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Fragments

Une fiction écrite par IGIBAB.

Chapitre 5 - Héroïnes - part 3

"Excusez-moi ?"

Screwie s'arrêta enfin de marcher contre le mur, tournant lentement la tête vers Rose qui venait de l'interpeller.

"C'est à moi que vous parlez ?" demanda t-elle le plus naïvement du monde.

"Bien sûr," répondit la mécanicienne du TARDIS avec un sourire engageant. "Vous êtes chargée de nous garder, n'est-ce pas ?"

"Hein ?" répondit Screwie sans comprendre.

La réponse déstabilisa légèrement Rose et les autres. Est-ce que cette femme était une demeurée ?

"Oubliez, ce n'est pas grave," continua Rose, essayant de rester souriante. "Approchez."

L'unité zéro s'avança docilement vers les barreaux de la cellule, tenant toujours le trousseau de clef dans sa main. Rose, de son côté, gardait le poing serré sur la clef à molette dans son dos. Elle n'aurait pas de seconde chance.

"Vous pouvez nous libérer ?" lança soudainement Colgate de l'autre côté du bloc.

Cela semblait stupide comme question, mais ça pouvait marcher. Screwie tourna la tête vers elle, avec la même incompréhension sur le visage.

"Comment ?"

Rose profita immédiatement de cette ouverture pour asséner un grand coup de clef à molette sur le crâne de Screwie. Tout le monde entendit un gros "crac !" et la geôlière s'effondra au sol dans une position grotesque, du sang coulant sur sa nuque.

"T-Tu l'as tuée... ?" demanda Derpy, hautement secouée.

"C'était elle ou nous," tenta de se convaincre Rose, cherchant à maîtriser les tremblements de sa main, qui avait par ailleurs lâchée l'arme métallique d'elle-même.

"Récupère les clefs, vite !" fit Colgate.

La mécanicienne s'accroupit au bord de sa cellule, tendant le bras pour attraper les clefs encore dans la main de Screwie. Main qui eut un spasme en même temps que le reste du corps, provoquant un énorme bond en arrière de Rose.

Screwie redressa le haut de son corps, sans s'aider de ses mains, puis l'intégralité de ce dernier, donnant l'impression qu'on venait de passer à l'envers la vidéo de quelqu'un en train de tomber. Mis à part la plaie béante qui continuait de saigner à l'arrière de sa tête, elle semblait aller parfaitement bien.

"Comment je peux vous libérer ?" demanda t-elle comme s'il ne s'était rien passé, sous l'atterrement général.

Il fallut quelques secondes à Colgate pour se remettre de ce qui était arrivé. Et quand bien même, son visage garda une expression étrange d'incrédulité quand elle répondit :

"A... Avec les clefs que vous avez."

Screwie regarda le trousseau dans ses mains, semblant découvrir son existence. Elle regarda Colgate, penchant la tête :

"Vous pensez que ce sont les clefs de vos cellules ?"

"Ce n'est pas le cas ?"

"Je ne sais pas," fit la femme en haussant les épaules. "On m'a juste dit de les garder et de ne pas les utiliser."

"Essayez de nous libérer, comme ça on saura si ce sont elles," incita Colgate, qui s'impatientait un peu, pressée de mettre fin à cette situation stressante.

Les autres aussi étaient sur un peu sur les nerfs. Ce gardien était stupide, mais si un autre plus intelligent arrivait et les prenait alors qu'ils essayaient d'entourlouper celui-là, il le prendrait sûrement mal. Et la plupart d'entre eux se passeraient bien d'un mauvais traitement.

"Ben je ne peux pas," répondit Screwie avec une tête toujours aussi naïve. "On m'a dit de ne pas les utiliser."

"Moi je vous dis que vous pouvez," affirma Colgate, tendant la main à travers les barreaux pour qu'elle se dépêche. "C'est même une obligation !"

"Vous êtes sûre ?" douta soudainement la femme, cherchant dans son unique poche pour en retirer un papier qu'elle lut. " «Ne pas se servir des clefs.», je savais bien que j'avais bien lu."

Elle leva à nouveau les yeux vers Colgate, son regard brusquement devenu mauvais.

"Vous m'avez menti !" grogna t-elle en montrant les dents.

La cornue eut tout juste le temps de s'éloigner des barreaux de sa cellule avant que Screwie ne se jette dessus, aboyant, bavant et remuant ses bras vers Colgate, cherchant à la griffer et à la mordre. La faible raison de leur geôlière venait de s'évaporer. Et en plus, elle avait laissé tomber les clefs sur le sol, trop loin pour que quelqu'un les ramasse.

Pendant ce temps, dans leur étroite cellule, les trois membres du Friendship Cottage restaient pensifs, assis contre les murs.

"Si seulement on savait ce qui est arrivé aux autres..." se lamenta Fluttershy.

"On pourrait tenter une évasion," commenta Pinkie.

"Et comment ?" se moqua presque Rarity.

Pour seule réponse, l'artilleur se leva et alla vers la porte, sortant une arme laser de sa poche et tira quatre coups, faisant sortir l'entrée de ses gonds dans un grand fracas métallique, révélant un long couloir latéral, rose et vide. Elle tourna un visage radieux vers la cuisinière hébétée. Elle pouvait faire ça depuis le début ?

"On va demander ce qu'ils ont fait d'elles ?" invita t-elle joyeusement. "Peut-être même qu'on va croiser ma jumelle !"

"L'important c'est surtout de s'enfuir d'ici !" paniqua Rarity en se levant précipitamment. "Avec le bruit que tu as fait, ils vont tout de suite savoir que l'on s'est échappées !"

"Mais non voyons," fit Pinkie avec un geste désinvolte de la main. "Regarde, j'ai même assommé le garde avec la porte."

Écrasé aurait été plus juste puisqu'il ne dépassait que la main tenant le communicateur, le reste du corps étant sous le lourd métal de la porte. Communicateur qui émit d'ailleurs un son alors que Rarity forçait une Fluttershy terrorisée à se lever pour qu'elles s'enfuient :

"Les prisonniers du bloc C se sont échappés ! Le garde a été assommé !"

"Hey !" fit Pinkie en saisissant la radio. "Comment est-ce que vous savez ça !?"

"Mais que... !?" répondit une autre voix dans la radio.

"On vient juste de s'échapper !" continua Pinkie, outrée. "Comment vous pouvez déjà le savoir !?"

"Ils ont pris le communicateur !" relança le soldat. "Mobilisez tout le monde ! Utilisez l'autre fréquence ! !"

"Bien compris," fit une voix qui disait quelque chose à Pinkie et aux deux autres. "Mon équipe et moi restons sur cette fréquence. Nous allons surveiller les autres prisonniers au cas où ils tenteraient de les faire évader."

"Compris," répondit le soldat.

"Vinyl ?" demanda l'artilleur qui venait de reconnaître la voix.

La seconde, dans un endroit plus reculé du vaisseau, se plaqua la main sur le visage, désespérée. Pinkie venait de faire capoter son plan pour faire croire qu'un seul groupe s'était évadé. Comme ça ils auraient eu le champ libre pour se rejoindre et s'échapper. Mais non.

"Bon," soupira t-elle, agacée. "On va la faire simple vu qu'on est tous grillés. Vous êtes où ?"

"Euh... À la sortie de notre cellule..."

Rarity s'empara du communicateur, chose qu'elle aurait dû faire avant, s'empressant de répondre plus précisément :

"Il y a marqué «Zone G» au bout du couloir où on est."

"Zone G, tu sais où c'est toi ?" fit Vinyl hors de la radio.

"O-Oui..." répondit un soldat tremblotant et apeuré solidement ligoté et gardé par l'équipage. "Il faut passer par la zone R et la O, c'est sur le même chemin que les hangars où ils ont placés vos vaisseaux."

"Merci bien."

Un garde assommé plus tard, Vinyl reprit le contact radio, se souvenant qu'ils étaient écoutés.

"On arrive. Allez jusqu'à la zone qui porte la première lettre du prénom de Tavi. Si vous restez immobiles, vous allez vous faire chopper."

Rarity regarda dans le couloir. Il y avait, fort heureusement, des indications, y compris pour la zone O.

"Compris," répondit-elle avant de s'adresser aux deux autres. "En route !"

Les trois se mirent à courir, et sautiller pour Pinkie, au plus vite dans le couloir. Elles n'en n'avait pas encore conscience, mais ce vaisseau était vraiment gigantesque. Bien plus que tout ce qu'elles avaient pu voir.

Entre temps, la rage de Screwie s'était évaporée, partie aussi vite qu'elle était venue. Elle était toujours appuyée contre les barreaux de la cellule de Colgate, les bras à travers et la joue contre le métal froid, mais avec un air ahurie, ignorant ce qu'il venait de se passer. Elle cligna deux fois des yeux, laissant le filet de bave s'écouler de sa bouche. Son crâne saignait toujours abondamment et ses cheveux avaient tachés tout son visage.

L'artilleur du TARDIS peinait à se remettre de la peur qu'il avait eu de cette femme, tremblotant encore. Colgate aurait pu se faire déchiqueter par Screwie, elle avait vu la mort dans ses yeux.

Son alter-ego du Humanity interpella leur geôlière.

"Vous allez bien ?" fit-il d'un ton étrangement compatissant.

Il allait tenter quelque chose, sans doute. Mais aux yeux de tous pour l'instant, c'était de la pure folie, même s'ils ignoraient ce qu'il allait faire. Un faux pas avec Screwie pouvait clairement s'avérer fatal, ils en étaient tous conscient maintenant.

"Très bien," répondit Screwie en se tournant vers lui. "Enfin, je crois. Je ne sais pas. C'est quoi « aller bien » ?"

"Venez," incita Thunderlane, ignorant cette question et sortant un paquet de mouchoir. "Vous avez du sang partout sur le visage."

"Oh, c'est gentil", fit-elle en s'approchant avec le sourire.

L'artilleur passa un mouchoir sur son visage pour l'essuyer. Quand le tissu masqua les deux yeux d'une Screwie souriante, il planta d'un coup sec le stylo qu'il tenait dans l'autre main à travers le chiffon blanc, droit dans l’œil, assez fort pour le transpercer en entier.

Une puissante gerbe de sang inonda le mouchoir. Thunderlane recula un peu, laissant l'objet planté dans la geôlière, haletant. Il avait reçu une formation pour tuer, mais c'était à distance, sans voir directement son opposant. Là, il avait dû rassembler toutes ses forces pour porter un coup direct et mortel.

"C'est bon, je suis propre ?" demanda Screwie, provoquant un sursaut de toutes les personnes présentes et le quasi-évanouissement de Thunderlane.

C'était impossible ! Le stylo était tellement enfoncé, il aurait dû transpercer le cerveau ! Et elle n'avait même pas réagit, aucun cri de douleur.

Alors que les équipages tentaient de résoudre cette énigme, en se remettant d'une telle émotion, un brouhaha se fit entendre à l'extérieur du bloc.

La porte d'entrée métallique se reçu soudainement deux impacts conséquents, et tous reportèrent leur attention dessus. Screwie tourna la tête vers elle et s'en approcha, absolument pas gênée par le mouchoir cachant sa vue, ou l'hémorragie visible qu'elle était en train de faire à en juger par la quantité de sang qui coulait.

"Quelqu'un à toqué ?"

On entendit un cri monter dans le couloir derrière. Un genre de "Caaaaaaaaaaaaa... !" s'approchant à toute vitesse. Screwie posa la main sur la poignée et s'apprêta à ouvrir lorsque la porte sortit violemment de ses gonds sous l'effet d'un puissant coup de pied sauté. L'édifice s'effondra sur la geôlière, laissant apparaître la responsable de tout cela.

"...aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaafé !" termina Lyra en atterrissant en roulé-boulé dans le bloc, avant de se redresser en pleine forme, mais visiblement hystérique. Elle tourna immédiatement son regard vers sa seconde, la saisissant par le col à travers les barreaux et la secouant. "BONBON ! UN CAFÉ ! JE TIENS PLUS !"

Whooves se précipita à sa suite dans le bloc, remarquant Screwie sous la porte, mais surtout les clefs un peu plus loin sur le sol. Il s'empressa de les ramasser pour ouvrir toutes les cellules, tandis que Bonbon tentait de calmer son capitaine. Ce dernier était encore plus hystérique après s'être vu annoncé qu'elle n'avait rien sous la main pour faire du café et que ce n'était pas le plus important pour l'instant.

"Comment vous avez fait ?" demanda Derpy au comble de la joie alors que Whooves ouvrait sa cellule.

"Grâce à ceci !" répondit-il en sortant un petit appareil longiforme.

"Un tournevis magique ?" fit Rose, étonnée.

"J'ai mis du temps à comprendre qu'ils me l'avaient laissé," expliqua Whooves en finissant d'ouvrir toutes les cellules. "Mais quand Lyra m'a passé son communicateur, j'ai réalisé que je l'avais peut-être encore. J'ai libéré la corne de Lyra avec et la porte ne lui a pas résisté longtemps. Puis on a suivi un dédale de couloir, et nous voilà."

"LYRA, CALME-TOI !" hurla soudainement Bonbon avec une autorité peu commune, provoquant un silence dans le bloc.

La cornue se figea subitement dans son hystérie, relâchant le col de sa seconde et reculant de quelques pas, s'excusant d'une voix timide :

"D-Désolée, Bonbon."

"C'est rien," soupira avec lassitude son amie avant de s'adresser à Whooves. "Vous avez été repérés en arrivant ici ?"

"Il ne me semble pas, mais vu le bruit qu'on a fait, il faut s'attendre à ce que notre évasion soit remarquée d'ici peu."

"Alors il faut qu'on se dépêche. Faites-nous tous sortir et on va immédiatement chercher un moyen de s'enfuir de ce vaisseau."

"C'était notre intention," fit Whooves en ouvrant sa cellule.

"Et merci pour notre garde. Elle commençait à devenir un peu flippante."

"Pas de problèmes. Maintenant, allons-y !"

À cet instant, il ne restait que deux personnes encore emprisonnées. Twilight et Rainbow. Mais ce n'était qu'une question de seconde.

"Dépêche-toi Twilight !" pressa Rainbow en colère. "Je vais retrouver ce type et lui faire payer !"

Screwball ricana dans son bâillon. La cornue se concentrait pour déverrouiller magiquement la porte avec le moins de bruit possible. Même si, vu le bruit qu'elles avaient fait, personne ne se trouvait de l'autre côté, sinon cette personne serait venu au secours de Screwball.

"Non," répliqua catégoriquement Twilight, tentant de refouler son chamboulement. "L'important c'est de nous sortir de là, de retrouver les autres et le vaisseau, et de s'enfuir sans se refaire capturer derrière. Réfléchit plutôt à ça, je te rappelle qu'il a fallu à peine une seconde à leur vaisseau pour nous avaler."

"Tu veux qu'on le laisse s'en tirer !?" explosa la volante. "Comme ça !? Alors qu'il a tué Applejack !?"

Twilight saisit subitement le col de Rainbow, abandonnant sa tâche actuelle pour la regarder dans les yeux, furieuse et en larme. Voyant ça, la mécanicienne ne sut comment réagir, mais son capitaine lui épargna cette peine en lui hurlant dessus :

"Tu crois que j'ai pas aussi envie de lui faire payer !? Que simplement parce que j'ai pas ces stupides souvenirs comme vous, je ne ressens rien pour elle !? Elle était celle que j'appréciais le plus parmi vous toutes ! La seule en qui j'avais réellement confiance ! Mais elle est morte ! Sans que je puisse rien y faire ! Alors l'important maintenant, c'est de faire en sorte qu'il ne vous arrive pas la même chose ! Et je t'interdis de partir sacrifier ta vie pour rien, parce que je vais avoir besoin de toi pour sauver les autres, compris !?"

Rainbow dégagea d'un coup sec la main de Twilight, enrageant, les larmes coulant sur ses joues :

"Des souvenirs ? De quoi tu parles, Twilight !? Moi non plus j'ai pas tous ces souvenirs ! Mais j'aimais Applejack ! Elle était tout pour moi ! Tu veux te barrer la queue entre les jambes !? Vas-y, fait-le ! Tu crèveras avant d'avoir retrouvé les autres ! Ou alors elles sont déjà mortes, si ça se trouve ! Si on fuit, on pourra peut-être jamais remettre la main sur cet enfoiré ! Il est dans ce vaisseau, et je compte bien le trouver tant que j'en ai encore l'occa-"

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que Twilight lui flanqua une gifle, la plongeant dans un silence choqué.

"Ressaisi-toi !" sermonna le capitaine. "Regarde comment cette fille nous a maîtrisés à elle seule ! Ce monstre est peut-être encore plus fort qu'elle ! Et on ne sait pas combien il y a d'ennemis dans ce vaisseau ! Tu penses sérieusement avoir une once de chance si tu vas le chercher !? Tu vas mourir pour rien ! Pense à ce qu'aurait voulu Applejack ! Elle s'en ficherait éperdument de vouloir être vengée ! Elle penserait à notre bien, à ton bien ! Peut-être que les autres sont déjà mortes, mais peut-être pas ! Applejack est morte, ça c'est un fait, mais il reste un espoir de retrouver tout le monde !"

Twilight prit Rainbow par les épaules, la regardant dans les yeux, pleurant elle aussi, la voix brisée :

"L'important, c'est que l'on vive ! Qu'on retrouve les autres, et qu'on s'en sorte !"

La volante fixa son capitaine dans les yeux, troublée par ces paroles. Il y avait du vrai dedans. Sa rage s’apaisa un peu.

Screwball gloussa à nouveau, avant de se faire violemment écraser le visage par Rainbow, la défoulant légèrement. L'adolescente se tut.

La mécanicienne prit une grande et profonde inspiration, essuyant ses yeux embués, calmée. Elle se tourna vers Twilight et dit, tout en acquiesçant :

"Ok. Je te suis, capitaine. Allons retrouver les autres."

Twilight eut une légère envie de sourire. Il y avait une conviction dans la voix de Rainbow qu'elle ne lui avait jamais connu. Elle n'en n'était pas sûre, mais probablement qu'elle venait de gagner une certaine forme de respect de la part de sa mécanicienne.

La porte ne mit plus longtemps à s'ouvrir, et les deux purent s'aventurer prudemment hors de leur cellule. Elles se trouvaient au bout d'un interminable couloir désert, avec de nombreux croisements. Twilight referma la porte, s'assurant que Screwball ne pourrait pas appeler à l'aide. La prochaine étape était de se repérer. Mais peut-être que ce ne serait pas nécessaire puisque Octavia venait de tourner à l'angle du couloir et de les reconnaître.

"Vous aussi vous avez réussi à vous échapper ?" fit-elle en s'approchant d'un pas rapide.

"On vient de sortir," répondit Rainbow.

"Tu sais où sont les autres ?" demanda Twilight.

"Ils vont à la zone O, je les ai entendu," expliqua t-elle en brandissant un petit communicateur similaire à celui que Vinyl avait dérobé. "Le reste de votre équipage y va aussi. J'ai préféré ne pas intervenir dans leur conversation, comme ça l'ennemi croit toujours qu'il n'y a que deux évasions."

Rainbow remarqua le panneau dans le couloir qui indiquait la zone où elles étaient.

"On est à la zone N, ça devrait pas être très loin."

"J'étais aussi dans la zone N, et ça m'a pris dix minutes pour vous rejoindre," contredit Octavia. "Ce vaisseau est immense, j'ai l'impression qu'une seule zone fait plusieurs kilomètres de couloir."

"Raison de plus pour partir maintenant !" encouragea Twilight en se mettant en route d'un pas décidé.

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Le gros vaisseau noir sombrait lentement dans l'espace, de nombreux trous dans la coque, parcouru de gerbes de flammes, ponctuées d'explosions, éparpillant ses restes au gré du vide. Il y avait aussi les carcasses métalliques d'une quinzaine de vaisseaux, dérivant rapidement loin du champ de bataille.

"'Faut qu'on trouve un endroit pour se poser," fit Soarin. "Je peux pas réparer ça d'ici."

"En formation de voyage," ordonna Spitfire. "On va se poser sur la dernière planète qu'on a croisé."

"À vos ordres !" répondirent en chœur les Wonderbolts.

Prenant la tête du convoi, Spitfire réfléchissait. Ils n'avaient eu aucune perte, bien que la bataille avait été acharnée. Mais les attaques de leurs ennemis étaient étonnamment faibles, comme si ils n'étaient pas rompus au combat, et que ce peuple ne disposait d'aucune réelle technologie militaire. Pourtant ils avaient lancé l'offensive en premiers. Peut-être avaient-ils sous-estimés la dizaine de vaisseaux solitaires que formaient les Wonderbolts. À tord.

Ils avaient subit quelques dommages tout de même, bien que les boucliers aient tenus sans problèmes. Seul Soarin avait été réellement touché. Ses réacteurs en avaient pâtis et la priorité était de les réparer : un Wonderbolt qui ne peut pas bouger rapidement n'est pas un Wonderbolt. Qui plus est, il s'agissait de leur meilleur tireur.

Mais il y avait toujours ce sentiment qui persistait en Spitfire. Le fait de devoir retourner à Equestria. Leurs cinq mois de mission étaient presque finis, alors pourquoi vouloir abandonner maintenant ? C'était insensé, et jamais elle n'avait eu un tel pressentiment dans toute sa carrière.

"Capitaine," fit soudainement Blaze, la tirant de ses rêveries. "J'intercepte une communication."

"D'où provient-elle ?"

"Aucune idée. C'est un système très différent du notre, j'ai du mal à en tirer quelque chose. Je sais juste qu'il y a un échange d'informations fait sur une très grande distance."

"Impossible de savoir ce qui se dit ?"

"Non," se navra Blaze., avant de continuer après un petit silence. "Mais si je savais comment fonctionne leur système, je pourrais peut-être en tirer quelque chose."

"Tu as une idée ?" se douta le capitaine.

"M'amarrer au vaisseau lourd qu'on vient d'abattre et espérer que je puisse accéder au système sans avoir à quitter mon cockpit."

Spitfire médita cette proposition, jetant un œil sur son radar. L'épave derrière eux dérivait lentement, les explosions à sa surface s'étant calmée. Une bonne partie était intacte, car ils ne pouvaient pas gâcher des munitions à détruire totalement un vaisseau abattu.

"C'est risqué... Même si la majeur partie du vaisseau a été dépressurisée, il peut encore y avoir des troupes à l'intérieur."

"Je sais, capitaine. Mais si je réussi, nous gagnerons un avantage supplémentaire."

Sur ce point elle avait raison. Mais Spitfire n'aimait pas l'idée d'avoir à se séparer. Soarin restait la priorité, cependant, peut-être qu'interrompre cette communication pouvait être capital. Finalement, elle décida :

"High, tu vas avec Blaze. Pas plus de deux heures, contact radio permanent et on vous rejoint dès que Soarin a réparé son réacteur. Compris ?"

"Oui m'dame !" répondit High.

Deux vaisseaux firent un brutal demi-tour parfaitement synchronisé, retournant vers le champ de bataille à toute allure. Deux heures, même pour l'experte qu'était Blaze, cela faisait mince pour décrypter tout un système de communication.

L'étrange impression de Spitfire l'aida à prendre cette décision parfaitement insensée en territoire ennemi. Et son intuition ne pouvait mieux tomber car si la communication actuelle venait à être décryptée, elle saurait pourquoi ils devraient tous rentrer à Equestria sur le champ.

"Que me veux-tu Discord ?" demanda la grande changelin d'un air légèrement étonnée. "C'est rare que tu me contactes directement."

"Oh, je voulais juste prendre un peu de tes nouvelles, ma chère Chrychry," répondit naïvement le Draconequus. "T'en sors-tu avec les Wonderbolts ?"

"Tu étais au courant ?" fit Chrysalis, surprise mais sans plus, connaissant Discord et ses manies.

"Bien évidemment voyons, c'était une partie de l'accord avec Luna. Elle devait conseiller sa sœur de les envoyer là-bas. Comme tu es la seule à ne pas vraiment prendre part au combat, tu as toute ton armée de disponible pour t'occuper de l'élite d'Equestria. Cela semble juste, non ?"

La reine des changelin eut un sourire quelque peu irrité.

"Et évidemment, me prévenir avant était secondaire, c'est ça ?"

"Quoi, tu vas me dire que tu rencontres des difficultés face à dix pilotes ?" se moqua Discord.

"Bien sûr que non," répondit Chrysalis, piquée au vif. "Bientôt ils seront exterminés, ce n'est qu'une question de temps. Ils ne savent rien de mon peuple et de ses capacités."

"Bien, bien," fit le draconequus, s'en fichant presque ouvertement.

"Et toi ?" ajouta la reine en grinçant des dents. "Où en es-tu de l'invasion d'Equestria ?"

"Elle progresse bien. J'ai quelques prisonniers qui s'évadent, Sombra est mort et Luna a pris contrôle de la constellation de Cristal. Je pense attaquer les bases du système Draconequin d'ici un ou deux jours."

Son interlocutrice retrouva le sourire à cette nouvelle, qui était bien sûr très différente de ce que ses espions lui avaient rapportés sur la situation dans la constellation.

"Le plan semble se dérouler comme prévu alors."

"Oh oui," s'enjoua Discord. "J'ai même récupéré Cadance, que Sombra avait bêtement laissé s'enfuir. Tout va à merveille."

"Que les choses continuent ainsi," conclut Chrysalis, désirant clore cette conversation rapidement. "Sur ce, je te laisse, Discord."

"Passe une bonne journée !" lança t-il en agitant joyeusement la patte.

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"Les hangars sont par là," chuchota Whooves aux autres, désignant le couloir face à eux.

Les douze Equestriens se mouvaient aussi discrètement que possible dans le dédale de ce vaisseau. Les murs, le sol et le plafond étaient fait d'une étrange matière blanche et cotonneuse, la forme rappelant des nuages. C'était relativement déstabilisant de se déplacer dessus, mais très silencieux.

Whooves, en tête, cherchait à déterminer ce qui se trouvait dans le couloir à leur droite, jetant un bref coup d’œil, avant de faire signe aux autres d'avancer, Lyra fermant la marche.

Le plan était simple, trouver leurs vaisseaux, espérer qu'au moins un d'entre eux était en état de décoller, sachant que le TARDIS avait été éventré, et s'enfuir sans se faire repérer. Concernant cette dernière partie, cela semblait en bonne voie pour le moment.

"Et si ils nous repèrent alors qu'on s'enfuit... ?" demanda soudainement Derpy.

Whooves s'arrêta net, provoquant quelques plaintes de l'arrière. Sa seconde avait on ne peut plus raison. Le vaisseau avait été capable de les avaler en un instant alors qu'il n'était pas devant eux le moment d'avant. Sans compter sa potentielle puissance de feu. Il leur fallait un plan pour ça.

"Il faut qu'on désactive leur propulsion," exposa t-il en faisant volte-face vers les autres. "C'est le mieux à faire."

"Mh," songea Redheart en tenant un plan arraché à un mur. "La salle des machines est à l'autre bout, mais il y a des points d'amarrage pas loin. C'est risqué, mais..."

"On peut faire deux groupes," approuva Bonbon. "Un qui s'occupe de couper leurs réacteurs, l'autre qui récupère au moins un vaisseau et va chercher tout le monde."

"Et les groupes seraient ?" interrogea Colgate que cette idée ne semblait pas ravir.

"Redheart et Rose pour s'occuper de la salle des machines," fit Whooves. "Les capitaine, second et artilleurs aux vaisseaux. Berry aussi, au cas où il y ait un problème sur un vaisseau."

"Non," contredit soudainement Lyra qui était revenue en tête de groupe. "Berry à la salle des machines aussi. Ça ne sert à rien qu'elle reste avec nous, on aura pas le temps de réparer le vaisseau avant de décoller. Vu ce qui nous est arrivé, si il y a des dommages, ils seront trop graves pour ça."

"D'accord," concéda Whooves qui essayait d'accélérer les choses, n'aimant pas rester immobile chez l'ennemi. "Les autres, allez avec qui vous voulez. Ce serait bien que l'équipe salle des machines ne soit pas plus que quatre, ça garderait une certaine discrétion."

"Ok, je vais avec elles," lança immédiatement Raggedy, le scientifique du TARDIS.

"Bien, on part sur ça alors. Si on a un soucis pour les vaisseaux, on vous rejoint. Si vous avez un problème à la salle des machines, attendez-nous au point d'amarrage le plus proche."

"Et si il y a un problème de chaque côté ?" souleva Rose. "Ou si on se fait poursuivre et qu'on ne peut pas aller à la passerelle d'amarrage ?"

"Le dernier point de rendez-vous est ici-même. Si dans une heure un des groupes manque, c'est ici qu'il faut venir le chercher. Tout le monde à compris ?"

"On est pas débile non plus," râla Carrot Top.

"Je vais prendre ça pour un oui," se contenta de répondre Whooves. "Alors allons-y !"

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Dans un autre vaisseau, un vaisseau rose, au détour d'un autre couloir de la même couleur, la tension était à son plus haut niveau. L'équipage du Symphonia, Vinyl en tête, était entièrement plaqué contre le mur, sans un bruit.

Juste devant la seconde, un virage à gauche, source principale de leurs préoccupations à l'heure actuelle. En effet, tous s'accordaient à dire que le bruit de course qu'ils entendaient se rapprochaient.

Vinyl serra l'arme qu'elle avait dérobée, regardant les autres, qui acquiescèrent, prêts à réagir. La cornue aux lunettes fumées s'approcha du coude fait par le mur et jeta un coup d’œil.

C'était un couloir identique, aussi rose que les autres. À une quinzaine de mètres se trouvait le croisement de quatre chemins. En face, on pouvait voir le panneau bleu indiquant l'entrée en zone O.

Le son était tout proche. Ils venaient de la droite, l'oreille affûtée de la DJ l'entendait clairement. Une seule personne. D'une seconde à l'autre, quelqu'un allait passer. Vinyl se tint prête à réagir au cas où l'individu viendrait dans cette direction ou la remarquerait.

Les pas se rapprochaient de plus en plus. L'instant d'après, une personne déboula effectivement du couloir de droite, et Vinyl faillit ne pas la reconnaître avec ses cheveux lisses et cet air un peu sombre.

"Pinkie !" appela t-elle à voix basse.

La femme se stoppa net alors qu'elle avait déjà passé l'intersection, faisant quelques pas en arrière, tournant la tête vers la seconde avec un regard froid.

"Vient par-là !" intima Vinyl d'un geste de la main.

Elle obtempéra, s'approchant doucement de la seconde.

"Où sont les autres ? Rarity était avec toi, non ?"

"Elles devraient bientôt arriver normalement," répondit Pinkie sans plus d'émotion dans la voix. "On a été séparées, mais je suis sûr qu'elles vont bien pour l'instant."

"Qu'est-ce qui est arrivé à tes cheveux ?" s'étonna Parish, le cuisinier du Symphonia.

"Un petit problème sans importance," répliqua immédiatement l'artilleur. "Par contre, je ne sais pas où elles sont, donc il vaudrait mieux les chercher."

Vinyl désigna le panneau dans le couloir.

"On est juste à côté de la zone O, si elles s'y rendent toujours, ça sera pas dur de les trouver."

"Oui, même si la zone est grande."

"Bien, on y va alors."

Vinyl fit geste aux autres d'y aller, avant de se mettre elle-même en route, s'arrêtant en voyant que Pinkie ne bougeait pas.

"Tu viens ?"

"Une seconde," répondit-elle en cherchant dans sa tenue. "Je vous rejoins."

"Ok, mais traîne pas."

"Y a pas de risque."

La seconde rejoignit le reste de son équipage, laissant la femme rose-sombre seule. Elle sortit un talkie-walkie de sa poche et l'activa, regardant le dos de Vinyl qui s'éloignait.

"C'est moi. Un groupe d'évadé est en zone O, secteur cinq, et un autre s'apprête à les rejoindre. J'ordonne que toutes les unités..."

Quelque chose de froid s'apposa sur l'arrière du crâne de Pinkie. Celle-ci arrêta immédiatement de parler, fermant doucement les yeux, visiblement exaspérée. Puis elle leva les mains en signe de reddition.

Derrière, Rarity et Fluttershy jetaient un regard assez inquiet à celle qui tenait en joue son alter-ego.

"Pinkie..." fit la cuisinière. "Ça ne te ressemble pas de menacer les gens ainsi."

"Oh, je sais," répondit la véritable Pinkie Pie, avec ses cheveux correctement gonflés et sa peau de la bonne couleur. "À vrai dire, ça m'étonne aussi un peu, mais je me dis que ça doit venir de l’entraînement que j'ai reçu dans ce monde."

C'était justement ça qui inquiétait les deux autres en réalité. La Pinkie de ce monde était loin d'être agréable, et aucune d'entre elles ne voulaient voir ce côté ressurgir chez la Pinkie Pie qu'elles connaissaient.

Mais pour l'instant, il y avait plus important : qui était donc cette Pinkie Pie aux cheveux lisses ? Cela faisait une Pinkie Pie de trop.

"Capitaine ?" demanda une voix dans le talkie-walkie.

Rarity s'en empara, gardant un œil méfiant sur sa propriétaire. Elle le lui plaça devant le visage, ordonnant :

"Changez cet ordre et dites-leur que c'était une erreur."

"Et attention à ne pas fourcher !" ajouta joyeusement l'artilleur, collant encore plus le canon de son arme sur le crâne de son alter-ego.

"D'accord," obtempéra t-elle.

La cuisinière appuya sur le bouton. La fausse Pinkie regarda le communicateur pendant une fraction de seconde, avant d'ordonner subitement :

"Protocole soixante-six."

Bien qu'aux aguets, la réaction des trois autres fut trop lente pour anticiper la retournée que fit leur captive, désarmant d'un geste net Pinkie et lui mettant un coup de pied en plein dans le genou. Pivotant dans son élan, elle leva la jambe en direction de Rarity qui se baissa juste à temps pour esquiver. Le coup partit en direction de Fluttershy qui bloqua par pur réflexe, complètement effrayée, attrapant la cheville de son opposante avant de la faire tourner. La fausse Pinkie perdit son seul appuis sous une telle force et tomba au sol.

"Oh ma Celestia," fit Fluttershy, choquée par la violence de son propre réflexe.

"Bien joué Fluttershy !" complimenta Rarity alors que la vraie Pinkie se jetait sur l'autre pour l'immobiliser.

"J-Je ne l'ai pas fait exprès," s'excusa la scientifique. "Désolée... Je ne vous ai pas fait trop mal ?"

"Tu te payes ma tête !?" lui vociféra le capitaine, la faisant sursauter et reculer.

Pinkie passa soudainement son bras sous son cou pour l'étrangler un peu, prévenant :

"Met-la en sourdine un peu."

"C'est quoi ce bazar ?" fit soudainement Vinyl en apparaissant à l'angle, observant l'étrange scène, avant que son regard ne tombe sur les deux Pinkies. "Heu, c-comment... ?" balbutia t-elle.

"On va t'expliquer," rassura Rarity. "Enfin, pour ce qu'on en a compris."

"À nous aussi, ça serait bien," fit soudainement une voix à l'autre bout du couloir.

Les quatre firent volte-face et le visage de Vinyl s'éclaircit subitement. Elle se mit précipitamment à courir vers les nouvelles venues et se jeta, bras ouvert, sur Octavia.

"Tavi !" fit elle en la serrant contre elle. "J'avais tellement peur qu'il te soit arrivé quelque chose !"

"Du calme," réprimanda un peu sèchement son capitaine, ne partageant pas sa joie, la repoussant un peu. "Ça fait à peine deux heures qu'on ne s'est pas vues, et on n'est pas sorties d'affaire pour l'instant."

"Deux heures ?" s'étonnèrent Rarity et Twilight.

"De ce que je sais, vous avez toutes été assommées," continua rapidement Octavia. "Moi pas, et ça fait deux heures qu'on est là. Mais ce n'est pas le plus important. Quelqu'un sait où est Cadance ?"

"Et Applejack ?" demanda Pinkie qui maintenait toujours la fausse au sol.

Un petit silence s'installa, accompagné par la mine triste de Twilight et Rainbow. Mais il fut vite rompu par le bruits des pas s'approchant. Fort heureusement il s'agissait de ceux de l'équipage du Symphonia, désormais complet.

----

Pendant ce temps, dans le second vaisseau, au détour d'un couloir, deux soldats discutaient devant une lourde porte en fer qui contrastait énormément avec les murs blancs et cotonneux.

"C'est quand même incroyable qu'ils se soient échappés si facilement."

"Ils sont pas encore tirés d'affaire non plus," nuança le second de sa grosse voix. "Il y a quatre mille soldats ici rien que pour l'équipage. Et je compte pas ceux qui sont mobilisés pour les chasseurs ou les croiseurs. Douze gars paumés, sans aucune formation, n'ont pas la moindre chance."

"Justement !" s'insurgea son comparse. "Ils auraient même pas pu s'échapper ! C'était des jeunes recrues qui les gardaient ou quoi !?"

"Non, le grand patron avait ordonné que ce soit l'unité zéro qui s'en charge."

Le premier fit une mine hébétée.

"Il a confié une tâche aussi importante à l'unité zéro ? Mais il est complètement c-!"

Il s'arrêta juste à temps en voyant le regard malveillant de son armoire à glace de collègue. Le canon de son étrange fusil d’assaut était pointé vers lui.

"Désolé," s'excusa t-il immédiatement, intimidé.

Le grand gaillard le fixa pendant de longues secondes, avant d'éclater de rire

"Mais c'est rien !" s'esclaffa t-il en lui donnant une tape à lui déboîter l'épaule. "Je ferais pas ça, tu me connais à force ! Évite juste de dire ça devant le patron ou l'unité une, là par contre je pourrais rien pour toi !"

Son collègue tenta de rire aussi, mais sans grande conviction, ayant toujours le regard braquer sur l'arme qui aurait bien pu le tuer. Et le grand le remarqua.

"Rha, fait pas cette tête !" ricana t-il en l'entourant d'un bras épais comme une cuisse. "Aller tiens, dès qu'on a fini notre service, on va s'en jeter un, ça te va ?"

"Attend !" fit brusquement l'autre, l'écartant, les yeux fixé sur le couloir en face de lui.

"Quoi !?" s'énerva l'autre devant un tel refus.

"J'ai vu quelque chose..." murmura le petit en levant son arme, moins imposante que celle de son collègue, essayant de discerner si l'ombre qu'il avait vu passer était réelle ou pas.

Son comparse retrouva un air sérieux et regarda à son tour dans le couloir, avant de râler.

"Tu stress trop mec. Y a aucune chance qu'ils viennent par ici."

"Saboter le vaisseau avant de s'enfuir semble pourtant une bonne idée," fit soudainement une voix derrière eux.

Les deux soldats se retournèrent, arme levée, avant d'écarquiller les yeux et de se mettre au garde-à-vous.

"Capitaine !" firent-ils en cœur.

La volante bleue se posa gracieusement devant eux, remettant en place sa chevelure arc-en-ciel d'un geste négligé de la main.

"Alors, on flemmarde pendant que le vaisseau est en alerte ?" questionna t-elle.

"Absolument pas, capitaine !" répondirent les deux soldats.

Le capitaine les jaugea du regard. Au même instant, au détour d'un croisement à quelques mètres de là, Rose fit signe aux trois autres de s'arrêter, jetant un coup d’œil soupçonneux à la scène qui se déroulait.

"Rainbow Dash... ?" murmura t-elle en reconnaissant celle que les soldats appelaient capitaine.

"De quoi ?" s'enquit Redheart en passant sa tête au dessus de la sienne pour regarder. "Qu'est-ce qu'elle fait ici ?"

"Elle est avec eux..." compris la mécanicienne du TARDIS en serrant les dents. "Traîtresse..."

"Rainbow Dash ?" s'étonna Berry, qui connaissait bien la volante pour avoir été dans la même formation.

"Chut !" ordonna Rose. "J'essaye d'écouter ce qu'elle leur dit !"

"... manquez cruellement d'efficacité, comme toujours..." rouspétait le capitaine. "Je suis sûre que vous n'avez même pas remarqué le petit groupe qui approche de vous."

La femme aux cheveux rouge se figea d'horreur. Est-ce qu'elle était en train de parler sérieusement ? Ou était-ce une mauvaise blague ?

Les soldats semblaient dans la même hésitation, mais se mirent quand même en joue.

"Je savais bien que j'avais vu quelque chose !"

Le cœur des quatre évadés s'emballa. Ils étaient désarmés, face à deux soldats entraînés et une traîtresse. Tapis dans leur cachette, il ne faudrait que peu de temps pour que l'ennemi vienne les cueillir. Il fallait fuir. Maintenant.

À peine esquissèrent-ils le geste de prendre leurs jambes à leur cou que deux détonations simultanées retentirent. Rose fit volte-face pour vérifier qui avait été touché. Pourtant, le groupe était indemne, et leurs opposants brusquement silencieux. Pas de bruit de poursuite, de tir ou de discussion.

Elle fit signe à tout le monde de s'arrêter, s'avançant prudemment, non sans l'énorme crainte d'être en train de faire une erreur monumentale, et jeta un coup d’œil dans le couloir.

Les deux soldats étaient à terre, inertes, alors que Rainbow Dash rengainait deux pistolets tranquillement.

"Aller, sortez, je sais que vous êtes là."

"Ah bon, ok," fit soudainement Berry en haussant les épaules.

Rose l'arrêta de justesse, les yeux exorbités.

"Mais t'es folle !?" la réprimanda t-elle à voix basse.

"Ben quoi ?" répliqua la femme au teint bordeaux sans même être discrète. "Foutu pour foutu, autant faire ça vite, non ?"

"Elle a raison."

Le sang de Rose se glaça en entendant cette voix juste derrière sa nuque. Les autres, hormis Berry, firent un mouvement en arrière. Rose était tétanisée. La volante dans son dos venait d'abattre deux personnes de sang froid, et elle était sûrement la suivante.

"Et ben ?" s'étonna Rainbow Dash. "Vous êtes muets ?"

"Non, on a juste peur," répondit Berry sans une once de crainte et une pointe de flegme. "Pourquoi t'es là Rainbow ? Et pourquoi ils t'appellent capitaine ?"

La volante parut intriguée.

"Comment tu connais mon nom ?"

"Ben on se conn-"

Berry s'arrêta dans sa phrase, venant de comprendre. La différence était mince, mais la couleur de cette Rainbow Dash n'était pas la même que celle qu'elle connaissait, surtout au niveau de la chevelure, plus sombre.

"Ooooh," fit-elle sobrement impressionnée. "Il y a deux Rainbow alors..."

"De quoi ?" firent en cœur les quatre autres.

"Elle," répondit Berry en désignant la volante. "C'est pas celle qu'on connaît, elle y ressemble, mais celle-là est capitaine de ce vaisseau."

"Ouais ouais," abrégea Rainbow, qui semblait se sentir peu concernée. "Bref, vous cherchez à vous échapper, c'est ça ?"

"Ouais, on comptait saboter la salle des machines pour couvrir notre fuite."

"Mais t'es folle !" hurla soudainement Redheart. "Ne lui dis pas notre plan !"

"Quoi ?" s'insurgea à nouveau Berry. "On s'est fait griller, tu veux te faire torturer en plus ? Moi pas."

La scientifique était consternée. Même si elle était habituée à Berry, voir que dans cette situation elle agissait avec la même flegme que d'ordinaire était simplement aberrant.

"Mais c'est une ennemi ! Tu pourrais au moins lui donner des fausses informations !"

"Tu veux qu'elle en fasse quoi de toutes façons ? Le plan a échoué."

"Ok, c'est cool," intervint la volante qui s'en contrefichait toujours de leur conversation. "Je peux venir avec vous ?"

"Ouais, pas de problèmes si tu nous aides."

Les trois autres écarquillèrent les yeux. Cette proposition était totalement hors propos compte tenu du fait que c'était une ennemi, capitaine d'un énorme vaisseau, ressemblant terriblement à une de leur connaissance et avec un nom similaire. Il n'y avait aucune raison de lui faire confiance. Et pourtant Berry avait accepté comme si de rien était, sur un ton léger. Redheart, Rose et Raggedy n'arrivaient même pas à parler tant la discussion qui se produisait sous leurs yeux était ridiculement détachée de la situation.

"Parfait ! Je vais vous aider à saboter la salle des machines alors !"

Redheart se réveilla enfin, intervenant :

"Une seconde ! Pourquoi vous voulez nous aider si vous êtes capitaine !?"

"J'en ai marre d'eux," répliqua Rainbow en haussant les épaules. "Je me casse. Equestria a l'air mieux."

Une fois encore, la scientifique ne put rien répondre tant cette attitude la dépassait. Un capitaine d'un vaisseau aussi important était forcément quelqu'un de très haut placé, et il partait comme ça, sur un coup de tête. C'était forcément un piège ! Ça ne pouvait être que ça !

"Comment est-ce qu'on peut vous faire confiance ?" demanda t-elle.

La volante sembla surprise de la question et désigna du pouce le couloir dans son dos.

"J'ai tué deux de mes hommes, et je vais vous aider à saboter la salle des machines, c'est pas suffisant ?"

"Non !" répliqua catégoriquement Redheart.

Rainbow cligna des yeux, toujours étonnée, venant saisir son communicateur :

"Ici le capitaine, les évadés ont été attrapé. Arrêtez les recherches. Que tout le monde se réunisse dans la zone C, j'ai une annonce à y faire. Oh, j'oubliais, réparez les vaisseaux que nous avons capturé."

"Bien reçu capitaine," répondit un officier dans la radio.

Le capitaine raccrocha avant de regarder Redheart.

"Comme ça personne ne sera sur notre chemin. C'est bon ?"

"Vous auriez pu répéter ce plan pour gagner notre confiance ! Je suis sûr que tuer deux de vos soldats n'est pas un problème pour ça ! Il m'en faut plus !"

"Ok," fit Rainbow en haussant les épaules, reprenant sa radio. "Encore autre chose : Déplacez le vaisseau aux abords d'Equestria."

L'homme mit un peu plus de temps à répondre, et cette fois ci sur un ton hésitant :

"Capitaine, vous êtes sûr... ? Sans vouloir vous offenser, d'après le plan, il est trop tôt pour..."

"Faites ce que je dis !" répondit sèchement le capitaine. "Tenez vous prêt à repartir à mon commandement ! Exécution !"

"O-Oui capitaine !"

"Voilà," souffla Rainbow en raccrochant la radio. "Suivez-moi, vous verrez que ce n'est pas du bluff."

Les quatre s'échangèrent un regard méfiant. Mais si elle avait voulu les capturer, ce serait fait depuis longtemps. Redheart emboîta prudemment le pas à Rainbow alors que celle-ci s'enfonçait dans un couloir.

"C'est quoi ce fameux plan ?" demanda la scientifique.

"Je vous expliquerais tout si vous me laissez monter dans votre vaisseau. C'est donnant-donnant."

Ils débouchèrent sur un couloir comme les autres, si ce n'est qu'il contenait des hublots, ce qui ne manqua pas de surprendre les fugitifs. À déambuler dans ce dédale, ils avaient oublié que ce vaisseau possédait des bords. L'homme de la radio lança :

"Nous sommes prêts capitaine. Transfert dans trois secondes. Deux. Un."

Un étrange phénomène se passa alors à l'extérieur. Les étoiles semblèrent se plisser, s'écraser, et l'espace avec. Les alentours de l'univers se compactèrent ainsi en une ligne parfaite, unidimensionnelle et lumineuse, le vaisseau semblant épargné par le cataclysme. Un claquement sec retentit, puis l'espace retrouva ses trois dimensions habituelles. Mais tout avait changé. Ils n'étaient plus à la même place.

Raggedy se jeta sur le hublot le plus proche, n'en revenant pas.

"Nous venons de passer dans une autre dimension !?"

"Pas vraiment," répliqua nonchalamment Rainbow. "En fait, je comprends pas trop comment ça marche, mais on est toujours dans le même univers. On a juste changé de place."

Raggedy n'en croyait pas ses yeux. Ce phénomène, il le connaissait, du moins dans la théorie. Et la planète qu'il aperçu au loin acheva d'appuyer les propos de Rainbow. Cette planète, il n'y en avait qu'une, avec cet immense cercle gris sur le plus grand continent : le spatioport d'Equestria.

"Votre vaisseaux peut se matérialiser en quatre dimensions !" beugla le scientifique du TARDIS en pressant ses mains contre ses tempes, réalisant la portée scientifique de ce qui venait de se passer sous ses yeux. "La théorie de l'univers répété de Starswirl est vraie ! Vous vous déplacez d'une partie de l'univers à l'autre par la quatrième dimension !"

"Si tu le dis," bâilla la volante qui s'en fichait. "Bref, vous êtes chez vous. Et dès qu'on aura quitté ce vaisseau, j’ordonnerais à mes hommes de le déplacer ailleurs, loin. D'ailleurs, on devrait se dépêcher, Equestria ne va pas mettre beaucoup de temps à repérer un appareil aussi grand."

"Du coup... Plus besoin de saboter la salle des machines ?" s'interrogea Rose.

"On peut saboter les propulseurs principaux, si ça vous rassure," répondit Rainbow. "Le système de transfert est indépendant du reste."

"Alors allons-y !" pressa Redheart. "Raggedy, bouge-toi !"

Le scientifique peina à décrocher son nez du hublot, perdu dans ses pensées. Rose dû le tirer par le col de sa chemise pour le faire suivre.

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La grande cité de cristal était désormais bien calme, comparé au vacarme de l'assaut qu'elle avait subit quelques heures auparavant. Les énormes vaisseaux qui avaient commandités l'attaque planaient silencieusement dans le ciel. À leur bord, les soldats de Luna, ou plutôt de Nightmare Moon.

Recrutés dans le plus grand secret à Equestria, corrompus par les ombres, poursuivant l'idéologie de la nuit éternelle et le désir de mettre leur déesse au pouvoir, de remplacer Celestia. Le problème de cette armée de l'ombre était son manque de moyen. L'alliance avec Sombra, qui se chargeait de fournir les appareils en échange de pilotes, avait été une véritable aubaine. Le plan de faire de Cadance une prisonnière et d'appeler Luna pour des soit-disant négociation était idéal pour permettre à son armée de se mettre en place, de gagner une artillerie conséquente ; au nez et à la barbe inexistante de Celestia ; tout en s'assurant que l'Organisation du Chaos ou le Royaume Changelin n'abîme pas trop Equestria.

Pour l'instant, les soldats ignoraient tout du sort qui était arrivé à leur reine. Ils attendaient patiemment qu'elle vienne leur donner de nouveaux ordres. Une bonne partie avaient accosté pour venir se masser devant le palais de Sombra, sans le moindre bruit. La nuit est silence, après tout.

Alors, quand les grandes doubles-portes s'ouvrirent lentement, cela fut remarqué par toute la foule, qui se tourna d'un bloc au garde-à-vous, s'attendant à voir sortir Nightmare Moon.

À la place, ce fut un être humanoïde violet nu qui s'avança lentement vers eux, le regard noir et vide. Autant dire que la déception des soldats fut grande, et leur regard jaune se fit mauvais envers le nouvel arrivant.

"Où est sa majesté ?" grogna un des soldats avec une voix étonnamment claire et sifflante, probablement une femme.

"Le maître est occupé," répondit Spike, continuant de s'avancer d'un pas lent vers les rangés d'ombres.

Beaucoup montrèrent les crocs devant une telle réponse, et se tinrent prêt à fondre ensemble sur l'individu. Mais ce dernier fut plus rapide et prit soudainement un grand appuis sur le sol, avant de charger le premier venu devant lui. Il attrapa son visage d'une main et l'écrasa au sol, bondissant sur le suivant. Il avait reçu l'ordre de faire des prisonniers, et il comptait bien obéir.

Mais les ombres ne l'entendirent pas de cette oreille. Cinq soldats fonçaient déjà sur lui pour l'immobiliser. Deux furent éjectés l'instant d'après par un violent mouvement de griffe. Spike posa une main au sol pour basculer, envoyant son pied dans la face du troisième, puis se propulsa dans les airs pour éviter les deux derniers, qui se percutèrent violemment.

Mais dans les airs, il constituait une cible facile. Et parmi les ombres se cachaient d'ancien cornu, qui n'hésitèrent pas à faire feu. Mais les tirs semblèrent rebondir sur ses écailles. Qu'importe, des volants fonçaient déjà sur lui, ce qui en réalité fut une aubaine pour Spike. Alors qu'un soldat voulait le faucher en vole, il l'attrapa par l'aile et monta sur son dos, y enfonçant les griffes de ses pieds pour rester stable.

Il assena un coup de poing magistral au premier volant qui lui fonçait dessus. Alors que son support tentait de le faire tomber, il planta ses griffes dans sa tête et la fit pivoter, faisant effectuer une vrille forcée au volant pour éviter ses camarades.

Spike contrôlait tous les mouvements de son porteur et commença à fondre sur les rangs de l'armée, en fauchant des dizaines à chaque passage.

Depuis les maisons les plus proches, les civils regardaient ce spectacle, terrifiés mais aussi remplis d'espoir. Le Grand et Honorable Spike, le Brave et Glorieux, était un symbole pour eux. Il était le seul à s'être jadis opposé à Sombra, à lui avoir tenu tête à maintes reprises. Venait-il à nouveau les sauver de cette menace ? Seul face à une armée ? Où était-il passé durant tout ce temps ?

Bien sûr, à cette distance, ils ne pouvaient pas voir le regard possédé de leur héros.

Les soldats s'écartèrent d'un coup, se mouvant comme une seule entité, créant un grand vide autour du héros qui s'arrêta dans les airs. Il passa son regard vide sur ses adversaires, cherchant à comprendre ce qu'ils préparaient. La détonation qui survint l'instant d'après au dessus de sa tête aida sa réflexion.

D'un geste sec il fit virer de bord l'ombre et esquiva le premier tir, qui explosa au sol, formant une colonne de cristal.

Spike regarda en l'air au moment même où plusieurs détonations retentissaient. Une véritable salve lui tomba dessus et il sauta de son support pour esquiver les tirs, atterrissant avec grâce devant une armée prête à lui fondre dessus.

Ce n'était pas la première qu'il en affrontait une, et il n'allait pas perdre cette fois.

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"Applejack est... morte... ?" répéta lentement Vinyl.

Twilight acquiesça avec amertume et chagrin. La chevelure de Pinkie dégonfla instantanément, Rarity se couvrit la bouche, choquée

"Et je sais que c'est dur à admettre, mais nous n'avons pas le temps de la pleurer pour l'instant. Il faut que l'on sorte de ce vaisseau. Vous avez trouvé un moyen ?"

"On... On sait où se trouvent les hangars," fit la seconde, encore troublée.

"Très bien. Et Cadance ?"

"Aucune idée... Putain..."

"Et bien on n'a qu'à demander au capitaine," proposa Octavia en s'approchant de la fausse Pinkie qu'elles avaient déposée dans un coin. "Où se trouve la princesse ?"

Le capitaine du H.E. 1 fixa d'un regard noir la grande femme. Les deux se dévisagèrent quelques instants, puis la femme rose-sombre détourna brusquement les yeux, l'air condescendant.

"Dans votre situation, n'importe qui se moquerait de vous, mais je ne le ferais pas. De toutes façons il est trop tard, la princesse Cadance a dû être évacuée vers un autre vaisseau. Et vous êtes sûrement déjà encerclées. Votre évasion n'a servi à rien."

"Ça, ça reste encore à voir !" répondit agressivement Rainbow. "On va se tirer de là, et on t'embarque comme otage !"

"Je n'ai aucune valeur comme otage," répliqua froidement la concernée.

"Je m'en contrefout, on t'interrogera au moins !"

"Je ne vous dirais rien."

La mécanicienne s'apprêta a répondre encore une fois, mais Octavia coupa sèchement :

"On a pas le temps ! On la prend avec nous, et on s'en va !"

"J'm'en occupe," ajouta Vinyl en prenant la fausse Pinkie sur son épaule. "Les hangars sont par là."

"Alors plus une seconde à perdre !" pressa Octavia. "En route !"

Au moment où tout le monde s'apprêtait à s'élancer dans les couloirs rose-sombre, une voix retentit derrière eux.

"Ils sont là ! Capturez-les !"

Plusieurs tournèrent la tête vers les soldats qui étaient à l'angle d'un couloir, fonçant vers eux.

"Courrez !" cria Twilight.

Ce ne fut pas la peine de le dire deux fois. En fait, ce n'était même pas la peine de le dire tout court, tous détalaient déjà comme des lapins.

Octavia sortir immédiatement son pistolet et tira derrière elle, générant une grande colonne de cristaux noirs qui bloquèrent la voie à leur poursuivants. Du moins, pendant quelques secondes. Les tirs ne tardèrent pas à fuser de l'autre côté, et les cristaux explosèrent violemment sous les impacts, les débris projetés forçant Octavia à se couvrir la tête de ses mains pendant qu'elle fuyait avec les autres.

Un tir venu de devant passa à côté d'elle, un cri indiquant qu'un de leur poursuivant avait été touché. Pinkie, l'arme à la main, ralentit pour venir à son niveau.

"Besoin d'aide ?"

"Ça ira !" répliqua Octavia. "Mais si tu pouvais continuer à leur tirer dessus, ça serait bien !"

"Okie Dokie Lokie !"

Pinkie sauta immédiatement tout en faisant volte-face, tirant trois coups de son arme laser, atteignant deux ennemis, avant de retomber tranquillement au sol, continuant de courir, en hurlant "Trois-cent-soixante jumpshot ! Get rekt !" phrase qui n'avait de sens que dans ce monde, et même Pinkie eut du mal à comprendre ce qu'elle venait de dire.

Le groupe bifurqua soudainement à gauche, Vinyl en tête, allant droit vers les hangars.

"C'est au bout de ce couloir !" hurla la seconde aux autres, tenant toujours l'otage.

"Pinkie, continue de leur tirer dessus !"

"Je peux pas, j'avais que huit tirs !"

Octavia fronça néanmoins les sourcils durant sa course. Quelque chose clochait. Aucun tir de riposte ne venait de leur poursuivants, alors qu'ils avaient clairement des armes. La capitaine jeta un regard suspicieux à la fausse Pinkie, qui ne bronchait pas malgré les ballottements qu'elle subissait. Même pas une tentative de se débattre pour faire tomber Vinyl. Tout semblait trop facile.

"Ils préparent quelque chose !" hurla Octavia par mesure de prévention.

Twilight tourna la tête en entendant ça, constatant que le nombre de poursuivant s'était accru.

"Il y en a de plus en plus !"

"Évidemment !" éructa soudainement le capitaine du E.H 1. "Est-ce que vous avez la moindre idée du nombre de personne à bord !?"

"Les hangars !" cria Vinyl.

En effet, à quelques dizaines de mètres devant eux, une porte était ouverte donnant sur une salle à-priori immense.

"De toutes façons, vous n'y arriverez jamais..." grommela la fausse Pinkie.

"Ah ouais !?" répliqua Rainbow en venant à sa hauteur. "Et pourquoi !?"

"Parce que vous comptez ouvrir les sas extérieur comment ?"

"Avec l'activation manuelle qui est dans le hangar !"

Le capitaine fut surpris.

"Comment savez-vous ça ?"

"Merci de l'info," répliqua immédiatement Rainbow Dash avec un grand sourire moqueur et méprisant.

La prisonnière mit quelques secondes à comprendre, avant d'afficher une mine frustrée et énervée.

Le groupe arriva en trombe dans une immense salle, toujours aussi rose que les couloirs, abritant des dizaines de vaisseaux légers, et étonnamment dépourvue de gardes.

Octavia se retourna rapidement vers la porte, trouvant immédiatement ce qu'elle cherchait. Après avoir violemment écrasé son poing sur le bouton pour fermer le sas, elle tira à plusieurs reprise sur la porte.

"Aux vaisseaux !" hurla t-elle après avoir fini de sceller la porte à coups de cristaux. Au moins cela les retiendrait un peu.

"Là ! Le Symphonia !" fit Vinyl en pointant du doigt l'appareil.

À peine eut-elle fini sa phrase qu'une silhouette bleue fila devant elle. Mais pas vers le Symphonia. Rainbow Dash l'avait vu, grâce à ses yeux de volante. Le Friendship Cottage, presque à l'autre bout du hangar. Et en tant que mécanicienne, elle savait à quel point il était important de démarrer les moteurs au plus vite pour pouvoir s'enfuir. Toutes ailes dehors, elle fonçait déjà vers le vaisseau.

Twilight actionna immédiatement l'ouverture par magie, faisant déployer le ponton que la volante monta l'instant d'après.

"Trouvez le moyen d'ouvrir le sas de sortie !" ordonna Octavia. "Vinyl, Neon, allez mettre en route le vaisseau !"

"Oui, capitaine !"

"Pinkie, va aider Rainbow Dash !" fit à son tour Twilight. "Et arme la tourelle !"

"Okie dokie !"

Des bruits sourds se mirent à résonner sur la porte bloquée par les cristaux. Les soldats tentaient de la forcer à coup de laser, mais pour l'instant elle tenait bon. Pour faire bonne mesure, Octavia tira encore deux fois sur la porte.

"Capitaine ?" interpella soudainement Frederick depuis un coin du hangar.

Twilight et Octavia tournèrent la tête en même temps. Le biochimiste du Symphonia se trouvait devant un étrange panneau de commande.

"Je pense avoir trouvé l'actionneur du sas."

"Parfait !" félicita son capitaine. "Tu peux l'ouvrir ?"

Pour toute réponse, il enfonça un bouton. Des lumières se mirent à clignoter dans le hangar et une alarme retentit, alors qu'au bout, on pouvait voir tout un pan de mur s'ouvrir en deux, donnant sur l'espace. Bien sûr, de la magie empêchait que le hangar se dépressurise.

"On embarque !" ordonna immédiatement Twilight, se précipitant vers son vaisseau avec le reste de son équipage.

Les membres du Symphonia firent de même, et il ne fallut que peu de temps avant que les deux vaisseaux ne s'élèvent dans les airs. Le Friendship Cottage fut le premier à sortir du hangar, fendant le vide aussi vite que possible. L'autre appareil, Octavia aux commandes, suivit juste après.

Twilight ralluma la radio externe.

"Faites attention aux tirs de tourelles !" prévint-elle, même si pour l'instant tout était calme, avant de demander. "Rainbow, tout va bien dans la salle des machines ?"

Après un démarrage aussi brusque, le risque était que les machines surchauffe rapidement, et c'était bien la dernière chose dont ils avaient besoin à l'heure actuelle.

Mais aucune réponse ne vint.

"Rainbow ?" appela alors Twilight, se demandant si elle n'était pas trop occupée. "Fluttershy, va voir comment elle s'en sort à la salle des machines."

Un petit silence survint, puis la mécanicienne répondit :

"Désolée, Twilight."

"Quoi ? On a un problème !?" s'inquiéta le capitaine.

"Plus maintenant," rétorqua t-elle avec un rire nerveux, semblant en stress. "J'ai perturbé leur système de défense. Aucun risque que vous vous fassiez bombarder."

"Comment tu... ?" commença Twilight, avant de s'interrompre brusquement, venant de comprendre.

"Tu m'as demandé de réfléchir à un moyen de nous tirer de là. C'est fait."

"Elle... Elle n'est pas dans la salle des machines," fit soudainement Fluttershy dans la radio, la voix tremblante.

Encore dans le hangar, devant le panneau de commande, Rainbow était concentrée sur ce qu'elle faisait, le communicateur volé à la fausse Pinkie juste à côté d'elle. Les soldats continuaient de tirer sur le sas, qui allait bientôt céder.

Twilight commença à virer de bord pour faire demi-tour, mais Octavia la rappela sèchement à la réalité :

"C'est trop tard, Twilight !"

"Ce vaisseau nous a avalé d'un seul coup," continua Rainbow. "Si on s'échappe en restant à sa portée, il va recommencer. Alors il faut que quelqu'un reste, pour l'éloigner..."

"Tu aurais dû m'en parler !" hurla Twilight, paniquée, ne sachant que faire. "Qu'on en discute ensemble, pour voir si c'était la seule solution !"

"Pourquoi, pour que tu me retiennes ? Quand on a causé tout à l'heure, j'ai su que tu ne me laisserais pas faire si je t'en parlais..."

"Tu vas te sacrifier !"

"Tu sais..." répliqua t-elle avec un soupir mélancolique, arrêtant de pianoter sur le panneau. "J'ai perdu ma seule famille hier, et aujourd'hui la femme de ma vie... Par ma faute."

"Arrête de dire n'importe quoi !" contredit immédiatement Pinkie. "T'y es pour rien !"

"J'ai trahis Equestria..." avoua finalement la mécanicienne. "J'ai vendu des informations à Sombra. Si je ne l'avais pas fais, les attaques auraient pu être évitées... Mon père serait encore en vie. Applejack serait encore là."

Cette dernière révélation laissa tout le monde muet de stupeur. Durant ces quelques secondes de silence, Rainbow prit appuis contre le mur près de la console, regardant le plafond sans le voir, plongée dans ses pensées, ces dernières tournées vers son amour perdu.

"Vous m'appelez l'Élément de la Loyauté dans l'autre monde, pas vrai... ?" fit-elle lentement. "J'aimerais tellement ressembler à cette Rainbow Dash dont vous m'avez parlé. Quelqu'un d'aussi cool, d'aussi loyal... Mais ça ne restera qu'une histoire pour moi."

Elle soupira à nouveau, les larmes aux yeux, baissant la tête.

"Si je peux au moins sauver dix personnes, alors ça me va. Partez, prévenez Equestria, et sauvez le monde... Comme vous le faites là-bas."

"On ne peut pas le sauver sans toi !" répliqua vivement Rarity, outrée mais aussi émue.

"On a besoin de toi !" surenchérit Fluttershy, pour une fois pleine de confiance, malgré les larmes qui coulaient sur ses joues.

"Tu dis que tu aimerais être cool et loyale ?" ajouta Pinkie avec un rire nerveux, essuyant ses yeux du bout des doigts. "Regarde-toi, idiote ! C'est tout ce que tu es en ce moment !"

"On reviendra te chercher !" hurla Twilight, en larmes. "Promis !"

Le cœur morcelé de Rainbow vibra et un sourire heureux se forma sur son visage en pleur.

"Bande d'idiotes..." sanglota t-elle, ne pouvant s'empêcher de sourire. "Merci..."

Elle appuyant sur le dernier bouton. Le H.E.1 se teinta subitement de jaune et sembla se distordre, avant de purement et simplement disparaître du champs de vision des deux vaisseaux. Le silence se fit dans la radio. Un silence de mort, au milieu du système Draconequin.

Loin, ailleurs dans l'univers, les soldats finissaient d'enfoncer le sas du hangar, pour n'y trouver qu'une volante bleu clair, évanouie à côté de la console de commande.

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Note de l'auteur

[Insérez cri d'écrivain exténué]
11 mois. Je veux pas faire des promesses, mais je pense que je mettrais moins de temps à sortir le suivant. Et il sera moins long.

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SkySound
SkySound : #41979
J'ai hâte que le prochain chapitre sort ;)
Il y a 1 an · Répondre

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