Chapitre 4: Reunion and diagnosis

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Deux jours plus tard…

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Twilight ouvrit les paupières. Un rayon de soleil taquin était venu la réveiller quelques minutes plus tôt, la laissant entre le sommeil et le réveil durant plusieurs minutes. Autant groggy que pouvait l’être une princesse après un réveil indésirable, l’élément de la magie grogna et se retourna dans ses coussins pour ne plus se faire agresser par la lumière traitre.

La pièce était silencieuse, très silencieuse. Seuls quelques couinements de tuyauterie, signe que le personnel de l’établissement utilisait l’eau, empêchait de penser qu’elle se situait encore dans le royaume de Luna.

Malheureusement, Twilight avait très mal dormi. Elle avait passé toute la nuit à ce réveiller entre deux rêves étranges, bourrés d’explosions et de sifflements de balles. Elle avait cauchemardé, voyant ses amies « parties » se faire tuer par des tirs griffons ou alliés. La jument avait passé tous ses rêves au peigne fin à son réveil pour essayer de déceler une trace de la princesse de la nuit. Depuis sa disparition, le monde des rêves n’est plus ce qu’il était. Le chaos de la guerre, alors dans l’esprit de tous, le rendait encore plus incohérent que pouvait l’être habituellement les songes. Luna, qui d’habitude allégeait les horreurs que le cerveau équin pouvait créer durant la nuit, ne pouvait plus exercer son pouvoir, laissant choir ce pays étrange et insolite dans les méandres abyssaux des pensées douloureuses et sombres. Quelque chose que Twilight connaissait très bien en somme depuis la perte de ses amies.

Jusqu’alors, la jument violette faisait vagabonder ses yeux violets dans toute la dimension de la pièce. Seulement, elle ne voyait rien. C’était comme si… son cortex visuel ne c’était pas encore connecté au reste du cerveau. Pour un poney normal, un tel souci aurait causé panique et/ou perte de connaissance, mais pas chez la princesse de l’amitié. Elle connaissait cela comme un rituel qui se déroulait chaque matin à son réveil, et cela depuis la perte de ses amies.

La jument avait d’ailleurs remarqué que la plupart des choses qui lui semble « banales » aujourd’hui, sont apparues après la perte total de ses amies. Entre la cécité matinale, la perte de confiance, les crises de larmes, et son incapacité à bien gérer les choses, Twilight a beaucoup changé en cent vingt ans. Elle le savait et ne s’en souciait pourtant guère, voyant cela comme une sorte de « marque » lui permettant de ne pas oublier celles avec qui elle avait vécu durant le début de sa vie.

Des formes commençaient à lui apparaitre. En plissant les yeux, elle pouvait deviner sur sa gauche ce qui s’apparentait à une perfusion de sang accrochée à une tringle de métal. A sa droite, une variété assez imposante de couleurs vives et éclatantes. Sans réussir à bien voir, la licorne ailée savait qu’il s’agissait de fleurs que les gardes et le personnel de l’établissement avaient rapporté la veille.

En jetant un regard devant elle, un mouvement attira son attention. Une forme encore indistincte par sa cécité temporaire remuait, assise sur ce qu’elle savait être un banc, au fond de la chambre. Une sorte de douce lumière irradiait de lui, causée par quelque chose ressemblant à une armure dorée qui reflétait les rayons matinaux du soleil. Twilight se creusa un peu la tête, l’esprit encore un peu brumeux. Elle savait les gardes solaires et lunaires des deux sœurs presque tous tués au champ d’honneur. Étant les seuls à porter de telles armures, elle ne pouvait pas se tromper quant à savoir qui se tenait devant elle. La mémoire lui revint pourtant presque en même temps que la vue. Un pégase blanc aux crins blonds se tenait droit, bombant le torse comme le veut le protocole militaire, et la fixait, stoïque quoique l’on pouvait deviner un léger sourire sur ses lèvres. Quand elle s’apprêta à le reconnaitre pour de bon, le garde leva le sabot en guise de salut.

« Bonjour votre majesté, la nuit vous a-t-elle porté conseil ? »

« LineApple !!! Je te croyais mort ! » Répondit la princesse d’une voix enjouée quoiqu’un peu plus fort qu’elle l’aurait voulu.

Le soldat gloussa et s’approcha, son air solennel envolé aussi vite que ses ailes s’étaient ouverte pour dire bonjour au rayon du soleil. Il s’approcha de la princesse qui lui sauta presque au cou, posant son museau dans son cou. Les larmes vinrent presque automatiquement à la princesse qui ne les contrôlait pas encore bien par la proximité encore palpable du sommeil. Le garde lui rendit affectueusement son câlin et posa ses pattes dans son dos, touchant maladroitement l’aile cassée. Twilight poussa un petit cri surpris qui fit regretter son geste à LineApple. Il se recula, un peu gêné, en demandant pardon. La jument posa son sabot sur sa bouche et le ramena encore dans une étreinte passionnée.

LineApple est un des rares descendants directs de la famille Apple qui avait érigé Ponyville. C’était, par lien de sang, l’arrière-arrière-arrière-arrière petit neveu d’Applejack. Quand Twilight avais appris qu’il c’était enrôlé dans l’armée, elle l’avait fait conduire comme son garde personnel. Mais il y a deux mois de cela, le petit village près des Macintosh Hills dans laquelle il se trouvait à ce moment en tant que soutien allié avait été envahi par les griffons. Sans nouvelle depuis, la princesse avait, à contrecœur, abandonné l’idée qu’il ait survécu. Elle c’était promis de ne jamais le lâcher d’un sabot, en mémoire d’Applejack. Et maintenant elle allait honorer sa promesse. Certes elle ne ressentait rien d’autre que de l’amitié envers lui, Par la faute à un pégase gris blessé, gloussa-t-elle silencieusement, et elle savait que lui de même, mais cela ne l’empêcherai pas de le garder près d’elle comme Spike…

« Tiens d’ailleurs où est Spike ? » Demanda-t-elle en regardant un peu autour d’elle.

« Ici » Répondit le jeune dragon qui attendait devant la porte, jouant à jongler avec un couteau entre ses griffes. Quand elle le regarda, sourire aux lèvres, il rit doucement et s’approcha de l’Alicorne qui le prit dans ses pattes pour lui faire subir le même sort que le garde. Spike sourit et lui rendit son câlin.

« Il est arrivé avec moi hier soir. Le village dans lequel il était caché s’est retrouvé être… libéré d’une manière forte » Lui dit-il en donnant un coup de poing dans sa patte griffue comme un boxer.

Twilight rit à cette allusion assez calme de la manière de leur assaut. LineApple renchérit.

« Quand je les ai vus arriver avec leur… vos quoi déjà ? »

« Fusil à pompe »

« A oui voilà leur machin à pompes, j’ai encore cru à un nouvel arrivage de PCPG* avec de nouvelles armes. Ton pote nous a vraiment foutu une peur bleu » Sourit-il en donnant un coup de sabot amical dans l’épaule du dragon qui rit de bon cœur, « Mais quand on les a vu canarder les griffons et les autres petits cons du parti griffons, on s’est joins à eux avec nos dernières cartouches tu vois, le genre épique. Les soldats presque mort se battant avec leurs dernières balles pour leur survie… »

Twilight n’écoutait déjà plus. LineApple avait beau être un vétéran qui savait raconté des épopées, elle le savait capable de le faire pendant des journées entières. Elle en avait déjà fait les frais en se réveillant avec une migraine teigneuse un lendemain d’une de ses histoires, elle n’avait pas envie de recommencer.

Son regard c’était porté vers son assistant favoris numéro un. Le jeune dragon avait mis son poing sous son menton à la façon penseur de Rodrin, une sculpture antique, et semblait boire avidement les paroles du pégase. Elle avait l’impression de le voir retomber en enfance quand on lui racontait des histoires de pirates et toutes sortes de contes pour faire dormir les poulains. Il avait retrouvé, le temps du récit de LineApple, son innocence de bébé dragon. Celle qu’il avait perdue après avoir tué pour la première fois, au début de la guerre.

Lorsque ce dernier se repositionna pour écouter le garde, ignorant le regard dévorant de son amie, il avait laissé entrevoir son dos un instant. La jument cru alors y apercevoir une trainée de sang séchée à un endroit où il semblait manquer une écaille dorsale. Elle se leva doucement et fit le tour pour se placer derrière le dragon, esquivant par la même occasion un coup de sabot donné par LineApple qui, tellement absorbé par son récit, faisait de grands mouvements ainsi que des imitations grotesques d’arme à feu tirant des coups puissants. Spike quant à lui ne broncha pas et sembla ne montrer aucune gêne à ce que son amie vienne dans son dos.

Twilight avait bien vu. Elle serra les dents dans une expression ferme et résolue et regarda la plaie suintante de son assistant. Une balle mal placée avait sans doute touché la base de l’écaille et l’avait fait sauter elle ne sait où. L’emplacement vide laissait place à une chair rose vif, brillante sous quelques aspects lumineux, et un petit écoulement de thrombocyte était encore visible sous la plaie. Cette dernière, elle le savait, été mal refermée et risquait de s’infecter si l’on n’en prenait pas soin.

« Tu es blessé… »

Elle dit ça si faiblement que Spike faillit ne pas l’entendre avec la voix du soldat. Il se retourna et regarda son amie dans les yeux, les siens un peu miroitants. LineApple quant à lui n’avait pas coupé pour autant son récit et continuait de parler en faisant de grands gestes, yeux fermés et museau relevé pour qu’on l’entende bien.

Spike baissa un peu la tête et passa une griffe derrière la nuque en signe de gêne. Il dit d’une voix fine, pas trop forte pour ne pas attirer l’attention.

« O-oh çà ? Mais ce n’est rien voyons juste un petit bobo de bataille rien de plus Hehe »

« Par la couronne de Celestia tu te moques de moi ? T’appelles ça « petit bobo » ? Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ! »

« Mais Twily… je ne voulais pas te faire flipper pour un rien et puis… je sens presque rien donc OOOUUUAAAAAÏÏÏEEEE !!! » Twilight avait posé son sabot sur sa blessure.

« Ah ouais alors ça fait pas mal hein ? J’te promets Spike ce n’est pas raisonnable, il faut prendre soin de ça ! Une bonne piqure et puis ça fera effet ! Bon sang t’es presque adulte maintenant faudrait apprendre à te prendre en patte ! »

« Vous m’écoutez au moins ? » LineApple venait de remarquer que personne ne l’écoutait. Il s’approcha un peu et tendit l’oreille. « Mais vous parlez de quoi ? »

« De rien de rien… »

« Ce neuneu s’est blessé au combat et ne veut pas qu’on le soigne ! » Dit-elle en lui collant un coup léger mais non moins douloureux derrière le crane.

« Son écaille dorsale ? Mais je sais ça j’étais au courant, mais Spike m’a dit qu’il n’aimait pas les piqures et qu’il ne voulait pas risquer de s’en prendre une dans le bras pour une simple égratign… AÏE ! Hey mais ça va pas la tête ! » La princesse venait de lui coller le même coup qu’à Spike derrière le crane.

« Mais vous êtes irrécupérables autant l’un que l’autre ce n’est pas possible. Je vous envoie tout de suite vous faire soigner ! » Grogna-t-elle.

En disant ça, elle se leva, sourcils froncés, prête à sortir de la pièce pour aller chercher des médecins si nécessaire. Les deux rouspétèrent et Spike la supplia de ne pas l’envoyer se faire soigner. La jument gloussait intérieurement devant la crainte du dragon pour les seringues mais resta impassible de visage pour leur répondre.

« Oh que si, et je vous conseille d’obéir sinon ! Corvée de fabrication de balle avec les prisonniers ! »

« T’oserais pas ?! » Demanda Spike d’une manière outrée.

« Tout mais pas ça » Renchérit LineApple en la suppliant d’un geste des sabots.

« Oh que si j’oserai mon cher assistant. Si vous ne prenez pas soin de vous je ne prendrais pas soin de vous. J’espère que je me suis bien faite comprendre ! » Elle avait haussé le ton et s’était avancée de façon à les surplomber, en bombant le torse. C’était de cette façon qu’elle se faisait obéir des recrues récalcitrantes qui oubliaient quelques fois, mais rarement heureusement, qui était le sang royal ici. Son regard aurait traverser du métal comme du beurre si l’âme de ses amis était dans ce même matériaux. Tous deux baissèrent la tête et s’inclinèrent.

« Oui majesté, pardonnez mon insolence… » Dit LineApple en s’inclinant plus bas que le protocole ne le disait.

« Oui Twilight… » Répondit à son tour Spike les yeux fermés.

Twilight pouvait entendre la peur dans leur voix. Elle secoua la tête et s’en voulu immédiatement d’avoir utilisé ce charme mental qu’elle avait appris à utiliser après tant d’années à donner des ordres sur eux. Elle soupira et s’approcha de ses deux amis, toujours inclinés. Elle passa un sabot avant de chaque côté pour attraper leur cou. LineApple à sa gauche et Spike à sa droite. Elle les rassura dans une étreinte amicale.

« Pardonnez-moi vous deux… mais vous savez à quel point je porterai en horreur qu’il vous arrive quelque chose, alors le fait que vous soyez blessé m’inspire la crainte, et je ne voudrai pas que ça empire… comprenez-vous ? »

« Oui… » Répondirent-ils à l’unisson. Ils n’avaient toujours pas bougé d’un muscle en dehors de la compensation d’équilibre dû au câlin.

Twilight les lâcha et leur demanda d’au moins prendre un peu plus soin d’eux la prochaine fois. Ils acquiescèrent et se relevèrent. Spike avait la mine grave et le pégase, le visage aussi droit que le pouvait ses traits faciaux. Tous deux sortirent et se dirigèrent vers le centre d’auscultation un peu plus loin. La jument entendit alors la voix de LineApple résonner dans les couloirs.

« Mais Spike, au final moi je ne suis pas blessé, je vais leur dire quoi ? »

Elle n’entendit pas la réponse, la distance brouillant leurs voix. L’Alicorne s’assit à même le sol et réfléchit. Elle se sentait partir dans un coté qu’elle n’envisageait pas. Un coté qui lui faisait peur… Certes être sévère ne fait pas de vous une mauvaise personne, mais avoir vécu de mauvaises choses en prime ne rend-t-il pas le tout un peu instable ?

Est-ce que je deviendrai mauvaise ? Une petite voix rassurante dans sa tête ayant prit la tonalité de Rarity lui répondit : Non Darling, tu ne deviens pas méchante, c’est juste un peu dur au départ c’est tout… Et aussi vite que cette voix était apparue, elle retomba dans le silence, comme si ses pensées n’étaient là que pour la réconforter… non plutôt comme si ses pensées qui prennent l’apparence de ses amies n’apparaissaient que pour la consoler… comme si elles étaient dans sa tête pour lui rappeler qu’elle n’était pas seule.

Une idée germa dans son esprit, une idée qui vous parait loufoque alors que vous y pensez, mais qui prend du sens quand vous vous la ressassez. Et si… ? Toujours comme pour lui répondre, une voix dans sa tête, celle de Fluttershy cette fois, lui dis : Tu sais, si tu n’as jamais essayé tu ne peux pas dire que tu ne réussiras pas, Celestia et sa sœur y sont arrivé elles… Twilight secoua la tête. Etait-ce seulement possible ? Et si oui pourquoi l’idée lui serait-elle venue dans un hôpital, qui plus est maintenant ? Ça n’avait aucun sens…

« Ma propre dimension astrale… si seulement j’osai… » Souffla-t-elle à voix basse. Elle se souvenait d’une discussion qu’elle avait eu un jour avec son mentor sur cet univers. Mais elle n’y avait pas plus réfléchit que maintenant. Celestia lui avait dit que chaque Alicorne, étant le reflet d’une étoile, pouvait avoir une dimension astrale, mais que seule elle et sa sœur avaient réussis à trouver la leur.

« Dimension astrale ? Ça me dit quelque chose ça. » Dit une voix à quelques centimètres d’elle.

Twilight sursauta si haut qu’elle aurait pu traverser le plafond. Instinctivement elle avait magiquement dégainé son M9 situé dans son fourreau accroché au mur pour le coller sur la tempe de l’indésirable…

« Docteur ?! Vous ? Mais… mais… qu’est-ce que vous faites là ? »

Le médecin à la marque de beauté bizarre était là, devant elle, cou tendu comme pour mieux la regarder, ses yeux bleus écarquillés par la peur et surtout la surprise de l’arme collée sur sa tempe.

« Je… euh… je voudrais bien répondre… mais… euh… » Il pointa des yeux l’arme collée à son crâne, de grosses gouttes de sueur commençant à perler sur son front marron clair.

Twilight baissa tout doucement l’arme sans la lâcher magiquement. Le médecin fit un rapide tour de sabots et prit une sorte de… machine qui était accrochée à son nœud papillon. Il la pointa sous le regard perplexe de l’Alicorne, vers le M9 et le bidule émit un son avant que l’on entende un Clic.

« Voilà, ça sera mieux une arme sécurisée plutôt que laissée sans protection… n’est-ce pas ? »

La jument ne répondit pas et approcha l’arme de son visage, le crochet de sécurité avait été remis à distance par l’espèce de bâton bizarre que tenait le médecin. Elle la reposa soigneusement dans son fourreau sans quitter des yeux l’objet du docteur.

« Co-co-comment se fait-il que vous ayez une corne magique en métal qui fait du bruit ? Vou-vous êtes un poney terrestre ? Com-comment c’est pos… » Commença Twilight, perdue.

« Tournevis sonique, plutôt utile comme babiole, ce n’est pas une corne magique votre majesté, juste un petit outil de là d’où je viens… »

L’Alicorne secoua la tête et le regarda, les sourcils froncés.

« Où étiez-vous ? Nous avions besoin de vos services, mais vous sembliez avoir disparu ? J’attends des explications ! »

Ses pensées se tournèrent vers son aile. Elle l’avait presque oubliée avec tout le remue-ménage de ce matin. Cette dernière reposait sur son flanc, bandée autour de son ventre. Elle n’arrivait pas à la bouger, encore moins à la sentir. Comme si elle n’avait qu’une masse morte à la place. La voix du docteur la ramena sur terre.

« Oh euh… ici où là… c’est compliqué… »

Twilight ne savait plus où donner de la tête. Elle avait échafaudé un plan de question à lui poser au cas où elle réussirait à le retrouver, mais maintenant qu’il était devant elle, elle avait tout oublié. Alors qu’elle cherchait une question dans son esprit, elle ne remarqua pas le docteur pointer son instrument sur elle. A peine l’eut-elle entendu qu’elle dégaina de nouveau le M9 et lui mit entre les deux yeux, sécurité enlevée oblige. Elle était quelque peu à cran depuis qu’elle avait frôlé de nouveau la mort.

« Qu’est-ce que vous alliez faire ?! Répondez ! » Lâcha-t-elle sèchement.

Le médecin avala de travers et baissa lentement son tournevis tout en louchant pour voir le noir du canon.

« Je-je-je-je-j’allais vous ausculter… Voi-voilà tout… Par la nébuleuse de Pégasiostias, pitié lâchez cette arme je suis pacifiste j’ai horreur de ça… »

La jument fut doublement surprise. Comment peut-on être pacifiste avec la façon dont les griffons abattent froidement les poneys ? Mais surtout, comment voulait-il l’ausculter de loin ? Mais pourtant, elle se surprit à lui faire confiance.

Elle se positionna de façon à ce que le docteur soit face à son aile. Ce dernier pointa de nouveau son tournevis vers l’aile de l’élément de la magie et la machine émit un son. Twilight avait laissé son pistolet pointé vers le docteur mais à une distance raisonnable. Elle ferma les yeux, s’attendant à ce que son drôle d’outil fasse mal… Mais rien. Elle ne sentit rien. Quand elle tourna de nouveau la tête vers lui, il tenait le tournevis prêt de son oreille, et semblait ce délecter des sons qui en sortait. Après quelques secondes, il baissa les yeux et le tournevis, un air désolé sur le visage.

« Alors quoi ? » Demanda Twilight d’une voix plus inquiète qu’elle ne voulait le laisser montrer.

« Je…je suis désolé… » Répondit le docteur.

« Quoi ?! Désolé pour quoi !? » Dit-elle, la peur dans les yeux.

« Je… je ne sais pas si vous le saviez, mais le tendon qui joignait votre humérus de l’aile et le fucula, l’os de soutien de votre aile, est complètement détruit… et… »

« Et ?... »

« Et… je suis désolé votre majesté… mais vous ne pourrez plus jamais voler… ce tendon ne se reconstruit pas après une lésion aussi impressionnante… je suis navré… » Il avait baissé le regard, montrant vraiment qu’il ne faisait pas la comédie quant à ce qu’il venait de révéler… néanmoins son regard laissait penser… qu’il le savait déjà avant de l’ausculter. Comme si il était déjà au courant, mais qu’il se maudissait de ne pas être arrivé à temps pour l’en empêcher.

La jument avait regardé un point du mur fixement durant la révélation. Elle ne savait pas pourquoi mais elle s’en doutait… elle ne savait pas pourquoi mais cette nouvelle ne la chamboulait pas plus que si elle avait eu une patte cassée.

« Je pourrais la bouger ? Où elle restera dans cet état à vie ? » Demanda-t-elle sans quitter son point invisible des yeux.

« Vous pourrez la bouger bien entendu, mais pas la faire battre pour vous envoler. Vous verrez par vous-même mais en essayant, vous aurez l’impression de ne plus avoir de muscles qui agissent sur votre aile… comme une grosse perte de puissance en gros… »

« Je vois… Eh bien merci docteur… » Elle laissa sa phrase sonner comme une question.

« Appelez moi juste Docteur, le Docteur. Ça suffira et puis tous mes amis m’appellent comme ça » Dit-il en souriant sans lâcher l’arme du coin de l’œil.

« D’accord… juste une question, comment se fait-il que l’on vous voie partout, mais que vous ne vieillissez jamais ? » Elle avait finalement trouvé une question qu’elle voulait poser depuis le début.

Ce dernier y répondit d’une manière… plutôt étrange.

« Hum…. C’est compliqué… disons que le temps ne doit pas se voir comme il se voit maintenant mais comme il se verra si vous étiez le temps lui-même, c’est-à-dire, éternel… »

Twilight réfléchit une seconde en baissant les yeux. Elle essayait de redire la phrase dans sa tête pour la comprendre.

« Attendez ? Vous voulez dire que vous êtes éternel ?... Oh mais… il est où ? »