Chapitre 3: La rencontre

De son coté, Generous Grapes faisait ses valises à contrecœur. Accompagné de son épouse, Crunchy Baguette, il boucla son sac.

« Il y a un train cet après-midi, on prendra celui-là, et on passera la nuit à l’hôtel. » Déclama la jument.

« Ça prend combien de temps d’aller là-haut ? » Grogna Generous.

« Trois heures et demie environ. » Elle sourit.

Le terrestre vert sourit aussi, et jeta un œil à sa cutiemark.

« J’ai hâte de retrouver ma cutiemark.» Son sourire s’effaça. « Et si Celestia n’y parvenait pas ? »

« Elle a forcément un moyen, chéri. » Le coupa-t-elle « C’est une princesse, elle sait presque tout. »

« Oui, mai -»

Un sabot bleu interrompit ses paroles.

« Comme disent les Shadokolts, tout problème à sa solution. Et si y’a pas de solution y’a pas d’problème. »

Ils rirent un peu et sortirent de leur petite maison, située au sud-ouest de Ponyville.

L’après-midi était douce, la brise soyeuse caressait les branches ondulantes des arbres de la ville. Quelques feuilles rousses planaient pour rejoindre le sol humide de l’automne, de grands nuages grisâtres s’étendaient à perte de vue, leur vol silencieux était accompagné de plusieurs pégases de l’équipe météo. Quelques équidés de toutes sortes déambulaient, faisant quelques emplettes aux petites boutiques de la rue. Le couple trottait tranquillement vers la gare, située plus au nord. Grapes avait mis une cape en feutre pour se protéger du vent et Crunchy s’était contentée d’une écharpe en laine couleur guimauve. Ils prirent donc le train, et trois heures et demie plus tard, ils furent arrivés à Canterlot.

Malgré la splendeur imposante de la ville, partiellement enfouie sous la montagne, même parfois réduite à des ponts au-dessus du vide, le tout orné de fantasques arabesques dont les couleurs harmonieuses s’accordaient aux saisons ; du vert clair, du jaune et du rose pâle pour le printemps, un vert plus sombre, un bleu roi sublime pour l’été et du gris, du bleu glace et quelques touches de rouge pour l’hiver, les poneys semblaient ne pas s’attarder sur ces sublimes détails, et marchaient d’un pas lent, le museau en l’air. Seul s’attardaient les touristes venus des quatre coins d’Equestria ou de Gryphonia.

Le début de l’automne avait recouvert la capitale d’orange, de brun et de bleu-gris. Nos deux poneys marchaient côte à côte, les yeux levés vers le château surplombant la ville, penchant au-dessus du vide, dont les mille tours bariolées se dressaient fièrement vers les cieux grisés de nuages. Ils franchirent les hauts-jardins royaux et se retrouvèrent aux grilles de l’immense bâtiment de pierres ciselées. Deux gardes veillaient sur l’entrée, leurs armures dorées reflétaient la faible intensité de lumière qu’envoyait le soleil voilé de nébulosités pluvieuses. Le couple expliqua la situation aux gardes qui les laissèrent passer.

Ils se dirigèrent vers la salle du trône, ou les princesses étaient installées. Celestia tenait un livre avec sa magie qu’elle posa en voyant les arrivants. Les terrestres s’inclinèrent et la princesse solaire leur demanda de se relever presque aussitôt.

« Je vous souhaite la bienvenue ici. Quel bon vent vous amène ? » Demanda-t-elle en souriant.

Grapes s’avança.

« J’ai retrouvé une cutiemark, mais ce n’est pas la mienne, malheureusement. » Dit-il. « J’espère que vous pouvez m’aider. »

Celestia prit un air surpris. Elle sourit et se leva gracieusement.

« Si vous voulez bien me suivre. » Dit-elle.

Les trois équidés entrèrent dans une salle aux murs recouverts d’étagères ou beaucoup de cristaux divers étaient entassés. Une petite table basse trônait au milieu, avec autour quelques coussins. Une grande fenêtre sur la gauche était entravée par de lourds rideaux rouge sombre. L’alicorne immaculée écarta les pans de tissu de sa magie et la lumière inonda la pièce.

« Veuillez prendre place, je vais chercher quelqu’un. » Proposa la princesse d’une voix calme.

Grapes et Crunchy s’assirent et elle partit, laissant la porte entrouverte.

Un peu plus tard, elle revint accompagnée d’un unicorne décharné. Grapes avait déjà vu des licornes, mais elles étaient souvent très propres, leur crinière soignée, leur pelage lisse et régulier, et ce cornu était vraiment petit par rapport à la plupart des licornes. Sa longue crinière partant du blond paille, passant au violet clair au bleu ciel vers les pointes, striée de mèches argentées, était attachée en une tresse qui lui tombait jusqu’à mi-patte. Sa corne était anormalement recourbée vers l’arrière, chose que Grapes n’avait jamais vu. Son pelage sale d’une couleur beige grisâtre laissait entrevoir ses côtes. Un pendentif en rubis flamboyant était lié autour de son cou. L’unicorne braqua son regard d’un bleu pur droit dans les yeux ambrés de Grapes. Gêné, Grapes lui sourit. Celestia s’avança dans la pièce.

« Je vous présente Shivering Quill, un des magiciens qui vivent ici. » Déclama-t-elle, avec un grand sourire.

Shivering hocha la tête.

« Mais la chose que je ne comprends pas, Princesse, c’est la raison pour laquelle je suis ici. » Dit-il.

C’est alors que Grapes remarqua la cutiemark de l’unicorne, qu’il reconnut tout de suite : la sienne !