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Doctor Whooves

Une fiction écrite par MisterX.

Saison 1 Episode 1 : bienvenue à Equestria

Doctor

Whooves

Bienvenue à Equestria

***

« Alerte. Alerte. Intrus au niveau douze. Scellez les niveaux onze et treize. Alerte. Alerte. Importants dégâts internes. Destruction du vaisseau imminente. Alerte. Alerte. Le Docteur nous échappe. Le Docteur nous échappe ».

Le dixième Docteur courait dans les couloirs du vaisseau cybermen. La structure entière s'ébranlait, des étincelles et arcs électriques jaillissaient de partout. Saboter les propulseurs avait été facile, mais encore fallait-il fuir avant la destruction du super croiseur.

Il continuait de courir, passa un tournant, puis un autre. À un croisement, il s'arrêta, réfléchit, puis prit une direction, traversa à vive allure un autre couloir, s'arrêta, à nouveau devant une porte verrouillée, sortit son tournevis sonique et s'empressa de forcer le verrou. La porte s'ouvrit …

sur d'autres cybermens.

Pas bon.

Le Docteur referma la porte, changea la combinaison avec son tournevis, et fit demi-tour, fuyant les hommes machines qui avaient vite fait de détruire le panneau métallique. Le Docteur revint sur ses pas, prit un autre virage, et entra dans un couloir de maintenance interminable.

Enfin, il reconnaissait quelque-chose. Il repéra rapidement une autre porte, donnant accès à une zone de stockage. Il entra précipitamment … et poussa un soupir de soulagement : devant lui, se dressait fièrement une cabine de police, bleue, en bois, tel qu'on en trouvait dans l'Angleterre des années 60.

Le Docteur ferma les portes du TARDIS derrière lui et bondit vers la console centrale, attrapant les différents leviers et commença à jouer vivement avec les commandes. Il dématérialisa la machine temporelle …

Crash !

Le TARDIS fut agité de violents soubresauts, le Docteur s'agrippa à la console pour ne pas tomber. Une alarme retentit, sourde et inquiétante. Le Seigneur du Temps se pencha sur le moniteur.

« Oh non, pas ça ... »

Une faille. Une faille spatio-temporelle. Les cybermen avaient utilisé cette faille pour passer d'une dimension à l'autre, mais l'explosion l'avait agrandie en ce point précis du temps et de l'espace. Et le TARDIS était en train d'y tomber.

Le Docteur empoigna à nouveau les commandes, exploitant toute l'énergie qu'il avait à disposition … mais le TARDIS était trop proche, il continuait de tomber vers la faille.

« Allez, vieille fille, allez ! » L'encourageait-il. « Ne me laisse pas tomber maintenant ! »

Soudain, une vague d'étincelles jaillit de la console, le faisant sursauter. Il sortit encore une fois son tournevis, essayant de gérer ce nouveau dysfonctionnement, mais une nouvelle vague d'étincelles et une autre secousse finirent par renverser le Docteur, qui lâcha l'appareil. Il se traîna rapidement au sol pour le rattraper, posa sa main dessus … mais ne parvint pas à le saisir. Ses doigts étaient engourdis, et luisaient d'une étrange lueur aux couleurs changeantes … son corps se transformait, mais ce n'était pas une régénération. C'était quelque-chose d'autre … Il se tourna vers la console, et l'écran fixé au-dessus. C'était trop tard : il tombait. Il tombait de la réalité, du temps et de l'espace, de cette dimension, peut-être de cet univers, et va savoir ce dans quoi il allait atterrir.

***

La nuit était douce, et tranquille à Equestria. Certains admiraient un magnifique ciel nocturne, d'autres dormaient paisiblement, inconscients des évènements dont ils seraient bientôt témoins. Cette nuit était partie pour être parfaite, et pourtant …

Le calme fut bientôt rompu, par un bruit, un vrombissement, aux modulations chantantes. Une étoile filante apparut dans le ciel, d'une luminosité époustouflante, et cet étrange météore lumineux émettait un son, tel qu'aucun son qui aurait pu être produit sur cette planète ou ailleurs dans cet univers, mélodieux, mystérieux, et qui allait en s'intensifiant, surtout pour ce petit village aux pieds des montagnes qu'on appelait Ponyville …

Et en en particulier pour cette maison, accolée à une bibliothèque, installée dans le tronc d'un grand arbre …

Crash !

Le toit n'avait aucune chance face à une telle vitesse. L'objet passa au travers avant de s'écraser lourdement à l'intérieur.

Au premier étage, Une licorne violette bondit du lit dans lequel elle s'était installée, ayant ressenti l'impact autant qu'elle l'avait entendu. Le bébé dragon, qui dormait dans un panier à proximité, poussa un hurlement, et faillit toucher le plafond de la pièce malgré son absence d'ailes. La licorne tendit l'oreille, mais seul le silence lui répondit.

« Twilight, qu'est-ce que c'était ? » demanda le reptile, terrorisé.

« Je n'en sais rien Spike », s'empressa de répondre la licorne. « Je … je ne voudrais pas faire de conclusion hâtive, mais ça ressemblait à une explosion … ou à un impact … dans la bibliothèque. ».

Encore tremblante, Twilight s'approcha de la porte. Spike s'interposa vivement.

- Non, attends ! Tu es sûre que c'est une bonne idée d'aller voir ? Ça pourrait être dangereux.

- Spike, on ne va pas rester là sans rien faire. Il s'est passé quelque-chose en bas, et je veux savoir quoi. Surtout si c'est dangereux.

- Heu … Fais quand même attention. Je … je te couvre.

Twilight, ouvrit la porte, fit luire sa corne pour se donner de la lumière, et commença à descendre l'escalier qui menait à la bibliothèque. Spike, tout tremblant, était collé à ses pattes arrières. Ils avancèrent prudemment, s'approchant de la salle, sentant leurs cœurs battre la chamade, et leurs respirations s'intensifier à chaque pas. Twilight passa lentement la tête dans le passage …

« Oh, douce Celestia … »

La première chose qu'elle vit, était la centaine de livres et de papiers, éparpillés partout sur le sol de la salle. Ses pauvres livres, qu'elle et Spike avaient passés la journée à mettre en ordre sur leurs étagères. Mais elle n’eut pas le temps de se lamenter à leur sujet, car la seconde chose qu'elle vit la laissa sans voix.

Au milieu de la pièce, debout, enfoncé dans un plancher craquelé, se tenait une boite, grande, bleue, munie de fenêtres qui dégageaient une étrange lueur dorée, alors que l'objet lui-même était baigné dans la lumière de la lune, qui entrait par un trou béant dans le plafond. Twilight était stupéfaite.

- Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Finit-elle par articuler.

- Il y a écrit « police public call box », nota Spike. Peut-être que ça appartient à la police.

- Je doute que les responsables soient des policiers.

- Oui, dans un sens … Depuis quand les policiers balancent des boites dans les maisons ?

- Ce que j'aimerais surtout savoir, c'est ce que c'est. Apparemment, cette boite est en bois, et pourtant elle a résisté à un impact qui a perforé mon plafond et mon parquet. C'est physiquement impossible.

- Tu penses à un sortilège ?

- Sans doute. Celui qui a construit ça voulait s'assurer que ce qui se trouve à l'intérieur soit en sécurité.

Twilight regarda la boite bleue avec intensité, l'air suspicieux. « Qu'est-ce que tu contiens ? ».

Elle n'eut pas à attendre longtemps : les portes de la cabine s'ouvrirent brutalement. La licorne sursauta, Spike poussa un nouveau hurlement de terreur et couru jusqu'à l'escalier, pour se cacher derrière le mur. Twilight était tétanisée, partagée entre l'envie de s'enfuir au grand galop et le besoin irrésistible de savoir ce que contenait la boite. Elle plissa les yeux. De la fumée s'échappait de l'intérieur, rendue opaque par la lumière dorée qui semblait venir du fond. Puis, quelque chose commença à ramper …

Une forme apparue dans la fumée …

Elle avança péniblement vers l'entrée …

Puis se redressa en s'appuyant sur un des montant de porte, maintenant bien visibles.

C'était un étalon, marron clair, à la crinière brune, en bataille, et l'air visiblement déboussolé. Son regard croisa celui tendu de Twilight, et il se mit aussitôt à sourire comme un fou.

« Oooooh ! Une licorne ! » s'exclama-t-il. « C'est drôle, je n'ai jamais … Woh ! »

Le poney glissa, et s'étala sur le parquet ruiné. Il grogna, peut-être de frustration … ou d'autre chose.

- Vous allez bien, demanda Twilight en s'approchant.

- Je ne sais pas vraiment … je me sens bizarre …

L'étalon porta ses sabots à son visage, mais s'arrêta dans son mouvement. Il les regardait, comme si il les voyait pour la première fois.

« J'ai des sabots ? »

Il se redressa vivement, tourna la tête dans tous les sens pour voir à quoi il ressemblait. Il semblait de plus en plus émerveillé.

« Waou ! Alors ça … ça ne m'était jamais arrivé. Je suis un cheval ! Ou tout du moins quelque-chose qui y ressemble. Oh ! Et regardez-ça ! J'ai même une queue ! Ah ah ! »

Il remua gaîment l'appendice en question, et Twilight le regarda de biais. D'accord, la boite avait résistée à l'impact, mais cela ne semblait pas avoir été le cas du cerveau de ce malheureux poney … au sens figuré. Il ressemblait plus à un poulain le jour de son anniversaire.

« Monsieur, est-ce que tout va bien ? Vous m'avez l'air … d'avoir pris un sacré coup sur la tête … »

« Ah ah, oui, je vais bien. Et je ne me souviens pas avoir reçu quoi que ce soit … »

L'étalon s'arrêta dans sa phrase : il semblait tout juste remarquer que c'est la licorne en face de lui qui venait de lui adresser la parole.

« Ooooh, et vous êtes douée du sens de la parole ! Enfin … d'un autre langage que celui des chevaux. Vous parlez anglais ! »

Ce poney était vraiment étrange. Soit il avait bien pris un mauvais coup sur la tête, soit il était juste fou. Dans les deux cas, ça ne lui expliquait toujours pas ce qu'il faisait dans cette boite.

- Je vous parle Equestrien. L'anglais n'a jamais existé, dit Twilight, qui commençait à perdre patience.

- Oh, vraiment, répondit l'étalon visiblement intéressé. C'est étrange : un langage identique dans deux univers différents … si je suis bien tombé dans un autre univers. Déjà qu'il y ait une espèce vivante apparentée aux chevaux ici est troublant, mais alors une langue …

- Monsieur, avant que vous ne rajoutiez une autre ineptie de ce genre, est-ce que vous pourriez me dire qui vous êtes ? Si vous vous en souvenez ?

- Oh, bien sûr, pardonnez moi. Je suis le Docteur.

- Docteur qui ?

Le Docteur eu à nouveau un sourire amusé.

- Juste le Docteur.

- Docteur est un titre, pas un nom !

- Pourtant, c'est le mien. Et c'est comme ça que tout le monde m'appelle.

- « everypony ».

- Pardon ?

- On dit « everypony », pas « everybody ». (note : en anglais, everybody = tout le monde ; everypony = tous les poneys)

Le Docteur la fixa quelques secondes, puis se mit à pouffer.

- Pff … « everypony », sérieusement ?

- Qu'est-ce que ça a d'amusant ? C'est une formulation de base ! Ne me dites pas que même ça, vous l'avez oublié !

- Quoi ? Il y a autre-chose que j'ai oublié ?

- Vous vous moquez de moi ?! D'abord vous vous écrasez dans ma maison avec votre boite bleue, ensuite vous ne reconnaissez pas vos propres sabots, vous refusez de me donner votre nom, et pour finir vous prétendez être un cheval ! Nous sommes des poneys ! Vous êtes fou, ou c'est une mauvaise blague ? Je vous préviens, je ne suis pas d'humeur à plaisanter !

- … Votre maison ?

- Ne changez pas de sujet, je veux une explication MAINTENANT !

Le Docteur continuait de la fixer, sans savoir quoi répondre. Il n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait dire sans énerver davantage la jument. À moins que …

« En admettant que je sois effectivement fou, ou tombé sur la tête, je ne suis pas sûr d'être la personne la mieux placée pour vous répondre dans l'immédiat. »

Twilight ouvrit la bouche pour parler, mais ne dit rien : le Docteur avait raison, elle aurait sans doute du mal à le croire, même en sachant qu'il avait un lien direct avec tout ceci. « C'est vrai », finit-elle par dire, vaincue.

- Maintenant excusez-moi, mais sachant cela, il y a plusieurs choses que j'aimerais clarifier, reprit le Docteur.

- Ce ne serait pas une mauvaise idée, effectivement.

- Alors pour commencer, pouvez-vous me dire ce que c'est que ça, dit il en désignant la marque en forme de sablier sur son propre flanc.

Twilight se raidit. Même ça, il ne s'en souvenait pas ?

- M … mais de quelle planète vous venez ?

- Gallifrey.

- Pardon ?

- La planète Gallifrey, dans la constellation de Kasterborous.

Twilight leva les sourcils, mais finit par soupirer, décidant de mettre ça sur le compte de la folie.

- On appelle ça une marque de beauté. Elle représente le plus grand talent d'un poney, et apparaît quand ce dernier en prend conscience.

- Ah, alors le sablier prend sens, je suppose. Et que représente la vôtre ? Vous êtes Astronome ?

- Une étoile à six branches est le symbole de la magie.

- La magie ?

Le Docteur la regarda, incrédule. Quoi, c'était si difficile à croire ?

- La magie.

Pour toute explication, Twilight fit à nouveau luire sa corne. Une aura pourpre étincelante apparut autour de la cabine de police, laquelle se mit à bouger. Les portes se fermèrent, elle pencha, le plancher grinça alors qu'elle s'en extirpait pour venir planer au-dessus, et lentement se déplacer, puis se reposer dans un coin dépourvu de livres. Le Docteur était bluffé.

- Alors ça … ne bougez pas, il faut absolument que j'étudie ça !

Le Docteur se releva et commença à se rapprocher de la cabine … mais il trébucha sur ses propres sabots et se retrouva une nouvelle fois allongé sur le sol. « Arh ! Il faudrait que j'apprenne à marcher à quatre pattes. » dit-il en se relevant. Mais heureusement, la boite bleue n'était qu'à quelques pas. Il poussa la porte, entra et referma derrière lui. Spike profita de cet interlude pour sortir de sa cachette.

- Ce type est vraiment bizarre, commenta-t-il.

- Je ne te le fais pas dire. Il se comporte comme si il venait tout juste de devenir un poney.

- Mais Twilight, peut-être que c'est exactement ce qu'il s'est passé. Ça existe bien, les sortilèges de métamorphose, non ?

- Oui, mais ils sont compliqués et très dangereux à réaliser. Et même, si c'était le cas, je ne connais pas beaucoup de créatures à Equestria ou ailleurs qui n'ait jamais rencontré de poney.

- Alors c'est peut-être un extraterrestre.

- Ne dis pas de bêtises Spike.

- Moi, ça me parait plausible. Il est tombé du ciel dans … cette espèce de truc, et …

- Spike, nous ne sommes ni dans une de tes BD, ni dans un roman de science fiction. Nous sommes dans la réalité, et il faut la prendre de manière logique.

- Pour moi, c'est logique.

Twilight n’eut pas le temps d'argumenter davantage : le Docteur ressortit de la cabine, avec un étrange instrument argenté dans la bouche. Il le fit pivoter maladroitement entre ses dents, puis franchit la distance qui le séparait de Twilight, posant l'extrémité de l'outil contre sa corne, alors que l'embout se mit à luire de bleu en emmenant un étrange bourdonnement. Visiblement, on ne lui avait rien expliqué à propos de l'espace personnel. « Haem, qu'est-ce que vous faites ? », demanda Twilight, pas sure de ce qu'elle devait en penser. Le Docteur recracha rapidement l'appareil, le posa entre ses sabots, étrangement fasciné par ce dernier, comme si l'outil était en train de lui parler.

« Je vois, il y a une sorte de connexion entre votre corne et la réalité autour de vous », dit il sans avoir écouté la question. « Peut-être par le biais d'une formation cristalline à interférence quantique. Selon le TARDIS, le Skasis paradigm de votre univers est identique au nôtre, alors ça me paraît assez probable … »

« Twilight, tu comprends quelque-chose à ce qu'il dit ? » finit par demander Spike, qui avait l'air visiblement perdu. Le Docteur se tourna pour la première fois vers le bébé dragon, affichant une expression indescriptible. La licorne s'interposa vivement entre les deux, déjà sur la défensive.

- Avant que vous décidiez de faire quoi que ce soit, « Docteur », oui, Spike est un bébé dragon, et également mon assistant numéro un. Et jusqu'à nouvel ordre, je vous interdis de vous approcher de lui !

- Je n'allais pas lui faire de mal.

Trois coups retentirent alors, les interrompant dans leur altercation. Ils se tournèrent vers une des issues de la salle. Quelqu'un venait de frapper à la porte.

« Génial, maintenant les voisins rappliquent. » se plaignit Twilight. « Votre arrivée n'est pas passée inaperçue ».

« Twilight, t'es là ? Est-ce que tout va bien ? », disait une voix avec un accent champêtre depuis l'extérieur.

« Applejack ? »

Twilight regarda rapidement autour d'elle, puis se tourna vers le Docteur. « Vous, vous ne bougez pas de là ! » ordonna-t-elle avant de se diriger vers la porte d'entrée. L'étranger en profita pour finalement avoir un aperçu de l'endroit où il était tombé. La pièce était spacieuse, les murs pleins d'étagères, vides des livres qui trainaient maintenant sur le sol. L'ensemble de la structure était faite en bois. Pas du bois coupé et travaillé en menuiserie, mais un gigantesque tronc d'arbre dans lequel le bâtiment semblait avoir été creusé. Quelques fenêtres aux volets ouverts lui apprirent qu'il faisait encore nuit, et un coup d'œil à l'horloge lui précisa deux heures et quart du matin. Pas croyable ! Ici, comme sur Terre, les journées duraient vingt-quatre heures !

Twilight ouvrit la porte. Derrière, se trouvaient cinq poneys, deux jeunes juments accompagnées d'un groupe de trois petites pouliches. La première jument devant la porte, blonde, à la robe orange, et coiffée d'un chapeau de cowboy, faillit lui sauter dessus quand la licorne violette apparut dans son champ de vision.

- Twilight ! Merci Celestia, tu n'as rien ! Apple Bloom et ses copines ont vu c'te météore tomber sur ta maison … et on est v'nu aussi vite qu'on a pu !

- On craignait qu'il te soit arrivé quelque-chose, ajouta la seconde jument, une licorne blanche avec une crinière d'un mauve profond.

- Ne vous en faites pas pour moi, je n'ai rien, répondit-elle. Mais on ne peut pas en dire autant de la bibliothèque.

- Est-ce que la météorite est toujours là ? Demanda alors une des pouliches, rousse au pelage jaune clair et avec un ruban rose dans la crinière.

- On se demandait si on pouvait la récupérer, ajouta une de ses complices, une pégase orange à la crinière violette.

- Pour essayer d'avoir une marque de chercheuse de météorites, termina la dernière pouliche, qui ressemblait à une version miniature de la seconde jument.

Effectivement, contrairement à leurs aînées, qui avaient respectivement des marques représentant trois pommes et trois diamants, les jeunes pouliches n'avaient pas de marque de beauté. Twilight regarda rapidement dans la rue. Plusieurs autres poneys du quartier étaient venus voir ce qui s'était passé. « Ne vous inquiétez pas, il ne s'est rien passé. », leur lança-t-elle. Puis elle se retourna vers ses amies. « Entrez, vite. Et … ne faites pas attention au désordre. ».

Les amies de Twilight ne se firent pas prier. Elles entrèrent l'une après l'autre, toutes les cinq. L'état de la bibliothèque les laissaient sans voix. Les pouliches se précipitèrent presque immédiatement vers l'énorme trou carré au milieu du plancher, admirant les dégâts causés par leur « météore ».

- C'est quand-même un drôle de cratère, pour une météorite, disait la jeune licorne.

- Oui, il n'était pas sensé être rond ? Ajouta la pégase.

- Et où elle est, la météorite ? finit la jeune terrestre.

Les pouliches regardèrent autour d'elles, cherchant ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à un gros caillou troué et rougeoyant, mais les yeux de la terrestre se posèrent sur la cabine bleue à proximité. Étrange, elle a les mêmes dimensions et la même forme que le cratère. Elle regarda à nouveau le trou, puis encore la boite, incrédule.

- C'est ça la météorite ? Ça n'y ressemble pas du tout !

Les juments remarquèrent à leur tour la cabine, puis l'étalon qui se trouvait assis à côté. Il n'avait pas bougé de l'endroit où Twilight l'avait planté.

- Tiens, tu as un autre invité ? Dit alors la licorne blanche. Il est plutôt beau garçon.

- Ce n'est pas le moment pour ça, Rarity. Et je ne l'ai pas vraiment invité : il était à l'intérieur de ce … truc quand il a traversé mon plafond, répondit la licorne violette en désignant la boite.

Rarity regarda la boite, puis le plafond, ayant visiblement du mal à y croire.

- Et vous êtes ? L'interrogea la jument blonde.

- Oh, pardon, c'est vrai, se reprit l'étalon. Je suis le Docteur.

Par habitude, il tendit son sabot. Mais il hésita ensuite. En effet : les poneys n'ont pas de mains à serrer … Pourtant, la jument l'attrapa entre les siens pour le secouer vivement.

- Applejack. Mais vous pouvez m'appeler AJ. Et voici Rarity, ma p'tite sœur Apple Bloom, celle de Rarity, Sweetie Belle, et leur amie Scootaloo.

Les trois pouliches, qui étaient en train d'inspecter l'extérieur de la cabine, se tournèrent vers eux en entendant leur nom. Respectivement la terrestre, la licorne et le pégase. Le Docteur regarda étrangement les ailes de Scootaloo, mais une fausse toux irritée de Twilight le dissuada d'entreprendre quoi que ce soit.

- Et vous étiez dans … cette cabine, reprit Rarity.

- En fait ça s'appelle un TARDIS, répondit l'étalon en s'appuyant fièrement dessus.

- Ce mot n'existe même pas dans le dictionnaire, dit Twilight catégoriquement.

- En fait, c'est l'acronyme de Temps A Relativité Dimensionnelle Inter-Spatiale.

Tout les poneys présents devinrent aussi immobiles que des statues, les yeux gros comme des soucoupes.

Ils n'avaient rien compris.

« Vous voulez dire une machine temporelle ? » demanda prudemment Twilight.

Cette fois, c'est le Docteur qui ne trouva rien à redire. Il la fixa plusieurs secondes … puis éclata de rire. Les autres poneys se regardèrent, sans comprendre. Enfin, entre deux respirations, il parvint à articuler :

- Ah ah … Vous êtes brillante ! Ah ! C'est la première fois que quelqu'un comprend ce que je dit du premier coup ! Brillante ! Ah ah …

- « Somepony », corrigea Twilight en souriant, légèrement flattée. (un poney = somepony ; quelqu'un = somebody)

- Oui … « somepony » …

Il mit quelques autres secondes pour se calmer. La licorne violette, ne savait plus vraiment quoi penser de son étrange invité. Autant il avait l'air assez intelligent, et utilisait un vocabulaire scientifique assez complet, autant il avait l'air d'avoir complètement perdu l'esprit. Les voyages dans le temps ne sont pas possibles, des centaines de licornes ont essayé de manipuler le cours du temps, sans grand succès. Et ce n'est pas un poney terrestre qui pourra changer la donne, même avec un sablier en guise de marque de beauté.

- Vous êtes vraiment un mystère, Docteur, finit-elle par dire.

- Sans doute. Mais assez parlé de moi. Ça doit bien faire … un quart d'heure que je suis arrivé, et je n'ai toujours pas mis le nez dehors.

Tout en parlant, le Docteur se déplaça d'une démarche étrange et maladroite, mais enthousiaste vers la porte.

- Docteur, nous n'en avons pas terminé, s'exclama Twilight. Vous me devez toujours des explications !

- Je pourrais vous les donner en revenant, répondit-il. De toute façon, je laisse mon TARDIS ici. Oh, tant que j'y pense …

le Docteur retourna vers la cabine, entra, et en ressortit quelques secondes plus tard, avec cette fois-ci une petite clé dans la bouche. Il l'inséra maladroitement dans la serrure et verrouilla les portes. Il recracha la clé dans son sabot. Où pouvait-il la transporter ? Il n'avait plus de vêtements, donc plus de poches. Sa nouvelle tignasse ? Elle était devenue assez épaisse, et susceptible de contenir des objets. Il inséra donc la clé dans sa crinière, puis ramassa son outil argenté, qu'il avait laissé sur le sol peu avant, et fit de même.

- Mais vous n'êtes jamais venu à Ponyville si je ne me trompe, lui dit Rarity en le regardant faire.

- En fait j'me souviens lui avoir vendu une pomme l'aut'fois, commenta Applejack.

- C'est vrai, j'étais là, intervint Apple Bloom.

- Ça ne devait pas être moi, dit le Docteur. Je viens tout juste d'arriver.

- Mais vous êtes sûr que vous savez où vous allez ? Demanda la licorne blanche.

- Pas du tout. C'est justement pour ça que j'y vais. Pour voir ce qu'il y a … d'intéressant à voir.

- Alors vous avez surement besoin d'un guide, s'écria Apple Bloom. On pourrait essayer ça ! Des marques de guide touristique !

Les autres pouliches acquiescèrent joyeusement.

- Je n'pense pas, sucre d'orge, intervint Applejack. On vous a autorisé à veiller p'r observer les étoiles, à condition qu'vous restiez à vot'quartier général. Pas question d'vous balader en ville avec un inconnu. Ne l'prenez pas mal, ajouta-t-elle à l'intention de l'étalon.

- Non, c'est compréhensible.

- Mais Applejack, on connaît très bien la ville. Et si ce n'est pas son cas, il faut bien que quelqu'un lui montre.

- C'est vrai, ajouta Sweetie Belle.

- Je suis d'accord avec Applejack, ce n'est pas prudent, commenta Rarity. Surtout en pleine nuit.

Les pouliches lancèrent des regards suppliants à leurs aînées. Lesquelles se regardaient mutuellement. Si elles ne s'échangeaient aucun mot, il était clair qu'elles étaient en plein débat.

- En fait, je dois bien admettre qu'avoir un guide me serait assez utile, intervint le Docteur.

- Ne croyez pas m'échapper comme ça, menaça Twilight.

Applejack contempla la scène, encore pensive. Elle regarda autour d'elle, soupira, puis s'adressa à ses amies.

- C'est bon, J'vais les garder à l'œil. J'vous promets qu'on n'quittera pas Ponyville.

- Alors on peut ? S'exclama Scootaloo.

Les trois juments se regardèrent d'un air entendu. Twilight, toujours aussi tendue, ne trouvait plus rien à rajouter. « C'est d'accord ».

« Yea ! »

- Vous venez, s'écria Apple Bloom à l'attention du Docteur. On va vous faire faire le tour de la ville ! Vous allez voir, il y a plein d'endroits intéressants ! La ferme de la Douce Pomme, la mairie, le clocher, Sugar Cub Corner …

- La boutique du carrousel ! Ajouta Sweetie Belle.

Le Docteur les suivit d'un trot mal assuré, mais correct, lui-même suivit par Applejack. Cette dernière se retourna avant de partir.

- Ça ira pour vous ?

- Oui oui, je vais rester et aider Twilight à remettre de l'ordre. Deux licornes ne seront pas de trop pour réparer tout ça …

- Merci Rarity. Ce n'est pas de refus.

- Bon, Alors j'vous laisse. On revient rapidement.

Elle ferma la porte derrière elle. Spike, qui avait gardé le silence pendant un moment, regarda autour de lui pour évaluer le travail à faire.

« Et bah, c'est pas gagné. »

***

-Et ici, nous avons le clocher de Ponyville, Continua Apple Bloom. Il a été construit en … Il y a …

-Y'a environ cent cinquante ans, Intervint Applejack. C'tait l'projet d'un poney du nom d'Sepia Tock. Un des meilleurs horlogers de son temps, qui s'plaignait de n'jamais savoir à quelle heure régler ses montres.

- Je vois, il devait être assez ponctuel, commenta le Docteur.

- Il l'était. Dans la famille, L'était connu pour être toujours très strict avec les horaires. J'ai aussi cru comprendre qu'il devenait comme fou s'il perdait sa montre.

- Il était de votre famille ?

- Pas vraiment. Enfin … L'était marié à une arrière grand tante par alliance … ce serait difficile à expliquer.

- Hey, c'est moi le guide touristique ! s'exclama Apple Bloom. Enfin … c'est nous !

- Oui oui, on vous suit, répondit le Docteur en souriant.

Ils s'engagèrent sur un chemin qui longeait le clocher. Cette planète ressemblait tellement à la Terre … c'était bluffant. Les pouliches, les « chercheuses de talents », comme elles aimaient se faire appeler, marchaient loin devant. Le Docteur, même si il essayait d'admirer le paysage, n'arrêtait pas de regarder ses sabots. Allons, le pas, ça ne doit pas être compliqué à retenir, comme démarche. D'abord l'arrière droite, puis l'avant gauche …

- Mais parlez plutôt d'vous, reprit Applejack. Comment avez-vous fait p'r tomber dans la maison d'Twilight avec vot' … Euh …TARDIS ? Ma sœur a juré avoir vu une météorite, et l'état d'la bibliothèque aurait presque pu l'démontrer.

- Ah … c'est compliqué … Disons juste que je ne passe pas vraiment par des moyens ordinaires pour voyager.

- D'accord … Et autrement, d'où est-ce que vous v'nez ?

- Hof, de … Par-ci, par-là ….

- Vous n'avez pas d'maison ?

- J'en avais une, en réalité, dit il avec une pointe de douleur dans la voix.

- Oh, je vois. Et … vous voyagez maintenant ?

- Tout le temps. Toujours sur la route, en train de faire des truc … et d'autres, sans jamais m'arrêter.

- Vous faites ça parc'que vous n'savez pas où aller … ou parce que vous fuyez quelque-chose ?

- Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?

- La tristesse dans vos yeux.

Applejack le regardait d'un air compatissant. Le Docteur lui en rendit un de reconnaissance. Il se donna un instant de réflexion avant de répondre.

- Franchement, je ne sais pas. Peut-être les deux.

- Mais vous savez, Ponyville est un coin sympa, si vous …

- Attendez, qu'est-ce que c'est que ça ?

Le docteur s'approcha d'un panneau d'affichage, sur lequel se trouvaient plusieurs annonces, dont une demi-douzaine avec des photos de poneys. Le Docteur avait vu assez d'avis de recherche dans sa vie pour en reconnaître un. Il examina rapidement les affiches … rédigées en anglais, bien entendu.

- Oh, oui, les disparitions, dit alors Applejack tristement. Ça fait quelques jours qu'ça a commencé. Des poneys s'sont mis à disparaître mystérieusement, sans laisser d'traces. On pense qu'elles ont toutes un lien entre elles, mais aucun d'ces poneys n'a quoi que ce soit en rapport avec les autres, sinon qu'ils habitaient tous Ponyville, étaient tous adultes, et qu'ils ont tous disparu alors qu'ils étaient seuls.

- Et on a vraiment rien retrouvé ?

- Rien du tout. Et c'est peu probable qu'il s'agisse d'enlèvement. Ponyville est tellement p'tite … on connaît à-peu-près tout l'monde ici.

- Hey, qu'est-ce que vous faites ?! S'écria Scootaloo.

- On arrive !

- Une minute, intervint le Docteur, il y a des disparitions en série et vous avez laissé des enfants … des pouliches observer les étoiles ?

- Elles étaient trois au même endroit, à quelques pas d'la maison, et Sweetie avait eu la bonne idée d'mettre une sonnette d'alarme au cas où. On aurait été prévenu tout'suite.

- Oh, je vois. Et dites-moi, où habitait la dernière victime ?

- Au coin de la rue, par là. Elle s'appelait Summer Afternoon. C'tait une cliente régulière. Pourquoi ?

***

- Docteur, qu'est-ce que vous faites ?

- J'enquête.

Le Docteur se tenait devant la maison indiquée par Applejack, cette dernière juste à côté de lui, le regardant, d'un air clairement désapprobateur, tirer à nouveau son outil argenté de sa crinière. Les chercheuses de talents se trouvaient également là, frustrées d'avoir à faire ce détour. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien avoir d'intéressant, cette maison ?

- Docteur, vous pénétrez sur une scène de crime ! Vous ne faites pas partie de l'équipe d'enquêteurs qui suit cette affaire à ce que je sache !

- Non, en effet.

- Docteur, j'sais qu'Twilight veut que j'garde un œil sur vous, mais j'n'ai pas envie d'êt'arrétée p'r complicité, s'énerva-t-elle à voix basse.

- Ça n'arrivera pas si on reste discrets …

L'outil tomba au sol. Le Docteur poussa un soupir frustré en le prenant maladroitement entre ses sabots. « Mais comment font-ils pour manipuler des objets sans mains ? », marmonnait-il avant de glisser rapidement l'objet en question dans sa bouche. Il le posa contre la serrure et l'alluma. Le bourdonnement familier de l'appareil fut suivi par celui d'une porte qui se déverrouille. Satisfait, il la poussa. Applejack, après un grognement agacé, entra à sa suite, suivie par les pouliches.

- C'est quoi votre truc argenté ? demanda Sweetie Belle.

- Tournevis sonique, répondit le Docteur après avoir reposé l'appareil en question dans son sabot pour parler. C'est un outil multifonction.

- Et qu'est-ce qu'on fait ici au juste, interrogea Apple Bloom.

- On cherche tout ce qui sort de l'ordinaire, qu'on ne devrait pas trouver dans la maison d'une jeune jument célibataire. Vous vivez presque exactement comme des humains, visiblement. Alors ça devrait être facile à trouver …

- Des humains ? C'est quoi.

- Il n'y a pas d'humains par ici ?

- Non.

- Et des singes ?

- J'en ai vu au zoo, une fois.

- Intéressant … Alors imagine un grand singe bipède avec des poils seulement sur le dessus de la tête. C'est à-peu-près ça.

Sans attendre, il remit son tournevis dans sa bouche et le ralluma, le tournant lentement dans toutes les directions. La salle dans laquelle ils se trouvaient ressemblait à un salon, assez modeste, occupé par des fauteuils, un canapé et une table basse en bois sculpté. Les coussins, comme les murs, étaient verts pomme, et s'accommodaient avec le marron clair du plancher, mais à la lumière décroissante de la lune, tout paraissait légèrement bleuâtre.

- J'ai l'impression d'être une voleuse, grogna Applejack.

- Mais si on ne prend rien, ce n'est pas du vol, commenta Apple Bloom.

- Peut-être, mais entrer chez les gens comme ça … ça ne se fait pas. Même si ils sont portés disparus.

- Oui, mais en plus, si on enquête et qu'on trouve des indices, peut-être qu'on pourra obtenir des marques de détectives, dit alors Sweetie Belle.

- Oui ! Détective privé ! S'exclama Scootaloo.

- Navré de vous décevoir, mais j'ai déjà trouvé quelque-chose, dit le Docteur en se dirigeant vers une des portes.

Le Docteur posa ses pattes sur la poignée et l'ouvrit. Derrière, se trouvait un escalier sombre, qui descendait en profondeur. Une cave.

Il commença à descendre prudemment les marches, utilisant la lumière de son tournevis pour s'éclairer. Se déplacer à quatre pattes est déjà assez compliqué sur un terrain plat, mais dans un escalier, cela devenait vraiment délicat. Il posa un sabot après l'autre, tout en continuant de surveiller l'obscurité.

L'air dans la cave était frais, mais assez sec pour y entreposer des caisses en carton et d'autres choses craignant l'humidité. Les cartons étaient entreposés sur des étagères, avec toutes sortes de bric-à-brac, décoration, souvenirs, réserve de fruits frais, et d'autres types qu'ils ne prirent pas le temps de recenser.

- Comment il a pu trouver quelque-chose ? Il n'a même pas cherché, se dit Scootaloo.

- Je crois qu'il s'est servi de son tournevis en fait, lui répondit Sweetie Belle.

Le Docteur atteint finalement le bas de l'escalier, bientôt rejoint par le reste du groupe. Apple Bloom entreprit de tirer sur une ficelle qui pendait du plafond, pour allumer la lumière. Mais à cause des nombreux objets épars, une bonne partie demeurait encore dans l'ombre. Le Docteur avança lentement entre les étagères, guettant le moindre signe, le moindre objet suspect qui pouvait se cacher dans l'ombre. Il inspecta une étagère, puis celle d'en face … quand un bruit métallique le fit se retourner vers la première.

- Vous avez entendu ça ?

- Oui … qu'est-ce que c'était ? Demanda Apple Bloom.

- On va bientôt être fixés.

Le Docteur se pencha pour mettre sa tête au niveau du sol et pouvoir regarder sous l'étagère la plus basse. Le sol à cet endroit était aussi encombré de différentes caisses et cartons. Il essaya de regarder dans les interstices …

Un mouvement …

Et un éclat argenté …

Le Docteur suivit le déplacement de cette chose. Curieux, il posa son sabot contre une grosse boite qui lui bouchait la vue, et lentement, la déplaça sur le côté …

Quelque-chose d'argenté lui bondit au visage. Par réflexe, il mit ses sabots devant lui pour la repousser, et tomba à la renverse. Elle n'atteignit pas sa tête, mais continuait de se démener pour passer outre les pattes qui lui bloquaient le passage, sous les cris terrorisés des pouliches. Surprit par cette attaque soudaine, le Docteur augmenta la puissance de son tournevis …

Criiisssss …

La chose émit une vague d'étincelles, avant de s'immobiliser, comme morte. Le Docteur put alors se redresser pour voir à quoi ressemblait son agresseur. Applejack se pencha à son tour pour observer, les pouliches collées à ses pattes.

Il ressemblait vaguement à une énorme limace, ou à un très gros rat, mais dont le corps flexible était composé de plaques métalliques.

- Qu'est-ce que c'est, demanda la jument orange. Z'en avez d'jà vu avant ?

- Malheureusement, oui : c'est un cybermat, dit-il après avoir lâché le tournevis pour répondre.

- Et … Concrètement, c'est quoi ?

- Un espion, piloté à distance.

- C'est lui, le responsable de ces disparitions ?

- Sûrement en partie. En prenant les gens par surprise, il peut les maîtriser et les immobiliser, voire les tuer, mais il n'aurait pas pu déplacer le corps. Il y a sans doute autre-chose … Et si j'arrive à localiser la provenance des signaux entrants, je saurais où chercher le coupable.

Le Docteur reprit son tournevis sonique, ramassa la carcasse du cybermat entre ses sabots, et commença à l'inspecter, l'air subitement sombre.

- Docteur, j'ai l'impression qu'vous nous m'nez sur un terrain plutôt risqué, lui dit Applejack.

- Ch'est vrai, répondit-il simplement, toujours avec le tournevis dans la bouche.

Applejack regarda le Docteur avec insistance, lequel se refusait à continuer la conversation.

- Docteur, J'suis porteuse d'l'élément de l'honnêteté, j'sais quand un poney cache quelque-chose. Alors dites-moi. À quel genre d'danger sommes-nous en train d'nous frotter ?

Le Docteur se tourna vers Applejack, les yeux plein de tristesse, de colère, de détermination, et de regrets, la solennité du moment seulement troublée par le tournevis du Docteur, qui l'empêchait d'articuler.

- Je chui déjolé, mais chi le propriétaire de che chybermat est bien chelui que je penche, alors ch'est votre planète entière qui est menachée.

Applejack ouvrit grand les yeux. La planète entière ? Non … Impossible. Il n'y avait eu que quelques disparitions, cela pouvait-il vraiment avoir tant d'importance ? Elle ne voulait pas le croire, et pourtant, il y avait tellement de sincérité dans ses yeux …

Elle n'eut pas le temps de s'interroger davantage. Le Docteur lâcha le cybermat et trotta rapidement vers l'escalier, beaucoup plus facile à monter qu'à descendre. « Je l'ai », s'écria-t-il en retournant au rez-de-chaussée. Applejack revint subitement à la réalité, et se lança à la poursuite du Docteur, immédiatement suivie par les trois pouliches, rendues muettes par la tension générale.

Le Docteur sortit en trombe de la maison, alors que le soleil se pointait à l'horizon. Il tourna son tournevis dans toutes les directions, puis se fixa sur un chemin, qui conduisait hors de la ville, vers une forêt dense. Applejack ne tarda pas à apparaître à son tour.

- Le chignal vient de chette direcchion, articula l'étalon. De chette forêt.

- La forêt Everfree ?

- Oui, on dirait bien, dit-il en rangeant son tournevis.

- Alors il faut retourner voir Twilight. Rien ne peut sortir de bon de cette forêt.

- Twilight … la licorne violette et un peu colérique ?

- Vous avez démoli sa bibliothèque, elle avait de bonnes raisons d'être en colère.

- Elle n'a pas tort, commenta Apple Bloom.

Applejack se mit à galoper à travers les rues, choisissant le chemin le plus court pour retourner à la bibliothèque. Les chercheuses de talents se précipitèrent à sa suite. « Cette fois, Docteur, il est temps de se mettre à courir » se dit l'étalon. Sans attendre de vraiment mémoriser la démarche, il poussa sur ses jambes, se propulsant vers l'avant, aussi vite que sa nouvelle forme le permettait, bondissant au devant à chaque foulée. Applejack était presque paniquée, mais réussit à ralentir assez pour permettre au Docteur, avec sa démarche toujours aussi maladroite, de la rattraper et de reprendre la conversation.

- Mais pourquoi Twilight ?

- Twilight est l'élève personnelle d'la Princesse Celestia. Elle communique directement avec elle. En plus, elle est d'loin la mieux placée pour réagir en temps d'crise.

- Je vois. Mais je doute que la royauté puisse réagir assez rapidement face à ça.

- Mais Twilight, si. Si on arrive à récupérer les éléments d'l'harmonie à temps, pt'êt que …

- Ah, ces fameux éléments. Vous en avez parlé plusieurs fois. Mais qu'est-ce que c'est au juste ?

Applejack le regarda de biais. Le Docteur faillit trébucher, mais se reprit rapidement.

- On voit qu'l'information n'circule pas d'la même manière partout, dit-elle. Pour faire court, ce sont les six artéfacts magiques les plus puissants d'Equestria, et représentent chacun une des vertus importantes d'l'harmonie. J'suis la porteuse de l'élément d'l'honnêteté, et Rarity d'la générosité. Y'a aussi la bonté, le rire et la loyauté. Et Twilight est porteuse du sixième élément : la magie, l'plus important d'tous. Ensemble, ils permettent d'répandre la magie d'l'amitié, et de contrer les plus grandes menaces.

Le Docteur tenta de compiler tout ce que venait de lui dire Applejack. Mais ça paraissait tellement … biscornu !

- Tout cela est … absurde ! Finit-il par articuler. Je commence franchement à avoir l'impression d'être tombé dans un dessin animé pour petite fille !

Finalement, ils atteignirent la bibliothèque, où ils se permirent un bref temps de récupération. La jument lançait un regard sévère au Docteur.

- Croyez moi, la magie d'l'amitié est bien réelle. Nous l'avons utilisée pour ramener la Princesse Luna à la raison, et nous pouvons faire encore beaucoup plus.

- Je ne nie rien, mais … ça semble défier toute logique …

- Voir un étalon tomber du ciel dans une boite bleue ne me parait pas vraiment logique non plus, commenta-t-elle en poussant la porte.

***

Le Docteur oublia quelques secondes sa conversation avec Applejack : en quelques heures à peine, le plancher et le plafond de la bibliothèque avaient été remis à neuf, comme si l'arrivée mouvementée du TARDIS n'avait jamais eue lieu. Seules restaient d'énormes piles de livres que les deux licornes et le bébé dragon étaient en train de replacer sur leurs étagères, et le TARDIS lui-même, toujours garé contre le même mur. Le Docteur était bluffé. Mais comment cela était-il possible ?

Ah, oui, la magie, évidemment.

- Twilight, on a un problème ! S'écria Applejack en s'approchant de la licorne violette.

- Quoi, le Docteur a fait des bêtises ? Demanda-t-elle, visiblement irritée ?

- Ce n'est pas lui, c'est aut'chose ! Y'a que'q'chose dans la forêt Everfree !

- Quelque-chose de quelle nature ? Répondit-elle en dressant une oreille, visiblement intriguée.

- J'suis pas sûre, mais l'Docteur pense qu'ça a un rapport avec les disparitions.

- Quoi ? Applejack, ce poney a perdu la raison. Il était sûrement en train de divaguer.

- Il s'est fait attaquer par un robot rat, intervint Sweetie Belle.

- Et il a dit qu'il savait à qui il appartenait, poursuivit Apple Bloom.

- Un robot rat ?

Les deux licornes et le dragon se tournèrent vers Applejack, espérant visiblement avoir une explication.

- Le Docteur est entré par effraction dans la maison d'Summer Afternoon. J'l'ai suivi pour voir c'qu'il faisait, et là, cet … espèce de truc métallique lui a sauté d'ssus …

- Entré par effraction ? s'offusqua Rarity.

- Ce n'est pas important, coupa l'étalon. Comme j'ai détruit le cybermat, ils savent maintenant qu'ils ont été repérés. Ils vont sûrement débarquer en masse pour attaquer Ponyville. Ils ne prendront pas le risque que quelque-chose vienne les détruire avant.

- Quoi ? Mais … Qui ? Quoi ?

Des cris à l'extérieur attirèrent l'attention du Docteur. Se détournant de la conversation, il se précipita à la fenêtre. Des poneys courraient dans les rues, paniqués. Et tous allaient dans la direction opposée à la forêt.

- Trop tard. Ils sont déjà là.

Twilight, effrayée par les propos du Docteur, courut pour regarder à son tour. D'abord, il n'y avait que les poneys paniqués, puis, un son commença à se faire entendre.

Un battement métallique …

comme une armée marchant au pas …

des armées aux pattes métalliques …

Et puis, ils les virent.

Ils ressemblaient à des poneys, en armure argentée, mais aux mouvements presque mécaniques. Ils semblaient tellement … Non vivants.

- Qui sont-ils ? fit alors Twilight, dont l'intonation trahissait l'inquiétude.

- Des cybermens.

- Des quoi ? Interrogea Scootaloo.

- Oui, sans doute. Sous ces formes, je suppose qu'on peut les appeler « cyberpony ».

- Mais … c'est une armée ! S'écria la licorne violette. Une armée d'invasion !

- D'invasion, je ne suis pas sûr. Mais dangereuse, ça, c'est certain.

- Alors on doit sortir d'ici, fuir avant qu'ils ne nous tombent dessus !

Des citoyens poneys rebroussant chemin apprirent le contraire au Docteur.

- Impossible. Ils ont déjà encerclé la ville. Quelle vitesse d'opération ! Ils devaient s'attendre à être découverts.

- Vous ne pouvez pas dire quelque-chose d'utile pour une fois ? Spike ! Prends note !

Spike s'empara rapidement d'une plume et d'un parchemin. « C'est bon Twilight ! ». La licorne et le Docteur revinrent au centre de la pièce.

- Très bien. Dicte : Chère princesse Celestia …

- Vous croyez que c'est le moment pour envoyer une lettre ? S'exclama le Docteur.

- … nous vivons un temps de crise. Ponyville est attaquée par une armée inconnue depuis la forêt Everfree. Nous nécessitons votre assistance de toute urgence. Votre fidèle étudiante : Twilight Sparkle. Vite ! Envoie !

Rapidement, Spike roula le parchemin, posa un cachet dessus, et cracha un feu vert qui le consuma en quelques secondes. Le Docteur leva un sourcil. C'est comme ça qu'on envoyait des lettres dans cet univers ? Si, comme il le supposait, la lettre avait subie une sorte de téléportation, cela voulait dire que le feu de ce dragon provoquait la formation de trous de ver, transportant chaque atome à travers l'espace. Mais alors, comment faisait-elle pour …

« Ah, pense à quelque-chose d'utile Docteur ! » se cria-t-il intérieurement.

- Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? Demanda Rarity.

- On n'peut pas les laisser trouver les pt'ites ! Paniqua Applejack en regardant les trois pouliches.

Le Docteur réfléchit à toute allure. Ils avaient besoin d'un plan de secours. Voyons, qu'est-ce qu'il avait appris sur ce monde ? Il est peuplé par des poneys multicolores qui parlent, les licornes pratiquent la magie grâce à une manipulation quantique, les pégases volent malgré leur manque d'aérodynamisme, probablement de la même manière, les dragons peuvent téléporter des objets, et il était en compagnie de trois des six juments capables d'utiliser des artefacts magiques les plus puissants existants. Et si …

- Ah ! Twilight, quels sont les effets des éléments de l'harmonie ? Précis ?

- Presque n'importe quoi. Ça dépend de ce dont on a besoin …

- Contrôle quantique à variation télépathique ? Je vois. Et les autres porteuses des éléments, où sont-elles en ce moment ?

- Elles habitent toutes Ponyville. Pinkie Pie devait préparer une fête au Sugar Cube Corner, Fluttershy est chez elle avec ses animaux, mais Rainbow Dash est sans doute partie s’entraîner hors de la ville.

Donc un ou une des porteuses des éléments ne va pas être capturée pendant l'assaut. Cela leur laisse une chance.

- Et les éléments eux mêmes ?

- Tous à Canterlot, la capitale, à deux heures de Ponyville en train.

Zut.

- Ils arrivent … prévint Rarity, qui s'était penchée vers la fenêtre entre-temps.

- On ne veut pas mourir ! Cria Apple Bloom en pleurant entre les pattes de sa grande sœur, qui tentait de rassurer comme elle pouvait les pouliches.

Le Docteur se souvint alors que les pouliches se trouvaient toujours là. Les cyberponys allaient les trouver, elles aussi. Non … non ! Il ne laissera pas cela arriver. Il prit une décision. Il fit tomber sa clé de sa crinière.

- Dans le TARDIS ! Vous serez en sécurité !

Rapidement, il déverrouilla la porte, poussa les pouliches à l'intérieur.

- Gardez la porte fermée jusqu'à-ce qu'ils soient repartis. Et surtout, ne touchez à rien.

- Spike, entre toi aussi, dit alors Twilight en réalisant ce qui se passait.

- Quoi ? Mais …

- Fais ce que je te dis !

Elle poussa à son tour le bébé dragon dans la cabine. Le Docteur referma rapidement les portes avant de se retourner vers les trois juments présentes.

- Et nous, où est-ce qu'on va se cacher ? demanda Rarity.

- Non, il faut qu'ils nous trouvent, coupa le Docteur.

- Quoi ?

Soudainement, la porte sauta hors de ses gonds. Plusieurs cyberponys entrèrent avec leur démarche mécanique, pour les encercler. Rarity pensa visiblement à sauter par une fenêtre, mais un autre cyberpony se trouvait devant chacune d'elles.

Ils pouvaient maintenant les voir plus distinctement : leur armure à plaques recouvrait la totalité de leurs corps de poneys, si ils en avaient encore un. Leurs visages étaient couverts par un masque aux traits inexpressifs, avec deux orifices noirs, remplaçant leurs yeux. Une armature métallique carrée reliait chacune de leurs deux oreilles à un petit appendice tubulaire fixé au sommet de leur casque. Et enfin, là où ils étaient tous sensés avoir leur marque de beauté, se trouvait un emblème rond frappé d'un C stylisé. L'un des cyberpony s'avança et parla. Le trait droit qui lui servait de bouche brilla de bleu alors qu'il formulait de sa voix synthétique :

- Vous allez nous suivre. Tous les poneys doivent recevoir une mise à jour.

- Une mise à jour ? Demanda Twilight sans comprendre.

- Nous allons remplacer votre corps biologique par un corps mécanique. Et nous ferons disparaître vos émotions. Vous ne connaitrez plus ni la douleur ni le chagrin, ni la passion …

- … Ni l'amitié, acheva Twilight, comprenant très bien ce que pouvait impliquer l'absence de sentiments.

- La mise à jour est obligatoire, reprit le cyberpony. Ceux qui refuseront seront incompatibles et seront effacés.

- Alors évitez de faire durer les choses, répondit le Docteur avec un faux enthousiasme.

- Docteur …

Le Docteur se tourna vers Twilight et lui fit un clin d'œil discret. Mais quelle idée grotesque avait-il encore en tête ?

- Ce n'est pas comme si on avait le choix. De toute façon, même avec votre magie, je doute que vous puissiez faire quoi que ce soit.

Le Docteur se tourna vers le cyberpony.

« Allons-y. »

***

- Docteur, si on s'en sort en un seul morceau, je vous saurais grée de ne plus prendre de décision à ma place, s'énerva Twilight en sortant de la bibliothèque. Et d'abord, comment est-ce que vous les connaissez ? Ça commence à devenir trop gros pour que ce soit une vaste blague.

- Disons juste que ce sont de vieilles connaissances.

Devant eux se tenait toute une file de poneys, l'air abattu ou désespéré, qui avançaient encadrés par les soldats cybernétiques. Le Docteur et les trois juments avancèrent pour y prendre place.

- Le TARDIS du Docteur a été localisé, dit un cyberpony qui les accompagnait à un congénère qui attendait devant. Le Docteur est à proximité. Il est une menace. Nous devons le retrouver et l'éliminer.

- Il viendra de lui-même vers nous, lui répondit-il. Il nous faut le maximum d'effectif possible. Nous commencerons par convertir ces villageois. Puis nous lancerons une offensive sur les localités environnantes.

- Ils vous connaissent, faillit s'exclamer Rarity. Mais pourquoi ils ne vous reconnaissent pas ?

- Ils sont à la recherche d'un humanoïde, pas d'un poney. Pour autant que je sache, même si ils ont changé de forme, eux aussi, leurs systèmes ne peuvent pas reconnaître un visage d'une espèce à l'autre.

- Quoi ? Alors, Spike avait raison, comprit Twilight. Vous avez bien subi un sortilège de métamorphose.

- Métamorphose oui, mais pas sortilège. Je ne pense pas …

Il s'interrompit soudainement. Devant dans la file, il vit un pégase gris foncé bousculer un des poney métalliques pour s'envoler à tire d'ailes, en hurlant : « Vous ne m'aurez jamais ! ».

La réaction des cyberponys ne se fit pas attendre : ils se tournèrent dans sa direction, et la forme tubulaire sur leurs casques crépita en tirant des rayons bleutés. L'un d'eux l'atteignit. Il hurla de douleur avant de retomber, et de s'écraser lourdement au sol, à moins de cinq mètres de la file, inerte. Face à cette scène, Rarity poussa un hurlement … avant de s'effondrer à son tour. Mais personne ne le remarqua : tout le monde était absorbé par la scène, tous plus horrifiés les uns que les autres.

- Vous l'avez tué ! S'écria Twilight, partagée entre la rage et la panique.

- Nous l'avons paralysé, corrigea le cyberpony le plus proche. Il est toujours vivant. Vous allez le porter. Tous les poneys doivent être convertis. Vous ne devez pas avoir peur. Toute émotion vous sera retirée lors de la mise à jour.

Ils se regardèrent rapidement. Le Docteur s'avança pour ramasser le pégase. Il le mit maladroitement sur son dos, puis revint vers les juments. Applejack portait Rarity, toujours inconsciente.

- Qu'ils n'espèrent pas me voir obéir à leurs ordres quand je serai dans une de ces armures, gronda Twilight.

- Il faut avoir une forte personnalité pour réussir un tel exploit, commenta le Docteur.

- Et vous, Docteur, qu'est-ce que vous espérez faire ? D'accord, nous n'aurions jamais eu le temps de nous cacher, ils nous auraient trouvés de toute façon, mais qu'espériez-vous faire en vous laissant capturer ?

- Le meilleur moyen pour se débarrasser des cyberponys, se trouve généralement dans leur propre repère. Et ils vont directement nous y amener.

- Quand bien même nous nous y trouverons, nous serons toujours prisonniers, et entourés par des poneys machines tueuses.

- Alors j'improviserai. Je suis très doué pour improviser.

Twilight poussa un soupir exaspéré.

- Vous n'avez pas vraiment l'air d'savoir ce que vous faites, commenta Applejack.

***

La file progressait maintenant au milieu de la forêt. Les cyberponys se trouvaient toujours de part et d'autre, prêt à arrêter un autre éventuel fuyard.

Rarity et le pégase avaient repris connaissance depuis un moment. À présent, les trois juments scrutaient la foule à la recherche de deux de leurs amies.

- À quoi est-ce qu'elles ressemblent, demanda le Docteur, voulant participer également aux recherches.

- Pinkie Pie est rose bonbon avec une crinière frisée et a trois ballons de baudruche comme marque de beauté. Et Fluttershy est une pégase jaune avec une crinière rose clair, et sa marque représente trois papillons.

- Trois semble être un chiffre magique par ici, commenta l'étalon.

- Mes oreilles ont sifflé ! Quelqu'un a parlé de moi ?

Le Docteur sursauta quand la jument rose apparue dans son champ de vision, à quelques centimètres de lui. Mais d'où sortait-elle ? Il venait tout juste de regarder autour de lui, et il ne l'avait pas vue.

- Oh ! IIIIIIIIIHHHHH ! C'est vous ! L'étalon qui est tombé du ciel dans la bibliothèque de Twilight ! Je ne vous ai jamais rencontré avant je ne crois pas vous avoir déjà fait une fête de bienvenue il faut absolument que je me rattrape et que vous me disiez quel genre de gâteau vous préférez manger parce qu'autrement je serais obligée d'en préparer un de chaque type que je connais et ça ferait vraiment beaucoup !

Enfin, elle s'arrêta pour respirer. Le Docteur avait déjà rencontré beaucoup de personnalités étranges pendant ses voyages, mais jamais rien d'aussi … cartoonesque.

- Pinkie, qui t'a dit qu'il était tombé du ciel ? L'interrogea Twilight.

- Mon sens Pinkie : il n'arrête pas depuis hier. D'abord les signaux du nouveau en ville, en même temps que ceux du truc qui tombe, puis ceux de la catastrophe imminente. Je suppose que ce sont les robots la catastrophe, mais au moins, ils ont le goût d'organiser un défilé. Et vous avez vu leurs armures, comme elles brillent ?

Avant que le Docteur ne puisse l'interroger, Rarity entreprit d'expliquer :

- Pinkie a une sorte de sixième sens qui lui permet de savoir certaines choses avant qu'elles ne se produisent, comme lors qu'un objet tombe par exemple.

- Vraiment ? Une capacité de divination basique vous voulez dire ?

- … Je suppose …

Le Docteur dégaina son tournevis sonique et entreprit de scanner la jument rose.

- Étrange, je ne trouve pas la moindre interaction quantique. Pourtant, des capacités de ce genre nécessitent d'avoir un aperçu sur le vortex du temps. Comment est-ce possible ?

- N'essayez pas de la comprendre, lui dit alors Twilight. Vous n'y arriverez pas. Croyez moi, j'ai essayé.

- Vous n'êtes pas un Seigneur du Temps, vous.

- Un quoi ?

- Ooooh ! C'est drôle votre machin à lampe bleu. Vous croyez que je pourrais m'en fabriquer un ? Demanda Pinkie Pie.

- J'en doute. La technologie sonique n'est pas à la portée de tout le monde.

- Et Pinkie, tu n'aurais pas vu Fluttershy ? Demanda alors Rarity. La pauvre chérie doit être terrifiée …

- Euh … Je suis là … dit alors une toute petite voix.

Une pégase apparut derrière Pinkie, jaune clair et crin rose, comme dans la description de Twilight. Elle semblait recroquevillée sur elle-même, et cachait son visage derrière sa crinière. Mais le peu que le Docteur pouvait en voir lui indiqua que cette dernière était effectivement terrorisée par les événements.

- Fluttershy, est-ce que tout va bien ? Voulut savoir Twilight.

- … Tous mes animaux ont réussi à s'enfuir avant que les soldats n'arrivent, alors … Je pense que ça va … mais ils ont eu tellement peur les pauvres …

- Ne vous en faites pas, ils ne craignent rien, intervint alors le Docteur, pour tenter de la rassurer.

Fluttershy s’aperçut alors que l'étalon la regardait. Instinctivement, elle baissa la tête et se rapprocha de Rarity. À l'évidence, rencontrer des inconnus avait tendance à la mettre mal à l'aise.

- N'aie pas peur, sucre d'orge, la rassura Applejack. Le Docteur n'est pas méchant.

Encouragée, Fluttershy se tourna, légèrement intimidée, vers l'étalon.

- Euh … Bonjour …

- Bonjour Fluttershy, répondit-il avec un sourire chaleureux.

Fluttershy releva légèrement la tête, rassurée. Tout son être dégageait tellement de délicatesse …

- Au fait, l'une de vous a vu Rainbow Dash ? Demanda Pinkie après avoir regardé autour d'elle. Elle m'avait promis de m'aider avec les banderoles à la fête d'anniversaire de mariage de M et Mme Cake …

***

Un éclair coloré passa au dessus de la campagne. Virant, et virevoltant parmi les nuages, laissant dans son sillage de longues trainées arc-en-ciel.

Elle vira, slaloma, fit des loopings parfaitement exécutés. Une dernière ligne droite, une descente en piqué, sa vitesse augmenta de manière spectaculaire, ses propres ondes sonores s'accumulaient devant elle, le vent sifflait, la pression augmentait, la friction et l'échauffement devenaient insoutenables …

Paf !

Il y eu une déflagration, et une onde de choc aux reflets multicolores, comme un arc-en-ciel supersonique.

La pégase se posa finalement sur un nuage pour souffler, satisfaite de son travail. Elle était Cyan, avec une crinière prismatique en bataille, à l'image de l'exploit qu'elle venait d'effectuer, tout comme la marque de beauté qui ornait ses flancs : un nuage lâchant un éclair multicolore.

Elle attrapa une gourde et la porta à ses lèvres. En bonne sportive qu'elle était, Rainbow Dash se devait de récupérer correctement. Elle étira rapidement ses ailes, en essayant de se remémorer ce qu'elle avait prévu de faire d'autre ce jour-là. Elle se souvenait que Pinkie Pie avait parlé d'un truc … Ah, oui, la fête. Elle était prévue pour cet après midi. Qu'est-ce qu'elle voulait fêter au juste ? Elle organisait tellement de fêtes différentes pour tellement d'occasions … Elle avait mentionné les Cake … et un anniversaire … de mariage ? Oui, cela devait être ça.

Récupérant ses affaires de sport, elle décolla à nouveau, retourna chez elle, une maison construite dans un nuage, à l'extérieur de la ville, fit un rapide brin de toilette et repartit en direction du Sugar Cube Corner.

Rapidement, elle survola les quartiers de la ville, encore plongée dans un calme matinal. Les poneys avaient-ils donc tous décidés de faire la grasse-matinée le même jour ? Sans y accorder plus d'attention, elle se posa devant Sugar Cube Corner, la pâtisserie la plus réputée de la ville (sans oublier que c'était la seule). Elle s'approcha de la porte ouverte et entra.

« Bonjour tout le … monde ? »

Personne. La boutique était déserte. Les Cake n'étaient nul part en vue, et cela faisait déjà plus de dix secondes que Pinkie Pie aurait dû se manifester.

« Pinkie ? Monsieur et Madame Cake ? »

Le silence lui répondit. Rainbow monta les escaliers, fit le tour du bâtiment, mais aucune trace d'aucuns des occupants … à part tous les cartons de décoration abandonnés dans la boutique.

Intriguée, elle ressortit du bâtiment. Où avaient-ils bien pu passer ? Peut-être que Pinkie manquait de sucreries et était allée en chercher à la boutique de Bon-Bon (note : Bon-Bon est le nom de la jument qui tient la boutique de bonbon de Ponyville). Mais pourquoi y aller avec les Cake ? Ces derniers n'auraient pas pu laisser le magasin sans surveillance.

Rainbow Dash contourna le bâtiment, mais ils n'étaient nul part en vue.

« Mais où est-ce qu'ils sont tous passés ? »

Intriguée, elle décida malgré tout d'aller voir à la boutique de Bon-Bon, à quelques rues de distance. Mais là aussi, la porte était ouverte, et personne au comptoir ni ailleurs pour surveiller.

« Mais qu'est-ce que ça veut dire ? »

Elle retourna dans la rue et regarda autour d'elle. C'est alors qu'un détail qu'elle avait négligé lui sauta aux yeux :

toutes les portes étaient ouvertes, certaines même arrachées de leurs gonds. Cette fois elle en était sûre, il s'était passé quelque chose. Prise d'un mauvais pressentiment, elle s'envola vers la maison d'une de ses amies : Twilight.

La bibliothèque n'était qu'à quelques battements d'ailes, et Rainbow Dash ne tarda pas à survoler l'arbre. Et là, un mouvement attira son attention : trois pouliches venaient de sortir par la porte manquante, accompagnées par un bébé dragon. Enfin, un signe de vie. Elle se précipita à leur rencontre.

- Hey les filles, où est tout le monde ? La ville est déserte.

- Rainbow Dash ! Tu as réussi à t'échapper ? S'écria Scootaloo en l'apercevant.

- S'échapper de quoi ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Tu ne les as pas vu ? S'étonna Apple Bloom. Les robots ?

- Non … c'est des robots qui ont fait ça ?

- Oui. Enfin … le Docteur les a appelés des cyberponys.

- Ils sont venus et ont emporté tout le monde, reprit Scootaloo. Même Twilight, Applejack, et Rarity. Mais le Docteur a réussi à nous cacher dans son TARDIS avant qu'ils n'arrivent.

- Un quoi ? Et quel Docteur ?

Les pouliches se regardèrent, sans savoir quoi répondre. Spike prit la parole :

- On ne sait pas vraiment. Il venait d'arriver quand on l'a trouvé. Il s'est écrasé sur la bibliothèque dans cette boite bleue … elle est vraiment trop bizarre. Elle me donne la nausée.

- C'est surement extra-terrestre, commenta Sweetie Belle.

- C'est aussi ce que je pensais, mais Twilight ne veut pas me croire.

- Mais où est-ce qu'ils les ont emmenés ? Reprit Rainbow Dash.

- Quelque-part dans la forêt Everfree. Ils ont dit qu'ils allaient les transformer en … d'autres cyberponys.

- Vous essayez de me dire que des poneys robots sont venus en ville et ont enlevé tout le monde pour les « robotiser » ?

- En quelque sorte.

- Ça parait complètement dingue comme histoire.

- Mais c'est vrai ! s'emporta Spike. Twilight m'a même fait écrire une lettre en urgence à la princesse Celestia.

- Et elle a répondu ?

Spike lui tendit le parchemin qu'il avait en main.

- Elle a immédiatement envoyé des troupes. Ils apporteront les éléments de l'harmonie avec eux … Mais apparemment, tu es la seule porteuse des éléments a ne pas avoir été capturée. Ça ne servira à rien. Et le temps qu'ils arrivent, les autres se seront peut-être déjà faites enfermées dans ces horribles armures.

- Mais … ce ne sont que des armures. Ce seront toujours les mêmes à l'intérieur, pas vrai ?

- Ils ont dit qu'ils allaient aussi les priver de leurs sentiments. Alors …

Rainbow Dash prit des yeux énormes. Plus de sentiment, plus d'amitié, et plus de vertus, évidemment. Les éléments deviendraient alors inutilisables.

- Alors … il faut les délivrer avant ! Avant qu'elles ne se fassent robotiser !

- Mais comment on va faire ? Demanda Spike. On ne sait ni où elles sont, ni à quoi ça ressemble.

- On s'en moque, on fonce.

- Fili Second a failli se faire découper en petits morceaux en faisant comme ça.

- Comment ça ?

- Dans les comics des Power Ponies, au numéro douze, en voulant attaquer trop vite, elle a …

- Bon, bon, d'accord. Alors qu'est-ce que tu proposes, petit génie ?

- On devrait peut-être rappeler la princesse Celestia, pour l'informer.

- Et qu'est-ce qu'elle pourrait faire de plus ?

- Au moins nous conseiller.

Spike retourna dans la bibliothèque et attrapa une plume et un nouveau parchemin. Rainbow Dash le regarda faire en grommelant.

- Bon, d'accord, mais dépêche toi. On a pas toute la journée.

Rainbow se tourna vers les pouliches.

- Au fait, qu'est-ce que vous savez exactement à propos de ce Docteur ?

***

Finalement, leur destination apparut au Docteur et à ses cinq compagnes de voyage. C'était une grande structure métallique, aux allures lisses, mais présentant de nombreux dégâts visibles : traces de brûlures, panneaux manquants, et tout un côté semblait avoir littéralement explosé. Mais le côté fuselé de l'ensemble laissait supposer qu'il ne s'agissait pas d'un simple bâtiment.

- Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Demanda Twilight, ébahie.

- C'est un super-croiseur, leur vaisseau spatial, répondit le Docteur. Enfin … ce qu'il en reste.

- Vaisseau spatial ? Ces cyberponys viennent de l'espace ?

- Et plus loin encore. Ils ont franchi les dimensions avec. Mais visiblement, il n'en est pas sorti indemne.

- Docteur, vous allez devoir nous expliquer : que sont les cyberponys ? Concrètement.

Elle savait qu'il s'agissait de cerveaux dans des corps mécaniques, mais elle voulait en savoir plus. Le Docteur le comprit bien, et entreprit de lui expliquer.

- Ils viennent d'un autre monde, d'un autre univers, où un homme du nom de John Lumix, dirigeant de l'entreprise « Cybus Industrie », a fait des recherches dans le but de préserver la vie des êtres humains, de les rendre presque immortels et de mettre fin à leur souffrance, physique et morale. Son gouvernement s'est opposé à ses projets, jugés immoraux, mais Lumix n'en est pas resté là : il a utilisé ses inventions pour se débarrasser du président et pour commencer la conversion de toute la planète. J'ai réussi à les arrêter à temps, mais ils ont profité d'une faille spatio-temporelle pour s'échapper et conquérir le reste de la réalité. Ce vaisseau … je pensais m'en être débarrassé, après avoir saboté les propulseurs, mais il a résisté. L'explosion a permis à la faille de s’agrandir, et au vaisseau de passer au travers, et moi avec, alors que je me croyais tiré d'affaire. Il a dû atterrir en catastrophe ici quelques jours avant moi.

Le Docteur se tourna vers les juments, ses yeux trahissant sa culpabilité. Cette histoire semblait être tirée d'une œuvre de science fiction, et pourtant …

- C'est ma faute. C'est à cause de moi si les cyberponys sont arrivés ici, si ils ont commencés à enlever des poneys pour les convertir … Je suis désolé.

- Ne vous méprenez pas, répondit Twilight. Vous avez essayé de bien faire. Et … vous ne pouviez pas savoir.

Le groupe pénétra avec les autres poneys dans la carlingue en ruine. Autant le Docteur l'avait énervée à leur rencontre, autant elle ne pouvait s’empêcher de compatir face à son histoire. Malgré ses bizarreries, le Docteur était quelqu'un de bien.

Une minute … si toute son histoire était vraie, alors cela voulait dire …

- Mais alors … vous venez du même endroit ?

- Plus ou moins … d'une dimension parallèle en réalité.

- … Vous êtes un alien ?

- Ouais.

Toutes les juments restèrent bouche bée face à cette révélation … sauf Pinkie Pie :

- Un alien ? Waou ! C'est trop génial ! On a un nouveau copain de l'espace maintenant ! Oh, et qu'est-ce que vous mangez d'habitude ? Vous avez un vaisseau spatial ? De quelle planète vous venez ?

- Respectivement : de tout, oui, et Gallifrey.

- Et dire que Spike le savait depuis le début … articula Twilight.

- Oui, les enfants sont si intelligents …

- Dites, c'est quoi tout c'bruit ? Les coupa Applejack.

Ils entrèrent dans une grande pièce, divisée en différents couloirs, entre lesquels se dressaient de grands cylindres métalliques, munis de portes automatiques, par lesquelles commençaient à pénétrer les poneys captifs, un par habitacle. Les machines qui se mettaient en marche à l'intérieur provoquaient un vacarme assourdissant.

« Lancez la conversion » ordonna un cyberpony.

Aussitôt, des hurlements de douleur s'élevèrent des différents dispositifs. Un vent de panique souffla dans la file de prisonniers qui patientait devant. Les hurlements durèrent quelques secondes, puis se turent. Les portes s'ouvrirent, et un nouveau cyberpony sortit de chaque machine.

- Ils font souffrir des poneys … murmura Pinkie Pie, décontenancée.

-C'est la chambre de conversion, expliqua le Docteur. Si on ne fait rien, d'ici une heure, tout le village aura été converti.

- Et qu'est-ce que vous comptez faire maint'nant ? Intervient Applejack. Si vous êtes si doué pour improviser, alors c'est l'moment.

Sous ces directives, le Docteur regarda autour de lui, et son regard se porta tour à tour sur une grille d'aération, près du sol, couvrant un conduit à peine assez grand pour y ramper, sur les lumières de la salle, et sur un panneau de commande, à côté duquel se tenait un cyberpony. Ceci prit en considération, il reprit discrètement son tournevis sonique, le ralluma, et visa le panneau de contrôle.

Soudain, les machines s’arrêtèrent et le panneau explosa. Une alarme retentit.

« Alerte, alerte, dégâts internes. Défaillance des systèmes. » Cria le cyberpony le plus proche. Tous les soldats se tournèrent de tous côtés, cherchant à savoir d'où venait le problème. Le Docteur ne perdit pas de temps et dirigea son tournevis vers les lumières. Tous les globes lumineux explosèrent en même temps. Déroutés, les cyberponys tentaient de comprendre ce qui se passait tout en essayant de gérer les prisonniers paniqués. Le Docteur se tourna rapidement vers ses compagnes.

« Chuivez moi ! »

Il se précipita vers la bouche d'aération, suivi par les cinq juments. Arrivé contre la grille, l'étalon colla son tournevis contre la première vis qui la maintenait en place.

- Dépêchez vous, s'il vous plait, avant qu'ils ne nous voient, le pressa Rarity.

- Ve fait fe que ve peux !

La première vis tomba. Le Docteur s'attaqua de suite à la suivante. Les cyberponys continuaient à essayer de rassembler les poneys captifs, qui couraient maintenant dans tous les sens comme des vaches affolées.

La seconde vis tomba. La grille commença à se balancer sur les deux dernières. Le Docteur pivota pour s'en occuper … Mais s’arrêta dans son mouvement en remarquant un cyberpony qui était sorti de la cohue et qui regardait dans leur direction.

« Alerte, alerte, le Docteur a été localisé. Le Docteur a été localisé. »

Oh, non …

« Bougez vous d'là ! »

Le Docteur s'écarta du mur, Applejack rua et donna un grand coup de sabot dans la grille, qui vola au loin. Le cyberpony tira, mais Twilight s'interposa et invoqua un bouclier magique qui dévia les rayons.

- Tout l'monde dedans ! cria la jument orange. Docteur, vous passez devant !

- D'accord.

Il se jeta par l'ouverture. Pinkie Pie plongea à sa suite, elle-même suivie docilement par Fluttershy. Rarity marqua un temps d'hésitation :

- Je ne vais quand même pas ramper là-dedans, s'offusqua-t-elle.

- Oh que si ! Cria Applejack en la poussant sans ménagement dans le conduit. Twilight, viens !

La licorne se décala rapidement et se glissa après la jument orange, essayant de maintenir le bouclier qui les séparaient du cyberpony, toujours plus proche.

Le poney mécanique passa sa tête par l'ouverture, continuant de tirer sur le groupe, mais chaque coup s’arrêtait contre le bouclier de Twilight, qui disparut au premier tournant.

***

- Je crois qu'il ne nous suit plus, remarqua Twilight.

- Normal : chon armure n'est pas achez chouple pour le lui permettre, articula le Docteur, qui tenait encore son tournevis dans sa bouche. Par contre, on richque de chroiger des chybermats, alors faites attention.

Le groupe progressait maintenant dans les conduits du vaisseau cyberpony, l'un derrière l'autre, guidés par le Docteur, qui éclairait le chemin avec son outil extra-terrestre.

- Docteur, où est-ce que vous nous emmenez, demanda Pinkie Pie.

- Au pochte de pilotage. Là bas, il devrait y avoir de quoi les mettre hors d’état de nuire.

- Et vous pensez à quoi ? insista Applejack.

- Un ordinateur où je pourrais entrer le code de déjactivachion de leur inhibiteur émochionnel. Ils se rendront alors compte de ce qu'ils chont devenus, et le choc les fera disjoncter.

- Excusez moi … Mais je ne suis pas sure de comprendre, dit alors Fluttershy, juste assez fort pour que le Docteur puisse entendre.

- Chans leur inhibiteurs, ils peuvent ressentir les émochions. Et chelles qu'ils rechentirons en comprenant che qu'il leur est arrivé chera tellement forte que chela les détruira.

- Vous voulez les torturer à mort ?!

- Aux vues des chirconstances, ch'est la cheule cholution que je peux vous propoger. Attendre de l'aide richque de prendre trop de temps. Chi on veut chauver les habitants de Ponyville, il faut les arrêter le plus tôt possible.

- Mais … Il n'y a pas d'autre solution ? Sans faire de mal aux cyberponys ?

- Je n'ai jamais vu de chybermen ou de chyberpony redevenir dochile après cha converchion. Il n'y a plus rien à faire pour eux. Je chuis déjolé.

Les poneys se turent quelques instants, ne sachant plus vraiment quoi ajouter. C'est vrai, c'était une solution cruelle, mais nécessaire pour sauver Ponyville. Finalement, Pinkie Pie brisa le silence :

« C'est encore loin Docteur ? »

***

La grille sauta, et le Docteur se faufila à l'intérieur du poste de pilotage. La pièce était grande, tout un mur occupé par une baie vitrée, maintenant en morceaux. Il y avait des ordinateurs et des interfaces réparties symétriquement face à l'ouverture, noircie, certains en partie arrachés, probablement mis en pièces par l'atterrissage mouvementé du vaisseau. Des carcasses de cyberponys gisaient au sol, inertes. Il n'y avait pas d'autres signes de leur présence. Le Docteur se releva prudemment, suivi par ses compagnes juments.

- Ils ne sont pas là ? Demanda Fluttershy.

- Non, je crois que cette pièce est hors service. Ils doivent diriger depuis une salle secondaire. Mais faites attention à ceux qui sont ici, ils ne sont peut-être pas complètement inactifs.

Le Docteur se mit en quête d'un ordinateur utilisable. Twlight, qui sortit la dernière, étudia les équipements avec curiosité, puis se tourna vers l'étalon.

- Docteur, il y a quelque-chose qui m'échappe : le crash d'un appareil aussi gros n'aurait pas dû passer inaperçu, ni causer aussi peu de dégâts collatéraux. Comment cela se fait-il ?

- Ils ont sans doute utilisé un système de camouflage pour éviter de se faire repérer pendant leur atterrissage d'urgence, au cas où la population locale leur serait agressive. Pour les dégâts, j'ai peut-être saboté les propulseurs principaux, mais les autres fonctions devaient encore être actives à ce moment là, dont les répulseurs antigravitationnels entre autres.

Le Docteur ouvrit le panneau d'entretien d'un des moniteurs pour en inspecter le contenu.

- L'installation électrique a l'air en état, mais l'alimentation est coupée.

L'étalon se releva et se dirigea vers un panneau de commande, contre le mur.

- Je dois pouvoir le rebrancher d'ici. Mais l'ennui, c'est que si je fais ça, je donnerais notre position à tous les cyberponys du vaisseau. Je n'aurais alors que quelques minutes pour agir.

- Et il vous en faut combien pour … mettre le code ?

- Ça dépendra de la complexité du système. Vous pensez pouvoir les retenir combien de temps avec votre champ de force ?

- Leurs tirs sont puissants, mais je pense pouvoir les retenir plusieurs minutes.

- Cela me paraît plutôt risqué, votre plan, commenta Rarity.

- Ça l'est, répondit l'étalon.

Le Docteur se tourna vers les autres juments.

- Si les cyberponys arrivent jusqu'à nous, ils n'essaieront plus de nous capturer, ils nous tuerons sur-le-champ. Même en volant, je ne sais pas si nous pourrions échapper aux sentinelles à l'extérieur.

En parlant, il se tourna vers Fluttershy, qui prenait un air désolé.

- Est-ce que vous êtes prêtes à prendre le risque ?

Les cinq juments se regardèrent d'un air inquiet, mais entendu.

- Nous le sommes, déclara Twilight. Pour Ponyville, et pour Equestria.

- Bien. Alors préparez-vous, je rebranche.

L'étalon reprit son tournevis et le dirigea vers le panneau. Quelques secondes à peine, et tous les équipements de la pièce se rallumèrent, bientôt suivis par une alarme. Les cyberponys étaient en route.

Le Docteur se jeta sur le moniteur. Par chance, le clavier aux touches larges, adaptés aux énormes doigts mécaniques des cybermens, convenaient assez bien à des sabots de poney.

Il jouait avec les boutons, aussi vite que son absence de main le lui permettait, pianotant furieusement, cherchant comment trouver le code et l'envoyer.

- Ah, non, n'y pensez même pas ! Cria-t-il.

- Qu'est-ce qui se passe ? Demanda Pinkie Pie.

- Ils ont vu ce que j'essayais de faire, et ils répliquent !

L'alarme, assourdissante, fut bientôt complétée par un battement métallique, derrière les portes d'accès.

- Docteur, ils arrivent ! Cria Applejack.

Le Docteur accéléra la cadence. Mais soudain, les circuits se mirent à grésiller, et dans un éclat, prirent feu.

« Quoi ? Non ! »

Trop tard : le moniteur s'éteignit, hors d'usage. Bientôt, tous les autres équipements de la salle grillèrent à leur tour.

- Non, non ! Ils avaient un système d'autodestruction externe !

- Vous ne l'aviez pas vu ? S'étonna Pinkie Pie.

- Non, il était extérieur à l'ordinateur !

Une des portes de la salle s'ouvrit. Twilight invoqua de suite un bouclier, les séparant des cyberponys qui se trouvaient de l'autre côté. Ils tiraient, mais chaque rayon s'écrasa contre la surface magique.

- Docteur, qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Demanda-t-elle.

- Je ne sais pas …

Il se tourna vers le conduit d'aération par lequel ils étaient arrivés, mais des cybermats cherchaient déjà à en sortir, bloqués également contre le champ de force de la licorne violette.

- Je ne sais pas …

Une déflagration le coupa dans ses réflexions. Elle provenait … de l'extérieur ?

- C'est Rainbow Dash ! Cria Rarity.

Quoi ?

Le Docteur alla immédiatement à la baie vitrée, suivi par la licorne blanche, pour regarder dehors, où une onde de choc arc-en-ciel était encore en train de briller. Au loin, une silhouette se mouvait, avec une rapidité vertigineuse.

- Rainbow, on est là !

Rarity lança des signaux lumineux avec sa corne, qui ressemblaient à des fusées de détresse.

- C'est un pégase ? questionna le Docteur. Quelle vitesse effrayante !

Rainbow Dash tourna dans leur direction. Les cyberponys au sol ouvrirent le feu, mais aucun tir n'atteignait sa cible. La pégase plongea, fila en direction du poste de pilotage, virevoltant entre les tirs qui volaient partout autour d'elle.

Elle passa par l'ouverture, s'écrasa au sol, glissa sur presque toute la longueur de la salle, percutant et renversant les débris de cyberponys et d'ordinateurs qui se trouvaient sur son passage, avant de s'immobiliser enfin. Elle respirait avec difficulté, signe qu'elle venait d'effectuer un énorme effort physique, mais parvint à articuler :

- Enfin … vous trouve … ouf !

- Tout va bien Rainbow ? S'inquiéta Applejack.

Tout en reprenant sa respiration, la pégase cyan désigna des sacoches, accrochées à ses flancs, sous ses ailes.

- Appris … Vous … enlevées … alors … allé chercher … éléments … plus vite possible …

Rarity s'approcha, ouvrit les sacoches par magie, et vida leur contenu. Ils contenaient des colliers en or, tous sertis d'une grosse pierre précieuse, chacune représentant la marque de beauté de chaque jument présente. Il y avait cinq colliers, le sixième, qui représentait la marque de Twilight, était en réalité un diadème.

- Les éléments de l'harmonie ! Faillit s'écrier Twilight, mais l'effort qu'elle fournissait pour maintenir le bouclier hermétique l'empêchait d'argumenter davantage.

- Vite, mettez-les ! Dit alors Rarity en passant chaque élément à sa propriétaire.

- Dépêchez vous, je ne vais pas tenir longtemps ! Prévint la licorne violette.

Elle accrocha les colliers au cou de chaque jument, mit le sien, puis posa le diadème sur la tête de Twilight. À la seconde où le bijoux entra en contact avec la crinière de la licorne, les éléments se mirent à luire, tous en même temps, du même éclat blanchâtre. Le Docteur, témoin de toute la scène, était sans voix. Il ne pouvait qu'admirer le phénomène qui était en train de se passer sous ses yeux.

Le bouclier magique de Twilight redoubla en intensité, tandis qu'il se réduisait, se rapprochait pour former une bulle transparente autour des juments, qui s'étaient rapprochées les unes des autres. L'étalon semblait avoir complètement disparu : Les cyberponys n'avaient plus d'yeux que pour les six porteuses des éléments. Ils les bombardaient littéralement, mais le bouclier ne cédait pas.

Complètement indifférentes à ce qui se passait autour d'elles, les six juments commencèrent à s'élever dans les airs, lévitant au dessus du sol. Puis dans un éclat surnaturel, un arc-en-ciel relia les artéfacts entre eux, puis traversa le bouclier pour aller s'enrouler autour d'un des cyberponys. Celui-ci n'eut pas le temps de réagir avant de se faire entourer par une véritable tornade de couleur, aussi étrange que magnifique.

Après quelques secondes, la tornade disparut. Le Docteur ne pouvait pas en croire ses yeux : à la place du cyberpony, se trouvait un poney jaune citron, allongé sur le sol, tout à fait ordinaire … pour cet univers. Tous les autres cyberponys se tournèrent vers lui.

« Défaillance système. Votre mise à jour à été réinitialisée. » dit alors un de ses voisins. « Ce phénomène est impossible à expliquer : données d'analyses insuffisantes ».

Le poney reprit rapidement ses esprits. Il secoua la tête, et essaya de se redresser.

« Mais qu'est-ce qu'il m'est arrivé ? » se dit-il en posant un de ses sabots sur son front. « J'étais un cybermen … et puis il y avait des poneys … »

Il s'arrêta soudainement. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il vit l'appendice qu'il venait de se poser sur le visage. Il regarda rapidement autour de lui, remarquant tous les poneys et cyberponys présents dans la salle.

« Dites-moi que je rêve ! »

Personne n'eut le temps de lui répondre : un nouveau tourbillon arc-en-ciel apparut et entoura son voisin cyberpony le plus proche. Le poney poussa un hurlement digne d'une fillette de cinq ans et s'éloigna en rampant à une vitesse complètement improbable. Le second cyberpony subit alors le même sort que le premier, devenant une pégase verte pomme.

Sauf qu'il y avait encore plusieurs dizaines de soldats mécaniques dans la salle, et d'autres encore qui continuaient d'arriver, et les éléments n'en éliminaient qu'un seul à la fois. Ils étaient beaucoup trop lents. Le Docteur était inquiet. Il attrapa son tournevis sonique et scanna la boule d'énergie que formaient à présent les éléments de l'harmonie. Il lut rapidement les résultats …

Et les relevés étaient pour le moins intéressants.

Le Docteur se mit à sourire : il avait une idée.

- Twilight, il faut tous les faire sortir de la salle ! Lui cria-t-il. Faites les sortir !

Les juments lui jetèrent un regard bref, puis se tournèrent à nouveau vers les cyberponys. Soudain, plusieurs arcs-en-ciel sortirent de leur bulle de protection, comme de gigantesques bras, qui vinrent balayer les cyberponys encore debout, les poussant à travers les différentes portes. Les cybermats, quant à eux, furent broyés sans ménagement. Ceci fait, des murs prismatiques se formèrent devant chacune des ouvertures de la salle. La bulle de protection des six jument éclata, leur permettant de revenir sur le sol.

- Wow … ah ah ! C'était brillant ! S'exclama le Docteur en s'approchant d'elles. Vous avez réussi à reconvertir des cyberponys et à leur rendre leur corps organique ! Ah ah ! Même mon TARDIS aurait eu du mal à rivaliser ! Ces éléments sont incroyables !

- Vous devez être le Docteur, dit alors Rainbow Dash. Scootaloo et ses copines m'ont dit que vous étiez tombé sur la maison de Twilight.

- C'est vrai. Rainbow Dash, je suppose.

- C'est moi.

- Mais comment avez-vous fait pour nous retrouver aussi vite ? Et avec les éléments en plus ?

- Simple, quand on est la pégase la plus rapide de tout Equestria. Quand Scootaloo m'a raconté ce qui s'était passé, je suis directement partie à la rencontre des armées royales, pour récupérer les éléments, et je suis retourné vers la forêt.

- Rapide, c'est rien de le dire. Il faudrait que j'étudie cela.

Un bruit attira l'attention du groupe, qui tourna la tête vers un des poneys reconvertis, un orange foncé qui s'était abrité derrière un moniteur.

- Mais qu'est-ce qui s'est passé? Et pourquoi est-ce que je suis un poney ?

Nombreux étaient ceux à se poser la question. Les cyberponys qui avaient repris une forme organique étaient au nombre de cinq, et réagissaient plus ou moins violemment à leur transformation. Celui qui venait de parler avait une expression indescriptible sur son visage … il semblait presque dégoutté. Il bougea curieusement ses sabots … puis sursauta au moment où Rainbow Dash vint se planter en face de lui.

- Alors, on fait moins le fier, sans son armure, hein ?

Le poney eu soudain l'air terrorisé.

- Pitié, ne me faite pas de mal ! Cria-t-il en se protégeant derrière ses pattes.

- Donne moi une seule bonne raison ! Vous avez essayé de nous désintégrer !

- Je ne le voulais pas ! C'était le cybercontrôle !

- Mais vous avez quand-même obéi !

- Rainbow, j'crois qu'il n'était pas vraiment lui-même dans c't'armure, l'interrompit Applejack.

- c'est vrai, ajouta le Docteur, qui s'approcha et plaça un sabot contre le poitrail de Rainbow, pour l'empêcher d'avancer davantage. Les cyberponys n'ont pas la possibilité de prendre des initiatives par eux mêmes.

Rainbow Dash grogna, mais recula malgré-tout. Le Docteur se pencha vers le poney orange foncé.

- Vous étiez humain avant, n'est-ce pas ?

- Euh … oui … répondit-il, hésitant. Vous savez ce qui nous est arrivé ?

- Comme moi, vous avez changé d'univers. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais les êtres vivants humanoïdes ne semblent pas pouvoir exister ici.

- Mais on ne peut pas rentrer, intervint la pégase verte, la seconde à être redevenue entièrement organique. Ça veut dire qu'on va rester comme ça pour toujours ?

- Probablement.

- Non … mais … Non ! Je ne peux pas ! Ce … ce n'est pas moi ! Ce truc … ce n'est pas ce que je suis sensé être ! Et ces gros machins que j'ai dans le dos … non !

- Chhhhht, tout va bien se passer, dit alors Fluttershy, pour la rassurer.

La pégase jaune voulut poser un sabot sur l'épaule de la jument, pour la réconforter, mais elle le chassa immédiatement d'un coup du sien. « ne me touche pas ! » cria-t-elle. Fluttershy fit un pas en arrière, visiblement blessée. Elle baissa tristement la tête.

- Je suis désolée, je ne voulais pas …

- Comprenez-les, Fluttershy, lui dit le Docteur. Ils sont traumatisés.

Il se tourna vers la pégase verte.

- Et vous n'avez rien à craindre d'elle, elle ne ferait pas de mal à une mouche.

- C'est vrai, ajouta la pégase jaune.

La pégase verte dévisagea les deux poneys quelques secondes, puis se tourna vers Fluttershy.

- Je suis désolée.

- Ce n'est pas grave.

- Oh, mais Docteur, s'écria Pinkie Pie, si on peut retransformer des cyberponys en poneys, alors ça veut dire qu'on va pouvoir sauver tout le monde ! C'est génial !

- C'est vrai, ajouta Applejack. Alors qu'est-ce qu'on attend ? Sortons et occupons nous d'chacun d'eux !

- Attendez, ce n'est pas comme ça que vous vous débarrasserez des cyberponys, les interrompit le Docteur.

- Comment ça ?

- Les éléments sont puissants, mais ils ont un gros défaut : leur champ d'action est très limité. Et les cyberponys ne sont pas complètement stupides : la moitié se sera enfui et aura construit une usine ailleurs avant que vous n'arriviez à reconvertir ne serait-ce que le premier quart. Pour se débarrasser d'eux, il faut agir rapidement et sur un grand champ d'action.

- Et vous savez comment faire ? Demanda Twilight.

- je sais comment faire, dit il avec un sourire.

- J'espère que ça marchera mieux que votre premier plan, commenta Rarity.

Twilight et Applejack lui lancèrent un regard noir. L'étalon brun, lui, se tourna vers les anciens cyberponys.

- Vous, vous restez là pour le moment. On s'occupera de vous. Si les cyberponys viennent, obéissez sans discuter. Ils n'auront pas le temps de vous faire quoi que ce soit.

- Docteur, quelle est votre idée, demanda Twilight. Qu'est-ce qu'on fait.

Le Docteur se tourna vers la licorne violette, avec un grand sourire.

- On court.

***

Ils galopaient à travers les couloirs du vaisseau spatial. Tous les sept, les six porteuses des éléments, guidées à travers le dédale métallique par le Docteur. L'alarme sonnait toujours, mais ils ne s'en souciaient pas. Ils devaient traverser ce labyrinthe, ensemble, coûte que coûte.

« À droite ! » hurla le Docteur.

Un cyberpony apparut dans le couloir désigné par l'étalon. Sans attendre, Twilight l'éjecta d'une puissante poussée magique, sans lui laisser le temps de riposter.

« Joli coup ! » la félicita Applejack.

Le Docteur prit un virage, puis un autre, traversant les intersections. Soudain, il s'arrêta à un croisement, il réfléchit rapidement, puis choisit une direction.

- Par là ! Dit-il en se remettant à galoper.

- Mais où est-ce qu'on va enfin ? Demanda encore une fois Twilight.

- Au cœur du vaisseau. Il ne peut plus se mouvoir dans l'espace, mais cette partie doit encore être opérationnelle. Ah, on y est !

Ils entrèrent dans une grande salle, cubique, haute, dont les murs étaient occupés par deux rangées de passerelles, toutes munies de panneaux de contrôle. La porte par laquelle ils venaient de passer se trouvait au premier niveau. Mais le détail le plus frappant dans cette pièce, était le gigantesque tore (nom scientifique donné à la forme du donut) qui trônait au centre. Son apparence extérieure faisait penser à une bobine de fil électrique, et il était relié aux murs par de solides armatures métalliques et de nombreux câbles d'alimentation.

- Mais qu'est-ce que c'est que ça, demanda Twilight, encore une fois ébahie.

- C'est l'hyperdrive du vaisseau, le système qui lui permet de dépasser la vitesse de la lumière. Un anneau d'antimatière à l'intérieur déforme l'espace-temps autour du vaisseau, et lui permet de franchir des années lumières en quelques minutes.

- Et en quoi cela va-t-il nous servir ? Demanda Rarity.

Le Docteur se pencha sur le tableau de commande accroché à la rambarde, tout en continuant d'expliquer :

- Si j'arrive à trafiquer un-peu les boutons, je devrais pouvoir m'en servir pour créer une vague quantique, qui ira vers l'extérieur au lieu de rester autour.

- En gros, ça veut dire ? Demanda à son tour Rainbow Dash.

- Si vous arrivez à concentrer l'énergie de vos éléments au centre de ce tore, je pourrais utiliser cette vague pour la disperser partout autour du vaisseau. Pas un seul cyberpony ne pourra en réchapper. Vous pourrez faire ça ?

- Oui, bien sûr ! Dit alors Twilight en souriant.

C'était définitif : cet extra-terrestre était génial.

Mais … de l'antimatière ?

- Mais Docteur, ce n'est pas un-peu dangereux ? De l'antimatière ?

- Tant qu'elle reste dans le tore, non, mais un seul tir perdu des cyberponys pourrait le trouer et faire exploser toute la planète.

- Toute la planète ?!

- Alors je vous suggère de vous dépêcher avant qu'ils n'arrivent, juste au cas où.

- Je suis d'accord, approuva Rainbow Dash.

Des battements métalliques retentirent à nouveau dans les couloirs. Les six juments jetèrent un regard anxieux au Docteur, qui commençait à faire ses réglages.

- Quand vous voulez, leur cria-t-il.

Elles se mirent à l'œuvre : une aura blanche apparut autour d'elles alors que les éléments reprenaient vie. Les juments s'élevèrent à nouveau dans les airs, et, dans un nouvel éclat arc-en-ciel, lancèrent un puissant jet d'énergie, qui vint se concentrer au centre de l'anneau.

« Donnez tout ce que vous avez ! » les encouragea l'étalon.

L'énergie s'accumulait, une sphère de lumière apparaissait au milieu de l'hyperdrive, comme si quelqu'un avait fait apparaître un soleil miniature au milieu de la pièce.

« Allez, il nous en faut plus que ça ! » se dit le Docteur.

Il attrapa son tournevis et analysa la formation, pour estimer la quantité d'énergie présente. Elle était phénoménale, mais encore insuffisante.

Les bruits de pas des cyberponys s'intensifièrent. Les soldats de fer se rapprochaient de la salle, encore et encore …

- Docteur ? Demanda Twilight.

- Encore !

Le Docteur continuait de surveiller le soleil miniature, qui continuait, lui, de grandir. Il fit quelques réglages supplémentaires sur le panneau de commande.

- Docteur ?

- Encore un-peu !

Les battements métalliques de la marche des cyberponys se rapprochait encore, dangereusement.

- Docteur !

Un cyberpony passa par la porte la plus proche, se tournant directement dans la direction des six porteuses des éléments.

Le Docteur n'attendit pas plus et tira sur un levier.

La sphère lumineuse explosa, l'énergie se dégagea à une vitesse effroyable, traversant les murs comme si ils étaient inexistants.

Les cyberponys à proximité furent noyés dans la lumière, redevenant des êtres organiques à l'abri de cette aveuglante blancheur. La lumière se répandit comme une onde de choc dans tout le vaisseau, et bien au delà …

En quelques secondes, c'était fini. Le Docteur, renversé par la déflagration, était allongé au sol, face au tableau de commandes. Il se tourna vers ses compagnes juments. Elles étaient toutes là, comme lui, sur le sol métallique. Chacune d'elles se relevait avec difficultés.

- On a réussi ? Demanda Rarity.

Tous se tournèrent dans la direction de la porte, devant laquelle se tenait auparavant un cyberpony. À présent, c'était une licorne bleue foncée qui était appuyée contre le cadre, à peine consciente.

- Je crois … répondit Twilight.

Le Docteur se tourna vers un moniteur contre le mur et l'alluma. L'écran affichait des images de chaque salle du vaisseau. Aucun signe des cyberponys.

- On a réussi, confirma-t-il en souriant.

- On a réussi … On a réussi !! s'écria Pinkie Pie en se redressant d'un bon. Il faut absolument que j'organise une autre fête en rentrant ! Il faut fêter ça ! On a réussi !

Elle sautilla dans tous les sens en riant. Twilight ria à son tour, puis Applejack, puis Rainbow Dash.

Toutes se mirent à rire, folles de joie. La licorne violette se tourna vers l'étalon.

- Docteur, c'était … c'était …

- Brillant ?

- C'est ça ! Et ce n'est rien de le dire, ah ah !

La licorne qui se tenait dans l'encadré de la porte revint peu-à-peu à elle-même, secouant la tête pour s'éclaircir les idées. Comme les autres reconvertis avant elle, elle porta instinctivement un sabot à son visage.

- … Qu'est-ce qui s'est passé ? Je … je ne suis plus un cyberpony ?

Elle regarda son sabot. Son expression s'illumina en quelques secondes.

- Je ne suis plus un cyberpony ! Je suis un poney ! Un vrai poney !

- Vous ne l'étiez pas à l'origine ? Demanda le Docteur, ravi de voir que la nouvelle licorne prenait la situation aussi bien.

- Non, j'étais humaine. Ne plus être un cyberpony, c'est déjà un miracle, mais être un vrai poney arc-en-ciel, c'est juste … wow ! C'est vous le responsable ?

- Moi et les six juments ici, oui.

- Oh, merci, merci mille fois.

- Il n'y a pas de quoi, c'était naturel. Oh, mais … les prisonniers !

Le Docteur retourna devant le moniteur, et examina l'image de la salle de conversion. Tout le monde semblait indemne, mais ils ressemblaient surtout à une foule en colère, qui acculait dans un coin de la salle tout un groupe de poneys terrorisés. Ceux qui avaient été reconvertis.

- Oh, il faudrait peut-être expliquer aux habitants que les anciens cyberponys ne sont pas dangereux, avant qu'ils ne décident de devenir agressifs.

Il se tourna vers les juments, qui prirent immédiatement un air concerné.

- Vous avez raison, approuva Applejack. Venez les filles !

La jument orange se remit debout, contourna la licorne bleu et sortit précipitamment de la salle, bientôt suivie par Pinkie Pie, Rarity et Rainbow Dash. Fluttershy s'arrêta un instant devant le Docteur.

- Au fait … merci Docteur, pour avoir épargné les cyberponys. Ce n'était pas leur faute, alors …

- Il n'y a pas de quoi. Je ne l'ai pas vraiment fait exprès, mais je suis heureux de l'avoir fait.

Fluttershy sourit, puis sortit à son tour. Twilight s'attarda également avec l'étalon.

- Docteur, je ne suis pas sûre de savoir qui vous êtes … ou ce que vous êtes, mais je suis sûre d'une chose : vous êtes quelqu'un de bien.

- Sans moi, vous n'auriez jamais connu les cyberponys.

- Sans vous, nous n'aurions jamais pu les sauver, eux et tout le reste de Ponyville.

- Bah, je n'ai pas fait grand chose.

- Si, au contraire.

Le Docteur sourit à son tour, flatté.

- Et puis, qui d'autre en connaîtrait autant sur la physique quantique ? Vous pensez que vous trouverez le temps de m'apprendre, un jour ?

Elle lui fit un regard presque suppliant, face auquel le Docteur ne trouva rien à redire.

- Peut-être un jour. Bon, allez rejoindre vos amies, elles ont besoin de vous.

- Oui … mais ne pensez pas m'échapper comme ça, Docteur.

- Je ne l'ai jamais prétendu. Oh, et … si on …

- « Somepony », corrigea automatiquement Twilight.

- Oui … si on vous pose des questions … vous pouvez éviter de me mentionner ? Je n'aime pas être sur les devants de la scène.

- D'accord, si vous voulez.

Twilight resta là debout encore quelques secondes, puis se tourna, et partit rejoindre les autres porteuses des éléments.

***

L'après midi était bien entamé. Les armées royales étaient arrivées à Ponyville, et se chargeaient à présent de reconduire chaque poney chez lui, en toute sécurité. Les anciens cyberponys, eux, étaient placés sous surveillance, le temps de trouver que faire d'eux, et comment leur faire intégrer la société équestre.

Twilight marchait à travers les rues, où beaucoup d'habitants étaient en train de réparer les dégâts causés à leur porte, tandis que d'autres se remettaient de leurs émotions de la journée. Des gardes royaux circulaient également à travers les rues, pour les rassurer ou les interroger sur les évènements de la matinée.

Elle avait été assez brève sur les explications, lorsqu'elle avait rendu son diadème, expliquant seulement qu'elle et ses amies avaient utilisé les éléments de l'harmonie pour arranger les choses, mais s'était gardée d'expliquer comment elles avaient utilisées l'hyperdrive du vaisseau afin d'en augmenter la portée. Et puis … tous diront simplement que c'est magique. Beaucoup de poneys s'arrêtent souvent à cette explication lorsqu'il se passe quelque chose d'improbable.

Mais depuis qu'elle était revenue à Ponyville, elle n'avait revu aucune de ses cinq amies : elles s'étaient toutes dispersées dans le convoi qui les ramenait du vaisseau. Pinkie Pie était directement partie pour préparer la fête qu'elle avait prévue pour le soir même, Rainbow Dash était sans doute en train de se pavaner dans toute la ville pour se vanter de son exploit, d'avoir traversé la vallée aussi rapidement pour porter les éléments jusqu'au vaisseau, Fluttershy et Applejack devaient se trouver avec les anciens cyberponys, pour tenter de les mettre en confiance. Quant à Rarity, va savoir où elle avait bien pu passer. Mais il est un dernier poney qu'elle devait retrouver. Se faisant, elle se dirigea résolument vers sa bibliothèque.

Elle poussa la porte et entra. Le Docteur était là, en compagnie de Scootaloo, et en train de passer son tournevis sonique sur les ailes de la jeune pégase.

- Vous êtes une espèce vraiment fascinante, dit il après avoir recraché l'outil. Vous êtes conçu de manière à pouvoir interagir directement avec l'espace temps. Les formes de vie de ce genre sont très rares dans mon univers d'origine.

- Et dans le nôtre ? Demanda Scootaloo.

- Dans le vôtre, je n'en sais rien. Tout ce que j'en connais pour le moment, c'est votre planète. Et, entre nous, une magnifique planète.

- Mais dites, si vous êtes vraiment un extra-terrestre, pourquoi vous ressemblez autant à un poney ?

- Les mystères de l'univers sont difficiles à expliquer, Scootaloo.

Twilight fit une fausse toux, pour attirer l'attention. Les deux autres poneys se tournèrent dans sa direction.

- Oh, Twilight, je vous attendais, dit l'étalon. Comment ça s'est réglé avec les gardes ?

- Plutôt bien, tout est en train de rentrer dans l'ordre. Où est Spike ?

- Twilight !

Spike sortit en trombe de la salle voisine, et vint s'agripper aux pattes de la licorne.

- Twilight, j'étais tellement inquiet ! J'ai cru que tu ne reviendrais jamais !

- C'est bon Spike, je suis là, répondit-elle en le cajolant.

- Mais qu'est-ce qui s'est passé là bas au juste ? Le Docteur a parlé d'un hyper truc qui a des tiques et qui avait fait des vagues, ou quelque-chose comme ça. J'ai cherché dans le dictionnaire, mais il parle tellement vite que c'est juste impossible à comprendre.

- Bah, il ne s'est pas passé grand chose en réalité. On s'est juste servi des éléments de l'harmonie pour retransformer tout le monde en poney.

- Ah ? Ce n'est pas vraiment différent de la dernière fois en fait.

- Pas vraiment.

- Ah …

Spike lâcha Twilight, et recula de quelques pas.

- Oh, mais il est presque deux heures de l'après midi, s'exclama-t-il. Tu dois mourir de faim ! Je vais te faire quelques sandwichs.

- Merci Spike, mais je n'ai pas très faim en fait …

Trop tard, Spike avait déjà disparu dans la cuisine. La licorne soupira, et se retourna vers le Docteur, constatant un léger changement chez l'étalon :

- Vous portez une cravate ?

- Oui, Rarity me l'a offerte un peu plus tôt. Un col à cravate est bien plus pratique qu'une crinière pour transporter des objets.

Comme pour illustrer ses propos, il rangea son tournevis dans la bande de tissu blanche qu'il portait autour du cou, liée par une élégante cravate verte.

- Qu'est-ce que vous en pensez ?

- Elle vous va très bien.

Scootaloo choisit ce moment pour se manifester : elle se leva et se dirigea vers l'étalon.

- Je peux y aller Docteur ? Il faut que je rentre.

- Oui, bien sûr. Tu m'as été très utile, merci.

- Au revoir.

La jeune pégase trotta rapidement vers la porte et l'ouvrit. Mais là, elle s'arrêta net : un poney se tenait devant la porte, surprit qu'on lui ouvre avant qu'il n'ait le temps de frapper. Il était beige avec une veste bleue et une casquette sur laquelle était représentée une enveloppe. Cet accoutrement en disait long sur sa profession.

- Oh, excusez-moi, je sortais, dit Scootaloo en contournant le facteur.

- Haem …

- Vous désirez ? Demanda Twilight.

- Oh, heu … oui ! J'ai un colis express pour un certain … (il lut ce qui était écrit sur son contrat) … Le … Docteur.

- Quoi ? Mais … qui savait qu'il était ici ? De qui est le colis ?

- De sa majesté la Princesse Celestia.

- Celestia ? Mais comment ?

- Ils se connaissent, si ça se trouve. J'ai besoin d'une signature. Ici. La vôtre suffira.

Il lui tendit le contrat, avec un stylo. Twilight l'attrapa par magie et apposa sa signature. Elle le rendit au facteur, qui lui remit alors une petite boite en carton, sur lequel était accrochée une enveloppe avec le sceau royal. Le nom du Docteur était clairement visible dessus en tant que destinataire.

Twilight remercia rapidement le facteur et retourna vers l'étalon, qui n'avait toujours pas bougé.

- Vous connaissez la Princesse Celestia ? Lui demanda-t-elle.

- Je ne l'ai jamais rencontré personnellement.

- En tout cas, elle a l'air de vous connaître.

Elle posa le carton devant lui. Celui-ci prit l'enveloppe maladroitement entre ses sabots et la décrocha, cherchant un moyen de l'ouvrir sans mains. Aussi délicatement que possible, il attrapa le sommet de l'enveloppe, le déchira soigneusement, puis attrapa la lettre entre ses lèvres. Il la déplia comme il put et la posa entre ses sabots. L'écriture était magnifiquement calligraphiée. Le Docteur lut à haute voix :

Mon très cher Docteur,

Spike m'a informé pendant la matinée de votre arrivée à Ponyville, ainsi que de votre implication dans la lute contre les cyberponys. J'aurais aimé pouvoir vous accueillir en personne, mais mes obligations royales me retiennent à Canterlot.

Ce faisant, au nom de tout Equestria, je vous remercie pour l'aide que vous avez apporté à Ponyville, et vous souhaite la bienvenue dans notre royaume, ainsi que de très belles aventures dans notre univers.

Un de mes vieux amis a fabriqué l'objet ci-joint à votre attention, il y a longtemps. Je pense que vous le trouverez utile dans vos prochains voyages.

J'espère pouvoir vous revoir d'ici peu. Entre temps, amusez vous, et soyez prudent.

Princesse Celestia.

- Elle vous connaît vraiment ? S'étonna Twilight. Mais comment ?

- Je ne sais pas. À moins que …

Il lâcha la lettre et attrapa entre ses dents le scotch qui maintenait le carton fermé, tira, ouvrit la boite, plongea ses sabots dedans, fouilla parmi les morceaux de polystyrène protecteurs, et en sortit un petit objet, qui ressemblait à un tube de verre quelconque. Mais l'état du Docteur, dont le visage s'illuminait, prouvait que ce n'était pas le cas.

- Qu'est-ce que c'est Docteur, demanda Twilight.

- Ça s'appelle une clé quantique. Mais son rôle est plus celui d'un adaptateur.

- Un adaptateur pour quoi ?

L'étalon se releva, glissa le tube dans son col et s'approcha de la cabine bleue, qui trônait toujours à côté du même mur.

- Le TARDIS a été conçu pour voyager dans le temps et l'espace, mais il ne peut pas se déplacer en dehors de son univers d'origine. Ce petit objet permet d'y remédier. Il va connecter la matrice au tissu de la réalité et lui permettre de s'y mouvoir librement. Vous vous rendez compte ? Un tout nouvel univers à explorer qui nous tend les bras !

L'enthousiasme du Docteur était contagieux. Twilight, commençait à sourire, imaginant les innombrables possibilités que pouvait proposer un tel engin. Une machine comme celle décrite par l'étalon était tout simplement impossible, et elle avait vu assez de choses impossibles rien que dans cette matinée pour pouvoir y croire.

- Ça vous intéresserait ? Reprit l'étalon. Voyager à travers les étoiles, rencontrer des personnalités improbables, et découvrir les mystères scientifiques que recèle l'univers ?

- C'est pour le moins … intéressant. Ce sera dangereux ?

- Sûrement, oui.

Twilight semblait indécise. Pouvait-elle se le permettre ? Un voyage dans l'inconnu avec un inconnu dans une minuscule boite inconnue ?

- Depuis ce matin, j'ai l'impression d'être dans une œuvre de science fiction, dit-elle.

- Et depuis que je me suis écrasé ici, j'ai l'impression d'être dans un conte de fée pour petite fille.

Ils se regardèrent quelques secondes … puis se mirent à pouffer. La situation avait un côté quelque peu comique.

- Okay, ça, c'était bizarre, dit alors la licorne violette.

- Oui … et à ce propos, désolé pour … la bibliothèque, ce matin.

- Bah, ce n'était rien, c'est réparé.

- Oui, en fait, je crois que nous sommes parti sur le mauvais pied … sabot.

- Je crois aussi.

- Alors, reprenons depuis le début, si vous le voulez bien.

Le Docteur frotta rapidement son sabot contre son poitrail et le tendit.

- Bonjour, je suis le Docteur. Je suis un extra-terrestre de la race des Seigneurs du Temps. Je viens d'un univers voisin, de la planète Gallifrey, j'ai neuf cent cinq ans, et je possède un TARDIS qui me permet de voyager partout dans le temps et l'espace.

- Vous avez neuf cent cinq ans ?

Décidément, ce Docteur ne s'arrêterait jamais de l'impressionner. La licorne se reprit rapidement et plaça son propre sabot contre celui de l'étalon.

- Twilight Sparkle. Licorne, résidente du royaume d'Equestria et étudiante personnelle de la Princesse Celestia. Mon talent spécial est la magie, qui est aussi l'élément de l'harmonie que je représente, et j'ai été envoyée à Ponyville par sa majesté en mission d'étude, pour en apprendre plus sur le pouvoir de l'amitié.

- Le pouvoir de l'amitié ? Ça, c'est pas banal.

Ils sourirent tous les deux, mais Twilight se tourna rapidement vers le TARDIS.

- Vous pensez qu'on peut tenir à deux dans cette boite ? Ça a l'air plutôt étroit.

- Le TARDIS aussi a de nombreux secrets cachés, dit simplement l'étalon en poussant la porte et en l'invitant à entrer.

L'intérieur du TARDIS était toujours baigné dans la même lumière dorée que lorsqu'il était tombé au milieu de la bibliothèque, quelques heures plus tôt. Twilight posa ses sabots sur le sol de la cabine, spacieuse …

- C'est plus grand à l'intérieur !

Twilight était littéralement en admiration. Les murs aux couleurs d'or et de bronze étaient couverts de petites formes rondes, étranges, qui donnaient cet éclairage surnaturel. De grandes armatures aux formes élégantes soutenaient les parois arrondies de la salle. Au centre, se trouvait une console, couverte de boutons et de leviers, qui dégageait une lueur verte, comme venue d'un autre monde, et le tout surmonté par une grande colonne bleutée, transparente, trônant fièrement au milieu de la pièce.

- Distorsion des dimensions, expliqua le Docteur en fermant la porte derrière lui. Une technologie des Seigneurs du Temps.

Twilight se tourna dans toutes les directions, essayant de saisir le moindre détail visible de la machine merveilleuse, alors que l'étalon se déplaçait vers la console pour insérer le tube de verre dans un équipement prévu à cet effet.

- Alors, où est-ce que vous voulez aller ?

La licorne reprit ses esprits, et se retourna vers le Seigneur du Temps. Elle ouvrit la bouche, mais ne dit rien, incapable de se décider sur une idée précise.

- On devrait peut-être éviter d'aller trop loin, pour un vol d'essai, précisa-t-il. Disons … Quelques siècles dans le passé, ça vous tente ?

- N'importe où fera l'affaire.

- Bien, alors accrochez-vous.

Le Docteur posa son sabot sur un levier, et tira dessus.

À l'extérieur, Spike sortit finalement de la cuisine, avec un plateau chargé de sandwichs aux pâquerettes et au foin.

- J'en ai fait pour vous aussi Docteur, dit-il. Je me suis dit que vous auriez aussi …

Il s'arrêta net quand le son parvint à ses oreilles. Il risqua un regard derrière la pile de sandwichs. La salle était déserte, seul restait le TARDIS à l'intérieur, et il recommençait à chanter : une étrange mélodie, un grondement qui résonnait à travers l'espace, alors que la cabine perdait ses couleurs. Elle devenait transparente, disparaissait peu à peu alors que des lumières blanches s'échappaient des fenêtres et de la lampe sur son toit. Puis, même ces lumières se volatilisèrent. Le TARDIS avait disparu. Son chant résonna encore avant de s'évanouir. La pièce redevint silencieuse.

Cela ne ressemblait à rien de réel, où même de magique, ni à rien de ce que le jeune dragon connaissait. Cette boite était juste … improbable. Spike posa ses yeux écarquillés sur les sandwichs, et presque machinalement, en attrapa un pour l'engloutir. Il n'aimait ni vraiment les pâquerettes ni vraiment le foin, mais il avait besoin de manger quelque chose …

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Note de l'auteur

C'est la première fanfiction que je poste sur internet. Votre avis m'intéresse beaucoup, alors n'hésitez pas à poster des commentaires.

J'ai voulu partir sur un classique pour le premier épisode. Si je n'ai pas été très original sur celui-ci, ne vous inquiétez pas : je me rattraperais sur le suivant.

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speedangel
speedangel : #46527
Franchement le début de chapitre était trop drôle
... Maintenant c'est mes cotes qui souffrent...
Il y a 10 mois · Répondre
shuryt
shuryt : #28259
Je viens de découvrir et je vais surement enchainer les chapitres.

Mon avis pour l'instant, j'adore comment tu représentes le docteur, je le retrouve comme dans mes souvenirs, à ça je dis bravo.
Pour le mane 6, je retrouve globalement celle de la série original ce qui n'est pas une mince affaire.
La première fois que j'ai vu ton utilisation de "somepony", j'ai rigolé me disant que tu regrettais de pas pouvoir écrire la fic en anglais pour usé normalement de se jeu de mot :D

J'ai pas encore lu la suite mais je sens venir le paradoxe temporelle du docteur du futur qui donne au docteur du passé l'adaptateur via celestia...anyway, I don't care xD

Ps: ton petit message de présentation sur l'utilisation des poneys de mlp par les fans...je te rejoins à 2000%, c'est en grande partie ce qui ma rendu fan perso :)
Il y a 2 ans · Répondre
Trickster
Trickster : #28097
Très bon, j'ai particulièrement aimé la solution pacifique pour vaincre les cyberponys. Les personnalités sont respectées, l'humour présent, et la lecture très agréable. Personnellement les parenthèses pour la blague sur "everypony" m'a plut, j'ai trouvé que c'était bien trouvé^^
Il y a 2 ans · Répondre
MisterX
MisterX : #27948
icefire15 septembre 2015 - #27945
Je suis une fan de doctor who et je trouve que tu as vraiment super bien illustré le personnage !!!!!! I love trop c'te fiction !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Merci. Je craignais de déformer les personnages en écrivant. Heureux de voir qu'ils restent fidèles aux originaux.
Il y a 2 ans · Répondre
icefire
icefire : #27945
Je suis une fan de doctor who et je trouve que tu as vraiment super bien illustré le personnage !!!!!! I love trop c'te fiction !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Il y a 2 ans · Répondre
stronger
stronger : #27601
Tient ^^ Cela à piquer ma curiosité...
C'est vraiment bien.
Il y a 2 ans · Répondre
MisterX
MisterX : #27009
Raincloud30 août 2015 - #26987
J'ai un temps de retard, mais je compte bien me rattraper.
Un commentaire le plus objectif possible : ... c'était énorme !!! Tu viens de gravir l'échelle de mes auteurs préférés avec un seul prologue.

C'est vraiment bien fichu, le crossover est précis. On a le docteur qui apporte l'action et le suspense de sa série à une Equestria paisible, et puis les poneys qui apportent la magie et la légèreté à Doctor Who. Je veux dire par exemple qu'en temps normal, le Doc aurait dégommé tous les cyberponies sans état d'âme, et ton alternative est bien trouvée.
Mon point préféré c'est l'humour. Entre nous, c'est souvent ce qui me fait accrocher à une fiction. Humour de Doctor Who, humour de MLP, cocktail prenant !

Un petit point négatif. Ouais, peut-être les notes entre parenthèses qui ralentissent l'action (mais sans elles j'aurais pas tout pigé donc c'est vraiment pour être casse-pieds).

Bref, tu es brillant (le meilleur compliment que je puisse te faire en restant dans le thème).
Je n'ai rien à ajouter, c'est trop fort, je me réserve pour le prochain chapitre...
Merci beaucoup, ça me touche. je vais essayer de faire aussi bien dans les prochains chapitres. l'épisode quatre devrait être prêt dans une ou deux semaines normalement.
Il y a 2 ans · Répondre
Raincloud
Raincloud : #26987
J'ai un temps de retard, mais je compte bien me rattraper.
Un commentaire le plus objectif possible : ... c'était énorme !!! Tu viens de gravir l'échelle de mes auteurs préférés avec un seul prologue.

C'est vraiment bien fichu, le crossover est précis. On a le docteur qui apporte l'action et le suspense de sa série à une Equestria paisible, et puis les poneys qui apportent la magie et la légèreté à Doctor Who. Je veux dire par exemple qu'en temps normal, le Doc aurait dégommé tous les cyberponies sans état d'âme, et ton alternative est bien trouvée.
Mon point préféré c'est l'humour. Entre nous, c'est souvent ce qui me fait accrocher à une fiction. Humour de Doctor Who, humour de MLP, cocktail prenant !

Un petit point négatif. Ouais, peut-être les notes entre parenthèses qui ralentissent l'action (mais sans elles j'aurais pas tout pigé donc c'est vraiment pour être casse-pieds).

Bref, tu es brillant (le meilleur compliment que je puisse te faire en restant dans le thème).
Je n'ai rien à ajouter, c'est trop fort, je me réserve pour le prochain chapitre...
Il y a 2 ans · Répondre
MisterX
MisterX : #23117
InfinityDash04 juillet 2015 - #23116
SAINTE CÉLESTIA C’EST GÉNIAL ! J’ai tellement hâte de lire le 2ème chapitre !
il devrait être fini pour la semaine prochaine, si tout se passe bien.
Il y a 3 ans · Répondre
InfinityDash
InfinityDash : #23116
SAINTE CÉLESTIA C’EST GÉNIAL ! J’ai tellement hâte de lire le 2ème chapitre !
Il y a 3 ans · Répondre

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