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Changeling at the door

Une fiction écrite par Ponycroc.

Vous me trouvez grosse ?

C'était la première fois que je faisais ça ! Les yeux rivés sur mon objectif, je posais les sabots exactement comme on me l'avait appris, de chaque côté du corps de la jument. Mon examinatrice était en train de m'observer, analysant chacun de mes gestes. Elle n'allait pas autoriser la moindre erreur, car cela pouvait devenir catastrophique, pour elle, moi et la jument qui était juste en dessous de mes sabots.

Je me mis à soulever mes quatre sabots chacun à leur tour, sentant les os de ma victime se mettre à craquer. Je devais faire en sorte de garder mon équilibre, tout en appuyant sur des points bien précis et en éviter d'autre pour ne pas blesser la licorne. Elle était aussi blanche que moi, si ce n'est que sa crinière mauve était coiffée de manière bien plus sophistiquée que la mienne. Au final, j'ai dû adopter l'uniforme de l'établissement et plaquer ma crinière noir et bordeaux grâce à un bandeau autour de ma tête. J'utilisais mes ailes pour éviter de mettre trop de poids sur le dos de la jument.

Je jetai un coup d’œil à mon examinatrice qui affichait un large sourire en me voyant appuyer sur les points de pression. Cette jument rose me faisait aussi peur que sa sœur. C'étaient des jumelles, mais en dehors de leur ressemblance physique, j'avais l'impression qu'elles savaient entendre la voix de l'autre dans leur tête. L'une commençait une phrase, et l'autre la terminait, la bleue me regardait, et c'était la rose qui avait le dos tourné qui me faisait une remarque.

Perdue dans mes pensées, je sursautai en retenant un hoquet de surprise lorsque j'entendis la ponette pousser un cri de douleur. Je descendis alors aussitôt de la jument, inquiète de lui faire encore plus de mal.

« D-désolée, j'ai dû marcher un peu trop fort sur votre colonne vertébrale… V-vous allez bien ? »

Mon examinatrice se précipita alors à son tour vers sa cliente.

« Miss Rarity, vous allez bien ? »

La jument allongée afficha alors un air grave avant de laisser peu à peu un sourire apparaître.

« Oui… je crois que ce n'était rien de bien grave. » Elle essaya de se relever, mais une vive douleur parcourut son corps en partance de son dos.

« Houlala, ne bougez pas Miss Rarity, je vais régler ça ! » Fit Aloe en panique en agitant les sabots dans tous les sens, ne sachant pas décider par où commencer.

« Je peux peut-être vous aider... » Proposai-je non sans savoir quelle serait la réaction de l'experte.

« Surtout pas ! Vous en avez déjà bien assez fait ! »

J'étais sur le point de lui demander de se calmer un peu, il n'y avait pas eu mort de poney après tout, mais au dernier moment, c'est la dénommée Rarity qui prit le relais.

« C'est bien aimable à vous darling, mais je préfère qu'une masseuse confirmée s'occupe de moi, en effet je dois prendre le train avec mes amies pour aller à l'empire de cristal et je ne peux pas me permettre d'être en retard. »

Je restai alors comme une potiche, regardant Aloe en train d'utiliser ses sabots experts pour retirer toute la tension des muscles de la cliente, elle frotta ensuite là où je devais lui avoir fait mal pour entendre la licorne blanche en train de soupirer de bonheur. J'aurais pu faire tout ça !

Au lieu de continuer à regarder ça, je préférai retourner à l'accueil, au moins là je pouvais me rendre utile en passant un coup de balai ou en remettant les produits de beauté et les crèmes en ordre sur les étagères. Je n'en étais jamais qu'à mon troisième jour d'essai et je craignais de plus en plus la réponse finale. Pourtant je n'avais pas fait énormément d'erreurs, j'avais fait tomber des flacons, cassé un miroir décoratif, j'avais aussi confondu un produit pour la crinière avec de la javel et maintenant, je venais de briser le dos d'une de nos clientes. Il n'y a pas à dire, ce n'était qu'avec un balai que je me sentais bien.

Pourtant je n'étais pas toujours comme ça. Je me souvenais quand j'habitais encore à Canterlot en tant qu'infirmière, l'erreur était rarement possible et je m'en sortais parfaitement bien. À quel moment étais-je devenue si empotée ? Non, je n'avais pas besoin de me poser la question, je connaissais déjà la réponse.

J'avais quitté mon travail d'infirmière, pourtant, je n'avais jamais voulu arrêter d'aider les poneys dans le besoin. Le travail à l'hôpital… on se posait beaucoup de questions avant d'agir. Par la suite j'étais devenue pharmacienne, toujours dans la capitale. Une petite boutique de quartier avec juste assez de clients qui me donnait assez de travail et de bits. C'était un travail qui me convenait plus. Plus de responsabilités, plus de pression, juste un inventaire à tenir en ordre et des écritures de médecin à déchiffrer. Le plus dur c'était les vieilles juments qui venaient juste pour discuter, mais repartaient presque à chaque fois les sabots vides.

Bien sûr, c'était devenu le pire quand j'ai eu droit à un invité surprise qui a débarqué dans ma boutique comme une tempête qui ravage votre chez vous.

« Ah Sugar Free, tu es là. »

Je me retournai pour faire face à Lotus, du moins j'espérais que c'était elle, je n'arrivais jamais à replacer leur nom. En tout cas j'avais une certitude, elle, c'était la bleue. Je ne savais pas si elle avait été voir sa sœur, mais j'étais certaine que même si elle ne l'avait pas fait, elle était au courant de ce qui s'était passé avec leur dernière cliente. En fait, je ne les avais jamais vues ensemble, si ça se trouve, elles étaient en réalité une seule et même personne. De mon point de vue ça semblait tout à fait plausible.

« V-vous vouliez me voir ? » Demandai-je sans cacher mon hésitation.

« Oui en effet, c'est au sujet de ta dernière… prestation. »

Bingo, j'en étais certaine, elle savait tout !

« En fait, moi et ma sœur, nous pensons qu'il serait préférable que la période d'essai s'arrête là.

-Ah bon, ça veut dire que je suis prise ?

-N-non, tu ne conviens pas à ce que nous recherchons. »

Je savais bien que ça allait se finir ainsi, c'est pourquoi je préférais utiliser un humour bête et spontané que de me retrouver à pleurer devant elle. J'étais certaine qu'ainsi, je n'allais pas pleurer… du moins je l'espérais.

« Juste par curiosité. » Commençai-je. « Pouvez-vous me dire ce qui n'allait pas dans mon travail ?

-Oh et bien c'est très simple en fait nous avons remarqué que tu étais trop lourde.

-QUOI !? » M'exclamai-je assez fort. « Vous êtes en train de dire que vous me refusez parce que vous me trouvez grosse ?… Mais c'est totalement faux ! » Dis-je en croisant les sabots pour camoufler tout le reste de mon corps.

« Ah si, nos clientes sont formelles, c'est la première fois qu'on les entend autant se plaindre avec des massages pachydermes. »

En même temps, quand on appelait ce genre de massage comme ça, c'était évident qu'on allait me prendre pour une grosse.

« Et bien entendu je n'ai pas à te rappeler la fois où tu as brûlé la crinière de madame Mayor Mare avec de la javel.

-Je crois qu'elle m'a pardonné après m'avoir donné une contravention pour coup et blessure.

-Quoi qu'il en soit, nous allons nous passer de tes services, nous te remercions tout de même pour ton aide durant ces quelques jours et nous espérons que tu trouveras un travail de ton ampleur. »

Je souris bêtement en hochant la tête alors qu'elle avait l'air d'insinuer encore une fois que j'étais grosse. Il était clair que je ne remettrai plus les sabots ici. Je quittai alors l'établissement en entendant la porte claquée derrière moi, c'était étrange, mais l'échec n'avait pas l'air aussi accablant. Pourtant ce n'était pas le premier dans cette ville. J'ai fait livreuse de lettre, malheureusement, on aurait dit que le plan de la ville avait été dessiné par une aveugle… J'ai essayé de devenir pégase météo, mais ce travail est beaucoup plus sélectif qu'on ne pouvait le croire, il fallait passer des tests physiques, psychologiques, d'orientation. Disons que je n'excellais pas pour la partie endurance, mais bon, heureusement la chef de l'équipe météo m'a dirigée vers une ferme pour un travail tout à fait différent. Je pensais que cueillir des pommes était à la portée du premier venu, mais au final, c'était bien plus technique. Il m'avait fallu moins d'une heure pour me fouler la jambe postérieure gauche simplement parce que je ne maîtrisais pas le coup de sabot sur les arbres. Même la propriétaire de la ferme m'avait conseillé un autre travail, dans un cottage près de la forêt Everfree. Ça semblait encore plus simple, entretien et soins des animaux, ça me convenait étant donné que j'étais une ancienne infirmière… Finalement, j'ai constaté que je n'avais pas un si bon contact que ça avec les animaux. Pourtant je m'entendais bien avec mon ancien chat… même si je l'avais abandonné.

Heureusement, j'ai pu aller le récupérer deux semaines après avoir quitté Canterlot. J'étais inquiète, mais en deux semaines, il avait pu chasser toutes les souris de mon ancienne pharmacie. En la revendant, j'ai pu me trouver une petite maison à Ponyville pour y fonder ma nouvelle vie. Pourquoi j'avais quitté un travail stable qui me convenait ? Simplement à cause du poney qui vivait avec moi. Car oui, l'invité surprise qui avait fait irruption dans ma vie comme une étoile en plein jour n'était autre que ce poney qui partageait ma vie.

Il s'appelait Unique. Un poney tout à fait banal au premier abord, un peu empoté même. Il avait du mal à comprendre ce que je lui disais au début, mais il a fini par vite s'adapter. J'ai tout sacrifié pour ce nigaud, mais au final, je ne regrette rien, j'avais fini par le comprendre, mais je voulais changer de vie. Seule, ça m'était impossible, je n'avais pas la volonté ni la raison pour me mettre dans une telle situation, c'est donc lui en moins de cinq minutes qui a décidé pour moi. Ça s'était fait comme ça, à l'instant même où j'avais croisé son regard.

Je fis un tour dans le marché de Ponyville, on y vendait principalement des produits alimentaires, mais aussi quelques vêtements, des chapeaux, des bijoux et encore des livres. Il y avait bien une bibliothèque, une bibliothèque dans un arbre, mais bien sûr on ne pouvait pas y acheter les bouquins.

Je regardai rapidement ce qui était proposé sur les différents étalages, et décidai de m'arrêter pour y prendre des cerises. Ce n'était pas particulièrement quelque chose dont je raffolais, mais je savais que Unique ne pouvait pas s'en passer. C'était le tout premier aliment qu'il avait goutté.

« Sugar Free ? »

Je me retournai vers la personne qui m'avait interpellée et constatai avec surprise qu'il s'agissait de mon ancienne employeuse, Applejack. Elle était facile à reconnaître grâce à sa robe orange, mais surtout à cause de son stetson qu’elle ne quittait jamais. Je m'approchai avec regret de son stand qui proposait encore et toujours des pommes.

« Bonjour, ma grande, j'vois que tu t'es faite engagée au spa. » Dit-elle en levant une patte pour désigner mon front. Je levais aussitôt mon sabot pour remarquer que j'avais oublié de rendre le bandeau qu'Aloe m’avait fourni.

« Ah euh… oui… oui en fait, ce n'est pas encore joué. » Mentis-je pour ne pas avoir à parler de chose qui ne la regardait pas. En effet j'avais pu constater que la famille Apple avait l'habitude de traiter tout le monde comme un membre de leur famille, mais est-ce qu'ils se sont déjà demandé si on avait envie d'en faire de même ?

« Eh ben j'te souhaite bonne chance, j'espère qu'tu s'ras prise… prends des pommes, elles vont te porter chance. » Ça, c'était exactement ce que je détestais chez elle, elle essayait toujours de me vendre ses fichues pommes, mais je n'avais pas intérêt à les insulter en face d'elle.

« Euh… oui, d'accord, tu peux m'en mettre une demi-douzaine, s'il te plaît ?

-Douze pommes, pas d'problème ! » Annonça-t-elle en se mettant à remplir un sachet.

« Oh euh… D-d'accord. » Elle savait parfaitement que je ne savais pas dire non, et pourtant, elle en profitait pour toujours me vendre ses stupides pommes.

« Voilà, allez, j'te souhaite de réussir ! » Dit-elle en me tendant mon sachet de pomme. Je l’avais pris en essayant d'afficher un léger sourire et me contentai de lui répondre :

« Oui, c'est ça... »

De toute façon, ce n'était jamais perdu, répétais-je en tête. Depuis que j'avais appris à Unique à se servir d'un éplucheur, il adorait m'aider à faire la cuisine en épluchant tout ce qu'il pouvait, c'est pourquoi je me retrouvais avec une réserve complète de pomme coupées en quartier et épluchées. Tant que ça l'aidait à s'occuper et éviter de le voir se mettre à ronger les pieds du lit, je ne pouvais que m'estimer heureuse.

J'évitais de parler de lui en général. Il faut dire qu'il n'avait rien en commun avec les autres poneys que je connaissais, mais c'était bien normal. En fait, c'était un changelin. Pas un simple changelin comme ceux qui avaient attaqué Canterlot lors du mariage princier… enfin si, il en faisait partie. Mais disons qu'il a eu quelques légers changements par la suite. Il était bien plus grand qu'un changelin normal, tout comme sa corne et ses ailes. Ses yeux ne ressemblaient plus à deux globes translucides, il avait des pupilles tout comme nous et des iris verts.

Selon mon avis, il n'avait jamais supporté ce changement, après tout, il avait été séparé de sa famille dans une ville qu'il ne connaissait même pas et qui était remplie de poneys qui le chassaient, ce n'était vraiment pas le moment de se questionner sur son identité. Je lui étais venue en aide parce qu'il me l'avait demandé, et je n'avais jamais eu une seule fois l'idée de l'abandonner. Pour moi, c'était quelque chose de naturel. Tout était une question de point de vue finalement, on avait jamais vu que des changelins nous attaquer, donc il était peut-être normal de ne pas se mettre à les attaquer en retour quand ceux-ci venaient à vous demander de l'aide.

Douce Celestia que j'avais dû lui en apprendre des choses. J'avais même eu l'impression d'être en face d'un poulain abandonné, on aurait pourtant du mal à le croire malgré sa taille. Comment se nourrir d'aliments normaux pour nous, la bonne manière d'adresser la parole à un inconnu, comment mettre la table, ne pas mâcher mes pantoufles et j'avais même du lui apprendre à se laver. Il m'avait informée qu'il faisait sa toilette avec sa langue avant de me connaître. Je trouvais juste ça dégoûtant.

Arrivée devant chez moi je ne pus m'empêcher d'étirer un sourire sur mes lèvres. Malgré tout ce qui pouvait m'arriver, je savais que Unique avait besoin de moi et que je lui serais toujours indispensable.

« Unique, je suis rentrée, ça a été à ton travail ? » Je n’eus pas de réponse. « Unique ?... » Répétai-je quelque peu inquiète.

D'habitude, je pouvais l'entendre dévaler l'escalier ou encore m'attendre devant la porte, car oui, il avait appris à lire l'heure et savait parfaitement à quel moment j'étais censée rentrer. Mais cette fois-ci, rien. Pas même une réponse de sa part pour me dire où il se trouvait. Je me dirigeai jusqu'au salon pour le voir étalé complètement au sol.

« Unique ! »

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IGIBAB
IGIBAB : #30650
Je suis pas fan du Slice of Life, mais pourquoi pas.
J'ai juste eu du mal avec le passage du flashback, lors du retour au présent. J'ai mis 2 lectures à comprendre que la réplique de Lotus marquait la sortie du flashback. Mais je pense que c'est à cause de la mise en page du site qui a dû casser la séparation que tu avais faite. Dans un livre, avec un changement de paragraphe, ça serait passé.
Voilà voilà, t'as demandé mon avis, au moins je te le donne maintenant, vu que je suis pas sûr de continuer la lecture.
Il y a 2 ans · Répondre

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