Appearance

— Alors... est-ce qu'on a tout, Maud ?

En moins de temps qui n'en faut pour le dire, la grande sœur de Pinkie Pie s'était retrouvée les bras chargés de banderoles, de ballons de baudruche, de serpentins et autres accessoires de fête. L'adolescente rose, quant à elle, fouillait dans les placards de la cuisine pour dénicher assiettes en carton, couverts et gobelets en plastique. Un gâteau au chocolat cuisait dans le four, et près de l'évier trônaient d'énormes boîtes de bonbons et des bouteilles de soda.

— Je pense que oui, répondit la jeune femme de son ton impassible en déposant les décorations sur la table.

— Oh la la, j'ai hâte de voir la tête que feront mes amies quand elles verront que je leur ai préparé un super goûter ! reprit Pinkie, surexcitée.

— Mh-hm.

— Dis, Maud ? Tu penses qu'elles seront aussi contentes que moi ?

— ...C'est sûr.

Pinkie Pie trépignait d'impatience : il était maintenant treize heures quarante-cinq et le reste des Rainbooms venait pour quatorze heures. Elle leur avait préparé un petit goûter surprise, des jeux, des films... bref, tout ce dont elles auraient besoin pour s'amuser comme des petites folles jusqu'à l'heure de la soirée pyjama. Maud, qui partait en voyage scolaire organisé par son université, finissait sa valise quand Pinkie l'avait appelée pour l'aider à choisir les décorations. Le bagage gris reposait sur le canapé du salon.

— Et tu vas prendre le bus à quelle heure déjà ? s'enquit l'Élément du Rire.

— À quatorze heures quinze.

Pinkie prit un air de chien battu et se dirigea vers sa sœur. Puis elle posa sa tête contre l'épaule de Maud, et lui dit :

— Tu me manques déjà.

— Je ne vais partir que trois jours, Pinkie Pie.

— Mais trois jours sans toi, ça va être hypeeer long !!

Maud réfléchit quelques instants. Soudain, son visage sembla s'illuminer, signe qu'elle venait d'avoir une idée.

— Ne t'en fais pas, lui assura-t-elle, tu pourras me téléphoner si tu veux.

— C'est vrai ? Oh, trop bien !! J'ai hâte !

C'est alors qu'on sonna à la porte. Pinkie et Maud entendirent des rires dehors. L'ado rose bonbon regarda la pendule de la cuisine et s'aperçut avec joie qu'elle indiquait treize heures cinquante-cinq. Tremblante d'excitation, elle sautilla jusqu'à la porte et fit entrer ses amies.

— Saaalut les filles ! lança-t-elle en sautant en l'air.

— Bienvenue chez les Pie, ajouta son aînée.

Après s'être saluées, les Rainbooms et Maud allèrent s'asseoir dans le salon. Pinkie engagea la conversation :

— Alors, comment ça va ?

— Bien, bien, lui apprit Sunset d'un air ravi. Très bien, même. On avait tellement hâte de venir ! Surtout Applejack, Rarity et moi, étant donné que c'est la première fois qu'on vient chez toi. Et nous ne sommes pas déçues, n'est-ce pas ?

— Oh que non ! lança la fermière en faisant un clin d'œil à Pinkie Pie. J'la trouve très chouette, ta p'tite maison ! En tout cas, ça m'change de Sweet Apple Acres !

— Je suis d'accord, renchérit la styliste. Ta maison est charmante, ma chère. Vos parents ont beaucoup de goût.

— Merci.

— Oh vouii, merci les filles ! Mais attendez un peu de voir ce que je vous ai préparé !! Je reviens !

Pinkie fila à la cuisine. Elle s'empara des décorations laissées sur la table. Une pensée lui frôlant subitement l'esprit, elle hurla à ses amies :

— Fermez les yeux !

Une fois s'être assurée qu'elles respectaient bien sa consigne, l'Élément du Rire, aidée par Maud, accrocha les banderoles et les serpentins un peu partout dans le salon et disposa le gâteau, les bonbons et les boissons sur la table basse.

— Hey, mais ça sent drôlement bon, tout d'un coup ! s'écria Rainbow Dash d'un air gourmand.

— Hi hi ! une petite seconde, c'est bientôt prêt ! gloussa Pinkie en distribuant les assiettes et les gobelets.

Elle gonfla encore une dizaine de ballons, puis annonça qu'il était temps de regarder. Quand ses amies rouvrirent les yeux, elle lança son célèbre :

— SURPRIIIIISE !

Elles poussèrent toutes à l'unisson des exclamations de joie. La pièce était éblouissante ainsi décorée, brillant de mille couleurs - bien que la dominante soit évidemment le rose. Elles eurent soudainement l'air affamées en voyant le goûter posé devant elles. Pinkie leur donna du gâteau, et se servit la plus grosse part comme à chaque fois, ce qui les fit bien rire. Tandis qu'elle remplissait les gobelets de soda, celle-ci demanda à sa sœur :

— Tu ne veux pas un morceau de gâteau, Maud ?

— Non, merci. Je vais finir ma valise.

— Oh... D'accord. Tu veux boire, peut-être ?

— Oui, je veux bien. Merci, Pinkie Pie.

La jeune fille lui donna un verre, que l'experte des pierres but d'une traite. Puis elle prit sa valise à côté de Fluttershy et monta dans sa chambre.

— Ça te rend triste que Maud s'en aille ? lui demanda la timide du groupe en lui posant une main sur l'épaule.

— Oui, admit son interlocutrice, soufflant sur l'une de ses (très) nombreuses boucles roses. Oui, ça me rend un peu triste Mais elle n'y va que trois jours et puis, elle m'a dit que je pourrai lui passer un coup de fil, et c'est vraiment cool !

— Hey ! ronchonna l'ado aux cheveux arc-en-ciel. Ça, c'est mon mot !

— Oups ! Pardon Dashie, j'avais oublié !

— Ça va... pour l'instant.

Rainbow Dash se mit alors à la regarder droit dans les yeux avec un air sceptique, comme si elle cherchait à faire avouer quelque chose à son amie. Au bout d'un certain temps, la sportive se mit à pouffer, perdant alors toute sa crédibilité et provoquant ainsi l'hilarité générale. Le bruit des pas de Maud descendant les escaliers fit instantanément cesser les rires. Pinkie se leva d'un bond et se précipita sur son aînée pour lui faire un câlin. Quand elle desserrèrent leur étreinte, la cadette vit les coins de la bouche de Maud s'élever un peu - c'était très léger, mais ça se remarquait tout de même.

— Bon voyage ! Amuse-toi bien surtout !! lui souhaita-t-elle.

— Merci beaucoup. Toi aussi, passe du bon temps avec tes amies.

Elle l'embrassa sur la joue et dit :

— Au revoir, Pinkie Pie.

— À bientôt, ma-grande-sœur-adorée-que-j'aime-le-plus-au-monde !

Au moment où elle s'apprêtait à partir, Maud se retourna et dévisagea les autres Rainbooms.

— Au revoir, les filles.

Les cinq adolescentes la saluèrent à leur tour. Puis leur amie rose bonbon retrouva sa vivacité et leur annonça :

— Qui veut aller dans ma chaaambre ?

***************

— Oh, darling, t'ai-je déjà dit que je trouve ta chambre absolument fabuleuse ?

Cela faisait presque deux heures que Maud était partie pour son voyage scolaire. Durant tout ce temps, les Rainbooms avaient passé un excellent après-midi ; elles avaient regardé une comédie à la télévision, construit des châteaux de cartes qui allaient jusqu'au plafond, fait une bataille d'oreillers endiablée, et le plus important : elles avaient ri ! Pas de petits gloussements, non, mieux : elles furent prises de crises de fou rire incontrôlables, notamment quand Pinkie Pie cracha du jus de fruit par le nez ! Rainbow Dash avait tellement ri qu'elle avait maintenant deux points de côté, et les éclats de rire de ses amies avaient repris de plus belle, plus fort encore. Après tous ces rires, les Rainbooms s'étaient installées autour d'un jeu de société : la bleue avait remporté quatre manches et la rose avait atteint le score impressionnant de six manches remportées ! Rainbow Dash avait ronchonné un peu que Pinkie soit en tête, mais cette dernière l'avait laissée gagner sa quatrième partie de jeu, alors la sportive était satisfaite.

— C'est la troisième fois que tu demandes, Rarity, marmonna cette dernière, étendue sur le tapis rose de tout son long.

— Oh, mais ça ne me dérange pas ! affirma l'Élément du Rire en hochant la tête de gauche à droite à une vitesse hallucinante.

— Tant mieux, je pensais que ça t'ennuierait, ma chérie. Je trouve juste que... ta chambre te ressemble tellement ! C'est extraordinaire.

— Ça aussi, tu l'as déjà dit, ajouta Rainbow, qui reçut aussitôt un regard noir de la fashionista.

Elles jouèrent encore un peu, puis Pinkie rangea la boîte du jeu et demanda à ses amies :

— Et maintenant, vous voulez faire quooooi ? Un autre jeu ?

— Euh... j'ai une idée, les filles, murmura doucement Fluttershy, mais aucune ne l'entendit.

— On n'a qu'à rallumer la télé ! clama Rainbow Dash. Il y a un match de foot en direct...

— Hm, vous savez, on pourrait plutôt aller-

— ...Ou jouer à la console ! C'est génial, la console !

— Ah non, pas encore ! Une dame ne s'adonne pas à de telles activités toute la journée, voyons.

— Mais on n'a qu'à-

— Heu, heu, heu, HEU... je sais pas moi, on pourrait danser ? chanter ? manger des bonbons ? faire les trois en même

temps ?!

— Les filles...

— Non, je sais ! intervint tout à coup Sunset en levant un doigt. Et si on sortait se promener ?

— Mais... c'est ce que j'essaie de dire depuis le début ! soupira la pauvre Fluttershy.

Les autres l'entendirent enfin. Elles s'excusèrent de ne pas l'avoir écoutée et trouvèrent son idée excellente. Alors, les Rainbooms sortirent dehors; il faisait très beau, un temps idéal pour une balade entre meilleures amies. Elles se rendirent tout d'abord au centre commercial, et chacune s'acheta quelque chose. Pinkie décida d'offrir un cadeau à Maud, et elle lui trouva un joli porte-clé avec un cadre en pierre pour mettre une photo dedans. Elle prit aussi un lit miniature spécial caillou de compagnie - ce qui surprit ses amies, qui s'étonnèrent qu'une telle chose puisse exister et que certaines personnes (mis à part Maud) considéraient les rochers comme des animaux. Les Rainbooms croisèrent Derpy, Octavia et Vinyl, Flash Sentry, et même les proviseures Luna et Celestia.

À dix-sept heures, elles allèrent dans un café réputé de la ville pour boire quelque chose. Elles commandèrent toutes un smoothie, sauf Pinkie qui en demanda cinq au serveur, qui eut l'air abasourdi en voyant cette étrange adolescente toute rose aspirer le contenu des cinq verres en même temps et en moins de deux secondes. Les Rainbooms se mirent à éclater de rire quand elle sortit un paquet de chamallows, puis un flacon à bulles, et enfin un moule à tarte de son épaisse tignasse frisée, avant de finalement y trouver son portable et son porte-monnaie pour payer le serveur à la mine encore plus effarée.

Elles se baladèrent encore dans les rues de Canterlot City, allèrent jeter un dernier coup d'œil dans certaines boutiques, plaisantèrent une énième fois sur les moments drôles de la journée... Elles décidèrent de rentrer vers dix-huit heures et passèrent devant leur lycée. Les filles se laissèrent tomber sur le canapé du salon en riant comme des folles, même si elles étaient exténuées. Elles déposèrent tous leurs achats sur la table basse et se les échangèrent, les regardèrent, les comparèrent, tout cela dans la joie et la bonne humeur. Puis elles montèrent dans la chambre de Pinkie pour ranger leurs nouvelles affaires. Sunset Shimmer avait pris son cahier pour communiquer à distance avec Twilight, et lorsqu'elle mit le collier qu'elle s'était achetée dans son sac, l'objet vibra comme un téléphone portable. Toutes ses amies levèrent la tête en même temps, et se précipitèrent aux côtés de Sunset. Elle prit soigneusement son carnet dans ses mains et l'ouvrit délicatement à la bonne page. Les Rainbooms découvrirent avec excitation l'écriture de la princesse poney.

Chère Sunset Shimmer,

Je suis très heureuse pour toi que tu sois première de ta classe, c'est formidable ! De mon côté, tout va bien. Pour une fois, je ne suis pas débordée au point de ne pas dormir de la nuit ! J'ai poursuivi mes recherches sur les sirènes dans l'ancien château des princesses, mais je n'ai pas trouvé grand-chose. J'ai juste noté qu'elles ne peuvent absorber de la magie qu'au moyen d'une dispute, et que les pierres précieuses qui sont sources de leurs pouvoirs sont tellement rares que... les sirènes sont tout simplement nées avec, à moins d'un miracle, mais je n'y crois pas trop. Mais ça, on le savait déjà pas vrai ? Enfin... je vais m'y remettre dès demain, et j'espère tomber sur quelque chose qui nous aidera. J'irai aussi à Canterlot pour consulter les ouvrages de... la bibliothèque privée de Celestia et Luna, hiiii ! J'ai tellement hâte !! Et si je ne trouve rien - même si j'en doute fortement -, je chercherai ailleurs. J'irai jusqu'à à l'Empire de Cristal s'il le faut !
Je vous embrasse, toi et les Rainbooms,

Twilight Sparkle

***************

Aria était allongée à plat ventre sur le lit deux-places. Elle réfléchissait tout en triturant son nouveau pendentif. Sonata parlait à leur chef, debout devant la porte d'entrée. De la manière dont elle était couchée, la sirène violette pouvait voir ses sœurs, mais ne comprenait pas tout ce qu'elles se disaient. À l'entendre, la plus jeune semblait nerveuse. Elle sautillait d'un pied à l'autre, signe que quelque chose l'ennuyait ou la troublait. Intriguée par le comportement de sa sœur, Aria roula sur le côté pour s'asseoir et se leva d'un bond. Elle alla rejoindre les deux autres sirènes alors qu'Adagio s'adressait à Sonata.

—... mais ne t'en fais pas, ce sera juste une petite... escapade.

— Attends, quoi !? s'interposa Aria en se plaçant entre ses acolytes.

— Tu as bien entendu, lui répondit la meneuse. Nous allons sortir aujourd'hui.

— Adagio enfin, c'est tout à fait insensé !!

— Calme-toi, Aria.

— Non, je ne me calme pas ! Si on se montre dehors, tous les gens vont nous reconnaître : ils nous détestent !! Et tu imagines si on croise les Rainbooms ?!

— Aria, écoute-moi !

— Non, je refuse de t'écouter ! Je sais très bien ce que tu vas me dire, mais même si nous avons de nouveau nos pouvoirs, ça ne veut pas dire que les gens ne vont pas se méfier, bien au contraire ! La police pourrait même nous attraper et nous envoyer en prison ! On ne peut pas faire une telle chose, tu ne te rends pas compte ! Il est hors de question que nous sortions de cette maison, tu m'entends ?! Hors de question !

— LA FERME !

Le cri d'Adagio résonna dans toute la maison. Ses yeux violine emplis de colère et de haine toisaient Aria. Cette dernière la regardait de la même façon, les poings serrés, essoufflée par cette dispute endiablée. Sortir... mais à quoi bon ? À quoi cela servirait-il ? À se faire considérer avec mépris par tous les passants ? À se faire insulter ? À entendre des remarques désagréables sur elle et ses sœurs ? Non... Quoi qu'il arrive, Aria ne mettrait pas un pied dehors. Et aussi têtue qu'elle pouvait l'être, rien ne pourrait lui faire changer d'avis. Même si au fond d'elle, quelque chose lui disait que son aînée avait raison, car il fallait bien essayer leurs nouvelles pierres magiques. Et puis, elles devaient se réapprovisionner en nourriture humaine, puisque désormais, elles possédaient une partie humanoïde. Leurs âmes de sirènes étaient piégées dans ces corps d'adolescentes.

Adagio, quant à elle, fulminait. En tant que partisane, Aria devait l'écouter et surtout, lui obéir au doigt et à l'œil. Elle était la meneuse, elle prenait les décisions importantes pour le groupe et elle donnait des ordres à ses acolytes. Personne d'autre ne pouvait exercer ces fonctions. La sirène rousse soupira. Par le passé déjà, au commencement des Dazzlings, sa sœur convoitait sa place de leader. Mais Adagio ne partageait pas le même avis. Elle se trouvait parfaite pour ce rôle, Sonata n'étant pas assez mature et Aria pas assez persuasive. De plus, elle se considérait comme la plus séduisante des trois et se vantait d'avoir la plus belle voix ; c'est d'ailleurs pour cela qu'elle chantait les solos. Elle foudroya une nouvelle fois la sirène violette du regard.

— Écoute. Ta. Chef.

Elle saisit son sweat à capuche pendu sur le porte-manteau à côté d'elle et l'enfila, bien vite imitée par Sonata, qui se sentait impuissante face aux querelles de ses deux aînées. La rebelle du groupe grogna, décrocha violemment sa veste et la mit également. Puis Sonata ouvrit la porte, qui grinçait horriblement, et les Dazzlings s'engagèrent dans la rue. Adagio leur conseilla de se couvrir la tête avec les capuches afin d'éviter de se faire remarquer, ce que Aria fit à contrecœur bien que, elle refusait de l'admettre, c'était une bonne idée. Elles trouvèrent rapidement une petite supérette au coin de la rue. Quand elles entrèrent, personne ne leur prêta attention. Elles commencèrent alors à chanter, et Aria se rappela alors à quel point elle aimait cela.

Elle ferma les yeux, savourant la sensation de chaleur au niveau de ses cordes vocales. Les Dazzlings oublièrent tous leurs tracas et chantèrent avec passion. Soudain, des éclats de voix fusèrent dans le magasin. Elles entendirent les gens se disputer et se battre. Elles caressèrent avec délice la douce fumée verte du bout des doigts. Au bout d'un certain moment, elles cessèrent de chanter. Aria rouvrit les yeux, et s'aperçut avec satisfaction que son rubis étincelait de mille feux, rempli d'une puissance nouvelle. Un rictus malveillant se forma sur le visage de la sirène. Enfin, elles avaient retrouvé leurs pouvoirs d'antan et pourraient reprendre le contrôle de Canterlot High School...

— Allez, pas une minute à perdre, déclara la meneuse du groupe. Prenez tout l'argent que vous trouverez ; je m'occupe du reste.

Ses acolytes acquiescèrent et se jetèrent avec avidité sur la caisse. Adagio se glissa à travers la foule comme un serpent, se délectant de la scène qui s'offrait à ses yeux. Elle passait derrière chaque personne et lui effleurait l'épaule, ou faisait courir ses doigts délicats sur les cheveux de sa proie. Elle plongeait son regard améthyste dans celui des gens, les faisant immédiatement tomber sous son charme. Elle s'arrêtait parfois devant quelqu'un, et lui prenait le menton d'un air envoûtant. L'hypnose par la séduction était l'activité favorite de la sirène rousse, et elle ne s'en lassait jamais.

Pendant ce temps-là, Aria et Sonata dévalisaient la caisse. Elles s'emparaient de tous les billets et pièces qu'elles pouvaient trouver, et pas question de laisser le moindre centime. Lorsqu'elles crurent en avoir fini, la plus jeune des deux entreprit de fouiller sous le comptoir, là où elles n'avaient encore rien touché.

— C'est bon, Sonata, annonça la sirène aux couettes. Je pense qu'on a tout pris.

— Non, attends !...

— Quoi ?

Sous les yeux ébahis de sa sœur, la Dazzling bleue sortit du comptoir un portefeuille d'où dépassait une liasse de billets. Elle l'ouvrit, et vida tout son contenu par terre, avec une expression de triomphe et un sentiment de grande fierté l'envahissant alors qu'elle voyait le sourire d'Aria s'élargir de plus en plus.

— Je n'aurais jamais songé à regarder là... Bien joué !

Sonata jubilait. Elle avait enfin renoué les liens avec la sirène violette, et cela grâce à leurs nouveaux pouvoirs. Elle se sentit étrangement bien, tout à coup. Elle se rendit compte qu'elle avait beaucoup de chance de faire partie des Dazzlings, de vivre en permanence avec ses sœurs qui s'assuraient qu'il ne lui arrive jamais rien. Et elle ne voulait renoncer à cela pour rien au monde. La cadette du groupe s'aperçut qu'Aria avait rejoint Adagio, et elle s'empressa de l'imiter. Elle devina qu'elle avait tout raconté à leur chef, car cette dernière la dévisagea non sans satisfaction. Les trois acolytes se placèrent côte à côte, et aspirèrent l'énergie négative émise par tous les humains. Une fois terminé, leurs pendentifs étincelèrent.

— Bien. Maintenant, rentrons les filles, ordonna Adagio, une lueur maléfique dansant dans ses yeux. Nous avons bien avancé, aujourd'hui. Et finalement, nous n'avions même pas besoin de nourriture humaine, puisque nous avons à nouveau nos pouvoirs de sirènes. C'est parfait.

— Mais il nous reste encore tant de choses à faire... marmonna Aria.

— Tu ne crois pas si bien dire.

Les Dazzlings se dirigèrent vers leur maison, qui serait bientôt rénovée de fond en comble. En chemin, elles prirent soin d'ensorceler chaque passant qu'elles croisaient, avec une chanson dans la tête.

Oh-whoa-oh, oh-whoa-oh
You didn't know that you fell
Oh-whoa-oh, oh-whoa-oh
Now that you're under our spell...