Chapitre 19: le guerrier estropié

Jouant avec la couronne dorée de la princesse Celestia du jour en le faisant tournoyer en l’air avec sa magie, Blueblood était assis sur son trône d’or dans le palais de Canterlot vêtu et couronné en roi. Le peuple était en liesse, les nobles étaient tous inclinés devant sa magnificence, les bannières aux treize étoiles dorées flottaient fièrement alors que la lune et le soleil gisaient souillés par terre, les gardes se dressaient fièrement en garde à vous sous leurs armures étincelantes et les têtes de ses deux tantes et de sa cousine furent exhibées sur des pics du hauts des remparts. A sa droite, sa splendide reine guerrière ; Spitfire, siégeait tel une déesse de la guerre à l’aura flamboyante.

-Majesté ! acclama une jument dans la foule. Les traîtres se sont rendus.

-La race impie des griffons sera dans peu de temps un mauvais souvenir mon roi, annonça un étalon. Le général Dornan CœurAcier s’apprêtera à revenir avec le cœur de l’ex-empereur Khäln.

-D’autres régions souhaitent devenir vos vassaux Sire, que décidez-vous ?

Le vœu du prince se réalisait enfin, la couronne pour lui et la gloire pour Equestria. L’histoire louera son règne pour des milliers d’années à venir. Les valeureux poneys morts lors de la dernière guerre contre les griffons furent vengés, les traîtres et les laquais des alicornes furent punis. Une nouvelle ère pour les poneys, faite de gloires, de richesses et d’abondances sous le règne bienveillant du roi Blueblood et de la reine Spitfire.

-Nous avons vaincus mon roi, dit sensuellement la reine pégase.

C’est alors que le sentiment d’une victoire complète envahit son cœur de sa douce la chaleur, que le goût sucré de la récompense devint aussi insipide que de la cendre…

Sa cour qui était animée de musiques, de poneys heureux et de couleurs. Des bruits à répétions semblables à des coups contre une porte retentit dans toute la salle du trône. Assombrissant l’atmosphère et imposant l’ambiance digne d’une crypte oubliée dans l’âme des personnes présentes.

Le bruit retentit encore et encore, le prince entendit du bois se briser.

-Que se passe t’il ?cria le prince furieux qu’un incident vint troubler son euphorie.

Mais personne ne répondit, au contraire les poneys s’éclipsèrent dans les ténèbres en silence. Le bruit de pas lourds et métalliques s’approchèrent de lui.

Il ne restait que Blueblood et sa reine, seuls et en proies à la panique dans la salle du trône devenue obscure. Qu’est-ce qui pouvait encore lui barrer la route ? Les alicornes sont mortes ainsi que leurs lèches-bottes. Les griffons seront d’ici peu exterminés jusqu’aux derniers. Donc qui oserait venir le contester ?

Se détachant de l’ombre au fond de la salle, le colosse en acier noir marcha en direction du trône. Lent mais implacable. Brandissant une épée aussi noire que son armure, dégageant une épaisse fumée grise à travers les jointures de ses équipements et fixant sa proie d’un œil aussi rouge que le sang sous la visière du casque. Le chevalier Ulrik de Valrëniss, le monstre à l’armure sombre, se dirigea vers Blueblood et Spitfire avec la démarche d’un loup affamé devant deux frêles agneaux bien gras.

-Soldats ! Compagnons ! Chevaliers ! A moi ! Protéger votre roi ! cria l’étalon blanc avec toutes ses forces.

Mais hélas pour lui personne ne vint.

-Restez en arrière, mon aimée je m’occupe de lui, intervint prestement la Tueuse de griffons avec une dague au sabot.

Une lueur d’espoir vint soulager le monarque d’un jour, Spitfire était la meilleure guerrière des Wonderbolts, même faiblement armée et elle vaincra se monstre bipède.

La reine guerrière frappa frénétiquement sur le géant sans que celui-ci ne le ralentisse, la lame de la dague pénétra dans les ouvertures des protections de l’humain… Sans rencontrer de chaire, juste de la fumée et de l’acier. Mais Spitfire ne semblait pas le remarquer et continua à attaquer avec acharnement malgré l’inutilité de l’acte. Son amour pour Blueblood était sincère et inébranlable. Pas question pour elle de s’écarter.

-Va-t-en ! hurla la licorne en voyant sa jument se faire saisir la gorge par la poigne gantée de fer du colosse.

Ce dernier souleva d’une main sa victime hors du sol. Elle se débattait mais la lame sombre du chevalier noir lui transperça le cœur.

A la vue de sa bien-aimée occise de manière aussi sanglante, le roi Bluebood qui voulait devenir le plus grand monarque de l’histoire trembla de peur. Il se recroquevilla au sol en voyant l’humain s’approcher de lui avec son épée rougie du sang pégase.

-Mais que veux-tu ? Tu es sensé être mort ? Infirme au moins…. gémissait-il. Je t’offrirais ce que tu voudras mais de grâce ne fait pas ça !

Sans émettre le moindre son autre que le bruit du métal, le chevalier noir brandissait son arme pour exécuter le poney couronné. Tel le tueur silencieux qu’il était. Tel une machine de guerre sans âme… Sans émotions.

Soudain, le prince se réveilla en poussant un bref cri essoufflé. Baigné de sueur.

Il était dans le lit de sa chambre à Canterlot, Dehors il faisait nuit et son amante dormait avant de se réveiller en sursaut à son tour. Elle regarda avec dans toutes les directions, ses sens en alertes sans trouver autres choses que son futur roi et époux se tenant le crâne avec ses sabots comme pris de migraine.

-Tout va bien ? Mon roi tout va bien ?

Blueblood mit un moment avant de répondre en toute lucidité.

-Oui…Oui… Un foutu cauchemar.

-Luna ! dit-elle avec une voix qui trahissait son envie de meurtre.

-Non, le rassura-t-elle. Je l’aurai sut si elle ne se serait permise de venir violer mon intimité. Je suis de sang royal après tout. J’aurais ressentis sa présence magique.

-Alors ce n’était juste qu’un rêve… Un simple rêve…

Le prince se rémora la scène du monstre bipède qui se dirigeait vers lui tel une sorte de golem qui n’avait rien de vivant. Comme s’il n’avait comme seul objectif de le supprimer.

-Je ne sais pas. Je veux dire… Non, je ne pense pas.

La pégase au se lova sur son étalon comme un chat pour veiller sur sa progéniture. La licorne se rappela également de la vision de la mort de sa jument et de la peur qui le paralysait. Depuis leur rencontre après la guerre contre l’empire des Griffons, Spitfire veillait sur lui car elle voyait en lui plus que son amoureux, elle voyait en lui un sauveur, un dirigeant digne, fort et intelligent capable de redorer à Equesrtria sa gloire d’avant la venue des laxistes et faibles princesses alicornes. Blueblood s’était opposé au « traité de la prière ». Les gens voyait là un miracle, un accord équitable entre deux nations adverses sur le même point d’égalité, mais ce n’était qu’une farce. Une paix grotesque qui avait permis à fermer les yeux sur les crimes des envahisseurs impériaux sur des poneys pacifiques. Celestia et Luna, surtout Celestia, étaient trop lâches pour risquer leur positions et leur vies pour rendre justice aux victimes de griffons. D’ailleurs il en avait fait lui aussi les frais.

Le prince se demandait s’il méritait ainsi le dévouement de sa bien-aimée… Il doutait lui-même s’il pouvait en faire autant.

-Vous serez roi mon aimée, le plus grand de tout l’histoire du pays. Vous êtes un digne fils d’Equestria et notre royaume a plus qu’assez de devoir subir le règne hypocrite des alicornes.

Le regard bleu du prince ne lâcha pas le visage magnifique se sa guerrière. Les légères cicatrices sur sa face ne l’enlaidissaient aucunement, bien au contraire.

-Spitfire, avez-vous confiance en moi ? demanda le prince en toute sincérité.

Elle se pencha et l’embrassa avec une tendresse surprenante. Avant de se retitrer.

-Je vous suivrai jusqu’aux tréfonds de Tartarus, si vous le souhaitez.

Elle joua avec sa langue sur son torse avant de descendre plus bas…

Celestia du jour, profita longuement se lever de cet astre qu’était son symbole. L’aube et le crépuscule étaient les plus beaux moments de la journée. Elle ne ratait que rarement se petit privilège qu’elle s’accordait chaque jour au balcon de ses quartiers privés. C’était d’ailleurs une chose connue du public. Elle jeta tout de même un œil au contrebas et voyait des poneys immobiles qui levaient la tête dans sa direction pour l’admirer elle. Certains de ses sujets croyaient la voir faire lever et coucher le soleil tous les matins et tous les soirs alors qu’elle faisait que de contempler l’astre du jour. Cette fausse croyance l’amusait autant que cela la révulsait, malgré ces efforts pour démentir ces rumeurs. Il y en avait même qui croyait que Luna commandait à la Lune.

Elles n’avaient rien de divins. Elles étaient puissantes et immortelles, mais elles étaient surtout des juments avec un cœur tout aussi authentique que bon nombres de leurs sujets mortels. En proies aux erreurs et aux sentiments bonnes et mauvaises.

La princesse Celestia avait durant sa longue vie aimé comme elle avait haït. Tout comme sa sœur et sa nièce, Cadance.

Son moment de sérénité fut interrompu par l’éternel quotidien toc-toc de sa porte.

-Votre Majesté, l’apprentie Twilight Sparkle demande à vous voir, dit l’un des gardes royaux devant sa porte.

-Et son assistant Spike ! s’indigna la voix du dragonnet.

-Faites la entrer, Flash, répondit-elle en reconnaissant la voix du jeune pégase à la crinière bleue.

La porte s’ouvrit, laissant pénétrer une Twilight à la mine fatiguée mais qui semblait avoir une pointe d’intérêt pour le soldat qui fermait le ventail.

Celestia la remarqua sans pour autant transparaître son inquiétude à ce sujet pour le moment. Quand la porte se referma Twilight et Spike s’inclinèrent devant leur souveraine mais celle-ci posa un sabot compatissant sur son étudiante.

-Twilight, Spike. Pas de ça en privé, j’aurai tout le loisir de voir des gens s’incliné devant moi pour le reste de la journée.

C’était une phrase qu’elle répétait machinalement presque à chaque rencontre.

-Désolée, les mauvaises habitudes.

La même excuse aussi.

-Alors que me vaut le plaisir de ta venue, ma chère enfant. Il est tout de même bien tôt.

-Et… Pour Ulrik euh… Je… Je voudrai qu’on… Et bien… bredouilla la licorne violette avec beaucoup de gêne.

-Il faut s’en débarrasser ! dit Spike avec amertume.

Il reçut une taloche sur la tête de la part de la licorne violette.

-Spike ! Ce n’était pas ce que je voulais dire.

-Mais c’était bien ce que tu avais dit, en résumé.

-Expliquez-vous ! ordonna Celestia en fronçant les sourcils. Ces mots sont dans les mêmes termes que celui de mon neveu, le prince Bluebood.

Les deux jeunes gens gardèrent quelques secondes le silence avant de bien choisir les mots devant leur princesse. Qui ne semblait avoir changé d’humeur, plus irritée. Twilight se lança.

-Majesté, vous savez-qu’Ulrik… Je veux dire le chevalier Ulrik de Varlëniss est enfin réveillé.

Stupide. Tout le monde le sait. Mais l’alicorne blanche préféra ne rien dire. Mais pourquoi son élève personnelle appelait l’humain par son titre et non par son prénom comme elle avait l’habitude de le faire. Même quand elle écrivait dans ses lettres. Ils n’étaient plus si étrangers.

-Il ne pourra plus pouvoir rentrer chez-lui.

-En effet, sans l’âme de cristal, qui était à l’origine de son apparition, je ne vois pas moi-même comment le ramener dans son monde. J’imagine que tu lui as dit. Sans trop parler de la véritable raison à tes amis et à lui sur le pourquoi tu possédais un tel objet.

-Non, non. A part Spike et nous deux, personnes ne sait de la nature véritable de mes études.

La princesse savait que ses exigences pour tenir ce secret sous silence, étaient cruels pour Twilight, sa fille adoptive. Depuis la mort de ses deux parents, Celestia avait tant bien que mal essayé de tenir le rôle de mère. Mais il était à la fois difficile de gouverner, enseigner et aimer à la fois. Mais personne ne la lui dirait mais Celestia avait accomplie son devoir à la perfection.

-Alors qu’elle est le problème ? A ma connaissance c’est un homme admirable. Et vertueux avec ça.

La licorne se mordit la langue car il fallait parler de l’incident lors du réveille du chevalier. Mais son dragonnet la devança. Visiblement, il avait gardé un souvenir bien médiocre d’Ulrik.

-Majesté Celestia, il a agressé Rainbow Dash.

-Pardon ? les yeux d’améthystes de la princesse du soleil s’agrandirent de stupeur avant de virer en une colère froide. Twilight t-a-t’il fait du mal ?

-A moi non… Je n’étais pas là au moment des faits.

-Comment cela ?

-C’est sans importance, princesse, quand je lui ai annoncé la mauvaise nouvelle il était en colère, ce qui est normal, et j’estimais qu’il fallait mieux le laissé seul pour l’instant. Ce n’est que plus tard que mes amis m’ont raconté ce qui c’était passé… Ses blessures avaient eut raisons de lui. Je… Je n’ose imaginer que s’il n’était pas convalescent, il aurait put, la jeune licorne s’essoufflait à cause des émotions. Il aurait put faire du mal à Dashi…

Twilight se rappelait de ce moment où Rainbow Dash s’envolait dans les cieux en pleurant… Comme l’aurait qualifié Ulrik ; une gamine…

Celestia s’avança et la serra contre elle en lui caressant la crinière comme ferait une mère à son enfant. Spike détourna le regard, trop gêné devant cette scène.

-Dis-moi mon enfant, il ne t’a vraiment rien fait ? demanda à nouveau la princesse du soleil sous un ton infiniment plus compatissant.

-Il… Il… bafouilla Twilight en essayant de répondre. Après la que je lui ai annoncé… La nouvelle… Sous le coup de la colère… Sans doute… Il m’a traité de… Sorcière…

Un pincement au cœur vint envenimer l’humeur de Celestia, elle ne pourrait tolérer cela. Mais il y avait autre chose et elle insista.

-Mais ce n’est pas cette insulte qui te fait peur ?

-Il m’en veut princesse, elle enfouit son visage contre la poitrine de sa mère et professeur. J’ai vu son visage… Son expression… Hideux… Mauvais et… Meurtrier… Il me fait peur princesse. Même dans son état il… Il… A cette allure sombre. Je le connais peu, c’est vrai. Mais il était différent au départ… Un grincheux avec un cœur d’or… C’est ce que je me disais au départ.

Celestia comprit ce que l’esprit de Twilight s’imaginait de funeste, elle tenta alors de l’apaiser en essayant de dissiper ces soupçons portés sur le chevalier ingrat.

-Il a épargné ton frère… tenta de rassurer l’alicorne. Parce qu’il t’estimait beaucoup malgré tout et sans compter qu’il s’est jeté dans la horde de démon pour te protéger.

Cette fois, le petit dragon rancunier intervint.

-Je ne souhaitais pas vous contredire, Majesté. Mais je dois dire qu’il avait agit comme un débiteur face à un créancier, nous l’avons soignés, recueillis, nourris et encore soigné. Et qu’a-t’il donné en retour ? Il a tué un poney au départ, même si personne ne l’aimait en réalité.

-L’orgueil des chevaliers, c’est très sensible Spike. La mort de Hoops de la maison Tyrosh était, triste à dire, inévitable. A force de provoquer tout le monde il serait tombé sur quelqu’un qui lui aurait occis sans besoin que cela serait sire Ulrik.

-Princesse, il faut faire quelque chose, continua Spike. Vous savez comment il est. Vous avez vu ce qu’il est capable de faire. Il déteste les dragons. Et il est insensible à la magie des licornes et même des alicornes. Que ferons-nous s’il s’en prendrait à nous ?

Même si Twilight aurait aimé dire des propos plus conciliants, il fallait voire la vérité en face ; Ulrik est un colosse fait de muscle et de violence capable de broyer le crâne d’un poulain avec une seule main. Un homme de guerre qui a tué et continuera encore, d’ailleurs il s’en est jamais caché.

Mais elle voulait lui donner sa chance malgré tout. Malgré son attitude ingrat lors de son réveille, il l’a sauvé la vie et celle de son grand-frère.

-J’irai lui parlé en privé. Il n’est pas question de passé l’éponge sur ce scandale, dit Celestia.

-Vous… Vous en êtes sûr, princesse ? s’étonna Spike. Est-ce prudent ?

-Mon petit Spike, s’il tenterait quoique ce soit contre moi ou qui que ce soit qui est sous ma protection, il regrettera aussitôt.

Spike n’était qu’un dragonnet, mais il voyait bien que la princesse Celestia ne plaisantait pas.

Ulrik se maudissait de son état. Il désirait mille fois la mort plutôt que de finir ainsi. Il n’arrivait plus à se mouvoir sans que son corps à peine rétablit ne lui arrache d’affreuses douleurs. Le fier chevalier fut donc contraint de sortir, assis sur un fauteuil roulant car il n’arrivait même pas à se tenir debout.

Il aurait dut mourir au combat, avoir une fin digne et propre, au lieu de cela, il était devenu un guerrier estropié. Voilà donc son sort ? Une malédiction pire que de finir dans la tombe….

Les guérisseurs avaient dit qu’ils pourraient se mouvoir seul après deux ou trois mois supplémentaires, qu’il fallait laisser son corps guérir après beaucoup de repos et de réguliers exercices. Mais Ulrik en doutait. Il avait vu bon nombre d’hommes, plus robustes que lui, finir éclopés jusqu’à la fin de leur vie après un stupide accident ou un coup malchanceux. Et après le récit des événements de Poneyville, c’était un vrai miracle qu’il ait survécu… Ou un vrai châtiment. Il devrait croiser les doigts pour espérer que l’avenir ne lui fasse point défaut, car ses os étaient plus fragiles que du bois séché.

« J’espère que tu souffres, maudite pourriture. » songea amèrement le blessé en imaginant cet énorme démon à tête de chien avec l’épée tueuse de dragon plantée dans son œil laiteux.

Tant de guerres, de duels et d’aventures gagnés et perdus. Auréolé de gloire et de légende. Tout cela pour finir sur une chaise avec des roues.

Quel destin de con…

-Je vais vous menez aux jardins du palais, vous verrez, ça vous fera du bien. A moins que vous préfériez aller autre part ? dit sœur Tiria de l’Ordre de la Larme de la Miséricorde.

Le chevalier éclopé ne répondit, pas car il était perdu dans les méandres de sa tête. Et elle pourrait bien l’emmené dans une ruelle sombre pour lui trancher la gorge et l’abandonner dans les caniveaux, il s’en ficherait.

Son visage fermé et négligé en disait grandement sur envie de parler.

Après un mois dans cette chambre à gémir sous les draps, enveloppé dans un manteau de laine, Ulrik inspira l’air pur du jardin, tout en admirant, sous un après-midi ensoleillé d’automne, la beauté de ce lieu colorée par cette saison. A Blanches-Cimes tout était bien austère en comparaison.

Mais Blanches-Cimes était chez-lui… Sa maison. Et plus jamais il ne la reverra. Était-ce cela la punition du Divin ?

-Sire Ulrik !

La prêtresse tourna le fauteuil roulant du chevalier afin de faire face à son interlocuteur ; le capitaine Shining Armor et… une dizaine de poneys en armure dorée. Armé de lances et d’épée, certains portait des chaînes pour des prisonnier.

-La princesse Celestia veut vous voire en privé.

Le visage du frère de Twilight affichait un sang-froid exemplaire en vu de la situation délicate et surtout de cette première rencontre après le duel judicaire. Au fond Shining aurait préféré sincèrement mieux connaître le guerrier à l’armure noir autour d’une chope de cidre et de blagues grivois, mais le destin en avait décidé autrement.

Une dizaine de gardes royaux d’élites venant « escorté » un estropié en chaise roulante. Si Ulrik était d’humeur celai lui aurait fait éclater de rire. Il serait venu laver l’affront qu’il avait fait à sa petite sorcière qui lui servait de sœur, cela ne faisait aucun doute dans l’esprit embrumé du chevalier. Mais là-il s’en fichait bien. Le tuer serait une véritable délivrance, à défaut de s’ôter la vie lui-même.

-Ne faisons pas attendre, Sa Majesté alors. dit Ulrik dans sa voix désagréable.

Le capitaine s’approcha de l’humain, pour le regarder en face, il était déçu. Il croyait revoir un lion blessé mais fier, mais il voyait un chien galeux s’apitoyer sur son sort.

Au loin, le petit poney, Hartis de la maison Huskher voyait la scène en se grattant la tête l’air pensif, voilà qui intéresserait sûrement sa mère. Mais en attendant il a un rendez-vous galant d’ici peu avec une certaine licorne de Poneyville.