Chapitre 6 - Gunslinger Girl

Bien, donc, euh, Lancelot, Galahad et moi, nous attendons la tombée de la nuit, ensuite, on sort du lapin, on prend le Français par surprise - pas seulement par surprise, mais totalement désarmé !

Bonsoir à tous, ma merveilleuse horde ! Ici Lonesome Pony et vous écoutez Radio 52, la station qui vous dit tout sur la Longue 52 et rien de plus !

Le tintement de Dueling Banjos servit de bref interlude.

Retour au boulot. Vous êtes-vous déjà demandé à quoi ressemble le Soleil ? Demandez aux White Apples ! La nuit dernière une gigantesque boule de lumière a explosé à seulement dix kilomètres de Salt Cube City semant tempête et destruction dans son sillage. Heureusement, dans ledit sillage, il n'y avait que radigators et cabanes abandonnées, mais la lumière a clairement pu être vue depuis Tunnel Town, les Badlands et le territoire des Redtrotters. Si vous pensez que c'est fou, laissez-moi-vous dire que ce n'était que le dernier acte d'une nuit de folie ! Premièrement il y a eu le lancement d'un ballon rempli de goules, oui les mêmes qui menaçaient les caravanes dans le coin ! Le décollage s'est accompagné d'un spectacle son et lumières offert par une certaine Puppysmiles. Drôle de nom n'est-ce pas ? Ce n'est pas la première fois que j'ai quelque chose à dire sur cette pouliche. Votre bon vieux LP a posé quelques questions ici et là et devinez ce qu'il a découvert ? Oui, c'est la même pouliche qui a détruit Carnaval !

Une trompette retentit dans une fanfare triomphante.

Donc, Lonesome Pony, En quoi tout ça nous concerne ? Voilà donc pour les grincheux d'entre vous occupés sur les routes qui pensez que je parle trop et qui veulent la version courte : plus d'attaques de goules entre les Badlands et le Cube !

Il y eut un son de rechargement de fusil à levier suivit de deux coups de feu et une voix très virile dit "Hasta la vista, Filly."

Oh, ouais, j'adore celle-là ! Deux tribus ont vu leur problème résolu par une pouliche en tenue Hazmat ! Bon, je n'ai pas besoin d'un shaman pour me dire qu'elle se dirige vers le sud, donc… Qu'est-ce qui nous attend ensuite ? Va-t-elle réussir à rouvrir le Tunnel ? Bien gamine, si tu passes par le comptoir dans les Badlands sur ton détour des Marais, paye une visite à ton fan numéro un ! On pourra faire plus ample connaissance de la pouliche sous ce casque ! Jusque-là, un peu de musique de la meilleure station de radio que vous trouverez le long de la Route.

Here's a pony there's a pony

and another little pony

funny pony party pony

pony pony sprite

Jour 5 - Heure : approximativement 16h45 - Lieu: Quartier général de la 165 brigade Terrestre, Marais Salants

"Arrête cette foutue musique, j'peux pas entendre s'il est toujours dehors !" lança la jeune griffonne à Puppy avec un regard d'exaspération.

"M-mais c'est marrant ! T'es un poulet grincheux !" La pouliche lui fit la grimace et retourna pouponner sa peluche de Pinkie Pie. "Ne t'en fais pas Silky Tail : elle nous en veut pas, elle est juste un peu fatiguée."

Henrietta la griffonne enjamba Puppy et saisit la pouliche par son casque de façon à la regarder droit dans les yeux. "Pour la dernière fois, je ne suis PAS un Poulet ! Il y a une putain de manticore juste là dehors qui nous a piégés dans cet endroit et tu fais tout pour me rendre folle !" La voix de la griffonne se transforma en une série de grincements stridents. "J'espère que mon père ne va pas tarder à arriver," soupira-t-elle. "Peut être qu'avec son aide on pourra sortir d'ici et que je n'aurai plus jamais à voir ton air stupide de ma vie !"

"J'suis pas stoupide... t'es un vilain méchant chat et j'veux plus être ton amie !"

"Attention, griffon hostile à trois mètres. Niveau de menace : élevé."

"Oh, la ferme Monsieur Voix..." Puppy tourna le dos à Henrietta en signe de bouderie digne d'une pièce de théâtre.

"La ferme monsieur qui ? À qui est-ce que tu parles maintenant ?" La griffonne haussa un sourcil. "T'as un émetteur radio dans ce machin ?!" En un bond Henrietta se retrouva sur Puppy à essayer de lui retirer son casque. "On peut appeler à l'aide ! Appelle mon père sur 90.08 ! Nom de code, Blaze !"

La pouliche fut prise par surprise. "Hé attends ! Je dois demander à Monsieur Voix ! Il vit dans la combinaison et c'est lui qui s'occupe de tous ces trucs bizarres !" La pouliche essaya de repousser Henrietta d'un revers du sabot, mais la griffonne se retirait déjà.

"Attends, monsieur Voix ? Cette combinaison parle ?"

"Bien sûr ! C'est la meilleure combinaison spatiale de tous les temps ! Et il est aussi super intelligent !" sourit Puppy avec fierté.

"Ouais..." ricana Henrietta. "Je parie qu'il est plus intelligent que toi."

"Tu l'as dit ! Plus intelligent que-" Le sourire de Puppy se transforma en grimace. "Hé ! C'était pas gentil !"

La griffonne était déjà effondrée de rire. "J'arrive pas à croire que tu sois tombée dans le panneau ! T'es trop marrante ! Encore plus bête qu'une banane en pyjama !" Henrietta sourit et offrit une tape à la pouliche du plat de la serre.

"H-Hé arrête ça ! Espèce de vilain- vilain poulet ! Si ton papa était pas aussi blessé j'taurais déjà donné une leçon !"

Henrietta se figea sur place, dévisageant Puppy. "Mon père est quoi ? Qu'est-ce que tu sais de mon père ?" L'espoir et la peur se mélangeaient sur le visage de la jeune griffonne dans une telle mixture que même Puppy comprit qu'elle devrait mesurer ses prochain mots avec un très, très grand soin.

"Euh, la dernière fois que je l'ai vu il était mort... Peut-être que depuis il va mieux ?" La pouliche sourit, perdue dans sa naïveté infantile.

"M-Mon père... mort ? Comment tu sais ça ? Où est-ce que tu l'as vu ? C'est... c'est pas possible, c'est le meilleur, il peut pas être mort ! Tu mens, c'est pas possible ! Dis-moi que c'est pas vrai !" La griffonne dégaina son pistolet blanc et mit Puppy en joue, la ligne jaune courant du barillet pour finir sa course droit sur son museau. "Dis-moi que tu mens !"

Puppy croisa le regard dément d'Henrietta, la pouliche pouvait être un peu lente, mais il n'y avait aucun mensonge dans ces yeux roses brillants, juste la plus pure innocence d'un enfant. "Je... Je sais pas, il... voulait que je te dise qu'il voulait vraiment, vraiment venir ici et qu'il était désolé. Je suis venue ici très très vite pour te trouver parce qu'il était vraiment très triste et que je me sentais mal pour lui et j'ai perdu ma maman moi aussi-"

"ASSEZ !" Henrietta balança un coup de serre dans le casque de Puppy qui envoya la pouliche contre un mur avant de se rouler en boule. Elle essaya de cacher son visage de l'horrible vérité. "Ça peut pas être vrai... mon père est le meilleur mercenaire... il va bien, je suis sûre qu'il doit être en chemin pour nous sauver... merde... je... je..." Un léger son métallique lui fit ouvrir les yeux.

Puppy se tenait devant Henrietta ; la pouliche ne dit rien, mais elle sortit le pistolet noir avec la ligne rouge le long du barillet de sa sacoche et le posa à côté de la griffonne avant de retourner dans un coin de la petite salle.

"Rose Noire..." La jeune voltigeuse fixa l'arme avec surprise tandis qu'elle réalisait ce qu'elle savait déjà. "Oh non... non, par pitié... ça peut pas être vrai..." Elle regarda le poney jaune à nouveau. "S'il te plaît... dis-moi que rien de tout ça n'est vrai.... dis-moi que ce n'est qu'un mauvais rêve..."

Puppy grimaça et baissa les yeux. "Je... sais pas... si c'est un mauvais rêve alors je vais me réveiller et trouver ma maman qui m'attend, alors... Je voudrais aussi que ce ne soit qu'un très long mauvais rêve..." La pouliche soupira. "Mais je ne pense pas que ce soit le cas..."

"Merde..." Henrietta prit le pistolet d'une serre, elle l'examina et sortit son propre .45 automatique. Ils étaient en tous points identiques, au moindre détail près, à la seule exception de leur couleur. "Comment c'est arrivé ? Pourquoi t'étais là-bas ?" Continue sans moi Henrietta, ne t'arrête surtout pas. Tu as appris du meilleur. Tu peux mieux faire, tu DOIS mieux faire.

"Y'avait ces quatre poulets qui volai-"

"NOUS NE SOMMES PAS DES POULETS ! Nous sommes des griffons et nous valons mieux que vous, bouseux de poneys ! Appelle-moi, ou un autre griffon, poulet encore une fois et je m'assurerai que ce soit la dernière ! Capishe ?" La griffonne saisit Puppy par la nuque, la maintint au-dessus du sol tandis qu'elle pointait son arme sur sa poitrine de l'autre serre.

Les yeux de la pouliche étaient emplis de terreur ; Puppy essaya de se débattre mais après quelques secouements inutiles, elle laissa tomber et se mit simplement à pleurer. "Je... Je suis désolée Miss griffon ! Je serai sage ! Arrête s'te plaît... s'te plaît !"

Henrietta hocha la tête et reposa la pouliche. "Bien, mieux. Donc, il y avait quatre griffons. Où et quand ?" Le saut de colère semblait avoir dissipé le choc initial, ce qui aidait la griffonne à un peu mieux se concentrer sur la situation.

Puppysmiles raconta vite, et essaya de ne pas plus décevoir l'effrayante griffonne. "C'était un peu plus tôt : j'étais sur la route avec un ami et ils étaient dans le ciel... Au début ça ressemblait à un joli spectacle, mais ils ont commencé à se blesser et à tomber du ciel puis ils sont morts. J'ai parlé avec le dernier d'entre eux avant qu'il meure et il m'a dit de venir ici et te donner le truc noir et il a dit de te dire qu'il était désolé et qu'il voulait aller au sud et je l'ai touché pour qu'il ouvre les yeux mais il a continué de dormir, j'ai vraiment essayé de le réveiller très fort ! S'te plaît m'en veux pas je voulais vraiment vraiment qu'il aille mieux mais il ne bougeait pas puis monsieur Voix m'a dit qu'il était mort et... et..." La pouliche fit un pas en arrière, elle reprit son souffle et se cacha le visage derrière ses sabots pour se protéger. "S'te plaît me fais plus de mal je voulais pas être méchante je voulais juste aider ! J'suis désolée !"

Merde, c'est juste une gamine. La griffonne hésita tandis que sa colère s'évaporait. Cette pouliche ne savait peut être même pas que poulet était une insulte... Pour autant, il fallait bien que quelqu'un lui apprenne quelque chose avant qu'elle ne trouve de vrais ennuis.

"Et devinez qui est ce quelqu'un..." marmonna Henrietta. La mi-aigle posa une patte sur le casque de Puppy. "C'est bon, vraiment. Appelle-moi Henrietta ou Henry, d'acc ? Tu manques juste un peu de... tact. Mais t'en fais pas, tu apprendras. Maintenant, trouvons un moyen de sortir d'ici."

"Mais... mais t'es en colère après moi..." Puppy se cachait toujours derrière ses sabots.

"Non, je ne suis pas en colère... maintenant sois un bon poney et lève toi, d'accord ?"

"Mais je t'ai appelé poulet et j'ai dit que t'étais méchante..." protesta la pouliche.

"Tâche juste de ne pas recommencer... Je t'ai grondée et maintenant nous sommes quittes... d'accord ?"

"Donc... donc on peut encore être amies ?" tenta Puppy avec espoir.

La griffonne soupira. "Oui, oui on peut encore être amies... alors reste tranquille et laisse-moi réfléchir à un plan."

Bien sûr, c'était plus facile à dire... peut être un peu plus dur à faire, mais même ces simples mots suffirent pour redonner à Puppy son air joyeux et insouciant. La pouliche hocha la tête et s'assit à côté des escaliers, pendant que la griffonne jetait un œil à l'extérieur. Le prédateur devait se cacher quelque part, probablement à attendre qu'elles fassent un pas à l'extérieur.

"C'est pas bon... si seulement j'avais quelque chose de mieux que mes pistolets. Je peux toujours espérer un bon coup de chance, mais si ça ne marche pas..." La griffonne se retourna vers Puppy. "Hé, tu n'aurais pas un gros calibre ou des explosifs sur toi par hasard ?"

"J'ai un caillou ! Il est super caillouteux !" Puppy montra avec fierté La Pierre De la Destinée à Henrietta.

C'eut pour seul effet de faire naître un sourire narquois chez la griffonne. "Oh oui, exactement ce dont on a besoin : un caillou. Désolée gamine mais je ne pense pas qu'une stupide pierre puisse décider de ma destinée."

La pouliche pencha la tête, puis regarda son arme favorite d'un air confus. "T'en fais pas, je ne pense pas que tu sois stupide, Pierre... mais il vaudrait mieux que tu retournes dormir pour le moment."

"Par pitié ! J'essaie de trouver un plan ici. Arrête de faire la bise à chaque petit truc que tu mets dans ta sacoche et fais quelque chose d'utile, comme..." Henrietta hésita. "Comme... ah... En fin de compte, tu ferais mieux de retourner jouer avec Twinkle Sail."

"Silky Tail !"

"Ouais, c'est ce que j'ai dit... Amuse-toi bien..."

"Okie Dokie ! Le thé sera servi dans cinq minutes !" Puppy s'assit dans les escaliers et sortit la poupée Pinkie Pie de sa sacoche.

"Ouais, comme tu veux... donc..." La griffonne baissa la voix jusqu'à murmurer. "Il n'y a aucune couverture suffisante et je ne pense pas pouvoir distancer cette créature plus de quelques minutes. On va devoir l'affronter mais on manque de puissance de feu..." Henrietta soupira de détresse. "C'est ridicule : ces tanks sont remplis de munitions explosives et on est bloquées ici avec du .45 et... un caillou..."

Pendant ce temps, Puppy asseyait sa poupée sur un large obus Flack 8.8 tandis qu'un deuxième faisait office de théière pour servir le thé. "Hé, tu veux six ou huit sucres dans ta tasse ? Ah... tu as une tasse ?"

"Non merci. Je crois que j'ai un plan," dit la griffonne sans même prendre la peine de se retourner vers la pouliche. "Je vais courir dehors pour attirer l'attention de la manticore. Après qu'elle aura commencé à me prendre en chasse, tu courras vers le tank le plus proche et iras dedans. Tu devras faire vite, je ne pense pas pouvoir la distraire très longtemps. Quand tu seras dedans, tu devras chercher des munitions HE : elles sont grandes et brillantes, comme une grande boîte de conserve avec une tête pointue ; elles devraient avoir une bande rouge donc elles sont assez faciles à identifier. T'as compris ?"

"Euh, oui..." Puppy observa un moment sa 'théière', elle haussa les épaules et la mit de côté. "Tu dois garder un œil sur Silky Tail, d'accord ?"

"Je ne pense pas que ta poupée aille où que ce soit pendant que nous serons dehors. Tu dois juste entrer dans le tank, prendre la grosse cannette avec la grosse bande rouge et revenir ici en courant ; quand ce sera fait, je t'expliquerai la seconde partie du plan." La griffonne s'accroupit, se préparant à un départ propulsé : elle avait besoin de toute la vitesse qu'elle avait.

"Mais elle va avoir peur !" La pouliche était une source constante d'idiotie et de distraction.

"Puppy, Twinkle Sail n'est qu'une poupée ! Elle ne peut pas avoir peur !" Henrietta s'approcha de la queue de Pinkie Pie/Silky Tail, la prit et la secoua devant la pouliche : "Tu vois ? Elle sourit, donc elle va bien ! Peut être que quand nous reviendrons elle nous lancera une... HE Flack 8.8 ?" Les yeux de la griffonne se figèrent sur l'objet qui servait de chaise au jouet de Puppy. "Excuse-moi... où est-ce que tu as trouvé ça ?"

La pouliche en jaune sourit. "Soft Air m'a donné Silky Tail à la Lueur."

"Non, je veux dire ce truc : la 'chaise'..."

"Oh ça... c'était à l'intérieur du grand chariot en métal, c'était brillant et tout propre, j'en ai tout plein des comme ça." À voir l'expression inscrite sur le visage de la griffonne, Puppy savait qu'elle devait en dire plus. "Tu en veux un ?"

L'œil gauche d'Henrietta se mit à tiquer. "Ok, bien, super... première partie terminée... maintenant partie deux..."

"Quoi ? Mais on a même pas-"

"Non... juste... non. J'ai dit partie deux, ne parlons plus jamais de la partie une." Le self-control de la griffonne était mis à rude épreuve et visiblement en voie d'amélioration. "Écoute bien attentivement : je vais essayer d'attirer monsieur Vilain pas beau ici, à l'entrée de la tour : quand la manticore passera sa tête à l'intérieur, tu devras lancer l'obus dans sa bouche et ensuite je tirerai dessus. Sa tête fera boum et y'aura plus de méchant, compris ?"

Puppy fronça les sourcils. "Donc... Je lance la théière dans la bouche et le film est fini ?"

"Le quoi ? Ouais, comme tu dis : lance ce truc dans sa bouche et je m'occupe du reste. Tiens-toi prête et n’aies pas peur, ok ?"

"Okie Dokie !" La pouliche enlaça l'obus et se cacha derrière le mur tandis qu'Henrietta sortait du bâtiment avec précaution, ses ailes prêtes à prendre l'envol.

Moins d'une minute plus tard, des coups de feu retentirent de dehors, suivis par la voix d'une griffonne qui taquinait la manticore avec des mots que Puppy n'avait jamais entendus avant. La pouliche était deux fois plus curieuse de savoir ce qui se passait à l'extérieur, mais on lui avait dit d'attendre sagement à l'intérieur et de ne pas bouger. Il y avait comme un dilemme : si Henrietta la retrouvait ailleurs qu'ici, elle allait vraiment être en colère et elle faisait vraiment peur quand elle s'énervait... D'un autre côté Puppy était sûre que ce qui était en train de se passer à seulement quelques pas d'elle était super cool.

"Peut être que si je jette juste un coup d'œil..." Dehors, il pleuvait des douilles et un tonnerre de rugissement venait compléter l'orage du combat qui se tenait. "Juste un... ça peut pas faire de mal, pas vrai ?" La pouliche rampa lentement près de la porte, serrant toujours l'obus contre elle pour essayer de regarder dehors, "Doucement, doucement..."

"Oh, j'peux rien voir ! C'est pô juste-"

Une silhouette franchit soudainement le seuil de la porte, ne laissant qu'une faible traînée derrière elle. Sans perdre de temps elle se rua à l'autre bout de la pièce en criant : "MAINTENANT !"

"Maintenant quoi ?" demanda Puppy un peu surprise.

"ROAAAR !"

Déchirant et explosant le béton sous ses pas, la manticore apparut dans le seuil, elle essaya d'entrer mais fut arrêtée par sa taille. Puppy se retrouva face à face avec la mâchoire d'une bête titanesque mordant et claquant à seulement quelques centimètres de son casque, elle ne put que glapir de terreur en reculant sous le choc.

"Qu'est-ce que tu fous Puppy ! Balance l'obus maintenant et pars à couvert !" La détresse dans la voix d'Henrietta s'accordait avec la panique dans ses yeux. "Bouge cette cutie mark !"

La pouliche en jaune hocha la tête et essaya de lancer l'obus : la bombe partit en ligne droite dans les airs alors que Puppy sautait aussi loin qu'elle le pouvait. Lorsque la bombe toucha le sol juste sous la tête de la bête, la griffonne ouvrit le feu.

PAN ! PAN ! PAN !

Trois tirs, trois dans le mille, trois ricochets. "Merde ! La douille est trop épaisse, j'peux pas la perforer !" La pistolero jura et vida ses deux pistolets contre le stupide obus, mais rien n'y fit.

"Ça ne marche pas !" Henrietta rangea l'une de ses deux armes qu'elle remplaça par une troisième. Celle-là était rouge avec une ligne blanche le long du canon mais en dehors de ce détail, il était en tout point identique aux deux autres. Elle vida le chargeur directement dans le visage du monstre et réussit à ralentir son assaut un moment.

"Je pense qu'il veut agrandir la porte." Puppy continua à reculer de quelques mètres mais semblait moins apeurée. La pouliche tapota son casque, comme si elle analysait la situation. "Il est bon..."

La bête fixa Henrietta avec des yeux injectés de sang, prête à la réduire en pièces, il était devenu évident qu'elle n'avait plus l'intention de les traquer, elle était prête à détruire toute la tour si c'était pour les atteindre. Le véritable problème étant bien sûr que la manticore était déjà en train de réduire le bâtiment en morceaux. Peut-être pas très vite, mais elle s'en approchait.

"Ne reste pas plantée là ! Viens par ici !" La griffonne rechargea ses deux pistolets. "On peut encore lui faire faire boum, il faut seulement que je réussisse à toucher le détonateur. Reste bien couchée, je vais tenter quelque chose !"

"C'est quoi un dé-thon nature ?"

Henrietta se lança sur la manticore en ignorant la question de Puppy. En un saut elle arriva à seulement quelques coups de griffe hors de portée de la bête et pointa ses deux armes sur l'obus. "Say goodbye Josè-" Mais trop tard, la jeune griffonne remarqua que le prédateur avait incliné sa tête et plié son dos. Henrietta aussi était à moitié féline, elle aurait dû savoir à quel point une manticore était flexible. Oui, elle aurait dû être plus prévoyante, mais à cet instant, le chat venait de tomber dans la gueule du lion. Il ne lui laissa même pas le temps de jurer.

La manticore tendit la patte et frappa la griffonne, il la toucha à l'épaule et la saisit avec ses griffes puissantes. Henrietta cria de douleur et par réflexe se mit à mordre et béqueter tout aussi désespérément qu'inutilement la patte du monstre.

Puppysmiles se mit elle aussi à hurler de terreur. La pouliche essayait de s'éloigner encore plus loin, mais sa croupe était déjà collée au mur. La manticore était horrible, même pire que ça, elle était en en train de blesser Henry.

L'espace d'un instant, Puppy ne vit plus la manticore, mais un visage métallique rose avec des yeux bleus clignotants.

S'il te plaît -ahah- fait que -ahah- ça s'arrête...

Des flammes roses illuminèrent les yeux de Puppy tandis qu'elle levait un sabot. "Caillou !" Aussitôt, la Pierre de la Destinée apparut dans son sabot et la pouliche se rua sur la bête. "Relâche-la ! Relâche-la TOUT DE SUITE !"

La manticore remarqua immédiatement la bestiole jaune qui l'assaillait et tourna instinctivement sa tête dans sa direction pour refermer sa mâchoire sur cette dernière, balançant son autre proie au loin. Les crocs du monstre se refermèrent sur la petite pouliche, l'écrasant avec un bruit d'os broyés sec. Henrietta luttait pour rester consciente alors qu'elle titubait à travers la pièce pour rejoindre les escaliers. Au même moment, la manticore laissa échapper un rugissement triomphant qui scellait une fois pour toutes le destin de Puppy.

"Non... non, c'est trop tard... Il ne reste plus que toi... ne te retourne pas..." Au bord de l'inconscience, la griffonne blessée grimpa quelques marches d'escaliers mais la douleur était insoutenable. La manticore derrière elle hurlait dans une rage ponicidaire, elle était probablement en train de réduire en pièces le pauvre corps, la démembrant morceau par morceau. Henrietta sortit une potion de soin et l'avala d'une seule traite, puis elle s'écroula tête la première, sa vue l'abandonnant peu à peu. Henrietta essaya de se retourner pour voir ce qui se passait et pourquoi la bête atroce continuait de rugir et hurler, mais tout ce qu'elle vit était un épais nuage rose et rien d'autre... Puis la griffonne perdit le combat contre la douleur intenable et s'évanouit.

Maintenant si vous le voulez bien, ayons une minute de silence en mémoire d'une manticore bien malchanceuse.

...

Et c'est pour cette raison que la règle numéro un dit clairement ne jamais mordre. Jamais. Ça pourrait être gâté.

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Jour 6 - Heure : approximativement 00h45 - Lieu : Quartier Général de la 165eme Brigade Terrestre, Marais Salants

"Système relancé avec succès. Toutes les fonctions sont restaurées. Système de diagnostique en ligne. Sujet 001 : Puppysmiles. Poney terrestre femelle. Sujet décédé, condition stable. Tout est bon."

Puppy ouvrit paresseusement un œil et bâilla. "Mais il fait tout noir dehors..." Elle avait la désagréable sensation que quelque chose de lourd reposait sur son dos. "Qu'est-ce qui s'est passé ? Où est le poulet ? Et le gros méchant chat ?"

"Analyse en cours. Hostile détecté. Six mètres à l'est. Henrietta. Niveau de menace : négligeable." Un point rouge solitaire clignota sur la boussole.

"T'es bête, Henry n'est pas un ennemi..." Le point tourna au rose. "Okie Dokie, allons au... hé ! La pouliche bougea ses sabots mais cela ne la mena nulle part. Puppy regarda vers le bas et vit qu'elle était suspendue sur une sorte de truc gris. Il lui fallut plusieurs essais pour réussir à se dégager du crâne de la manticore ; le squelette de la bête avait pris la même couleur que le mur et semblait s'être légèrement enfoncé à l'intérieur de celui-ci, comme si l'animal et le mur avaient fusionné ensemble. La grosse tête pleine de dents était ouverte dans un rugissement d'agonie éternelle et ses ailes ouvertes, tentant de prendre l'envol pour fuir le nuage mortel qui l'avait consommée.

Puppysmiles trotta vers Henrietta, mais la griffonne gisait dans les escaliers, sans donner aucun signe de vie. "Monsieur Voix, est-ce qu'elle est... tu sais… euh… morte ?"

"Analyse en cours. Négatif. Le sujet est inconscient."

"Oh… ça veut dire qu'elle va aller mieux ?"

"Affirmatif. Le sujet est en train de récupérer."

"Okie Dokie." C'était plus que suffisant pour Puppy : elle sourit et fit un baiser d'adieu à Henrietta à travers son casque. "Je suis désolée mais je dois continuer ma route, petite poulette. Ma maman est quelque part vers cette flèche."

Puppy trotta quelques mètres mais s'arrêta et grimaça : d'une certaine façon, juste lui dire au revoir ne semblait pas suffire. La pouliche fit demi-tour, elle sortit la poupée Pinkie Pie de sa sacoche et la déposa dans les pattes de la griffonne.

"Voilà, Silky Tail. Surveille bien Henrietta et ne laisse rien de mal lui arriver." Ce coup-ci elle avait fait ce qu'il fallait. Puppy trotta à l'extérieur et récupéra sa trottinette.

"Hé, peux-je avoir un peu de musique ?"

Dans la jungle, terrible jungle,

Le lion est mort ce soir

Dans la jungle, terrible jungle,

Le lion est mort ce soir

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Jour 6 - Heure : approximativement 10h00 - Lieu : La chute du griffon, Marais Salants

Creuser un marais sans pelle était déjà une torture en soit, mais creuser la tombe de votre propre père dans un terrain boueux avec vos propres griffes était… Non, juste non.

Des larmes coulèrent du bec de la griffonne pendant qu'elle ravalait sa peine. À chaque fois qu'elle essayait d'approfondir le trou, il se remplissait d'eau boueuse, mais elle continuait de creuser en silence. Il n'aurait jamais supporté de la voir pleurer, c'était le plus dur des mercenaires badass que les terres désolées aient connu. Et pourtant il était mort, tué par les Talons.

Henrietta amena le corps de son père vers le trou et le poussa dedans, il s'enfonça dans la boue avec un gargouillis. Sa fille regarda les plumes tâchées de sang s'enfoncer dans le bassin et essaya de retenir ses larmes. Merde… Il ne voulait même pas s'enfoncer entièrement.

"C'est pas juste, me laisser toute seule comme ça… qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire ?" Henrietta soupira ; elle essayait de lui en vouloir, ne serait-ce que pour trouver une cible contre son chagrin, mais c'était si dur. Il était parti… et maintenant ? "Pourquoi tu…"

Merde.

Juste Merde.

La griffonne reboucha le trou avec de la boue et toutes les pierres et morceaux d'asphalte qu'elle pouvait trouver. La dernière pierre en place, Henrietta observa l'endroit où elle avait pu voir le bec dépasser juste un instant plus tôt ; elle sortit le pistolet noir et hésita, puis finit par le rengainer. En dernier hommage, elle retira trois plumes de son aile droite et les planta là où elle savait que le cœur de son père reposerait pour toujours.

"Dis à maman que j'irai bien, d'accord ?"

Henrietta essuya ses yeux d'une de ses serres tandis que de l'autre elle fouillait dans son sac, d'où elle sortit Silky Tail. La griffonne regarda les yeux bleus souriants de la poupée et essaya de lui rendre ce sourire. "Oui, j'irai bien."

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Jour 6 - Heure : approximativement 11h30 - Lieu : Rencontre aléatoire, Marais Salants

"Salut ! J'suis Puppysmiles !"

L'un des trois esclavagistes, un terrestre noir, plissa le museau. "J'crois avoir déjà entendu c'nom quequ'part… p'têt qu'on d'vrait laisser c'lle-là tranquille…" Il regarda ses deux compagnons : ils étaient bien armés mais Lonesome Pony n'avait pas arrêté de répéter ces deux derniers jours que la branche nord de la Longue 52 était infestée par un petit fantôme.

"J'ai pas peur des fantômes, Dripping Blood. Mais si un poulain te file les jetons à ce point alors garde un œil sur les autres esclaves." Le chef de la bande, une licorne jaune, jeta un regard vers son menu butin : deux étalons et une jument enceinte… bien en-dessous de son quota, "Forty Nails, attrape-la."

Puppysmiles ne comprenait pas vraiment ce qui se passait : il y avait six points sur sa boussole mais la moitié était rose, l'autre rouge… Ce devait être une autre bizarrerie de monsieur Voix. L'un des poneys marqué d'un point rouge s'approcha lentement d'elle et posa un sabot sur son dos avec précaution.

"Viens avec nous et ne résiste pas gamine."

"Okie Dokie ! Où est-ce qu'on va ?" La pouliche en jaune lui offrit un sourire plein d'enthousiasme.

Apparemment son comportement semblait assez étrange aux nouveaux venus. Le poney le plus proche, une licorne verte, se tourna vers son chef, lequel se contenta de hausser les épaules et lui fit signe de continuer. "Tu vois ? Tout va bien. Mets-lui le collier et allons-y."

Forty Nails essaya d'ouvrir la combinaison de Puppy, mais il n'était certainement pas ce qui se rapprochait le plus d'un technicien du Ministère de la Paix. "Hé chef, ce putain de truc veut pas s'ouvrir !"

"Eh ouais. J'arrive pas à l'enlever non plus : le casque est super dur… j'ai même essayé de taper dessus mais il arrête pas de se réparer tout seul…" Il était enfin temps que quelqu'un l'aide avec sa combinaison, mais il ne semblait y avoir personne avec assez de compétence pour y arriver. "Je pense qu'il doit y avoir des boutons à appuyer ici ou là mais ils marchent pas…"

"La ferme taré." Forty perdait patience et décida de prendre le problème avec la solution la plus primitive. "On va voir s'il résiste à ça." Il prit une clef de plomberie et l'abattit sur le casque de Puppy. Une toile de fissures se dessina à sa surface.

"Hé ! Si tu lui brises le crâne, je fracasse le tien !" hurla la licorne jaune. "Un mort ne vaut rien !" L'étalon noir restait en retrait, gardant simplement un œil sur les trois autres esclaves qui ricanaient face au spectacle.

Puppy fit un bond en arrière, effrayée. "Hé ! C'est dangereux !"

"Attention. Boussole défaillante. Attention. Système de détection hors ligne. Attention. Intégrité du casque sévèrement compromise. Système de réparation activé."

"Que le Soleil me baise, en voilà une coquille dure à briser !" La licorne verte leva à nouveau son arme, prête à frapper, mais il vit les fissures commencer à se refermer. "Qu'est-ce que ?!" Il hésita.

"Contente-toi de l'attacher avec une corde et reprenons la route. On s'occupera de ça une fois qu'on sera sortis de ce trou."

On demanda à Puppy de se tenir tranquille, alors elle obéit pendant que le gentil poney passait une corde autour de son cou. Ce n'est que lorsqu'ils essayèrent de l'amener avec les autres esclaves qu'elle sentit que quelque chose n'allait pas.

"Hé, j'peux pas laisser ma trottinette ici !" La pouliche trotta vers l'engin mais l'esclavagiste qui tenait la corde l'arrêta en tirant d'un coup sec.

"Où tu crois aller ?"

Puppy continuait de tirer. "Ma trottinette ! Lâchez-moi !"

Forty Nails ricanna. "Bien sûr, pétasse." Il tira la pouliche près de lui et la regarda dans les yeux : "Tu es une esclave maintenant. Oublie ta trottinette et tout le reste. Si tu veux rester en vie, obéis. Compris ?"

"Euh… mais je dois aller là-bas !" Puppy pointa un sabot vers le sud. La licorne verte pouffa et la frappa au flanc avec la crosse de son fusil.

"Ferme-la et ouvre bien tes oreilles ou tu peux être sûre que je te violerai bien violemment ! Les poneys qui se rebellent ne valent pas grand-chose de toute façon." Forty se tourna vers son chef. "Hé boss je vais apprendre une petite leçon de respect à celle-là."

"L'abîme pas ou c'est toi qui paieras pour elle," répondit le chef sans même se retourner.

La pouliche en jaune grimaça. "Je ne suis pas sûre que c'était un gentil mot…" Elle n'avait pas du tout l'air touchée par sa première correction, alors l'esclavagiste vert lui donna un plus grand coup.

"LA ! FERME !"

Puppy s'envola pour s'écraser quelques mètres plus loin. "Hé ! Vous pourriez blesser quelqu'un !" Elle se remit sur pattes sans montrer le moindre signe de douleur, ce qui lui valut un regard inquiet de la part de Forty Nails.

"M-mais… qu'est-ce que t'es ? Va te faire foutre sale monstre, bouge plus !" L'étalon épaula son fusil et tira deux balles dans la poitrine de la pouliche.

PAN ! PAN !

Deux tirs dans le mille, deux trous dans la poitrine de la pouliche et toujours aucune réaction de sa part. Les yeux de Forty s'écarquillèrent d'horreur. Le chef en profita pour se retourner vers son laquet.

"Bordel, qu'est-ce que tu fous espèce de sale fils de junkie ! C'est la dernière fois que tu buttes un esclave !" La licorne jaune chargea l'étalon vert tête baissée, ce qui l'envoya voler dans les airs.

"Non ! J'crèverai pas ici !" Dans un état de pure panique, Forty retourna le fusil contre son chef et vida le chargeur. L'une des jambes de la licorne explosa avant qu'il n'ait le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Il tomba sur ses genoux, son fusil sortit et se mit à arroser dans tous les sens. Le terrestre noir qui était resté silencieux jusqu'à maintenant dégaina un fusil de chasse mais fut fauché par une balle perdue de concert avec l'un des esclaves et Puppysmiles. Les balles transpercèrent la pouliche, trois trous s'ajoutèrent à sa collection, mais cela ne semblait pas l'affecter plus que ça.

"Arrêtez de vous disputer ! S'vous plaît ! Hé ! Moi aussi j'vous parle !" Puppy essayait de remettre de l'ordre mais la situation semblait échapper à son contrôle. "Vous êtes que des méchants poneys et vous devriez vous sentir mal pour ça ! Monsieur Voix, fais quelque chose !"

"Réparations terminées. Isolation totalement restaurée. Sujet 001 Puppysmiles décédé. Condition stable. Tout est bon."

"Non, pas ce genre de chose ! Quelque chose d'autre !" grommela Puppy.

L'esclavagiste noir se battait pour essayer de récupérer une potion de soin, mais l'esclave qui n'avait pas été touché prit son arme et la vida en plein sur son museau. L'esclave blessé toussait du sang et tomba au sol pendant que la jument enceinte essayait de se mettre à l'abri derrière l'esclave armé.

Forty Nails lâcha son dernier souffle et le chef de la bande se vidait rapidement de tout son sang, mais il n'allait pas rejoindre le tartare seul. Entouré d'une aura magique, une télécommande sortit de sa sacoche pendant qu'il crachait du sang, essayant de rire. "Ne vous en faites pas -kof- petit poney -kof- poneys… vous allez tous -kof- tous me précéder…" Il leva son sabot encore valide pour actionner la commande des colliers des esclaves. Les deux survivants le regardèrent avec horreur.

"Pas de jouets pour les vilains poneys !" Un sabot jaune prit le détonateur sous le museau du chef des esclavagistes. Puppy le fixa avec son meilleur regard désapprobateur. "J'ai dit, plus de bêtises ! Je garde ce truc jusqu'à ce que tu sois sage !" La pouliche marqua une pause théâtrale. "Et ch'uis chuper chérieuse !"

L'esclavagiste leva la tête vers Puppy et ne put retenir un sourire. "Je… j'y crois pas… -kof- J'ai entendu des histoires sur le -kof- le fantôme…" Ses yeux se posèrent sur les trous dans la combinaison qui disparaissaient. "Bordel… t'es… -kof- bien pire -kof- que tout -kof- ce que j'im… a…gi… n…" La voix de l'étalon mourut alors que sa vie était rattrapée par les terres dévastées affamées.

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Jour 6 - Heure : approximativement 20h30 - Lieu : Environs de Tunnel Town, Branche N de la Longue 52

"Et donc, quand la maman poney aime super fort le papa poney, ils écrivent une lettre à la princesse Celestia et lui demandent un petit poulain. Tu savais vraiment pas ça ?" La pouliche trottait et galopait dans tous les sens pendant qu'elle parlait.

Ça avait été un long chemin, mais heureusement sans autres embuches à travers les marais salants. Les plaines emplies de flaques de boue étaient enfin derrière eux, elles laissaient place à une zone de collines stériles. Il était maintenant possible de voir le moindre mouvement suspect à une bonne distance, même dans l'obscurité de la nuit. L'ATH de Puppy s'illuminait par moments de points rouges, mais pour la plupart, il s'agissait d'animaux sauvages qui fuyaient la présence surnaturelle de la pouliche.

Les deux poneys qui voyageaient avec Puppysmiles étaient assez déboussolés. Il y avait la jument enceinte, une licorne blanche crème du nom de Sweet Flower, qui fut la première à prendre la parole : "Oui, ça marche à peu près comme ça… dis, tu parles beaucoup pour une pouliche, pas vrai ?"

"Ouaip ! Tout le monde me le dit," sourit Puppy puis elle changea totalement de sujet. "J'espère que vous aurez une pouliche. Les pouliches sont plus mignonnes !" Elle baissa la voix. "D'ailleurs, j'ai entendu dire que les poulains avaient la gale ! C'est vrai !"

Sweet Flower eut un petit rire et passa le museau dans le cou de son compagnon, un étalon marron du nom d'Asso. "Elle n'a pas tout à fait tort, n'est-ce pas ?"

Asso répondit avec un rire. "Tout ce que je sais c'est que ça va être super." L'étalon arrêta de trotter et regarda au loin.

"Eh voilà, nous y sommes, petite : voici le Tunnel." L'étalon marron pointa un sabot vers un petit amas de lumières perchées au milieu d'une crête dans la montagne.

Un grand pont, formé d'arches en pierre, s'élevait des marais et grimpait directement vers la montagne, comme une autoroute vers le ciel. Les yeux de Puppy s'écarquillèrent d'émerveillement à la vue d'un tel colosse. On aurait dit que la route montait comme une flèche magnifique et puis BAM ! Elle disparaissait dans un spectacle de lumières colorées. La pouliche et ses deux compagnons s'intéressaient bien plus à elle qu'au tunnel : les yeux de la pouliche brillaient dans le noir, une vive lumière rose qui entourait le casque d'un halo fantomatique.

"Okie dokie ! Donc on y va ? Mam m'attend quelque part là-dedans !" demanda la pouliche avec enthousiasme, elle manqua avec brio le regard alarmé que s'échangeait les deux autres poneys.

"Ah… eh bien, nous ne vivons pas là-bas et il faut payer une taxe pour entrer dans Tunnel Town. Nous nous rendons au comptoir dans les Badlands, c'est un petit poste le long du détour, tu sais ?" Après ces mots, Asso hésita, mais la jument le poussa du museau à demander ce qui le tracassait. Après une courte pause, l'étalon baissa les yeux et continua. "Je… nous aimerions savoir, tu es vraiment un fantôme ? Une sorte d'ange gardien envoyé pour protéger les poulains ?"

Puppy pencha la tête et se mit à rire. "Je suis Puppysmiles gros bêta ! Je ne sais pas pourquoi tout le monde m'appelle fantôme mais je suis juste à la recherche de ma maman."

"Oui tu… tu nous l'as déjà dit un million de fois…" Asso lança un regard blasé vers sa compagne et haussa les épaules. "Bien, je suppose que tout est dit. On te doit notre liberté, d'une certaine façon… donc… Merci ? J'aurais aimé avoir quelque chose à t'offrir en échange, mais j'ai vraiment besoin de tout ce que je possède pour rentrer en vie chez moi."

"Okie Dokie ! Au revoir jolis poneys !" Puppy attendit que ses amis aient disparu de son champ de vision et trotta gaiement sur le pont en direction de Tunnel Town.