"Chat-chat, tu pues !" m’écriai-je alors qu'une touffe de poils s’était assis sur mon oreiller pour me souffler son haleine putride dans la face. Je le repoussai du sabot et frottai mes yeux encore ensommeillés, retirant la couette d'un coup de patte. Je me levai en butant sur un tas de vêtements en boule et me rattrapai en vitesse avant d'écarter l'insurmontable obstacle.
En prenant mon chat sur mon dos, je descendis les escaliers vers la salle à manger, là où m'attendait mon père qui dévorait à pleines dents son petit-déjeuner. Je déposai mon chat devant ses croquettes et pris un bol pour me préparer mon premier repas de la journée :
“Ah, déjà debout ? Le chat ne t'a pas trop embêté ? demanda-t-il en laissant échapper un petit rire.
-À part le fait que son arme fatale pour me réveiller le matin est son haleine pourrie, il a dormi sur mon bureau toute la nuit, je ne l'ai presque pas entendu ronfler.
-Bien, il est sûrement en train d'établir un contact avec d'autres chats diabolique pour la nuit prochaine."
Je ris. C'est pour ça que j'aime beaucoup mon père, il fait souvent des blagues débiles mais il sait qu'il m'en faut peu pour me faire rire.
C'est un étalon terrestre vermeil-rougeâtre, à la crinière et la queue rousse virant un peu vers le châtain, plutôt grand comparé aux autres. Je l'aime bien, il fait plein de petites blagues à deux bits sympa. J'ai hérité de ce côté un petit peu humoristique de lui.
Mais moi, je crois que je tiens plus du côté de ma mère question physique. Je suis une pégase assez grande pour mon âge qui a une robe bien plus sombre et allant plus vers le marron foncé.
Je tiens plus de ma mère à cause de ses formes plus arrondies, de ses yeux vert pomme et parce que je suis une pégase. J'ai une tresse plutôt épaisse, le crin de la même couleur mais plus clair que ma robe et une large mèche mauve-violette vient séparer ma crinière et ma queue en trois.
Ma cutie mark est un peu bizarre, c'est un trait qui commence en looping et finit dans un nuage de poussière, parsemé d'objets volants alentours, sûrement pour définir ma capacité innée à finir en crash dès que je tente une acrobatie…
Malgré ça, je reviens toujours avec uniquement des bleus ou de légères coupures, je ne me suis jamais cassée une patte ou une aile et je n'aimerais pas que ça m'arrive.
Je vis paisiblement à Manehattan, on envisage de déménager à Ponyville, où on entendrait plus les coups de sabots incessants sur les rues pavées de pierres. À force d'avoir marché sur ces mêmes pierres, elles sont devenues tellement lisses que quand l'hiver arrive, quand le verglas s'installe, on inaugure nos premières chutes sur notre patinoire de fortune.
Mon père me sortit de mes pensées quand il me tendit un paquet de céréales en disant bonjour à ma mère qui le salua d'une petite caresse de l'aile, ponctué d'un sourire à moitié caché par sa crinière en bataille :
"-Bien dormi m'man ?"
Ma mère me répondit par la positive en hochant la tête et en attrapant un bol. Et la discussion n'alla pas plus loin, la salle à manger était plongée dans un silence détendu alors que tout le monde mâchonnait son petit-déjeuner dans son coin. Cha-cha, aussi appelé Ivoire à cause de son pelage noir et du petit bout de patte blanc, avait sauté du buffet où reposait son bol de croquette-pâtée pour venir gratter la porte pour sortir :
"-Cranberry, va lui ouvrir." fit ma mère avec sa voix de zombie du matin.
J'oubliais de vous dire que mon prénom est Cranberry Foam.
Ma mère est une pégase à la robe gris souris avec une belle-face qui part du chanfrein et finit sous les naseaux. C’est d’après elle, comme ça que l’on appelle la grosse tâche blanche qui recouvre la moitié droite de son visage. Elle a une crinière pourpre-noirâtre assez lisse qui pourrait tomber au sol si elle ne se les coupait pas régulièrement. Sa queue, elle, est mi-courte, coupée très droite comme à un étalon samouraï. Ça contraste beaucoup avec sa crinière très longue et elle en est fière. Sa cutie mark ressemble à un appareil photo en nuages. Elle adore prendre des photos de paysages depuis le ciel et il y a toujours quelque chose de poétique dans ses clichés.
Je sautai de ma chaise et partis ouvrir la porte au chat, le laissant prendre tout son temps pour sortir et visiter le monde extérieur:
"-Dépêche minou, mon p'tit dej’ va être froid !"
Ivoire s'en battait les moustaches, que je lui hurle dessus pour une bêtise ou que je lui râle dessus parce qu'il s'installait sur mon bureau, ça ne changeait rien, c'est un chat et il sera toujours fier, connerie ou non. Une fois sorti, il vint se poster sur la boîte aux lettres et guetta le moindre félin qui aurait l'audace de venir lui piquer son territoire.
Je revins m'asseoir sur ma chaise et finis de petit-déjeuner, me préparant pour la journée.
"-T'as bien fait tous tes devoirs pour aujourd'hui ? me demanda ma mère.
-Ouais, je les ai tous faits et je me suis même entraînée un peu !"
J'eus un sourire peu convaincu en retour. Me pressant de partir, je déployai mes ailes et m'envolai en direction de ce qui me servait d'études supérieures en météorologie. Je faisais partie de l'équipe météo de Manehattan et, personnellement, je me demande à quoi servent les devoirs vu que l'on ne fait que de la pratique. Aujourd'hui, ils ont prévu un gros orage pour l'après-midi, je l'ai lu dans le journal. Notre boss pense que c'est plus pratique de transmettre ses ordres dans le journal. On lit les news, on voit sur la page météo quel temps doit être dans telle zone et ensuite, on s'organise par équipe pour répartir les orages et pour dissiper les nuages.
Je planais tranquillement en direction de mon lieu de travail, appréciant la fraîcheur du vent qui sifflait entre mon crin.
Je fermais les yeux en profitant de l’agréable douceur que me procurait le courant chaud que je venais d’emprunter. Rien de tel qu’un courant ascendant pour bien commencer la journée, ça me repose toujours les ailes en quelques sorte.
Loopings et autres cabrioles furent esquissés pendant le trajet mais je ressentis d'un coup quelque chose de dur, humide et froid dans mon dos. J’étais d’ailleurs allongée, les ailes coincées douloureusement entre mes pattes, ces mêmes pattes étaient comme scellées par quelque chose de froid, cylindrique et poisseux. Des voix inconnues autour de moi fusaient. Elles ne m’étaient pas familières. Le noir total avait pris possession de ma vision. J'avais l'impression de sortir d'une piscine brûlante tellement les gouttes qui tombaient de mon corps était chaudes et je sentais un truc s'enfoncer dans ma gorge, me faisant respirer de force.
Je tentai d’ouvrir les yeux mais rien n’y fit. À la place, j’entendis une machine qui se mit en route suivie d’un crépitement électrique et d’un hurlement d’agonie. Je paniquai mais aucun membre de mon corps ne répondit. Je ne reconnaissais personne et le cri se répétait, comme si un poney était torturé sans arrêt et ne pouvait rien y faire. Je réessayai d’ouvrir les yeux et cette fois, le cri s'estompa, laissant un douloureux écho dans mon crâne.
Ouah, c’était quoi ? Je ne comprenais rien de ce qui venait de se passer et je tentais de me repasser cet évènement en boucle dans ma tête sans comprendre quoi que ce soit.
J’ouvris lentement les yeux, me retrouvant sur le ventre, au bord d’un nuage qui avait dû être là par chance. Je me frottais les tempes en ressassant les bruits que j’avais entendus. Des voix ? Je ne comprenais même pas ce qu’elles disaient, tout était flou et plus j’y pensais, plus cela m’effrayait…
Quand je regardai la position du soleil dans le ciel, je filai aussitôt à la manière de Rainbow Dash. C’est la pégase la plus rapide du mane 6 et elle peut rivaliser avec AppleJack dans une course à pattes. C’est l’élément de la loyauté dans ma bande dessinée favorite “Les éléments d’harmonie”.
*
“-Cranberry Foam, tu sera affectée à la tempête du quartier ouest avec Merry May et Northern Light. Votre accompagnateur sera Light Eye. Surtout, ne pique pas de nuages de pluie des autres régions cette fois, ce ne sont pas nos nuages et je ne veux pas rembourser une seconde fois l’équipe météo de la région voisine pour “vol”.
-Bien m’sieur!”
Et avant qu’il n’ait pu en dire plus, l’équipe formée se jeta aux vestiaires pour enfiler les combinaisons météorologiques. Elles sont en un matériau résistant aux éclairs permettant aux poneys de ne pas être électrocutés. Une fois prêts à affronter les éléments, ils se jetèrent dans le vent, accompagnés de tous les autres pégases affectés à la météo de l’après-midi. Light Eye était déjà loin devant et le petit groupe dû forcer sur ses ailes pour pouvoir le rattraper.
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*squee* merciii, ça fait super plaisir d'entendre ce genre de critique!
Ça m'encourage à continuer, encore merci! :D
J’ai clairement beaucoup aimé le prologue : il possède une atmosphère indéniable et les descriptions sont faites avec talent et sans lourdeur, on s’y retrouve plongé sans difficulté. Il est certes possibles d’y trouver ce qui à mon sens sont de légères maladresses mais rien de bien grave.
Pour le second, je n’ai techniquement rien à redire : c’est bien écrit, fluide, complet. Le chapitre met sinon en place plusieurs éléments mais pas de quoi encore juger l’histoire. En fait c’est le choix de la narration au passé qui me gêne un petit peu, tant je m’attendrais plutôt à y retrouver du présent. Peut-être est-ce dû au fait que ce récit fait à la première personne n’est pas derechef présenté comme une narration à postériori (l’est-il en fait ?), il est possible que je me retrouve à faire un blocage personnel, du style "tiens, je ne l’aurais pas fait comme ça".
En tout cas, cela ne retire en rien à la qualité de ces deux chapitres, notables pour une première fic. J’attends maintenant de voir la suite, que nous rentrions plus dans l’histoire. Courage !
Hihi, peut être un peu, je n'ai remarqué cela qu'après ^^'