Arbre et Sable

Ensuite, les pégases revinrent se plaindre auprès de l'alicorne, et, tentant de résoudre les problèmes de chacun des poneys, elle se mit à inverser pluie et soleil à des cycles étranges et inconcevables pour la nature elle même, et c'est ainsi qu'elle perdit lentement le contrôle de la situation, et de ses propres pouvoirs.

-Et je veux marcher 500 miles et en marcher 500 autres !

Kane poussa un petit grognement discret, il avait envie de s'arracher lui-même les oreilles tellement cette chanson débile l’exaspérait, surtout que cela faisait plus de 4 heures qu'il chantait le même refrain car Joshua ne connaissait pas le reste de la musique. Lui non plus d’ailleurs, mais il le laissait s'exprimer, il savait qu'un gamin qu'on ne laissait pas s'exprimer dans une situation ennuyante devenait une véritable plaie.

-Nous sommes arrivés.

Kane ouvrit grand les yeux, la bouche ouverte, cette chose était le phénomène le plus étrange qu'il avait jamais vu. Devant lui s'étendait une forêt immense, la pluie tombait en cordes, mais, au dessus de lui, le soleil du désert faisait toujours aussi mal. Au dessus de lui, il y avait une véritable droite formée par des nuages et le ciel bleu, si il faisait un pas, il se retrouverait trempé. Ce phénomène était l'exemple parfait du climat détraqué d'Equestria. Un petit fossé s'était formé à la frontière même délimitée par les nuages. Joshua se pencha juste au bord, posant son bec fin au bord de l'eau pour boire, leurs gourdes n'avaient étés que très peu remplies lorsqu'ils avaient quitté le bidonville, et ils avaient le plus possible économisé leurs réserves d'eau pour le voyage. Kane avait été très étonné de voir à quel point Joshua était résistant à la soif et à la faim, plus que ne devrait l'être un enfant de cet âge. Kane, lui, plongea directement son museau dans l'eau fraîche, d'une douceur inégalée, l'eau de pluie était parfaite, à peine chaude, un régal pour les papilles.

Il retira brutalement son museau de l'eau, poussant un glapissement de terreur tandis que Joshua s'écroulait de rire. Un crustacé collé sur le museau, deux longues antennes flottant juste devant ses yeux. Il se mit lui même un puissant coup de sabot en plein dans le museau, un léger craquement se faisant entendre, le corps entier de l'animal craqua sous le coup de sabot de Kane. Alors que le corps de la petite créature tombait, un filet de sang coulait de son museau, par surprise, il s'était frappé lui même. Joshua se tenait les côtes pendant que Kane grognait, rouge de honte, il venait de se faire ridiculiser par un être de 10 centimètres, et devant un enfant qu'il devrait garder durant un long moment. Il jeta un coup d’œil à la moindre chose qui aurait pu mettre fin à cette humiliation, et se servit tout simplement du soleil.

-On... On va monter un camp ici, il va faire nuit dans moins d'une heure. Je vais prendre du bois... toi... pêche de... ces machins... je suppose qu'ils sont comestibles…

-Ouai, ce sont des espèces de crevettes…

Kane le vit retenir un rire, il se contenta de s'éloigner en grognant, le laissant à sa pêche, il longea pendant un petit moment la grande forêt, il voyait ces crustacés patauger dans l'eau douce, troublés par quelque gouttelettes d'eau venues de la forêt. Lorsqu'il fut sûr d'être hors de vue, il bondit par dessus le petit chenal qui s'était creusé, et offrit son visage à la pluie douce, cet endroit devait sans doute être le plus accueillant d'Equestria, après Ponyville, bien entendu. Il prit quelque branches aussi sèches que possible, et retourna auprès de Joshua qui l'attendait sagement, ayant étendu des cadavres de crevettes sur le sable chaud. Il semblait fier de ses proies, et il était vrai qu'il en avait pas mal. Il les piégeait tout simplement à coup de bec, ce qui les tuait sur le coup, leur broyant légèrement la cage thoracique. Le guerrier déposa le bois au sol, ce dernier sécha durant le peu de temps durant lequel le soleil se décidait à taper dessus. Peu de temps avant que la nuit ne tombe, Kane fit un cercle de pierres récupérées dans le désert au sol, et mit le bois sec dedans, avant de tout embraser par deux pierres frottées l'une contre l'autre.

Ils s'assirent de part et d'autre du feu, face à face, cela faisait un moment que Kane n'avait pas vu de verdure, il y avait par moment de l'herbe qui parvenait à pousser dans les étendues de neige d'où venait Kane, lors des saisons dites « chaudes », certains animaux s'en servaient pour prendre des forces, et se reproduire. Cette étendue verte rappelait à Kane quelque souvenirs de sa plus tendre enfance, où il vivait encore dans un monde normal, où il passait son temps à se prélasser dans l'herbe verte, un livre à la patte, et, même quand le monde commençait à tomber en ruine, il restait allongé dans l'herbe, ses livres en patte, tout ceci lui rappelait de bons souvenirs, mais éveillait en même temps un sentiment de malaise, de désespoir, de tristesse, il se disait que jamais il ne reverrait ces douces étendues d'herbe qu'il affectionnait tant. C'était une des raisons pour lesquelles il voulait trouver Ponyville pour pouvoir s’affaler contre une herbe verte et douce, des heures et des heures.

-Dit Kane… Tu as de la famille ?

-... J'avais... mais mieux vaut ne pas en parler.

Kane ne cessait de penser à sa famille, sa mère, son père, et surtout ses frères et sœurs. Ils lui manquaient atrocement, chaque jours qu'il passait loin d'eux était une souffrance qu'il ne pouvait soulager qu'avec l'espoir. L'espoir de trouver son utopie, et de revoir un monde de paix où il pourrait inviter sa famille. Ils étaient sa seule raison de vivre, sans eux, il serait perdu. Josh déglutit quand il entendit cela, mais il pouvait comprendre. Ses parents étaient morts à cause de la frontière, sa mère était malade, et son père étant pauvre, il avait tenté d'aller chercher un docteur dans la ville. Sans argent, ces ordures avaient refusé de le laisser entrer malgré qu'il ait tenter d'expliquer la situation. Il était devenu violent et, voulant sauver sa femme, le pauvre avait connu une mort douloureuse, une balle dans le ventre, se vidant de son sang dans une marre d'hémoglobine et de merde. La mère du jeune griffon était décédée quelque jours après, n'ayant pu être soignée. Depuis, Joshua nourrissait une haine incommensurable envers les personnes vivant de l'autre coté du mur. C'était cette haine qui l'avait poussé à rejoindre la résistance à l'inégalité, et s'y vouer corps et âme.

-Demain, nous nous mettrons en marche pour contourner la forêt, en la longeant, nous aurons de la nourriture et de l'eau en permanence, cela devrait juste nous prendre une petite semaine, voire deux.

-Deux semaines ? Et en traversant ça nous prendrais combien de temps ?

-Traverser... mais... cet endroit est bourré d’insectes, d'animaux féroces, de plantes carnivores, de …

-Nous traverserons la forêt, ne t'en fais pas, j'ai mâté des animaux énormes, et c'est pas un ou deux moustiques qui vont me faire peur.

-Mais ces bêtes sont…

-Suffit ! Ne t'en fais pas Joshua, je te protégerais si il faut. Demain, nous partirons à travers la forêt.

Kane reffusait de perdre son temps, pour lui, plus tôt ils seraient sortis de la forêt, plus tôt il trouverait Ponyville. Il devait trouver une nouvelle trace de civilisation, car son objectif maintenant était de trouver une carte sur laquelle figurait Ponyville. Selon ses souvenirs, on racontaient que Ponyville était située à coté de Canterlot, et d'après le peu de géographie dont il se souvenait de ses jeunes années, Las Pegasus avait une gare. Les chemins de fer reliaient les villes entre elles, et avec de la chance, ils pourraient trouver une route de chemin de fer derrière cette forêt. Dans les deux cas, la nourriture assez abondante et l'eau leur permettraient de survire.

Le guerrier se posait tout de même une question assez pertinente : pourquoi les poneys du bidonville ne venaient pas ici se nourrir ? Ce n'était pas si loin que ça, et même si les crevettes dont s'étaient rassasiés Joshua et lui ne suffisaient pas à tous les nourrir, la forêt abritait apparemment des dizaines d’espèces d'insectes et d'animaux sans aucun doute comestibles, si ils ont étés fichus de mettre sur pied un mouvement de résistance et de former des poneys à se battre, ils auraient dû pouvoir les former à chasser. De plus, Joshua semblait quelque peu effrayé par cet endroit, il avait quelque réticences à y entrer. Certes, les forêt faisaient peur à la plupart des enfants, mais ce gosse avait plus de couilles que certains adultes, c'était étrange. Toute ces réflexions firent naître le doute en Kane. Avait-il une raison de vouloir contourner la jungle, ou du moins une raison suffisante ? Il avait vaincu des créatures bien plus grosses que lui, ainsi que des groupes de belettes par moment. Il devait sans doute être assez fort pour se battre contre ces insectes.

Il s'en voulait également car il n'avait pas laissé Joshua s'exprimer, pour lui, trouver Ponyville au plus vite était une obsession, et un détour d'une à deux semaines n'était pas envisageable, alors qu'ils pouvaient traverser sans encombres sans doutes. Néanmoins, la brutalité qu'il avait employée n'était pas justifiée. Joshua dormait maintenant, mais il lisait sur une espèce d'angoisse, de peur sur son visage. Les adultes ne voient pas les choses de la même façon que les enfants, et les forêts ont toujours étés source de phobies des enfants, les timberwolves, les sorcières, les plantes carnivores, Slender Mane, et d'autres histoires qui font peur aux enfants, mais Kane avait passé l'âge des histoires d'horreur. Joshua avait bien le droit d'être un enfant, son enfance était à moitié pourrie, il le méritait bien.

Le lendemain, ils déjeunèrent rapidement une petite dizaine de crevettes, remplirent leurs gourdes d'eau fraîche en évitant d'emporter un insecte à l'intérieur, et se mirent en route. La forêt était dense, et chaque pas était assez pénible, leurs sabots s’emmêlaient dans les hautes herbes, des insectes tentaient de se loger sur leur dos ou de les piquer pour leur pomper le sang. Cela faisait bientôt deux bonne heures qu'ils erraient dans cette véritable jungle.

D'un coup, Kane perdit Joshua des yeux, ce dernier poussa un hurlement de terreur. Kane bondit en avant pour se mettre à la poursuite de Josh, et ne vit pas l'énorme précipice camouflé par les fougères géantes qui peuplaient le sol. La chute fut assez rude, mais quelque chose l'amortit , une chose grosse et gluante, un jus rouge-vert coulait sur lui. En se relevant, il vit qu'il venait d'écraser un immense insecte dont les pattes remuaient encore malgré l’exosquelette et les organes écrasés de la bête.

Il se releva bien vite, dégoutté par son matelas organique. Le jeune griffon poussa un cri effrayé, il était en proie avec un autre de ces insectes géants, qui faisait deux fois la taille de Kane. Le guerrier dégaina son arme et pointa droit sur la bête avant de décocher trois balles dans la tête du monstre, le faisant s'écrouler au sol dans une giclée de liquide vert-rouge.

-Josh, derrière moi !

-Tu vois quand j'te disais qu'on ne devait pas venir ici !

-Ouais… faut qu'on dégage !!

Ils regardèrent autour d'eux, mais ils devaient se rendre à l'évidence : ils étaient coincés dans un immense précipice, et les insectes commençaient à descendre les murs escarpés du précipice.

-Joshua, envole-toi !

-Mais...et t…

-MAINTENANT !

Josh hésita quelque instants, avant de déployer ses ailes d'aigle et de s'envoler, évitant les mandibules des insectes qui se tendaient vers lui alors qu'il passait devant ces dernières. Une fois en haut, il chercha un moyen de sauver Kane, le problème étant qu'il ne trouvait pas. Aucune des lianes qui poussaient ici n'était assez longue pour atteindre le fond du ravin, rien ne pouvait faire office d'arme pouvant l'aider à aider son ami.

Kane sortit son épée, la tenant fermement dans une patte, tirant avec son arme de l'autre, alignant ses tirs avec une précision qui laissait à désirer, mais vu l'armée qui se ruait sur lui, il n'avait pas à viser. Chaque munition faisait mouche, car c'était un véritable raz de marée qui se ruait sur lui, un raz de marée de mandibules, de pattes et de paires d'yeux globuleux, et chacun des insectes auquel appartenaient ces membres était affamé et ne désirait qu'une seule chose : croquer du poney. Néanmoins, le poney désiré restait un danger, il exécutait ses adversaires un à un, et lorsque l'un d'entre eux s'approchait trop près, il le tranchait en deux d'un coup de tranchant d'épée. Il perdait néanmoins du terrain, et rapidement, il fut acculé contre un mur de pierre. Les monstres arrivaient également d'au dessus de lui, des ennemis qu'il ne pouvait avoir qu'au pistolet, et en plein milieu des flaques de sang, ses chargeurs tombaient au sol, ses munitions s'épuisaient, et chaque temps de recharge était une paire de secondes perdue, et quelque centimètres de gagné pour ses ennemie.

Ses adversaires étant beaucoup trop proches, il dut laisser tomber son arme à feu pour en venir à son épée, il tranchait des pattes, des têtes, faisait gicler le sang, mais rapidement, les monstres parvinrent à le surmener, leurs pattes parvenaient à fouetter son ventre, à l'entailler en faisant couler le sang. Il sentit de petits créature ramper le long de ses sabot pendant qu'il frappait comme un possédé à coup d'épée. L'une des bestioles parvint à le désarmer d'un coup de patte bien placé, le forçant à se battre à grand coups de sabots. Il frappait, il broyait ses ennemis, mais ces derniers prenaient encore du terrain, et vint le moment où l'un d'entre eux le fit tomber sur le dos d'un puissant coup dans le torse.

Kane luttait comme un démon face à ces créatures sauvage, il comprenait maintenant pourquoi Joshua avait voulu contourner la grande forêt, il avait été plus conscient que lui des dangers, et, au final, il avait été bien plus adulte que lui, bien plus prudent. Ce gamin en avait dans le crâne, bien plus que la plupart des enfants de son age.

-Arrêtez !

Cette voix féminine raisonna dans la tête de Kane, les bêtes battaient en retraite, laissant Kane allongé au sol, couvert de multiples traces de sangs et de plaies. Il leva rapidement la tête vers la voix, Joshua était là, sur le dos d'une espèce de libellule géante, se cramponnant tant bien que mal... et à coté, une pégase au pelage jaune à la crinière rose.