Chapitre 16 - Face your Friends

« Mais si, Rarity, je t'assure ! Hoity Toity, le seul et l'unique ! Tu ne peux pas manquer ça ! »

Sweetie Belle n'avait pas perdu un instant pour entamer la phase 2 du plan Kumquat. Aux alentours de dix-heures trente, elle débitait ses arguments dans une boutique Carrousel vide de monde, mais pleine de bazar. Sans doute Fluttershy avait-elle réquisitionné sa troupe d'animaux pour réparer la salle des fêtes ?

Rarity se tenait sur un tabouret, accoudée à sa machine à coudre, un mètre autour du cou et ses fameuses lunettes de styliste qui tombaient de ses yeux. La fatigue se lisait surtout dans sa crinière flétrie. Elle avait beaucoup travaillé, mais pourquoi ? Uniquement pour se mettre en mouvement et chasser Applejack de son esprit.

Quant à Sweetie, elle déblatérait des phases toutes faites avec un enthousiasme à faire peur.

« Hoity Toity a décidé d'organiser un défilé ce soir, dans la salle des fêtes en ré-aménagement. Une collection créée spécialement pour le Festival des Comètes ! Tu serais la honte de la mode si tu ratais un événement pareil ! »

Rarity ne bougeait pas de son tabouret et fixait sa soeur d'un regard indifférent. Celle-ci, plus emphatique que jamais, joignait de grands gestes à ses paroles.

« Ce sera fantastique ! Et puis, si tu n'y vas pas pour Toity, vas-y pour le festival en lui-même ! Tu pourras partager un peu de bonheur avec tous les Raritistes qui t'ont soutenu. Et tu pourras leur offrir cette collection estivale que tu as perfectionné aujourd'hui pour rien ! Elle servira à quelque chose, ne restes pas là comme une larve. Vas-y, je t'en prie ! »

Rarity jeta un oeil à la collection sur laquelle elle s'était effectivement affairée. Puis elle regarda Sweetie Belle, qui gardait un sourire jusqu'aux oreilles, avec beaucoup de sérieux, voire de froideur.

« Dis-moi, Sweetie. Est-ce-que j'ai l'air d'une quiche ?

- Quoi ? Non, enfin je crois pas... répondit-elle gênée. Je comprends pas pourquoi tu me demande ça...

- Parce que depuis une demi-heure, tu m'exposes des arguments idiots pour que je me rende à cette fameuse salle des fêtes. Mais vois-tu, chaque idée de plus me donne moins envie d'y aller. Ça ressemble énormément à un rendez-vous déguisé pour que je tombe, par hasard si j'ose dire, sur un certain poney que je n'apprécie guère.

- Je vois pas du tout de quoi tu veux parler, dit Sweetie en se grattant l'oreille.

- Soit, je vais être plus claire... tu me forces à aller là-bas pour que je croise Applejack, c'est gros comme une maison !! »

Sweetie émit un petit rire nerveux :

« Ah non, alors ça, certainement pas, non... pourquoi je ferais une chose pareille ? Et puis d'abord pour que cette théorie - qui n'est pas vraie - soit plausible, il faudrait qu'Apple Bloom fasse la même chose chez Applejack. Et elle ne le fait absolument pas, enfin je ne suis même pas au courant puisque je n'ai pas le droit d'aller la voir... n'est-ce-pas ? »

La licorne descendit de son tabouret et se mit à avancer devant sa soeur. Celle-ci se mit à reculer dans l'escalier qui mène à sa chambre.

« Écoutes-moi bien, Sweetie Belle. J'ai compris que tu veux me réconcilier avec elle et c'est bien une motivation d'enfant. Je pense que rien ne pourra plus jamais me lier à Applejack. Et je t'informe que ce soir, qu'importe qu'il y ait festival, défilé ou explosion nucléaire, je ne sortirais pas de chez moi, tu m'entends ? Je ne quitterais pas cette boutique de la soirée ! »

Étant arrivée jusqu'à la chambre de Sweetie, elle claqua la porte pour achever son discours d'une note colérique.

« C'est ce qu'on verra... » marmonna Sweetie Belle.

La tête de Scootaloo jaillit de sous son lit :

« Alors ? Tu as réussi ? »

La jeune licorne vint se glisser sous le lit, où se trouvait les trois autres Cutie Mark Crusaders.

« Alors, je la tenais presque, mais elle a découvert le pot aux roses...

- On passe au plan B, dit Scootaloo. Dis-lui qu'Opale est tombé d'une arbre près de la salle des fêtes.

- J'ai déjà essayé. Je lui ait aussi dit qu'elle était tombée dans une bouche d'égout et qu'elle était en train de s'étouffer avec un moineau.

- Tu lui as parlé de la compétition de mode ? Le plan D ?

- Oui, elle n'a même pas réagit. »

Babs glissa un petit carnet rempli de lettres de l'alphabet à Scoot.

« Les plans H, K, R et U aussi ?

- Oui, j'ai tout fait. Le concours du meilleur chercheur de trésor, celui de la crinière la mieux brossée ou la plus belle toilette de chat.

- J'ai essayé la plus belle toilette pour chien, dit Apple Bloom. Applejack m'a rit au museau...

- Apple Bloom a essayé l'invasion extraterrestre, ajouta Babs. Tu as essayé l'invasion extraterrestre ?

- Oui, répondit Sweetie en soupirant. Je crois d'ailleurs que c'est là que je l'ai perdue... »

Comme plus personne ne répliquait, elle se risqua à demander.

« En fait, qu'est-ce-que vous fichez sous mon lit ?

- Pinkie Pie a ouvert une porte du Sugarcube Corner... expliqua AB. Et puis on s'est retrouvé là...

- C'est génial, n'est-ce-pas ? s'écria la plus étrange des ponettes roses. Le plus dur dans les passages secrets, c'est de retenir où ils mènent ! »

Sweetie Belle eut un sursaut et se cogna la tête au lit. Elle ne revenait pas que Pinkie Pie se trouvait maintenant à sa gauche.

Apple Bloom prit la pouliche traumatisée dans ses bras.

« Du calme, Sweetie, du calme... un jour, on comprendra de quelle planète elle vient... »

Babs Seed s'extirpa du lit, suivie par Scootaloo.

« Bon, il nous reste vraiment peu de temps avant le coup d'envoi du festival. Et il ne nous reste qu'un seul plan sur la liste. C'est notre dernière chance, les filles, et on ne la laissera par passer. C'est le plus compliqué, va falloir se donner à fond, mais s'il réussi, la victoire est à nous. Alors, vous êtes prêtes ?! »

En criant son « Ouais !! », Pinkie Pie se mit à bondir sous le lit. Elle se fracassa la tête sur une latte et tomba évanouie.

« Vous... vous inquiétez pas, je vais la ramener, dit Babs les yeux ronds. En tout cas, Crusaders, nous sommes près à démarrer le plan... on en est à quelle lettre ?

- On a déjà fait tout l'alphabet ! dit Scoot en regardant le carnet. Plus le C cédille et tous les accents du E...

- Alors nous sommes près à démarrer le plan... euh... Oméga !

- Ouais !!! » crièrent les Crusaders si fort que Rarity n'entendait plus sa machine à coudre.

Elle abattit sa face contre la robe immaculée qu'elle cousait, encore une fois pour l'amour de la mobilité.

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Dong dong dong dong dong. L'horloge de Ponyville sonnait cinq heures du matin. Il était donc à peu près huit heures du soir.

Applejack regarda l'horloge, puis Max d'un oeil sévère. Celui-ci se posa dans un coin de la pièce en marmonnant dans sa barbe :

« Je sais, j'ai dû oublier un engrenage. Mais une fois qu'on connaît l'écart, c'est facile... »

Puis Applejack fixa sa petite soeur, allongée sur un sofa derrière un énorme bouquin, qu'elle parcourait des yeux depuis plusieurs minutes.

« Ce soir, c'est le festival des comètes... dit AJ.

- Hum hum... répondit-elle indifférente

- C'est la fête le plus importante de l'année... et toi tu... tu...

- Je vais rester ici et lire ce merveilleux livre d'Harry Trotter car la salle des fêtes...

- … est du côté raritiste. soupira AJ.

- Exactement ! » conclut AB avec un grand sourire.

La pouliche verte fit un léger clin d'oeil au vison qui s'éclipsa en douce, laissant les soeurs Apples seules dans un salon obscur.

La fenêtre laissa entrer la brise, et également quelques bruits de poneys enthousiastes se rendant au Festival.

« Sugarcube... je crois que j'ai fait une grosse bêtise...

- Oh, ne t'inquiète pas, soeurette. Harry Trotter a fait aussi quelques bêtises, mais il règle chaque problème d'un coup de baguette magique !

- Je doute qu'une baguette magique nous serve dans cette histoire, dit Applejack en s'éclipsant un instant dans la cuisine.

- Moi je pense que tout est plus simple avec un peu de magie, dit AB en déposant délicatement son livre sur le sofa. Ce serait tellement plus facile si a chaque ennui, on pouvait... pouf ! Disparaître, non ?

- Ah, ça c'est bien un rêve de pouliche... Tu sais quoi, je vais préparer des sandwichs au foin et on va se faire un pique-nique au clair de lune avec tous les Applesiens, dit AJ en revenant. C'est pas parce que la ville est divisée qu'on peut pas... Apple Bloom ? »

Applejack laissa mollement tomber son plateau de sandwichs devant le livre fermé et le canapé vide. L'angoisse l'étreint, la pièce était presque plongée dans le noir et la fenêtre bien plus ouverte que tout à l'heure. Elle aperçu alors une ombre volante dans la nuit et entendit un cri désespéré. Sans même réfléchir, elle bondit par la fenêtre et se mit à courir dans la nuit.

L'air était dense, l'été avait repris ses droits. Tout était noir ou presque, quelqu'un semblait s'être amusé à éteindre tous les lampadaires. Applejack pensait aux Raritistes, les licornes faisaient tout pour l'embêter ces temps-ci. Elle espérait seulement que ce n'était pas une licorne qui s'en prenait à Apple Bloom. Quoi que, elle aurait sûrement préféré une licorne qu'une ombre démoniaque. Elle cogitait tellement qu'elle ne regardait pas son chemin et percuta rapidement une autre ombre. Celle-ci s'empressa de se relever en clamant :

« C'est moi, doucement Applejack ! C'est Pink Lady. Tout va bien ! »

Après avoir identifié sa cousine dans le noir, et sans même avoir le temps de respirer, AJ fut agrippée par celle-ci.

« Non, en fait, tout ne va pas bien du tout ! Babs a disparu, je l'ai entendu crier, je ne sais pas où elle est !

- C'est pas bon ça. Moi, c'est mon Apple Bloom qu'on a enlevé.

- Oh non ! Applejack, il faut les retrouver, vite ! »

Alors les deux Apples se mirent à courir vers l'ombre volante qui revenait les narguer. Dans des ruelles, dans des parcs, elles ne savaient pas où elles courraient, mais elles courraient. Applejack mit toute sa force et son adresse dans cette course-poursuite vers l'inconnu. Elle sauta avec aisance une botte de foin puis freina brusquement. Pink Lady lui rentra alors dedans.

« Aïe ! Pourquoi tu t'arrêtes AJ ?

- Le rideau de foin, je viens de passer mon rideau de foin... »

AJ avala sa salive et regarda droit devant elle. Un frisson parcourut tous ses membres, car une nouvelle silhouette se tenait droite en face d'elle. Un mince faisceau de lumière émanait de sa corne, de façon à se qu'on puisse aisément la reconnaître. Elle avait la crinière décoiffée et tenait à peine sur ses jambes, signe qu'elle avait également beaucoup couru.

Les poneys se firent face un moment, afin d'évacuer la haine par le regard tout d'abord. Puis Rarity fit un pas agressif en avant et se mit à crier, au même moment qu'Applejack :

« Où est ma soeur ?! »

Puis elle recula, cligna un moment des yeux et demanda plus calmement :

« Tu as perdu Apple Bloom ?

- Ouais... je suppose que tu n'y es pour rien...

- Certainement pas. Par contre, j'ai un doute sur ta participation à l'enlèvement de Sweetie Belle !

- T'es sérieuse ?

- Oui, c'est parfaitement ton genre ou celui des Applesiens de venir se faufiler par les petites portes de derrière et s'en prendre à ma soeur chérie !

- Et qui te dis qu'elle n'en avais pas assez de sa grande soeur tyrannique et qu'elle n'est pas partie de son plein gré ?

- Je l'ai entendu crier, je te signale !

- Moi aussi !

- Oh, calmez-vous, les filles, déclara Pink Lady. Vous comptez rester là à vous hurler dessus pendant que vos soeurs sont en danger ? Entendez-vous un moment, juste un moment, je vous en prie. »

Applejack et Rarity se regardèrent, pour la première fois sans colère, et partirent ensemble à la poursuite d'un frémissement plus loin.

Pink Lady les suivit en trottinant gaiement, avec un petit rire silencieux.

Mais tandis qu'ils courraient, la styliste et la fermière serraient les dents.

« J'espère que ce n'est pas une stupide plaisanterie, grinça Rarity. C'est le genre tout craché d'Apple Bloom.

- Apple Bloom n'aurait jamais abandonner son livre, elle n'est pas du genre à fuguer... quoi que... elle n'aurait pas laissé un marque-page...

- Cette histoire est très louche, Applejack. Tu crois que nos soeurs seraient capable de s'enfuir à cause de nous ?

- Et comment tu expliques le cri et la forme noire ?

- Est-ce-que ce serait cette fameuse ombre qui te suis partout ? pesta la licorne en levant le yeux au ciel.

- Elle est réelle, Rarity, et dangereuse ! Mais ce que j'ai vu par la fenêtre ressemblait plus à un... »

Une ombre difforme fila à toute vitesse devant eux.

« … pégase ! »

AJ démarra en trombe à la poursuite du poney ailé. Rarity fut attiré par un bruissement dans un fourré.

« Applejack, il y en a un autre !

- Ne ne laisse pas s'enfuir ! » cria AJ en s'éclipsant dans la nuit.

Rarity bondit sur le buisson, l'ombre en sortit juste à temps et se mit à courir. La licorne la suivie à la trace.

Mais plus elle avançait, plus il y avait de lumière, et de musique, et de voix. L'ombre s'était échappée, Rarity avançait doucement, comme attirée par la lumière. Ce qu'elle découvrit au détour d'une petite butte lui fit écarquiller les yeux. Quelques secondes, plus tard, Applejack avait perdu la trace du pégase furtif et déboula pas loin de Rarity. Elle aborda la même tête ahurie.

La grand-place de Ponyville, avec l'hôtel de ville en arrière-plan, avait été transformée en gigantesque salle de bal en plein air. Sur les pavés il y a peu piétinés par la masse de poneys en colère, valdinguaient désormais, pouliches, étalons, poulains et juments.

La musique emplissait l'air au point qu'on en oubliait la chaleur.

Les deux invités clignèrent des yeux au même moment. Au-dessus d'eux se dressaient des centaines de banderoles avec les inscriptions :

« Festival des Comètes », « Opération Kumquat », ou encore « Non, mais franchement, arrêtez de regarder en l'air et redevenez des amies ! ». La place semblait avoir revêtu une magnifique tenue d'apparat. Lampions, guirlandes, fanions, tout avait été mis en place pour donner à la zone la lumière qu'elle avait perdue.

L'objectif était bien sûr de mettre en valeur l'immense estrade qui se tenait plus loin, juste en face. Conçue à partir de fragments de la salle des fêtes, celle-ci était parsemée de paillettes et supportait le poids d'un piano à queue qui attirait le regard des foules. Le mystérieux et grandiose rideau rouge de la scène imposante restait pour l'instant fermé.

Et entre l'estrade et la colline, parmi les poneys dansants, se dressaient quelques tables, ici et là, empruntées également à la salle des fêtes, si bien que la place combinait banquet, musique et spectacle. Plusieurs serveurs se frayaient un chemin entre les poneys euphoriques pour servir des sandwichs et des milk-shakes. Et Candy Mane prenait avec plaisir son rôle de chef de salle.

En apercevant Rarity et Applejack, elle les salua de loin avant de faire le tour des serveurs et de marmonner à l'oreille de chacun d'eux :

« On va pouvoir commencer... »

Les deux invitées parcouraient cette vision presque irréelle de leur ville. À leur droite, un petit parc remplit d'arbustes abritait tous les petits animaux de Fluttershy qui, apparemment, ne souhaitaient pas manquer la fête non plus. À gauche, mais plus loin, se dressait la salle des fêtes. Encore un peu croûlante, mais de nouveau fonctionnelle, elle abritait les poneys qui souhaitaient un peu plus d'intimité et surtout les personnages officiels, venus assister au Festival des Comètes du Ponyville, tel que les deux princesses, Fancypants, Prim Hemline, Sapphire Shores, Trenderhoof ou... le vrai Hoity Toity.

Mais l'essentiel de la fête se déroulait sur la place qui semblait s'étirer à chaque nouvel arrivant.

Et là-bas, malgré l'ambiance joyeuse, on pouvait toujours distinguer deux grands groupes sur la place. Certes, certains poneys s'amusaient à se jeter les bottes du rideau de foin, certes les Applesiens invitaient parfois quelques Raritistes à danser, il n'en demeurait pas moins une légère tension. Une tension qui n'attendait plus qu’Applejack et Rarity pour s'estomper complètement. Plusieurs de ses poneys, qui hésitaient à franchir ce cap, se tournèrent et scrutèrent le regard stupéfait de Rarity.

Ce regard fut vite brouillé par le museau de Babs dans son champ de vision :

« Ça c'était du sport ! Je dois avouer que tu es rapide, j'ai cru à un moment que tu allais me tomber dessus ! »

Applejack remarqua alors que Scootaloo était appuyée contre elle, effectuant de grandes inspirations épuisées.

« Arf, et toi, tu ne t'occupais pas d'Applejack ! C'est une vraie fusée ! Oh, je suis exténuée, il y a des fois ou c'est vraiment dur de pas savoir voler... »

Applejack croisa le regard de Rarity.

« On peut savoir ce qui ce passe ici ?

- Babs, ta soeur nous a dit que tu avais...

- … disparu ? compléta Pink Lady en traversant nonchalamment le groupe pour rejoindre la fête. Ouais, j'ai peut-être un petit peu exagéré... Garçon ! Un milk-shake pour fêter mon magnifique talent de tragédienne !

- Je t'avais dit que le plan Oméga était le meilleur ! dit Babs en frappant le sabot de Pink puis celui de Scoot.

- Quoi ? C'est vous deux qu'on suivait ? balbutia Rarity.

- Qu'est-ce-que c'est que cette entourloupe ? pesta AJ.

- Je... ne comprends rien...

- Ça vous amuse de nous faire peur ?

- Où est Sweetie Belle ?

- Où est Apple Bloom ?

- Je n'ai pas rêvé, elle a crié, elle était morte de peur !

- Elle n'a pas osé quand même...

- Ne me dites pas que c'est...

- Oh pitié, je savais bien que c'était une grosse...

- SURPRISE ! » hurlèrent tous les poneys rassemblés au même moment.

Les expressions d'AJ et Rarity redevinrent taciturnes. Banana Split passait dans les rang en les complimentant :

« Bravo ! Belle réaction ! Quelles voix ! Vraiment pas mal ! J'aurais aimé t'entendre plus, Lovely Light.

- Je m'appelle Rainbow Flash ! cria une voix dans la foule.

- Hé, je suis pas d'ici, je te rappelle ! Oh tiens, miss Carrousel et miss Apple Acres, ça va les filles ?

- Banana Split, s'exclama Rarity. Au nom de Celestia, dites-moi ce qui vous ai passé par la tête !

- Un kumquat, réplica-t-elle avec un énorme sourire.

- C'est une idée d'Apple Bloom ? demanda AJ sur un ton emprunté à Ice Arrow.

- Tu n'as qu'à lui demander. » dit la cow-ney en regardant en l'air.

Là-haut, Apple Bloom riait aux éclats, projetée comme un trampoline par les jambes de Rainbow Dash. Fluttershy, plus prudente, lançait Sweetie Belle avec ses bras, mais celle-ci s'esclaffait tout autant.

Tandis qu'Applejack se frappait la tête sur un tronc. Rarity prit un ton agressif.

« On était mortes d'inquiétude pour vous !

- Au moins, vous avez partagé quelque chose, répondit Rainbow Dash. Vous ne voyez pas que vos soeurs ont fait ça pour vous réunir et que c'est bien plus un cadeau qu'un problème ? »

Elle ajouta en s'approchant de l'oreille d'Applejack :

« Au fait, c'était moi, l'ombre volante...

- Alors, toi aussi, Fluttershy ? Comment as-tu pu... balbutia de nouveau Rarity tandis que la pégase déposait la petite licorne.

- Oh, je suis désolée si on t'a fait peur... vraiment désolée... j'ai fait ça pour vous, enfin je crois... si tu n'es pas satisfaite, j'en suis confuse... mais je suppose que je n'ai pas à l'être car tu es satisfaite, n'est-ce-pas ? »

Rarity se contenta de cligner des yeux. Fluttershy marmonna à RD :

« Elle n'est pas satisfaite... je savais que cette opération était périlleuse...

- Allez ! s'écria Rainbow en agrippant AJ qui tentait de fuir. Profitez au moins du festival ! »

Applejack et Rarity marchèrent silencieusement vers le coeur de la fête. Aucune d'entre elles ne voulais admettre qu'elle avait une envie folle d'aller danser.

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Un peu plus loin, accoudée à une table, la princesse Twilight ruminait. Elle transpirait à grosse gouttes. L'air était dense, certes, mais la salamandre et le bébé phénix qui se pavanaient sur la table contribuaient sûrement également à cette chaleur. Candy Mane lui servit un thé glacé et posa un sabot sur son épaule.

« Ton thé, avec ou sans ailes ?

- Ah ah, très drôle, Candy, hilarant ! souffla la licorne.

- Ça va, je plaisantais ! Comment peux-tu être aussi déprimée au milieu de tous ses cris de joie ? Il y a un problème ?

- Admettons que Rarity se ressoude avec Applejack, que va-t-il arriver ensuite ? Je suis une stupide alicorne sans ailes dont la mission est de protéger sa ville d'un dragon invisible qui convoite une perle qui n'existe plus ! Pourquoi est-ce toujours si compliqué ? Pourquoi est-ce que ça n'arrive qu'à moi ? Et pourquoi je ne vois pas cet étalon ?! Il devrait être là ! »

Twilight colla la patte à sa bouche, ces derniers mots lui avait échappé. Candy s'approcha d'elle et lui murmura quelques conseils à l'oreille :

« Un jour, j'ai trouvé un magnifique livre de confiseries dans une boutique. Je comptais l'acheter pour le jour où j'en aurais vraiment besoin. C'était un exemplaire unique et j'ai attendu beaucoup trop longtemps. Quand je l'ai voulu absolument, quelqu'un l'avais déjà acheté. J'en ai pleuré pendant une semaine...

- Sous-entendu ?

- Sous-entendu, si tu trouve le bon livre de confiseries et que tu ne peux pas te passer de lui, dis-lui le plus tôt possible combien tu adores les merveilleuses confiseries qu'il te fait découvrir. Dis-lui que tu l'aimes quoi.

- Pfff, ça n'a aucun rapport avec ma situation... »

Candy haussa les épaules et s'éloigna en souriant. Twilight réfléchit un instant, puis prit une grand inspiration et se mit à marcher vers le côté de la fête où il y avait le plus d'Applesiens. Et pour la première fois depuis un petit moment, elle recoiffa sa crinière avec un rire nerveux.

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Pendant ce temps, Applejack et Rarity avançaient doucement au cœur du festival. Les poneys s'écartaient sur leur passage et les murmures avait remplacé les éclats de joie. Rainbow Dash, Fluttershy, Sweetie Belle et Apple Bloom suivaient le duo en marmonnant que c'était gagné d'avance et que personne ne pouvait résister à autant de joie de vivre.

Applejack et Rarity parcoururent la zone des yeux. Là-bas, Mme. Le Maire racontait l'histoire de Ponyville à Ice Arrow, qui lui répondait d'un « je vois » monotone toutes les trente secondes. Ils voyaient Big Macintosh se déhancher près de Skylight et Granny Smith apprenant une vieille tarentelle à Shoeshine. Bref, les Applesiens se mêlaient de plus en plus aux Raritistes et vice-versa.

Plus près de la salle des fêtes elle-même, au milieu d'une euphorie énergique mais discrète, Digger Drill ronflait affalé sur une table et Gummy lui mordillait l'oreille. Diamond Mint le regardait, d'abord avec dégoût puis avec affection. Vérifiant qu'il dormait bien et que personne ne la voyait, elle serra fort son oncle et frotta sa joue contre la sienne. Apercevant Rarity qui la regardait étrangement, elle fit tomber le vieux poney de sa chaise et leva mine de rien son milk-shake pour saluer la licorne.

Comme quoi, l'amour peut vraiment rapprocher des poneys qui ne sont pas fait pour s'entendre. Sans doute était-ce la phrase que Rarity voulait signifier par le regard affectueux qu'elle partagea avec Applejack.

Lorsque la musique changea, les lumières pointèrent vers Pink Lady et Babs Seed qui entamèrent une danse endiablée venant des quartiers populaires de Manehatten. Rarity se mit à sourire, Applejack poussa un soupir joyeux.

Un peu plus loin, Opale s'amusait à lancer une balle que Winona tentait de lui ramener le plus vite possible, tout en boitant affreusement. On avait jamais autant vu les deux animaux aussi en phase, malgré l'expression blasée de la chatte.

Applejack regarda Rarity. Celle-ci se mit à rire, ce qui provoqua immédiatement l'hilarité d'Applejack. Les deux pégases et les deux pouliches entrechoquèrent leurs sabots.

« Vous voyez ? dit Fluttershy en passant ses pattes autour des cous d'AJ et Rarity. Tout ce que voyez, le festival qui bat son plein, la reconstruction de la salle des fêtes, les poneys heureux et épanouis, on y est parvenu grâce à l'amitié et l'entraide ! Unitys a disparu à cause d'une déchirure, Ponyville est à deux doigts d'éclater... Mais une brèche peut toujours se refermer !

- Nous avons chacun nos idées, nos caractères et nos sentiments, dit Rarity. On est très différents... mais peut-être...

- ... peut-être que dans une ville où règne l'altruisme et l'harmonie, la différence est une force, compléta Applejack. Je crois que, qu'on le veuille ou non, on est faites pour être...

- Des amies ! » entonnèrent Sweetie et AB avec un immense sourire.

Rainbow agrippa les queues des deux poneys et les traîna encore près près de la grande scène.

« Et vous n'avez encore rien vu ! Parce que, d'accord Sweetie Belle et Apple Bloom ont eu l'idée de ce festival, mais c'est rien à côté de ce que la reine des fêtes vous a concocté ! »

La pégase bleu créa deux sillons dans la terre, correspondant à AJ et Rarity qui se laissaient tirer en riant.

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Peu loin, un peu à l'écart, un poney aux mèches ocres était affalé sur la branche d'une arbre. Il regardait la fête, l'air perdu, comme s'il lui manquait quelque chose. Plus bas, sa cavalière à la crinière rose se mit à soupirer.

« Ronny, il faut que je te dise... je crois que j'ai fait une erreur en t'invitant à cette soirée...

- C'est pas de ta faute, Rose...

- Si si, j'ai cru que j'étais tombée amoureuse, mais en fait je n'en suis plus très sûre... Et puis, toi, tu as ta princesse...

- Twilight ? Naaan, c'est juste une amie, dit Ronny en sautant de l'arbre.

- Je pense qu'on devrait s'arrêter là si ça ne te dérange pas. »

Ronelf regarda attentivement Rose. Il retrouva la même lueur tendre qu'il avait parfois vu dans les yeux de Twilight.

« En même temps, c'est pas parce que suis pas ton very special pony que je ne peux pas être ton cavalier, enfin je pense... »

Il tendit le sabot à son amie et il se mirent à danser en riant sur la douce mélodie qui résonna un peu plus loin.

« J'y crois pas, tu sais danser ?

- Apparemment... J'en suis le premier étonné si tu veux savoir. »

Les tourtereaux valsèrent quelques minutes. Peu à peu, Rose sourit de moins en moins. Tout doucement, elle glissa vers l'arbre et colla Ronny contre le tronc.

« Euh... on va avoir du mal à danser comme ça...

- Dans ce cas, arrêtons de danser...

- Si je résume la situation, tu es en train de plaquer à un arbre avec des yeux enflammés...

- Ouais, et tu as oublié qu'on étaient nus.

- Euh ouais... ça change pas de d'habitude...

- Peut-être, mais dans ces cas-là, ça m'inspire... »

Rose embrassa brusquement l'étalon. Lui ne recula pas, il ferma les yeux. Ses lèvres venaient à peine de sentir un contact et le souffle de Rose venait à peine de lui caresser le visage qu'il entendit un bruyant « Hum hum ! ».

Rose recula brusquement, Ronny tomba tête en avant comme un pantin désarticulé. Il se releva dans une plainte, une plainte qui s’amenuisa rapidement lorsqu'il identifia la licorne violette qui se tenait derrière lui.

Dans un silence absolu lié à la fin de la musique, Twilight aborda une expression dégoûtée, tout en clignant des yeux, à moitié choquée, à moitié ébahie.

Elle regarda Rose, puis Ronny, Ronny regarda Rose, Rose tenta de s'expliquer :

« Écoute, ce n'était pas vraiment ce que tu crois que c'était...

- Oh, mais je ne crois rien du tout... répondit la licorne avec la même expression de dégoût abasourdi. Tu me connais, je suis pas du genre à croire, non, je fais plutôt des constats... et là... je constate... »

La licorne se mit à tousser, et fit demi-tour en secouant sa tête. Rose lui posa un sabot sur l'épaule.

« Et tu constates mal, Twilight. Il n'y est pour rien, c'est entièrement de ma faute et...

- Ah oui, c'est de ta faute ! dit Twilight en baissant le ton de manière à ce que Ronny n'entende pas. Rose Luck, je connais ta réputation, les étalons te tombent tous dans les bras comme des mouches mais pourquoi...

- Je n'y peux rien, c'est comme ça, je suis désolée...

- … mais pourquoi lui ? Pourquoi mon Ronelf ?

- Il avait l'air perdu... je crois qu'il avait besoin de compagnie... Regarde-le Twilight, regarde comment il t'observe. On en parlait avant... l'incident fâcheux... En fait, c'est seulement maintenant que je me rend compte qu'il n'a d'yeux que pour toi, qu'il a besoin de toi.

- Et moi... je n'étais pas là...

- Je t'ai en quelque sorte remplacé pendant un court moment, je suis sympa, non ?

- Tu es diabolique, Rose.

- Je sais. J'ai encore fait n'importe quoi, je suis sincèrement désolée. Si tu veux tout savoir, je l'ai ressentit bizarrement ce baiser, on aurait dit qu'il était adressé à quelqu'un d'autre... tu es une sacrée veinarde... Oh, je suis vraiment stupide ! C'est clair comme de l'eau de roche qu'il est fou de toi et c'est clair aussi que tu es folle de...

- Oh non, non, non, non, non, non, non ! s'écria Twilight à voix haute. Tu es très loin du compte, Rose Luck ! Ronny est mon protégé et je n'ai tout simplement pas envie qu'il tombe dans les pattes d'une nymphomane démoniaque !

- Bien sûr, sourit Rose Luck.

- Bien, maintenant, Ronny, suis-moi, on va voir comment se déroule l'opération Kumquat.

- Et Rose alors ? demanda l'étalon en la suivant.

- Je la connais, dès demain, elle aura trouvé un autre compagnon, un aviateur, un soldat ou je ne sais quel Docteur, cette fille est un aimant à étalon !

- Je ne le fais pas exprès ! pesta Rose. Eh, Twilie ! Tu m'inviteras à ton mariage, hein ?

- Oh, tu vas te marier ? demanda Ronelf, visiblement déçu.

- Oublie ça, Ronny, oublie-ça... » dit maussadement la princesse tandis qu'un étalon brun à la crinière ébouriffée, portant une cravate et des lunettes 3D venait danser près de Rose de nouveau comblée.

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Près de la salle des fêtes, la musique d'ambiance s'était arrêté et les lumières devenaient sombres. Des projecteurs éclairèrent la grande estrade et les poneys présents se regroupèrent près d'elle, toujours en clans à peu près distincts.

Rainbow Dash invita AJ à se placer au milieu des Applesiens tandis que Fluttershy proposa à Rarity une place aux centre de ses partisans.

Twilight vint se placer à peu près au centre, accompagnée de Ronny.

« Pour une fois que cette idée n'est pas la mienne, j'ai hâte de voir ce qu'ils ont préparé. Est-ce-que tu ressens les mêmes frissons que moi ?

- Oh que oui ! » répondit une autre voix près d'elle.

Twilight découvrit avec stupeur que la princesse Celestia se tenait à côté d'elle et que Ronny était déjà dans ses bras.

« Princesse... vous... que faites vous là ?

- C'est la cérémonie du Festival des Comètes non ? Tout ne s'est pas passé exactement comme prévu mais c'est bien cette nuit-là. Et puis, je suis simplement venu voir Philomena... »

Twilight remarqua alors que les projecteurs n'étaient autres que Peewee et Philomena, qui semblaient prendre énormément de plaisir à planer au-dessus de la scène.

Soudain, les Cutie Mark Crusaders traversèrent la scène avec des percussions. Scootaloo se mit à crier :

« Essayez un peu de vous détester encore après ça ! »

Après le roulement de tambours, le rideau s'ouvrit. Côté cour, le piano trônait toujours. Spike entra avec un costume en queue de pie, fit une révérence princière et s'installa avec la plus grande classe.

Côté jardin, Russet Sugar - qui portait un magnifique costume de plumes sans doute conçu par Fluttershy - scrutait avec attention le centre de la scène. Car au centre se tenait Pinkie Pie, avec un costume à la Elvis Presley scintillant de paillettes, les yeux fermés, la patte sur un micro.

Celestia glissa à son élève :

« D'accord, je ne suis pas venue uniquement pour Philomena... »

Toujours les yeux fermés, Pinkie dit quelques mots dans le micro :

« Si nous sommes réunis ici, ce n'est pas que pour une fête millénaire... Nous sommes là pour célébrer l'amitié et l'harmonie qui fait d'Equestria... Equestria. Qui peut me dire ce qu'il y a de plus beau que des amis honnêtes et généreuses ? Je vais vous le dire... »

On entendit un gros bruit de guitare électrique venu de nulle part et Pinkie bondit sur place en ouvrant grand ses yeux, aussi scintillants que son costume :

« La musique !!! »

Puis elle cria en pointant la princesse de l’Amitié :

« Je t'avais dit, Twilight, que j'arriverais à placer une chanson dans cet histoire ! »

Twilight leva les yeux au ciel et alors que Pinkie disparaissait - au sens propre - de la scène, Spike commença une étrange musique infantile, qui contrastait bien entendu avec son costume. Russet Sugar entonna des murmures et des choeurs tout en déhanchant doucement sur cette mélodie de plus en plus endiablée qui ferait danser tout une communauté... parce que l'amitié, c'est de la sorcellerie :

On peut dire que Spike prit son pied pendant l'intro musicale et que Russet se sentait tout à fait à l'aise sur scène. Tous les poneys semblaient hypnotisés par la musique gypsie.

Sans prévenir, Pinkie apparu soudainement dans une explosion de paillettes aux côtés d'Applejack. Le micro qu'elle empoigna avec sa crinière faisait résonner sa chanson dans tout Ponyville (essayez donc de coller les paroles sur la musique proposée en commentaire de chapitre) :

Quand tu es loin de tes parents

Perdue l'insouciance des enfants

Qui partagent tes meilleurs instants ?

Tes amies évidemment

Apparaissant soudainement accoudée à une table près de Rarity, elle continua à chanter sans même reprendre son souffle.

Pourquoi alors se disputer ?

Vous pourriez tant vous amuser

Rappelez-vous des moments passés

Où tout n'était qu'amitié

Elle bondit sur la scène et chanta à voix basse, tandis que Spike se défoulait sur le piano.

Il était une fois une ferme de roc

Où des jeunes soeurs ensemble s'amusaient

Des idées de l'une, les autres se moquent

Elle se venge d'un coup de sabot dans le nez

Mais la famille, c'est comme les amies

Du rire aux larmes, de la guerre à l'union

Je m'excuse, mes soeurs aussi

Et, à jouer, nous recommencions

Des poneys sortirent de nulle part et se mirent à danser derrière Pinkie dans cet incroyable parenthèse d'allégresse.

Quand tu ne crois plus au bonheur

Quand l'amitié devient douleur

Écoute ce que dit ton coeur

Lui a toujours raison

Vous ne pouvez vous laisser tomber

L'Harmonie sur vous doit compter

Un regard de chaque côté

Il suffit parfois d'une chanson

Pendant que Spike improvisait un monologue instrumental, Pinkie dansait aux quatre coins de la fête. Tantôt côté Raritiste, tantôt côté Applesien, elle invitait les derniers récalcitrants à se mêler au clan adverse. Rarity et Applejack ne se quittaient pas des yeux, mais désormais, elles s'esclaffaient. Pinkie reprit alors son refrain, se dandinant sur le piano :

Il était une fois une ferme de roc

Où une pouliche frisée cherchait sa destinée

Ses parents se disputent, l'entente se bloque

Elle se devait les réconcilier

Les amoureux, c'est comme les amies

Du rire aux larmes, de la guerre à l'union

Mon père s'excuse, ma mère aussi

Il suffit d'un simple pardon

Quand tu ne crois plus au bonheur

Quand l'amitié devient douleur

Écoute ce que dit ton coeur

Lui a toujours raison

Vous ne pouvez vous laisser tomber

L'Harmonie sur vous doit compter

Un regard de chaque côté

Il suffit parfois d'une chanson

Dans l'euphorie générale provoquée par une sorte d’incantation musicale, les poneys s'écartèrent peu à peu de la scène. Seules restèrent près des planches Rarity et Applejack. La musique de Spike ralentissait et il semblait déçu que la chanson touche à sa fin. Russet descendit et entraîna Rarity vers le centre, tandis qu'Applejack se fit bousculer par Pink Lady.

Les deux juments restèrent un instant figées, devant une foule de poneys qui se rongeaient les sabots.

Elles observaient le silence... elles écoutaient les lumières et les ombres...

Puis d'un commun accord, elles avancèrent seules l'une vers l'autre, sur la musique devenue douce de Pinkie, penchée sur la scène, à l'extrême milieu.

Quand la terrestre est abattue...

Quand la licorne se sent perdue...

L'alliance de ces amies d'un soir...

Brille au coeur de la nuit noire.

Le museau de la licorne blanche et du poney orange touchèrent presque celui de Pinkie. Applejack esquissa un sourire, Rarity clignait piteusement des yeux. Deux larmes glissèrent au même moment sur deux joues différentes. Réalisant que tout le monde la regardait dans cet instant solennel, la licorne tenta de se recoiffer en utilisant la veste de Pinkie comme miroir. Une fois satisfaite, elle murmura :

« Applejack, je suis... »

La fermière la fit taire en l'étreignant brusquement. Tous les sens de la licorne furent bouleversés par cette accolade.

« Tu es ma meilleure amie... » compléta AJ.

Rarity posa sa tête sur son épaule et cette magnifique étreinte éblouit tous les poneys présents. Twilight et Ronny versèrent leur larme, Fluttershy se mit à enlacer Max qui ne faisait que passer dans le coin, Rainbow se mit à insulter les soit-disantes poussières dans son oeil et Ice détournait le regard, car ce qui se passait avait de quoi faire fondre son coeur de glace chéri. Spike embrassa son piano et Pinkie se mit à se moucher bruyamment, le micro faisant résonner le son désagréable dans toute la ville.

Puis Rarity recula de quelques pas frêles, Applejack également. Et au même moment, elles déclarèrent :

« Je suis désolée. » immédiatement suivit de « Tout est de ma faute. » et enfin « Tu es pardonnée. »

Rarity prit la parole, encore très émue :

« J'attendais tellement ce moment et j'avais tant de choses à te parler... j'ai... j'ai tout oublié... je ne sais plus quoi dire...

- Tu sais, chez les Apples, on a pas trop du genre bavard...

- Eeyup ! lança Big Mac depuis une chaise de bar.

- ... mais ça nous empêche pas d'avoir le plus gros coeur d'Equestria !

- Tu veux parier que le mien est plus gros ?

- Non, c'est le mien.

- Comment oses-tu dire ça ?

- Je te dis que c'est moi qui t'adore le plus !

- Pas du tout, c'est moi qui t'aime plus que tu ne peux l'imaginer !!!

- Oh ! Allez, sugarcube, vient que je t'embrasse encore ! »

Au moment où les deux amies se rapprochèrent, un tremblement survint. En une fraction de seconde, une plante jaillit entre Rarity et Applejack, une ronce pointue et immense et qui éjecta les deux poneys. Twilight s'avança près de la scène, elle n'en croyait pas ses yeux.

« Elles sont de retour ! hurla la mairesse. Mettez-vous à l'abri, fermez toutes les issues et munissez-vous d'objets coupants ! »

Des ronces plus petites mais toutes aussi puissantes se mirent à proliférer près de la salle des fêtes.

« Ce sont les ronces qui ont attaqué Ponyville avant-hier ? demanda Rainbow Dash

- Oh que oui, lança Madame le Maire. Enfin je suppose, les premières étaient beaucoup plus petites.

- C'est très rassurant, ça, merci ! »

Dans une cohue de poneys paniqués, Celestia, Twilight et quelques gardes de renforts tentaient de maîtriser l'invasion végétale.

Rarity essayait désespérément de rejoindre Applejack, mais chaque fois un mur de ronces se dressaient entre eux deux.

« Pourquoi ne peut-on pas se réconcilier tranquillement après autant de conflit ? cria Rarity

- On dirait qu'on a vexé notre amie l'ombre invisible, sourit Applejack en frappant toutes les lianes qui s'approchaient d'elle. J'ai pas l'impression qu'il n'aime les chansons sur l'amitié, hein Pinkie ?

- Vous inquiétez pas ! Pour les gros durs, j'ai une version rappée, je vous la chante ?

- NON !!! » hurlèrent tous les poneys au même moment.

On entendit soudain un cri en train de s'éloigner de la zone : le cri de Rarity. Puisqu'elle supportait mal de perdre l'amie qu'elle venait de retrouver et qu'elle avait encore tellement de choses à lui dire, Applejack partit en trombe vers le point d'où venait le cri, sans écouter les mises en garde des autres qui se débattaient dans un entremêlement de plantes piquantes.

La fermière aperçut un peu plus loin la licorne blanche suspendue à une plante apparemment inactive.

« Tu ne pouvais pas crier au moment où ils t'ont attrapé ?

- Je te signale que cette plante m'étouffait, maligne !

- Ne bouge pas, je vais te sortir de...

- Attention Applejack ! »

Une énorme ronce vient frapper Applejack qui alla percuter un tronc d'arbre. Rarity serra les dents. La fermière replaca son chapeau et dit sur un ton furieux.

« PERSONNE n'attaque une Apple par surprise !

- Ce n'est pas vraiment une personne... marmonna Rarity.

- M'en fiche ! CHAAAAARGEZ ! »

AJ fonça vers la ronce et bondit au moment où elle se précipitait vers elle. Atterrissant de l'autre côté, elle bondit sur des tonneaux afin d'arriver sur un toit. Là, plusieurs plantes agressives tentèrent de la frapper. Cependant, son agilité lui permit d'atteindre une nouvelle ronce, et, après un rodéo acrobatique, elle fut projetée à côté de Rarity. La plante qui la retenait prisonnière se mit alors à bouger.

« Qu'est-ce-que tu comptes faire ?

- Je vais te laisser là.

- QUOI ?!

- Ça va, je plaisante, détends-toi, croque donc un morceau... »

Sur ce, Applejack se mit à mordre dans la plante qui lâcha aussitôt la licorne. Celle-ci chuta dans une mare de boue tandis qu'AJ glissait tranquillement le long de la racine.

« Je retire tout ce que j'ai dit, Applejack ! hurla Rarity en regardant son état. Tu es tout sauf mon amie !!! »

Rarity se retourna et aperçu une nouvelle ronce qui fonçait droit sur elle. Sans comprendre ce qui lui arrivait, la licorne fut bousculée et roula vingt mètres plus loin.

« Argh ! Non contente de me faire tomber dans la boue, tu me roules dans la terre ! »

Elle eut juste de le temps de voir la ronce agripper Applejack et l'emmener vers le ciel. Abasourdie, elle entendit un cri qui résonnait comme un appel à l'aide :

« Au temps pour moi, tu avais raison, c'est étouffaaaaaant ! »

La ronce continua à pousser de plus en plus haut, puis elle se dirigea vers l'ouest de Ponyville.

La licorne se releva, pris une bonne minute pour réarranger sa crinière et partit à sa poursuite.

Mitraillée de rayons magiques bleus, la ronce tourbillonnait dans tous les sens si bien qu'Applejack était proche de vomir. Cela n'avait pas l'air d'embêter la licorne qui ordonnait comme une furie :

« Lâche mon amie !!! »

Lorsqu'un rayon toucha la ronce et qu'Applejack chuta de quelques mètres avant qu'une nouvelle plante ne la rattrapent, elles se trouvaient déjà sur la colline aux menhirs. Cette colline de l'ouest étaient connu pour ses monolithes et son abondance de rochers. Tandis que la plante s'entrelaçait autour d'un immense dolmen, Rarity ralentit. Elle observa un peu son environnement et esquissa un grand sourire. Après quoi, elle s'approcha de la base de la plante et empoigna deux pierres. Applejack avait l'esprit beaucoup trop confus pour comprendre ce qu'elle faisait, mais en même temps, personne ne l'aurait deviné.

La licorne se contenta de réunir un tas de brindilles, d'entrechoquer les deux pierres, d'ajouter une petite étincelle magique et de pousser un petit « Oups ! ».

La flamme, poussée par la magie de la licorne, grandit de plus en plus et se mit à grimper le long de la plante qui gesticula dans tout les sens. La matière végétale se décomposait en ombre tandis que Rarity éventait tranquillement le feu avec un éventail de palmes tressées. Un cercle de feu entoura la zone, à la surprise d'Applejack et même de la licorne. La ronce mutilée préféra lâcher Applejack et s'enfuir avec ses « congénères ». Aucune autre plante ne pouvait approcher du feu intense qui s'éteignit quelques minutes plus tard.

N'oublions pas de préciser que la chute d'Applejack fut incroyablement haute et que Rarity glissa juste à temps pour la voir tomber sur son délicat ventre de styliste.

La licorne ne bougea plus, Applejack restait sur elle. Les poneys restèrent un instant comme cela, à regarder autour et à se regarder.

« Je sais qu'on est redevenues amies, fit remarquer AJ, mais tu trouve pas que c'est un peu osé comme position ?

- Chut, tais-toi, Applejack...

- Rarity, je t'assure que je suis très mal à l'aise...

- Quand je te dis Tais-toi, c'est au sens propre, Applejack ! J'entends un bruit. »

Rarity se releva d'un bond et Applejack se mit à écouter.

« Du monde qui marche...

- Beaucoup de monde qui marche... tu as remarqué que le feu s'est éteint et que pourtant il fait de plus en plus chaud ?

- Ça me semblait bizarre aussi, que tu puisses contrôler d'aussi grandes flammes...

- Je l'ai allumé, c'est déjà ça ! dit Rarity en lui jetant un regard noir. Après, c'est peu être vrai que quelqu'un m'a donné un coup de patte. Une espèce de maîtrise du feu, une mystérieuse force telluri... »

Elle se tut et les deux poneys se regardèrent brusquement, visages crispés.

Plus loin se dessinèrent bien vite les contours d'une meute de mammifères, comme une flamme qui tanguait sur l'horizon.

« Oh non... pas eux ! Pas maintenant !

- Les ronces, c'était que le hors d'oeuvre, Rarity... voilà le plat de résistance. »

La licorne se mordit les lèvres tandis que la fermière ancrait fermement ses sabots dans le sol.

Un peu plus bas, un peu plus loin, c'est dans l'immense Plaine des Comètes que l'armée de loups, bien plus imposante et bien plus organisée que la dernière fois, se stoppait, selon la volonté de leur chef.

Carbo se gratta l'oreille avec sa patte arrière, comme un petit chien égayé, avant de déclamer :

« Tellurics... le moment est venu d'entrer... dans le feu de l'action. »