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Silence

Une fiction écrite par Vuld.

12. Mute

« Qu'est-ce que tu fais là ? Je croyais que tu ne faisais plus de gym ! »

« Il faut être deux pour mener les expériences. Je dois attendre que madame Airglow soit rétablie. »

« … eh, et si j'étais ton assistante ? »

« … toi ? »

****

« L'information ? Je croyais qu'on parlait d'énergie ? »

Soupir. Twilight se frotta l'arête du nez à deux doigts avant d'y replacer ses lunettes. C'était difficile de garder en tête que tout le monde n'avait pas lu les mêmes livres.

C'était tout aussi difficile d'ignorer tous les petits regards qu'on leur jetait sans cesse dans ce coin de la cantine. Pie tout sourire sans un seul geste imposait sa dynamique à des centaines de filles. Elle faisait un pitre. Elle posait un tas de questions.

« L'énergie » reprit Twilight « est ce qui transporte l'information. Le macrolinear principle peut être vu comme le rapport entre la probabilité de l'événement et la probabilité de sa cause. »

La longue mèche rose rebelle pendait d'incompréhension.

« On secoue dans l'énergie dans tous les sens. » Résuma Twilight.

« Ah ! C'est comme ça que tu contrôles la bille ! D'accord, là je comprends. »

Après quoi l'étudiante croqua dans sa pomme et se remit à parler la bouche pleine, avec animation. Twilight l'étudiait du regard, la soupesait. Ses propres gestes avaient quelque chose d'hésitant. Elle n'en était pas à la moitié de son plateau repas.

Il y avait entre elles cette vitre invisible que l'étudiante enjouée n'arrêtait pas de briser, que l'étudiante studieuse recollait avec soin. Des centaines de brèches entre quatre yeux.

« Dis, je me demandais, jusqu'où ça s'étend, ce truc ? »

« De quoi ? »

« L'influence de la bille, voyons ! Parce que ça fait bouger mon pendule, ça doit s'étendre super loin ! »

Aussi loin que la gravité, potentiellement. Mais ce ne fut pas de calculer la distance qui retint l'attention de Twilight. À la place, elle se contenta de regarder encore quelques instants ce visage piqueté de purée au coin de la bouche. Son silence devint gênant. Pie plaisanta pour briser le malaise.

Elles se remirent à discuter.

Puis l'étudiante finit son repas, puis Twilight finit le sien et se levait, et se laissa emboîter le pas. Elles parlaient encore, de bille et de science, en sortant sur les marches devant la cour. Sans même s'en apercevoir, Twilight s'était mise à sourire.

« Oh ! » S'exclama Pie. « J'ai oublié, j'ai promis à quelqu'un de le retrouver ! Ce sera pas long, je te retrouve au labo ! » Et en confidence, rapidement : « C'est un garçon. »

Twilight resta un instant interloquée, puis haussa les épaules pour en chasser la soudaine impression de vide. Elle avisa la cour, elle se dirigeait déjà, mécaniquement, vers le hall en direction du laboratoire. Puis elle se rappela Spike.

En approchant l'angle, Twilight nota une dizaine de filles près de l'arbre, qui formaient un petit cercle. Elles s'animaient, elles bloquaient le passage. Pendant un instant Twilight se demanda comment les faire partir avant de réaliser. Elle pressa le pas, ignora les têtes tournées à son approche, regarda la troupe s'ouvrir et le petit chiot au milieu d'elles se mettre à haleter en la voyant.

« Spike ! » Gronda-t-elle.

Le petit chien aboya joyeusement et courut avec ses petites pattes, bondit sur ses genoux. Elle le regarda frotter la tête contre son ventre et relever sur elle ses grands yeux de cabotin. Sa main était déjà en train de le caresser derrière l'oreille.

Autour d'elles les autres filles s'exclamaient. C'était son chien, elles n'en revenaient pas, elles s'excitaient. « Oh non, pas elle » dit l'une d'elles, et une autre de lui intimer de se taire. On la pressait déjà pour pouvoir cajoler son chien. On le trouvait mignon, on trouvait son nom adorable.

Twilight s'était relevée, le chiot à son bras, contre elle, et regardait ces mains tendues et ces visages souriants. Elle laissait faire, sans vraiment réagir, sans vraiment comprendre.

« Tu as tellement de la chance ! »

Et on lui posait des questions. Et elle répondait mécaniquement. Personne ne semblait se soucier de son manque d'attention. Il y avait juste ce petit corps chaud entre elle et elles, et c'était suffisant.

D'autres filles venaient, une ou deux, se joindre au groupe. On s'était mis à causer de n'importe quoi. On revenait sans cesse au chiot. Twilight s'étonna d'être encore là, s'étonna de rester. Son regard se raccrochait à l'arbre, aux fenêtres proches, aux ombres, à ses souliers, à tous ces objets familiers.

Elle remarqua, vers l'angle, une autre fille qui les regardait. C'était la hippie. Sur un coup de coeur, Twilight eut le besoin d'aller lui parler.

« Excusez-moi, je reviens vite. »

On la regarda s'éloigner. La hippie la regarda venir. Twilight s'arrêta devant elle, toute gênée, sans savoir quoi dire, sans savoir ce qu'elle faisait là. Puis, sans trop y réfléchir, elle tendit le chiot à cette étudiante. « Tiens, je me suis dit que tu voudrais le tenir. » La hippie n'y réfléchit pas et le prit, et tout de suite se mit à sourire, à taquiner le petit chien, à lui dire des mots comme à un enfant.

Quand l'étudiante releva la tête, il y avait un mélange de joie et de gêne à laquelle répondit la joie et la gêne de Twilight. Elles se dirent des petites platitudes quelques secondes, avec ces rires un peu bêtes.

Puis Twilight s'excusa, pour ce qu'elle avait dit dans le bus.

La hippie dit que ce n'était rien.

« Eh, au fait… » ajouta-t-elle. « À propos de Pinkie, tu devrais… »

Twilight attendit la suite, l'air bête. Mais face à elle l'étudiante, après un instant, lui rendit Spike avec son sourire un peu mou et apaisant.

« Non, rien. J'espère que vous pourrez être amies, l'une et l'autre. »

****

Un dernier nombre en fin de la dernière équation, après quoi Twilight referma son livre et se pencha en arrière sur sa chaise, toute contente. Fin des devoirs, regard par la fenêtre, le soir tombait rapidement. Il était déjà tard, mais la fatigue ne voulait pas venir.

En bas les parents étaient toujours au salon, trahis par les rumeurs de la télévision. Spike était occupé à mâchonner sa balle en plastique, près du pied de l'armoire. Twilight s'étira encore puis se leva, alla le déranger pour se mettre en pyjama.

Ensuite, elle alla ouvrir la fenêtre, jeta un oeil en bas dans le jardin, ne vient rien que de la pénombre, l'éclairage du salon bien découpé dans l'herbe.

Impatiente que la semaine reprenne.

Son téléphone affichait vingt-quatre minutes de retard, mais elle l'ignora, fouilla dans sa courte liste de contacts le numéro de son frère. N'en fit rien. Elle secoua la tête, grogna en sentant sa coiffure se défaire, retourna d'abord à son lit, se reprit, regagna sa chaise. Il y avait, dans son sac, le feuillet de notes d'expériences. Plus d'une dizaine de pages blanches, vides, qui l'intriguaient.

Puis il y avait la bille.

Twilight la prit en main, la pesa dans sa paume, la prit à deux doigts. La bille semblait inerte, mais Twilight croyait percevoir, à sa surface, comme une fine aura bleutée. Un souvenir, peut-être, des flammes qui avaient empli le laboratoire. Elle se sentait bien.

Avec sa seconde main elle se mit à se rapprocher de la bille, à la moduler presque par jeu, comme pour en tâter ce champ quantique impossible. Elle croyait voir comme des variations bleutées à sa surface. Elle croyait voir, à mesure qu'elle rapprochait sa main, le halo se renforcer. Pas une chaleur, plutôt un vide, une clarté dans sa tête qui attisait sa curiosité. C'était si simple. Si facile à comprendre.

Spike aboya.

Twilight sursauta, referma ses deux mains sur la bille et regarda le chiot, l'air mi-fâchée, mi-ahurie. Puis elle eut un petit rire pour cette truffe froncée.

« Ne t'inquiète pas, Spike. Je sais ce que je fais. »

Le chiot pencha la tête, gémit un peu en la regardant, mais elle lui sourit encore puis rouvrit ses deux mains. La bille avait perdu tout reflet.

Elle se leva, rejoignit le petit chien, se baissa à sa hauteur et, avec les gestes de l'habitude, fixa la bille à son collier.

« Tiens, je te la confie. »

Puis elle lui caressa la tête et laissa Spike la regarder se coucher, rabattre la couverture sur elle puis de côté. Le chiot hésita à la rejoindre, jappa encore avant de se lover près du pied d'armoire, en petite boule, dans ses rêves de canin.

****

Lundi. Midi et quart. Pie était en retard.

Twilight repassait en revue pour la quatrième fois les trois tableaux noirs, corrigeait ici et là une équation qui lui semblait fausse, repassait devant la table, puis devant Spike, pour s'arrêter à la porte, sans envie qu'on la voie guigner par le couloir. La blouse blanche couvrait ses habits et lui donnait l'air d'une pitre. La seconde blouse attendait toujours sur le rebord.

La bille était déjà en place, bien en vue sur son pied de métal et sous la surveillance de l'appareillage. Le vieil écran vert frémissait à peine, cliquetait pour afficher une intensité de quatre zéro cinq. C'était beaucoup. Ce n'était comparativement rien.

Un regard vers la porte blindée grande ouverte. Pie ne venait toujours pas.

Sans la directrice la pièce avait ce silence pesant et le poids des cloisons trop resserrées ajoutées à la vétusté du matériel, à la poussière. La lumière crue peinait à effacer toutes les ombres. La table du fond, recouvert de sa nappe, semblait garder des spectres.

« Twilight ! Twilight Twilight ! »

Elle releva la tête. La voix de Pie. Le pas de course dans le couloir. L'étudiante surgit paniquée, essoufflée. Twilight se précipita à sa rencontre.

« Twilight, c'est Airglow ! Il se passe quelque chose, vite ! »

« Quoi, quoi ?! » Paniqua Twilight.

« On sait pas, elle a l'air, inerte, ça fait peur ! »

La directrice était dans son bureau. Twilight ne réfléchit plus. L'une et l'autre se précipitèrent en direction de l'escalier, vers les rumeurs du rez-de-chaussée. Derrière elles Spike glapit, lança deux aboiements affolés et les regarda disparaître sans savoir quoi faire. La tête basse, le petit chiot retourna dans le laboratoire.

Twilight gagnait déjà l'escalier, montait les marches trois par quatre. Manqua de trébucher. À sa hauteur Pie manqua de la bousculer. Elles débouchèrent dans le hall, se remirent à courir. Les autres étudiantes défilaient autour d'elles, inquiètes, et les regardaient passer, leur pointaient la direction. Il y en avait qui se pressaient de ce côté.

La porte apparut, bloquée par une masse d'étudiantes qui, en voyant Twilight, la hélèrent. De la panique, des trépignements. Twilight fendit le groupe et traversa le bureau de la secrétaire pour ouvrir la porte de la directrice.

Airglow assise à son bureau la regardait avec de grands yeux.

« Twilight ? Qu'est-ce qui se passe ? »

« Je… mais, vous… »

Le déclic se fit bien trop tard.

Dans la même seconde la directrice et son assistante comprirent. Leurs deux visages se décomposèrent. Airglow se levait, furieuse, et Twilight désemparée courait déjà dehors, dans le couloir où les étudiantes s'étaient sauvées. Pie n'était plus là. Pie n'était jamais arrivée jusque-là. Le poing à son coeur avait quelque chose d'inhumain.

Quand Twilight échevelée regagna le laboratoire, la bille n'était plus là. Spike à l'écart tenait un petit os en mousse qu'il fit couiner piteusement.

Il n'y avait plus personne dans le hall sinon le vertige. Elle pouvait entendre la voix d'Airglow éclater au loin, comme un orage. Elle cherchait en vain où la voleuse avait pu s'enfuir. Spike lui passa entre les jambes, se mit à aboyer, à trépigner sur place. Elle se mit à le suivre, à défaut de mieux, avec une sorte d'emportement aveugle.

Spike traversa l'école, gagna la porte d'entrée, se précipita dans la rue. Elle le vit courir comme il pouvait, en aboyant furieusement, jusqu'à l'arrêt de bus. Elle vit le bus qui s'éloignait, et Spike aboyer de toutes ses forces.

Personne n'aurait pu prévoir le passage de bus avec cette précision.

De l'affolement plein les gestes. Portable. Numéro. Appel. La sonnerie n'en finissait pas. Pie ne répondrait pas. C'était inutile. Twilight en avait presque les larmes aux yeux. Puis soudain, on décrocha, et elle se mit à crier dans le téléphone tous les mots qui lui venaient, toutes les insultes, comme un défouloir. Mais seule la friture lui répondit, une friture infâme.

Une voix dans son dos la fit raccrocher. Le professeur d'économie était en train d'accourir.

« Twilight, qu'est-ce qui se passe ?! »

« On m'a volé ma bille ! Elle m'a volé ma bille ! »

Et la petite fille qu'était Twilight Sparkle de s'étrangler entre deux mots. Le professeur demanda où était le bus, vit la direction où le bus avait disparut. Lui dit d'attendre. « J'ai ma moto. » Elle le regarda partir sans réaliser.

****

Le vent lui battait le visage. Elle était sans casque, elle se demandait si elle n'aurait pas dû mettre un casque. Elle se disait qu'un professeur la laissait aller en moto sans casque et cela malgré le déchirement au coeur. Tout défilait autour d'elle assez lentement pour qu'elle le discerne, trop vite pour qu'elle s'y arrête. Le monde lui échappait complètement.

Spike était toujours tendu en avant, et le professeur après un coup d'oeil continua au-delà de ce nouvel arrêt. Ils allaient rattraper le bus, à cette allure, et l'idée vint à Twilight que peut-être, avec de la chance, tout finirait bien. Elle voulait y croire. Elle se consolait.

Puis il y avait cet adulte qui n'avait posé aucune question, qui ne s'était pas demandé comment un chien pouvait suivre une personne à la trace dans ces conditions, ni ce qui se passait vraiment. elle le regarda, de dos, se resserra un peu contre lui autant par sentiment qu'à cause du virage. Il y avait tant de choses qui défilaient dans sa tête que ce silence confiant lui convenait. La moto, de toute manière, était assourdissante.

Twilight remarqua soudain les rues familières. C'était son quartier. Le bus était allé en direction de son quartier, dans les faubourgs. Bientôt ils longeaient les grilles du parc. Spike vit approcher l'arrêt et se mit à aboyer, à tourner la tête. La moto freina, glissa sur le côté et se rangea peu après l'arrêt, sur le trottoir.

Twilight se remit à courir sans attendre.

Derrière elle le professeur la héla, toujours encombré par sa moto. « Attends ! Attends ! » Elle ne lui jeta qu'un regard. Elle ne réfléchissait pas. Elle voulait récupérer la bille, éviter l'inévitable. C'était son parc. C'était chez elle. Spike courait à ses côtés.

Il n'y avait presque personne, tout juste une ou deux adultes , une vieille dame sur le chemin, une sportive occupée à sa course de midi. Une poignée de secondes après ça, elle était seule, seule à souffler, seule à faire du bruit sur le gravier des chemins. Le parc n'avait jamais semblé aussi vaste.

****

Elle était là. Assise sur le banc. Devant la mare.

Elle esquissa un geste en voyant Twilight, pour se lever, puis se rassit et ne fit rien. Twilight ne sentait plus ses jambes, ignora l'épuisement, se força à courir encore. Elle criait des mots qui n'avaient déjà plus de sens. L'autre ne répondait rien.

Spike soudain la dépassa et, plutôt que d'aller vers la voleuse, fonça sur la mare. Twilight fut prise de court. Elle le regarda plonger dans l'eau, lui cria d'arrêter, le regarda nager vers le centre de la mare.

« Spike, reviens ! Au pied, arrête, reviens ! »

Le petit chiot luttait avec ses petites pattes, à mi-chemin déjà et Twilight, arrivée au bord de l'eau, regarda sans savoir quoi faire. Sa voix se fendait. Le chiot ne l'écoutait pas. Il plongea soudain et Twilight en perdit la voix.

L'autre étudiante s'était levée, le visage paniqué, pour se prendre les cheveux à deux mains. Le regard perdu sur les remous là où le petit chien avait disparu. Deux filles affolées. Twilight sentait sa respiration lui échapper. Regarda ses chaussures, esquissa un geste.

Spike reparut à la surface.

« Spike, au pied ! Reviens, oublie la bille, reviens ! »

Le chiot jappa, battit encore des pattes, glissa un instant sous l'eau puis luttant pour rester à la surface, il revint lentement vers la berge. Twilight le saisit et le serra contre elle follement, avec de ces mots qui avaient tant de sens. Les yeux de Spike étaient piteux.

Ensuite, Twilight tourna la tête, regarda l'autre étudiante hébétée qui les observait de ce regard vague, comme vide. La colère lui revint en un instant.

« Pourquoi tu as fait ça ?! Pourquoi tu as fait ça, pourquoi ?! Tu as tout fichu en l'air, tout ! »

L'autre esquissa un sourire, et machinalement, se rassit. Puis, sous les hurlements de Twilight qui s'approchait, son chien contre elle, l'étudiante rabattit ses jambes sur elle et se serra comme une enfant dans le noir.

« J'ai sauvé l'école. » Dit-elle faiblement. « Je vais être renvoyée. Ma famille sera dévastée. Mais j'ai sauvé l'école. »

Et elle offrit à Twilight un de ces sourires désespérés que celle-ci connaissait trop bien.

« Tu n'as rien sauvé du tout ! Tu as… tu es tellement… stupide ! »

« Je sais. Je ne suis qu'une idiote. Tout le monde le pense. Je suis juste bonne à faire la pitre. Mais je m'en fiche. J'ai sauvé l'école. »

Il y eut encore quelques phrases que Twilight jeta à la figure de cette fille, après quoi, comme à bout de nerfs, elle resta là à pleurer, à laisser son chiot lui lécher le menton. Elle était en nage. Elle avait mal partout. Échevelée. Le visage en ruines. Et elle comprenait tout beaucoup trop vite, beaucoup trop bien.

Après une minute, peut-être moins, encore secouée, elle alla s'asseoir. À côté de Pie. Elle s'assit, Twilight Sparkle, et elle ne dit plus rien. L'autre fille ne dit plus rien. Et elles regardèrent un rien du tout au-delà de la mare qui leur échappait à toutes deux.

« Comment tu te sens. » Demanda Twilight.

« Horrible. » Admit Pie.

Le professeur venait de surgir sur le chemin. Il se rapprochait en courant, les vit tranquilles sur ce banc, s'arrêta. Twilight n'eut même pas la force de tourner la tête en sa direction.

Au bout d'un moment, Spike se dégagea, alla se secouer plus loin et se rouler dans l'herbe. Elle laissa faire. Elle avait baissé les yeux, le regard quelque part entre ses deux mains. Elle devait avoir l'air misérable. Spike revint, voulut remonter sur ses jambes, vit les mains jointes qui avaient pris sa place. Il frotta un peu la jambe, vit qu'elle ne réagissait pas. Alla se caler contre ses pieds.

« Tu crois que j'ai eu tort ? » Murmura Pie.

« Quelle importance. »

Ce furent les mots dont elle avait besoin. Son visage avait repris le masque de l'indifférence, du calcul froid. Elle se leva, elle laissa l'étudiante sur son banc. Elle retourna voir le professeur, constater que c'était fini, retourner en cours.

****

Faute d'un objet d'études et des données d'expérience, les recherches s'arrêtèrent là. L'article révisé, largement allégé, fut accepté néanmoins. Airglow avait menacé de quitter son poste pour l'obtenir. Ce qui ne changea rien. Elle devint une ombre dans l'école, absente et muette, et comme frappée par l'âge.

On découvrit que Pinkie Pie avait quitté son ancienne école. Qu'elle n'avait jamais été transférée. Sa famille fut amendée. Elle dut quitter l'école. Ce fut la seule raison évoquée. À cet instant tout le monde était d'accord pour dire qu'elle ne pourrait plus étudier nulle part, qu'elle devrait se rabattre comme ses soeurs sur des stages. Tout le monde en voulut énormément à Twilight Sparkle.

Et Twilight Sparkle ?

Elle va bien, Twilight Sparkle. Elle suit les cours, Twilight Sparkle. Elle étudie un sujet que personne ne comprend. Elle est seule, Twilight Sparkle. Elle va être reçue à Crystal Prep. Et pour elle, Twilight Sparkle, après deux mois cette autre étudiante aux cheveux roses n'avait déjà plus de visage ni plus de nom.

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Eliyra
Eliyra : #35804
Toute bonne chose a une fin malheureusement...
Il y a 2 ans · Répondre
Wellen
Wellen : #35653
Heu, c'est la fin de la fic ? Dommage...
Il y a 2 ans · Répondre

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