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Souffrance immortelle

Une fiction écrite par La Furry.

Chapitre 1.

Je viens de sortir de la librairie où j'ai acheté un carnet. Sa couverture en cuir marron me plaît. Et il semble être solide pour tenir plusieurs années sans trop souffrir du temps qui passe. Une fois rentré dans ma boutique, je referme la porte et tourne la pancarte où il y a marqué “close”. Je remonte à l’étage et m'allonge sur mon lit.

Je l'ouvre, ses pages blanches seront bientôt noircies par mon récit, le récit de ma vie. Ma télékinésie soulève une plume dont je trempe la pointe dans un encrier.

Par où commencer ? Commençons par le début, oui c'est une bonne idée. Commençons par là où ma mémoire a encore ses souvenirs.

Ça fait si longtemps, combien d'années ?

Je suis né ? Ça fait si longtemps, je ne m'en rappelle plus. La seul chose que je sais, c'est que je devrais être mort, il y a bien longtemps. Enfin sous un point, je suis mort et à plusieurs reprises. Et de bien des façons. Pourtant, je me rappelle de mes vies. Mes anciennes apparences. Certaines de mes morts sont affreuses et cruelles. Et pourtant chaque détail est encré à jamais dans ma mémoire. Mes souffrances d'avoir perdu mes amis, mes parents, mes enfants. Pourquoi je ne meurs pas ?

J'ai tout tenté pour abréger ma vie, tomber d'une falaise, pendaison, même me faire dévorer par une créature. j'en ai encore des frissons à y penser. Quand les armes à feu existaient encore, j’en ai retourné une contre moi. Ça n'a rien changé, je me suis toujours réveillé. Il est vrai qu'utiliser une arme à feu enlève le mal de tête, mais je vous le déconseille.

Ma première forme ? Humaine... Oui c'est ça, j’étais un humain, un homme, un garçon. OUI ça revient. Je m’appelais à ce moment... Jen... Jérémie, oui c'est ça c'était mon nom. Jérémie. Mon travail ? Qu'est-ce que c'était au fait ?... Ah, oui, j'étais technicien... ça me revient... Nucléaire, voilà j'étais technicien nucléaire. Allez un petit effort, rappelle-toi. C’était en quelle année ?... 51, oui 1951. Ah quelle année et quels progrès que nous faisions en ces temps. Je devais contrôler le niveau d'énergie qui était développé par une explosion de l'un de ces engins. Quelle puissance ! Ah oui ça en avait. Ça s'était déroulé dans mon bunker à 6 km de l'explosion. Les vitres avaient littéralement fondu. Des vitres blindées n'ont pas supporté comme le reste de mon équipement qui avait brûlé à cause de la chaleur. Quand je me suis réveillé les docteurs m'avaient interdit de bouger. Ils semblaient surpris de me voir bouger et essayer de me lever. Quand les gradés son venus... comment peut-on dire ça ? Ils semblaient avoir un monstre face à eux. Oui c'est ça, j’étais un monstre à leurs yeux. Ils n'ont rien dit, ils m'ont remis des photos du bunker. Ça suffisait à expliquer... Des murs noirs, et des objets qui semblaient avoir fondu, brûlé autour des murs et à côté du bureau... du moins ce qu'il en reste... Un corps calciné. C'était moi. Ma première mort. Le médecin n'avaient aucune réponse à donner au fait que mes bras, jambes, organes s'étaient régénérés. Moi-même, je n'ai toujours pas de réponse. Ils ont dû me garder un ou deux ans dans une salle d'observation avant de me relâcher. J'ai retrouvé ma vie de civil, mon appartement dans les quartiers nord de Paris.

J'ai trouvé un travail dans une usine, trouvé l'amour. Quelle était son nom ?... Alice oui c'est ça. Et on a eu deux enfants, le premiers s'appelait… Gary et le deuxième... Julien. Ah que j'étais heureux... Puis tout à basculé. La guerre d'Indochine, et vu que j'étais réserviste, j'ai emboîté le pas, comme d'autres.

Ma deuxième mort. Elle a été rapide et indolore. J’étais le chauffeur du capitaine, je conduisais la jeep dans les chemins boueux de cette jungle inhospitalière, des soldats autour marchaient tant bien que mal, évitant de tomber, leur arme contre eux comme pour se réconforter. Une première détonation a pulvérisé la jeep qui était devant la mienne. Le capitaine a donné l'ordre d'ouvrir le feu quand une balle est venue se loger dans sa gorge. Un maréchal des logis est venu à lui pour lui donner des soins, il m'a ordonné de faire marche arrière... à ce moment, j'ai reçu une rafale de mitraillette. Quand j'ai rouvert les yeux j'étais avec d'autres corps sans vie entassés dans un fossé. J'ai attendu la nuit et j'ai fui la zone, recherchant des camarades qui auraient fui, survécu à ce carnage. Ma rencontre avec une mine m'a arrêté, c'était douloureux, j'étais encore en vie mais je n'avais plus de jambes. La déflagration de la mine a alerté des patrouilles vietnamiennes qui m'ont trouvé. Ils n'avaient aucune pitié pour ceux qui venaient dans leur pays. Aucun prisonnier, pas de survivant, il pointa son fusil vers mon torse, il n'a pas tiré, il s'est contenté d'enfoncer sa baïonnette dans mon corps.

Je suis mort un nombre incalculable de fois pendant cette guerre. Et vous les raconter prendrait beaucoup de temps. Bien après la guerre, un temps de paix s'est posé sur mon pays. J’étais retourné à Paris, mais je n'ai jamais revu ma femme et mes enfants. Je les observe de loin, ils n'auraient pas compris pourquoi j'étais là, on m'avait déclaré mort et elle avait refait sa vie avec un jeune bureaucrate. Ils étaient heureux, je n'avais pas le droit de leur faire ça. J'ai pris de la distance, j'ai visité d'autres pays, je m'y suis installé, j'ai appris la langue pour trouver un travail. A cette époque les gens ne posaient pas de question, ils se contentaient de nous donner un travail et un salaire et on repartait pour un autre village. C'était comme ça.

Un jour je suis arrivé au poste frontière, je ne me rappelle plus de quel pays c'était. Le garde m'a demandé ma pièce d'identité, et sans réellement réfléchir, je lui ai donné mes papiers. Il m'a regardé, puis a rigolé avant de me redemander mes papiers. Je lui certifiais que c'était ceux-là. Il calma son rire et reprit les papiers et me montra le calendrier 2015 ou c'était 2016 ? Bon tant pis. Il m'a dit de retourner en France, et m'a dit d’arrêter de prendre les papiers de mon grand-père ou ils m'enverraient en prison pour vol de papier et tentative d'entrer en zone non Europe avec des documents non valides. Sans m'en rendre compte plusieurs années avaient passé. J'ai fait demi-tour et j'ai pris la direction de la France. Est-ce que je prenais la bonne direction ? Je ne sais plus, ce que je sais, c'est que deux jours après un orage solaire a frappé la terre, la renvoyant dans l'âge de pierre. Tous les appareils électriques ne fonctionnaient plus.

La race humaine comme toutes celles qui vivaient à ce moment venaient de recevoir leur condamnation à mort. Vous vous demandez comment ? C'est très simple, notre électricité était fabriquée en majorité par des centrales nucléaires. Et si tous les systèmes électriques ne fonctionnaient plus à cause de l'orage, cela comprenait aussi les pompes de refroidissement des cœurs des réacteurs. Il devait rester 4 à 5 heures à plusieurs milliards d'individus à vivre. Pour le reste, cela mettrait juste quelques heures en plus avant que les retombées ne les tuent à leur tour. Par chance j'étais dans le rayon de l'une de ces centrales qui a explosé. Je n'aurais pas voulu mourir en vomissant mes organes et dans la douleur pire que la mort elle-même.

C'est à partir de ce moment-là, de ce nouveau réveil, dans cette apocalypse que j'ai réellement eu des changements. Certaines de mes articulations s'étaient inversées, m'empêchant de me redresser. Je ne ressemblais ni à un humain ni à une autre créature connue. J'étais seul dans un monde vide de vie, seules les ruines autour de moi me donnaient un sentiment de présence. Dans ce monde en ruine je suis mort à plusieurs reprises, glissement de terrain, ensevelissement sous les ruines de bâtiments qui m'emprisonnaient pendant plusieurs années à souffrir sous le poids des gravats jusqu'à ce que les gravats disparaissent à cause de l'érosion. Un jour, je me suis aperçu que ma forme changeait mais aussi, ce qui me caractérisait, que j'étais un mâle, je me retrouvais femelle, je ne vous raconte pas la surprise ! Enfin j'étais seul, la surprise n'a pas été partagée. La solitude a commencé a devenir lourde au point que je priais que la mort vienne me chercher, mais il semble que la mort avait disparu il y a bien longtemps.

Bien du temps est passé avant que quelque chose réussisse à pousser de nouveau. Et allez savoir pourquoi quand j'ai trouvé un champ d'herbe, je me suis affalé dessus et l'ai mangé aussi. Bizarrement je n'avais pas de faim mais je devais mettre quelque chose dans mon ventre. Peut-être l'envie de me sentir vivre, allez savoir. J'ai commencé à visiter ce monde qui renaissait devant moi, c'était silencieux, trop, après plusieurs mois ou années, j'ai complètement explosé. J'ai pété le dernier fusible qui me maintenait sain d'esprit. La solitude était trop lourde à porter, j'aurais donné n’importe quoi pour avoir quelqu'un avec moi. Mais j'étais seul. Un jour que je longeais une rivière, ça m'est venu à l'esprit. Si je me noie avec un bon poids pour me garder au fond du lit de la rivière je ne reviendrai pas. Mon idée en tête j'ai trouvé une bonne pierre bien lourde et il me fallait quelque chose pour m’attacher. Il y avait comme des palmiers avec les branches longues. J'ai réussi à tresser une corde, mes mains étaient encore là, même s'il ne restait que deux gros doigts ça me suffisait. Une fois fait, je me suis ligoté la pierre au ventre avant de sauter et me noyer. Je me suis réveillé à plusieurs reprises dans le lit de la rivière avant de mourir encore et encore.

Un jour, j'ai rouvert les yeux, j'étais couvert de terre sèche, la rivière avait cessé de passer par-là, ou elle s'était simplement asséchée. Je me suis relevé et me suis débarrassé de la terre, les cordes avaient disparu, seule la pierre était encore là où je m’étais noyé. Je me suis déplacé en constatant que mes mains avaient disparu, à la place, il y avait un ongle épais, un sabot ! J'étais quoi ? Déjà dans mes anciennes formes je ne pouvais pratiquement pas me tenir debout mais maintenant, je ne pouvais pas faire autrement que de rester sur les quatre sabots. J'ai marché un peu avant de retrouver le lit de la rivière qui s'était simplement déplacé de plusieurs mètres. Je me suis penché au-dessus de l'eau pour voir mon reflet. J'étais un cheval ! Un mâle de couleur marron et la crinière noire, rien de plus basique. J'étais fier d’avoir une apparence plutôt animale que les anciennes que j'avais eues. Je commençais à faire le beau, regardant mon reflet. C'est bête mais pour une fois, depuis longtemps, je désirais rester en vie. Allez dire ça à la créature qui m'a attrapé. La seule chose dont je me souvienne c'est mon reflet qui se modifia pour laisser deux rangées de dents acérées m'attraper le corps, et ce craquement... C'était horrible. Ce n'était pas la première fois, et ça ne serait pas la dernière fois où je me ferai croquer.

Quelques années ont dû passer où était-ce quelque mois, je n'avais pas vraiment de quoi me repérer, les saisons n'avaient aucune différence, un climat tempéré s'était installé et ne semblait pas vouloir changer. Ma vie se résumait à la pâture dans de grandes prairies où je pouvais surveiller tout ce qui m'entourait et fuyais comme la peste les rivières, quand la sensation de soif apparaissait je me trouvais un ruisseau où je pouvais me désaltérer. La vie était paisible jusqu'à ce je découvre le premier prédateur terrestre. C'était un soir après une journée à m'user les sabots, à galoper dans les plaines, je m’étais trouvé un coin tranquille à côté de rochers pour me protéger du vent glacial de la nuit. Une fois installé je me suis endormi très rapidement. Au petit matin je fus réveillé par des sortes de grognements, j'ai localisé le bruit des oreilles pour savoir où je devrais me mettre à galoper dès que j'ouvrirai les yeux. Le souci est que les bruits semblaient m'entourer. J'ai décidé de me redresser d'un coup peut-être que ça effraierait les créatures. Une fois levé, je regardai autour de moi, il n'y avait rien hormis des buissons et branches mortes. Ce qui me semblait assez bizarre ce n'était pas que j'avais rêvé des grognements, c'est que le soir quand je m’étais couché, il n'y avait pas ces branches et buissons. Je me suis rapproché pour regarder une branche à l'apex assez inhabituel, elle ressemblait à un animal à 4 pattes et une tête se trouvait à l'avant. Pourquoi se rapprocher de ça ? Peut-être parce que ça ressemble à une branche morte qui avait juste la forme d'un loup. Ma tête était assez proche et je remarquai que cette branche semblait avoir des yeux de couleur marron et le bout de la branche ressemble à une gueule où se trouvait une série d'épines qui ressemblaient à des dents acérées. Je ne sais pas si c'est son regard qui me fixait et qui me paralysait où si c'est une des autres branches qui m'entouraient qui m'empêchait de réagir. Le dernière son que j'ai entendu est le bruit que fait le bois mort quand on l'éclate, puis le goût du sang dans ma bouche est apparu.

Bien sûr comme depuis longtemps j'ai rouvert les yeux, ma réaction était semblable à un cauchemar, réveillé en sursaut et bien en sueur, je regardai autour de moi, je pouvais remarquer un peu plus loin les rochers où j'étais mort, les branche-loups avaient disparu. Seuls restaient des restes de mon corps par-ci, par-là, à cette vue, je n'ai eu de réponse, celle de mon estomac vide qui vomissait un liquide transparent. J'avalai quelques touffes d'herbes pour enlever ce goût de ma bouche avant de m’éloigner du carnage. Une fois éloigné, je pris un peu de temps pour voir et comprendre les changements de mon corps. Il semble que quand mon corps est trop endommagé, il se modifiait mais s'il n'était pas trop abîmé, il se réparait simplement. Au premier constat, mon apparence me surprit, j'étais de couleur bleue ! Quelle drôle de couleur pour un étalon, quand à ma chevelure de queue, elle était verte, encore plus bizarre. Il me semblait qu'il me manquait quelque chose pourtant, bah, je verrai bien plus tard.

Quelques heures plus tard, j'ai rencontré un groupe d'équidés, certains d'entre-eux avaient des couleurs qui ne semblaient pas normales. L'un d'entre eux est venu vers moi, quand il m'a vu, il poussait des hennissements, je commençais à reculer comprenant que c'était l’étalon dominant et qu'il ne désirait pas en voir un autre se pointer pour lui piquer ses juments. Il a réussi à me bloquer contre une paroi rocheuse, je commençais à avoir peur, il se collait à moi poussant des petits hennissements assez rapides, levant la patte et frappant le sol, je fermai les yeux, attendant le coup qui me serait fatal, mais il ne venait pas. Je sentis son museau passer le long de mon flanc, je relevai la tête surpris. Il venait de coller son museau sous ma queue je me retournais et lui balançais mon sabot dans le bas ventre. Il poussa quelques hennissements de douleur avant de me faire face et de me mordre l’encolure et de me coucher au sol. Je n'osais plus bouger, je comprenais que je ne gagnerai pas la bataille et je baissai la tête. Il se retira et poussa un hennissement vers ses juments qui se rapprochèrent et finirent par m’entourer. Je comprenais que je venais d'être accepté comme une de ses juments. Et merde, je sais ce qu’il me manque. Je ne me sens pas bien dans ce corps du coup.

Finalement je me suis adapté à ces changements de corps comme de sexe. Les mois ont passé puis les années, j'ai même eu un petit poulain, un petit mâle de couleur verte et sa crinière était jaune. Je dois vous avouer que ça m'a fait bizarre mais au final, c'était une formidable expérience de donner la vie. J'ai vu les mâles dominants se succéder avant que mon poulain prennent la tête du harem. J'étais devenu la matriarche et je veillais sur les jeunes.

Un soir pendant un orage, il y eut un feu de plaine qui s'était déclaré, je suis réveillé par les hennissements d'alarme que poussait mon fils, c'était la panique, tous les équidés galopaient dans tous les sens essayant de fuir les flammes qui commençaient à nous encercler. Au fur et à mesure que je galopais, je me suis retrouvé encerclé. Je ne pouvais pas passer au-dessus des flammes qui étaient bien trop étendues. J’étais bloqué et condamné à mourir brûlé. J'entendais les hennissements de mon fils qui m'appelait, je voulais tellement lui dire qu'il allait me manquer. Je ne serai sûrement plus la même à mon réveil et il ne me reconnaîtra pas.

A mon retour, le paysage était complètement apocalyptique, moins que celui que j'avais eu à voir après l'orage solaire. Le décor d'arbres brûlés et quelques corps de pauvres créatures qui avaient subi le même sort que moi, me plongea dans les douloureux souvenirs de mes anciennes vies. Je me relevai et me déplaçai pour quitter la zone. Des hennissements me sortirent de ma somnolence, il y avais le harem plus bas dans une vallée qui avait été épargné par l’incendie, je reconnus quelques juments et poulains, certains étaient brûlés mais sans gravité. Je commençais à m’approcher quand un étalon s'est placé face à moi, poussant des hennissements de colère. Il était prêt à me sauter dessus. Je reconnus l’étalon à la robe verte, c'était mon fils. Je fis un pas vers lui, il redoublait de hennissements puissants par à-coup tapant le sol du sabot. Je baissais le regard pour voir que mon corps était de couleur rouge. Je n'étais plus sa mère. J'ai fait un bond sur lui, le faisant vaciller et pris la fuite. J'ai galopé si vite, sans me retourner, toujours galopé, je ne voulais pas m’arrêter et regarder derrière moi, ça n’était plus possible.

J'ai dû vivre dans ce corps, plusieurs années, sûrement, le corps qui a survécu plus de 30 ans, je pense ou plus. Les saisons sont réapparues, doucement, le froid, puis la neige. Les saisons de nouveau présentes n'ont pas facilité la vie, surtout l'hiver. Vous avez déjà vu un étalon faire des glissades sur la glace ? C'est marrant pour ceux qui me voyaient me débattre et essayer de rester sur mes quatre sabots, mais pour moi c'était l'enfer. J'avais toujours eu la faculté de parler et je sortais tout mon dictionnaire d'insulte envers cette glace qui me faisait glisser. Enfin c'était quand même drôle quand j'y pense maintenant. Me voir les quatre sabot en l'air, j'en souris.

Plus j’avançais dans ce nouveau monde et plus mes corps rapetissaient au point qu'un jour je n’étais plus qu'un poney avec toujours des drôles de couleurs. A ma surprise, je commençais à rencontrer de plus en plus de poneys, certains émettaient même quelques bruits qui ressemblaient à un début de parole. Ils évoluaient et bientôt ils pourront parler. J'étais ébahi par leur facilité à attraper les branches des arbres avec leurs sabots pour prendre un fruit, moi qui me cabrais pour les cueillir, je me sentais bizarrement moins évolué qu'eux. J'ai essayé de faire comme eux mais il me semblait que mon corps était comme qui dirait, dépassé. Je n’étais pas mort depuis longtemps et donc mon corps était resté à l'ancienne génération sans évoluer. Je ne me sentais pas jugé d'être différent d'eux, donc j'ai continué à vivre comme ça. Les années passaient vite, et le fait qu'il y ait beaucoup de groupes de poneys me facilitait la survie. Dès qu'une créature sauvage apparaissait, l'alerte était donnée et on fuyait tous.

L’apparition de deux autre races fut assez dure. Ils ne supportaient pas les autres races et finalement des tensions sont terminées à ce qui ressemble à une guerre. Ce qui ma étonné, c'est que ces créatures ressemblaient à des êtres de légende ou de mythe, appartenant à l'histoire humaine. La première, c'était des griffons et la deuxième, c'était des licornes. Les griffons étaient dangereux car leur capacité à voler et plonger sur l'un d'entre nous pour nous attaquer. Ils avaient des serres à leurs pattes avants qui leur permettaient de nous porter des attaques mortelles. Les licornes prenaient les autres équidés pour des êtres inférieurs. Grâce à leur corne, ils pouvaient faire des choses qui nous étaient impossibles. J'ai fui cette zone de tension pour aller vers les plaines verdoyantes. Les collines qui m'avaient abrité pendant beaucoup d'année semblaient être inhospitalières, maintenant avec ces griffons et licornes. D'autres poneys ont suivi, on s'est installés et on a retrouvé un semblant de tranquillité.

J'ai rencontré la dernière race d'équidés légendaires de l’histoire humaine. Les pégases, c'était des équidés assez nerveux qui ont créé une armée, par chance hormis leur vanité, ils étaient plutôt calmes avec les poneys terrestres. Ils aiment être reconnus pour leur agilité et étaient prêts à se défendre contre les licornes et les griffons qui avaient la manie de venir sur les plaines pour nous chasser. Ça me faisait penser aux comportements humains, vouloir agrandir son territoire. Je ne sais pas comment les trois races de poneys se sont réunies, seuls les bouquins d'histoire pourront me l’apprendre, je devrais passer à la bibliothèque un de ces jours.

Un jour que j’étais poursuivi par un groupe de licornes, j'étais en train de monter une colline, l'orage de la veille ne m'aidait pas et souvent je glissais, par chance les licornes subissaient le même traitement que moi et glissaient, ce qui les énervait de plus belle. A ce moment l'une d'entre elle a compris qu'elle pouvait envoyer des attaques grâce à sa corne. Elle a commencé à me tirer dessus sans pour autant m'atteindre, le sol glissant la faisait se déséquilibrer. Elle a du créer quelque chose ou peut-être que la terre qui était gorgée d'eau n'a pas supporté le poids des poneys et un glissement de terre s'est produit emportant les licornes et moi.

Un nouveau glissement de terrain a dû me sortir, me laissant à sa surface. J'entendais des voix au loin, des personnes parlaient correctement, ça semblait être des secouristes. Je me pris à sourire, ça n'aurait été qu'un horrible cauchemar. Je vais rouvrir les yeux et voir autour de moi des hommes. Hélas, non, ce que je vis était un pégase et une licorne au-dessus de moi, la licorne essayait grâce à sa magie d'enlever la terre qui recouvrait mon train arrière. Une fois sur mes sabots, on me conduisit à un hôpital. Je ne disais rien, je rêvais les yeux grand-ouverts, combien d'années s'étaient écoulées depuis mon ensevelissement ? Les trois races d'équidés étaient en paix, une certaine avancée m'entourait, des services, des maisons et des objets qui n'avaient rien à faire dans un monde ou régnaient les équidés. Je ne comprenais pas et je n'étais pas au bout de mes surprises. Une fois dans la chambre d'hôpital je pris conscience de mon corps, je devrais répondre à des questions et si je ne sais pas ce que je suis, ça risquerait de me poser de gros problèmes. Je regardai mon reflet dans le miroir de porte de placard, j'étais de couleur vert menthe à l'eau, ma crinière était de même couleur avec une frange blanche. Et de toutes évidence j’étais encore une jument. Et par-dessus le marché, une licorne. Les traits de la race qui m'avaient poursuivie dans les collines où j'ai trouvé la mort semblaient m’avoir touché. De terrestre, j'étais devenu licorne.

Je n'avais guère envie de rester mais il semblait que j'étais bien la seule à avoir été découverte dans le glissement de terrain. J’espère que les questions s'arrêteront à mon nom. Oui mais quel nom leur donner ça fait bien longtemps que je n'ai pas eu de conversation, et comment donner un nom de « jument ». Une infirmière entra dans ma chambre et commença son auscultation, elle finit par me faire un sourire, elle ne semblait trouver rien d'anormal sur moi. Elle finit son travail et me posa la question tant redoutée. Quel est votre nom ? Je la regardai, cherchant quel nom lui donner, je regardai autour de moi mais rien ne me venait. Elle posa l'un de ses sabots sur ma patte avant et me sourit à nouveau. Elle me dit que c'était sûrement dû au choc et que ma mémoire allait sûrement revenir d'ici quelques heures ou jours. Je lui fis un signe pour lui dire qu'elle avait sûrement raison. Elle finit par se retirer et me laisser seule dans cette chambre. Je me levai et commençai mon inspection de la pièce, des armoires, des lampes qui fonctionnaient avec un cristal qui éclairait la pièce comme une ampoule. Ça faisait bizarre car les instruments que je voyais autour de moi ressemblaient à ceux que j'utilisais quand j'étais humain, mais ils ne se sont pas adapté pour être utilisés par des poneys qui n'ont pas de mains. Une idée vient de naître, je ne suis pas le seul à avoir survécu à ces années de douleur et solitude. Il y a, non j'en suis sûr, il y en a d'autres et je devrais les retrouver, mais comment faire ? Si je dis que je suis un humain, ils m'enfermeront à double tour avec des fous. Oui, il me suffira de faire quelques allusions et prendre des positions que seul un humain prendrait. Oui un jour j'en croiserai un autre comme moi. Un humain.

Il me reste le nom, mon nom que j'utiliserai pour vivre dans ce monde qui m'a accueilli.

Oui je viens de le trouver, je m’appellerai Lyra, Lyra Heartstrings.



Je viens d'entendre la porte de la boutique, ça dois être Bonbon qui rentre du marché. Je vais fermer le carnet et profiter des moments présents. Ma vie à Poneyville m'apprend beaucoup. Je le rouvrirai dans plusieurs années pour rajouter un nouveau chapitre de ma vie de poney. Il y aurai un moment triste encore à rajouter, j’espère pouvoir réussir à retrouver des humains.

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La Furry
La Furry : #42156
Hans02 septembre 2016 - #42060
Le concept est très intéressant, j'aime cette idée de découvrir plusieurs cycles et évolution du monde, et la narration est plutôt bien faite.
merci, sa fait plaisirs. est bien d'avoir quelque avis de personne différente.
Il y a 1 an · Répondre
La Furry
La Furry : #28737
Br0hoof08 octobre 2015 - #28735
Réédition de l histoire ? X)
Non, rien de cela. juste une erreur de ma pare. les autre chapitres arriverons avec les dernires chapitre qui conclurons l'histoire.
Il y a 2 ans · Répondre
Br0hoof
Br0hoof : #28735
Réédition de l histoire ? X)
Il y a 2 ans · Répondre

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