Je te hais, Twilight Sparkle.

La Haine

La Haine. C'est une réaction chimique dans le cerveau, déclenchée à la vue ou la pensée de l'aspect d'une personne ou de quelque chose qui évoque un dégoût profond. Ou, plus simplement, détester quelque chose plus que tout au monde. Elle fait bouillir votre sang, vous donne la migraine, et fait tiquer vos yeux. Vous ne pouvez pas la supporter, peu importe les efforts que vous mettez pour comprendre que vous ne devriez pas y penser si négativement. Mais vous la ressentez, c'est tout.

Et personne ne peut rien faire pour vous empêcher de la détester à ce point.

Voilà ce qu'est la haine.

C'est ce que Fleur ressent en se levant chaque jour. Juste à cause d'une chose. D'une personne.

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Regardez-la...

Des yeux d’aigle se posèrent sur le petit ‘rat’ qui errait nerveusement dans les couloirs. Twilight Sparkle, la star de Crystal Prep et l’étudiante la plus brillante du monde, se tenait, toujours au même endroit, dans le hall, comme tous les matins. Sa salle privée où elle se séquestrait tous les jours ne serait pas ouverte avant une bonne heure, comme tous les jours. Fleur le savait parce qu’elle observait Twilight tous les matins. Et tous les soirs. Et encore les soirs où elle rentrait chez elle après les cours. Puis quand elle revenait le matin.

Juste à se tenir là...

Ses pupilles se contractèrent de colère, pour essayer de perforer la petite chose avec des dagues imaginaires. Comme à chaque fois, les dagues de Fleur ne réussirent pas à abattre Twilight Sparkle. Au contraire, elle ne réussit qu’à attirer le regard de la petite créature vers son vil assaillant. La petite ringarde se contorsionna dans une sorte de pose repoussante, alors qu’elle essayait de présenter ce que d’autres gens auraient pu appeler un sourire. La seule différence étant, que quand des gens normaux, comme Fleur, souriaient, ils avaient l’air... normaux. Lorsque c’était Twlight, c’était seulement le visage qu’une mère aurait pu aimer. Certains auraient pu dire que c’était mignon et attendrissant, le sourire de quelqu’un sans aucun ami au monde, mais faisant de son mieux pour en trouver un. Ces gens sont la mère qui vient d’être mentionnée.

Intello mal coiffée...

Fleur serra son poing qu’elle garda à ses côtés. La violence ne résoudrait pas ses problèmes... Même si elle y avait régulièrement recours sur Twilight. L’insulter dans les couloirs, la bousculer à chaque fois qu’elles se croisaient, ou encore cette fois où elle avait envoyé une balle de croquet dans les rotules de Twilight ; mais elle ne la frapperait pas. Non, elle était plus digne, elle se contenterait d’envoyer ses cheveux au visage de la pauvre petite chose puis s’en irait. Pour la snober. Bien entendu, Twilight soupira et se raccrocha aux lanières de son sac en signe de défaite. Une victoire sans faille.

Ressens-la, Twilight Sparkle. Ressens la haine sans limite que je nourris pour toi...

Dans la contemplation de ses victoires pour détruire l’air grenouille de bénitier de Twilght, Fleur manqua de peu la sonnerie indiquant que les cours approchaient de leur fin. Cela voulait dire que Twilight n’allait pas tarder à sombrer dans son antre, et que personne ne la verrait avant qu’elle ne rampe hors des ténèbres pour trouver à manger. Ça n’avait pas tellement d’importance au final. Fleur avait toujours quelque chose de plus important à faire que surveiller Twilight Sparkle. Et pour le moment, ce quelque chose amenait Fleur dans sa salle de classe, là où les gens normaux allaient pour apprendre.

Elle jeta un dernier regard vers cette crépue de Twilight Sparkle. Cependant, lorsqu’elle se tourna, elle vit la doyenne Cadance honorer la tanière de Twilight. La doyenne était trop gentille. Passer ne serait-ce qu’un moment en compagnie physique de Twilight dans le bus était déjà une torture pour les étudiants bien équilibrés, comme Fleur. Pourtant, elle était là, elle passait volontairement du temps avec cette ringarde. Certaines personnes avaient vraiment un cœur en or pur. Puis il y avait Twilight, dont le cœur n’était empli que de matière noire, ne cherchant qu’à absorber tout ce que le monde pouvait offrir de bon et de décent pour le détruire...

Cette pensée retourna l’estomac de Fleur et elle rejoignit l’endroit le plus éloigné de Twilight : sa salle de classe. Laquelle, soyons honnête, n’était pas si loin dans un sens spatial. Mais mettre des murs et des portes entre Fleur et la fille au cœur en matière noire était suffisant, jusqu’à ce qu’un ordre d’éloignement soit accepté par la cour. Pour une raison quelconque, les tribunaux continuaient à décliner les requêtes de Fleur demandant à ce que Twilight Sparkle se tienne en permanence à au moins cinq kilomètres de sa personne. Mais les tribunaux finiraient bien par comprendre son point de vue. Ils avaient juste besoin de voir Twilight comme Fleur la voyait.

C’est une personne horrible. Elle ne s’est jamais excusée pour le maillet qu’elle a cassé sur son genou...

Pour la première fois de la journée, comme approximativement tous les jours précédents, son esprit commençait à se libérer du pire objet de sa haine, sa pire ennemie. Fleur pouvait se concentrer sur son quatrième amour : l’éducation. L’éducation était derrière sa beauté mais devant le jardinage. Son premier et second amour variaient selon les jours. Un jour il s’agissait de haïr Twilight Sparkle et tout ce en quoi elle croyait, et d’autres, c’était sa famille. Bien qu’elle haïssait Twilight Sparkle plus que la vie elle-même, sa famille gardait une certaine importance... Mais parfois, un peu moins que si elle pouvait voir Twilight Sparkle tomber d'une falaise pendant qu'elle la filmait.

Mais voilà que cette pensée revenait. Twilight Sparkle. Même lorsqu’elle essayait de se faire une bonne éducation et se concentrer sur ce qui la rendait heureuse, il fallait que ce chignon vienne pour la gâcher. Il fallait qu’elle ruine toujours tout. Rien que penser à ce chignon sur cette tête d’ahurie rappelait à Fleur ce jour... Le jour où Twilight Sparkle avait ruiné sa vie et avait montré le monstre qu’elle était vraiment. Ce souvenir la brûlait au plus profond de son subconscient. Une brûlure si profonde, qu’aucun des thérapeutes et psychanalystes que l’argent pouvait acheter, ne semblaient pouvoir la raisonner.

Le souvenir de ce jour fut interrompu lorsqu’elle entendit un son lointain couvrir celui de ses pensées. A l’extérieur de la salle de classe. Sans demander l’autorisation au professeur ni même prononcer un mot, Fleur se leva et se dirigea vers la petite fenêtre qui donnait sur le couloir. Lorsqu’elle regarda, elle comprit immédiatement pourquoi ce son avait éveillé son attention si brusquement. Twilight Sparkle, petite rate de bibliothèque qu’elle était, était en train de marcher dans le couloir. En chantant.

En chantant dans le couloir. De toutes les choses qu’elle pouvait faire, elle était en train de chanter dans le couloir. Et pour une raison saugrenue, elle approcha son visage près de la fenêtre pour regarder dans la salle. Toujours en chantant.

Pour l’amour de...

Fleur ravala sa colère, comme elle le faisait toujours. D’un geste rapide et discret, elle fit tomber le rideau devant la fenêtre, empêchant Twilight Sparkle de regarder dans la pièce. La seule bonne chose qui ressortit de voir à nouveau son visage, était l’air dépité qu’elle fit lorsque Fleur rabattit le rideau. Ça suffisait presque à compenser le fait qu’elle ait eu à la voir. Presque.

Il faut toujours qu’elle chante dans les couloirs. Qui se met à chanter sans raison ? Twilight...

Même en retournant à ses cours, son esprit était asséné par les images de cette fille. Pendant des années, chacun des docteurs chez qui ses parents l’avaient envoyée, avaient essayé de diffuser cette haine qu’elle avait pour Twilight Sparkle. Ne serait-ce que pour l’aider à mieux se concentrer sur l’école, ses clubs ou encore se trouver un prétendant. Mais les flammes de la haine ne peuvent être noyées si facilement. Et la haine de Fleur comptait parmi les plus gros brasiers du monde. Un feu né d’une simple action quelques années plus tôt. Ce simple acte de trahison, de pure méchanceté, et autres vilenies que seule Twilight Sparkle pouvait faire naître.

Elle n’oublierait jamais ce jour... Ni comment Twilight Sparkle affichait la raison de leur querelle chaque jour.

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« Alors j’ai pensé, que peut être je devrais coiffer mes cheveux en une sorte de chignon. Qu’est-ce que tu en penses, Sugarcoat ?

— Je pense que tu m’adresses la parole parce que tu n’as pas d’autres personnes à qui t’adresser.

— Ça ne veut pas dire non ! Je me ferai un chignon demain et changerai le style de Chrystal Prep pour toujours.

— Oh, euh... Fleur, ça a vraiment l’air d’être une bonne idée, ça devrait être chouette.

— Tu penses, Twilight ? Peut-être que tu devrais essayer aussi un de ces jours. »

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Le lendemain même, elles étaient arrivées toutes les deux à l’école en portant ce qui était désormais la coiffure fétiche de Twilight Sparkle. Les flammes de la haine ne pouvaient pas oublier un tel acte si facilement. C’était d’autant plus vrai si l’autre continuait à porter cette même coiffure. Mais un jour viendrait où Twilight finirait par comprendre, à travers sa stupide, ringarde tête d’ampoule à chignon... Même si Fleur devait lui briser une autre rotule avec un autre maillet. Mais, pour le moment, les médisances et les bousculades suffiraient.

Car Fleur n’oublierait jamais le jour où Twilight la fit passer pour une ringarde.

Je te hais tellement, Twilight Sparkle...