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Melting Snow

Une fiction traduite par inglobwetrust.

Chapitre 13: Gouttes de pluie

Caramel détourna ses yeux hors du feu brûlant en commençant à tirer du sabot sur les bords de sa couverture, son ventre lui donnant l’impression de se tordre en sentant la sueur de son front tremper sa fourrure. Il leva brièvement un sabot pour essuyer cet endroit, entendant un petit bruit quand l’un de ses crayons colorés tomba sur le tapis.

Il s’entendit grogner, mais c’était plus comme un réflexe en luttant pour attendre le crayon plus bas, l’arrachant au sol avant de reprendre sa position recroquevillée, une couverture recouvrant son corps en utilisant une jambe pour couvrir son ventre.

L’une de ses oreilles se dressa en entendant un son de papier froissé venu de la cuisine. Le grommellement habituel avec le son de papiers rangés dans un sac arriva dans ses oreilles avant qu’il ne repose les yeux vers la page.

Le corps de Caramel était vraiment très chaud sous la couverture, le feu frappant son corps, ce qui était encore plus inconfortable en se tortillant un peu sur place. Il pensa à enlever simplement la couverture, cependant, plus il se tortilla et plus il sentit son ventre se trémousser très légèrement… cette possibilité quitta soudain son esprit, en fait, il serra la couverture encore plus fort, essayant d’utiliser ses deux jambes pour couvrir son estomac en se roulant en boule.

L’étalon se mit à mâchouiller sa langue, laissant tomber l’idée en regardant la page, fixant la coccinelle souriante qui volait vers lui en s’éloignant du ruisseau derrière elle. Il était à un peu moins de la moitié, seul l’une des ailes de la coccinelle était coloriée, pendant que le ruisseau lui-même avait quelques taches blanches là où tous les poissons et grenouilles et nénuphars étaient tous blancs.

Caramel fit de son mieux pour colorier les feuilles du seul arbre dans l’image, son sabot bougeant lentement en dessinant de haut en bas de la page. En levant son sabot pour remonter de quelques centimètres, il sentit une douce piqûre dans sa nuque. Il leva le sabot pour frotter, sentant une teinte foncée sur son cou… il pouvait presque sentir ses sabots tirer sur les couvertures alors que les dents de Mac s’étaient attardés à cet endroit seulement hier, mordant assez fort pour le faire sortir ce son…

Le poney reposa le crayon, couvrant sa tête avec ses deux sabots en gémissant doucement à ce souvenir, pressant son visage contre le coussin quand sa tête se mit à tourner. Il avala lourdement, la pensée de ces grands et doux sabots courant le long de son corps le fit tirer sur les mèches de cheveux de sa crinière.

« Tu m’as entendu ? »

Caramel leva rapidement sa tête, se relevant en tournant les yeux en direction de la cuisine pour voir Sage enfiler sa blouse blanche, ajustant ses lunettes en regardant son frère. Caramel secoua sa tête, son visage prenant une teinte de rose quand son frère soupira, commençant à trotter vers lui.

« Je sais », dit la licorne. « Je vais y aller dans à peu près vingt minutes, je commence seulement à gagner un peu de respect ici. » Il rit avec un doux sourire sur son visage, bombant légèrement le torse en se félicitant lui-même. « Si les choses se passent bien dans les prochaines semaines, je pourrai commencer à aider en chirurgie au lieu de m’occuper des réserves de sang et des rendez-vous, ce qui voudra dire qu’on aura un peu plus d’argent à dépenser… »

L’attention de Caramel s’éteignit en frottant son sabot, ébouriffant sa propre crinière en écoutant à moitié les divagations de son frère sur ses succès. Il se força à acquiescer et à sourire tous les quelques mots.

« Oh… », dit Sage, son ton soudain moins enjoué qu’avant en baissant les yeux vers le canapé et sur le livre de coloriage à la page à moitié terminée. « Tu fais… ça… » Il s’arrêta en détournant les yeux de son frère. « Désolé, je ne voulais pas t’interrompre trop longtemps… en y pensant, tu n’as pas utilisé une de ces choses ces dernières semaines. Au moins, je n’ai pas eu à en acheter un nouveau. »

L’étalon fronça les sourcils en regardant rapidement les yeux de Sage, les éloignant rapidement en levant son sabot pour couvrir la marque sur son cou. Il vit que les yeux de son frère se diriger vers cet endroit, mais heureusement, il garda sa bouche fermée depuis qu’elle s’était formée le jour précédent.

« Est-ce que… quelque chose t’est arrivé ? » le questionna Sage, forçant ses yeux à quitter le sabot de Caramel pour le replonger dans ses yeux. « D’habitude, tu ne te tais pas quand tu vas voir Mac… » Il essaya de montrer que c’était une blague en riant à la fin, cependant, Caramel ne sourit pas… En fait, le seul changement sur lui fut la façon dont son visage devint considérablement plus rouge en refermant ses yeux.

« R-Rien.. » Mais l’étalon hésita, enroulant ses sabots autour de l’autre. « Ça ne m’aide pas… », marmonna Caramel, se mordant la langue quand Sage inclina sa tête en signe d’interrogation. L’étalon se força à garder les yeux ouverts en les baissant vers le livre, le refermant avec plus de force que nécessaire. « Je ne peux pas… l-le finir… »

« Le livre ? » demanda Sage, bougeant lentement vers le canapé et s’asseyant à côté de Caramel.

Caramel hocha lentement la tête. « C-Chaque fois que je m’inquiète ou que je suis nerveux… Je peux juste dessiner dessus et ça ira bien jusqu’à ce que j’arrête de paniquer… » Il s’arrêta, jouant avec ses sabots en les forçant à sortir de la couverture. « Je ne peux pas cette fois… Je ne fais que m’arrêter… »

« Qu’est-ce qui s’est passé, Cara ? » demanda Sage, tendant un bref instant son sabot avant de le retirer, regardant son frère rouler en boule des morceaux de la couverture dans ses sabots quand il lui posa la question.

« je… j’ai dit à Mac… » Il s’arrêta un moment, fermant ses yeux alors que ses joues et ses oreilles continuaient à briller de cette même teinte de rouge. « J’ai dit à Mac que je l’aimais… e-et il m’a dit qu’il m’aimait aussi. »

« Oh… euh… » Sage ne s’attendait pas à ça en regardant Caramel gigoter de manière inconfortable. Il y eut une vingtaine de secondes de silence entre les deux, durant lesquelles la rougeur de Caramel ne disparut pas. Même si Caramel avait été assez calme depuis qu’il était rentré hier, Sage avait pensé qu’il était simplement fatigué ou un peu malade.

« Je ne pensais pas qu’il allait me dire ça…. », marmonna doucement Caramel en souriant. « Je voulais juste… vraiment qu'il l’entende… puis il me l’a dit… La seule chose que j’ai faite, c’est pleurer comme un idiot parce que… ça m’a rendu si heureux… » Il frotta sa fourrure sur sa poitrine quand son sourire se dissipa, regardant Sage.

« Tu n’as pas vraiment l’air… heureux… » dit en toute honnêteté Sage, voulant aller droit au but en sachant au fond de son esprit que ses minutes étaient comptées.

« M-Mac… il… » Son regard triste s’assombrit. Il tira à nouveau sur la couverture, couvrant la moitié de sa poitrine. « Mac… il était différent… »

« Il t’a fait du mal ? » lui demanda soudain Sage, se relevant alors que Caramel bondit un peu devant l’inquiétude dans la voix de son frère. Il secoua rapidement sa tête pour répondre, ce à quoi Sage ne put s’empêcher de soupirer, les yeux baissés.

« Mac était… vraiment heureux… » continua rapidement Caramel pour ne pas paniquer son frère. « Il a… commencé à me faire un câlin… et m’a rapproché de lui… » Caramel ferma ses yeux et les détourna de Sage. « Il m’a… touché… »

« Il… qui- » s’arrêta Sage, ses propres joues gagnant un peu du rouge qu’avaient celle de Caramel.

« Oh. »

Caramel acquiesça, se mordant la lèvre en continuant. « M-Mac a fait comme… si il était heureux d’être avec moi… comme ça… mais je l’ai… repoussé… »

L’étalon sentait le regard de son frère essayer de le percer à jour. Il eut une soudaine envie d’enfoncer sa tête sous les couvertures et d’attendre que l’hiver soit fini pour que ce moment se termine. « Tout ce à quoi j’ai pensé c’est…. s’il n’aimait pas comment je… le ferai… ou si j’étais trop féminin… ou si… il n’aimait pas mon corps », murmura-t-il, couvrant son ventre avec la couverture.

« P-Pour te dire la vérité… », marmonna Sage, ajustant quelques fois ses lunettes pour essayer de cacher ses mouvements de gêne. « Imaginer un étalon en train de peloter mon frère n’est pas vraiment la pensée la plus plaisante au monde… »

Caramel ne put s’empêcher de lâcher un petit rire devant ces mots, même si ses lèvres restaient froncées. Ses nerfs se détendirent un peu, cependant il recouvrait toujours son corps avec la couverture. Il passa un sabot dans sa crinière pour avoir une raison de se tortiller à sa place. « Il n’a rien dit… q-quand je suis rentré à la maison avec lui », marmonna à voix basse à l’étalon. « E-Et il n’a rien fait à part dire ‘au revoir’ quand on est arrivés… » Caramel s’assombrit, enfonçant son visage dans ses sabots et secouant sa tête. « Je pense que… je l’ai peut-être contrarié… » Sa voix devint amère avant qu’il se taise quelques secondes. « Il voulait… vraiment de moi et je l’ai repoussé… »

« Mais tu ne voulais rien… » Sage essaya de parler avant de remarquer que Caramel secouait sa tête, toujours dans la même position en renfilant doucement.

« N-Non… », chuchota-t-il. « Non… je le voulais… mais quand ça a commencé, j’ai eu tellement peur parce que ça arrivait si vite… Je pouvais à peine dire son nom… » Il retint son souffle à cet instant, secouant sa tête en tirant sur ses mèches. « C’est si addictif d’être à côté de lui… Quand je suis près de lui, tout ce que je veux, c’est m’allonger contre lui… s’il me donne quelque chose, j’en veux plus… mais cette fois, j’ai eu… peur… Et si je n’étais pas assez bon pour lui… Il pourrait faire beaucoup mieux pour un petit ami… ou même une petite amie. » Il se tut pendant encore quelques secondes avant de continuer, la voix peinée. « E-Et si… il ne m’aimait plus ? »

« Caramel », les lèvres de Sage s’inclinèrent vers le bas quand Caramel parla. L’entendre renifler une fois de plus lui fit tendre son sabot, le forçant à enlever la mèche de ses sabots. « Si je suis honnête… Mac est sans doute l’un des poneys les plus gentils avec lesquels j’ai parlé quand on parle de toi… » Il le dit doucement, regardant les yeux de Caramel se fixer dans les siens. « Ce lourdaud ne fait rien d’autre à part s’inquiéter pour toi et fais comme si tu étais le plus important poney au monde, il est amoureux de toi depuis des mois… il n’arrêtera pas parce que tu as eu peur. »

Caramel baissa à nouveau les yeux, frottant ses yeux embués. Aucune larme ne coulait encore tandis qu’il reniflait discrètement, mordant de temps en temps sur sa lèvre. Sage se leva, faisant quelques pas autour de Caramel avant de lui faire un petit câlin, sentant l’autre trembler légèrement dans ses sabots. Il ne put s’empêcher de rire.

« Big Macintosh a été un peu froid avec moi… mais je sais que tu comptes plus que tout pour lui. » Il parla calmement en caressant la crinière de son frère, le relâchant alors que l’autre continuait à frotter ses yeux. « Ecoute… je dois y aller maintenant… » La licorne s’arrêta, frottant pendant un moment son sabot sur le tapis. « Je ne rentrerai pas avant tard ce soir… si tu veux aller voir Mac ou lui parler… ou l’inviter ici… Je m’en fiche… » Il prit une grande inspiration, poussant un soupir avant de continuer. « Je vais peut-être rentrer ici vers trois heures du matin si je vais aider en chirurgie… mais il est presque cinq heures, je devrais vraiment y aller… »

« O-Okay… », marmonna Caramel, regardant encore son frère avec un petit sourire, forcé. « M-Merci… je sais que tu n’es pas à l’aise quand je parle des étalons… »

Sage sourit, riant à haute voix avant de frapper l’oreille de son frère avec un léger coup de sabot, souriant comme un idiot. « Sois heureux que je vienne pas te voir avec des problèmes de jument. »

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C’est avec aise que Big Macintosh leva deux seaux plein de pommes sur le dos de son chariot, poussant un lourd soupir avant de s’autoriser à essuyer son front légèrement mouillé. Il referma brièvement ses yeux, se laissant frissonner avant de resserrer son écharpe.

Il rouvrit ses yeux pendant un bref instant, fixant le chariot en essayant de se rappeler la quantité habituelle qu’ils vendaient en hiver… Normalement, cela suffisait pour tenir une ou deux semaines… Heureusement, Cloudsdale éclaircissait toujours le ciel pour que les marchés soient ouverts, alors il n’avait pas à mettre cela sur le compte de la météo…

Il laissa ses pensées s’interrompre pendant un moment avant de regarder autour de la grange, sentant les vents froids passer à travers les fissures et brosser contre son pelage. C’était au moins un vent un peu plus chaud que celui qui avait été donné à Poneyville durant ces derniers jours. La fonte de la neige dehors lui donna un bref espoir pour que l’hiver touche enfin à sa fin.

Big Macintosh se demanda à quel point Caramel aimait les saisons avant que sa poitrine ne se serre de façon inhabituelle en pensant à l’étalon. Il baissa les yeux vers ses grands sabots, en grattant un avec l’autre en fermant les yeux, secouant sa tête.

L’étalon pourrait bientôt le voir… il devait lui dire quelque chose après ce qui s’était passé hier, si seulement cela pouvait l’empêcher d’avoir son ventre qui se nouait à chaque fois qu’il pensait à l’étalon.

Quand les yeux d’émeraude de l’étalon se rouvrirent, il observa son souffle devenir brumeux. Le pincement dans sa poitrine continua à lui faire mal pendant environ cinq secondes avant qu’il ne lève la tête en entendant le son de sabot marcher sur la neige fondante en dehors de la grange.

Il ne fallut que quelques instants pour qu’il voit la tête d’Applejack s’immiscer dans la porte de la grange, la fatigue se lisant sur son visage en la voyant frotter ses yeux avec son sabot, ses pas brisés à la vue de son frère avant qu’elle ne baisse le sabot, son regard prenant un air interrogateur.

« Qu’est-ce que tu fais là ? » demanda Big Macintosh, se forçant pour que sa voix reste calme en repoussant au fond de son esprit tout ce qu’il ressentait il y a quelques instants. Il n’était pas vraiment d’humeur à ce qu’Applejack lui parle maintenant, parce que ces deniers temps, toutes les conversations avec elle menaient à Caramel.

« Je pense que c’est ma ligne », marmonna Applejack, les yeux tournés vers le chariot plein de pommes avant qu’elle sourit. « Hé, regarde ça, tu m’as battue ! »

Big Macintosh ne parla pas en voyant sa sœur trotter derrière lui, prenant une pomme et laissant ses dents s’enfoncer dedans, son sourire se dissipant en mâchonnant pendant quelques instants. Elle haussa les épaules avant d’en prendre une autre bouchée.

« T’as jamais aimé les pommes décongelés. » L’étalon se mit à parler, cette pensée lui venait simplement à l’esprit. Elle rit en l’entendant, acquiesçant tout en détournant son regard du sien, mâchonnant ce qu’elle était déjà en train de manger jusqu’à ce qu’elle ne sente plus le peu de goût qu’il restait après cette nuit glacée.

« Qu’est-ce que ça peut te faire ? » dit-elle soudainement après avoir enfin avalé, replongeant ses yeux dans ceux de son frère. « T’as jamais aimé vendre des pommes… Et t’es dehors vachement tôt, personne va aller faire ses courses avant au moins une heure… »

Big Macintosh baissa les yeux en l’entendant, essayant de bloquer cette étrange sensation qui commençait à grossir dans sa poitrine en haussant à nouveau les épaules. « Vaut mieux s’y mettre tôt… », dit-il à voix basse, hochant la tête pour se donner de la confiance.

Applejack regarda son frère, une pointe de suspicion dans son regard. « Hé Mac… tu te sens bien ? » lui demanda-t-il en inclinant sa tête, son expression devenant légèrement gênée en faisant un pas en arrière. « Quand t’es revenu… Hier soir, t’as pas dit grand-chose.... J’veux dire, encore moins que d’habitude… »

Applejack laissa soudain échapper un grognement en grattant sa crinière sous son chapeau. « Gah, je déteste ces trucs mielleux… toujours… » Elle ferma ses yeux un moment, ne remarquant pas que les yeux de Mac se remplissaient d’un mélange d’inquiétude et de confusion. « T’avais l’air juste… vraiment pas content quand t’es rentré… j’veux dire… Caramel est pas blessé ou quelque chose, pas vrai ? »

« Pourquoi ça t’intéresse ? » La question en elle-même n’était pas méchante quand l’étalon la laissa s’échapper, c’était en toute honnêteté la première chose qui lui vint à l’esprit. Elle ne se dérangea pas à y répondre.

« T’allais… partir plus tôt pour aller le voir, hein ? » Applejack questionna son frère en se forçant à le regarder dans les yeux. « C’est ce que tu fais d’puis un moment maintenant, partir tôt pour aller le voir… ça devient de plus en plus fréquent.. » Elle se frotta le front. « Je comprends pas pourquoi tu t’entiches autant de lui… »

Big Macintosh ne répondit toujours pas, haussant à nouveau les épaules, trouvant soudain les morceaux de foin sous son sabot très fascinants en les roulant d’avant en arrière. Il n’était pas capable de nier ses accusations, mais refusait toujours de les accepter.

« J’déteste ça. » Applejack soupira lourdement, se retournant avant de marcher en cercle. « Je déteste… tout ce qu’on a… Peut-être que c’est une dispute… c’est si dur de t’parler, t’es si têtu… C’est quand la dernière fois que t’es parti sans le dire à personne ? »

Big Macintosh ne regarda toujours pas Applejack en étirant son dos, remarquant qu’il était difficile d’ignorer la jument orange du coin de l’œil au fur et à mesure que le temps passait.

Il y eut un long silence entre eux avant qu’Applejack ne repose les yeux sur lui, marchant en face de lui pour qu’il n’ait pas d’autre choix que de la regarder. Elle finit enfin par briser le silence avec une étrange détermination dans sa voix.

« Tu t’souviens quand j’avais seize ans ? » lui demanda-t-elle en inclinant sa tête, forçant un sourire à se poser sur ses lèvres en signe de nostalgie. « J’avais eu mon premier petit ami et on… on a fait plein de choses ensemble, pendant un moment, j’ai laissé le travail s’accumuler sur toi, mais tu t’es jamais plains… » Elle s’interrompit pendant un bref instant, sa voix prenant de la confiance quand les yeux de son frère brillèrent avec un peu d’intérêt en l’entendant.

« E-Et… il était plus vieux, p’t-être d’un an ou deux… » Son sourire se dissipa un instant en baissant les yeux. « Il avait l’habitude de dire que j’étais bête… et j’faisais comme si j’en savais rien, mais il disait toujours qu’il était mon p’tit ami… Il ne m’a jamais vu comme moi je l’voyais. » Elle fronça légèrement les yeux en regardant son frère. « La première fois que je l’ai rencontré, j’me souviens que tu m’as dit d’arrêter quand il partait… J’savais pas pourquoi… et j’me suis mise en colère et j’ai dit que je te détestais… »

Les joues de sa sœur prirent une légère teinte de rose en signe de gêne, cependant, son expression semblait plus frustrée qu’autre chose. « J’étais une idiote… et t’as jamais rien dit, mais je savais que ça te faisait vraiment mal… Je comprenais pas qu’il m’aimait pas du tout jusqu’à ce que j’écoute ton conseil… »

« J’avais presque oublié cette histoire… », dit Big Macintosh, parlant une fois encore sans réfléchir en tirant doucement sur sa crinière, qu’il commença à gratter du sabot en inclinant légèrement sa tête pour éviter son regard.

Applejack acquiesça, frissonnant un peu quand l’un des coups de vent glacés s’invita dans la grange. L’étalon trotta vers la porte, la refermant juste assez pour que le vent ne les atteigne pas, mais laissant toutefois assez de lumière dans la grange. Il poussa un gémissement avant de se tourner vers sa sœur, la regardant se tortiller dans un silence inconfortable.

« J’peux te demander… » Elle parla doucement une fois qu’il hocha la tête pour qu’elle continue, trottant vers elle avant de s’allonger en laissant son dos se reposer sur une petite pile de foin. « Qu’est-ce que… Caramel veut dire pour toi ? Je veux dire… pourquoi tu as toujours envie de le voir… » Elle s’arrêta un moment avant que ses yeux ne s’écarquillent brièvement. « J-Je vais rien dire de mal sur ça… j’suis juste… curieuse et tout. »

« Hmm ? » Il la questionna en inclinant légèrement sa tête, le regard perplexe. Sa poitrine se resserra une fois de plus à la question. Il baissa rapidement les yeux vers ses sabots avant de se mettre à tirer sur l’un avec l’autre. « Caramel… il… » Il hésita, sentant les yeux de sa sœur essayer de le percer à jour. « Caramel est le premier poney qui me fait sentir comme ça… », marmonna-t-il, assez fort pour qu’Applejack l’entende, mais pas sans que ses joues ne se rapprochent de la couleur de sa fourrure. « Tout ce que j’veux pour lui, c’est… j’veux que… » Il secoua sa tête un moment, en colère contre lui, laissant s’échapper un soupir agacé. « Caramel… me rend heureux… plus heureux que je l’ai été d’puis longtemps.. » Il finit sur ces mots, regardant Applejack.

« C’est juste… » La jument fronça les yeux, semblant ne pas se soucier des mots de son frère avant de démarrer, finissant enfin par s’asseoir avec un petit bruit en étirant ses pattes avant. « Pendant un moment, j’ai essayé de me dire que ce que vous avez entre vous deux, c’était… j’sais pas, sincère... quelque chose comme ça. » Elle sourit, mais le tua rapidement quand elle sembla réaliser qu’il était inapproprié. « Y’a quelques nuits d’ça… je t’ai jamais vu t’inquiéter pour quelqu’un d’autre que nous, et c’est toujours dur pour moi de voir qu’un autre étalon est déjà aussi important pour toi… »

Elle soupira à haute voix, traînant ses sabots sur le sol, pas loin de là où elle se trouvait. « Je comprends pas… Mais je pense pas que j’devrais... » Elle rit avec une pointe de déception dirigée contre elle. « Un étalon qui te rend heureux, c’est juste… différent… »

« Caramel », déclara Big Macintosh, regardant sa sœur le fixer avec confusion. « Pas seulement un étalon… Caramel me rend heureux… » Il la regarda dans le blanc des yeux en disant cela, son expression devenant plus stricte.

« Ouais… » acquiesça Applejack, ses yeux s’allumant brièvement comme si elle comprenait enfin une petite partie du puzzle. « Pas seulement un étalon... », se murmura-t-elle.

« Il… il a dit qu’il m’aimait hier… » parla l’étalon, regardant toujours Applejack en prononçant cette phrase. Elle le regarda un peu choquée, mais un choc qu’elle parvint toutefois à garder dans sa bouche pendant quelques instants.

« O-Oh… », dit-elle en enlevant son chapeau, attrapant les bords et tirant doucement dessus. « Ben… c’est quelque chose… Qu’est-ce que… t’as dit ? »

« Je… lui ai dit la même chose… » Le ton de l’étalon était un peu embarrassé, mais il se força à rester fort. « Je… j’ai jamais été aussi heureux que quelqu’un me parle comme ça avant… il a pleuré quand je lui ai dit la même chose parce qu’il était heureux… j-j’ai eu peur, j’ai pensé que j’avais tout fait rater… » Il se força à sourire amèrement, sentant sa poitrine lui faire mal en pensant longuement à la nervosité dans la voix de Caramel avant que son ventre ne se retourne à nouveau. « J’pense que… non, j’sais que j’ai été un peu trop excité en lui parlant de ça. Je l’ai rendu très nerveux… » Il s’assombrit en prononçant ses mots.

« Mac… qu’est-ce qui… s’est passé ? » lui demanda Applejack, de toute évidence pas pressée d’entendre les détails sur la vie amoureuse de son frère.

« J’voulais juste… qu’il sache que je pensais vraiment ce que j’ai dit… » Il parla doucement pour une voix si grave, elle avait l’air presque apeurée alors qu’il commençait à se mordre la lèvre. « J’suis pas bon pour parler de trucs comme l’amour… le dire, ça n’était pas assez… mais il… m’a repoussé.. », soupira l’étalon, amenant ses sabots dans sa nuque en abaissant légèrement sa tête. « Je l’ai rendu vraiment nerveux… j’aurais pas dû essayer tout ça sans au moins lui d’mander… il n’a rien dit quand on est rentrés à sa maison hier… » Mac referma ses yeux, la même douleur dans sa poitrine se remettant à émerger. « J’ai… vraiment besoin de lui dire que je suis désolé… » Il soupira à haute voix, un certain agacement dans son ton avant de se remettre à tirer sur sa crinière, son ventre se serrant en repensant à Caramel se tortillant nerveusement dans son étreinte…

« T’as toujours été comme ça… », dit Applejack à son frère, semblant s’être relevé maintenant qu’elle marchait d’avant en arrière. « T’es un gros nounours, si t’étais pas aussi grand et terrifiant, tu te serais fait manger à l’école », elle le taquina avec un sourire avant de le laisser se dissiper, regardant son frère l’observer.

« Ecoute… j’avais pas pu comprendre ça en une journée… mais j’sais au moins que tu te soucies vraiment de cet éta… euh, Caramel… » Elle se corrigea rapidement, Mac acquiesçant. « Et Granny a l’air de se sentir mieux à propos de tout ça… je veux pas qu’on reste coincés comme ça et qu’on soit plus comme on était avant à cause de ça… T’es toujours mon frère, et les Apples sont la meilleure famille de Poneyville. »

Big Macintosh rit, se remettant sur ses sabots alors que son ventre continuait à se nouer en pensant à Caramel. « Ouais… on est une famille… »

« Ecoute, Mac », lui dit-elle avec une voix qui exigeait de l’écouter, « Est-ce que tu vas aller voir Caramel ? Tu vas t’inquiéter toute la journée pour lui si t’y vas pas maintenant… finis-en avec ça. J’prendrai soin des pommes et de ce que tu dois faire, toi… vas avec lui pendant un moment… »

Big Macintosh acquiesça avec joie, trottant avant de faire un câlin à sa sœur en frottant son museau contre son front, heureux de constater qu’elle ne protestait pas comme elle le faisait quand elle était petite avant qu’elle ne le lève son sabot pour le repousser en riant. Sa poitrine se relâcha un peu en sachant que les choses guérissaient…

« Allez gros lourdaud, vas-y. »

Big Macintosh sourit, sentant une nouvelle détermination dans son ventre avant d’hocher la tête, s’éloignant rapidement et trottant dans le monde extérieur rempli de neige fondante.

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Une longue période de silence à laquelle Caramel avait appris à s’habituer remplit la maison après le départ de Sage. Rien à part le craquement du feu ne remplissait ses oreilles à l’instant où il rangeait ses pilules dans son sac de selle, sentant son ventre se retourner en se tortillant nerveusement, la couverture toujours son dos et étalée sur son corps.

Mac lui vint à l’esprit, rien en particulier sur lui, juste la simple pensée de le voir aujourd’hui… comment il allait se forcer à aller le voir…

« O-Okay… » dit-il à haute voix, brisant le silence assourdissant que constituaient ses pensées prenant forme et le minant, lui disant d’abandonner et de retourner à sa séance de coloriage sur son livre… celui qu’il avait laissé au sol en face du canapé. Cependant, l’étalon secoua rapidement sa tête, ignorant ses nerfs. « N-Non… je dois… je vais… »

L’étalon soupira entre chaque mot, parce qu’il n’avait aucune idée sur ce qu’il allait faire une fois qu’il ouvrirait la porte et irait dans la neige. C’était une question à laquelle il était difficile de répondre parce que quand il y pensait, son ventre se nouait, l’empêchant de respirer proprement.

L’étalon avala avec difficulté, fermant ses yeux en prenant une grande inspiration, inspirant et expirant pour s’éclaircir les idées et éloigner tout, ses inquiétudes incluses.

C’est un coup sur la porte qui fit crier de surprise Caramel, lui ramenant certaines de ses inquiétudes dans un rush soudain. Il laissa tomber son sac de selle, entendant les pilules frapper contre les bouteilles avant de trotter hors de la pièce et vers la cuisine où se trouvait la porte. C’est uniquement quand le coup se fit à nouveau entendre au moment où son sabot touchait la porte qu’il bondit, en colère contre lui devant sa nervosité.

« B-Bonjour ? » demanda-t-il en ouvrant la porte, sentant que ses mots restaient coincés dans sa gorge en levant les yeux pour voir le visage de Big Macintosh, l’air un peu inquiet avant de revenir vers son habituelle expression impassible et froide.

Mac le regarda avec son expression inchangée, cependant, elle se découvrit légèrement quand il haleta, essayant de toute évidence de reprendre son souffle… avait-il vraiment couru tout du long ?

« Salut Caramel », l’étalon parla dans un ton que Caramel devina être un ton décontracté pour lui, un sourire se dessinant sur ses lèvres, même si ses yeux semblaient toujours un peu inquiets.

« S-Salut… » Caramel savait que ses joues étaient roses, la seule chose qui traversait son esprit était le temps qu’il n’avait pas eu pour se préparer pour qu’il ait une apparence plus proche de celle qu’aimait Mac… mais son sourire le rassura lui et son ventre noué.

« Est-ce que j’peux… » L’étalon regarda autour de la maison, frissonnant quand un coup de vent lui frappa le corps.

« O-Oh… oui… entre », dit Caramel, faisant un pas de côté pour laisser l’étalon entrer, frappant la neige hors de ses sabots avant de le faire. Une fois que la porte fut fermée, Caramel prit un moment pour le regarder quand Mac enleva l’écharpe de son cou, sa respiration toujours haletante, mais un peu plus sous contrôle.

« Est-ce que tu veux… un peu… d’eau ? » demanda Caramel, mais avant que l’étalon ne réponde, il s’avança vers lui, le faisant ravaler ses mots avant qu’il ne sente ses grands sabots s’enrouler autour de lui… Cependant, ce qui le remplissait d’habitude de réconfort ne fit que se tortiller ses tripes, parce que l’étalon était très tendu et léger au toucher, hésitant à l’idée de tenir trop fermement son ami. C’était fini après avoir à peine commencé, et Caramel remarqua que les taches de rousseur de Mac s’étaient dissipées dans sa fourrure.

« Désolé… C’est juste… c’est bon de t’voir, Caramel. » L’étalon acquiesça, comme pour s’assurer que les mots qu’ils venaient de dire étaient les bons. Ses yeux se détournèrent de lui, son expression neutre toujours là en regardant en direction du salon. « Et ne t’inquiète pas pour moi, je vais bien. »

Caramel ne répondit pas, il se mordit seulement la lèvre en commençant à avoir envie de sentir la chaleur presque douloureuse que l’étalon lui donnait habituellement quand il le serrait. Il n’était pas prêt pour ça, il n’était même pas prêt pour parler en ne faisant qu’hocher la tête, incapable de regarder l’autre.

« On devrait… s’asseoir sur le canapé, c’est plus chaud », dit Big Mac de façon factuelle, voulant simplement trotter, donnant assez de temps à Caramel pour marcher derrière lui, l’étalon enfonçant ses lourds sabots sur le canapé en essayant de s’y installer confortablement, ramenant sa petite queue contre lui en regardant Caramel.

L’étalon n’en pensa pas plus en s’asseyant à côté de Big Mac, simplement parce que son esprit avait l’air d’être en feu en essayant de trouver quelque chose, n’importe quoi à dire.

L’étalon rouge toussa dans son sabot quand Caramel se rajusta, essayant de s’enrouler dans la couverture qu’il n’avait toujours pas enlevée. Son corps se sentait très exposé en étant assis-là, incapable de regarder Mac dans les yeux, mais se forçant quand même à regarder son corps.

« Caramel… Je suis venu pour… » Big Mac s’arrêta, donnant à Caramel une raison pour le regarder dans les yeux, le visage grimaçant, agacé contre lui. « Je voulais te.. » Il hésita à nouveau, laissant échapper un gémissement. « Ça sonnait mieux dans ma tête… »

Le ventre de Caramel se noua à nouveau, prenant note que l’étalon ne l’avait pas appelé une seule fois ‘sucre d’orge’, la conversation entière manquant de la sécurité qu’elle portait d’habitude quand il parlait avec lui.

« Hier, je sais que les choses ont été un peu bizarres… J’y ai beaucoup pensé. » Il fronça les yeux en se grattant la joue, regardant le feu de cheminée au lieu de Caramel. « J’y ai vraiment pensé… Comme quelque chose s’est mal passé… C’est dur de penser à toi sans que j’me sente… mal pour ça… »

« Je… Je suis désolé… » Ce fut les premiers mots que Caramel parvint à dire. Il resserra la couverture autour de lui alors que son corps tremblait. Il commença soudain à souhaiter qu’il soit invisible, que Mac ne puisse pas le voir au moment où son propre corps trahissait ses émotions.

« Caramel… ? »

« C’est juste… je n’ai pas… » Les mots de Caramel venaient à toute vitesse alors qu’il fermait les yeux, voulant que ce moment se termine afin d’alléger le poids sur sa poitrine. « Je… je n’ai pas pensé que tu voulais être avec moi… comme ça… M-Même si tu as dit que tu étais mon petit ami et que tu m-m’aimais... » sanglota Caramel, sachant qu’il allait passer pour un idiot. « Je ne sais pas à quoi je pensais, j’ai eu peur parce que… parce que personne n’a voulu ça avec moi avant… J’ai eu peur que tu ne l’aimes pas ou q-que je fasse tout rater et tout est arrivé si vite et que tu sois en colère et… »

Les divagations de Caramel furent stoppées quand Mac pressa son sabot sur sa bouche. Quand l’étalon ouvrit ses yeux, il réalisa qu’ils étaient embués, et ce fut seulement quand Mac lui caressa la joue qu’il réalisa qu’il pleurait.

Il se mordit la lèvre, se sentant honteux en tremblant, essayant de retenir ses émotions en sanglotant. Il voulait se cacher, plus que tout au monde pour que Mac ne le voie pas devenir de plus en plus nerveux. Il essaya de détourner la tête, mais Mac lui tint le menton en place, une expression pleine d’inquiétude dansant devant ses yeux.

« E-Est-ce que… tu veux toujours être mon petit ami ? » parvint à bégayer Caramel, la question brûlant dans son esprit tandis que les larmes continuaient à couler. Il réalisa instantanément à quel point la question était stupide quand Mac se pencha, lui faisant un gros câlin, cette fois avec l’attention qu’il aimait. C’était chaleureux, et, malgré la fourrure rêche de l’étalon, réconfortant.

« Bien sûr, sucre d’orge… » Il enfonça son visage dans la crinière de Caramel, inspirant profondément en tenant le petit poney comme s’il était aussi fragile que le verre, doucement pour ne pas l’endommager et assez fort pour ne pas le laisser s’échapper. « Je suis désolé… J’ai dû te faire peur en venant ici comme ça… Je voulais pas tourner autour du pot… S-S’il te plaît, ne pleure pas… J-J’suis pas bon pour réconforter les poneys quand ils pleurent… c’est pour ça que j’déteste parler de ça… »

« C-C’est b-bon… », gémit Caramel alors que le mensonge dans sa poitrine semblait le brûler, essayant toujours de cacher ses émotions en sanglotant et tremblant, la peur en lui s’amenuisant lentement en réalisant à quel point son étreinte le réconfortait. Des sabots commencèrent à lui frotter le dos en cercles apaisants.

« Je pensais vraiment à c’que j’ai dit… », lui dit Mac en reculant, gardant Caramel près de lui en laissant ses sabots sur ses épaules avant de le regarder directement dans les yeux. « Et je t’aime… »

Caramel ne put s’empêcher de sentir que ses yeux devaient être rouges, son visage mouillé et sale… mais pourtant, Mac l’avait dit. Et Mac ne lui mentait jamais.

« Je… Je t’aime aussi », dit-il tendrement, les joues encore roses en enfonçant son visage dans un morceau de fourrure rouge duveteuse là où le permettait la poitrine de l’autre. Il s’assit là pendant quelques instants, écoutant les battements de cœur de l’étalon parvenir à ses oreilles. C’était un son réconfortant, un qui réchauffait sa peur glacée.

L’étalon ocre serra son étreinte sur le morceau de fourrure sur la poitrine de l’autre. « Je… j’y ai beaucoup pensé…t-toi… sur moi… Faire ce que tu voulais hier… m-m’avoir moi. » Il savait que ses joues devenait de plus en plus rouges quand il parlait, mais il continua. « M-Mais je n’ai jamais… J’ai peur de ne pas… Et si… Je ne le faisais pas bien… e-et si ça faisait que tu ne veux plus de moi… »

« J’ai fait ce que je pensais juste », dit Mac en souriant timidement quand Caramel le relâcha. Il gratta sa joue et rit alors que son sourire restait même quand il essayait de l’enlever. « J’ai aimé… a-avant que tu me fasses arrêter… » Son sourire disparut aussi vite qu’il était venu. « D-Désolé… Je ne veux pas que tu sois mal à l’aise… J-J’aurais pas dû dire ça… »

« Est-ce que… tu y as pensé ? » demanda Caramel.

Big Macintosh haussa les épaules en tournant les yeux vers le feu. « Pas beaucoup avant… Juste… J-J’ai pas pensé que ça serait pas bien, n-non. J’ai pensé que ça s’rait bien et… J’ai jamais pensé que tu le ferais mal… N-Normalement, je pense pas à ba-… euh… faire ça avec des étalons… m-mais je le voulais avec toi à ce moment-là… D-Désolé… j-je devrais pas te faire… » Mac disait la vérité.

« Je… » Caramel s’interrompit en ignorant l’apologie, retirant la couverture de son corps, prenant une grande inspiration pour se calmer les nerfs. « Est-ce que… tu veux toujours le faire ? »

« Non », répondit rapidement Mac en se redressant. « Je veux pas que tu…. »

« Oublie-moi », l’interrompit Caramel avec un peu d’agitation dans sa voix. « Est-ce que… tu veux toujours le faire comme… comme tu l’as fait hier ? »

Ce n’était pas difficile de remarquer le silence et l’agitation de Mac au moment où il pensait longuement à la meilleure façon de répondre à la question. Après un moment, il regarda simplement Caramel, les taches de rousseur sur son visage toujours manquantes, et hocha simplement la tête.

Caramel sentit les nerfs percer son cœur, l’enthousiasme dans sa réponse silencieuse faisant remonter sa culpabilité.

« T-Tu penses qu’on pourrait… réessayer… e-encore ? » Il força la question, réalisant qu’il n’avait aucun autre moyen de la demander normalement. Il commença à jouer nerveusement avec ses sabots en se mordant la lèvre. « Je… je ne veux pas en avoir peur… p-peut-être que si on y va lentement, je pourrai… »

« Sucre d’orge… » L’étalon savait que ses yeux brillaient d’une envie qu’il était forcé de réfréner, la remplaçant par de l’inquiétude. « Je veux pas que tu paniques… tu te sens toujours pas bien ? » lui demanda-t-il en inclinant la tête.

« E-En fait, je me sens mieux aujourd’hui.. » Caramel se força à sourire. « M-Mais c’est pas le problème… Je sais que tu le veux, e-et ce n’est pas juste pour moi de… Je veux dire, je ne veux pas que tu sois triste.. e-et… je veux vraiment… je veux dire, j’aimerais bien… » Il avala avec difficulté, fermant ses yeux. « S’il te plaît… Je veux qu’on le fasse ensemble… et je veux que tu m’aies… »

Un court silence s’installa avant que Big Macintosh ne descende du canapé, les yeux baissés vers Caramel.

« Je dois aller acheter quelques trucs… ça sera moins terrifiant si on a des… euh… » Il s’interrompit quand ses taches de rousseur virèrent au rose. « Des équipements… Si tu changes d’avis avant que je revienne, dis-le moi et je… je veux pas que tu aies peur parce que je le veux. » Son ton se rapprochait de celui d’un parent en levant son sabot, le pointant directement vers Caramel alors que ses yeux le perçaient à jour. « P-Parce que… je vais pas te baiser (plow en anglais, note du traducteur) si t’as peur. »

« Je… » Caramel hésita, en pensant que Mac allait en passer par ‘le baiser’ faisant bondir son cœur. « Ça ira. » Il força sa voix à rester calme, et ses peurs à se dissiper pendant un moment en hochant fermement la tête. « Tu vas… m-me baiser… »

Son ton ferme ne dura pas longtemps, car des lèvres se retrouvèrent rapidement pressés contre son front, adoucissant son visage et faisant battre son cœur à toute vitesse dans sa poitrine devant ce qu’il venait de dire. Il l’avait bien dit, d’une certaine façon, les mots avaient glissés.

« Je reviens vite mon sucre… reste-là. »

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Cette section est une partie taguée NSFW que vous pourrez retrouver dans le chapitre 13.5 publié à la suite de ce chapitre.

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Big Macintosh soupira à haute voix en enlevant la couverture du lit, l’eau coulant de la salle de bains à proximité arrivant à ses oreilles en jetant un œil vers la fenêtre. Il était déjà tard… et il savait au plus profond de lui qu’il ne pouvait pas partir. Il prit la couverture et la mit de côté, heureux que Caramel semble au moins avoir une couverture qui n’était pas utilisée en dessous, mais plus mince. Il pensa à demander à Caramel où il nettoyait les couvertures quand il sortirait de la salle de bains.

Il vagabonda autour de la chambre de Caramel pendant quelques minutes, faisant attention de ne pas toucher ou regarder des choses trop personnelles en mettant le lubrifiant qu’il avait acheté plus tôt dans le tiroir de la table de nuit.

Finalement, l’étalon sortit de la chambre et descendit le couloir en direction de là où l’eau venait. Il prit un moment avant de frapper du sabot contre la porte, pressant son oreille contre.

« O-Oui ? » La voix surprise de Caramel se fit entendre au-dessus de l’eau qui coulait.

« Tu vas bien ? » lui demanda-t-il à travers la porte, se penchant contre elle un moment avant de se remettre droit. « Ça… ne saigne plus, non ? » dit-il d’une voix qui ne pouvait cacher qu’il était inquiet. « Tu veux que je t’aide ? »

« N-Non, ça va… c’est juste… » Caramel hésita, et pendant un moment, rien à part l’écoulement de l’eau ne se faisait entendre. « J’essaie juste de tout enlever. E-En plus, j’ai pas besoin qu’on m’aide pour me doucher. »

« C’est un peu trop tard pour faire le modeste, mon sucre », rit Mac, heureux d’entendre l’autre rire en retour en souriant de joie, se relevant avant de s’étirer le dos. Il trotta vers le salon, soupirant en se posant en face du feu, bâillant en allongeant son corps contre le feu avec un sourire sur son visage. Il était fatigué, mais c’était de la bonne fatigue, une qu’il pensait avoir méritée.

Il tourna son corps pour que les braises restantes dans le feu puissent réchauffer son dos, et ce fût à cet instant que ses yeux tombèrent sur un livre ouvert poussé sous le canapé. Il leva un sourcil en signe de confusion avant de ramper vers lui, prenant le livre en sabot avant de l’ouvrir.

Il regarda les couleurs se dévoiler sur le page qui prenait la lumière, il reconnut le livre comme un de ceux qu’avaient Caramel. Il tourna lentement les pages avant de trouver une image qui n’était même pas à moitié finie… elle semblait étrangement vide, quelques endroits à peine coloriés.

L’étalon passa son sabot contre la page, regardant un crayon rouler de sous son sabot. Il le fixa un moment avant de le prendre, le traînant sur la page avant de colorier en silence une coccinelle, son sabot appuyant parfois un peu trop fort sur l’image, assombrissant un peu plus certains endroits que d’autres, les couleurs ne remplissant jamais vraiment les lignes aussi nettement que le faisait Caramel. Il avait seulement réussi à trouver quelques crayons, ainsi, la seconde moitié de la rivière était verte, et quelques feuilles étaient jaunes.

Il sourit en finissant l’image débraillée, même si ça n’était pas très joli à regarder, c’était au moins mieux qu’avant.

« Mac ? » La voix de Caramel se fit entendre par derrière, ses yeux se tournant dans sa direction pour voir l’étalon mouillé séchant sa crinière avec une serviette verte, trottant en avant, les pas un peu hasardeux avant d’enfin arriver au niveau de l’étalon, jetant un œil vers le livre. « Tu… l’as fini ? » lui demanda-t-il en s’allongeant à côté de lui, pressant son corps contre celui de Mac avec peu d’hésitation.

« Ouaip », acquiesça Mac avec un sourire sur son visage que ne pouvait pas voir Caramel. « Ça avait l’air un peu… vide. » Il haussa les épaules en parlant. « Je m’ennuyais un peu en t’attendant. »

« Heureux de voir que je suis ta source de divertissement », rit Caramel en parlant, remplissant Mac d’une chaleur qu’il n’avait pas ressenti depuis un petit moment. « Tu sens les fruits. »

« Tout ce que j’ai, c’est du savon fruité. » Mac passa un sabot dans son crinière inhabituellement douce, elle était toujours un peu mouillée après la douche. Il caressa l’oreille de l’autre quand il sentit la queue de Caramel s’enrouler autour de la sienne, l’étalon commençant à toucher la page.

« Tu n’es pas bon pour colorier », s’amusa Caramel en penchant sa tête sur ses pattes avant. « Et quel genre de ciel est jaune ? »

« C’est le soir », se défendit Mac.

« La rivière est à moitié verte. »

« Ouaip ».

Caramel éclata de rire en entendant sa réponse, devant enfoncer sa bouche dans ses sabots pour empêcher de passer pour un idiot complet. Il sentit le corps de Mac secouer en riant, mais plus doucement. C’est un bon moment… un moment paisible.

« C’est… » dit Caramel en essayant de sécher sa crinière avec la serviette avant de la mettre sur le côté, ses joues devenant rouges quand son esprit gomma les détails. « C’est une de mes meilleurs nuits… » Il se tortilla sur place un moment avant de regarder Big Macintosh. « T-Tu restes… pas vrai ? » lui demanda-t-il nerveusement, ne sachant pas si c’était impoli de demander quelque chose aussi crûment. « J-Je veux dire, je ne veux pas te mettre la pression pour que tu le fasses… »

« Bien sûr que j’reste… même si ton lit est un peu p’tit », sourit Mac en parlant, tapotant Caramel sur le côté.

« On a bien réussi à rentrer dedans tout à l’heure », dit Caramel, se détournant du regard de Big Macintosh en lui donnant un sourire taquin, son visage rougissant à nouveau. « T-Tais-toi… »

« J’ai rien dit. »

Caramel laissa le moment passer, sachant qu’il ne ferait que s’embarrasser s’il continuait à parler. Il avala avec difficulté en laissant son esprit s’imaginer dormir avec Mac à côté de lui, la simple pensée amenant un sourire sur son visage.

« T’as l’air heureux », lui dit Mac, enlevant une mèche de cheveux du visage de Caramel. « Bien plus heureux que tout à l’heure… tu te sens bien maintenant ? »

L’étalon ocre hocha la tête pour toute réponse, son visage toujours souriant en se tournant pour voir Big Macintosh, se relevant en étirant ses jambes. « Bien plus… c’est juste bizarre de penser à il y a un mois… Je pensais pas que j’allais m’allonger au coin du feu avec un autre étalon… » Il baissa les yeux vers ses sabots, tirant sur le tapis. « P-Peut-être que c’est bizarre… mais c’est bien de s’inquiéter de choses du genre ‘est-ce que mon petit ami est contrarié que je ne vais pas assez vite pour lui’ plutôt que de ma prochaine piqûre… »

« De quoi tu parles ? » le questionna Big Macintosh en se relevant, touchant le dos de l’autre d’un mouvement du sabot.

« C’est… » Le visage de Caramel grimaça en essayant de s’expliquer. « C’est… comme l’image », dit-il en désignant le livre de coloriage. « Tu… m’as aidé à m’avancer quand j’étais trop inquiet pour le finir… Et ce n’est pas comme si tu avais tout réparé… mais je n’ai plus l’impression d’aller dans un cul-de-sac maintenant. » Il sourit en caressant sa crinière humide, jetant un œil vers l’étalon avant d’étirer son cou et de lui embrasser la joue.

Il y eut un moment de silence quand Big Macintosh pressa ses lèvres sur son museau, reculant en hochant la tête pour montrer qu’il comprenait. Quelques moments passèrent tandis que Caramel riait avec Big Mac.

« Il se fait tard… », dit Caramel, regardant les restes fumants du feu de cheminée. « Sage ne rentrera pas avant un moment… mais d’habitude, il n’aime pas quand je reste debout pour l’attendre, surtout quand je récupère d’un rhume… e-en plus… c’était bien plus fatiguant que je ne l’imaginais… »

L’étalon ne fut cessé d’être gêné par le sourire malicieux de Big Mac avant qu’il ne se retourne, trottant en direction de sa chambre noire. Il alluma la lampe avant de regarder l’un des sacs qu’avait laissé Big Macintosh au sol. Il tendit le sabot dedans, sortant une des bougies avec un petit sourire sur son visage.

Il ouvrit sa table de nuit, cherchant parmi son contenu pendant quelques secondes avant d’en sortir une petite boîte d’allumettes, allumant rapidement une flamme avant de voir la bougie prendre vie en la reposant sur la table.

« C’est pas toi qui as dit que c’était cliché ? » le questionna Big Macintosh en trottant dans la chambre, regardant la petite flamme avant qu’une odeur de cannelle ne lui arrive jusqu’aux naseaux.

« C’est quand même bien », répondit Caramel en souriant. Ses yeux se dirigèrent vers la fenêtre, regardant à travers l’obscurité et réalisant que la neige dehors ne tombait plus comme telle, mais en tant que petite pluie.

Son sourire se dissipa un moment, les yeux baissés vers ses sabots, sachant que les yeux interrogateurs de Big Macintosh essayaient de le mettre à jour. Il n’eut pas à attendre qu’il lui demande « Qu’est-ce qui ne va pas, mon sucre d’orge ? ». Mais il laissa les mots sortir, ce surnom lui amenant du réconfort.

« Rien, juste… » Il s’arrêta en continuant à fixer la légère pluie. « J’imagine que la neige va bientôt fondre… La Fête de la Fin de l’Hiver a lieu dans quelques semaines, pas vrai ? »

« Ouaip », répondit Big Macintosh.

« Ça sera plus difficile de te voir au printemps… » Caramel s’interrompit, une pointe d’agacement dans son ton. « Je veux dire, tu vas travailler tous les jours pour que les pommes grandissent et restent en bonne santé… mon corps est un peu mieux quand il fait plus chaud… Tu penses que je pourrais t’aider… ? » Il se tourna pour regarder Big Macintosh. « J-Je ne veux pas vraiment être payé… Je veux juste… Les choses seront différentes. »

Big Macintosh regarda Caramel se terrer dans le silence. Il haussa les épaules avant de s’asseoir sur le lit. « Je travaille pas autant. La seule raison pour laquelle j’vais pas souvent dehors, à part pour le boulot, c’est parce qu’il n’y a rien à faire… »

« On pourrait… aller à plus de rendez-vous », dit Caramel. « J’aime le parc au printemps… c’est toujours joli quand les oiseaux sont dehors… Je n’aime pas trop les restaurants… Je ne sais ce que tu penses des films, mais peut-être qu’on pourrait essayer… »

« Cara… ? » le questionna Big Macintosh, attendant que ses yeux rencontrent les siens avant de sourire. « Tu penses trop loin. »

« D-Désolé », répondit Caramel, heureux de savoir qu’au moins, Big Mac lui souriait. « Mais… les choses qu’on fait ont l’air plus importantes après ce soir. » Il sentit son visage rougir quand il y pensa, mais repoussa cette idée. « Je ne veux pas que les choses changent trop vite… mais je suis heureux qu’on avance. »

« J’suis heureux aussi, sucre d’orge », lui répondit Mac en riant. « Mais ne t’inquiète pas… parce que maintenant, ce qui vient après ne compte pas… parce que je t’aime. »

Le mot ‘aimer’ était à nouveau lancé, et Caramel ressentit à nouveau la douleur sur son visage à force de sourire aussi longtemps. Il hocha la tête, les mots de Mac lui faisaient toujours cet effet là… Tout avait l’air plus facile quand c’est l’étalon qui éteignit la lumière et grimpa lui-même dans le matelas, prenant la bougie.

La lumière de la bougie envoya des ombres sur leurs visages quand Mac se tourna vers Caramel, ses yeux plongeant dans les siens.

« Tout se passera bien, sucre d’orge… On est une équipe maintenant… » Il tendit le sabot vers la joue de l’autre, sentant sa tête acquiescer avant qu’il ne sourit lui-même.

« Je… J’aime ça… », dit Caramel, la voix douce devant la chaleur que lui prodiguait Mac.

Big Macintosh souffla la bougie, laissant pendant un moment la pièce dans une obscurité totale. Et au milieu de tout ça, Caramel trouva ses lèvres.

Tout allait être différent maintenant… mais une partie de Caramel ne pouvait s’empêcher de se sentir excitée.

Peut-être que c’était là où la vie commençait vraiment.

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