Le Docteur ouvrit la porte du TARDIS, et passa la tête par l'ouverture, prudent.
Il regarda à gauche…
A Droite…
Oui, ils avaient l'air d'être au bon endroit.
L'étalon sortit de la cabine bleue, explorant du regard le lieu où ils venaient d'atterrir. Pour le moment, il ne semblait pas y avoir de mauvaise surprise.
- Où on est Docteur ?
Applejack sortit à son tour du vaisseau, méfiante. Si elle faisait relativement confiance au Docteur, elle avait compris que le fréquenter signifiait prendre des risques. Des risques auxquels ses amies avaient choisi de s'exposer, sans se soucier des conséquences. Elle désapprouvait, mais avait malgré tout décidé de les suivre, pour s'assurer qu'il n'arrive rien à personne. Rarity et Rainbow Dash sortirent après elle, pour voir à quoi ressemblait leur nouvel environnement.
Le TARDIS s'était matérialisé dans une impasse, entre des bâtiments aux murs de torchis. Le sol était meuble, poussiéreux, et l'air était chaud, et sec. Un peu trop pour que ce soit agréable. Plus loin, un brouhaha trahissait une grosse activité à proximité. Mais la sortie de l'impasse était encombrée par une structure de bois. De là où ils étaient, impossible de savoir ce qu'il se passait.
- C'est quoi cet endroit ? Demanda à son tour Rainbow Dash en regardant autour d'elle.
- Je crois que nous sommes dans une ville… Ou un village.
Rapidement, le Docteur se dirigea vers la structure de bois, pour la contourner. Il connaissait ce genre d'agitation…
Un marché.
Ils étaient au beau milieu d'un marché.
Dans les ruelles qui séparaient des maisons de torchis carrées, se dressaient toutes sortes d’étalages, tenues par des vendeurs faisant la criée. Des poneys protégés de la chaleur ambiante par des djellabas (une sorte de tunique) et des chèches (un grand foulard de quatre à huit mètres de long) enroulés autour de leur tête, négociaient les prix de fruits, légumes, épices, poules pondeuses, dans une impressionnante agitation. Des chameaux et des chevaux étaient également présents. Les uns attendant qu'une cargaison soit installée sur leur dos, les autres surveillant les éventuels vols à l'étalage. Les fourreaux attachés à leurs flancs, dans lesquels la poignée d'un sabre était visible, suggérait aisément le sort qui pouvait être réservé à un éventuel fauteur de trouble. Pour des poneys comme Rarity, Applejack et Rainbow Dash, la scène était d'un exotisme presque envoûtant.
- Docteur… Commença la licorne blanche.
- Nous sommes en Arabie Sellouite, aux alentours de… l'an 635 du règne de Celestia… normalement.
- Docteur… C'est… stupéfiant ! L'entendre dire de la part de Twilight, d'accord, mais le voir de ses propres yeux…
- C'est carrément génial ! S'écria Rainbow Dash. On est arrivé à l'autre bout de la planète ! Et en plus, on est arrivé quatre siècles avant d'être partis ! Docteur, vous avez le vaisseau le plus cool de l'univers ! Et en plus, avec moi à bord, il est vingt pourcents plus cool !
- J'dois reconnaître Docteur… c't'impressionnant, ajouta Applejack. J'suis dépaysée…
- Qu'est-ce que vous pensez de la destination ?
- Eh bien… c'est un assez bon choix Docteur, repris Rarity, mais cette chaleur… c'est insoutenable. Ma coiffure ne tiendra jamais le coup… et je sens que mon maquillage ne va pas tarder à se mettre à couler.
Déjà, la licorne blanche passa un sabot sur son front, essayant de se débarrasser de la sueur qui s’accumulait dans ses poils. Applejack et Rainbow Dash semblaient aussi souffrir de la chaleur ambiante. Même le chapeau de la fermière semblait insuffisant pour la protéger du soleil. Le Docteur, lui, ne semblait pas embêté par la température, en Seigneur du Temps qu'il était.
- C'est vrai qu'il fait chaud Docteur, ajouta Applejack. Moi aussi, j'suis en nage.
- Vous n'auriez pas un truc pour nous protéger de la chaleur ? Demanda Rainbow Dash.
- Le mieux serait de se couvrir pour se protéger du soleil. Je n'ai pas encore complété la garde-robe du TARDIS, malheureusement. Il n'y en a que pour des humanoïdes. Mais… je devrais pouvoir troquer quelques-unes de mes babioles contre des vêtements couleur locale. Attendez un instant…
L'étalon s'éloigna, retournant vers son TARDIS…
Quelques minutes plus tard, il posait un sac de pièce d'or sur l’étalage d'un tisserand. Ce n'était pas la monnaie locale, mais c'était de l'or, et en quantité. Le vendeur ne pouvait plus rien lui lui refuser. Applejack choisit la simplicité, et prit une tunique beige, et un grand shemagh (carré de tissus porté sur la tête, souvent maintenu par un cordon de laine) blanc pour lui couvrir la tête et le cou, maintenu en place par le chapeau qu'elle refusait de quitter. Rainbow Dash n'a pas fait non plus la difficile est s'est rabattu sur une djellaba grise avec des trous pour ses ailes, et un chèche blanc pour lui entourer la tête, laissant son visage découvert. Rarity, elle, prit son temps pour choisir une tenue qu'elle considérait comme appropriée. Elle opta finalement pour une abaya (manteau féminin couvrant tout le corps de manière lâche) bleu foncé, les manches richement décorées par des broderies dorées, et un chèche assorti. Le Docteur désapprouvait la tenue, qu'il jugeait trop voyante, mais Rarity semblait considérer qu'un autre choix n'aurait pas été présentable.
- Mais où est-ce que vous avez trouvé autant d'argent ? Demanda Applejack en quittant la boutique avec le reste du groupe.
- Oh, quand on voyage à travers l'univers, on amasse forcément ce genre de chose. Et puis, ça peut être pratique parfois.
- Vous pouvez le dire Docteur, commenta Rarity. La mode locale est tout simplement sublime.
- Vous n'êtes pas à la mode, vous êtes en tenue de soirée.
- Je suis distinguée, nuance.
- Bah, moi, du moment que ça ne m’empêche pas de voler… commenta Rainbow Dash en secouant ses ailes.
- Mais dites Docteur, l'interrompit Applejack, nous sommes en Arabie Sellouite, on d'vrait les entendre parler arabe, non ? Alors pourquoi est-ce qu'ils parlent tous Equestrien ?
- C'est le circuit de traduction du TARDIS. C'est lui qui traduit ce que nous entendons ou lisons. Il y a quelques langues qu'il ne traduit pas bizarrement, mais sa base de donnée est assez étendue. Il reconnaît de nombreux dialectes différents.
- Ah… Et il fait l'inverse aussi ?
- Oui. Là, en ce moment, vous parlez en arabe. Avec un accent du nord je pense.
- Même les accents ? Mais… et si j'dis quelqu'chose en vrai arabe, est-ce qu'y vont comprendre ?
- En général, le TARDIS préfère traduire en une autre langue.
- Allez, assez de blablas ! Repris Rarity. Et si nous allions plutôt faire les boutiques ? Ce serait dommage de repartir sans emporter quelques souvenirs !
Sans attendre de réponse, la licorne accéléra le rythme pour s'avancer dans la rue marchande. Applejack secoua simplement la tête. Rarity, quand elle s'y mettait…
Plus loin, un poney trottait dans la ruelle, se faufilant comme il le pouvait entre les vendeurs et les acheteurs pour trouver son chemin dans la ville. Il était vêtu de blanc, la tête couverte par un chèche rouge sang, qui lui couvrait le visage, ne laissant paraître que ses yeux dorés. Le poney contourna un étalage, et pénétra dans une autre impasse, où il retrouva cinq autre poneys. Quatre étaient vêtus exactement de la même manière, le dernier était entièrement rouge.
- Tu es en retard, gronda ce dernier, le fixant sévèrement de ses deux yeux verts.
- Toutes mes plus plates excuses, patient seigneur. Le marché est plus agité qu'à l'ordinaire aujourd'hui.
- Peu importe. Tout le monde est en place ?
- Ils n'attendent plus que votre signal, seigneur. Nous sommes tous prêts.
- Bien, les choses se déroulent comme prévu. Préparez-vous. A midi, le Calife passera dans la rue principale. Alors, nous agirons.
Les consignes étaient données. Les différents membres du groupe sortirent leurs armes de leurs manches, des dagues, des lames secrètes, et d'autres équipements dont personne d'autre ne devait connaître la fonction.
- Pour les grands êtres, dit alors un des poneys en blanc.
- Et pour leur suprématie, reprirent en cœur ses compagnons.
La décision était prise. Et ils iraient jusqu'au bout.
***
Doctor
Whooves
Possession
Partie 1
***
- Très joli collier. Vous le vendez combien ?
- Cinq pièces madame.
- Vous avez quelque chose d'équivalent Docteur ? Je peux vous rembourser en rentrant.
- Je devrais avoir ce qu'il faut... Vous prenez si ce sont des pièces d'or ?
- De l'or ? Ça devrait marcher. Je veux bien.
Le Docteur sortit quelques pièces de son col à cravate et les tendit au marchand. Son absence de vêtements - autre que ce dernier - semblait intriguer les autochtones, mais cela n'avait pas l'air de les choquer plus que ça. Ils n'avaient pas vraiment de règles vestimentaires, heureusement. Les poneys n'ayant pas le concept de nudité. Cependant, il fallait reconnaître que lui et les juments qui l'accompagnaient formaient un quatuor assez singulier.
Les trois juments avaient visiblement des idées bien différentes sur la manière de faire du tourisme. Rarity ne pensait qu'à faire les boutiques, Applejack se contentait d'admirer le paysage, espérant peut-être croiser autre chose que des commerçants, et Rainbow Dash n'arrêtait pas de sautiller sur place, impatiente de passer à la suite. Qu'est-ce que cette petite ville arabienne pouvait encore leur réserver comme surprises ?
- J'dois r'connaître Docteur, Z'avez fait un bon choix en prenant c'te destination, reconnu la fermière. Ça a l'air d'un coin assez tranquille.
- Le danger ne se trouve pas partout dans l'univers, répondit le Seigneur du Temps. Il y a des endroits qui sont assez touristiques.
- Oui, bon, mais qu'est-ce qu'il y a d'autre à voir d'intéressant dans le coin ? S'impatienta Rainbow Dash. J'ai bien envie d'aller faire un tour pour voir…
- Rainbow, reste avec nous pour le moment, dit alors Applejack. J'pense qu'on d'vrait éviter d'se séparer pour l'moment. Pour éviter d'se perdre.
- Je suis d'accord, ajouta le Docteur. On ferait mieux de ne pas trop s'éloigner.
- Alors qu'est-ce qu'on attend ?
- Que je termine de faire les boutiques, coupa Rarity. Il y a tellement de choses à voir par ici…
- Bon, mais y'a pas qu'ça non plus, commenta Applejack.
- Ah, en attendant, je vais prendre un peu de hauteur, reprit Rainbow Dash. Pour voir ce qu'il y a d'autre dans le coin. Je reviens.
Sans attendre de réponse, la pégase ouvrit ses ailes et quitta le sol, pour s'élever au-dessus des toits des bâtiments environnant. Ses vêtements n'étaient pas trop lourds, heureusement, et la protégeaient bien du soleil écrasant de cette région. Mais trop d’efforts de sa part risquaient de rendre cette protection inutile. Aussi, après avoir décollé, Rainbow Dash préféra se contenter de planer, tournant en rond pour voir à quoi ressemblait la ville. Elle faisait à peu près une fois et demi la taille de Ponyville, uniquement composée de maisons carrées couleur sable. Plus loin, à l'extrémité de la ville, se dressait une autre construction, bien différente, grande, blanche, toute en rondeur. Un palais, sans aucun doute. L'allée qui menait à la grande porte traversait la ville, la coupant en deux. Il semblait y avoir beaucoup de bruit de ce côté… de la musique...
Une animation ?
Quoi que ce fut, elle voulait savoir de quoi il s'agissait. Précipitamment, elle redescendit dans la ruelle où se trouvaient ses amis. Ils étaient alors en pleine discussion…
- Il n'y a pas autant de vêtements et de bijoux que je l'espérais…
- Que voulez vous Rarity ? Ici, c'est surtout la survie qui compte dans le désert. L'eau et la nourriture sont plus importantes et difficile à se procurer. Mais ça ne m'étonnerait pas qu'ils fassent un commerce d'épices ou de fruits exotiques avec les contrées voisines. C'est de plus en plus demandé à Equestria en ce moment. D'après ce que j'ai compris.
- Hey ! Docteur ! Appela Rainbow Dash. Il a l'air d'y avoir de l'agitation plus loin. On va voir ?
- De l'agitation ?
- Oui, dans la rue principale.
- Quel genre d'agitation ? Demanda Applejack.
- Festif je crois. Il y a de la musique.
- Tu n'sais pas c'que c'est ?
- Non. Mais ce n'est pas très loin. On a qu'à y aller.
Toutes se tournèrent vers le Docteur. La curiosité semblait les avoir tous piqués.
- Bon, alors qu'est-ce qu'on attend pour aller voir, dit alors l'étalon, enthousiaste. Guidez nous Rainbow.
- Avec plaisir.
- Allons-y !
La pégase prit la tête du groupe, les conduisant à travers le dédale de ruelles que formait la ville. Cela devait être dans cette direction…
***
Ils n'eurent aucun mal à trouver d'où venait toute cette agitation, mais il était beaucoup plus difficile de traverser la foule pour voir ce qui se trouvait de l'autre côté. Rainbow Dash avait des ailes, mais ça n'aidait pas vraiment les poneys qui la suivaient.
- Pardon… Excusez-moi…
- Hey ! Ne vous gênez pas surtout !
Rarity fit un pas en arrière. Quel rustre ! La politesse à Equestria avait fait des progrès depuis cette époque. Aucun d'eux n'avait l'air de vouloir laisser de la place à quelqu'un d'autre.
- Je crois qu'on aura du mal à approcher davantage, comprit le Docteur. On devrait essayer de trouver un point en hauteur pour mieux voir.
L'étalon regarda autour de lui, et repéra une charrette proche, visiblement abandonnée. Ce n'était pas grand-chose, mais assez pour leur permettre de regarder au-dessus de la foule. Il trotta dans sa direction.
- Là, ça pourrait suffire.
- Dépêchez-vous ! Les pressa Rainbow Dash. Le défilé est en train de passer ! Il y a même des éléphants !
- Des éléphants ?
Tous relevèrent la tête, intrigués.
Effectivement, un éléphant, massif, et couvert de divers éléments décoratifs, était en train de passer devant eux. Inutile d'être perché sur quoi que ce soit pour le voir. Et sur son dos, se trouvait un poney... marron clair, au crin noir, la mine sévère, entièrement vêtu de blanc, la tête couverte par un turban, très gros par rapport à la taille de sa tête. C'était probablement la source de toute cette agitation. Derrière son éléphant, des dizaines de chameaux, musiciens, danseurs, gardes et suivants en tout genre paradaient. Rainbow Dash avait raison : c'était vraiment de l'animation.
- Wow… Y n'font pas les choses à moitié par ici… Commenta Applejack.
- Plus ils sont riches, plus ils aiment se montrer en spectacle, ajouta le Docteur.
Quoi que l'étalon puisse en dire, le cortège était assez impressionnant. Ils restèrent donc là quelques instants, à le regarder passer.
Plus, loin, à l’abri des regards, des poneys masqués trottaient, longeant des ruelles pratiquement désertes, pour se rapprocher de la rue principale, où l'éléphant s'apprêtait à passer. Comme des fantômes, ils se faufilaient dans ces lieux peu fréquentés, sales et sombres, où même les mendiants ne se rendaient jamais. Le rouge qui menait la troupe regarda autour de lui, et se retourna vers ses acolytes.
- Déployez vos ailes.
Ils obéirent : deux d'entre-eux retirèrent une pièce de tissus qui se trouvait sur leur dos, et étendirent leurs ailes de pégases, montrant des plumes brunes pour l'un et grises pour l'autre. Ils attrapèrent leurs deux camarades terrestres, et les soulevèrent, les portant jusqu'au toit de la maison la plus proche. Le gris revint quelques instants plus tard pour aider le dernier terrestre, celui vêtu de rouge, à grimper. Depuis ce point surélevé, ils pouvaient voir le cortège, qui continuait d'avancer. Se dirigeant inlassablement vers le palais, protégé par un grand mur blanc et des portes dorées. En face, et sur d'autres toits proches, d'autres groupes leur faisaient signe. Ils étaient tous prêts. Le poney en rouge leva un sabot, pour donner le signal.
Plus que quelques secondes...
En bas, dans la rue, Le Docteur, Applejack et Rarity s'apprêtaient à descendre de la charrette. Ils avaient vu le principal, et avaient décidé de repartir. Rainbow Dash ne tarda pas à les rejoindre, se posant à proximité.
- C'est tellement exotique… Commenta Rarity.
- Ouais, c'est sympa, ajouta Applejack.
- Malheureusement, à part ça, on dirait qu'ils n'ont pas vraiment développés le tourisme.
- Ce n'est pas encore d'actualité, expliqua le Docteur. Les voyages à cette époque sont beaucoup plus longs et difficiles que chez vous. Généralement, les poneys s'en passent.
Pew !
Le Docteur se retourna subitement, quand le son d'une déflagration retentit dans l'air. Un trait d'énergie partit d'un toit proche et vola vers l'éléphant, s'écrasant au sol, juste en face de lui. Le pachyderme s'arrêta subitement, poussant un barrissement paniqué. Dans la seconde qui suivit, des pégases masqués s'envolèrent dans sa direction, transportant avec eux des terrestres. Tous étaient armés de dagues et de sabres, qu'ils tenaient entre leurs dents, à travers la pièce de tissu qui leur couvrait le visage.
Dès qu'ils les aperçurent, les gardes pégases qui escortaient le cortège quittèrent leur position pour essayer de s'interposer, mais ils furent atteints par de nouveaux tirs énergétiques, et tombèrent comme des mouches. Les gardes licornes invoquèrent des boucliers magiques, pour protéger leurs camarades, mais les tirs qui continuaient de fuser passaient au travers comme s'il s'était seulement agit de feuilles de papier. Rarity poussa un hurlement en voyant les premiers poneys tomber.
- Qu'est-ce qui se passe ? S'écria Applejack.
- C'est une attaque ! Comprit Rainbow Dash.
Le Seigneur du Temps se tourna dans la direction des premiers tirs. Sa première pensée étant d’arrêter cette embuscade. Mais…
- Ce n'est pas normal… Ce n'est pas de la magie !
- Comment ça ? L'interrogea Applejack.
- Ces rayons ne sont pas d'origine magique. Ce sont des tirs de plasma ! Ce genre de technologie ne devrait pas se trouver ici !
- Vous pensez que ce sont des aliens ? Demanda alors Rainbow Dash.
- Peut-être. Si c'est le cas, alors…
- Alors qu'est-ce qu'on attend ? On fonce et on leur met la tête au carré !
Rainbow Dash voulut décoller, mais Applejack attrapa sa queue entre ses dents, essayant de la retenir.
- Attends ! Chi t'y va, tu vas t'faire machacrer !
- Applejack a raison, ajouta le Docteur. Il faut essayer de s'approcher par-derrière. Autrement, on se fera abattre dans la seconde. Venez, vite !
Le Docteur se mit à galoper, s’engageant dans une ruelle sombre, parallèle à la rue principale. Ses amies s'empressèrent de le suivre. Ils n'avaient que quelques minutes pour trouver une solution…
Au loin, les barrissements affolés de l'éléphant continuaient de retentir. Rapidement, le Docteur traversa le passage, tourna à gauche, à droite… leva les yeux pour essayer d’apercevoir quelque chose, tendit l'oreille, pour savoir d'où venaient les déflagrations…
Pew !
Trouvé ! Ils étaient juste en dessous. Les assaillants s'étaient postés sur le toit d'un bâtiment voisin. Le Docteur regarda autour de lui, cherchant du regard quelque chose qui pourrait l'aider à grimper. Pas de caisses, pas de tonneau, pas de charrette… mais une Licorne.
- Rarity, vous pouvez me porter Jusque-là haut ?
- Oui, je pense… mais vous ferez quoi une fois là-haut ? Ils vont vous sauter dessus !
- On verra bien… Je peux me montrer très convainquant. Allez, vite !
Rarity obéit à contre cœur, et attrapa l'étalon par magie pour le faire monter jusqu'au toit. Deux poneys se trouvaient là, un pégase et un licorne, vêtus de blanc et de rouge, manipulant ce qui devait être un canon à plasma. Un gros objet métallique fixé sur un trépied, que les assaillants pointaient sur l'éléphant...
- On ne bouge plus !
Les deux poneys se retournèrent, surpris. Le Docteur n'attendit pas de poser les sabots sur le toit, et dégaina son tournevis sonique, et le pointa vers les assaillants, menaçant. Peut-être qu'ils le prendraient pour une arme...
- Éloignez-vous de che canon !
Contrairement à ce qu'espérait l'étalon, les deux poneys dégainèrent leurs armes blanches, une dague pour le pégase, et un sabre pour le licorne. Ce dernier, visiblement aussi intrigué que surpris, s'adressa au Seigneur du Temps...
- Où est-ce que vous avez trouvés ce tournevis sonique ? Seul les grands êtres en possèdent !
- les grands êtres ?
- Fhe nhe phe umporpem !
Le licorne se tourna vers son compagnon... La dague et le foulard qui se trouvaient dans sa bouche n'arrangeaient pas sa diction...
« Quoi ? »
Le pégase grommela, lâcha sa dague, qu'il plaça entre ses sabots, et reprit :
- Je disais : Ce n'est pas important ! Occupe-toi de lui, je me charge de la licorne...
Il n’eut pas le temps de terminer : Rainbow Dash surgit derrière les deux complices, et, avec ses sabots, leur frappa la tête l'une contre l'autre. Assommés, ils lâchèrent leurs armes et s'écroulèrent. La pégase cyan posa à côté de ses deux victimes, visiblement fière de son coup.
- Wow... Juste à temps, Rainbow...
- Alors, qui avait raison de vouloir venir ?
Un nouveau barrissement ramena le Docteur à la réalité. Les autres assaillants avaient réussi à faire descendre le poney au turban de son éléphant, et s'éloignaient déjà en direction de la foule, en trottant. Rapidement, l'étalon reprit son tournevis, et s'approcha du canon. L'outil bourdonna alors qu'il en trafiquait les commandes…
- Voilà, ils ne devraient plus pouvoir l'utiliser, Cria-t-il.
- Et maintenant, on fait quoi ? S'impatienta Rainbow Dash. C'est là qu'on est censés les poursuivre, non ?
- Ça m'a l'air d'être une bonne idée...
Rainbow Dash n'avait pas besoin d'en savoir davantage. Elle décolla, et fila en direction des assaillants qui maîtrisaient leur otage. Le poney au turban avait les pattes avant ligotées, reliées par deux cordes dont les extrémités se trouvaient dans la bouche des terrestres. Ils traversaient la foule, qui s'ouvrit littéralement pour les laisser passer. Si s'interposer signifiait une mort assurée, autant rester en dehors des problèmes, non ?
Le groupe entra dans une ruelle déserte, menaçant du regard ceux qui se trouvaient devant ou derrière. Personne n'essayait de les suivre…
Sauf Rainbow Dash.
Freinée par sa djellaba, la pégase dût redoubler d'efforts pour prendre de la vitesse. Elle refusait cependant de lâcher l'affaire. Hors de question de les perdre de vue. Elle s’engouffra dans l'espace entre les bâtiments, à leur poursuite.
- Lâchez-moi ! Immédiatement ! Protesta le poney au turban.
- Ils disent toujours la même chose…
- Hey ! Vous ! Revenez ici ! Leur cria Rainbow Dash.
Les quatre poneys masqués sursautèrent en entendant arriver la pégase. Mais plutôt que de lui obéir, deux d'entre eux se retournèrent, et relevèrent leurs manches, dévoilant un étrange dispositif, qu'ils pointèrent sur la jument.
Rainbow Dash eut tout juste le temps de réagir : elle inclina les ailes et vira, évitant de justesse les tirs plasma, pour se diriger ensuite vers les deux assaillants.
Paf !
Paf !
Sans réfléchir, Rainbow Dash balança violemment ses sabots, frappant les deux poneys en pleine tête. La pégase ne leur accorda qu'un bref coup d’œil avant de reprendre la poursuite. Ils n'étaient plus que deux à conduire le poney captif.
Ils se retournèrent pour essayer de faire face à cette vraie furie, mais trop tard. Rainbow Dash se jeta sur celui de gauche, lui assignant un puissant coup de sabot au sommet du crâne. Il s'écroula, sans avoir eu la moindre chance de riposter. Le second dégaina la lame cachée qu'il avait fixée au sabot, espérant la lui planter entre les côtes...
C'est un autre sabot qui vint l’assommer. Sans les deux terrestres pour tenir les cordes liées à ses jambes, le poney captif avait retrouvé assez de liberté de mouvement pour contre-attaquer. Saisissant sa chance, il lui infligea un premier coup pour le renverser, puis un second dans la cage thoracique, pour lui couper la respiration.
- Wow, merci, lui dit Rainbow Dash en comprenant ce qui venait de se passer.
- Merci à vous.
- Ils sont là !
Les deux poneys se retournèrent. Plusieurs gardes venaient d'entrer dans la ruelle, accompagnés par le Docteur, Applejack et Rarity. Les poneys armés s’empressèrent de faire se relever les assaillants, les menaçants de leurs sabres. Ces derniers, encore sonnés, semblaient peiner à retrouver leur équilibre. Un des gardes voulut pointer son arme vers Rainbow Dash, mais le poney au turban l'en dissuada :
- Pas elle. Elle n'est pas des leurs. Je lui dois ma liberté.
- Tout va bien Rainbow ? Demanda Applejack.
- Ça va, je vais bien. Vous auriez vu comment je leur ai mis la pâtée...
- Ça faisait un moment que je n'avais pas voyagé avec une compagne aussi énergique, commenta le Docteur.
- Et encore, là je n'étais pas énervée, se vanta la pégase.
Le poney brun au turban tendit les sabots vers un de ses gardes, qui s'empressa de trancher ses liens. Le Docteur était curieux de connaître l'identité de l'étalon qu'il venait de secourir, mais les poneys armés semblaient réticents à vouloir laisser des inconnus s'approcher. Celui au turban, par contre, semblait lui aussi vouloir faire connaissance. Il se tourna vers le Docteur.
- Est-ce votre jument ?
- Non, mais on voyage ensemble. Je suis le Docteur. Voici Applejack, Rarity, et vous avez déjà rencontré Rainbow Dash.
- Salut, dit alors la pégase en question.
- Et vous êtes ? Demanda Applejack.
Les gardes se tournèrent vers elle, intrigués. Ils venaient de sauver leur maître, sans avoir la moindre idée de son identité ? Le poney au turban semblait étonné, lui aussi.
- Vous ne le savez pas ?
- Pas la moindre idée, confirma le Docteur. Nous venons d'arriver, et nous n'avons pas eu le temps de nous mettre au courant. Mais vu la taille du cortège, je pencherais pour un seigneur. Un puissant seigneur.
L'inconnu resta muet quelques secondes. Au moins, il avait déduit une partie de la vérité.
- Je suis le Calife Ramil Ben Rayiys Al Ghani. Je suis venu pour voir le Sultan Albakhil Ben Tamae Al Alkarih. Nous n'avons pas reçu d'impôts de sa part depuis des mois. Je devais lui rappeler mon autorité.
- Euh… Quoi ?
A l'évidence, Rainbow Dash n'avait rien compris à ce que venait de dire l'étalon. Les noms à rallonge avaient parfois tendance à l'embrouiller.
- C'est le Calife, lui traduisit alors Applejack.
- Le Calife… Oh ! Le Calife ?
- Oui, le Calife.
- On…
La pégase se tourna tour à tour vers Applejack et vers le Calife. Même avec une entrée en ville comme il l'avait fait, elle avait du mal à croire qu'il s'agissait de quelqu'un d'aussi haut placé.
Le Docteur, lui, semblait s'inquiéter pour autre chose. Il se tourna vers un des poneys masqués, qui était en train de retrouver ses esprits.
- Vous les connaissez ?
- Non. Mais on se fait inévitablement des ennemis en étant Calife. Ils seront jugés sans tarder.
- Ça, j'en doute ! S'écria le plus proche.
Il releva sa manche, dévoilant différents dispositifs cachés, et appuya sur un des boutons qui s'y trouvait. Ses compagnons l'imitèrent, avant même que les gardes ne puissent réagir.
- Non !
Il y eu un flash lumineux, puis le son d'une déflagration. A la seconde suivante, les poneys masqués avaient tous disparus. Inquiets, les gardes regardèrent autour d'eux, dans toutes les directions. Essayant de voir où ils étaient passés.
- Qu'est-ce que c'était que ça ? Demanda Rarity. Une téléportation ?
- Oui, confirma le Docteur. Une téléportation courte portée. Ils doivent encore se trouver quelque part dans la ville.
- Attendez… Des pégases et des terrestres ont réussi à se téléporter ? Demanda un garde proche, un terrestre gris.
- Technologie extraterrestre. Tout comme le canon qui vous a tiré dessus.
- Pardon… « tecktologie » ?
- Je ne suis pas sûr de comprendre ce que vous êtes en train de dire, reprit le Calife, mais vous avez l'air de savoir de quoi il retourne.
- En partie du moins. Assez pour vous dire que la ville n'est plus un endroit sûr pour vous. Vous feriez mieux de partir.
- Pas tant que je n’aurais pas réglé cette affaire. Le palais du Sultan Albakhil est bien protégé. J'y resterai le temps de mon séjour.
- Ils ont utilisé un canon à plasma pour vous attaquer. Je doute que ces murs et ses gardes ne les arrêtent.
- Quoi qu'il en soit, il me faut bien remercier cette ravissante… et singulière jument. Pour m'avoir permis d'échapper à ces fauteurs de trouble. Que diriez vous de profiter quelque temps du palais et de mes serviteurs ? Je pense que le sultan n'en sera pas offusqué.
- Euh… merci, répondit la jument flattée. Mais ils étaient aussi avec moi. C'est le Docteur qui s'est occupé du canon, avec Rarity.
Du sabot, Dainbow Dash désigna ses trois amis.
- Ils peuvent venir eux aussi ?
- Naturellement. D’ailleurs, vous avez l'air de connaître certaines choses, au sujet de mes agresseurs, dit le Calife à l'attention du Docteur. J'aimerais entendre ce que vous savez à leur sujet.
- Juste qu'ils ont reçu de l'aide de personnes qui ne devraient pas se trouver ici, répondit le Docteur.
- Qui donc ?
- Je n'en sais rien. Mais des gens peu recommandables je pense.
Le Calife lança un regard interrogateur à l'étalon, mais se résigna. Il secoua la tête avant de reprendre.
- Nous en reparlerons autour d'un thé, si vous le voulez bien. Je préférerais éviter de rester trop longtemps dans cette ville.
- Je suis d'accord.
- Venez, rejoignons le cortège.
Sans attendre de réponse, l'étalon au turban se dirigea vers la rue principale, toujours suivi par ses gardes. Rarity se tourna vers le Docteur.
- Entre nous, je ne suis pas contre cette idée. Toute cette émotion a failli me donner une crise cardiaque.
- Je vous avoue que ça m'inquiète, cette histoire, dit alors le Docteur. Ils utilisaient une technologie extraterrestre pour essayer de commettre un attentat. Mais comment est-ce qu'ils l'ont obtenue ?
- Bah, on les a arrêtés, c'est le principal, intervint Rainbow Dash.
- Ils ont dû perdre une dizaine de gardes pendant l'attaque, souligna alors Applejack. Abattus par une arme extraterrestre !
- Et utilisée par des poneys, ajouta Rarity. Tué par d'autres poneys... c'est juste... Horrible.
- J'retire c'que j'ai dit tout-à-l'heure : C'était une très mauvaise idée de venir ici.
- Je ne pouvais pas savoir...
Le Docteur se tût subitement Il venait d’apercevoir quelque chose... Il leva la tête. Un poney était là, sur un toit proche, vêtu de rouge, les observant de ses terribles yeux verts...
Le poney releva sa manche, dévoilant le même dispositif qu'avaient utilisés les assaillants du Calife, et pressa un bouton. Dans un flash lumineux, l'inconnu disparut à son tour, laissant planer l'avertissement silencieux qu'il avait adressé à l'étalon.
- Docteur ?
Intriguée par le silence du Seigneur du Temps, Applejack regarda dans la direction que fixait le Docteur, avant de se retourner vers lui, lui lançant un regard interrogateur.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je crois... Je crois qu'il se passe quelque chose ici.
***
Quelque part, loin sous la surface, se trouvait une grotte. Sous le sol d'un désert, c'était l’opposé complet de se qui se trouvait à la surface. L'air était frais, et les parois creusées par ses occupants lisses et humides, pour celles qui n'étaient pas couvertes. En ce lieu secret, se tenait un autel. Table brillante, argentée, lisse, entourée par trois étranges murs tout aussi lisses et argentés, dégageant par certains interstices une étrange lueur jaune, surnaturelle.
Face à cette installation, un étalon, vêtu de rouge, la tête couverte par un chèche noir, toisait un groupe de six poneys. Deux terrestres, trois pégases et un licorne, tous habillés de djellabas blanches et de chèches rouges, agenouillés face à lui. Ils tremblaient, tous, craignant le courroux de leur maître. Même l'assemblée qui se tenait autour d'eux ne semblait plus avoir d'importance face à lui.
- Vous avez échoué, gronda le poney sur l'estrade, d'une voix grinçante.
- Maître, nous...
- SILENCE !
Le poney qui venait de prendre la parole se tût instantanément, de peur d'attiser la colère de l'étalon.
- Vous n'avez aucune excuse. Vous aviez la meilleure des occasions pour le capturer, et vous n'en avez pas profité. Vous n'êtes pas dignes de servir vos maîtres.
Les six poneys du groupe baissèrent la tête, jusqu'à presque toucher le sol. Si leur pratique leur demandait de suivre aveuglément les grands êtres, ils pouvaient se montrer cruels sur les sanctions. L'échec n'était généralement pas pardonné.
- Grand maître Artalof, Je crois qu'au contraire, ils ont une excuse.
Le poney près de l'autel se tourna brusquement. Un étalon, entièrement vêtu de rouge, aux yeux verts perçants, venait de prendre la parole. Celui-ci s'était placé dans les premiers rangs de l'assemblée, à quelques mètres de la scène.
- Un poney, un terrestre marron s'en est pris aux canonniers pendant l'assaut, et ont réussi à saboter le canon à plasma. Une de ses complices s'est lancée à la poursuite des autres. Sa vitesse surpassait celle de n'importe quel autre pégase ici présent.
- Seigneur Ordan, Personne ici ne connaît le fonctionnement de cette technologie. Hormis nos fidèles. Comment aurait-il pu ?
- Il avait un tournevis sonique.
Un murmure d'étonnement et d'incompréhension parcourut l'assemblée. D'où pouvait venir ce terrestre ?
- Savez-vous d'où ils venaient ?
- Non, grand maître. Personne ne les a jamais vu auparavant.
Maître Artalof baissa la tête, pensif. Ces poneys ne semblaient pas avoir de lien quelconque avec eux. Mais ils disposaient d'une technologie visiblement tout aussi avancée. Et leurs intentions semblaient aller directement à l'encontre des leurs. Savait-il à qui il avait affaire ? Avait-il les moyens de s'opposer à eux ? L'étalon au chèche noir se tourna à nouveau vers celui vêtu de rouge.
- Combien sont-ils ? Ont-ils des armes ? Racontez-nous tous ce que vous avez vu.
Il fallut plusieurs minutes à Ordan pour relater la suite complète des événements, et les maigres informations qu'il avait à leur sujet. Ce qui n'allait pas beaucoup plus loin que leur apparence, le tournevis de l'étalon, ses connaissances technologiques évidentes, et leur position actuelle : au palais du sultan. Pendant qu'il donnait ses diverses explications, les six poneys de l'assaut restèrent agenouillés, incertains du sort qu'il leur serait réservé.
- Grand maître, je pense qu'il serait sage d'en apprendre plus sur ces nouveaux ennemis avant de tenter une autre opération. Une erreur due à un manque d'information pourrait nous être fatale.
- Vous avez raison. Nous ne pouvons pas prendre ce risque.
Tout en parlant, Artalof se tourna pour regarder les six poneys à ses sabots. S'ils avaient manqués leur attaque, ils pouvaient peut-être leur être utile à autre chose.
- Vous avez l'occasion de vous racheter. Vous allez retrouver ce groupe de poney, et vous allez les espionner. Vous nous rapporterez toutes les informations que vous arriverez à obtenir.
- Bien, grand maître. Cela sera fait comme vous le demandez.
Tous firent un mouvement de tête vers le bas en signe d'obéissance. Il leur aurait été difficile de s'incliner encore plus bas.
- Si je puis faire une suggestion, grand maître…
Un des poneys de l'assemblée s’avança. Comme le seigneur Ordan, il était entièrement vêtu de rouge. Mais ses yeux, au lieu d'être verts et perçants, étaient dorés, et cachaient une personnalité visiblement beaucoup plus passive.
- Peut-être pourraient-ils se faire accompagner par quelques-uns de nos novices. Ils sont plus jeunes, et donc plus agiles. Ils sauront se montrer discrets. De plus, cela leur donnerait l'occasion de faire leurs preuves.
Artalof regarda alors les jeunes poneys qui se trouvaient à proximité du second seigneur rouge. Ces derniers, presque des poulains, se caractérisaient par l'absence de chèche, laissant leur tête à découvert, et une djellaba blanche. Tous paraissaient anxieux. C'était leurs premiers pas dans cette organisation, et va savoir quel sort leurs maîtres allaient leur réserver. Artalof parcourut ces jeunes recrues du regard, cherchant à déterminer si l'un d'eux était capable d'assurer ce genre de mission. Généralement, ils leur donnaient des objectifs bien moins importants pour leurs premiers pas. Si certains d'entre eux devaient les accompagner, il fallait qu'ils aient assez de sang froid et de discipline. Le grand maître leva finalement son sabot, et le pointa sur l'un d'eux.
- Toi.
Le novice sursauta. C'était un jeune étalon, qui devait avoir environ quatorze ans, caramel, avec un museau crème, des yeux marrons clair, et une crinière courte, d'un brun très foncé. Il semblait beaucoup plus calme que ses camarades, même si, visiblement, le grand maître le terrifiait.
- Approche.
Le novice s'exécuta, et quitta les rangs pour se placer devant les six poneys agenouillés, face à Artalof.
- Quel est ton nom ?
- Eadil. Je m'appelle Eadil.
- Est-ce ton nom de naissance ?
- Oui, grand maître.
- A présent que tu nous a rejoint, tu vas recevoir un nouveau nom. Un nom qui signifia que tu fais partie de notre culte. Souhaites-tu toujours rejoindre notre lutte pour que la vérité en ce monde soit rétablie ?
- Je... Oui, grand maître. Je suis prêt.
- Bien. Je te nomme Mudhean. Et je te remets ta première mission pour les grands êtres : va suivre ces six fidèles, et tu retrouveras ceux qui se sont opposés à notre culte, pour les espionner. Est-ce que tu as compris ?
- Oui, grand maître. Je retrouverai ces poneys, et je les espionnerai.
- Bien. Si tu réussis, tu pourras entamer ton initiation. Et si tu es assez méritant, peut-être, tu pourras prétendre devenir un hôte.
- Ce serait un honneur, grand maître, répondit le jeun étalon, visiblement peu convaincu par cette affirmation.
- Bien. Seigneur Arzod, confiez-lui un bracelet et de quoi se couvrir le visage. Il partira avec ce groupe, sous la direction du seigneur Ordan. Qu'il accomplisse son devoir.
- Cela sera fait, grand maître.
- Bien. Nous en avons fini.
Avec un salut respectueux, l'assemblée se dissipa, quittant les lieux pour s’engouffrer dans les galeries adjacentes. Les six poneys du groupe de l'assaut se redressèrent pour suivre le seigneur Ordan en dehors de la grotte. Le jeune novice, lui, partit à la suite du seigneur Arzod pour aller s'équiper. Jusqu'où irait-il, en suivant leur culte ?
***
Les portes du palais s'ouvrirent pour laisser rentrer le convoi, maintenant mené par le Calife, accompagné par le Docteur et ses nouveaux compagnons. Vu l’état émotionnel de l'éléphant, hors de question de remonter sur son dos.
La cour intérieure était grande. En son centre, le palais, imposante silhouette lumineuse reignait sur une forêt de verdure. Partout, des plantes exotiques poussaient, séparées par des allées, et des fontaines… ce jardin semblait être le seul endroit de la ville où l'eau était abondante, à part le puits. Plusieurs jardiniers passaient entre les allées, entretenant les plantes et les arrivées d'eau… Le propriétaire des lieux ne semblait pas hésiter à dépenser pour avoir ce genre de service.
Depuis le palais principal, plusieurs serviteurs vinrent à la rencontre des nouveaux arrivants. Tous vêtus de djellabas blanches, mais la tête seulement couverte par un fez. Certains portaient des récipients, remplis d'une eau fraîche et limpide. Sans doute pour leur permettre de se rafraîchir après leur trajet en plein désert. L'un d'eux s'avança, souriant.
- Calife Ramil Ben Rayiys, Nous sommes honorés de votre présence. Le Sultan vous attend, il est…
- Laissez-moi passer ! Laissez-moi passer !
A la surprise générale, un autre poney accourut sur les lieux. C'était un étalon plutôt enveloppé, à la robe caramel, avec une marque grise sur le museau, qui allait jusqu'à son front. Il était richement vêtu, de grands vêtements beiges, pas assez amples pour dissimuler ses flancs rebondis, et un gros turban de la même couleur lui couvrant la tête. Le voir courir ainsi devait être assez rare, mais pour le moment, il semblait affolé. Son regard se tourna immédiatement vers le Calife.
- Calife Ramil Ben Rayiys ! Je viens d'apprendre que vous avez été attaqué, dans notre propre ville ! Vous n'avez pas été blessé ?
- Je n'ai rien. Seuls mes gardes ont subi des pertes. Plusieurs d'entre eux sont tombés pendant l'assaut.
- Oh, c'est bien malheureux…
- Je suppose que vous ignorez l'identité de nos agresseurs ?
- D’après ce qu'on m'a rapporté, c'est un groupe qui a déjà posé problème en ville. Mais personne ne sait vraiment qui ils sont. Croyez bien que nous sommes navrés de cet incident…
- Mes soldats ont besoin d'êtres soignés. Cela me parait plus important pour le moment.
- Oh… Oui, bien sûr. Nous allons nous en occuper de suite…
Le Sultan se retourna pour donner des ordres à quelques-uns de ses serviteurs afin qu'ils aillent au devant des blessés pour les conduire dans le palais. Il se retourna ensuite vers le sultan, prenant un ton presque mielleux.
- Malgré ce désagrément, j'espère que vous pourrez apprécier votre séjour parmi nous. Nous attendions impatiemment votre visite…
- Je suis heureux de voir que vous êtes pressé de reverser l'argent que vous nous devez, répondit le Calife, presque sarcastique.
Le Sultan voulut faire une grimace en réponse, mais s'abstint avec difficulté. Il reprit son discours :
- Nous avons préparé votre suite. Vos serviteurs peuvent avoir leurs places dans le cartier des domestiques. Bien entendu, vos juments seront également installées dans le plus grand confort que peut proposer notre demeure...
Rarity, jusque-là silencieuse, sursauta quand le Sultan prononça « vos juments ». La licorne blanche se tourna vers le Docteur.
- Il a plusieurs épouses ?
- Un harem complet, sans doute, confirma l'étalon. C'est courant dans cette région, apparemment.
- Je suis également accompagné des quatre poneys qui ont empêché mon enlèvement, reprit le Calife, qui n'avait pas entendu la remarque. Je souhaite qu'ils soient également traités comme des invités d'honneur.
- Oui, naturellement. J'y veillerai, Calife Ramil Ben Rayiys.
- Bien. Pourrions-nous aller nous abriter à l'intérieur ? Le voyage a été éprouvant pour la plupart d'entre nous.
- Bien entendu, si vous voulez bien me suivre...
Le Sultan se retourna, guidant ses hôtes jusqu'au palais, d'une blancheur éblouissante. Le cortège commença à se dissiper, s'installant ou déchargeant les différents bagages qu'ils avaient apportés. Le Docteur décida de suivre le Sultan, toujours accompagné par Rarity, Applejack et Rainbow Dash.
- J'sais pas vous, mais moi, j'commence à m'méfier, commenta Applejack. Si ces étalons ont des harem... J'espère qu'ils ne comptent pas leurs juments comme des cageots d'pomme.
- Je l'espère aussi, commenta Rarity.
- Et... Vous pensez quoi de cette histoire d’attentat ? Demanda alors Rainbow Dash. Peut-être que c'est le sultan qui l'a organisé, pour ne pas avoir à payer le Calife, non ?
- Ce n'est pas impossible, reprit le Docteur, mais je préfère me méfier des solutions évidentes.
- Moi, je trouve ça louche... Ce gars-là, je le garde à l’œil.
Le Seigneur du Temps regarda le Sultan, qui grimpait les marches de son palais. Ce n'est pas ce qui l'inquiétait le plus : leurs assaillants disposaient d'un équipement extra-terrestre, et ne pouvaient pas se l'être procuré par leurs propres moyens. L'un d'eux avait mentionné des « grands êtres »...
Aucun doute : quelqu'un complotait en secret, derrière tout cela.
***
Quelque part, à l'extérieur de la ville, un étalon masqué de rouge se penchait au coin d'un mur, pour observer le palais du sultan. Imposant, un symbole de force… Mais l'était-il tout autant physiquement ?
Le poney se retourna pour regarder le reste de son groupe. Les six équipiers qui avaient pris part à l'assaut du cortège, plus un jeune novice, qui, lui, avait pour l'occasion un chèche gris autour de la tête. Il n'était pas enroulé complètement, et laissait encore son visage découvert.
- Toutes nos cibles se trouvent à l'intérieur de ce palais, expliqua le leader. Il faut trouver le moyen d'entrer si nous voulons les atteindre.
- On ne pourrait pas le prendre simplement d'assaut ? Suggéra le licorne qui se trouvait avec eux. Le canon à plasma doit bien être assez puissant…
Le leader, un terrestre, foudroya le licorne du regard, le faisant instantanément se taire.
- Si on y arrive de cette manière, on sera immédiatement submergé par le nombre de gardes. Et là, ils nous sauteront dessus dés qu'ils nous verront. Non, il faut agir en finesse. On doit trouver un moyen de se faufiler à l'intérieur. Et encore, face à une troupe, si on se fait prendre, nous n'aurions aucune chance de ressortir.
- Nos armes sont puissantes, mais il faut aussi savoir agir sans l'aide de cet équipement. Nous ne vous les avons pas confiés pour en faire un usage inconsidéré.
Tous se tournèrent vers le poney vêtu de rouge qui se trouvait en leur compagnie, le seigneur Ordan, qui les toisait de son air hautain habituel.
- Mon seigneur, loin de nous l'idée d'abuser de votre générosité, répondit rapidement le leader du groupe. Mais… Avez vous des directives à nous donner pour mener notre mission ?
Le seigneur Ordan jeta un coup d’œil au palais, avant de se retourner vers ses serviteurs.
- Nous n'avons aucun espion dans l’enceinte du palais. Et donc, aucune information sur ce qui pourrait se trouver à l'intérieur. Vous devrez donc vous montrer digne des grands êtres et agir par vous-même pour achever cette mission.
- Nous ferons selon vos désirs, seigneur.
- Bien. Mais prenez surtout en considération que vous devez rester discret. Ils savent que nous cherchons à nous approcher de lui. Si vous attirez trop l'attention, ils renforceront leurs défenses, et il sera bien plus dur pour nous de tenter une autre approche. Souvenez vous en.
- Nous nous en souviendrons, mon seigneur.
- Mais… Sauf votre respect, intervint le licorne, Il n'y a que les domestiques de confiance du sultan qui ont le droit d'entrer. Quand bien même on arriverait à se faire passer pour eux auprès des soldats, les autres se rendront compte immédiatement que nous ne sommes pas du palais. Aucun déguisement ne pourra les tromper. Et il doit y avoir des gardes à chaque issue. Ils nous sauteront dessus dans la seconde. Même avec les armes des grands êtres, nous serons toujours trop peu nombreux.
- Vous devrez cependant trouver une solution. Souvenez-vous également que le palais est trop loin de notre repaire pour vous permettre la téléportation courte portée. Vous devrez en repartir par vos propres moyens.
Le leader réfléchit. Il devait admettre que la situation était délicate. Le palais était trop bien gardé pour être attaqué de l'une de ces deux manières. Il fallait trouver autre chose. Tout en réfléchissant, il se tourna vers le novice, Mudhean... Il lui vint une idée.
- Mudhean, est-ce que tu sais être discret ?
- Assez.
- Bien. Alors voilà ce qu'on va faire : On va s'infiltrer dans le palais, neutraliser les premiers gardes par derrière avant qu'ils ne donnent l'alarme. Nous pourrons agir sans difficulté. Mudhean va passer devant et essayer de trouver une voie par où on pourra passer discrètement.
- Mais... Si je me fais attaquer ? Demanda le novice, soudainement nerveux.
- Alors j'espère que ton jeune age te protégera. Quoi qu'il en soit, souviens-toi que ta vie n'est qu’éphémère, mais peut avoir un rôle à jouer dans les dessins des grands êtres. Et que ce sera toujours un honneur de mourir pour eux.
- Je... Je m'en souviens.
- Et quoi qu'il arrive, souviens-toi qu'à présent, tu portes toi aussi les armes des grands êtres. Tu ne dois pas hésiter à t'en servir.
Le jeune terrestre regarda à ses sabots avants. Sous les manches de sa djellaba, il portait les bracelets mortels des grands êtres. Des instruments de mort.
Le leader se retourna pour regarder le palais, reprenant ses explications.
- Une fois qu'on aura passé les gardes, nous aurons deux objectifs : capturer le Calife, et découvrir qui sont ces poneys qui se sont opposés à nous.
- On devrait peut-être se séparer, pour ça. Proposa le novice.
- C'est une idée.
Le leader regarda le bâtiment encore quelques instants, puis revint vers le groupe.
- Ce soir, on agira.
***
Rarity regarda autour d'elle, ne cessant toujours pas d'admirer l'architecture du palais du Sultan. Sitôt le dîner passé, elle avait décidé de faire le tour du gigantesque édifice, ne se lassant toujours pas de la beauté de l'endroit, surtout éclairé par un soleil couchant. Et puis… Elle voulait aussi essayer d'oublier les événements de la journée. Pour un premier voyage à travers le temps et l'espace, on ne pouvait pas dire que cela s’était aussi bien passé qu'elle l'aurait voulu.
- Il faut reconnaître qu'ils savent construire des palais. C'est tellement exotique comparé à ce qu'on trouve à Canterlot…
- Mouai, mais on n'peut pas en dire autant d'leur politique, commenta Applejack, la seule personne alors en train de l'accompagner.
- Oui, on est d'accord là-dessus.
- Mais pourquoi est-ce que vous vous êtes senti obligé d'le suivre ! J'vous avais bien dit qu'il était dangereux ! Vous l'avez vu vous-même !
- Applejack... On ne pouvait quand-même pas le laisser seul...
- D'accord, il a b'soin de compagnie d'temps en temps, ou d'aide, mais... Il passe son temps à attirer les problèmes...
- Il n'a simplement pas eu de chance sur ce coup-là.
- C'doit être fréquent chez lui, alors, de n'pas avoir de chance.
- Oui... Admet au moins qu'il peut nous montrer de véritables merveilles.
- Je l'admets... Mais j'me demande si ça vaut vraiment l'coup.
Les deux juments restèrent silencieuses quelques instants. Toutes deux devaient l'admettre : cette expérience commençait à leur faire peur.
Alors qu'elles continuaient de marcher, des bruits de conversation commençaient à arriver à leurs oreilles. Il y avait de l'agitation à proximité. Un coup d’œil leur indiqua que c'était dans une salle proche, séparée du couloir par une arche sans porte, gardée par deux chevaux. Ils ressemblaient à des gardes, mais leur tenue était légèrement différente, noir et sans turban, alors que les autres gardes étaient en partie vêtus de blanc.
- Il y a du monde Ici ? S'interrogea Rarity à haute voix.
Avant même qu'elle n'ait le temps de vérifier ses dires, les gardes se décalèrent pour bloquer l'entrée.
- Seul le harem du Calife a accès à cette zone, prévint le premier. Vous devriez rejoindre le vôtre avant qu'on ne remarque votre absence.
- Mais... Nous ne faisons pas partie d'un harem ! S'écria Rarity, outrée.
- Nous n'faisions que regarder ce qu'il y avait à cet endroit, ajouta Applejack.
- Ces pièces ont été réservées pour accueillir le harem du Calife uniquement, ajouta le second garde. Vous n'êtes pas autorisées à y pénétrer.
- Qu'est-ce qui se passe ?
Une jument s'avança depuis l'intérieur de la pièce pour se placer derrière les gardes. Ces derniers se tournèrent vers elle à son arrivée. Sa robe était pie, crème et brun clair. Sa crinière était d'un brun plus foncé, très bien coiffé. Ses yeux étaient vert émeraude, et la marque sur son flanc, visible avec son absence de vêtement, représentait un parchemin déroulé.
- Ces deux juments voulaient essayer d'entrer, expliqua le premier garde.
- En quoi est-ce que c'est un problème Wasi ? Ce ne sont pas des étalons. Qu'est-ce qu'il pourrait arriver de mal ?
- C'est que… J'ai reçu des ordres, Najma. Normalement, personne ne peut se mêler à vous à part le Calife...
- Allons, nous ne sommes pas chez nous. Et je doute que le Calife ne décide de venir nous rejoindre pendant le séjour. On peut bien en profiter pour faire quelques rencontres.
- Euh… Je ne devrais pas…
- Allez, on sera sage. C'est promis.
Elle fit les yeux doux au garde. Ce dernier, bien que toujours réticent, n'y était visiblement pas insensible. Il la regarda quelques instants avant de se décider.
- Bon, seulement parce que c'est toi. Mais quand je siffle, elles se cachent. Je ne veux pas avoir de problèmes à cause d'elles.
- C'est d'accord.
La jument se tourna ensuite vers les nouvelles venues.
- C'est bon, vous pouvez entrer. Vous êtes du palais ?
- Pas exactement, répondit Applejack. Nous v'nons d'arriver.
- Vous aussi ? Attendez...
Najma regarda Rarity, puis Applejack, comme si elle venait de réaliser quelque chose.
- Ah, mais c'est vous ! Les juments de cet étalon qui a fait rater l’embuscade !
- Nous ne sommes pas ses juments ! S'offusqua une nouvelle fois Rarity.
- Et nous avons participé aussi ! Ajouta Applejack.
- Ah, excusez-moi, je ne voulais pas vous offenser. Mais... venez plutôt nous raconter tout ça à l'intérieur. Nous y serons plus à l'aise. Allez, j'insiste.
Elle fit un mouvement de tête encouragent. Rarity et Applejack se regardèrent un instant, puis décidèrent de s'engager à sa suite.
De l'autre côté de la porte se trouvait un ensemble de pièces, aux murs et au plafond décorés de couleurs vives, la salle principale était spacieuse, éclairée par les nombreuses torches réparties aux quatre coins. Et elle était aménagée avec des tables basses, entourées par de nombreux coussins. Il était clair que le confort était de mise.
De nombreuses autres juments se trouvaient là probablement une vingtaine dans cette seule pièce. Certaines mangeaient encore, d'autres avaient quitté les tables pour prendre des instruments de musique, mais la grande majorité s'était simplement en train de discuter, installées en cercle sur les coussins. Quelques poulains et pouliches étaient également présents, mais jouaient chacun dans des groupes bien séparés. Leur hôtesse se dirigea immédiatement vers un cercle de juments installées dans un coin de la pièce.
« Les filles, nous avons de la visite. Vous leur faites de la place ? »
Surprises, toutes se retournèrent pour voir à quoi ressemblait leurs invitées. Le groupe était composé de quatre juments. La première était une licorne grise sable à la crinière noire, sa marque représentant un kamânche (instrument de musique ressemblant vaguement à un violon). La seconde était une pégase verte mente avec une longue crinière blonde, sa propre marque représentant une tenue de danseuse. Les deux dernières étaient des terrestres respectivement bleu ciel et gris argenté, avec une crinière indigo pour la première et blanche pour la seconde. Leurs marques représentaient, pour la première, un symbole ressemblant à une note de musique, et pour la seconde une simsimiyya (sorte de lyre). Elles étaient assises l'une contre l'autre, la grise affalée dans les sabots de la bleue.
- Au fait, comment est-ce que vous vous appelez ?
- Applejack. Et elle, c'est Rarity.
- On peut dire que vous avez des noms peu courants. Moi, c'est Najma. Et voici Aniqa, Raqisa, Tarmina et Qithara.
- Enchantée.
- C'est un plaisir !
- Enfin de nouvelles têtes.
Après de chaleureuses présentations, le groupe se déplaça légèrement pour agrandir le cercle, laissant Applejack et Rarity s'installer sur des coussins.
- Vous pouvez vous mettre à l'aise, commença Aniqa, la licorne grise sable. À l'intérieur, les vêtements ne sont plus vraiment utiles.
Effectivement, les deux juments n'avaient pas quitté leurs tenues désertiques. Elles tranchaient nettement avec les autres présentes, toutes dévêtues. Elles le prirent en considération et commencèrent par se découvrir la tête. Rarity déroula son chèche pour libérer sa crinière tandis qu'Applejack se débarrassait de son shemagh.
- Personnellement, j'aime bien cette tenue, commenta Rarity.
- Wow, sacré coiffure ! Dit alors Raqisa, la licorne verte en regardant la crinière de Rarity.
- Oh, merci… Heureusement qu'elle a tenu le coup.
- Comment est-ce que vous avez fait pour leur donner cette forme enroulée ?
- Oh, avec un fer à lisser, rien de plus simple.
- Pardon, un quoi ?
- Ah, je suppose que ça n'existe pas encore ici…
Rarity entrepris alors d'expliquer ses secrets de beauté. De son côté, Najma préféra se tourner vers Applejack.
- Et donc, Si ce poney n'est pas votre mari, qui est-ce exactement ? Un frère un oncle ?
- Non, juste un ami.
- « Juste un ami » ?
- Oui.
Najma regarda étrangement Applejack, comme si le concept de voyager avec un étalon « ami » lui était inconnue. Elle finit par hausser les épaules.
- Bon, et vous venez de loin ?
- Assez, oui. On vient d'Equestria.
- Je vois…
A son expression, Applejack voyait que ce n'était pas vraiment le cas. Mais désireuse de continuer la conversation, elle reprit, écoutée par les autres juments, qui avaient arrêté de parler de coiffure.
- Et donc… Z'êtes les épouses du Calife ?
- Pas toutes. Certaines d'entre nous ne sont que des odalisques (servantes) ou des concubines. Mais quelques-unes sont devenues épouses en lui donnant un fils.
- Et… Z'êtes combien ?
- Environs une quinzaine.
- Et… Vous vous entendez biens ensemble ?
- Pourquoi on ne s’entendrait pas ?
- Bah… z'êtes quinze, j'suppose que l'Calife ne peut pas avoir de l'attention sur chacune d'ent'vous.
- Ah, c'est vrai. Mais cela n'est pas vraiment un problème : peu d'entre nous tiennent vraiment le Calife dans leur cœur. Alors si c'est ce que tu voulais dire, en général, il n'y a pas de problème de jalousie.
- Et… Ça n'vous dérange pas plus que ça cette situation ?
- On a pas vraiment à se plaindre. On vit dans le luxe, en comparaison avec ce qu'on peut trouver à l'extérieur. Même s'il faut admettre que la routine nous ennuie un peu.
Après un court instant, elle s'approcha d'Applejack pour rajouter à voix basse :
- Entre nous, j'aime bien passer du temps avec Wasi. Il est assez mignon, et puis, ça ne porte pas vraiment à conséquence vu que tous nos gardes sont castrés.
Applejack fit une grimace indescriptible, qui fit ricaner Najma. Comment fallait-il prendre cette réflexion ? Rarity avait une expression faciale assez similaire, ayant également entendu la remarque.
- Il faut bien s'occuper, se justifia-t-elle.
- Quand on pense que tu es supposée montrer l'exemple, commenta Qithara, la jument bleu nuit, en souriant.
- Tout le monde a bien le droit de faire une pause de temps en temps. Et puis, toi, tu passes bien ton temps avec Tarmina quand tu n'es pas en train de t’entraîner à la musique.
- Ce n'est pas exactement la même chose Najma, répondit-elle gênée.
- Et heureusement, ajouta la jument argentée en relevant la tête.
Les deux juments s'échangèrent un regard plein de tendresse, trop pour qu'il s'agisse simplement d'un lien d'amitié. Raqisa fit un signe discret à Applejack et Rarity pour leur faire comprendre qu'il ne fallait pas chercher à argumenter. Ces dernières décidèrent simplement de revenir à la conversation précédente.
- Donc… Tu disais que tu devais montrer l'exemple, dit alors Rarity en s’adressant à Najma.
- Oui. Je fais un peu office de précepteur ici, pour nos enfants, surtout les pouliches, et pour les nouvelles arrivantes. Vu que je suis la plus cultivée du harem.
- Ah, et qu'est-ce que tu leur apprends ?
- Essentiellement comment être une jument de harem et comment plaire au Calife, ou à leur futur époux. J'essaye aussi de leur apprendre à lire et à compter, mais la plupart trouvent ça inutile malheureusement.
- Admet que ça ne sert pas à grand-chose dans un harem, fit remarquer Aniqa.
- « Plaire au Calife », répéta Applejack incrédule. Et vous… vous vous soumettez sans un mot ? Vous vous laissez faire ? Sans rien dire ?
Il y eu un moment de silence. Applejack regarda tour à tour les juments du cercle. Mais leur expression ne trahissait que de l'incompréhension. Autour d'elles, plusieurs autres groupes s'étaient tus et retournés pour voir ce qu'il était en train de se passer. Rarity, elle, si elle adhérait aux idées d'Applejack, ne pouvait que contempler la scène.
- Au moins, on a une bonne situation ! Répliqua Aniqa. Dehors, nous serions assaillis par la vie dans le désert. Nous connaîtrions la faim, la soif, et les interminables marches sous un soleil écrasant ! À moins que nous ne soyons contraintes à un travail bien plus pénible encore ! Ici, au moins, avec le Calife, nous sommes en sécurité !
Najma poussa un soupir :
- On voit que tu as passée ta vie entière dans un harem, commenta-t-elle.
- Alors pour vous, c'est juste un choix entre une vie de labeur en liberté, et une vie de soumission enfermée dans le luxe ?
- En quelque sorte… répondit timidement Raqisa.
- C'est triste.
Il y eu un nouveau silence, plus pesant que le premier. Les juments du groupe se jetèrent des regards attristés, conscientes de la vérité que venait de prononcer Applejack.
- Au moins, le Calife s'intéresse assez à nous pour connaître le nom de chacune d'entre nous. Pas comme dans celui où j'ai grandi, repris Aniqa.
- Les choses sont différentes là d'où vous venez ? Les interrogea alors Raqisa.
- Oui, répondit Rarity. Chez nous, il n'y a pas de harem. Généralement, on a un métier qui nous correspond et qui nous plaît. Moi, par exemple, je suis styliste.
- Tu es… Quoi ?
- Je fabrique des vêtements.
- Oh, je vois. Mais… si vos dirigeants n'ont pas de harem… ils ont bien des juments…
- Chez nous, les unions se font toujours à deux. Mais nos princesses ne sont pas mariées à ma connaissance…
- Vos princesses ?
- Oui, nos princesses.
- Vos dirigeants sont des juments ?
- Oui, évidemment. La Pricesse Celestia qui contrôle le soleil, et la Prin…
- Rarity, Luna est toujours sur la lune en ce moment, lui rappela alors Applejack.
- Euh… Oui, qui contrôle le soleil et la lune.
- Attends… tu dis que le soleil et la lune sont contrôlés… Par une simple jument ? S'étonna Aniqa.
- En quelque sorte. Vous ne le saviez pas ?
- C'est… grotesque comme idée !
- J'avais entendu quelque chose de similaire, intervint Najma. Mais je n'y croyais pas vraiment.
- N’empêche, vous imaginez les filles ? Reprit Raqisa. Une jument qui fait de la politique…
- Ce serait assez inhabituel, dit alors Qitara, la jument bleu nuit.
- Ah, mais on pourrait toujours essayer, de notre côté. Tenez, regardez.
Raqisa se leva, et attrapa un coussin rond qu'elle cala sur sa tête en guise de turban.
- Bonjour, je suis le nouveau calife. Oui, je suis le calife, et je suis une jument.
Elle se mit à se pavaner à l'intérieur du cercle, sous les rires des autres juments du harem. Applejack et Rarity ne pouvaient s’empêcher de sourire à leur tour.
- Ah, et j'ai aussi un harem, continuait Raqissa. J'ai au moins dix… non, vingt étalons à la maison ! Et même que je peux avoir celui que je veux quand je veux !
- Hi hi… Raqisa, franchement…
- Avoue que tu aimerais ça Najma.
- Moi, j'aime bien les juments, dit alors Tamira, autant pour elle-même que pour Qitara.
Raqisa sortit du cercle pour s'aventurer dans la salle, continuant de se pavaner de manière presque ridicule. Applejack et Rarity la regardèrent s'éloigner, partagée entre le comique de la situation, et la gravité qui tournait autour de ces nouvelles idées.
Mais alors que Raqisa slalomait entre les différents groupes, Applejack aperçut une autre jument, dans un coin de la pièce. Une terrestre jaune pâle, avec une crinière d'un orange particulièrement clair. Sa marque représentait un ruban formant un cœur stylisé. Elle semblait presque perdue, et restait assise là, à simplement regarder ce qui se passait autour d'elle, détournant sans cesse le regard quand on se tournait dans sa direction… Applejack se pencha vers Najma, la désignant d'un signe de tête.
- C'est qui ? Qu'est-ce qu'elle fait là-bas toute seule ?
- Oh, c'est Jamila, la favorite du Calife. Il n'a d'yeux que pour elle depuis qu'elle est arrivée au harem.
- Mais qu'est-ce qu'elle fait à l’écart comme ça ?
- En fait, elle se sent toujours mal à l'aise quand il y a trop de monde. C'est pour ça qu'elle mange souvent à part. C'est seulement quand elle est seule avec quelques amis qu'elle arrive à abandonner sa timidité. Entre nous, je me demande comment elle a fait pour attirer l'attention du calife de cette manière, en étant aussi coincée.
- P't-être justement pour ça.
- Peut-être. Maintenant, ils passent des heures en tête à tête, à simplement discuter, ou parfois avec une musicienne pour la voir danser. C'est étrange qu'il ne lui ait toujours « rien fait » si tu veux mon avis.
Applejack regarda vers les autres juments du cercle. Aniqa haussa simplement les épaules, Tamira et Qitara firent une simple grimace, signifiant qu'elles n'en savaient pas plus. La fermière se tourna alors vers Rarity, lui soufflant discrètement :
- Rarity, t'sais à quelle époque ils ont arrêté les harems ?
- Aucune idée. Mais j'espère que ça ne prendra pas trop de temps… Ou… A pris. Enfin, tu vois ce que je veux dire ?
- Oui, je vois. Je vois très bien.
***
Mudhean se redressa pour regarder par-dessus la charrette où il s'était caché pour observer les portes principales menant aux jardins du palais. Derrière lui, les six poneys de son équipe attendaient que leur nouvel éclaireur prenne une décision. Même de nuit, s'infiltrer dans ce genre de bâtiment pouvait s'avérer compliqué.
Le jeune novice regarda à gauche, à droite, cherchant un endroit où ils pourraient escalader le mur et passer. Il était lisse, trop lisse. Et un bruit, un simple mouvement pouvait à tout moment alerter les gardes. Il fallait trouver une solution.
- Je pense qu'on devrait essayer par un autre endroit. Venez, on va faire le tour.
Ils se retirèrent donc dans l'ombre des bâtiments adjacents, progressant sans se faire remarquer dans les recoins les plus sombres de la ville, invisibles aux gardes qui continuaient de surveiller l'entrée des jardins du palais.
Mudhean escalada une charrette chargée, et grimpa sur le toit d'une maison pour avoir un meilleur angle de vue. Il y avait plusieurs groupes de garde qui patrouillaient autour du mur… mais aussi de nombreuses zones d'ombre où il devait être plus facile de passer. L'angle d'une tour attira son attention. Oui, le passage avait l'air d'être plus facile à cet endroit. Personne ne pourrait voir leurs silhouettes escalader le mur, et l'angle mort les protégerait des autres regards.
- Par là, je crois qu'on peut passer.
- Bon jugement Mudhean, commenta le leader. Vas-y, on te suit.
Le novice s'exécuta. Avec la souplesse d'un chat, il descendit du toit, rebondit sur la charrette, et arriva au sol pour se diriger vers l'endroit désigné. Il contourna silencieusement le pâté de maison, invisible aux soldats du palais. Le groupe longea une ruelle, qui débouchait directement en face du point de passage. C'était l'emplacement parfait. Le jeune étalon s’arrêta, vérifiant une nouvelle fois la présence des gardes.
- Vas-y, l'encouragea le leader. Et fais-nous signe si on peut passer.
Mudhean acquiesça d'un mouvement de tête, et enroula son chèche pour couvrir son visage. Il était prêt à entrer en action. Le novice jeta un dernier coup d’œil de chaque côté, et finalement, s’élança.
Il atteignit le coin ombragé. Après avoir à nouveau vérifié qu'il n'avait pas attiré l'attention, il releva une de ses manches, pour dévoiler son bracelet à outil. Il le pointa vers le haut du mur, et d'une pression sur un bouton, lança un grappin qui alla se planter au sommet du rempart. Le câble se rembobina, hissant le jeune terrestre jusqu'au sommet. De là, il avait un point de vue dégagé sur le jardin, tranquille, simplement éclairé par la lumière de la lune… Et les torches des quelques gardes qui parcouraient les allées. Heureusement, il n'y en avait pas près de lui. Rapidement, il fit signe à son équipe, et sauta du mur pour aller se cacher dans la végétation dense qui entourait le palais. Quelques instants plus tard, les autres membres de son groupe l'avaient rejoint.
- Et maintenant ? Demanda un des deux pégases .
- Maintenant, on continue de le suivre, répondit simplement le leader. Mudhean, conduis-nous à l'intérieur.
Le novice avala sa salive, anxieux, mais se décida malgré tout à poursuivre. Se faufilant entre les différentes plantes, il sortit du bosquet pour se précipiter dans un autre, continuant de guetter la présence des gardes. Ses complices l'imitèrent, tâchant de rester à distance raisonnable de leur éclaireur.
Ils arrivèrent bientôt en vue d'une double porte, sur le côté ouest, de taille assez modeste en comparaison avec l'entrée principale. Deux soldats étaient postés de part et d'autre, deux puissants chevaux qui ne manifestaient pas le moindre signe de fatigue. Ce n'était pas forcément un très bon endroit pour entrer, mais les fenêtres étaient sans doute plus surveillées encore. La seule solution était d'éliminer les gardes. Mais comment ? Prudent, Mudhean revint sur ses pas, auprès de son groupe.
- Il y a une porte par laquelle on peut peut-être passer. Mais… Elle est gardée. Je ne sais pas comment me débarrasser des soldats.
- Il n'y a qu'à les zigouiller, tout simplement. Répondit le seul licorne de la troupe.
- Non, il faut faire ça en finesse, intervint le leader. Tu a bien fait de revenir, Mudhean. Va te placer à distance pour observer. On va s'en charger.
Le novice s'exécuta. Il s'approcha de l'allée qui conduisait à la porte, caché dans les broussailles, de manière à pouvoir voir ce qui allait se passer. Les gardes ne bougeaient toujours pas, inconscients de la menace qui était en train d'approcher.
Mudhean entendit d’abord un sifflement, bref et sourd, qui attira l'attention des deux gardes. Ces derniers se tournèrent automatiquement vers un bosquet proche, sombre... Intrigué, le premier quitta son poste pour essayer de voir ce qui venait de produire ce son. Il écarta quelques branches, espérant y voir plus clair…
Soudain, quelque chose attrapa le soldat qui, dans un cri, fut happé par les ténèbres. Il disparut entre les feuillages, sans avoir la moindre chance de riposter. Alerté, le second garde quitta son poste à son tour, appelant son collègue par son nom. Il se précipita vers le buisson, inconscient d'être à son tour en train de se jeter dans la gueule du loup. Comme le premier, Il voulut écarter les branches pour voir ce qui s'y trouvait. Et comme le premier, il fut attiré dans la végétation, pour ne jamais en ressortir.
Le leader se dégagea des buissons, suivi du seul licorne de la troupe, et se dirigea vers la double porte. Il vérifia le sens dans lequel elle s'ouvrait, et fit signe à son acolyte de se cacher dans la rangée de plantes opposée. Le leader frappa à la porte avant de le rejoindre.
Les portes s'ouvrirent, et deux autres gardes sortirent pour voir ce qu'il se passait avec leurs collègues de l'extérieur.
L'un après l'autre, ils furent attirés dans la végétation, alertés par un siflement. Et l'un comme l'autre, où ils disparurent à jamais dans les ténèbres.
Le leader s'extirpa des fourrés, et alla jeter un coup d’œil par la porte entrouverte, vérifiant qu'il n'y en avait pas d'autres. Le passage était libre. Il fit donc signe au reste de son équipe. Tous se levèrent pour le rejoindre à l'intérieur.
Ils arrivèrent dans un couloir, un long couloir de marbre blanc qui allait vers leur droite et leur gauche, faisant probablement le tour du bâtiment. Le leader se tourna vers le reste de son équipe.
- On va se séparer. Nos cibles peuvent se trouver n'importe où. Si l'alarme est donnée, on fuit sans attendre les autres. On ne prend pas de risques inutiles. Si vous vous faites attraper, vous savez ce qui vous reste à faire.
Le novice déglutit nerveusement. Il savait très bien ce qu'il avait à faire, et cette simple pensée le terrifiait.
- Vous trois, par ici, ordonna leur chef d'équipe en désignant Mudhean, le licorne et un pégase. Les autres, avec moi. On ressort dès qu'on a rempli un des deux objectifs. On se retrouve au premier point de rendez-vous.
- D'accord, on y va, confirma le licorne.
Les deux groupes se séparèrent, prenant chacun une direction différente. Aucun d'eux ne savait où il allait, mais tous s'aventurèrent dans les entrailles du palais, prêt à en découdre si les choses tournaient mal. Du moins, pour la plupart. Mudhean, nerveux, priait les grands êtres pour qu'ils ne se fassent pas prendre en chasse.
Plusieurs autres membres de la garde payèrent de leur vie de s'être trouvé sur la route de l'équipée. Mudhean continuait de regarder faire ses compagnons. C'était tellement contraire à la nature… des poneys qui tuent d'autres poneys. Ce n'était pas normal… Cela ne devait pas se faire.
- Petit, l'interpella le licorne après s'être débarrassé d'un autre garde, si tu n'as pas assez de cran pour faire le sale boulot, alors tu n'as rien à faire parmi nous !
- Je suis désolé, je vais faire un effort.
- J'espère pour toi.
Ils reprirent leur route. Le licorne masqué n'accorda pas plus d'attention au jeune terrestre. Mudhean n'aimait pas ça… ce qu'il devait faire pour intégrer leurs rangs… Les seuls à bien vouloir d'un orphelin des fonds de la ville. Qui d'autre voudrait coutoyer quelqu'un comme lui ?
Mais… Lui, pouvait-il coutoyer des gens comme eux ?
Peut-être… peut-être en faisant un effort, oui.
Continuant d'explorer le palais, ils débouchèrent sur un autre couloir, le long duquel se trouvaient plusieurs salles. L'une d'entre elles était gardée par deux chevaux, avec une tenue noire, différente de celle des autres soldats. Il devait y avoir quelque chose d'important dans cette pièce… ou quelqu'un.
***
Au même moment, dans une autre partie du palais, deux gardes agonisaient, gisant sur le sol de marbre. Au-dessus d'eux, de part et d'autre de la porte qu’ils étaient supposés garder, l'autre groupe de poney masqué écoutait une conversation entre le Calife, le Sultan et le Docteur.
- D'accord, vous voyagez beaucoup, mais d'où est-ce que vous venez exactement ? Demanda le Sultan.
- Ah, c'est… compliqué, répondit le Docteur. Le dire ne serait pas d'une très grande utilité.
- Si vous le dites.
Le Sultan reprit sa tasse de thé entre ses sabots. Il avait toujours du mal à jauger son second invité. Il connaissait le Calife, et ne l'aimait pas vraiment, mais le Docteur… Il était tout simplement incapable de se décider sur le genre de poney qu'il était. Il semblait essayer de cacher quelque chose. Il n'aimait pas ça.
- Mais vous savez, je pense qu'il y a plus important à discuter, reprit le Seigneur du Temps.
- Vous voulez revenir sur le sujet de l'attaque ? Devina le Calife.
- Bah, c'est juste une bande d'illuminés qui en ont après leurs souverains, intervint le Sultan. Il doit y en avoir des quantités en ville. Il n'y a pas de quoi s'attarder sur la question.
- Ils étaient organisés, souligna le Calife. Organisés pour lancer une attaque ciblée.
- Certes…
- Je pense que ce serait imprudent de ne pas y prêter attention.
- Moi, ce qui m'inquiète, c'est l'équipement qu'ils utilisaient, reprit le Docteur. C'est une technologie d'un autre monde. Ils n'ont pas pu apprendre à s'en servir par eux-mêmes… Sauf avec du temps. Sultan, vous avez dit qu'ils n'en étaient pas à leur premier coup d'essai. Depuis quand en avez vous pris connaissance ?
- C'est assez récent. Quelques mois. Après la chute d'une étoile, à proximité de la ville. On ne l'a jamais retrouvée bizarrement.
- Cela devait être une météorite. Ou peut-être autre chose. Il doit y avoir un rapport, Ils n'auraient jamais pu apprendre à se servir de ces technologies en si peu de temps autrement. Mais la vrai question est qu'est-ce qu'ils recherchent ?
- Ah, ne parlons plus de ça. Reposez-vous pour ce soir. Voulez-vous que je fasse venir des danseuses de mon harem ? Si l'une d'entre elles vous intéresse, je peux toujours vous faire un prix…
- Sultan Albakhil Ben Tamae, quoi qu'en disent les usages, je n'aime guerre votre façon de considérer les juments.
- Vous m'intriguez, Calife. Vous êtes venu avec votre propre harem pourtant.
- Cela ne m’empêche pas de les considérer autrement que comme de simples marchandises.
Le Sultan ouvrit la bouche, mais la referma sans rien ajouter. Il valait mieux éviter de contrarier le Calife, quelle que soit son opinion. Le Sultan fit un simple signe de tête et porta à nouveau sa tasse à ses lèvres.
Derrière la porte, les poneys masqués se faisaient des messes basses.
- On les attrape ?
- Non, nous ne pourrions pas sortir sans nous faire prendre, répondit le leader. C'est le terrestre au sablier qui m'inquiète. Il en sait beaucoup trop. Il a déjà presque compris pour les grands êtres. Le seigneur Ordan a raison : il est trop dangereux.
- Donc tu penses qu'on devrait se débarrasser de lui ?
- Quand on aura une opportunité, oui. Il est hors d'atteinte pour le moment.
- Mais… attendez un instant, intervint un des terrestres masqués. On est tous autour de la porte… Qui est en train de surveiller l'arrivée des gardes ?
Il y eut une seconde de silence. Effectivement, personne n'avait pensé à prendre position, trop occupé à espionner le Calife. Le second terrestre se retourna… Trop tard. Un soldat en uniforme apparu dans le virage, et se tourna dans leur direction…
***
Pendant ce temps, à l'autre bout du palais…
- Tu ne te sentais pas capable d'aller jusqu'au bout ?
- Je l'ai assommé, c'est mieux que rien !
Le novice déposa à terre le corps inerte du garde, sous le regard sévère de son complice licorne. Il n'avait pas pu s'y résoudre. Il ne pouvait pas prendre un autre poney - ou un cheval dans le cas présent - en traître pour lui ôter la vie...
- Taisez-vous tous les deux ! Souffla le pégase qui les accompagnait.
- tu vois quelque chose ? Il y a quoi dans cette salle ?
- Je crois… Je crois que c'est un harem. Mais va savoir si c'est celui du Calife ou du Sultan.
- Fait voir… Je penche pour celui du Calife. Il y a plus de juments que de chambres autour d'elles.
- Attends ! Regarde les deux là-bas ! On dirait celles qui accompagnaient l'étalon qui a saboté notre dernière mission !
- Où ?
- Là-bas, la blanche et la orange avec le chapeau bizarre.
- Moi, je n'ai vu que l'étalon, alors…
- Par contre, je ne vois pas la pégase bleue qui nous a assommé. J'espère que cette furie n'est pas dans les environs.
- Alerte ! Des intrus ! Alerte !
Tous se retournèrent subitement. Ils venaient de se faire repérer ? Plus loin, des soldats apparurent depuis un couloir adjacent, et se précipitèrent vers celui d'à côté. Tous répondaient au signal pour essayer de retrouver et d'intercepter les intrus. Dans les chambres, c'était la panique totale.
- Qu'est-ce qui se passe ? S'écria Aniqa, affolée.
- Pas encore une attaque ! Espéra Applejack.
- Des intrus ? Que tout le monde garde son calme ! Intervint Najma. Il y a des gardes dans tous le palais, il n'y a rien à craindre !
- Nous étions aussi entourés de gardes quand ces poneys masqués s'en sont pris au Calife la première fois ! Fit remarquer Raqisa. S'ils ont décidé de remettre ça, je ne donne pas cher de la peau des soldats !
- Maman, qu'est-ce qui se passe ?
Une petite pouliche terrestre s'était approchée de Najma, à la robe crème, la crinière brune, et les mêmes yeux verts que sa mère. Son flanc était encore vierge de toute marque. À proximité, une autre pouliche, grise à crinière noire, essayait de rejoindre Aniqa. Dans toute la salle, les poulains et pouliches essayaient de retrouver la protection de leur mère ou de leur tuteur, inquiétés ou paniqués par les cris qui leur parvenaient des adultes.
- Ne t'en fais pas mon cœur, tout va bien se passer, dit doucement Najma à sa descendance.
Les poulains… Il fallait les mettre en sécurité. Et elles-mêmes si elles le pouvaient. Najma se leva, essayant de s'adresser au reste de la salle.
- Tout le monde ! On va essayer de s'enfermer dans les chambres ! Il ne faut pas les laisser nous trouver ! Qui sait ce qu'ils pourraient décider de faire s'ils nous découvraient !
Toutes les autres juments approuvèrent. Elles se levèrent pour se diriger avec les poulains vers les salles voisines, pour se mettre en sécurité. Mais Applejack et Rarity étaient indécises. Rainbow Dash était toujours à l'extérieur, et le Docteur en compagnie du Calife et du Sultan. Et autour d'elles, tout le monde était en train de se réfugier là où ils le pouvaient. Que faire ?
Rainbow Dash, leur amie, la plus loyale d'entre toutes, qui ne les auraient abandonnées, quelque-soit la situation, et le Docteur, l'étalon sur lequel elles pouvaient toujours compter, toujours présent quand le danger s'annonce… Et le seul capable de piloter le TARDIS.
Elles ne pouvaient pas les laisser tomber. Applejack et Rarity s'envoyèrent des regards entendus, puis se retournèrent pour galoper vers la porte.
- Où est-ce que vous allez ? S'écria Najma.
- Nos amis sont en danger, il faut qu'on les rejoigne ! Répondit Applejack, ralentissant pour regarder son interlocutrice.
- On ne sait pas ce qui se passe dans le palais !
- Il faut qu'on essaye !
- Vous sortez ?
Le duo s’arrêta subitement, alors qu'il se tenait juste à côté de la porte. Une autre jument s'était placée devant elles. C'était Jamila, la jument jaune pâle, qui avait quitté le coin où elle s'était réfugiée pour s'approcher de l'entrée. Ayant compris que Applejack et Rarity allaient sortir, elle reprit :
- Si vous arrivez à retrouver le Calife, Est-ce que vous pourriez…
- Ils sont là ! Cria quelqu'un hors de la salle.
Ce nouvel appel des soldats les fit sursauter. Ils étaient dans les environs ? Les trois juments se tournèrent vers la porte, s'approchant pour savoir ce qui se passait.
***
« Ils sont là ! »
Les trois poneys masqués se redressèrent vivement. Quand un des gardes se tourna dans leur direction. Ils étaient repérés. Paniqué, le novice regarda autour de lui, cherchant ce qui pouvait lui servir à se défendre ou à s'échapper. Juste à ce moment-là, une jument jaune pâle passa la porte des chambres. Ils se retrouvèrent face à face.
Il fallut une seconde à Mudhean pour comprendre la situation, et une autre pour se décider. Il attrapa la jument par le cou, l'attira au milieu du couloir, et, du nez, pressa un bouton de son bracelet à outil. Une lame rétractable apparu, et le novice s'empressa de la plaquer contre la gorge de la malheureuse. La scène se déroula en un instant. Le temps que chacun comprenne, et la situation s'était déjà renversée.
- Que personne ne bouge ou je la découpe en petits morceaux ! Cria-t-il, se voulant menaçant.
Tous marquèrent un temps d'hésitation. Était-il sérieux ? Avec le morceau de tissu qui lui couvrait le visage, impossible de voir son expression complète. Ses complices marquèrent également un temps d’arrêt, étonnés. Mais ils revinrent rapidement à la réalité. Oui, le novice avait réussit à capturer un otage, mais comment s'enfuir avec ? Elle les ralentirait forcément. Non, ce n'était vraiment pas une bonne idée.
- Ne les écoutez pas ! Arrêtez-les ! Cria désespérément la jument captive.
- Toi, tu te tais !
Plusieurs gardes cherchèrent à approcher. Les attaquants, eux, reculaient à petit pas. Applejack, Rarity et les autres juments qui s'étaient approchées de la porte, étaient figées, Ne sachant pas quoi faire pour aider la malheureuse. Un des gardes s'avança. Lui, semblait savoir ce qu'il faisait.
- Inutile de vous fatiguer, dit-il. Quoi que vous fassiez, vous ne ressortirez jamais de ce palais.
- Vous voulez vraiment prendre le risque ?
Le novice pressa un peu plus sa lame contre le cou de la jument pour appuyer ses dires. Chacun s'immobilisa, défiant le groupe adverse du regard. Pétrifié par la peur, la captive n'arrivait plus à articuler quoi que ce soit. La situation dans ce couloir était comparable à une cocote minute, prête à exploser à la moindre faiblesse. Mais personne ne semblait vouloir être le premier à en manifester une.
A suivre...
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Je ne sais pas pourquoi, mais je me sens irrésistiblement attirée par cette phrase dans une fanfiction Doctor Who...
Tu écris toujours aussi bien, ça fait plaisir. Le choc culturel entre Equestria et l'Arabie est pas mal, on passe d'un pays ou les juments dirigent à celui ou elles servent. Par contre, le big boss est amoureux d'une jument de son harem mais ne dirait pas non à Rainbow Dash... ( En même temps, à sa place, j'aurais sans doute la même réaction... Déjà qu'elle lui a sauvée la vie. )