Dans un silence de mort, la batpony violette dégagea l'une de ses mèches de crin rouge pour avoir la vue dégagée vers le portrait qu'elle était en train de peindre. Sa palette de couleur dans un sabot, le pinceau dans l'autre, elle pensait à toutes ces couleurs si sombres qui occupaient leur quotidien. Leur chambre, ainsi que celle de Luna était toujours baignée de la douce lumière de l'astre lunaire, offrant ainsi de légers reflets bleutés à leur environnement.
L'atelier de l'ancienne artiste ne dérogeait pas à cette règle et la grande fenêtre qui donnait une vue ascendante sur la ville de Canterlot ne lui offrait pourtant que l'éclairage froid et morose de la lune. House aurait pourtant voulu être baignée dans les couleurs chaudes des rues de la capitale. Chaque saison avait un impact sur le décor et restait la seule manière pour la jument de différencier chacune des nuits où elle se relevait.
Leur décor était froid, monotone, statique. Il leur était tout simplement identique. Dans dix ans, comme dans cent, ils resteront inchangés, immortels, pétrifiés dans leur corps, incapables de vieillir, comme de mourir.
House fronça les sourcils en observant son travail, non, elle n'était vraiment pas satisfaite de son œuvre et aurait été prête à jeter cette croûte si son modèle n'était pas allongé sur le canapé, toujours endormi. S'il se réveillait, elle avait intérêt à avoir de quoi le tenir.
Son environnement n'avait rien à voir avec l'atelier où elle avait l'habitude de travailler avant le changement, et ces modèles non plus. Ceux-ci étaient comme elle, comme la lumière lunaire : froid, juste un reflet de l'éclat solaire, un reflet de la véritable vie.
Reportant son attention sur son pinceau, elle le trempa dans les couleurs de la palette pour terminer les dernières teintes mauves du flanc de l'étalon, exactement là où aurait dû se trouver sa marque. Ils avaient dû abandonner bien des choses pour accéder à cet ersatz de vie… Heureusement que la monotonie était plus un luxe qu'une habitude.
Bien qu'un lien faisait en sorte que les rapports entre les batponies soient toujours des plus… approfondis, il pouvait toujours y avoir des tensions entre les membres de ce groupe si bancal. On ne compte plus les disputes entre Punk et Jazz, même si elles s'entendaient bien la plupart du temps, il y avait toujours quelque chose pour qu'elles tombent en désaccord, et étant donné le caractère têtu de ces deux idiotes, la situation risquait à chaque fois de virer au bain de sang. Blues était souvent sur le dos de tout le monde, mais en général, c'était pour les protéger comme pour surveiller les problèmes de chacun. Ironiquement, c'était aussi l'un de ceux qui agaçaient le plus ses camarades étant donné son désir de faire régner le règlement militaire quant au port de l'armure. Et bien sûr, il y avait Funk… quand il avait envie de casser les sabots de quelqu'un, il restait le plus fort, même Opera la plus calme de tous était déjà arrivée à ses limites en sa compagnie.
Reculant d'un pas pour visualiser son travail ainsi que son modèle, elle se mit à pincer les lèvres en jugeant le résultat comme vraiment médiocre. Peut-être que c'était son avis sur Grunge qui interférait avec son jugement, mais de toute manière, elle ne pouvait rien n'y faire, Grunge restait un blocage pour elle.
Et justement, c'est ce moment précis que le batpony choisit pour se mettre à remuer dans son sommeil. House le savait, il n’était pas en train de dormir réellement depuis tout ce temps. Elle le savait pour avoir expérimenté personnellement le sort de Luna, un soir où la jument s'était mise à avoir une crise d'angoisse pour une histoire depuis bien longtemps terminée…
Ouvrant brusquement les paupières, Grunge resta immobile un long moment, comme se remémorant les souvenirs qui avaient hanté ses songes. Secouant rapidement la tête, il porta son regard vers House.
L'idée qu'il se faisait de l'artiste était toute différente, en réalité, il n'avait jamais réellement su qui elle était. Ils étaient arrivés dans la garde lunaire quasi en même temps, Grunge était le premier après Funk, et House le succédait de seulement deux semaines.
« Si tu t'es remis, j'aimerais pouvoir continuer de travailler au calme. » Déclara House en pointant la sortie de son pinceau pour lui intimer de partir.
Mais le batpony aux yeux verts ne semblait pas de cet avis et fronça les sourcils avant de se redresser et de planter son regard dans celui rouge de la jument. Puis, il se releva lentement, encore quelque peu groggy. Il dépassait d'une tête House. Personne n'avait jamais entendu le son de sa voix, il restait muet et on ne savait pas si c'était par choix ou simplement parce qu'il ne le savait pas. Pourtant, il semblait plus intelligent que Punk et cette dernière savait presque aligner une vingtaine de mots sans lancer une insulte, et elle savait même lire… House gardait cependant quelques doutes.
Étrangement, personne n'avait jamais eu besoin d'entendre sa voix pour le comprendre, en plongeant leurs yeux dans les siens, ils arrivaient toujours à comprendre ce qu'il voulait leur dire. Néanmoins pour la première fois, House ne semblait pouvoir décrire ce que l'étalon mauve essayait de lui dire en la scrutant du regard.
Grunge fit un pas en avant, ce qui en fit aussitôt faire un en arrière à la de la batpony violette.
« N'approche pas Grunge ! Va-t'en, s'il te plaît... » Dit-elle, hésitante.
L'étalon sembla réfléchir un instant, et se mit à observer la pièce. De nombreux tableaux avaient été accrochés au mur, tous étaient des œuvres de House. Certains étaient des paysages qu'elle avait l'habitude de faire la nuit, quand il n'y avait plus que l'éclairage de Canterlot pour faire vivre la ville. Elle les prenait de différent point de vue : depuis une fenêtre du château, sur un nuage, ou même au beau milieu de la grande place de Canterlot lorsque l'heure était la plus tardive.
Elle avait même fait un portrait de chacun des membres de la garde lunaire. Tous étaient plus atypiques les uns que les autres. Funk comme Punk affichaient de larges sourires et n'avaient pas pu tenir en place plus de trois minutes sans trépigner en se demandant pourquoi ça n'allait pas plus vite. Certes House aurait pu utiliser sa vitesse surnaturelle pour terminer les tableaux bien plus vite, mais ça n'était pas faire preuve de rigueur que de se presser lorsqu'on utilisait de la peinture. Jazz et Disco avaient des couleurs un peu plus vivantes, l'une avec ses yeux rouges, et l'autre avec son aspect et sa robe si clair et jovial qui contrastait étrangement avec ses yeux d'un gris bleu. Grunge avait gardé un air passablement neutre sur son portrait, qui rivalisait avec Opera et même Blues qui avait gardé une stature militaire… on aurait pu le confondre avec une statue quand il avait pris la pose face à la peintre.
House n'avait pas encore pu en faire un de Luna, car trop intimidé par l'alicorne à chaque fois qu'elle posait son regard sur elle. La batpony aurait bien voulu que cette dernière adopte une pose qui la rendrait ainsi moins impressionnante, mais elle se refusait à imposer quelque chose à la régente lunaire…
Pour elle, un portait d'une des alicornes aurait été une réussite dans sa carrière lorsqu'elle était encore une simple pégase, et voir cette occasion se présenter à elle aussi simplement que ça, alors qu'elle n'avait toujours pas fait ses preuves dans le monde de l'art, avait tout pour lui faire se sentir privilégiée. Mais elle ne méritait pas ça. Cela faisait trois ans qu’elle faisait partie des batponies, c’était la troisième plus âgée, et pourtant, elle restait l’une des plus discrètes, n’osait jamais passer trop de temps avec Grunge, et était toujours intimidée par Luna.
Le batpony mâle fit à nouveau un pas vers elle, et la jument ne put que sursauter avant d’essayer de paraître la plus impassible possible.
« Stop ! » Tonna-t-elle en levant un sabot entre eux.
Grunge n’était plus qu’à cinq bons mètres d’elle. Ce n’était certainement pas suffisant quand on savait la vitesse avec laquelle il se déplaçait. L’étalon la regarda alors en fronçant les sourcils, mais la ponette n’allait certainement pas le laisser faire. Elle présenta son pinceau qu’elle venait de tremper dans ses couleurs et le pointa devant le tableau.
Il renâcla bruyamment en secouant la tête avant de se mettre à avancer vers elle. House traça alors une ligne de peinture rouge sur le tableau de l’étalon allongé sur le grand fauteuil. Ce dernier se mit alors à siffler de douleur, car, comme sur le tableau, son museau affichait une trace rouge causée par la plaie qui venait de s’ouvrir à l’endroit exact que l’artiste venait de désigner sur son œuvre.
« Il va falloir te calmer mon grand ! » Prévint-elle, le pinceau dirigé vers l’encolure du poney dessiné.
Grunge se mit à grogner, un bruit inéquin était en train de sortir de sa bouche quand il se propulsa à toute vitesse contre la peintre. Cette dernière rabattit son pinceau sur le tableau pour y tracer un nouveau trait. Le batpony s’écroula alors pitoyablement au sol en glapissant de douleur quand une gerbe de sang explosa au niveau de son cou. L’ancienne pégase crut pouvoir se détendre, mais les grondements sourds que faisait l’ancien terrestre ainsi que le regard brûlant qu’il lui lançait la prévenaient d’un danger imminent. Et quand elle le vit se mouvoir pour se relever, elle exécuta de nouveaux tracés sur son tableau à chacune des pattes du batpony pour voir le modèle s’écraser à nouveau au sol, du sang coulant juste au-dessus de chacun de ses sabots.
House se sentait étrangement euphorique après avoir ainsi utilisé son pouvoir. Ses modèles pourtant si fades se mettaient tout à coup à ressentir les choses, à prendre vie. Néanmoins, elle ne cachait pas un certain mépris pour l’émotion qu’elle ressentait actuellement. C’était enivrant de faire du mal, et c’était bien ça qui était dangereux. Elle se pencha alors juste en face pour qu’il puisse bien la voir. Plus aucune émotion ne transparaissait sur son visage, elle était devenue aussi froide que ses tableaux, et l’étalon le ressentait bien.
C’était d’ailleurs cela qui le dérangeait depuis tout ce temps. Cela faisait trois ans maintenant qu’il était ici, avec elle, et pourtant, ils ne parlaient pratiquement jamais ensemble. Oh, il était au courant qu’il n’était pas simple de faire la conversation avec lui, pourtant, ça n’avait jamais été un frein pour les autres batponies.
Il ne comprenait pas pourquoi House le fuyait aussi vivement que cela. Cela l’énervait, pourtant, il n’avait jamais réussi à se mettre en colère contre elle. Encore ce soir, il ne se sentait pas en colère contre elle, mais sur le fait qu’elle essayait encore de le repousser. Il n’y avait que quand il laissait le monstre prendre place dans son corps qu’il était prêt à affronter la jument qui utilisait ses tableaux pour se défendre. Il se mit à puiser à l’intérieur de son corps, recherchant encore les traces de la chose qui avait fait ainsi peur à la batpony.
« Grunge, va-t’en ! » C’était-elle qui venait de dire ça, à quelques centimètres de son visage. En premier lieu, il aurait obéi à la jument sans discuter, il l’aimait trop pour aller contre sa volonté. Pourtant, il n’en fit rien et continua de chercher à l’intérieur de lui, la force nécessaire pour s’affranchir des désirs de la jument. Elle lui cachait quelque chose depuis trois ans maintenant, il voulait des réponses !
En sentant un grondement venir racler le fond de sa gorge, il comprit rapidement que sa part sombre était en train de se réveiller. Il ne lui fallut pas plus d’une fraction de seconde pour surprendre la jument en lui sautant dessus pour la renverser en arrière et la plaquer au sol. Il fit alors peser tout son poids contre elle pour l’empêcher de se relever. Bloquée et à sa merci, le batpony se mit à continuer de grogner en rapprochant ses mâchoires du visage de House.
« N-non, Grunge, s’il te plaît, je t’en supplie, ne me fait pas de mal. » Se mit-elle à geindre en plaçant ses sabots entre elle et lui en pur geste de soumission. Le batpony poussa un sifflement, ce qui la fit replier ses pattes contre son torse et ainsi mieux voir ce qu’il faisait. Il s’était tellement penché sur elle qu’il n’y avait plus qu’un centimètre entre leurs deux museaux tandis que leurs yeux se scrutaient.
« Qu-qu’est-ce… qu’est-ce que tu veux ? » Articula-t-elle difficilement les dents serrées.
« Qu’est-ce… que tu… me caches ? » Dit-il d’une voix rocailleuse qui semblait faire trembler tous les murs du château. Sa voix se répercuta dans chaque recoin du crâne de la ponette qui se plaqua les fers contre les tempes en espérant atténuer la douleur, mais les mots que venait d’utiliser l’étalon raisonnait encore bien clairement dans son esprit.
« R-rien du tout… je ne te cache rien Grunge ! » Tenta-t-elle de dire en paraissant le plus neutre possible, mais le regard du mâle lui fit rapidement comprendre qu’elle venait d’échouer.
« Tu mens ! » Il n’avait pas hurlé, pourtant, sa voix était assourdissante et une vive douleur se fit sentir dans les oreilles de House, elle colla ses sabots pour rabattre ses oreilles contre son crâne, mais elle n’arrivait pas à se couper des paroles de l’étalon.
Elle avait mal, et Grunge détestait la voir souffrir. Il regrettait avoir laissé le monstre prendre place dans son corps et ainsi user de son pouvoir contre quelqu’un, et surtout, contre elle. Il ferma la bouche en se promettant de ne jamais plus l’ouvrir pour utiliser sa voix. House gardait toujours les pattes plaquées conte sa tête. Il imaginait sans peine la douleur qui devait courir dans tout son corps et se sentait désolé pour elle.
Quand la jument reprit enfin son calme et que la voix ne sembla plus se faire entendre, elle ouvrit les yeux en poussant un long soupir. Ses membres étaient engourdis, comme quand elle se relevait en début de soirée, mais ce qui la perturbait le plus, c’était le regard que lui lançait l’étalon. Comme tous les autres batponies, elle avait appris à comprendre les messages qu’il envoyait d’un simple regard, pourtant, elle n’arrivait pas à déchiffrer l’émotion qui transparaissait sur son visage. Elle ne pouvait dire s’il était désolé, ou déçu d’elle.
Il s’écarta alors légèrement d’elle et s’assit en attendant qu’elle reprenne son calme et qu’elle se relève, ce que fit la jument en gardant un air perplexe dans les yeux. Grunge revint alors sur elle et passa sa tête contre l’encolure de la jument qui ne fuit pas son étreinte, tout le contraire. Sans qu’il ne puisse rien faire, il sentit une larme glisser lentement de sa joue pour venir s’écraser sur l’épaule de sa camarade.
House ne put réprimer un sourire en continuer de presser le corps du batpony contre le sien. Ils étaient tous comme ça. Incapable de se contrôler, et plein de remord quand le mal venait de passer. Elle ne pouvait pas lui en vouloir, elle aussi s’était déjà plus d’une fois sentie submergée par le monstre qui était en elle. C’est pourquoi elle se contenta de rassurer Grunge, lui faire comprendre que tout ceci n’était rien, qu’elle n’irait pas lui en vouloir pour ça.
Néanmoins, elle sentait quelque chose s’installer entre eux. Elle commençait à comprendre l’affection que lui portait le poney muet et tout ce temps où elle l’avait tenue à l’écart n’avait fait que le sentir repoussé. Elle se devait de lui dire la vérité, après tout, il savait qu’elle lui mentait, et continuer de lui cacher les choses ne ferait que provoquer un incident du même genre.
Elle écarta lentement la tête de l’étalon pour pouvoir apprécier ses yeux d’un vert intense qu’il portait si bien avec sa robe mauve. Un sourire se dessina sur son visage à lui comme au sien. C’est alors qu’elle dit : « Je suis arrivée ici seulement deux semaines après toi. Mais… je t’avais déjà vu une fois avant que nous ne devenions… » Elle fit un geste du sabot pour désigner leurs ailes avant de prendre la patte de l’étalon entre les siennes comme pour toujours rester en contact avec lui. « à l’époque, j’étais venue à Canterlot avec des étoiles dans les yeux, je voulais devenir une grande artiste, et la seule chose qui comptait pour moi, c’était d’avoir mes œuvres exposées dans une galerie dans la capitale. Je me suis vite rendu compte à quel milieu je me frottais. C’était des poneys impitoyables, froids, calculateurs rien n’avait de véritables valeurs, juste un prix. Malheureusement, les prix avec lesquelles ils jugeaient mes œuvres étaient bien insuffisants pour me promettre à une véritable carrière d’artiste à la ville du jour et de la nuit. C’est pourquoi j’ai dû me reconvertir le temps de trouver les bons contacts. J’avais compris que pour devenir quelqu’un ici, peu importait le travail, il suffisait de connaître les bonnes personnes, et le tour était joué. Pour te dire, à l’époque, j’étais quelqu’un de déterminé et prête à tout pour mon rêve… C’est pourquoi j’ai fini par rencontrer un étalon. Une licorne qui s’appelait Fantasy Cider et était un neveu d’un grand critique d’art. » Le regard que lui lança Grunge fit rouler les yeux rouges de la jument. « Je sais, ce n’était pas très remarquable de ma part, mais je te l’ai dit, j’étais prête à tout ! Tu sais combien de poneys viennent à Canterlot chaque jour dans l’espoir de devenir des artistes confirmés ? Je peux te dire que la liste est très longue, et la plupart ont un talent de fou ! Pourtant, seules quelques personnes pourront accéder à la postérité et ne pensent pas forcément voir les meilleurs ressortir. Ce métier est comme tous les autres, le travail n’est pas tout, il faut aussi se faire remarquer, et pour ça, il n’y a pas mille manières. » Elle fit une pause dans son récit comme pour reprendre son souffle. Grunge était resté immobile en l’écoutant le plus religieusement possible. « Pour Fantasy Cider j’étais une simple courtisane, une jument qui ne s’intéressait à lui que pour son argent, la vérité n’était pas loin, et mon objectif était de pouvoir rencontrer son oncle pour avoir l’occasion de faire mes preuves. Fantasy était un jeune étalon riche qui dépensait chaque soir pour son bon plaisir. Soirée privée, jument, boisson, et j’en passe, tout était bon à faire tant que ça coûtait de l’argent. Et un soir… » Elle replaça une mèche de son crin qui était placée devant ses yeux. Grunge la scrutait un sourcil levé, comme attendant la suite de l’histoire. « Il était revenu d’une dispute avec l’un de ses parents et avait décidé de faire une fête pour se changer les idées… Il avait invité tout le monde à boire, même les étalons qui devaient tirer son chariot pour le retour… » Elle avait du mal à poursuivre et Grunge sentit comme un poids enserrer son cœur. « Ça s’était passé deux semaines avant que je ne sois trouvée par Luna… il n’arrêtait pas de hurler dans son chariot pour que les poneys courent plus vite. Après avoir tourné à la rue des Carnes, on est arrivé près de la fontaine de canterlot… Je ne sais pas si c’est les hurlements de Fantasy, la faible lumière, ou l’alcool… Mais ils n’ont pas réussi à… » House agitait les sabots comme si elle voulait continuer avec des signes, elle était incapable de dire ce qui s’était passé, mais dans son esprit, l’image était encore bien claire, elle avait vu Grunge se faire renversé par le chariot. Le plus étrange, est qu’il ne semblait pas s’en souvenir. Il est vrai que quand Luna les changeait en batpony, leur mémoire mettait un temps avant de revenir complètement, mais on aurait dit que Grunge n’avait jamais été au courant.
House sentit les larmes brouiller sa vue alors qu’elle plaça un sabot devant sa bouche. Cela faisait trois ans qu’elle avait tenu le secret, de peur de la réaction du batpony, mais maintenant, elle était triste de ne pas lui avoir dit plus tôt, lui avoir caché sa mort. Elle renifla bruyamment en baissant la tête, incapable d’affronter son regard. Elle sentit néanmoins un sabot se poser sur ses épaules pour ensuite venir la tirer vers lui. Grunge posa ensuite sa tête sur celle de l’artiste et poussa un étrange gémissement.
« Désolé, pardonne-moi Grunge, je ne voulais pas que ça t’arrive… je voulais descendre pour venir t’aider, mais Fantasy Cider m’en a interdit en me menaçant de me pourrir l’existence pour que je ne devienne jamais une véritable artiste. »
Le poney mauve utilisa un sabot pour relever la tête de la jument pour qu’elle puisse plonger les yeux dans les siens. C’était son unique moyen de communication, et il n’était pas pratique quand la personne en face ne le regardait pas. Son regard était interrogateur, il n’y avait aucune haine, aucun reproche, on aurait dit qu’il voulait davantage de réponses, et celles-ci semblaient concerner la jument. House s’empressa de continuer.
« Fantasy est devenu parano après cette histoire… Il continuait de boire et devenait violent. Moi, je restais avec lui, pour mon rêve. Mais un soir, alors qu’il avait encore plus bu que d’habitude, et que je le menaçais de tout raconter s’il ne se calmait pas, il en est venu à me frapper… Fort, de plus en plus fort. Au dernier moment, Luna est arrivé. »
Elle s’en rappelait encore, et racontait cette histoire sans peur, sans peine, sans la moindre tristesse. Lorsqu’il s’était mis à la frapper, elle avait reçu les coups en hurlants jusqu’à ce que sa voix ne s’épuise à force de recevoir les coups. L’alicorne lunaire était alors entrée avec fracas et enferma la licorne dans une chambre pour venir emporter House.
L’artiste ne vit plus le jeune étalon riche jusqu’au jour où elle décida de lui rendre une petite visite. C’était un mois après son changement, et Luna avait accepté à une seule condition : qu’elle l’accompagne. Elle se souvient encore de la tête que faisait l'étalon quand il l'a vit accompagné de la princesse Luna… Un grognement interrogatif sortit de la bouche de Grunge qui la regardait l'air inquiet.
« Ne t'inquiète pas, il ne peut plus me faire de mal maintenant… » Rassura-t-elle d'un ton étrangement froid. House dû s'en rendre compte, car elle secoua rapidement la tête avant d'arborer un sourire chaleureux à l'intention du batpony. « Tout ce qui compte pour moi Grunge, c'est que tu me pardonnes… j'ai passé trois ans à te cacher la vérité et je m'en excuse encore, mais la décision te revient. » Elle n'eut pas le temps d'attendre la réponse que l'étalon mauve se précipita sur elle en la faisant basculer en arrière.
House se mit à éclater de rire, son cœur venait d'être libéré d'un poids et un camarade qu'elle n'avait cessé de fuir pendant tout ce temps décidait de lui pardonner, comme s'il ne s'était jamais rien passé. Peut-être qu'il avait réellement perdu une partie de sa mémoire après tout. Cela restait étrange selon la jument, mais elle ne s'en faisait pas trop, elle n'en avait pas l'air, mais elle savait se défendre, et ce n'était pas Fantasy Cider qui pouvait dire le contraire.
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Toujours aussi crocante (tom tom tchiii) t'es fanfic :)
PS: oui tu a raison, le suivant "rattrape le tout"! ^^
mais cela me fait un peu penser aux pouvoirs de Black Bolt ^^
Ce n'est qu'une ressemblance après ses pouvoirs son peut être très différent.
@cedricc666 : merde, moi qui pensais que ce chapitre était bien moins sombre que les autres, ne t'inquiète pas, le suivant rattrape le coup ^^.
@NightMare : Je trouve que le vaudou c'est vraiment cool. Ça a une foutue ambiance, et tout un folklore qui parle de cette magie. Par contre, le pouvoir de Grunge est bien plus OP, même si je n'ai pas vraiment eu l'occasion de le montrer complètement. Ce personnage est bien mieux muet, mais disons qu'il sait l'ouvrir quand il le faut.
Et pour la furry que je ne peux pas notifier : Oui, Grunge cache encore un ou deux petits détails, cela dit, ce n'est pas vraiment sa faute, peut-être que les rumeurs sur la perte de sa mémoire sont fondées. Reste à savoir comment un batpony peut-il perdre la mémoire.
PS: désolé pour la double notification, c'est la faute de cedricc666 à qui j'ai du corrigé son pseudo parce qu'il avait deux "c" à la fin. Sérieux mec !
Après plusieurs mois.
ils se sont moquer de moi.
Affirmant que jamais mots ne franchirai ses lèvres.
Et pourtant cette nuit...
IL A PARLER ALLELUIA ^^ .
Je me demande si le pouvoir de House est plus proche de Dorian Gray, ou du bon vieux vaudou^^. C'étais cool comme chapitre, sombre, émouvant et un peu effrayant. ( depuis Indiana Jones et le temple maudit, j'ai la trouille du vaudou )
On commence à boucler la boucle des morts sans réponses, j'aurais jamais soupçonner que deux Batponys puissent avoir un impact sur leurs morts.
La preuve que la mort n'est qu'un commencement pas vrai ??
Toujours aussi bon et croustillant. Toujours autant de tension. Mais ho bordel, c'est toujours aussi glauque comme ambiance, on en oublierais presque que c'est du MLP. (C'est du "My Little Pshycho" pour le coup. ^^ )
Bref... Après slice of life ou pas, peu m'importe, tant que c'est toujours aussi bien écrit et bon a lire.
Cela fait un très beau background que j'apprécie énormément.
Par contre, c'est quoi ce "ersatz"?