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The Endless Song

Une fiction traduite par System.

En des temps reculés...

Je suis éternel.

J’ai traversé une infinité d’époques, et j’en traverserai infiniment plus.

Pourtant, de toute ma vie, je n’ai rien entendu de plus beau que cette ballade.

Une mélodie suave mais puissante, plaisante et enivrante. Mes premiers vrais souvenirs m’évoquent cette ballade. Cela semble si récent que c’en est presque bête, mais c’est la vérité. J’ai connu les temps qui l’ont précédée, mais ces souvenirs ne sont que platitude et indolence. À l’époque, je ne faisais rien, et je ne sentais rien. L’univers avançait dans sa splendeur la plus inconsciente, et je ne remarquais rien.

Lorsque les premières notes harmonieuses me parvinrent, je discernai les voix taciturnes. Leurs premiers essais furent timides et imparfaits, mais cela suffit à attirer mon attention. Elles cherchaient constamment de nouvelles mélodies, ou un moyen d’améliorer les anciennes, mais aucune ne me captivait très longtemps. Bien que leur musique ne soit pas remarquable, leur détermination était prodigieuse. Je ne sais combien de fois elles faillirent, mais cela devait se compter en milliers. Pourtant, elles continuaient. Avec le temps, les voix s’amenuisaient et disparaissaient, mais de nouvelles prenaient toujours leurs places. Je me décidai après quelque temps à ne plus essayer de les distinguer les unes des autres. Elles étaient mon chœur, et elles chantaient pour moi. C’était tout ce que j’avais besoin de savoir.

Je me rappelle encore le jour où elles la trouvèrent. Elles cessèrent leurs ballades un long moment, et, lorsqu’elles reprirent, tout avait changé. Mon intérêt modeste se transforma en fascination. Alors que je les écoutais, une nouvelle sensation m’anima – une sensation nouvelle, exquise, et terrifiante. Des siècles durant, j’étais resté maître de mon destin, mais, à travers cette mélodie délicieuse, sublime, j’étais si peu, et à la fois tellement plus. Je n’étais ni puissant ni supérieur, je faisais partie de quelque chose ; j’étais une pièce essentielle fonctionnant dans le plus vaste et majestueux des systèmes. J’en avais vu d’autres de ma nature, plus grandes ou plus brillantes, mais c’était la première fois que je me sentais insignifiant. Je manquai de rejeter tout ceci par peur, mais la ballade me guidait, me montrait ma place dans ce cycle élégant. Je tenais un rôle important, peut-être même le plus important. Ce fut seulement lorsque j’entendis le chœur, et que je bougeai comme les voix le demandaient, que je me compris enfin.

Peu importe que la musique ait créé quelque chose en moi ou éveillé un sentiment présent depuis le début. J’avais changé, et, pour la première fois de toute mon existence, j’étais suffisamment conscient pour le comprendre. Le ciel sans limites était devenu plus qu’un amas de points lumineux ; c’était désormais une toile de toute beauté. Tout ce que j’avais déjà pu voir me semblait inédit. Je découvrais les couleurs, les pensées, les émotions. Je consacrai même quelque temps à nommer les choses qui m’entouraient. Mais, le plus important, c’était que j’avais réussi à me nommer. J’étais devenu « Sol ».

En dépit de tous ces moments de découverte intérieure et de maturation, la ballade restait. Le chœur qui chantait pour moi n’avait de cesse d’évoluer, mais la ballade demeurait inchangée. C’était ma compagne de tous les instants, la seule chose qui comptait. Mais, un jour, la ballade s’arrêta.

Il n’y eut aucun signe avant-coureur, rien que le silence qui s’abattit et un sentiment de perte. À mesure que la froideur du néant se profilait, mes pensées ralentissaient et mes émotions s’alourdissaient. J’avais traversé bien des âges sans remarquer le passage du temps, mais, à présent, chaque instant silencieux semblait durer une éternité.

De prime abord, je ressentis de la colère, bien que cela ne soit que pâle fureur parmi les limbes de mon esprit amorphe. Comment osaient-elles me faire une telle offrande pour me la reprendre de la sorte ? Je restais très égoïste dans mon insouciance, et je n’avais jamais pensé que quelque chose pourrait arriver au chœur. Avec le temps, ma colère se ternit, et je m’en lassai. Je sortis du système que j’avais si longtemps suivi et avançai à tâtons. Parfois, il me semblait qu’une force céleste me malmenait au gré de ses caprices, mais j’imputais cette idée à mon esprit défaillant, trop effrayé pour admettre que je pouvais être si librement régenté. À d’autres moments, je me demandais ce que ma déroute pouvait causer au chœur, mais je fus bien vite égaré au point de n’en avoir plus que faire. J’avais beau être au sommet de ma gloire, je mourais de bien des façons.

Puis elle commença à chanter.

Isolée, elle interprétait la plus parfaite des ballades à avoir jamais existé.

Elle aurait dû faillir. Le chœur avait compté des dizaines, peut-être même des centaines d’éléments avant de capturer chaque nuance, chaque détail. Et pourtant, elle les égalait et parvenait même à les transcender. La pureté de l’émotion et de la beauté de sa voix avait transformé une ballade vaste et impénétrable en un appel intime. Ce n’était pas un groupe quelconque, c’était elle qui me demandait. Cette sensation me sortit de ma torpeur, et j’écoutai avec une attention exemplaire. Elle perçut mon intérêt et retrouva de l’espoir, augmentant la portée de sa voix. J’aurais dû l’écouter. J’aurais dû retourner dans le système, mais je suivais ma trajectoire erratique. Tel un enfant gâté vexé par un affront imaginaire, je l’éconduisis.

Mon rejet la heurta comme un coup. À cet instant, elle manqua de perdre sa voix, mais cette nouvelle choriste était déterminée. Elle essuya le coup et persista, ne relâchant pas ses efforts. Je refusai encore de me laisser diriger, mais je ne pouvais m’empêcher de l’écouter. Durant sept jours et sept nuits, elle me chanta sa sérénade. Le temps n’avait aucun sens pour moi, mais il en avait pour elle. Au huitième jour, sa voix finit par se briser. Tout était redevenu silence.

Je t’en supplie.

Sa plainte était faible et mélancolique, mais je l’entendais.

Je ne peux… Elle s’arrêta pour rassembler le peu d’énergie qui l’animait. Je ne peux abandonner maintenant. Ils ont besoin de moi. Ils ont besoin de toi.

J’hésitai, indécis.

Je sais qu’il t’a blessé. Il nous a tous blessés, mais il est parti.

Le silence qui nous séparait était une chose fragile, porteuse d’espoir.

Aujourd’hui, je suis là pour toi.

Puis elle reprit sa ballade, d’une voix rocailleuse et dissonante, chaque note sortant au prix d’efforts terribles. Elle ne pouvait continuer ainsi, car elle finirait par perdre sa voix pour toujours. J’avais déjà remarqué de telles choses chez certains membres de mon chœur. Mais sa détermination restait inébranlable. J’étais convaincu qu’elle n’abandonnerait pas avant que je ne l’accepte ou qu’elle ne dépérisse. Je ne comprenais pas, je ne pouvais comprendre ce qui la motivait.

Je n’en avais pas besoin. Je savais qu’elle était là, et c’était suffisant. Même si mon chœur s’arrêtait, elle chanterait pour moi. Je retrouvai aisément ma place dans le système, comme si on m’avait attendu tout ce temps. Je sentis la musique entrecoupée par ses sanglots de joie alors que je regagnais ma vraie place.

Merci, murmura-t-elle. Ce mot n’était qu’une maigre part de toute la gratitude que je sentais en elle.

***

Elle ne pouvait pas toujours chanter pour moi, contrairement à mon chœur. Cela m’irrita, au début, mais je m’en étais accommodé. Avec le temps, je compris que les moments de silence ne faisaient qu’embellir sa mélodie. Durant ses jeunes années, elle ne m’adressait que peu la parole, réticente suite à mon rejet catégorique. Mais, en grandissant, elle se mit à partager de plus en plus, se moquant bien de mon silence. J’appris l’existence de sa sœur et de leurs terres. J’en appris sur leurs sujets et leur histoire. Et j’en appris sur elle, plus que sur tout le reste. Ses espoirs et ses craintes, ses joies et ses peines, ses forces et ses faiblesses. Elle avait déjà dépassé l’espérance de vie de toutes les autres voix, mais elle conservait toute sa fraîcheur. J’étais heureux.

Après un moment de silence, une nouvelle ballade commença. J’écoutais avec curiosité, et je fus rapidement absorbé au point de ne plus pouvoir m’en détacher. C’était une ballade murmurée, emplie de déception. La mélodie était étrangement changée, engourdissant mon esprit, piégeant mes sens. Lentement, je me laissai subjuguer, manipulé par ses doux mensonges. Je perdis de vue mon chemin, et, pour la première fois de ma vie, je m’arrêtai. Tandis que l’univers continuait de se mouvoir alentour, je restai immobile.

Lorsque je compris que quelque chose n’allait pas, il était trop tard. J’étais enfermé dans mon propre esprit, incapable de me libérer. Je maudis l’aria qui me séquestrait, mais ma colère ne faisait que nourrir sa puissance, me repoussant chaque fois plus dans la pénombre.

Elle sentit ma douleur et mon incompréhension, et se précipita pour me venir en aide. Je ne sais combien de temps cela prit. Le temps n’avait aucune valeur au cœur de cette musique qui me confinait. Finalement, cette sombre mélodie disparut dans un crissement de fureur, et la présence malicieuse me quitta. Je réapparus dans un éclat de lumière, reprenant de nouveau ma place sans même être guidé par la ballade. Une fois rétabli, je tendis l’oreille pour l’écouter. Je savais qu’elle avait vaincu la créature qui avait tenté de m’anéantir.

Elle pleurait, endolorie. Une douleur bien plus stridente que toutes celles que j’avais pu déceler en elle auparavant. Pas même la mort de sa première élève ne l’avait affectée de la sorte.

Je restai un moment coi, ne sachant que faire. Puis je pris la parole pour la première fois, après tant de siècles passés à ses côtés en silence.

Aujourd’hui, je suis là pour toi.

Ses sanglots s’interrompirent pour laisser place à un silence surpris. Puis ses pleurs reprirent. Sa douleur était toujours présente, sa peine continuait de la mener aux larmes, mais, en deçà, une maigre lueur, une étincelle, avait été ravivée en elle.

Merci.

J’accueillis sa gratitude sans mot dire, mais, au fond de mon être, je sentais une chaleur qui n’avait pas de température.

***

Bonjour, Sol, me dit-elle. Elle avait pour habitude de rire après ces quelques mots. Je ne savais pas ce qu’était un « jour » ou ce qu’il y avait de si drôle, mais elle m’affirmait que c’était plutôt amusant. Pourtant, cette fois, elle semblait triste.

Qu’y a-t-il ? demandai-je. Cela faisait des siècles que j’avais parlé pour la première fois, mais je continuais de ne m’exprimer que lorsque c’était nécessaire. Moins je parlais, mieux c’était.

Je suis inquiète, me répondit-elle. Ma sœur va revenir cette nuit.

Je n’eus pas besoin de parler pour lui faire part de ma colère. Je voulais réduire cette enchanteresse à néant, effacer toute trace de ses ténèbres et terrasser la moindre particule de sa magie. Mais un tel événement écharperait ma choriste superbe. Je n’eus pas besoin de lui demander ce qu’elle ressentait. Après une délibération vétilleuse, je scellai ma colère.

Merci, dit-elle, visiblement soulagée. Je ne… je ne veux pas la blesser cette fois, et je pense avoir trouvé un moyen. Mon élève est quelqu’un de spécial – enfin, elles sont toutes spéciales, mais je suis persuadée qu’elle a le potentiel pour accomplir de grandes choses. Elle gloussa discrètement. Je pense qu’elle peut faire jusqu’à l’impossible.

Et si ce n’est pas le cas ?

Sa bonne humeur s’évanouit, mais elle répondit calmement. Alors, j’aurai besoin de toi. Si Twilight ne peut lui venir en aide, nous devrons faire ce que j’ai toujours redouté. Ma sœur désaxée devra disparaître.

Le silence se fit entre nous, lourd d’émotions. L’espoir et le désespoir luttaient en elle, mais, si ses craintes se réalisaient, je savais qu’elle mettrait ses paroles à exécution. Même si elle en pâtissait, elle avait toujours tenu ses promesses.

Twilight ? questionnai-je, essayant de détourner son attention de ce qui l’affectait.

Une once de joie se manifesta en elle. Mon élève. Je ne lui confie pas le rétablissement de ma sœur par hasard. Tout porte à croire qu’un destin hors du commun l’attend. Si j’ai raison, alors, un jour, elle récitera ta ballade.

Au début, je ne compris pas ce qu’elle voulait dire. Pourquoi quelqu’un d’autre qu’elle me conterait cette ballade ? Mes pensées n’étaient pas des plus rapides, mais je saisis rapidement ce qui était sous-entendu. Elle ne pourrait pas toujours chanter pour moi. Un jour, comme toutes les autres voix, elle s’éteindrait.

Un jour, elle mourrait.

Je savais que les voix tendaient à s’estomper avec le temps, mais j’avais fini par considérer la sienne comme acquise. Elle avait déjà vécu des centaines de fois plus que toutes les autres. Je voulais qu’elle reste pour toujours.

Ne t’en va pas, dis-je, ne sachant que protester. Tout ce que je savais, c’était la vérité. Tu ne peux t’en aller, j’ai besoin de toi.

Tu as besoin de moi ? demanda-t-elle, à la fois amusée et gênée. Oh, Sol. J’aurais aimé que tout soit si simple. Je n’ai aucunement l’intention de te quitter dans un futur proche. Non, nous sommes très loin de ce jour, même sur mon échelle de temps, mais ce jour viendra. Ce n’est pas une question de choix, c’est une simple condition de la vie.

Pourquoi ? m’enquis-je faiblement.

Je ne le sais pas, répondit-elle sur un ton doux et serein. Mais je peux te promettre une chose. Lorsque je serai partie, Twilight chantera pour toi. Lorsqu’elle vieillira, elle enseignera cette ballade à son élève. Cette élève l’enseignera à son successeur, qui l’enseignera aussi à son successeur, et ainsi de suite, jusqu’à la fin des temps. Ce que je puis te promettre, c’est que tu ne seras jamais seul. Peu importe combien de temps tu vivras, tu auras un compagnon.

Un fredonnement discret résonna à travers l’éther alors qu’elle reprenait.

Je ne savais pas comment elle pouvait rendre la plus belle des ballades de l’univers encore meilleure, mais elle y parvenait. À mesure que les premières notes lui échappaient, je m’ébahissais. Le système se dessinait tout autour, et je pris place, dans l’espoir de faire plus pour elle.

C’était injuste. Elle ne méritait pas de mourir.

Après quelques instants, elle finit, mais sa présence restait palpable. Elle avait encore une chose à me dire avant de retourner à ses sujets.

Un jour, je ne serai plus, mais garde ceci à l’esprit.

Le silence qui nous séparait était une chose fragile, porteuse d’espoir.

Aujourd’hui, je suis là pour toi.

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Especiel
Especiel : #28028
System16 septembre 2015 - #28006
@Especiel, je ne puis m'exprimer pour l'auteur, mais je pense que, ici, la ballade qui sera chantée par Twilight est considérée comme particulière puisque Celestia lui doit le « combat » qu'elle a mené face à Luna – combat qu'elle redoutait plus que tout –, et parce que c'est une élève qui a fait ses preuves (Sunset Shimmer a failli à sa tâche, alors que Twilight est devenue princesse depuis l'écriture de cette fiction ; comme quoi, l'auteur avait vu juste).

Mais, honnêtement, je ne trouve pas que la ballade de Twilight soit particulièrement abordée ou mise en avant ; la ballade qui compte et celle dont nous parle le soleil, c'est celle de Celestia.


Hummm.... oki ^^
Il y a 2 ans · Répondre
System
System : #28006
@Especiel, je ne puis m'exprimer pour l'auteur, mais je pense que, ici, la ballade qui sera chantée par Twilight est considérée comme particulière puisque Celestia lui doit le « combat » qu'elle a mené face à Luna – combat qu'elle redoutait plus que tout –, et parce que c'est une élève qui a fait ses preuves (Sunset Shimmer a failli à sa tâche, alors que Twilight est devenue princesse depuis l'écriture de cette fiction ; comme quoi, l'auteur avait vu juste).

Mais, honnêtement, je ne trouve pas que la ballade de Twilight soit particulièrement abordée ou mise en avant ; la ballade qui compte et celle dont nous parle le soleil, c'est celle de Celestia.
Il y a 2 ans · Répondre
Especiel
Especiel : #27992
System16 septembre 2015 - #27968
@Especiel, Sol/Soleil, t'as pas vu le parallèle ?

Et bien.... xDDD Non je n'y avais pas pensé x)) mais je comprend pas qql chose, En quoi Twilight pourrais améliorer la ballade au soleil ? Je veux dire, ce n'est pas une succedante à ce pouvoir ?
Il y a 2 ans · Répondre
System
System : #27968
@Especiel, Sol/Soleil, t'as pas vu le parallèle ?
Il y a 2 ans · Répondre
Especiel
Especiel : #27964
Woaw... Oo c'est super beau Oo mais je ne comprend pas qui est Sol ? En tt cas sa me donne envie de rever cette fic *^* juste bravo *^*
Il y a 2 ans · Répondre

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