Partie 1 : Le départ d'Ughette Frenchip.

"Va jouer dehors !"

Ce sont les mots qu'Ughette Frenchip entendait tous les jours de la part de ses parents. Elle se retrouvait tous les jours à la porte de chez elle, libre et sans surveillance. Elle jouait constamment que ce soit l'heure de manger ou l'heure de dormir. Cela fatigua très vite ses parents qui commençaient à n'en plus pouvoir. Elle parlait, parlait, parlait et ne s’arrêtait jamais. Inventant les histoires des plus rocambolesques, s'extasiant sur toute chose et souriant constamment. Ses parents n'en pouvaient plus, son débit de parole leur donnait des migraines insupportables et surtout leur offrait les douces joies de l'insomnie. Car la fatigue ne semblait pas exister dans le monde merveilleux de Ughette Frenchip. Même mise au lit, elle continuait de parler à son amie imaginaire.

Ses parents espéraient tous les matins de ne pas recevoir le compte-rendu des histoires de son amie imaginaire. Tous les matins, les parents entretenaient cette même chorégraphie matinale. Réveillés par le bruit des ressorts du lit de leur fille sautillante de joie dès les premières lueurs du jour, les yeux grand ouverts injectés de sang, ils se lèvent en se prenant la tête de douleur en entendant les "Grouiiii ! Grouiiii !" de la chambre accolée a la leurs. Puis les deux zombies se regardent dans les yeux sans dire un mot, se comprenant parfaitement dans leur douleur commune. Ils se lèvent synchrones pour sortir de la chambre, ouvrent la porte de celle du monstre à énergie infinie, pour finaliser leur parcours du combattant en s'asseyant à une table où même le bruit de la machine a café semble un bruit doux et réconfortant a coté de ce tintamarre ambiant. Et là, arriva le drame...

Ughette Frenchip s'assit à la table et commença son monologue quotidien relatant des histoires formidables de son amie nocturne. Cette amie serait une talentueuse imitatrice. Toutes les nuits elle imiterait une personne du village ou une célébrité, jusqu’à prendre son apparence, pour faire rire Ughette. Elles inventeraient ensemble des jeux incompréhensibles que l'amie imaginaire testerait la journée pour faire un compte-rendu à la petite surexcitée toutes les nuits.

Les premières fois où la petite racontait ses histoires, les parents avaient eu peur de cette fameuse amie. Ughette parlait parfois de jeux bizarres avec des haches ou des fourches. Mais au final, Ughette n'avait jamais utilisé un de ces ustensiles. Ce n'était que son amie imaginaire qui les utilisait. Elle le disait elle-même "j'ai jamais joué à l'un de ces jeux, c'est toujours ma copine qui les essaye le jour... Je suis jalouse." Les parents avaient déjà espionné Ughette la nuit et l'avait déjà vue parler à un cintre ou même à une peluche de lapin en les félicitant pour leurs "imitations".

Un jour la mère en eut assez de sa migraine, elle voulait le silence pour une fois , elle sortit dehors et cria sur Ughette :

"Ughette ! Pars plus loin !

-Mais maman... Tu m'as dit que j'ai pas le droit de sortir du jardin pour jouer.

-Et bien considère-toi comme assez grande ! Va jouer avec ton amie plus loin !

-Mais mon amie est pas là elle est au village derrière la foret !

-Et bien vas-y rejoins là ! Je te donne la permission ! Rentre quand tu veux !"

     Le père ne l’empêcha pas, ses oreilles bourdonnaient trop pour réfléchir un quelconque instant à autre chose que son désir de silence... Et le silence fut.

La mère ferma la porte sur l'ombre d'Ughette s’enfonçant dans les bois. La maison respirait soudainement le vide. Comme si le temps avait arrêté son cours. Comme si tout Equestria avait décidé simultanément de cesser toute action pour savourer ce moment. Les parents retrouvèrent enfin leurs sourires avant de s'endormir dans les pattes l'un de l'autre.

Ughette avançait en chantonnant, sautillant, grimpant sur les arbres, sautant de branches en branches, elle ne faisait plus attention où elle allait, elle ne faisait qu'avancer là où ses divers jeux l'emmenaient. Elle ne faisait même pas attention au fait qu'elle s'enfonçait dans la foret la plus sombre de tout Equestria. Et qu'une ombre la suivait depuis plusieurs centaines de mètres. L'ombre avança peu à peu jusqu'à lui sauter dessus.

"COPIIIIIINE, cria Ughette en riant de plus belle.

-Tu croyais que je ne t'avais pas vue rentrer dans la foret ?

-Ma maman m'a permis de venir te voir le jour pour une fois ! Copine ? T'as encore plein de confiture sur ton visage, Ughette fini par racler avec son sabot un peu de confiture sur le visage de Raincow Thrash et y goûta. Je dirais framboise ! Je t'ai dérangée pendant que tu mangeais ? Et c'est qui que tu imites la ? Je ne reconnais pas...

-Non, je ne mangeais pas, dit elle en se relevant et s'essuyant le visage avec son sabot. J'ai joué avec une autre fille et j'ai pensé à ta question de l'autre jour.

-Quand je t'ai demandé à quoi tu ressemblais sans imitation ?

-Oui, et qu'on se demandait qui je pouvais être si je devais imiter tout le temps quelqu'un existant pour être enfin un poney unique.

- Et tu as trouvé alors ?

- Oui, je me suis dit que pour être unique il suffisait simplement de prendre une personne que personne ne connaissait et ne connaîtrait jamais !

- Donc c'est désormais ta vraie apparence ?

Ughette Frenchip regarda de haut en bas la nouvelle ponette à la robe jaune pâle et à la crinière bouclée bleue, en se disant que ce serait désormais comme cela qu'elle verrait sa meilleur amie tous les jours, jusqu'au moment où le cerveau d'Ughette se remit enfin en marche :

- Mais si la ponette en question se fait connaître ? Tu seras encore considérée comme une copie !

- Ne t’inquiète pas mon amie m'a promis que personne ne la connaîtra jamais, elle préfère être seule et de toute façon elle n'as plus le choix d’être seule.

- Pourquoi ?

- Elle est punie a l’infini.

- La pauvre...

-Ce n'est pas grave grâce à elle j'ai plein de confitures si t'en as envie.

-OH oui ! Et du coup... comment dois-je t'appeler ?

La ponette à la crinière bleue sourit puis enfila un sweat en peau de vache qu'elle traînait depuis un bout de temps vu la poussière dessus, abattit la capuche sur sa tête et avec fierté déclara :

"Raincow Thrash."

Partie 2 (sam.13/06~dim. 14/06)