Les deux sabots occupés, je me penche vers les épinards tout en écrasant une demi-douzaine d’œufs. C'est pas pour me vanter, mais je suis devenu un assez bon cuisinier ces derniers temps. C'est un bon ajustement pour un gamin qui a été élevé avec de la bouffe à emporter. Ma mère a quand même bien insisté. Une bonne famille doit dîner ensemble une fois de temps en temps. C'est drôle que cela vienne d'elle.
En finissant de brouiller les yeux, j'ajoute des champignons frais à la poêle, en la remuant avant d'ajouter avec précaution les œufs. Quelques minutes plus tard, tout est prêt. Je dépose du fromage dessus, avant de mettre le tout au four.
En jetant un œil vers l'horloge, je soupire. Il y a encore les maths à étudier pour le test de demain, et je dois encore revoir le plan de vol avec Spitfire. Il va y avoir un test de vol pour les cadets demain, et je dois améliorer mes temps.
La nuit s'annonce encore longue.
En m'asseyant à la table avec mon cahier, maman arrive. Sa crinière est coiffée par le vent et ébouriffée, et la fatigue de sa journée se lit malgré son sourire. Je sais qu'elle s'occupe de jeunes voltigeurs pour compenser la perte d'argent avec son absence de shows. Entre son temps passé à entraîner et à instruire à l'académie, ses journées sont longues.
"C'est ce que j'aime te voir faire !" s'exclama-t-elle, en inspectant mon travail.
"Si je veux réussir, je ferais mieux de..."
"Ne sois pas si ronchon. Ça ira mieux demain. Tu deviens meilleur en maths tous les jours, je le sais", elle me dit, en déposant son sac de selle près de la porte. Elle renifle un coup. "Hé, t'as commencé à faire à dîner aussi ?"
"Mmm."
Elle m'ébouriffe la crinière en passant. "On dirait que mon petit poulain grandit. Il est peut-être temps de jeter tes vieilles figurines de bébé ?"
Je la regarde en restant stoïque.
"Okay, okay! Hé, je vais prendre une douche vite fait. Je reviens vite pour le dîner. J'ai hâte de le goûter !" ditelle, souriant en se retirant vers la salle de bains.
Un coup d'œil vers l'horloge, je me lève et éteins le four. Je vois que la frittata est bien montée, avec le fromage qui est légèrement brûlé. Je souris. Ça a l'air bien !
En redisposant le plat ailleurs pour qu'il refroidisse, je peux entendre la porte s'ouvrir discrètement. Je vois Spitfire entrer à l'intérieur, regarder le dîner et me sourire. Elle a l'air fatigué ces derniers temps. Normalement, elle a l'air pleine de confiance et autoritaire dans son uniforme. Mais maintenant, elle semble épuisée. Ses cheveux sont légèrement effilochés, et sa veste d'officier est déboutonnée. Je peux voir clairement le bébé maintenant. Souriant, je marche vers elle, en passant un sabot dans ses mèches pour les remettre en place. Elle ne dit pas un mot pendant qu'elle s'avance vers moi, en reposant sa tête contre mon épaule.
Ça fait seulement cinq mois depuis le festival, et les choses ont beaucoup changé. Maman a été super depuis que je lui en ai parlé. Elle a suggéré de déménager tous ensemble vers un appartement différent dans le building de Spitfire ; un avec deux chambres et beaucoup plus d'espace. C'est un peu bizarre de vivre avec maman et Spitfire, mais c'est mieux que rien. Être simplement avec elle tous les jours en vaut la peine.
On reste comme ça quelques minutes, en reposant ma tête contre la sienne, profitant de la chaleur du soleil de fin d'après-midi. C'est toujours le meilleur moment de la journée. Je me demande si elle ressent la même chose. Spitfire me caresse du museau et me regarde avec ses yeux orange enflammés.
Elle semble toujours plus forte quand je la regarde dans les yeux.
"Ça sent vraiment bon."
"On ferait mieux de goûter avant de dire autre chose", je réplique en lui souriant.
"Je suis sûre que ça va être génial. Je pourrais manger un manticore vu la journée que j'ai eu." Spitfire va vers le lavabo et se sert un grand verre d'eau.
"Comment tu te sens ?"
Elle s'allonge dans le canapé en cuir avant de répondre. "Oh, la routine. Essaie de mener la formation des cadets Wonderbolts quand tu portes un énorme poids en plus !"
"Ne te fatigue pas trop. SI on suivait les conseils du docteur, tu serais en train de te reposer à la maison."
"Un docteur ne me gardera jamais loin de l'académie", me réplique-t-elle. "En plus, est-ce que t'insinues que je suis pas assez forte pour mater ces rookies et porter le bébé en même temps ?"
"Hm. Je ne répondrais pas à cette question, capitaine", dis-je, en me posant à côté d'elle. Je tends le sabot et caresse son ventre.
Spitfire soupire. "Je deviens énorme."
"T'es toujours plus sexy que n'importe quelle autre jument."
"T'es un mauvais menteur."
Spitfire pose son sabot sur le mien, me tenant doucement près d'elle. En la frottant, je peux presque sentir le bébé à l'intérieur. Peu importe le nombre de fois où je l'ai fait avant, je sens toujours un étrange mélange d'excitation et de joie. À chaque fois, je retombe amoureux d'elle.
"Qui a dit que je mentais ?" Je souris en la tenant plus près de moi, rencontrant son museau pour l'embrasser.
En entendant la porte de la salle de bains s'ouvrir, on recule l'un de l'autre, légèrement. Maman sort de la salle de bains avec une serviette autour de ses flancs et un énorme sourire sur son visage.
S'il y a bien quelque chose que j'ai appris ces derniers mois, c'est que la vie peut être dure parfois. Mais vivre ces temps difficiles rend les bonnes choses encore meilleures.
Spitfire n'a pas tardé à se mettre à l'ouvrage. Elle l'a fait comme si ça n'était rien, comme d'habitude. Mais je sais qu'elle était stressée et inquiète avec son premier accouchement. J'ai essayé de l'aider de mon mieux, mais je me suis toujours senti comme la troisième roue du carrosse pendant l'accouchement.
Mais quand j'ai vu Sunny Skies pour la première fois, toutes les inquiétudes et les mauvais moments de ma vie semblaient loin. Ma poitrine s'est serrée et ma vision s'est embuée de larmes en tenant le petit bébé. Elle se repose contre moi, en dormant. Un pelage bleu pâle, et la crinière de sa maman.
Elle est parfaite.
En m'asseyant à côté d'une Spitfire exténuée, elle me tient doucement le sabot, en profitant en silence de l'instant. Elle sourit tandis que j'enlève les morceaux de mèches trempées de son visage.
"Je dois être horrible maintenant, hein ?"
Je secoue la tête. "Tu n'as jamais été aussi belle."
Peu de temps après, je m'assois avec Spitfire pour regarder la ville s'éteindre pour la nuit. Elle reposa sa tête et sa crinière sur ma poitrine en tenant Sunny. Chaque fois que je caresse sa crinière, elle se blottit un peu plus près de moi. Ça n'a pas été une super journée.
Spitfire a fini par quitter son poste à l'académie. C'était de trop pour elle. La bagarre avec Fire Streak est en cours d'enquête, et il y a eu toutes sortes de rumeur sur le père de la petite. La plupart des poneys de l'académie savent que c'est un cadet, et sûrement un mineur. Mais personne ne sait qui c'est.
On ne m'a même pas demandé de venir au procès. Même si je l'ai évité, je sais qu'elle m'a protégé. Elle a fait face à des questions accusatrices sur ses mœurs et sur sa vie sexuelle, et elle m'a défendu du mieux qu'elle pouvait. Spitfire a parlé des "initiations" de Fire Streak mais a refusé de dire qui était le cadet impliqué. En plus de sa réticence à parler de sa grossesse, le conseil de supervision de l'académie n'a pas eu beaucoup le choix. Ils lui ont permis de quitter temporairement les Bolts, mais leurs intentions étaient claires.
Ça fait mal. Assis là, toujours cadet et avec ma jument et ma fille. Même si c'était une soirée parfaite, je ne peux pas dénouer le nœud dans mon estomac. Je me sens égoïste.
En levant les yeux, je peux voir Sunny bâiller, et elle ne se réveille pas. Spitfire joue avec elle un moment, en la berçant tendrement dans ses sabots.
"C'est ma faute. Tout est de ma faute", je dis à voix basse. Spitfire reste contre moi un moment, en regardant par la fenêtre et en évitant mon regard.
"Ne sois pas stupide, rookie. T'es vraiment bouché parfois."
On se tait un long moment. Spitfire est perdue dans ses pensées et je me demande quoi dire après ça. J'ai appris avec les années qu'il ne faut pas la pousser si elle est de mauvaise humeur.
"C'était pas que pour toi, tu sais", fini-t-elle par dire. "Tu comprends quel genre de vie aurait Sunny si la vérité sortait. Tu serrais viré de l'académie et moi en prison. Et sans parler de Soarin'...."
Elle finit enfin par me regarder, ses yeux sauvages et me défiant. Spitfire peut voir la confusion sur mon visage.
"Tu ne savais pas ? Il t'a couvert. Il savait tout. Soarin est un bon ami, et je ne veux pas le mettre dans une position gênante."
"J'imagine que je dois être assez pathétique à me rejeter la faute pour toi", je dis avec une petite voix.
"C'est bon. Je peux te pardonner pour ça." Spitfire me sourit. C'est la première fois que je vois son sourire depuis des jours. Ça m'aide à repousser la tristesse loin de mon cœur.
"Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ?"
Spitfire soupire, repose sa tête sur mon épaule en levant les yeux vers moi. "Je ne sais pas exactement. Je ne serais pas payé pendant ma suspension."
"Je pourrais travailler quelque part. Il y a toujours des jobs dispos à l'académie pour des livraisons."
Elle me fixe quand je mentionne cette possibilité. "Hors de question. T'as un boulot maintenant, et c'est l'école et les cours à l'académie. C'est assez pour un gamin."
"Je vais pas être un gamin toute ma vie...", je marmonne.
Elle ne peut s'empêcher de sourire. "Tu penses que t'es un grand étalon maintenant ?"
"J'ai presque 16 ans !"
"Wow ! Presque une dame !" elle me rétorque en gloussant.
"A... arrête, je suis plus un bébé."
"C'est ton problème, rookie. Tu l'es encore. Je..." Spitfire se tait un moment, en détournant le regard. Elle reprend ses caresses sur Sunny. "Je suis désolée pour ça. Des fois, je pense que je t'ai fait grandir trop vite. Aucun gamin ne devrait avoir sa jeunesse gâchée comme ça."
Mon esprit s'emballe en l'entendant. Est-ce qu'elle se reproche tout ce qui s'est passé ? Je sens une soudaine tristesse monter en moi en la tenant plus près de moi, en laissant sa tête reposer sur ma poitrine tandis que je caresse sa douce crinière.
"J'ai fait ce que je voulais faire. J'étais vraiment mal quand je suis venu ici, Spitfire. Tu n'as rien fait de mal. J'ai beaucoup grandi avec toi, mais c'était que du bon. Grâce à toi, je veux être un meilleur poney. Tu seras toujours ma petite Firefly."
Elle se tait un moment en m'entendant dire ça. "Tu sais, il m'appelait tout le temps comme ça."
"Ouais. Je pense que ça te va bien", je dis. "Ça te dérange ?"
"N... non. C'est bien quand c'est toi qui le dit..."
Spitfire tend son cou et frotte son museau contre ma joue. Je me penche et l'embrasse tendrement, en faisant attention de ne pas réveiller Sunny. Quand elle m'embrasse à son tour, j'enroule un sabot autour de son cou, lentement, en caressant sa crinière et sa nuque en profitant du contact intime. Ça faisait longtemps.
Elle recule lentement, et je peux jurer l'avoir vu rougir alors qu'elle détournait le regard. "On devrait mettre Sunny au lit. Il se fait tard."
"On s'en sortira, okay ? Tant qu'on sera ensemble, ça ira."
Spitfire acquiesce, en faisant de son mieux pour se donner un air courageux tout en souriant.
J'espère que je pourrais tenir ma promesse.
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Mais sinon je suis super content d'avoir la suite :D
En même temps, ça pue XD
Merde alors, moi qui pensait qu'on pouvait se faire sa supérieur en étant mineur, de foutre en l'air son activité professionnel, de compromettre la crédibilité de ses collègues tous en évitant de perdre un procès, d'aller au cachot et en plus de devoir s'occuper d'un bébé.
Je me demande a quel moment de ma vie j'ai rater la route du Happy End...
Bah courage: " all well end well."
Mais...bordel à cul ça finit pas bien en plus :rolleyes: