être l’heure où les griffons passent. Viens donc avec moi en bas. »

Descendre les escaliers ne fut pas facile, mais avec patience et ténacité, l’infirmière improvisée et son patient se retrouvèrent en bas en quelques minutes. Chaque jour, la jument à l’apparence un peu gothique recevait les griffons quelques dizaines de minutes avant l’ouverture du soir. Comme ça, ils avaient le temps de faire leur rapport et d’aller voir Soft Driver avant de repartir.

La tenancière de bar installa le destrier, déverrouilla la porte et prépara les choppes de cidre. Quelques minutes plus tard, pile à l’heure, les cinq brigands emplumés firent leur apparition. Mené par le plus ancien, Matthew, le petit groupe s’installa en silence. Dagan, le griffon fort, et Jessica, la petite griffonne avec un nœud rose sur le dessus du crâne, adressèrent aussitôt un grand sourire au cheval à robe noire. Aurora affichait une mine soucieuse sous son plumage parfait, Flitze tapotait sur la table avec ses serres et le doyen sortit un carnet de son petit sac.

« Bonne nouvelle mademoiselle Maker, commença doctement le vieux griffon en plaçant des lunettes sur son bec. Nous avons trouvé où se trouvait votre cousine.

- C’est les Easy Money qui la retiennent, enchaîna Flitze l’air triomphant. J’ai suivi sa mère quand elle tentait d’aller chez eux. Ils l’ont bien envoyé paître comme il faut. Ce qui m’a permis de m’infiltrer. Comme j’ai un corps fin et court, je peux me glisser un peu n’importe où, et j’ai entendu parler de Geek Writer dans l’un de leur entrepôt. Ils voulaient y envoyer un truc qu’ils transporteront ce soir. J’ai trouvé l’adresse et hop, on est prêt.

- Bon, décida la jument à la robe dorée. Je ferme mon bar pour ce soir…

- Pas question, coupa sèchement Soft Driver. C’est moi qui y vais.

- Dans ton état, ce n’est même pas la peine, argumenta calmement la barmaid.

- On a de quoi l’aider sur ce point, émit Jessica avec un fin sourire tout en sortant une fiole de sa poche. »

Les deux équidés observèrent le contenu rosé de la fiole. L’alchimie n’était pas un domaine dans lequel beaucoup de poneys avaient foi. Les équidés préféraient la magie, car les licornes avaient une compréhension plus immédiate pour cette science, et les pégases comme les terrestres, faisaient confiance aux licornes. Peu de poney s’exerçaient alors à l’alchimie, et c’était plus le domaine des autres races présent à Equestria ou autour. Et ce n’était ni dans les compétences de l’immense équidé, ni dans les connaissances de l’incroyable ponette débrouillarde. Ils ne pouvaient tout deux que faire confiance aux compétences des griffons. Jessica, à petits mouvements d’ailes, se rapprocha de l’étalon, la potion dans sa serre. Avec douceur, elle lui posa son autre serre sur la joue du cheval et lui indiqua avec un murmure qu’il ne risquait rien. Lentement, elle lui donna la potion dans sa bouche tout en chantonnant :

« Ca te redonnera des forces pour toute la nuit.
A l’aube cependant, ce sera finit… »

Le liquide restant et le cheval commencèrent à briller doucement. Soft Driver ferma les yeux alors qu’il sentit la faiblesse et la douleur s’envoler doucement. Jess continua sa petite chanson :

« Ca n’a rien de magique

Juste de la puissance calorifique

Profite de cette force

Pour effectuer ton sacerdoce

Sauve celle qui t’es chère

Devient un héros de notre ère

Profite de cette force

Bombe le torse

A nos cotés

Tu pourras tout déchirer ! »

L'aura lumineuse enveloppant le destrier s’intensifia, puis s’estompa subitement.

Le destrier soupira, se redressa doucement.

Il se sentait fort, capable de soulever le monde.

Il avait sans doute tort, mais il se sentait la force de débarquer chez les Easy Money en trombe.

« Si tu penses en rime, c’est que ça fonctionne, lui expliqua la petite griffonne au nœud rose tout en se posant près de lui. Matthew et moi on étudie les associations de médecines. Ici, c’est griffon et zèbre. »

L’étalon se sentait bizarre, mais prit rapidement ses marques avec les effets secondaires de la potion. Matthew prit alors une carte représentant l’intérieur d’un entrepôt dans son sac et la déplia sur une table.

« Le meilleur endroit où garder quelqu’un prisonnier là-dedans, hésita le doyen quelques instants. C’est le bureau à l’étage. Ce qui nous laisse tout un entrepôt que les Easy Money connaissent sur le bout de leur sabot.

- Le mieux, c’est de les attirer dehors, en conclut alors Dagan. Même si ça veut dire que l’on serra sous le feu des licornes.

- Pas si vous êtes couvert à votre tour, interrompit Dungeon Maker en prenant un air réjoui et malicieux. Vient avec moi Soft, j’ai un truc à te montrer. »

Laissant aux griffons la planification de leur intervention, les deux êtres équins se rendirent au sous-sol où la jument gardait son atelier. Ici et là, traînaient d’incroyable invention, parfois inutile, parfois commandé par sa cousine et parfois juste créées et démantelées pour l’amusement personnel de l’inventrice. Cependant, rien de visible ne sembla l’intéresser. Elle se rendit près de l’un des murs, entre deux étagères, illumina sa corne et envoya un mince rayon dans un point des plus précis, sur ce qui semblait être une tâche d’huile séchée. Un mécanisme s’enclencha alors, ce qui écarta les étagères pour laisser un espace d’un mètre de long et un coffre sortit du mur, prenant exactement la place créée. Toujours avec sa magie, la ponette déverrouilla le coffre et invita d’un mouvement de sabot Soft Driver à observer son contenu.

« Oh par Célestia, souffla le destrier décontenancé et interloqué. Qu’est-ce que c’est que ce truc ?

- C’est une arme, exposa la tenancière de bar. Je travaille à le réduire, mais pour l’instant, il n’y a que cette version qui fonctionne. Mais comme tu vois…

- C’est bien trop lourd pour un poney, termina le cheval avec un sourire. Mais pas pour moi. Je vois ce que tu voulais dire par rester en soutien… »

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