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Everypony's Equal

Une fiction écrite par inglobwetrust.

Everypony's Equal

Starlight Glimmer.

Voilà mon nom. Voilà qui je suis, et voici ma vie, et ce en quoi je crois.

Je ne suis née il y a vingt-huit ans à Trottingham, fille unique d’Evening Glimmer et de Sun Dawn. Mes parents étaient respectivement secrétaire et vendeur au porte-à-porte. Rien qui ne fait rêver une petite fille comme celle que j’étais. Toute petite, je rêvais grand. Entrer à l’école des licornes de la princesse Celestia, c’était ma destinée. C’était ce que me disait ma marque de beauté.

C’était ce que je croyais.

Quand j’ai eu ma marque de beauté en m’exerçant sur un livre de sorts, je pensais pouvoir offrir à ma famille une chance de faire briller le nom des Glimmer. De pouvoir voir plus loin que ne l’avaient jamais fait mes parents à cause de leurs marques de beauté. Une machine à écrire pour ma mère et un attaché-case pour mon père. Ils n’étaient pas malheureux de leur sort, ils m’aimaient avec tout l’amour que peut demander une enfant, mais ils savaient qu’ils devaient se contenter de ce que Celestia leur avait donné. Sans le vouloir, je portais un lourd poids sur mes épaules.

J’étais certaine de réussir mon examen d’entrée à l’école des licornes. Après tout, c’était ce que disait ma marque de beauté, pas vrai ? J’en étais convaincue, il m’était impossible d’échouer.

Pourtant, je l’ai fait.

Je me souviens très bien de ce jour, qui scella ma destinée, plus que le jour de l’obtention de ma marque de beauté.

Le jury était installé face à moi, et mes parents étaient là. Quatre licornes allaient me juger sur mes capacités en magie.

J’avais dix ans, et ma vie allait changer.

***********************************************************************************

Un silence pesant pendait dans la pièce réservée aux épreuves d’admissibilité de l’école des licornes de Celestia. Une rangée de sièges vides derrière laquelle se tenaient les examinateurs, le crayon prêt à dégainer et à rendre leur verdict. Du haut de leur perchoir, n’importe quel poulain ou pouliche pouvait perdre ses moyens face aux regards stricts qu’ils arboraient sur leurs visages.

« Mademoiselle Glimmer, l’examen que nous allons vous faire passer consiste en un exercice de lévitation avancée », dit l’un des professeurs, stoïque, derrière ses lunettes.

La petite Starlight écoutait avec attention, l’œil déjà tourné vers la balle rouge posée sur un petit chariot. Son regard déterminé ne laissait aucun doute. Elle allait réussir.

« Cette balle », le professeur l’engloba dans une aura bleue, « devra rester en l’air pendant trente secondes au minimum. Nous pourrons ainsi déterminer vos capacités et savoir si vous êtes admissible dans notre école », il fit une brève pause, « à vous de jouer », conclut-il en reposant la balle.

Sous le regard de ses parents, plus inquiets que Starlight au vu de leur respiration haletante et des gouttes de sueur qui coulaient le long de leurs tempes, la pouliche se tourna vers l’objet, un petit sourire satisfait ne quittant pas son visage.

La balle se retrouva englobée dans une aura bleue, et se leva lentement, alors qu’un des professeurs déclenchait un chronomètre. Le silence se fit dans la pièce, et Starlight ferma les yeux pour se concentrer durant l’instant fatidique.

5 secondes… 10 secondes…

Starlight sentit soudain une douleur prendre peu à peu possession de sa corne. Un mal qui devint rapidement insupportable pour la petite pouliche. Une douleur d’autant plus brutale qu’elle était amplifiée par l’échec qu’elle impliquerait. Touchant au départ sa corne, elle commença à traverser tout son corps, tirant sur chaque muscle de son petit squelette.

Au bout de vingt secondes, et malgré ses efforts physiques et mentaux, Starlight relâcha la balle, presque incrédule devant son échec, les yeux écarquillés.

Elle tourna la tête vers le jury, qui ne réagit même pas, trop habitué à voir des licornes échouer à ce test. Celle-ci était comme beaucoup d’autres, une de plus à ajouter au tableau de ceux pensant avoir des capacités au-dessus de celles demandées. Cela ne les émouvait même plus.

« Merci, nous- »

« Attendez ! »

Starlight stoppa le professeur, fit un pas en avant et lança, tel un défi : « Laissez-moi une seconde chance, je peux le faire, je l’ai déjà réussi chez moi ! S’il vous plaît ? »

Des murmures se firent entendre entre les professeurs, avant que l’un d’eux ne prenne la parole.

« Accordé, Mademoiselle Glimmer, mais c’est votre dernière chance de réussir. »

Starlight les remercia d’un signe de tête, avant de replanter son regard, cette fois encore plus déterminée, sur l’objet. L’aura bleue engloba à nouveau la balle. Elle essaya de se convaincre que sa précédente tentative n’était qu’un échauffement. Que ça n’était qu’une simple erreur de concentration. Qu’il était impossible, impensable, inimaginable et inconcevable qu’elle échoue. Pas devant ses parents, pas quand on en avait rêvé si fort, pas quand on avait une marque de beauté comme la sienne.

5 secondes… 10 secondes…

La douleur revint, encore plus forte qu’avant. Starlight retint les larmes qui menaçaient de s’échapper de ses yeux, et referma ses paupières, concentrant toute la magie qu’elle avait sur la balle.

La magie accumulée finit par être de trop pour la pouliche, et celle-ci lui revint en pleine tête, comme un sort qui venait d’exploser dans son cerveau. Amenant ses sabots vers sa tête, elle tomba au sol, emmenant la balle avec elle au bout de quinze secondes de lutte avec elle-même. Elle se frotta la corne pour vérifier qu’elle était toujours là. C’était le cas, mais elle en serait quitte pour un bon mal de crâne pendant quelques heures.

Quand elle rouvrit ses yeux, elle vit ses parents, qui s’étaient précipités sur elle pour vérifier si tout allait bien. Les professeurs n’avaient pas cillé, et après quelques secondes, Starlight se releva, prête à faire face à la sentence. Mais pas prête à abandonner.

« Mademoiselle Glimmer, vous avez échoué », commença le professeur en écrivant sur sa fiche. « Sachez que nous sommes navrés pour vous et que nous vous souhaitons- »

« Non ! »

Le temps sembla se stopper.

Les professeurs ouvrirent grands leurs yeux, et laissèrent leur surprise s’exprimer en levant un sourcil interrogateur. Starlight s’avança de quelques pas, la colère prenant peu à peu le pas sur le désespoir qu’elle ne voulait surtout pas laisser s’exprimer, pas maintenant, surtout pas à cet instant.

« Cette épreuve ne veut rien dire ! Je demande à passer un autre examen, pas celui qui consiste à faire léviter une stupide balle ! » vociféra la pouliche, plus fort que ses parents ne l’avaient jamais entendue avant.

Les professeurs s’échangèrent des regards circonspects, avant que l’un d’eux ne s’avance vers elle. Ses pas étaient lents, et il s’arrêta devant la pouliche, la toisant de sa grande taille et de ses années de sagesse accumulées par l’enseignement. Il se racla la gorge avant de parler.

« Mademoiselle Glimmer, ce test est le même passé par tous ceux qui veulent entrer dans notre institution. Nous partons d’un exercice simple, mais que seule une licorne d’un niveau suffisant peut réussir pour passer l’examen d’entrée. Vous avez échoué, et cela prouve que vous n’avez pas le niveau requis. » Il se tut quelques secondes avant de reprendre. « Vous pouvez disposer. »

Starlight ne se déroba pas, levant fièrement sa tête, pas prête à accepter la sentence. « Vous n’avez pas vu la marque de beauté que j’ai ? Elle dit clairement que mon talent spécial est la magie, vous devez me faire entrer dans l’école ! » Ses parents se regardèrent, inquiets, et tentèrent de la calmer en se confondant en excuses auprès du jury.

Le professeur poussa un soupir audible, inspira longuement, tandis que les trois autres membres du jury s’en allèrent par la porte d’entrée de la salle, puis expira tout aussi lentement. Il rouvrit ses yeux et fit un signe de tête aux parents pour montrer qu’il préférait être seul avec elle. Evening et Sun s’écartèrent et attendirent derrière la porte d’entrée. La pouliche ne les regarda pas sortir, un regard noir toujours rivé sur le professeur.

« Mademoiselle Glimmer », dit-il après quelques secondes de silence, « votre marque de beauté ne vous garantit pas un accès dans cet établissement. Quand bien même elle semble représenter la magie, cela ne vous offre pas pour autant un laisser-passer. »

« Mais c’est mon talent spécial ! Si c’est ce qui nous définit, alors je ne devrais même pas avoir à passer ce stupide examen ! » répliqua la pouliche, le regard toujours plein d’une colère qui ne demandait qu’à sortir.

Le professeur ne baissa pas les yeux. « Ma chère, une marque de beauté est certes ce qui représente notre talent, mais nous ne sommes rien si nous ne sommes pas capables de l’utiliser à bon escient. J’ai déjà vu des poneys qui ont eu leurs marques trop tôt, et qui s’en sont détournés par la suite. Ce test », il fit flotter la balle rouge jusqu’à eux, « est aussi fait pour voir comment sont contrôlées les émotions des élèves. Si vous êtes incapable de les maîtriser, alors vous échouez à ce test. Toutes les grandes licornes l’ont réussi avant vous. Vous êtes encore trop inexpérimentée en magie pour le réussir. Vous le serez peut-être dans quelques années, mais il sera trop tard pour entrer dans notre institution. »

Starlight se tut un instant, réfléchissant à ses paroles lourdes de sens pour une pouliche comme elle, qui portait tant d’espoirs sur ses épaules. Avant qu’elle ne puisse reprendre la parole, le professeur poursuivit :

« Même si vous pensez avoir une marque de beauté meilleure que les autres, cela ne vous rend pas meilleure que les autres. Et ça n’est qu’un talent parmi d’autres. Après tout, nos flancs n’ont la place que pour une marque... »

« Mais… je… J’ai une marque de beauté en magie, ne me dites pas que je dois faire autre chose que ce à quoi elle me destine ! » répliqua encore la pouliche. Le professeur poussa un long soupir exaspéré.

« Mademoiselle Glimmer, veuillez cesser. Vous avez échoué à ce test, vous ne pouvez pas étudier dans cette école, point. J’espère que vous trouverez ce que vous cherchez, mais cela n’est certainement pas ici. Vous pouvez disposer », conclut le professeur.

Starlight ouvrit sa bouche, puis la referma, les mots lui manquant, sous le choc. Elle se retourna rapidement et marcha d’un pas lourd vers la porte, la colère et la frustration se mêlant dans son esprit.

Plus rien ne serait comme avant.

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Ce jour-là, quelque chose s’est passé. J’avais échoué alors que je pensais obtenir tout ce que je voulais avec ma marque de beauté. Je les ai vu défiler, ces pouliches qui se croyaient meilleures que les autres, tout ça parce qu’elles avaient réussies à soulever cette fichue balle. Tout ça parce qu’elles avaient une marque de beauté qui les faisaient se croire supérieures à moi. Quand mes parents étaient à Canterlot, j’ai aussi vu les regards pleins de dédain de ces snobs, en voyant ce qui ornaient les flancs de ma mère et de mon père.

Ils ne voient pas plus loin que le bout de leurs flancs. C’est injuste. Ce voyage à Canterlot a tout changé.

J’ai fait des études de magie dans une école moins cotée, et j’ai passé des journées entières enfermée dans la bibliothèque pour étudier l’histoire des marques de beauté. Pas seulement pour leur prouver qu’ils avaient tort, mais aussi pour prouver que c’était la société tout entière qui avait tort. Je construisais peu à peu ma propre opinion. Je collectais des preuves pour m’engager. Je voyais ceux qui se faisaient mettre de côté parce qu’ils n’avaient pas « la » marque de beauté qui les rendaient populaires. Je voyais ceux qui devaient faire face à la pression qu’elle engendrait. J’en ai vu craquer sous cette pression. Aussi bizarre que ça puisse sembler, leur talent spécial n’a pas été le bon, ou en tout cas, a été trop pesant.

Plus d’une fois, j’entendais des gens se plaindre de leurs marques, et souhaiter ne pas en avoir. C’était souvent dit sur le ton de la blague, mais il y avait une gravité dans le ton de leur voix qui me faisait dire qu’il y avait une part de vérité dans leurs paroles. Mais qui pouvait être assez idiot pour souhaiter sérieusement une chose pareille ?

Peu à peu, ma conviction s’est forgée : sans marque de beauté, nous serions tous égaux, sans que l’on puisse se vanter par rapport à l’autre sur une éventuelle supériorité définie par notre talent. Pas de castes, pas de regards moqueurs ou pleins de jalousie, pas de compétition malsaine, pas de privilèges, pas de destin lié à ce que dit notre flanc. La liberté…

L’Egalité.

Puisque je ne pouvais pas me faire retirer ma marque de beauté, j’ai commencé à la cacher sous un signe en forme d’égal. Deux simples traits noirs et parallèles. Je m’affichais dans la rue avec cela. Les gens ne comprenaient pas, se moquaient, d’autres me demandaient ce que cela signifiait (certains m’ont même pris pour une mathématicienne) et repartaient circonspects quand je leur expliquais la vérité, mais je m’en fichais. Ce que je voulais, c’était susciter quelque chose, pas de l’ignorance.

J’ai commencé à coller des affiches dans la rue, vantant l’égalité et le bonheur d’une vie sans marque de beauté. J’expliquais mon engagement à tous ceux qui étaient prêt à écouter. Si l’idée séduisait certains, perdre leurs marques de beauté leur restait inconcevable. Ils étaient heureux avec, et ne pouvaient pas comprendre ce que serait une vie idéale où l’on ne pouvait pas se moquer de l’autre sur ce qu’il ne savait pas faire.

Imaginez les possibilités. Un monde où l’on peut devenir tout ce que l’on veut, sans s’arrêter à la marque de beauté. Où l’on n’est pas coincé à vie dans une case. Où tout le monde a les mêmes capacités. Où les rapports entre poneys sont expurgés de faux-semblants, où l’amitié serait sincère et pas faite en fonction de ses intérêts personnels. Où l’on est tout simplement libre.

Je voulais faire d’Equestria un monde meilleur.

Mes petites réunions secrètes, mon collage d’affiche et mon flanc désormais changé ont fini par inquiéter mes parents. Les gens me prenaient pour une folle, et eux ne voulaient pas me voir poursuivre dans cette voie. Ils avaient peur pour moi. En y repensant, je les comprends. Mais c’était le prix de ma liberté, le prix de mon combat.

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Dans la maison des Glimmer, un silence inconfortable semblait couper le salon en deux, séparant ses parents de Starlight, assis sur des canapés opposés l’un à l’autre. À peine sortie de l’adolescence, elle portait toujours ce regard déterminé qui la caractérisait. Les espoirs de Canterlot désormais perdus depuis longtemps, les tensions ne manquaient pas entre eux, et n’avaient jamais cessé. Sun et Evening avaient toujours souhaité que leur fille ne reste pas sur cet échec, parce qu’après tout, ça n’était pas la fin du monde.

Non, ça n’était pas la fin du monde. C’était le début d’un nouveau pour elle. En tout cas, c’était ce qu’elle souhaitait pour Equestria.

Evening Glimmer parla la première. « Starry, ton père et moi sommes inquiets pour toi. Nous comprenons que tu veuilles t’émanciper, mais c’est ce que tu défends que nous comprenons pas. E-Est-ce que… tu es malheureuse ? » demanda-t-elle, une sincère inquiétude dans sa voix.

Starlight leva les yeux et les planta dans ceux de sa mère. « Maman, je te l’ai déjà dit. Je vais bien. C’est le monde dans lequel on vit qui ne va pas. Et je veux le changer. »

« Ma chérie, pourquoi ? Nous… nous avons une maison, un bon travail, nous t’avons toi, nous sommes heureux. Qu’est-ce qui ne va pas ? » demanda son père.

Starlight poussa un petit rire moqueur, et désigna son flanc du sabot. « Ça. Nos marques de beauté. Ce système est injuste et inégal. Elle ne m’a servi à rien et ne fait que nous ramener toujours à une seule chose alors que l’on pourrait être tellement plus. Je ne veux pas être réduite à ça. Si j’avais réussi à- »

« Starlight », la coupa son père. « On te l’a déjà dit. Ce n’est pas grave si tu as raté ton examen d’entrée. C’était il y a longtemps. Tu étudies la magie, c’est ce que tu voulais ? »

« Papa, j’aurais dû être plus qu’une simple étudiante avec comme perspective de finir dans une bibliothèque ! » cracha la jument. « Si même ma marque de beauté ne m’a servi à rien, alors pourquoi en avoir ? Pourquoi on devrait tous être limités à une seule chose ? Si c’est ça, autant rester un flanc vierge toute sa vie », finit-elle, grinçante.

« Ne dis pas de bêtises, ma chérie », reprit sa mère. « Quoi que tu fasses, nous serons toujours fiers de toi. Ce n’est pas à toi de faire ces choses-là. Celestia nous a faits ainsi, et nous sommes heureux comme nous sommes. Nous… nous ne te comprenons vraiment pas. »

« Comme si vous m’aviez un jour compris… Des fois, j’aurais mieux fait de naître dans une autre famille », persifla-t-elle à voix basse.

« Surveille ton langage, jeune fille ! » Son père se leva d’un bond. « Ce n’est pas parce que tu as échoué une fois que tu devrais le ruminer jusqu’à aujourd’hui. Il faut que tu passes à autre chose. »

« Autre chose ? Papa, combien de fois on s’est moqué de toi, mais pas seulement toi, combien de fois j’ai vu d’autres poneys se moquer des autres parce qu’ils avaient une marque de beauté idiote ? » rétorqua Starlight, qui s’était aussi levée de sa chaise, les yeux tournés vers le flanc de son père orné d’un attaché-case. « Tu n’en as même pas idée ! »

« Starlight, je suis très content de ce que je suis, même si certains poneys pensent le contraire, comme toi », déclara Sun, le regard un peu plus dur qu’avant.

« Mais tu aurais pu être tellement plus qu’un simple vendeur ! Pourquoi tu n’aurais pas pu être scientifique ou je ne sais quoi d’autre ? Pourquoi ? Moi je le sais. Je sais que nous vivons dans une société injuste où chaque poney ne devrait pas se montrer supérieur à l’autre, où nous devrions tous être égaux. Le jour où on a sa marque de beauté, la vie se termine pour certains poneys. Plus d’espoirs, plus de rêves, plus rien à part son flanc ! Je veux changer ça ! Je ne veux plus de cet Equestria-là ! Je ne veux plus de cette vie ! » Starlight réalisa qu’elle venait de parler d’une traite, et mit quelques secondes à reprendre son souffle.

Evening se tint derrière son mari, la lèvre tremblante, et commença doucement à pleurer. Sun se retourna, et prit sa femme dans ses sabots. Il tenta de la consoler pendant quelques secondes, passant doucement un sabot dans ses cheveux gris, avant de se tourner vers sa fille.

« Passe encore que tu maquilles ta marque de beauté, passe encore que tu penses des choses pareilles. Mais faire pleurer ta mère… Tu es allée trop loin, Starlight. Excuse-toi tout de suite », ordonna-t-il, tenant fermement la jument dans ses sabots.

Starlight serra les dents, le regard plus déterminé que jamais. « Pas question. Si tu ne peux pas comprendre ce que je veux, alors je n’ai plus ma place ici. Je veux changer le monde dans lequel je vis, dans lequel vous vivez. Mon combat vous dépasse tous. Ce monde est injuste, et personne ici ne le comprend. Pas même dans ma propre maison. » Lentement, Starlight se retourna, et s’en alla de chez elle, sans jamais lancer un dernier regard à ses parents. « Je n’ai plus rien à faire ici. J’espère qu’un jour, vous comprendrez. Et n’essayez pas de me retenir. Ma décision ne changera pas, jamais. »

La porte claqua dans un fracas assourdissant, faisant sursauter sa mère et son père.

À cet instant, Sun rejoint sa femme et se mit à sangloter à son tour, en se rasseyant dans son canapé.

« Qu’est-ce que nous avons fait, Sun ? Q-Qu’est-ce que j’ai raté ? Est-ce que je suis une… m-mauvaise mère ? » pleura Evening, toujours dans les sabots de son mari. Le regard triste, il l’embrassa tendrement sur le front et la berça, en ne cessant de la caresser du museau.

« Ne pense jamais une chose pareille. Garde espoir. Peut-être qu’un jour, elle aussi comprendra. Et ce jour-là, nous serons là pour elle », conclut-il. Il leva les yeux au ciel. « Oh Celestia, faites qu’elle comprenne… »

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Si même mes parents ne comprenaient pas mon combat, alors je n’avais plus rien à faire ici. Je savais qu’il me serait difficile de changer la société de l’intérieur. Mais je ne pensais pas que je devrais m’exiler aussi rapidement pour la refonder.

Je suis parti. Loin, aux confins d’Equestria. Seule. Mais avec de l’ambition et une volonté inébranlable. Et quelques livres sur la magie que j’ai volée de la bibliothèque royale lors de mon escale à Canterlot. Ils doivent encore les attendre. Je dois avoir des pénalités de retard historique, au moins dans ce sens-là.

Là où je suis arrivée, il n’y avait rien. Des montagnes alentour, des grottes, une zone désertique. Il y avait quelques maisons abandonnées par d’anciens colons, une ville à proximité pour me fournir en produits de première nécessité, et de quoi m’occuper en attendant de trouver des fidèles.

Tout était à bâtir. C’était mon défi, ma destinée.

Il n’a pas fallu longtemps avant que mon village se peuple de ses premiers arrivants. Des poneys perdus qui arrivaient et se retrouvaient convaincus par mon discours, avides de tenter de nouvelles choses. Des poneys que je repérais dans la ville où je faisais mes quelques courses. Il faut être assez désespéré pour venir se perdre jusqu’au village, ou en tout cas, avoir envie d’échapper au reste du monde ou chercher quelque chose qui leur manque. Je prends ça comme un signe de vouloir rejoindre ma cause.

Mais tout aussi rapidement, certains poneys se sont posés des questions. Pourquoi vouloir être tous égaux alors que nous sommes encore déterminés par ce que nous dit notre flanc ? Mon utopie manquait de quelque chose.

Je me suis à nouveau retrouvée seule, mais avec un village plus accueillant qu’avant. Ou moins repoussant, c’est selon.

À force de passer du temps sur mes livres de magie, j’ai mis au point un sort. Un sort qui règlerait le dernier obstacle qui se poserait à la construction de mon monde idéal. Il ne me restait qu’à le tester.

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« WOOOOOHOOOOOOO !!!!!! »

Double Diamond profitait des plus belles montagnes qu’il avait jamais vues. Ses skis bien accrochés aux sabots, il les dévalait et descendait en effectuant des figures qu’aucun poney n’avait osé tenter avant. La crinière au vent, il s’amusait sans se soucier de ce que le monde pouvait penser d’un poney aussi étrange que lui.

Arrivé vers un tremplin créé par l’accumulation de la neige, il plissa les yeux et se mit en position pour prendre de la vitesse. Il s’élança et fit quelques figures en l’air, ne réalisant pas immédiatement que le saut était bien plus long qu’il le pensait. Quand il s’en rendit compte, il poussa un cri de peur et agita ses sabots dans tous les sens, espérant au moins que la neige amortirait la chute.

Le bruit d’un os craquant fut le premier qu’il entendit à la réception de son saut. Une douleur le traversa, le faisant grimacer alors que son glissement semblait sans fin. Quand la neige freina enfin sa descente, il se retrouva avec les deux skis plantés dans le sol à la verticale, laissant ses pattes pendre en l’air, ses sabots s’étant détachés des attaches.

Ouf, au moins, il y a quelque chose qui n’est pas cassé ici, pensa-t-il, avant de défaire à grande peine les fixations qui retenaient ses pattes. Il les laissa retomber au sol et constata que sa patte droite avait subi le plus gros des dégâts. L’attache du ski l’avait fait tourner dans un angle peu naturel durant sa chute, et elle était gonflée. La douleur se révéla de plus en plus difficile à supporter à mesure qu’il reprenait conscience. Les questions se posaient déjà dans sa tête : est-ce qu’il y avait quelqu’un qui pourrait le soigner ? Est-ce qu’il y avait seulement un poney qui vivait pas loin ?

Quelle idée d’être venu jusqu’ici… se maudit-il.

« Un problème ? »

L’étalon releva sa tête et la tourna vers la gauche, découvrant Starlight Glimmer qui avait observé son saut magistral. Et sa chute tout aussi magistrale. Il poussa un soupir de soulagement.

« Celestia soit louée, il y a quelqu’un qui vit ici. Je pense que je me suis cassé la patte », expliqua-t-il en désignant l’endroit de la blessure. Starlight s’avança et observa les conséquences de sa chute. La vision de cette patte tordue la fit un peu grimacer, mais elle comprit rapidement qu’une occasion inespérée s’offrait à elle sous la forme de ce poney volant.

« En effet, votre patte est cassée, monsieur… ? »

« Double Diamond », répondit l’étalon. Il tendit son sabot et le secoua avec celui de Starlight dans un geste amical.

« Enchantée, je suis Starlight Glimmer. Je vais lancer un sort antidouleur sur votre patte, et ensuite, je vous emmènerai à mon village pour vous soigner. Ça vous va ? » demanda-t-elle.

« Mais je ne peux pas marcher… » répondit Diamond. Il essaya de se relever, mais la douleur était trop forte.

« Vous n’aurez qu’à grimper sur mon dos, ça ira », offrit la jument. Avec un peu d’effort, tous deux se mirent en route vers le village à proximité. Diamond laissant ses skis là, pensant les retrouver vite pour qu’il s’adonne à sa passion.

Après tout, c’est ce que disait sa marque de beauté.

Sur le chemin, les deux se mirent à discuter de leurs vies respectives. Et bien entendu, de leurs flancs, littéralement. C’est l’étalon qui amena le sujet en premier, à force d’être si près de la marque de beauté égalitaire de Starlight.

« J’ai pas pu m’empêcher de voir que votre marque de beauté est assez inhabituelle. Qu’est-ce que ça représente ? » demanda-t-il.

Starlight sourit d’un air malicieux. Enfin, une proie avait ferré à l’hameçon. Mais pas question de se contenter de belles paroles cette fois.

« Ce n’est pas ma marque de beauté, je me la suite fait enlever », déclara-t-elle. L’étalon ouvrit grand les yeux.

« Comment ça ? C’est impossible ! Et pourquoi faire une chose pareille ? » questionna-t-il en la bombardant de questions. Starlight tourna la tête vers lui, tout en continuant à marcher.

« Est-ce qu’on s’est déjà moqué de votre marque de beauté ? » demanda à son tour la jument. Un peu surpris, l’étalon réfléchit quelques secondes avant de répondre.

« Oui, ça m’est arrivé, mais qui ne le fait pas ? Un poney qui skie, ça n’arrive pas tous les jours dans un pays où la neige ne tombe pas en permanence. Et puis, il faut avouer que certaines marques sont assez ridicules… » rit Diamond, en se rappelant de quelques personnes croisées dans sa vie.

« Vous voyez ? » Starlight bondit sur l’occasion. « Voilà pourquoi je ne veux plus de marque de beauté. On est sans cesse jugé sur ce que nous avons sur notre flanc. Il y a toujours quelqu’un pour se croire supérieur à l’autre ou dire que telle marque ne vaut rien. Sans marque, nous serions tous pareils, et personne ne serait au-dessus des autres, pas même la princesse Celestia ! Nous pourrions tous faire autre chose que ce pour quoi nous sommes destinés, sans devoir rester coincé dans la même case toute notre vie ! » s’enflamma la jument. « Avez-vous des amis ? »

Encore en train de digérer le discours de Starlight, Diamond répondit avec hésitation : « Euh… oui… quelques-uns, mais quel est le rapport ? »

« Vos amis vous ont déjà-t-il pris pour un fou à cause de votre marque de beauté ? » Le piège se refermait.

« Euh… oui, mais ça n’était jamais méchant. Je veux dire, juste des taquineries entre amis. Rien de plus », expliqua Diamond. Starlight leva les yeux au ciel.

« Peuh ! Des vrais amis ne se moquent pas des autres. Il y a toujours un fond de vérité derrière ce qui se cache sous les ‘taquineries’. Si nous avions tous la même marque, nous ne pourrions pas nous moquer, même pour jouer, des autres et de ce qu’ils sont. Voilà ce que c’est, la vraie amitié, monsieur Diamond. Et voilà pourquoi je crois en un monde sans marque de beauté. Elles ne font que nous apporter des ennuis, et nous séparer. »

Le silence se fit pendant quelques secondes, et Starlight espérait ainsi avoir la tâche plus facile pour ce soir.

« Mais sans marque de beauté, nous ne pourrions- OUCH ! » L’étalon poussa un cri de douleur alors que celle-ci se faisait à nouveau sentir. Starlight avait cessé d’alimenter le sort qui l’empêchait de souffrir. Ainsi, il ne pouvait plus lui rétorquer, et devait ressasser sans cesse le souvenir des dernières paroles de la jument. Et rester à fixer sa marque de beauté, comme plongé dans une forme d’hypnose.

Après quelques heures de soins, l’étalon finit par s’endormir, épuisé. Le temps de faire les bandages, Starlight ne cessa pas de parler de son utopie. Une manière de le conditionner en vue de la suite. À la nuit tombée, elle s’en alla chercher le matériel nécessaire, et un bâton qu’elle venait de trouver quelques jours auparavant.

Elle ouvrit discrètement la porte de la petite maison où Diamond se reposait. C’était à quitte ou double. L’occasion de voir si sa marque de beauté allait au moins servir une fois dans sa vie, ou peut-être plus après ce soir. Elle engloba le drap qui recouvrait le flanc de l’étalon de sa magie, et le retira doucement, lentement. Sa corne commença à s’illuminer, concentrant sa magie sur le bâton, avant de la lancer vers le flanc orné de trois flocons de neige bleus.

La marque commença à s’extirper de son flanc, et Starlight observait avec anxiété si l’étalon ne se réveillait pas. Trop épuisé, il resta de marbre, si ce n’est quelques grognements et mouvements sur le matelas. La jument essuya quelques gouttes de sueur de son front une fois le travail terminé, et mit la marque dans un bocal, un petit sourire satisfait sur son visage.

Le village avait désormais un second habitant permanent.

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Je savais que le sort allait marcher. Après tout, je l’avais testé sur moi avant, sans le laisser permanent. Il faut bien quelqu’un de doué en magie pour le lancer.

Double Diamond a été le premier à connaître la véritable égalité. C’est l’un des plus fervents adeptes de ma théorie.

Quand il s’est réveillé le lendemain matin, il a été surpris, mais n’a pas observé de résistance particulière. C’était comme si le sort avait pénétré son cerveau et fait adhérer à mes idées. J’ai observé que le sort rendait d’une certaine ‘apathique’ celui qui en était victime. Il devenait grisâtre, perdait une partie de sa personnalité, ainsi qu’une partie de ce qui faisait son talent, et réduisait presque à néant toute capacité de résistance. Certes, il fallait parlementer et encore parlementer pour convaincre de nouveaux adeptes, mais j’avais une arme avec moi pour faciliter les choses. On ne crée pas un empire sans quelques sacrifices.

Peu après, j’ai trouvé une grotte pour y déposer les marques de beauté. C’est plus pratique que des bocaux. Et d’une certaine façon, en les laissant voir ce qu’ils étaient avant, mes poneys égaux aiment de plus en plus leur nouvelle vie. Ce mur leur rappelle la souffrance qu’ils ont pu subir avant, et ils comprennent le bonheur de vivre ici.

Double Diamond est doué pour faire venir des nouveaux poneys dans le village. Et plus nous étions nombreux, plus c’est facile de les convaincre, puisqu’ils voient à quel point nous sommes heureux sans marque. Nous sommes tous amis, nous n’avons pas à avoir peur du regard des autres et nous n’avons pas à nous vanter de ce que nous avons en plus.

J’offre à tous quelque chose qui manquait dans leur vie. De l’amitié et des amis qui sont là pour eux.

Même si les muffins de Sugar Belle ne sont sans doute pas aussi bons que ceux qu’elles faisaient avant, ils ont tout de même un goût de victoire. Il suffit de voir les sourires que je croise tous les jours pour savoir que j’ai fait le bon choix. Il y a même des poulains et pouliches qui sont éduqués avec cette conviction, et pourront aller la faire porter dans tout Equestria.

Nous créons un monde meilleur.

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« Starlight ! Starlight ! »

Un poney fonçait dans les rues du village, porteur d’une bonne nouvelle. Il toqua de toutes ses forces à la porte de la maison de celle qui occupait la fonction officieuse de maire.

« Starlight ! Starlight ! »

La jument ouvrit la porte, faisant face à l’un de ses semblables. « Suzy, qu’est-ce qu’il y a de si important pour que tu viennes casser ma porte ? » demanda Starlight, un grand sourire sur son visage.

« Nous avons des visiteurs ! Et il y a une alicorne avec elle ! Ça doit être une princesse ! » s’exclama son amie.

Starlight resta ébahie quelques secondes, le regard perdu au loin. Elle finit par reprendre ses esprits, secoua sa tête, et parla d’une voix bégayante. « Va… Va les accueillir e-et amène-les ici. »

« Compris, Starlight ! » La jument repartit aussi vite qu’elle est arrivée. Starlight referma la porte, et se mit d’un coup à sautiller sur place, couinant de joie.

Une princesse ! Une véritable princesse ! pensa-t-elle. Si une princesse adhère à notre mouvement, alors plus rien ne pourra nous empêcher de voir plus loin. Ce sera la publicité nécessaire pour que l’égalité se répande dans tout Equestria.

Starlight s’assit quelques instants dans son canapé, en repensant à tout le chemin parcouru. Sur une petite table devant elle se trouvait une photo, prise il y a des années. Elle et son amie, ensemble, quand le bonheur d’être à deux suffisait à faire de la vie une chose plus supportable. La jument prit la photo entre ses sabots, et la serra contre son cœur. Une discrète larme coula dessus. Les souvenirs se mirent à remonter, comme impossibles à stopper.

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D’un pas lent et lourd, Starlight fit le chemin vers une petite maison toute proche de l’université de Baltimare. Une simple bâtisse à un étage perdu au milieu des autres. La jument chercha ses clés dans son sac de selle, et les sortit en grommelant quelques mots. Elle ouvrit la porte, et laissa retomber son sac sur le côté, à un endroit qui semblait parfaitement fait pour, habitué à la présence de l’objet.

Le soir avait pris possession du ciel, et Starlight était restée longtemps après les cours pour étudier plus longuement les sorts qu’elle tentait de maîtriser. Dans la maison, une petite bougie était allumée, sans doute depuis longtemps puisqu’elle était en train de s’éteindre.

Fatiguée, Starlight n’espérait qu’une chose : manger un morceau et filer au lit.

Le courant d’air qu’elle avait fait passer en ouvrant la porte fit flotter une lettre posée sur la table du salon, la faisant tomber à terre. Starlight leva un sourcil, et s’approcha lentement du morceau de papier, le prenant dans une aura bleue. Ses paupières fatiguées eurent au départ du mal à distinguer les mots en raison de la faible lumière, mais chaque lettre qui passait devant ses pupilles lui fit de plus en plus écarquiller les yeux.

« Star,

Si je t’écris, c’est pour te dire adieu. Même si j’ai passé des années merveilleuses avec toi, je ne peux plus vivre avec le poids que je ressens. Je ne peux plus vivre avec ce que me dit ma marque de beauté. Je ne parviens plus à supporter cette pression, même avec ton soutien. S’il te plaît, ne te sens pas coupable, rien de tout ça n’est de ta faute. Tu as fait tout ce que tu pouvais, mais rien ne pouvait m’aider à surmonter l’épreuve que je vis sans cesse depuis des années.

Mes parents, ma famille, la lignée d’où je descends me demandent trop, et je ne sais pas si je serai capable d’être à la hauteur. J’ai trop peur de les décevoir, de ne pas pouvoir porter haut le nom des Swirl. Ma fuite semble être une solution irréfléchie, mais crois-moi, mon mal est plus profond que ça. Et fuir loin d’ici ne suffira pas.

Tout ça à cause de ce qui est inscrit sur mon flanc. Nous avons souvent rêvé de changer ça, d’avoir une société différente… J’espère que tu continueras notre combat. Même si tu seras seule, sans moi à tes côtés. Mon souvenir t’y aidera.

Là où je vais, je ne t’oublierai pas. Je ne t’oublierai jamais, Star, sois en assurée.

Je t’aime

Dust »

Le visage de Starlight se décomposa, presque incrédule devant ce qu’elle venait de lire. Moins d’une seconde plus tard, elle fonça dans les escaliers, grimpant quatre à quatre les marches qui menaient à la chambre de son amie. Les larmes commençaient à monter dans ses yeux, et chaque geste devenait de plus en plus difficile à faire avec la panique qui s’emparait de tout son être.

Arrivée devant la porte, elle tritura pendant quelques secondes la poignée, avant de devoir la casser à coups de sabots, ne cessant jamais de crier le nom de son amie durant tout ce temps-là. Enfin, la porte céda, et claqua avec fracas contre le mur.

Starlight entra et se figea presque instantanément, tétanisée.

Le corps inerte de son amie pendait au bout d’une corde, la vie ayant quitté depuis déjà longtemps la chair de la jument au pelage dont le gris portait désormais une sinistre signification. Le clair de Lune laissa voir sa marque de beauté : une simple étoile à cinq branches symbolisant la magie.

Starlight coupa la corde et prit le corps de son amie dans ses sabots, restant à ses côtés pendant de longues heures, pleurant à chaudes larmes celle qui avait partagé son combat. D’une voix brisée, elle finit par lui murmurer :

« J… J-Je te le p-promets, D-Dusty… j-je réussirai… M-même si j-je dois y passer ma vie… O-On se reverra un jour… E-Et tu seras f-fière de m-moi… T-Tu seras fière de moi… »

Elle l’embrassa une dernière fois, scellant sa destinée. Ce jour-là, tout changea pour elle.

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Starlight essuya une larme qui avait coulé sur le cadre, et déposa un tendre baiser sur la vitre froide contenant le dernier souvenir qu’il lui restait de Dust. Elle reposa l’objet sur la table, et se redressa, se tenant prête à accueillir la princesse et ses compagnons de route.

Une porte grinça et la voix de Double Diamond se fit entendre.

« Starlight, nous avons des visiteurs ! »

La jument lança un dernier regard vers la photo, et inspira profondément. L’instant est venu. Cette princesse nous rejoindra, de gré ou de force, et notre quête de l’égalité pourra s’accomplir. Ton rêve va se réaliser, Dusty. Comme je te l’ai promis.

Starlight s’avança, tourna la poignée, et ouvrit la porte.

« Bienvenue ! Je suis si heureuse de vous voir ici ! »

FIN

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Note de l'auteur

J’ai eu l’idée de cette fic quasi-instantanément après avoir vu le double épisode d’ouverture de la saison 5. L’un des reproches que je fais à l’épisode est de ne pas parler assez de la motivation de Starlight dans cette quête de l’égalité. Peut-être que cela sera expliqué lors de son probable retour en fin de saison.

Le personnage de Dust Swirl n’était pas prévu au départ, il s’est imposé pendant l’écriture. De façon générale, je vois Starlight comme une Twilight qui aurait échoué dans son parcours. Je pense aussi que dans la série, Starlight veut disposer des marques de beauté pour avoir le pouvoir suprême, même s'il est aussi probable que seule sa quête de l’égalité la pousse à les collecter. On verra en fin de saison !

Et interprétez comme vous voulez la nature de la relation entre Dust et Starlight.

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Mouette
Mouette : #19797
Pauvre Dust :(
Il y a 3 ans · Répondre
Sekmet999
Sekmet999 : #19793
"De la vision de l'imperfection du monde et le désir d'un monde idéal née l'utopie. Mais l'utopie naîtra toujours avec une défaillance jusqu'à devenir une dystopie."

C'est sur cette citation fait par moi même que je commence à dire mon avis sur cet fic : Ma-gni-fi-que ! Il n'y a rien à redire. L'histoire est prenant, on a envie d'être triste pour Stalight... bref, une véritable perle ^^
Il y a 3 ans · Répondre

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